« Comment as-tu trouvé mon discours ?» s'enquit Vanille avec un petit sourire aux lèvres. Les applaudissements et les cris tonnaient encore. « Comme tout le monde, de toute évidence, très touchant et bien pensé. Ils semblent tous près à te confier leur vie. Tu les as convaincu.» - « Je suis presque déçue de cette facilité déconcertante.» - « As-tu prévu des réjouissances ?» - « Tout dépend de ta définition. Un bal sera donné en mon honneur ce soir. Mais avant cela, nous avons du travail.» Gabriella soupira. « C'est ce que je craignais.» D'un pas tranquille, elles se dirigèrent dans les appartements personnels de la jeune souveraine. Après avoir poussé quelques portes, elles empruntèrent des chemins dérobés pour terminer dans une drôle de pièce froide et sombre. Nausicaa reposait sur une table, toujours aussi immobile. « Quand vas tu la réveiller ?» - « Bientôt. Mais rien ne presse cependant. Nous avons le temps, je préfère le prendre pour éviter les erreurs inutiles.» - « Elle nous entend ?» - « Je t'ai déjà dis que oui. Alors surveille tes paroles. Encore une fois.» - « Et tu es absolument certaine qu'elle ne nous posera pas de problèmes par la suite ?» - « Non, elle ne pourra pas.» - « Elle te ressemble tu sais.» Vanille regarda Gabriella, une petite moue aux lèvres. L'instinct maternel n'était pas ce qu'il y avait de plus développé chez la demoiselle, et cette remarque ne lui plaisait guère. « Oui bon … Je me tais.» - « Ne t'inquiète pas, elle aussi te frappera à son réveil, car je doute qu'elle pardonne cet affront.» Vanille passa délicatement ses doigts sur l'un des bras de Nausicaa. « Elle remonte en température. Veille à ce qu'elle reste bien froide. Tu resteras auprès d'elle jusqu'à nouvel ordre.» - « Mais le bal ?» - « Je viendrais te chercher.» Vanille tourna les talons.

« Van' ?» murmura une voix sombre. Une silhouette sombre se détacha de l'ombre. Un homme vêtu de noir s'approcha de la Reine, qui ne semblait pas le craindre. « As-tu des nouvelles à m'apporter ?» - « Oui. Et des bonnes. Je pense que vous serez ravie.» - « Alors cesse de bavarder et viens en au fait. Tu seras payé en conséquence de tes informations.» Il hocha sèchement la tête. « J'ai retrouvé Abylin et Citrion.» Vanille demeura silencieuse quelques instants, de toute évidence pensive. « Parfait. Tu trouveras ton dû en sortant, sur la colonne.»

Ainsi donc, ils étaient en vie. Vanille n'avait jamais été réellement sûre que son frère et sa sœur aîné vivent encore. Et pendant longtemps, elle ne s'en était pas vraiment préoccupée. Elle avait d'autres chats à fouetter, bien plus gros qu'eux. Mais à présent qu'elle avait un peu plus de temps, elle tâcherait de régler ce problème épineux. Citrion n'en était pas réellement. C'était un faible. Son fils était bien plus intéressant. Abylin était quant à elle une petite prétentieuse qu'il valait mieux éliminer pour plus de sûreté. Son point faible était son amour pour son frère. Il serait facile de l'attirer.

Un complot à peine achevé, Vanille songeait déjà à des desseins toujours plus sombres, toujours plus grands. Sa devise était simple. Elle ne savait pas quand viendrait son heure, et ne voulait pas passer son dernier jour passive. La mort est une journée qui mérite d'être vécue. Dans le doute, autant vivre intensément.