Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

Partagez
 

 Les origines de l'enfer. [Fragment Topaze - Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
Invité
Invité

avatar
Lun 08 Avr 2013, 11:44


    « Il te faut Ismérie, remonter à tes origines. Il te faut mettre de côté toute cette pression, tout ce que tu vis, infertile. Cesse de penser à Mitsuko, à Zéleph, à William, à Jun, à la fin du monde. Cesse de penser à l’humanité, tous ces facteurs corrompent ton jugement et ta sagesse est bridée par ce monde auquel tu n’appartiens pas. Il te fout repenser des millénaires en arrière. Il te faut revivre cette période qui n’est qu’un souvenir douloureux. Je le sais Mârid, ce ne sera pas une partie de plaisir. Tu as tellement vécu, tes souvenirs se confondent, tu oublies, tu penses savoir mais la vérité parfois est dissimulée par les faux-semblants. Tu t’es parfois trompé, mépris sur la situation, tu as vu ses scènes avec ton regard de l’époque. Toi qui semble si vieux, te souviens-tu de ton insouciance passée ? Il semble que tout commence pourtant là-bas. Lorsque tu n’étais qu’un jeune homme qui voyait le monde pour la première fois. Aujourd’hui tu interpréteras sûrement toutes les choses différemment. L’artefact des esprits va t’y aider. Tu vas replonger dans ce corps, dans cet esprit qui était le tien. Ce n’est pas qu’une scène qui va se dérouler devant tes yeux, non, tu vas revivre toutes ses scènes comme si c’était la première fois. Tu auras l’impression d’être cette personne, de ne plus être toi-même, comme si tu faisais un retour en arrière, avec ta liberté de choix. Mais ce ne sont que des souvenirs, tu ne peux rien modifier de passé, il est résolu et infaillible.

    Je crois, génie, que tu trouveras la clé qui ouvrira la porte de ce mystère ou du moins les origines du mal. Tu sais comme moi ce que tu trouveras un peu près là-bas, tu sais comme moi qui tu reverras, les sentiments que tu as éprouvé à l’époque qui te reviendront plus que réalistes dans ton cœur déjà meurtri, les souffrances seront revécues avec la même force et la même poigne. Tu vas refaire une deuxième fois le même chemin avec une exactitude déconcertante. L’énergie que tu emploieras sera la même qu’à l’époque. Et une fois que j’aurai commencé le processus, je ne pourrai plus revenir en arrière. Comprenons-nous bien. Tu n’es pas apte à te servir tel quel de l’artefact des esprits. Tu as besoin de moi pour le faire fonctionner. Le problème est que l’artefact se nourrit de l’énergie de son porteur comme un vil vampire et une fois le porteur vidé de toute force, alors il cesse de fonctionner. Ce qui permet au porteur de ne pas mourir par un abus d’utilisation. Mais en tant qu’aether, je ne connais ces limites, mes ressources sont infinies. Je ne pourrai donc pas l’arrêter, il ne cessera de se nourrir de mes forces et toi tu seras emprisonné sans espoir de revoir ce monde jusqu’à ce que tu trouves ce que tu cherches, quand bien tu l’ignores encore à l’instant de mon discours.

    Le temps aura une influence tout à fait différente à l’intérieur de l’artefact où ton âme sera bousculée et ce temps-ci. Bien entendu, tout ce que tu vivras à l’intérieur ne représentera pas le quart de ce qu’il se passera y. Prends-y tout de même garde. Si tu tardes trop à revenir, qui sait dans quel état le monde sera à ton retour. L’expérience de l’ombre du cœur t’a permis de conclure qu’il faut toujours se méfier du temps impérial, ce monde est d’une vitesse affolante, tout va si vite et quelque part, peut-être ne seras-tu pas prêt à ton retour à reprendre la bataille. J’ai, pour ma part, foi en toi. Je sais que tu peux refuser mais tu ne le feras pas. Ta mentalité, ta fierté, ton désir de mener à bien ce fardeau au nom de l’aether de la justice, quand bien même tu la juges avec si peu de considération, tu ne déments pas. Je ne te comprends pas, tes sentiments me sont à présent étrangers. Mais je l’accepte, je te respecte malgré l’illogisme de ta pensée, le fait que tu te battes pour une femme que tu haïs simplement pour un souvenir qui n’en était pas vraiment un, un simple rêve. Ainsi souffrir pour un rêve, c’est… si insignifiant. Là est ta force Ismérie, celle que je ne possède pas : l’humanité t’habite, coule dans tes veines, tu vis avec elle et te permet de ne pas méconnaitre ce monde qui nous semble à nous si lointain, si inaccessible à moins que ce soit nous qui le sommes devenus. Le monde courre à sa perte alors dépêche-toi mon brave, dépêche-toi de revenir et de nous apporter à tous, une réponse à l’éternelle question du pourquoi. Acceptes-tu, ce rôle que je te confie ? »


    Dissimulé dans l’ombre, le génie jouait avec l’artefact des esprits, jonglant avec, le faisant vulgairement passer d’une main à l’autre comme un anti-stress. Il avait fixé l’esprit du temple sans vriller, sans cligner, sans répondre, attentif, il voulait être sûr de ne pas se méprendre sur la suite des événements. « Je l’accepte. Il n'est à présent plus seulement question de Mitsuko. C'est ma propre voie, pas celle que j'ai choisi, celle qui m'est destinée et que j'accepte de suivre. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 10 Avr 2013, 00:33

    La ville grise et ténébreuse dans sa brume incolore qui parfume le ciel de ses nuages d’albâtre, son brouhaha permanent, cette acuité auditive à tout entendre mais ne rien comprendre, cette incapacité à se concentrer sur une chose précise, ce désir ardent de ne rien omettre au point de tout lésiner, ces inquiétudes futiles et cette insouciance effrontée, ce monde que l’on pense si grand, tous ces inconnus que l’on dévisage, comment ai-je pu l’oublier.

    « Deux anges, retrouvés ensanglantés dans les ruelles, cinquième meurtre ce mois-ci ! Demandez les nouvelles du jour ! La gazette du matin calme ! Monsieur, ça vous intéresse ? » Le jeune homme âgé d’une dizaine d’années tout au plus tend le papier puant l’encre de piètre qualité à cet inconnu qui le dévisageait de haut et se frotte les mains pour se réchauffer des températures peu agréables. « Oui, merci. » il lui donne deux pièces dans la main et récupère le journal. Sans s’attarder, il s’engouffre dans le quartier des prostituées où les rires annoncent le dépassement de la frontière qui relie le petit bourg indépendant où la milice ne tarde qu’en dehors des heures de service du reste de la ville. Des odeurs lui chatouillent le nez, une odeur de jasmin et d’opium qui ne le gênent en aucune occasion. Il traverse l’ombre et évite la faible lumière de ce jour pluvieux, tête baissée, il passe et regarde d’un œil intéressé les passants qui s’aventurent là où les bonnes mœurs sont proscrites, il dévisage ceux dont les regards s’illuminent à la vue de la chaire ferme et rosée, les pupilles décontractées des épieurs étalés sur les pas de porte semblent l’avoir repéré, il retrousse alors son col pour dissimuler la base de son visage, sa chevelure aux peintures du plus sulfureux des océans, en bataille, est ce qu’il laisse seulement entrevoir. Sachant la suite de sa route plus tranquille, il déplie le papier de la gazette avec curiosité, il ne sait pas ce qu’il y trouvera mais il saura y trouver un intérêt. D’un regard aiguisé, il passe en revue les articles et en élimine la majorité, d’une lecture de travers, il en délimite un et un seul, celui qui a fait l’objet de son acquisition. Parcourant l’information, il racle sa gorge et soupire, il semble contrarié. Descendant les marches d’un petit bordel miteux pour atteindre le sous-sol, il ouvre la seule porte à sa portée d’une clef rouillée dont la peinture s’effrite sur ses doigts, ceci l’agace, il déteste la saleté. D’un coup d’épaule, il force la porte dont les gongs sont bloqués par un affaissement de terrain récent, un petit séisme qui a bousculé la ville récemment. Un rat s’arrête sur une canalisation proche des combles, regardant l’homme comme une bête inconnue, il se sauve lorsque leurs regards se croisent. D’une main, il semble tenir son ventre, de désagréables brûlures l’empêchent de respirer confortablement, de plus une odeur de tabac lui irrite les voies nasales alors qu’il semble chercher quelque chose ou quelqu’un. Insatisfait, il jette le journal sur un vieux matelas déchiré aux plumes qui s’envolent encore. Il prend la première chaise noircie par la moisissure et l’humidité, s’asseyant à l’envers, il positionne le dos de son siège contre sa poitrine en repositionnant son manteau pour ne pas que sa chemise touche le dossier. Beaucoup de manières pour cet homme qui, sans gêne, se saisit du tabac roulet qui brûle encore dans un verre de vin vide, extirpant une bouffée d’air empoisonnée, il soupire et recrache le venin en respirant bien mieux.

    Soudainement, une autre porte, celle qui relie l’établissement au sous-sol de l’intérieur s’ouvre, faisant tomber des morceaux de gravas du plafond qui se font policer à chaque entrebâillement du passage, il semble que l’endroit risque de s’effondrer à chaque instant mais ni les rats ni l’homme ne semble s’en inquiéter. Un autre homme fait son entrée, nullement surpris de ne pas être seul, il ne prend pas la peine de saluer son invité incrusté. Ses cheveux à lui sont mi- longs mais rêvent de la même fougue océanique que son collègue. Il prend à son tour une chaise aux vices manquants, se tâte à l’idée d’y mettre tout son poids mais le fait tout de même. Il se retrouve face à face avec son interlocuteur, ainsi disposés, il semblait qu’il s’agissait d’un miroir entre eux, une expression presque commune qu’ils partageaient sur leur visage. Fait étonnant, lorsque l’un aspirait sur le tabac roulé, c’est l’autre qui recrachait la fumée, deux parties d’un tout.

    « Je sais où il se cache. » avança l’invité, faisant naître le rire de l’hôte qui n’hésita pas à un seul instant à répondre : « Ne perdons plus une minute. Je te suis. » Se relevant, il souleva son matelas avec l'appui du second qui tenait le matelas contre le mur. Jubilant presque, il y fouilla non sans trop de soin dans un coffre où il y avait un peu d'or et des bouteilles poussiéreuses d'un alcool qui puait le cyanure. Il y trouva enfin sa lame encore souillée par un sang frais. Les deux s’échangèrent un dernier regard, une lueur étrange s’en dégageait, celle d’un crime qu’ils allaient commettre.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 10 Avr 2013, 01:12

    Les quartiers malfamés, des mois qu’ils côtoyaient les rejetés de la société, de force ou de leur plein grès, les marginaux qui étaient l’ombre, ceux qu’on ne voyait jamais en plein jour dans les lieux bondés. Cette fois, leur but serait atteint. Ils s’étaient infiltrés dans ce genre de soirée où ces illuminés s’attirent et se rassemblent, se droguent et profitent de pouvoir assouvir leurs désirs charnels sans se restreinte, sans gêne, sans se cacher. Une ancienne épicerie familiale abandonnée depuis des années qu’un petit corpus influant de la pègre avait investi sous la clémence de la milice locale qui s’accordait à ne rien savoir tant qu’ils agissaient sans bruit, appâtés par l’or et les femmes, de bonnes ententes étaient profitables aux deux parties. On y accédait exclusivement par le toit et un pont de bois reliait un point d’observation également à l’abandon de la milice audit bâtiment. Passant un après l’autre par ce passage, les deux hommes vêtus de noir et de pierres précieuses d’ébène au cou, se rejoignirent sur le toit de l’ancienne épicerie. Déplaçant un carreau fracturé, ils découvrirent les escaliers qui les mèneraient à la soirée dont ils comptaient tous deux profiter pour des raisons à la fois pires et meilleures que les autres convives. Un dernier regard jeté à la nuit par l’un d’entre eux, vérifiant de n’être suivi ou repéré, le carreau fut replacé dans sa fente et ainsi, ils pourraient festoyer à leur tour.

    Une soirée bien mouvementée, les deux hommes passaient sans trop s’attarder sur les détails. Entourés de corpulences, d’odeurs de testostérones et de cris de joie et de plaisir, ils étaient ceux qui n’exprimaient aucune émotion. S’arrêtant au centre de la pièce que de la soie jonchaient de toute part pour l’agrémenter de coins plus discrets, les deux se suivaient du regard puis foulaient le corridor à la recherche de leur cible. Doucement, des regards indiscrets se posaient sur eux, de plus en plus récurrents, ils faisaient tâches dans le paysage, on voyait immédiatement qu’ils n’étaient pas venus pour la même chose. « Où se cache-t-il à ton avis ? » - « Là où la mort ne pourrait venir le chercher. » ils s’échangèrent un sourire mutuel et complice. Ils se savaient de toute manière déjà attendus dès l’instant où les derniers rayons de la pleine lune avaient cessé d’éclairer leur visage pour l’obscurité du bâtiment désinfecté où les cafards grouillaient et étaient tous humains. C’est alors qu’un démon s’approcha d’eux, un homme de main, bien habillé, propre sur lui, une apparence soignée pour plaire. Si le premier homme détourna le regard, lui signifiant le désintérêt à son égard, le second sans prévenir le poignarda de sa lame édentée en plein cœur d’un trait rapide et puissant. Il sembla qu’une couleur noire fut inspirée du corps du démon jusqu’à la lame, ce dernier, la gueule ouverte et les yeux d’un blanc cadavérique s’agenouillant dans un soupire avant de s’effondrer sans vie. Le premier homme alors tourna de nouveau la tête vers le démon. Bien entendu telle acte de barbarie attisa les inquiétudes, autour, on cessa de rire et de forniquer, on se recula, tous prêts à fuir. Mais ni l’un, ni l’autre n’y prêta attention, ils attendaient que leur cible se montre.

    « Là-bas. » clama le premier d’une voix plate et monotone. Le deuxième leva le regard sans même qu’on lui ait montré la direction, grognant un « Le chien. Lâche de plus. » apercevant les ombres qui dansaient au loin dans un couloir à l’étage supérieur, la cible fuyait avec ses troupes. Une occasion à ne pas louper. Pressant le pas, les deux hommes se lancèrent à sa poursuite sans trop se hâter, le tout était simplement de ne pas les perdre de vue. Arrivant à la hauteur, ils empruntèrent le couloir mais furent bloqués par deux voies possibles. Sans se concerter, chacun prit la voie la plus proche d’elle qui les écartaient l’un de l’autre. Le premier homme, celui qui avait acquis le journal semblait susurrer inaudible des paroles qu’il répétait. S’aventurant dans un noir complet, il fit ralentir sa respiration pour accroître l’effet pesant du silence, si certains l’attendaient alors ils devaient le voir sans que ne le puisse. Son regard perçait l’horizon sans lumière à la recherche d’un simple murmure, d’une respiration. Mais rien. Cependant lui était déjà repéré. Alors sa seule solution était de ne pas se débattre, sinon il serait tué sur le champ. Capturé, il avait encore une chance d’atteindre sa victime.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 18 Avr 2013, 23:05

Les origines de l'enfer. [Fragment Topaze - Solo] Sans_t15

    « Jusqu’à moi ? Quel honneur ! » Se mordillant la lèvre inférieure au point qu’elle saigna d’une goutte qui longea son menton, il observait d’un air amusé les deux hommes qui se trouvaient devant lui, tous deux attachés par les mains à des pics de bouchers sur lesquels l’ancien commerçant accrochait ses carcasses animales qu’il dépeçait. Installé sur un siège molletonné de beige écrémé, une jambe par-dessus l’autre, accoudé sur un manche et la tête reposée sur celle-ci, il se questionnait. « Venir jusque ici. Pourquoi ? Cela fait des semaines que vous me courrez après. Je me trompe ? » Mais les deux hommes ne répondirent pas, l’un osant même cracher à ses pieds, l’air révolté sans adresser un mot. « Enfin, vous n’allez quand même pas me dire que je vais devoir vous tuer tout de suite ? Maintenant que vous avez gâché ma petite soirée privée, je n’ai rien d’autre à faire que de vous écouter. Divertissez-moi. » Aucune réponse, Emori s’énerva. Se relevant, il s’avança de quelques pas tout en racontant : « Je sais qui vous êtes. Ismérie Mebahel et son acolyte William Amon. Vous êtes engagés par la pègre concurrente, les « Genta ». Mais je ne suis pas idiot, votre acharnement pour me retrouver dépasse les quelques sous que les Genta vous ont promis. Ils vous ont donné les moyens de me retrouver, vous avez fait d’une pierre, deux coups. La question est de savoir, pourquoi moi ? Je ne suis qu’un malhonnête citoyen comme un autre ! » Se retournant pour se rassoir, il fut arrêté vif dans sa marche par les mots de ce qui semblait être Ismérie « Un peu plus. Vous êtes un génie. Iblis de surcroit. » Emori se retourna de nouveau vers eux. « Vous êtes malin. Exclus un cercle très restreint, peu sont au courant de ce petit… détail de ma personne. Croyez-vous en l’existence des génies monsieur Ismérie ? Nous ne sommes que des légendes. Plus personne ne croit en notre existence, ce qui personnellement me ravie. » - « Moi je crois que vous savez et aimez vous faire oublier. » Rajouta ce qui était donc William. Emori se mot alors à rire, un ton léger, bien loin de l’ambiance sombre et meurtrier qui flottait dans l’air.

    « Que pouvez-vous bien chercher à un génie comme moi ? Je ne crois que nous nous sommes déjà rencontrés n’est-ce pas ? Il est vrai William, nous savons nous faire oublier. Nous avons les reines du monde alors il serait dommage de ne pas en profiter. Tout le monde me pense un prince démoniaque alors je joue mon rôle à la perfection. Demain, je serai peut-être un alfar qu’en sais-je, selon ce qui m’amusera le plus. Enfin. Si nous passions aux choses sérieuses. Que voulez-vous. » Si l’un ne semblait pas vouloir parler, l’autre avait la ferme attention d’en savoir plus. « Je recherche celui qui se fait nommer le Mârid. » Emori fut stupéfait, laissant son sourire comme simple souvenir, c’est une mine plus froncée qu’il montrait à présent. « Le Mârid, rien que ça ? Mes pauvres agneaux, renoncez, votre entreprise est encore plus folle que je ne le suis. Et que lui voulez-vous à ce brave Mârid ? » - « Qu’il me rende ce qu’il m’a volé. Mon fragment de topaze. » - « Risquer sa vie pour un morceau de pierre précieuse ? Il y en a plein chez le joaillier du coin, allez donc y faire un tour. » - « Non, ce n’est pas n’importe quelle topaze et vous le savez aussi bien que moi. Ce secret est bien gardé de l'humanité mais je le percerai. Elle semble être habitée par une puissante magie. Je ne sais pas encore laquelle. Mais le Mârid lui sait. Et vous, vous voudriez aussi le savoir si comme moi vous l’aviez vu à l’œuvre. La pierre j’entends. Une magie si sombre, qui vous attire dans ses griffes sans espoir d’en réchapper. Un doute intérieur vous poursuit jusque dans votre mort, tous vos espoirs s’envolent sous l’emprise de la topaze, vous n’êtes plus qu’une ombre utilisée contre vous. Une horreur contenue dans un petit caillou. » - « Intéressant en effet. Mais si nous sommes trois à sa poursuite, autant vous tuer tout de suite, ça me fait de la concurrence en moins. » - « Non. Car nous sommes les seuls à pouvoir la récupérer, vous le savez. Nous savons comment elle marche. Vous n'avez aucune garantie qu'on vous la ramènera mais c'est votre seule chance de mettre la main dessus, grâce à nous. » - « Ben voyons. Quelle arrogance. Ainsi voilà où était votre plan. Rentrer dans une mafia minoritaire pour ensuite en intégrer une plus importante. Gravir les échelons n’a pas d’art, juste des entourloupes plus ou moins bien ficelées. Bien. Qu’on les détache. » Il s’en alla ensuite, laissant les démons silencieux jusqu’à lors enlever les cordes irritantes qui tenaient les poignées des hommes aux pics de fer.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Sam 20 Avr 2013, 01:22

    « Tu. Pars. Où ? Espèce d’imbécile, es-tu sérieux ? Je vais te massacrer et te dépecer, ça te passera les envies de grands larges ! » Fustigea une belle jeune femme à la peau de prune et aux cheveux d’un rouge passionné et enivrant. « Lily s’il-te-plait. Je n’ai jamais été aussi près de découvrir la vérité, je ne peux pas m’arrêter maintenant, j’en crèverai. » La demoiselle coursait le sorcier dans tout le sorcier qui se dépêchait à plier bagage, courant dans tous les sens. Pendant ce temps-là, William était assis dans le salon avec un petit garçon de huit printemps environ, ils jouaient tous les deux aux échecs. « Tu es doué aux échecs Willi mais tu n’es pas aussi bon que mon frère ! » clama fièrement le petit garçon. William se mit à rire, répondant avec une mine un peu boudeuse : « Ton frère ferait mieux de sortir plus au lieu de passer sa vie dans les bouquins. Ce ne sont pas les échecs qui l’aideront à se décoincer ! » - « Je n'arrête pas de lui dire ! Mais il n'y a que toi qu'il écoute ! Et vous partez où ? » - « Nous prenons la mer au port dans quelques heures. Une grande aventure nous attend. Ton frère pense qu’il y a quelque chose en continent dévasté qui peut nous intéresser. Et puis nous sommes payés et il faut bien te nourrir. » - « Le continent dévasté ? C'est vrai ? Vous allez vraiment changer de continent ? On ne va parler que de vous dans tout le quartier si c'est vrai. Plus personne ne prend le bateau avec tout ce qu'il se passe. Je peux venir avec vous ? J’aurai ainsi moi aussi un salaire ! » - « Oh tu es bien trop jeune mais ne t’inquiète pas, je suis sûr que tu auras aussi ton lot d’adrénalines lorsque le temps sera venu. Chaque chose en son temps n’est-ce pas ? C’est ce que ton frère me répète toujours, de laisser le temps nous offrir ses bienfaits. » Mais malgré la discussion calme des deux garçons, dans la chambre, les voix s’élevaient. William songea alors qu’il devrait sûrement intervenir, se levant, il décoiffa brièvement les cheveux de Jun avant de se rendre dans la chambre et d’en fermer la porte bien qu’il se doutait que dès qu’il l’aurait fait, Jun accourait à la serrure pour écouter.

    « Elle n’a pas fini de hurler la harpie ? » proféra l’homme, ce qui eut au moins le mérite de faire taire les deux autres. « William, vous deux, vous... Vous. AHH. Vous me rendez chèvre ! Vous êtes infernaux. Que pensez-vous trouver de plus ? » - « Les ae… aetheri. Je crois que c’est ça. Ça les concerne. Il y a quelque chose de divin dans ces pierres, j’en mettrai ma main à couper. De toute façon, nous avons plus le choix. Nous avons menti à un puissant génie qui aura les moyens de nous détruire s’il apprend notre supercherie. Je n’ai pas le choix Lily mais j’en suis désolé. Il faudra que tu gardes Jun encore quelques temps. » - « Pff, ça ne me gêne pas, ce n'est pas la question, il est adorable mais il a besoin de son frère ce p’tit, tu ne peux indéfiniment nier ta responsabilité. » - « Tu es cruelle, tu sais à quel point je tiens à Jun. » - « Je le sais mais ces voyages, vos affaires secrètes. Ça vous arrange l’un comme l’autre de ne jamais vous séparer. Vous fuyez tous les deux la réalité, les responsabilités. Mais bienvenue dans notre monde, le vrai monde, celui où on ne fait pas ce qu’on veut. » - « Lily écoute. Nous allons atteindre notre but, comprendre enfin l’essence même de notre monde, ce qu’est que cette topaze étrange tant objet de convoitise. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une relique sacrée, des guerres ont eu lieu pour ses breloques avant que nous ne naissions, à présent dans l’oubli, je crois que tout n’est pas question que de religion. Non, tout ça va plus loin. Peut-être y a-t-il d’inscrit dans ces minéraux le commencement du monde, pourquoi nous avons été créés ? Une découverte que le monde nous enviera toujours. Nous serons dans l’histoire Lily. Imagine un instant que nous changions le monde à jamais. Ce serait exceptionnel. Nous sommes à la veille d'une découverte planétaire. Nous serons des légendes. » - « Vous vous bercez de contes et de fantaisies. Au point de le conduire à sa fin en se prenant pour des divins. Ismérie, William, ça vous détruira, vous n’êtes pas dieu. » - « Pas encore. » rétorqua en guise de conclusion sur le ton du rire William. Ismérie fut gêné par les propos de son coéquipier qui avait l’air de plaisanter à moitié, révélant des choses fâcheuses qu’il valait mieux pour le moment taire. « Nous en avons terminé avec cette discussion. Le bateau pour le continent dévasté ne nous attendra pas. William, rassemble tes affaires, nous partons dans une demi-heure. » - « Avec plaisir. Cette femme me donne toujours autant envie de vomir. » - « C'est réciproque William. Il y a une pendule dans ton cerveau qu'il faudra vraiment que tu remettes à l'heure un jour. Tu es déconnecté de la réalité. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 01 Mai 2013, 02:16

  • Journal d'Ismérie - Jour Premier : Comment tout a commencé.


    Nous entrons dans la troisième année depuis l’apparition de la seconde lune, c’est le printemps à présent et nous prenons la mer, indomptable, sans pitié, sans faire différence, elle s’abat sur qui flotte sur son dos, se redresse comme un lion puissant et vous dévore, vous balaye d’un revers féroce, vous entraine dans ses profondeurs indéchiffrables où vous n’êtes alors plus qu’un corps sans vie, perdu dans cette immensité que vos pieds ne retiennent. Il n’en a pas toujours été ainsi, avant les hommes naviguaient à leurs grès sur les eaux immenses qui bordaient nos continents mais il parait à présent que cette époque et aussi lointaine que le souvenir de nos ancêtres disparus en son sein. La seconde lune, plus petite, noire jusque dans son grain le plus infime, virevoltant comme un petit astre autour de nos contrée, on la voit du ciel mais on ne sait pas ce qu’elle est, faisant de l’ombre à l’autre lune, personne ne sait d’où elle est arrivée. Cela a d’abord déclenché des catastrophes sur les rives, des villes entières ont été détruites, englouties par cette apocalypse qu’on imaginait peu. Les dieux étaient en colère disaient les sages, il fallait les apaiser car là était notre punition pour nos crimes. Toujours la même chanson n’est-ce pas ? Nos crimes, nos pêchers, la cause de nos malheurs, on a que ce que l’on mérite et qui récolte le vent sème la tempête. Voilà tout ce que savent dire nos penseurs, résolus à attendre. Ils n’en savent pas plus que nous au final, ils ne veulent pas perdre la face alors ils se sentent l’âme ecclésiastique et nous sorte la veille rengaine des dieux peu miséricordieux. William et moi ne sommes pas de cette branche. Nous sommes deux hommes plutôt originaux. Nés à la cité des mirages, nous n’avons guère eu le choix de notre destinée. L’ainé de la famille naissait pour servir les dieux, prêchant sa parole et devant dès l’enfance « choisir » mais c’était plus compliqué, oui. Le second quant à lui devait servir les forces armées et mourir pour leur dieu. Et enfin le troisième s’il était dans une famille lambda devait être sacrifié sur l’hôtel, son sang devant être versé en dévouement à ceux qui nous protégeaient, également à la majorité. Les familles qui n’avaient qu’un enfant étaient les plus pauvres mais celles qui en avaient trois devenaient alors les plus riches, accédant aux plus grandes fonctions de la cité et recevant des parts d’impôts importantes de sorte que le troisième de la famille dispose de dix-huit belles années. Le premier était celui qui avait le plus de chance de survivre mais celui qui éprouverait le plus de difficulté à cela, c’était comme un équilibre, une culture particulière.

    J’étais l’ainé et William était le troisième d’une famille d’une maison voisine à la nôtre. Les Mebahel, de pauvres commerçants et les Amon, de riches juges. Notre rencontre fut particulière, c’était comme si nous étions destinés à nous rencontrer, à nous allier, dès le plus jeune âge, nos regards se croisaient et alors nous savions. Il y avait comme quelque chose que nous ignorions qui nous reliaient, sûrement à jamais. Lorsque j’ai quitté la cité des mirages après avoir tué mon père, je n’avais eu le temps que de déposer une simple lettre sur le pas de la porte des Amon, quelques mots tâchés de sang griffonnés : « Je reviendrai te chercher. » J’ai tenu ma promesse, je ne le laisserai pas se sacrifier pour des aetheri. Depuis, nous ne pouvons-nous séparer, il y a de la magie qui nous relie, nous savons ce que pense l’autre, ce que veut l’autre, nous ne pouvons rien nous cacher, quand bien même nous le voudrions. Si Jun, mon petit frère, était trop petit pour comprendre le mal qu’ont engendré les aetheri et leur égoïsme, William et moi savons, et nous ne laisserons jamais plus la barbarie s’installer. Alors je laisse mon frère à Lily et William et moi combattons contre l’ordre établi. Une guerre contre les dieux ? Cela peut faire rire mais nous y croyons dur comme fer. Nous ignorons l’avenir mais nous l’espérons sans ces monstres de sang et de croyance. Nous ne sommes pas seuls dans cette lutte mais des centaines, à poursuivre le même but. On nous appelle des « Kaïsha », cela signifie « les impures » dans la langue des dieux. C’est un combat dont nous n’avions compris l’ampleur lorsque nous l’avons rejoint. Mais aujourd’hui je le sais, les dieux sont corrompus, le monde se voile la face, aveuglé, effrayé. Mais nous trouverons le moyen de rendre aux peuples leur liberté. Ce traumatisme, je le porte chaque jour en moi, ces aetheri qui m’ont torturé, à leur service, je n’étais que poussière, ils avaient soif de je ne savais quelle eau qui les a détruit, qui a souillé leur cœur.

    Dans cette lutte, je soupçonne les aetheri d’avoir créé la seconde lune. Un coup de maître. La terre s’est déchainée, les mers sont aujourd’hui impraticables. Les dieux contrôlent cette lune artificielle et nous tiennent en laisse. Et tout le monde accuse les « Kaïsha » d’être les responsables, nous sommes donc devenus des pestiférés. Quant à nous, nous disposons aussi d’armes. Mon père me parlait de ce cristal maître qui pourrait détruire les aetheri, lui aussi était contre le système avant de partir à la guerre et de devenir fou. Nous n’étions que de pauvres commerçants mais nous disposions d’un fragment, celui de la Topaze. Je suis aujourd’hui en mesure de dire que le cristal maître est formé de 4 fragments, ni plus, ni moins, d’après toutes mes recherches. Si je les réunie, alors, je l’espère, je pourrai détruire la seconde lune.

    Je n’ai pas la prétention de pouvoir sauver les hommes esclavagés des dieux, mais je peux faire un pas, ouvrir une brèche que tous les Kaïshas emprunteront alors. Mon nom est Ismérie. Je suis un sorcier oui, je suis un rebelle, un résistant. Je mourrai pour cette planète, pour ce monde parce qu’il mérite d’être heureux et que j’aime les Hommes, cet univers, que je rêve juste d’un meilleur avenir pour lui que celui-ci que je vis. Je désire un meilleur monde dans lequel Jun pourra grandir, loin de cette guerre qui nous ravage, nous tue. J’étais un ecclésiastique, un priant aux services des dieux, aujourd’hui, je suis leur ennemi. Ceci est mon histoire.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 01 Mai 2013, 02:47

  • Chapitre 2 : La grande traversée.


    Souvent je regarde le ciel, cet espace si immense et je me demande, qui ou quoi est à l’origine de tout ça ? D’où venons-nous ? Pourquoi suis-je né à cet endroit, dans telle famille et pas ailleurs ? Ma vie est d’une étrangeté rare et pourtant, je l’aime ainsi. Mais je crois que sans William, je serai incapable de combattre, il est ma force là où Jun alimente mon courage. Sans ceux qui m’entourent, je mourrai, sans but, sans idées à défendre, sans convictions à sauvegarder au mépris du plus grand nombre qui ne pense pas, ne réfléchit pas, qui se contente de vivre avec ce qu’il a connu. Mais je ne peux me contenter de ça, j’espère un meilleur que j’obtiendrai. Dans ce combat, j’ai appris que des guerres tacites avaient lieux. Les génies. Des personnages ignobles, versatiles, mais de redoutables ennemis aux aetheri. La guerre entre les génies et les dieux n’était pas récente et datait de bien avant ma naissance bien que j’en ignore encore les raisons à l’heure de ce chapitre. Je ne peux comprendre cette race, ils sont à la fois la pire vermine de nos terres et à la fois les seuls qui ont compris qu’il fallait se battre contre les aetheri. Il nous fallait donc nous lier à eux.

    La race des génies est insondable. Il parait même que si on n’est pas génie, on est incapable d’en reconnaitre un quand bien même il se trouverait juste sous notre nez. Sans hiérarchie officielle, les génies agissent dans l’ombre de la société, on ignore tout de leurs conflits avec les aetheri jusqu’à même leur existence. Peu croient que les génies existent, beaucoup pensent que ce ne sont que des contes pour enfant, je le pensais aussi pour être honnête. Ils sont méfiants à l’égard de ceux qui n’appartiennent pas à cette race, ils ne veulent pas s’allier avec eux, trop faibles, trop influencés par les dieux et leur culture, ils préfèrent agir entre eux et seulement eux. Autant dire qu’il est difficile de leur demander de nous familiariser, de rejoindre leur combat. C’était pourtant notre dernière chance, à William et à moi. Alors nous avons mené différentes pistes jusqu’à qu’une nous mène à l’un d’eux. Emori. Patron d’une mafia criminelle, des conflits éclatent sans cesse. Son jeu préféré ? Tuer des anges, les cibles préférés des génies qui les pensent les plus proches des dieux, tout aussi corrompus qu’eux. C’était aussi ma théorie, je n’ai eu donc qu’à suivre la piste des meurtres d’anges. C’est ce que j’ai lu dans la gazette du jour qui m’a finalement mis sur la voie. Tous les meurtres étaient trop centrés sur un quartier, la base était sûrement là et Emori aussi. Il fallait donc le rencontrer, l’obliger à nous fournir un bateau assez solide pour traverser les océans que les aetheri contrôlaient. Autant dire, une mission réussie puisque nous avons embarqué ce matin. Clandestinement évidemment. Si Emori était d’accord, l’équipage lui-même n’est pas au courant qu’Emori est un Iblis, un rang honorifique très haut placé chez les génies. Nous devions laisser planer le mystère même pour le fameux génie à qui nous avions caché nos plans, une nécessité. Nous ne faisions après tout confiance à personne. Notre plan était trop ambitieux pour risquer de tout gâcher pour un mot glissé trop tôt à un ennemi caché, un espion trop habile pour être reconnu ; génie ou pas, au final, il n’existait aucun camp, juste ceux qui survivaient.

    Où ce combat va nous mener ? Je n’en sais rien mais pour l’heure, le continent dévasté nous attend. Nous faisons partie des rarissimes voyageurs à pouvoir quitter le continent au matin calme depuis l’apparition de la seconde lune artificielle. Nous trouverons nos premières réponses là-bas. En attendant, je ne peux que prier pour que notre voyage se déroule sans encombre, que les dieux ne nous fassent pas chavirer. J’ai tant d’espoirs, tant de rêves en tête, trop pour un seul homme. Souvent m’a-t-on dit, mon but est trop noble pour un sorcier. Je ne comprends pas vraiment alors et j’hoche la tête en disant que c’est ainsi. En quoi la magie noire devrait-elle être soumise aux dieux ? Dans ce combat sempiternel, la race, le camp, rien ne compte, il suffit juste d’un rêve que je suis prêt à suivre, quitte à en payer de ma vie, aussi misérable et courte sera-t-elle.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 01 Mai 2013, 17:57

    L’océan était agité, infatigable, il soulevait l’immense navire comme une simple feuille emprisonnée dans une tempête, soumise à ses lois. Dans la cale, l’un écrivait son journal pour se souvenir tandis que l’autre tentait de dormir malgré la houle qui baladait son cœur. Une fumée de tabac chatouillait les narines d’Ismérie qui regardait son journal de bord avec questionnement. Il fallait bien commencer par quelque chose. A moitié en cendre, il prit tout de même le restant pour le fumer d’une grande inspiration qui lui brûla le bout des doigts avant d’en écraser le culot à même le bois du bureau qui tanguait, instable et avait rendu tremblante l’écriture du sorcier. « Pourquoi écris-tu ? » - « Si nous venons à disparaître, je veux que notre œuvre nous survive, qu’elle traverse le temps, que quelqu’un puisse lire, apprendre la vérité, qu’elle puisse vaincre sur l’obscurantisme. » - « Le monde a toujours vécu dans l’ignorance, l’apologie de la vérité est une utopie écrasée par des forces qui nous dépassent. Peu importe notre réussite ou notre échec, dans quelques millénaires, le même problème se posera, dans d’autres mesures. » - « Nous aurons fait ce que nous avons pu. Ce qu’il se passera dans quelques millénaires comme tu dis ne nous regardera plus, au chaud dans notre cercueil j’espère, à reposer en paix. » - « Je vois. » Il se mit à rire en se relevant, respirant profondément pour ignorer la nausée qui le consumait. « Nous sommes maudits mon frère, nous avons fait le choix de rétablir une impossible vérité alors n’espère pas un repos éternel, là où nous irons, l’enfer sera notre meilleure option. » - « Si tu n’y croyais pas, tu ne me suivrais pas. Si tu es là avec moi ce soir c’est que tu sais que nous avons une chance, toi aussi tu espères leur chute. » - « Tu m’as donné la foi envers ce combat mais je ne me fais pas d’illusions. Tu seras déçu par l’humanité, même libérée elle recommencera. Nous sommes ainsi, nous n’apprenons jamais. » - « Comment savoir ? Nous n’avons encore pas essayé de vivre sans eux. Qui sait ce que cela donnera ? » Un long silence s’en suivit entre eux, un regard qu’ils n’osaient s’échanger, préférant se dire qu’il y avait toujours une chance, une espérance qu’ils ignoraient encore mais qui finirait bien par se révéler à eux. « Je vais prendre l’air. » soumit Ismérie qui se releva et pris les escaliers qui l’amènerait à rejoindre le pont supérieur. « Reste prudent et ne te fais pas remarquer. » - « Comme toujours. »

    Admirant l’océan, l’homme était fasciné par cette immensité, cette force invincible qui semblait garantir le maintien de tous les continents, mais aussi pouvoir les détruire, encore en mémoire les images sanglantes des grands tsunamis qui avaient ravagés les côtes et obligé les populations à fuir, celles qui avaient survécu. Ismérie et Jun avaient fait partie de ceux-là, portant le nourrisson tenu des draps soutenus par son corps en lanière, il n’avait vu que le désastre se dessiner autour de lui, les cadavres flotter là où se tenaient les parcs et les restaurants, des débris et des pleurs. Des images qu’il n’oublierait jamais. Levant la tête vers la seconde lune artificielle, son regard se noircit, tant de colère et de violence l’animait, trop. Son ennemi, un astre qui se tenait fièrement dans un ciel sans nuage que les étoiles parsemaient comme un chemin à suivre, un chemin vers l’enfer et ses origines. « J’aurai ta peau. Et celle de tes créateurs, des miens. » Qu’il était complexe de se soulever contre ce qui n’avait ni nom, ni visage, ni faiblesse. Depuis que les Hommes se soulevaient contre les aetheri, les dieux ne se montraient plus, les continents étaient trop difficilement traversables, trop isolés en de trop minuscules groupuscules, ils étaient les maîtres de la soumission et eux des insectes en colère mais démuni. Le cristal maître était une piste qu’il fallait bien entendu suivre. Ce n’était pas qu’une légende que lui racontait son père, il avait vu le premier fragment de topaze à l’œuvre de ses propres yeux. Sa puissance dans son unicité. Alors que seraient les quatre fragments réunis ? Serait-il en mesure de leur tenir tête alors ? Tant de questions, si peu de réponses pour l’heure.

    Alors qu’il admirait la mer, soudainement, il fut pris de douleurs atroces qui lui saisissait tous les muscles jusqu’à le plier en deux sur le sol. Avec beaucoup de mal, il trouva la force d’amener sa main jusqu’à atteindre la poche intérieur de sa veste et d’en soutirer l’un des fragments de la topaze : le premier, celui de sa mère. Il ne comprenait pas, il était incapable de l’utiliser, de comprendre à quoi il servait et celui-ci restait muet jusqu’à lors mais là, il brillait de mille feux et par la même occasion semblait prendre plaisir à se nourrir des forces du sorcier qui exprimait avec difficulté des plaintes que rien n’aurait su calmer. Alerté par la souffrance de son ami par l’étrange connexion qu’il y avait entre eux, William arriva à vive allure pour le secourir. Voyant que d’étranges fils lumineux reliaient le sorcier à la pierre, il éloigna le caillou maudit en mettant un coup de pied dedans jusqu’à ce que la peau du sorcier reprenne de ses couleurs volées. « Que s’est-il passé ? » l’autre était incapable de lui répondre, tremblant encore, sa bouche crispée et sa langue engourdie. La seule chose que son corps lui permis fut de lever le bras pour montrer du doigt l’horizon. Intrigué, William se retourna pour suivre la direction montrée par son ami et alors, ce fut plus qu’une mauvaise surprise. « Ça ne présage vraiment rien de bon tout ça. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 01 Mai 2013, 18:41

    Ismérie se releva avec difficulté, trainé par le col par William qui l’obligea à se relever puis, passant sa tête par-dessous son bras pour qu’il se maintienne, ne préféra pas traîner sur le pont. Sur leur route jusqu’aux cabines des marins, William hurla alors à tous : « Les hurlantes ! Réveillez-vous tous, les hurlantes sont à nos trousses ! Tout le monde sur le pont, vite ! » Ce fut très rapidement un vent de panique sui contamina tous les loups de mer. « Les hurlantes » étaient le nom donné à l’arsenal maritime des aetheri, des fidèles aux nombreux dieux de la guerre. Des navires bien plus rapides et bien plus armés, bien plus résistants, bien plus puissants que tous les navires que l’on pouvait trouver. Revenant à la cabine avec l’aide de William, Ismérie entendait au loin les marins « Mais que font-ils là ? On va tous mourir ! » - « Pourquoi s’en prennent-ils à nous ? » - « Il doit y avoir des Kaïsha à bord, je vous le parie ! » et plus bas William qui lui susurrait à l’oreille pour que personne ne l’entende : « C’est la pierre qui les a appelé ? » - « Non, impossible. La pierre a réagi à autre chose et c’est l’émanation de magie qui a fait rappliquer les hurlantes. Il faut qu’on cache le fragment. Ils ne détruiront pas le navire tant qu’ils ne l’auront pas entre leurs mains, nous assurons donc notre survie tant qu’elle reste en notre possession. » - « Oh non ! Je l’ai laissé sur le pont supérieur, j’ai tapé dedans pour qu’elle arrête de te dévorer ton énergie, j’espère qu’elle n’est pas tombée à l’eau. » - « Non, sinon nous serions déjà tous morts. Va la chercher, dépêche-toi, laisse-moi là, tu iras plus vite et je ne risque pas d'aller bien loin ! » William s’exécuta en le posant doucement au sol entre deux caisses de poudre à explosif avant de courir vers le pont extérieur.

    La vue d’Ismérie s’affaiblissait, devenait trouble, incapable de lever la tête, il voyait les pieds des marins s’affoler, passer devant lui, des jambes qui dansaient à vive allure le sur le bois humide et cette odeur de pourriture qui le dégoûtait. Rien n’aurait pu être pire. Lorsque les premiers coups de feu retentirent, fendant le ciel d’explosions qui firent trembler le navire, Ismérie ne fut pas étonné, les hurlantes étaient rapides, très rapides, à l’horizon il y a quelques instants, déjà à nous coller et à nous creuser de l’intérieur, et William qui ne revenait pas, il priait pour qu’il ne soit pas touché. Des cris de terreur parvinrent aux oreilles du sorcier, déjà les fidèles des dieux de la guerre s’amenaient sur ce bateau, ils allaient forcément tout fouiller et tuer tout l’équipage qui refuserait de parler. Ismérie devait réfléchir et ne pas se laisser influencer par ses émotions. William serait prisonnier c’était une évidence. Inutile de l’attendre, il fallait ramper jusqu’ne lieu sûr avant que les fidèles n’atteignent ce niveau du bateau. A plat ventre sur le sol, une main devant l’autre, une perle de sang coulant sur le visage du sommet de son crâne, il risquait de perdre connaissance à tout instant. La solution fut simple, une cachette parfaite le temps de reprendre un peu ses esprits et ses forces. Mais avant même qu’il ne puisse l’atteindre, un sabre se planta juste devant son nez, bien droit sur la symétrie de ses yeux, on l’avait attrapé, c’était trop tard, il avait mis trop de temps à réfléchir.

    Amené sur le pont où tous étaient ligotés, on pendit par les mains le dernier prisonnier bien en face de tous les autres. Ismérie comme un épouvantail, William était également en retrait, menacé arme dans le dos. « Je te le répète Kaïsha, où est la pierre ? » ce dernier se refusait à en parler, il ne pouvait en être autrement. Un accord qu’Ismérie et lui s’était juré, si l’un devait parler, autant mourir ou voir l’autre mourir, mais jamais trahir sa cause. Un honneur infaillible. Pourtant, le sorcier sentit bien l’hésitation de son compagnon qui se mordillait les lèvres, les yeux brillant de questionnement, il savait que s’il ne parlait pas, Ismérie serait tué et lui sauvé jusqu’à ce que la pierre leur soit remis.

    « Très bien, tu ne veux pas parler ? » cette voix rogue et insupportable émanait du capitaine d’une hurlante qui avait accosté le navire. « Et bien nous allons torturer ton ami jusqu’à ce que l’un de vous deux parle. Tuez tout le reste de l’équipage, ils ne savent rien, ne nous servent à rien et ne délieront pas les langues de nos deux amis qui n’éprouvent pas grande pitié pour leurs semblables. A juste titre semble-t-il. » les mains derrière les dos, il s’approcha d’Ismérie qui semblait abattu par la fatigue, le teint morbide. Le capitaine lui cracha au visage avec effronterie avant de continuer « Vermine de Kaïsha, vous causez bien du souci pour au final pas grand-chose. De la saleté qui s’accroche lamentablement, inutilement. » Dégainant son épée, il la planta dans le corps d’Ismérie sans prévenir d’un coup bref et propre sous les hurlements du sorcier. Laissant la lame dans son corps, il se rapprocha de nouveau de William en clamant d’un ton à la fois sadique et patient : « J’ai tout mon temps, la nuit prétend à être bien longue ce soir, espérons que ton ami ait l’occasion de voir le prochain soleil se lever. »
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 24 Juin 2013, 21:55


    Dans les terribles rebonds de mes souffrances, une lueur sombre s’étend et happe toutes mes forces, de son murmure givrant, je frisonne et j’entends le glas glisser sur mon dos nu, me rappelant que je ne suis qu’un mortel.  « Maintenez-le en vie, c’est un ordre. » dixit la voix de notre ravisseur, le capitaine de l'hurlante qui a fait de nous tous des prisonniers. Je ne sais pas ce qui est vrai, j’entrevoie seulement les possibilités d’un autre monde et toutes ces voix ne m’aident pas à réfléchir. « Il va revenir dans une heure, qu’est-ce qu’on fait, William  ? » - « Je ne sais pas. » des voix qui peinent à trouver des visages, si seulement je pouvais ouvrir les yeux. « On va lui implanter le fragment dans la chair. » - « L’énergie est trop variable, ça va le tuer, je refuse. » - « On n’a plus le choix, si on leur remet, on a perdu la guerre. » Une guerre ? Quelle guerre ? Je l’ai prise de cours à vrai dire, je n’en connaissais rien il y avait de cela quelques années. L’ordre des choses était acceptable, pour William, pour moi. « Ismérie, si tu m’entends, fais seulement un geste, celui que tu vis encore… » Mon corps est paralysé mon ami, je t’entends mais je ne peux te répondre, excuse-moi, j’aimerais tellement te monter que tu n’es pas seul et par la même occasion, me persuader que je ne suis pas seul dans ce néant infini. 




    Depuis combien de temps suis-je ici inconscient ? Des heures, des jours ? Si je meurs, qui s’occupera de Jun ? Je me sens m’en aller, je ne suis qu’un sorcier après tout, que peut-on espérer de moi, ma nature indiffère les penseurs et pourtant, je rêve d’être différent. « Vous avez vu, ses doigts ont bougé, il réagit bien au cristal, son corps ne le rejette pas. » Je ne suis qu’une expérience, alors ? Qui sont les plus heureux ? Ceux qui savent, ceux qui ignorent ? Ceux qui se soumettent, ceux qui se rebellent ? Quelle est ma place dans ce monde ? Je l’ignore et m’ignore, c’est un dédain sans sortie que j’emprunte, sûrement à jamais jusqu’à ce que mort me prenne. « Les veines sur son corps prennent d’étranges couleurs bleus, c’est normal docteur ? » - « On ne connait rien de ces cristaux étranges, que voulez-vous que je vous réponde… c’est déjà un miracle qu’il survive et encore, rien n’est moins sûr, il peut s’éteindre à tout moment, sa fièvre ne cesse de grimper et de descendre. Il vacille sans cesse entre vie et mort… » Et pourtant, je ressens ces changements. J’ai l’impression que je suis si léger, une plume, un grain de poussière sans un brin de vent. Je ressens l'énergie qui s'écoule, et des fragments de pierres qui m’appellent, comme des frères qui m'attendent. 




     « Ismérie tu vas bien, tu, tu as l’air changé ? » je suis debout en effet, j’ai les yeux grands ouverts mais je suis toujours inconscient, le cristal parle pour moi, il agit à ma place, il a pris possession de mon corps mais ça William tu t’en apercevras tout de suite car les mots qui sortiront de ma bouche ne seront pas les miens. « Quelle lange étrange et inconnue, que lui arrive-t-il ? » et si vous tentez de barrer la route au cristal, il se défendra, je le sais, c’est le fragment de topaze qui me l’a avoué. « Au feu, tout le monde sur le pont, le bateau brûle ! » la magie est belle et violente, on ne peut pas indéfiniment la confiner dans de la matière tactile, renfermée, elle s’énerve comme un animal en cage.  Je sens alors mon corps qui prend de l’élan, qui tue les envoyés des aetheri car une haine profonde vient à la fois de mon cœur et de l’âme du cristal, une haine distincte mais commune, que nous partageons tous deux à notre manière, et alors, je me jette dans l’océan en sautant du navire comme un plongeon vers les cieux, mon regard s’estompe, je reprends le contrôle de mon corps alors que celui-ci coule comme une pierre de plus en plus profondément au fond des mers calmes du jour, les courants m’enlisent toujours plus et je peine à respirer. J’ai renié ma nature ondine pour me dévouer à la magie noire et voilà qu’aujourd’hui, je rêverai de pouvoir nager sans gêne mais de toute manière, les bras battants vers une surface que je n’aperçois même plus, je suis déjà perdu. Est-ce ainsi que mon conte se termine ? 

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 24 Juin 2013, 22:14


    Je ne me réveille que bien plus tard, là où l’air est commun à ceux qui marchent sur terre et pourtant, mes oreilles sifflent comme si la pression de l’eau était constante. Une goutte d’eau qui glisse sur mon visage me sort de l’accalmie qu’avait prise mon esprit, un repos non mérité en ces heures où il fallait agir. J’ouvre les yeux mais un seul me montre le jour, l’autre est aveuglé d’un noir indélébile, il semble que le cristal est touché mon œil droit, me voilà donc officiellement borgne. Je me relève entrevoie les barreaux d’une cellule, encore une ? Je n’ai pas été bien loin. Aucune fenêtre, une très faible lumière, celle d’une bougie semble-t-il mais je n’en perçois que le reflet sur les murs jonchés de moisissures, c’est un endroit définitivement humide où je suis coincé. Je saisis les barreaux et les secoue en criant pour qu’on me vienne en aide, une seule âme qui vit qui pourrait répondre à une seule question : où suis-je ? « Il y a quelqu’un ici ? Eh oh ! Vous avez oublié quelqu'un dans la cale je crois ! » Mais personne ne me répond, j’entends des dès qui roulent sur une table, le bruit est singulier, il semble que mes sens sont tous décuplés, le cristal dans ma poitrine sans doute. J’entends le bruit lourd d’une armure qui se lève et emprunte des escaliers, on va informer qui de droit que je me suis réveillé. Plusieurs minutes passent sans un autre bruit à analyser puis le grincement d’une porte en bois vint clore mon sommeil, on descend des marches, viendrait-on enfin s’intéresser à moi ? Ce ne serait pas trop tôt à vrai dire. Une femme se présente à moi, voilée de noir comme au lendemain d’un deuil, je ne vois même pas son visage derrière le satin, ses yeux me mitraillent, ses lèvres se confondent, elle cherche ses morts, ne veut pas m’aborder n’importe comment alors, je décide de briser le silence pour lui faciliter la tâche :
     
     « Qui êtes-vous ? » - « Fuzâil. Reine du peuple ondin. Et vous, vous avez un nom ? » - « Ismérie. Mais on s’en fiche,  dites-moi où je suis. » - « A la cité engloutie, notre cité. Votre cité. » - « Vous vous méprenez, la mienne est au-delà de vos frontières. » - « Je ressens pourtant ce côté ondin qui vous habite, que vous semblez renier, qui vous a pourtant sauvé de la noyade. » - « Et dans le doute, vous m’enfermez ? » - « Hum. Mes ondins ont observé le navire en pleine mer depuis des jours, attaqué par les hurlantes des aetheri, vous avez tout détruit avant de vous jeter à l’eau. » - « Je ne me souviens de rien, sinon ce ne seraient pas de vulgaires barreaux qui m’empêcheraient de sortir. Simple bon sens, Fuzâil. Quand vous dites "Tout détruit", cela veut dire tout le monde ? » - « Beaucoup ont sauté à l’eau, pris les barques, mais vous ne sembliez viser que les fidèles, ceux qui ne croient en rien ont été épargné d’après mes ondins. » - « Ça, ça me ressemble déjà plus. Bon vous voyez bien que je suis inoffensif, relâchez-moi. Je n'ai vraiment plus de temps à perdre, ils doivent s'inquiéter. William va me tuer si je ne pars pas tout de suite. » - « Nous avons à parler Ismérie. Vous êtes pour l’heure prisonnier. On vous conduira à mes appartements, pitié prenez un bain et brûlez les chiffons qui vous habillent pour d’autres tissus, je vous attendrai. »
     
    Que me voulait cette étrange femme qui, je l’espérai, ne traitais pas tous ses prisonniers ainsi ou alors il serait bon d’être criminel à la cité engloutie. C’était évident, pour qu’une reine s’attarde sur un vulgaire sorcier, il fallait une bonne raison, pas forcément celle qui arrangerait mes affaires. 
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 24 Juin 2013, 22:42


    Menottes de corail aux poignets, on m’amena aux thermes où je pris sous l’œil des gardes un bain brûlant qui fit rougir tout mon corps mais fripa mes doigts. Des servantes aux formes rêveuses m’aidèrent à m’habiller, c’est que, avec un œil et sans mes mains, c’était plutôt compliqué. On me conduisit ensuite aux appartements de Fuzâil où elle m’attendait, déjà assise à une table où il était l’heure de se restaurer, j’étais prisonnier et invité de la belle. Tout en poésie, la harpe qui accompagnait mon entrée était envoûtée par le doux parfum de lys qui embaumait la pièce. Elle m’invita à m’asseoir et sentait bien que j’étais peu enclin à me faire commander de la sorte.

    « Que me voulez-vous ? Ils se battent en haut et vous croyez que je vais manger du plancton avec vous sous les chandelles de votre deuil, accusé d’un crime dont vous ignorez les enjeux ? Dans votre cocon de verre, vous avez perdu contact avec la réalité, celle où se bat pour notre liberté, Fuzâil. » - « Vous adorez appeler les gens par leur prénom, et le placer toujours en ponctuation forte à la fin de vos phrases, pour clore comme une accusation bien souvent  après une liste de reproches que vous faites sans état d’âme, non pas par manque de pitié, juste pour voir comment je vais réagir à des accusions dont vous ignorez le bien fondé, mais vous ne perdez rien à insinuer de la sorte, au pire je déments, et au mieux de vous prends pour quelqu’un de très intelligent qui a tout compris mais entre nous, vos spéculations ne m’effrayent, ni me ne vexent. » - « Oh dieu, une femme a enfin mis à jour mon diabolique de jeu de manipulation sordide et tordu, je suis fini, achevez-moi, qu’on me tue, je ne veux pas vivre dans la honte. Bref, vous m’ennuyez et votre analyse sur ce que je suis m’indiffère. » - « Alors qu’est-ce qu’on fait, je vous renvoie dans les cachots ou vous donnez en ma compagnie ? » - « Le caviar ou le pain rassis. Quel dilemme. Vous savez comment parler aux prisonniers, vous, on n’a pas élu les reines à la loterie par ici, votre diplomatie est admirable. » - « L’ironie, le sarcasme, le dédain, êtes-vous au moins capable d’autre chose ? Vous êtes jeune, très jeune, cela se voit, vous êtes téméraire, inconscient, vous parlez comme vous viennent vos idées sans retenue. » - « Et vous, vous parlez toujours autant ? Si je parle autant que vous à votre âge, autant mourir jeune. » - « Bien, alors entrons dans le vif du sujet et puisque vous ne voulez pas manger, je commence sans vous. » Une fourchette portée à ses lèvres par délicatesse et son regard en coin qui m’épiait, elle reprit.

    « Mon époux et défunt roi des ondins est mort il y a trois mois sous les crocs acérés des hurlantes aetheriennes. Je meurs de son absence et son combat n’est pas le mien, mon peuple passe avant la colère des dieux. » - « Parce que vous croyez qu’ils vont vous laisser éternellement en paix ? Ceux qui vivent sous l’océan sont les grands oubliés des aetheri qui n’ont de cesse de museler ceux qui vivent sur terre. Mais votre tour viendra, nulle cité ne doit être sans dieu, ni croyance. Votre passivité, vous la payerez. » - « Patience, il vous manque la patience. Ce combat n’est pas le mien mais je l’estime. Ma passivité comme vous dite touche à sa fin. Le cristal dans votre poitrine, ils viendront le chercher, ils vous chercheront et viendront ici le reprendre. Ils vous déchireront la chair vous le prendre à main nu et votre souffrance sera sans fin car on ne guérit ni ne meurt de leur lame, on souffre juste éternellement, là est le fardeau des hurlantes et de ses occupants. » - « Merci, je n’ai plus faim. Bien, s’ils attaquent votre cité à cause de moi, pourquoi me gardez-vous ici prisonnier ? C'est insensé, relâchez-moi et vous serez épargnés de leur courroux » - « Vous l'avez dit, ce ne serait que temporaire. Je refuse que le cristal maître leur soit remis. Ces artefacts sont sacrés et leurs mains sont souillées. Mon mari n’aurait jamais accepté le chantage et tous les ondins combattront. » - « Pour un seul homme, pour un petit bout de pierre ? Vous manquez d’occupation par ici. » - « Cette pierre est un symbole, ta venue ici est un symbole, celui que chaque peuple est libre d’accepter ou de refuser que les dieux ne viennent s’occuper de nos affaires. »

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Lun 24 Juin 2013, 23:40


    Plusieurs jours passèrent et je passai la plupart de mon temps en compagnie de Fuzâil. Son entêtement était de m’apprendre le piano, un instrument avec lequel j’étais grand ennemi. Pour elle, la base de la réflexion s’appréhendait par la musique, la plus belle, selon elle, était celle que l’on jouait et non celle qu’on ne faisait qu’écouter.  Des leçons qui s’éternisaient, dès que je soupirai, je me prenais une claque ou un coup de coude, de quoi me faire passer l’envie. Mes menottes avaient disparus, de toute manière, dans cette immense bulle je ne pouvais pas aller bien loin, impossible de remonter à la surface, je ne saurai par où repartir. J’étais bloqué ici alors autant passer le temps. Et du temps, j’en avais à revendre, les rangs se formaient, la guerre s’annonçait dans les journaux, l’histoire de mon arrivée avait fait le tour des boutiques et des tavernes, personne ne savait qui j’étais mais comme le disait Fuzâil, peu importait, tout ça n’était qu’une question de symbole, j’aurais pu être n’importe qui d’autre, cela n’aurait fait aucune différence. Attendre son trépas était une douloureuse solution, je ne savais pas quand les hurlantes allaient attaquer la cité, juste que cela arriverait bientôt et qu’ils viendraient me chercher. Les ondins ne feraient pas un plis face à la force des aetheri, ils arriveraient à me trouver, à me tuer, j’étais perdu d’avance et au final, seule Fuzâil y croyait mais plus j’y repensai, plus je me disais que c’était pour elle la seule façon de rendre hommage à son défunt mari, une manière de porter son deuil à l’encontre des voiles noirs qu’elle ne portait plus au fil des jours. Un soir cependant, alors que sur le balcon, j’observai l’immense bulle de verre s’étendre à l’horizon et supporter le poids de tout l’océan, une œuvre si belle et si mystérieuse, je me fis surprendre par Fuzâil qui interrompit le fil de mes pensées.
     
    « Les hurlantes sont en routes, les aetheri sont sortis de leur mutisme, ils seront là dans trois jours tout au plus. Nous allons à l’opéra ce soir. » - « Est-ce une blague ? Tu m’annonces ma mort prochaine sous quoi, une invitation à entendre trois pauvrettes s’égosiller pour faire bonne impression à la reine ? » - « Pourrais-tu arrêter de râler ? Es-tu donc incapable d’apprécier les belles choses ? » - « Ce qui est beau pour toi ne l’est pas forcément à mes yeux. Tu ne détiens pas la vérité pour la bonne raison que la vérité unique n'existe pas, c'est l'idéologie des aetheri certes mais pas la mienne. » - « Certaines choses s’apprécient avec l’âge je crois et certaines vérités ne nous paraissent évidentes qu'après certaines blessures, mais ça, je te souhaite le temps de les découvrir sans trop y perdre de plumes. » - « Tu parles comme si tu avais vécu des siècles. » - « En effet. Et pourtant le monde était déjà si vieux à mon arrivée. Ma mère était une fidèle au titan des océans, au temps où les dieux n’étaient pas corrompus. J’ai appris d’elle ce que devaient être des dieux, ce qu’ils devraient être aujourd’hui pour que le monde tourne en paix. » - « C’est utopique, personne ne devrait pouvoir se prendre pour dieu, chacun devrait gérer sa morale et ses choix, être ce qu’ils veulent, pas besoin de dieux, ils n’ont de cesse que d’abuser de leurs pouvoirs, c’est trop grands pour de simples mortels et tous les dieux ont un jour étaient de simples gens comme nous. Si demain, j’avais d’aussi grands pouvoirs, je sais pertinemment que je dériverai. C’est une certitude. » - « Ton utopie à toi tournerait au chaos. » - « Non. Car chacun assumerait ses choix, aussi mauvais soient-ils. » - « Et qui détermine le bon du mauvais sans dieu pour fixer des règles ? » - « La communauté, les gens vivent ensemble et s’entendent à établir des règles pour la paix générale. Et ceux qui ne respectent pas la communauté s’y plie ou s’en vont, cherche une communauté qui leur ressembleront ou fonderont la leur. Mais peu importe le schéma, les dieux n’en font pas partie. » - « Je vois ça. Ta haine pour les dieux est palpable. Tu les haïs tant que ça ? » - « Oui. » - « Tu n’as pas envie d’en parler ? » - « Je n’ai rien à en dire. A mes yeux, tous ceux qui ont un peu de bon sens en arriveraient à la même conclusion que moi. Pas besoin de te faire larmoyer avec mon histoire personnelle, ça ne servirait à rien. » - « Bien, je ne te supplierai pas, si tu ne veux pas, c’est toi qui y perd. Partager une histoire, ce n’est pas que s’apitoyer sur des malheurs, non c’est faire sa propre introspection et avoir un recul nécessaire qu’on ne peut acquérir dans sa pensée. En parler aide à comprendre son propre vécu. Bref, partons alors, je ne veux pas être en retard. »
     
    Assis à la place du roi, j’écoutai d’une oreille l’opéra qui se déroulait devant mes yeux, trop préoccupé à songer à l’arrivée des hurlantes, au sang qui coulerait, au chaos qui y serait semé. Je faisais du regard le tour de la salle et tous ces gens qui appréciaient le spectacle étaient-ils trop candides pour ne pas songer au péril de leur vie dans quelques trois pauvres malheureux jours, si courts ? Fuzâil à côté de moi était envahie par les émotions du chant exceptionnel des sirènes qui envoûtait le public dans son immensité. J’étais sûrement trop jeune pour apprécier, elle avait peut-être raison. Pourtant, ce chant serait à jamais gravé dans ma mémoire, il m’évoquerait toujours ces étranges sensations dans le bas ventre, celui que même si je refuse, même si je ne comprends pas, même si je ne veux pas comprendre, j’apprécie l’instant présent, même si je ne veux pas l’apprécier, il est ce qu’il est et je ne peux que me plier à cette satisfaction indésirable et involontaire. Un sourire aux lèvres, je comprends doucement le sens des mots de Fuzâil, je me penche alors vers elle pour lui dire sans l’y préparer à basse voix pour ne gêner personne :
     
    « Un matin alors je cherchai dans la forêt des fleurs vénéneuses comme tout bon sorcier lambda, je fus comme appelé par une étrange voix, une voix qui provenait d’un sentier que personne n’empruntait jamais. J’étais attiré par ce mystère car ma vie n’était qu’une suite d’ennuis plus longs les uns que les autres, je ne savais pas si cette voix était pour moi mais je me suis dit que peut être ma vie prendrait une autre tournure si je volais l’opportunité de celui à qui était destiné cette voix. Plus je me rapprochai, plus je comprenais. Le chantonnement d’une contine par un homme qui tirait son cheval chargé de lourds sacs, tous contenant d’énormes livres dont certains qui dépassaient et quelques provisions de voyage. Il portait un long manteau bleu et fumait la pipe du coin de la lèvre, faisant sans cesse tomber du tabac à chaque fois qu’il reprenait le refrain de sa chanson. Il était si loin qu’il était impossible que je l’entende de là où j’étais lorsque je l’avais entendu pour la première fois. Je voulais me convaincre que c’était pour moi. Qu’il était là pour moi. Qu’attendais-je de lui au final ? Il aurait été la faucheuse que sa présence m’aurait ravie. » Le sourire de Fuzâil grandissait, ce sentiment victorieux d’avoir réussi à faire parler le sorcier grognon qui en voulait à la terre entière.
     
    « Il m’a proposé de l’accompagner jusqu’au village, j’ai accepté. Il se présenta à moi comme étant une sorte d’enseignant. C’était en réalité un maître du temps. Sa nature m’était inconnue, sa race également, il semblait qu’il n’était pas de ce monde, pas de cette époque. Il me raconta des légendes qui me firent rire, son ton et sa manière de les raconter, on avait tellement enfin d’y croire. Puis il m’a dit que je n’avais pas à rester toute ma vie un esclave, ce que j’étais jusqu’à lors pour le compte d’un aether de la guerre, Chronos. Cela semblait pour moi insensé qu’on ne puisse pas être ce pourquoi nous étions nés selon la bonne volonté des puissants dieux. J’étais si ignorant, de ne pas voir la liberté, ce que le monde nous proposait. Quand je vois tous ceux qui sont encore comme je l’étais aujourd’hui, des milliers de fidèles qui ne croient que parce qu’ils ne connaissent rien d’autre, manipulés, bafoués par ce ciel corrompu. Nous devrions tous pouvoir choisir. Ce n’est pas mon histoire, ce fut une journée dans ma vie, courte selon toi et pourtant, c’est ce pourquoi je me bats. Ces maîtres du temps, ils parcourent le monde pour nous sortir de notre ignorance et nous devrions rester les bras croisés, faire comme si leur travail était vain, eux qui meurent sous les coups des dieux et leurs armées. Je n’ai jamais su ce qu’était devenu cet homme sur ce sentier perdu mais qu’il soit encore en vie, sacrifié pour notre cause ou qu’il ait juste abandonné, j’ai rejoint son combat, c’est le mien et bientôt, ce sera le tien. Voilà ce qui réunit les hommes, non pas les dieux mais la soif de liberté. »
     
     

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Mer 26 Juin 2013, 23:59


    « Tu souffres tellement. Quelles sont les blessures que tu ne révèles pas… J’aimerais tellement être dans ta tête… et dans ton cœur. » - « Tout le monde souffre. » - « Toi plus que tous ceux que j’ai rencontré. » - «  Ton mari te manque et tu l’oublies dans mes bras mais je le sais, je ne suis que son ersatz. » - « Tu as tords de penser ça. » Vexée, elle tourna la tête violemment et se releva, entièrement nue, elle quittait mes bras pour admirer l’océan s’étendre par-delà les fenêtres de sa chambre. Tout était si calme, si paisible. « Il me manque, ma poitrine se resserre un peu plus à chaque mot que je lui adresse sans être sûre qu’il puisse m’entendre. Mais toi, Ismérie… » - « Oui, moi, quoi ? Je ne suis qu’un hasard. Sans ce fragment dans ma poitrine, tu serais passée à côté de moi sans même me regarder. Ainsi est la vie, une suite de hasards. » - « Je ne crois pas aux hasards, tout a un sens. » - « La vie en est vidé, chercher du sens c’est se convaincre que l’on vit pour une raison mais on ne fait que se donner les moyens d’exister, rien ne vient à nous si on ne saisit pas les opportunités. On peut croire que la roue tourne, que le destin nous prévoit de belles choses mais rien est vrai. » - « Ta vision du monde est bien triste, bien ennuyeuse. » - « Je m’ennuie dans ce monde, je n’en connais rien mais j’ai l’impression qu’il n’a rien à m’apporter, que toute ma vie ne sera que ça, un flot d’enchainements sans sens. » - « Un grand avenir t’attendra Ismérie, je le sais. Un homme comme toi ne peut décemment ne rester qu’un sorcier sans prétention. Tu n’es rien aujourd’hui mais qui sait. Un jour tu porteras peut-être même une couronne car tous les grands seigneurs ont été un jour de simples errants. » - « Pff. Tu es risible Fuzâil. » Clamais-je en me moquant, retirant le drap sur mon corps pour me saisir de tabac roulé que j’allumais en l’approchant d’une bougie à l’environ puis d’en respirer une bouffée.


    « Quant bien même je porterai une couronne, cela ne donnera pas plus de sens à ma vie. » - « Mais tu en donneras aux autres, c’est ce que je fais. » - « Je suis d’une nature plutôt trop égoïste pour penser à quelqu’un d’autre qu’à moi. » - « C’est ce que tu dis, mais tu ne cesses de scruter le ciel marin, je sens ton inquiétude pour ton ami, William je crois. Peur qu’il soit mort. » - « Si William mourrait, je le ressentirais immédiatement, nous sommes reliés. Et crois-moi, pour abattre ce vieux prétentieux, il en faudrait bien plus qu’une armée d’hurlantes. » - « Je te fais confiance. Il faudra que tu me le présentes. » - « Je ne pense pas. Il est encore pire que moi » - « Est-ce seulement possible de trouver plus autodestructeur ? » - « Ne le sous-estime pas. Et puis de toute façon une fois que tout ça sera fini, tu auras mieux à faire que de te préoccuper de mon sort. » - « Tu penses vraiment que je t’oublierai ? » - « C’est évident. Tu n’as pas à être hypocrite pour m’estimer plus que tu ne le voudrais. Je sais ce que je vaux. » - « Pour quelqu’un qui adore vanter ses mérites je trouve que tu as un manque cruel de confiance en toi. C’est souvent comme ça, cacher ses faiblesses en les montrant au grand jour. » - « Arrête de faire comme si tu me connaissais. » - « ça t’effraye que je puisse avoir la moindre chance de te perce à jour ? » - « Oui. Alors arrête, s’il-te-plait. » Ce fut notre dernière accalmie. 

    Elle s’approcha de moi, pour embrasser mon front mais il n’en fut rien. Happés par un grondement terrible d’une explosion, je sentis mon corps projeté comme une plume trop facilement renversée. 

    « Fuzâil ! » hurlai-je parmi les débris et d’autres explosions plus mineures cette fois qui me cassaient les tympans. « Je vais bien ! » Me rassura-t-elle en se relevant tout en titubant ; de magie, elle nous habilla tous deux en un rien de temps pour que l’on puisse fuir en toute décence. Tout en se tenant par la main, nous courrions dans les couloirs en décomposition du palais, évitant les poutres et les morceaux de marbres qui nous tombaient dessus, une scène que l’on n’imaginait pas venir aussi tôt. « Pour dans trois jours, hein. » l’accablai-je avec un sourire tout en reprenant la course, il semblait que nous avions été pris de cours. Des immenses trous dans les murs, on voyait au-delà la ville s’affoler, les hurlantes projetaient d’immenses projectiles pour fracasser l’immense bulle d’où des cascades coulaient à présent à des vitesses fulgurantes de sorte qu’à leur point de chute, les maisons et les commerces  s’effondraient. 


    « Ils sont déjà dans le palais, je ressens leur présence. Si tu restes là ils vont te tuer Ismérie. C’est toi qu’ils cherchent. Ils ont comme seul ordre de ne pas mutiler ta poitrine, quant au reste, ils n'auront aucune pitié. » - « Et bien soit, qu’ils me trouvent, je les attends. » Clamai-je trop fièrement en déchargeant un cadavre au sol de son épée au fourreau qu’il n’avait pas eu le temps de retirer. « Tu es fou, ce n’est pas le moment de jouer les héros. Il faut savoir se replier. Tu dois courir et te mettre à l’abri le temps qu’on les repousse. » - « Et toi, je ne te laisse pas ici. » On entendait des dizaines de pas s’affairer vers nous, le temps était devenu de lourdes secondes qui s’affalaient sur notre dos et notre conscience. « Je n’ai pas le temps de te convaincre de dégager, file d’ici, ne te retourne pas et ne prends aucun risque inutile, je les retiens. Pitié, pour une fois dans ta vie, fais ce qu'on te dit. » - « La vie d’une reine ne vaut pas celle d’un errant. » - « Tu n’es pas un errant, je ne veux perdre une deuxième fois ce que j’ai. » - « Si tu meurs que fera ton peuple ? » - « Si tu meurs, que fera le monde ? » - « Je te déteste. Tu as toujours réponse à tout. » - « Tais-toi et cours ! »  

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité

avatar
Jeu 27 Juin 2013, 00:28


    Courant à vive allure dans les rues jonchés de cadavre, sans m’arrêter, sans me retourner, crachant mes poumons de ce trop de tabac fumé, j’évitai tout combat, voyant les ondins et les sirènes se battre férocement contre les chiens de gardes des aetheri, je fuyais en lâche alors que la ville était en feu. Cet incendie dévorait tout sur son passage et je me contentai de me frayer un chemin, vulgairement, poussant les obstacles pour qu’on ne me rattrape pas, quand bien même personne ne me poursuivait, j’étais risible de fuir sans oppresseur dans la seule hypothèse qu’ils me reconnaissent, moi qui n’était qu’un anonyme. Passer sa vie à rester dans l’ombre, combattre les dieux sans trop se mouiller. Ce jeu mesquin devait prendre un terme, aujourd’hui, sortir de l’ombre nécessitait plus qu’une bonne dose de courage, risquer sa vie pour un combat qui ne m’apporterait rien personnellement, ma qualité de vie n’en serait pas changée et la risquer ainsi était suicidaire pour quelle peine ? Celle d’un vieux conteur d’histoire sur un sentier de forêt ? Toutes ces réflexions se bousculaient dans ma tête alors que Fuzâil, je l’imaginais, devait être au corps à corps avec ceux qui voulaient déchirer ma poitrine pour en extirper le fragment de la topaze. Ma vie n’était qu’un hôte à plus grand, un symbole comme elle le disait, seulement un symbole, on ne s’attachait pas à qui j’étais mais au fardeau que je portais, je n’avais rien accompli de grand ou de courageux, j’avais juste été là au mauvais endroit, au mauvais moment, par des risques inconsidérés de William et de moi. Et si je fuyais aujourd’hui, alors qu’ils gagnaient quand même, ce régime de terreur, où ils nous tenaient par la peur, je jouais leur jeu et c’était malsain. Non. Je m’arrêtai dans ma course, les yeux fermés, rien ne se passait. Pourquoi me tuerait-on, tant qu’on ignore ce que j’ai dans la poitrine, pourquoi me tuer, moi ? J’allais combattre, les combattre, ne serait-ce que pour tous ceux qui étaient morts pour ce même combat auquel j’étais mêlé, finalement, par simples hasards.
     
    « Capitaine, je suis sous vos ordres. » dis-je d’une voix claire et sûre, déguisée de la simple armure guerrière des ondins que j’avais, une fois encore piqué à un cadavre, fâcheuse habitude décidemment. L’homme, un peu paniqué me montra du doigt un barrage humain de centaines d’ondins qui empêchaient les chiens d’aetheri de pénétrer au cœur de la cité, un combat vain puisqu’ils y étaient déjà par d’autres voies qui n’avaient pas tenu mais là était le courage, celui de continuer quand même. Je rejoignais la bataille, armes en main, l’adrénaline grimpait en flèche et une seule parole me vint : « Oh William, si tu me voyais. » et je me jeter dans ce bain de sang. Mes premiers coups furent maladroits, j’avais risqué la mort à plusieurs reprises et une chance titanesque m’avait maintenu en vie plusieurs secondes déjà mais il fallait que je fasse attention, ici, chaque seconde était fatale. Je tombais au sol plusieurs fois, l’armure était lourde et je n’en avais jamais porté jusqu’à lors, c’était difficile de voir à travers le casque ou de bouger le bras entre le poids du vêtement et celui de l’épée. Je tuais sans rechigner, ici l’humanité, la pitié, tout était réduit à néant, les lois de la guerre étaient sans questionnement sur la valeur d’une vie, nous n’étions que de la chair à canon mais ces derniers justement, bombardaient toujours la cité sans relâche.
     
    Je prenais doucement mes aises au bout de quelques longues minutes qui me paraissaient interminables. Je prenais de l’élan pour frapper avec plus de vitesse et commençai à comprendre l’intérêt de l’armure à plusieurs coups qui m’auraient été fatals si je ne l’avais pas porté. William m’avait un peu formé au combat mais ce n’était pas ma tasse de thé, lui était valeureux en ce domaine, de nous deux, j’étais le plus stratège et nos rôles répartis m’allait très bien jusqu’à ce jour où il n’était pas là pour assurer ma défense. Si cela ne suffisait pas, la chance n’était pas de notre côté, nous perdions clairement l’avantage, notre infériorité numérique était incontestable, comme je l’avais prédit, contre la force des armées aetheriennes, nous n’étions que des branches cornues qu’il fallait pousser sans trop de mal. La magie fusait comme les canons, les sorts tous les plus vénéneux les uns que les autres fauchaient les vies et pour sûr, les ombres auraient du travail lorsqu’il faudrait faire le ménage après tout ça. « D’autres hurlantes arrivent ! Il nous faut d'autres hommes pour tenir le front ! » Criait je ne savais quel brave au loin, attirant l’œil de tous les autres et également mon attention. Ils avaient peur que ce ne soit pas aussi facile pour appeler d’autres renforts ? Des flottes géantes d’hurlantes qui arrivaient droits sur nous pour épauler celles déjà présentes qui n’avaient déjà pas trop de mal à nous réduire en miettes, c’était vraiment de l’injustice. C’est alors que je compris.
     

    « Non, ce n’est pas possible, non. Ce… Espèce d’abruti. »
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas
 

Les origines de l'enfer. [Fragment Topaze - Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

 Sujets similaires

-
» ♛ Les Origines | QUU | Solo
» La vie mystérieuse de mon père. [Solo - Topaze]
» [Event Solo] Partie III - Pour un fragment
» Les Origines (unique)
» Sacrifices Puérils [Quête ~ Topaze]
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le pouvoir du Yin et du Yang :: Zone RP - Mers :: Mers - Est :: Mer de Krä :: Cité Engloutie-