Ce matin là, je me réveillais de bonne heure. D'humeur studieuse, je me rendis dans mon immense bibliothèque et ordonnais qu'on m'y apporte mon petit déjeuné. J'avais acquit récemment de nouveaux ouvrages concernant la magie et les esprits, les plantes -oui encore-, la musique et les chants, l'architecture, les légendes... En fait j'avais littéralement pillé les réserves d'un libraire... Je sourie en me souvenant de la tête qu'il avait faite lorsque je lui avais demandé le prix du contenu de sa boutique. En plus comme il était humain il craignait qu'il ne me prenne l'envie de jouer avec lui. Mais ce n'était pas mon style. Je n'avais rien contre lui et je ne considérais pas les humains comme inférieurs, aussi l'avais-je rémunéré largement et l'avais-je remercié chaudement pour sa contribution à l'enrichissement de ma bibliothèque. Toujours est-il que j'extirpais du dessous de la pile un traité sur les métaux et les diverses techniques que l'on peu mettre en œuvre pour forger toutes sortes d'objets. Il m'avait fait penser à Takias. Je l'ouvris et entrepris d'absorber ces nouvelles connaissances qui s'offraient à moi. J'en oubliais mon repas. La lectrice assidue que j'étais ne mit guère que quelques heures à avaler cet ouvrage. J'attrapais alors un deuxième ouvrage sur ce sujet. Celui ci paraissait beaucoup plus vieux, mais surtout il était écrit dans une forme archaïque de la langue drow. Aussitôt ma curiosité excitée je l'ouvris précautionneusement. A l'intérieur étaient accrochés des parchemins qui tombaient presque en poussières. Je commençais à les lire et comprit qu'il s'agissait de formules permettant de créer des alliages particuliers, de tisser le métal comme on aurait pu le faire de la soie... Il s'agissait certainement là des notes d'un maitre forgeron. Je les lisait avec intérêt puis décidait de l'envoyer à notre chère veuve noire. Elle saurait en faire bon usage je n'en doutais pas.
Je rédigeais donc la lettre sur le champs et la cachetais.

Je venais de finir quand soudain la porte s'ouvrit à la volée. Je levais les yeux un sourcils haussé attendant que l'intru présente le motif de sa visite cavalière. C'est Imrinn mon protecteur dévoué qui venait de surgir. Je le scrutais et sut aussitôt que quelque chose n'allait pas. Je lui adressait un regard interrogateur. Plus pâle que jamais il s'agenouilla. D'une voix blanche il murmura la nouvelle qui lui pesait tant. Mon fils, mon petit Xantha qui avait disparu depuis quelques jours, ce qui n'avait rien d'inhabituel en soi, avait été retrouvé devant le portail de ma demeure. Ou plutôt c'est son cadavre qu'on avait retrouvé. Mutilé de la plus horrible des façon.
Je m'immobilisais les yeux agrandis d'horreur. Ce petit orphelin, je l'avais recueillit, je l'avais aimé, je l'avais choyé, j'en avais fait mon héritier. Je le considérais comme mon propre fils ! Et mon l'avais prit !!! Je fut prise de tremblements. Aussitôt Imrinn fut près de moi et me soutint m'enserrant dans ses bras vigoureux. Un moment passa ainsi. Le larmes refusaient de couler, la douleur me foudroyait. Je refusais cette réalité. Finalement je demandais que l'on m'amena près de lui. Mon ami et confident m'emmena dans la pièce où il avait été déposé. J'ordonnais que tous partes. Il resta. Il était mon protecteur, il avait faillit à sa mission, il n'avait pas su protéger mon fils et il s'en voulait. Il ne faillirait pas une deuxième fois. Mais ce dévouement je ne le remarquais même pas. Je ne l'entendis pas fermer la porte et se mettre en faction devant elle. Je ne sentais même pas son regard soucieux posé sur moi. Je m'étais agenouillée devant la dépouille de mon fils. Je caressais son minois défiguré. Autrefois sa peau était douce et tiède, ses joues un peu roses et ses yeux vairons pétillants de malices... Mais on les lui avait crevés, sa figure était maintenant parsemé d'entailles. Je soulevais le draps qui le recouvrait et je du fermer les yeux. Celui qui avait accomplit cette besogne était un bourreau expérimenté... De tous les supplices qui peuvent être infligés à un humanoïde, rien ne lui avait été épargné... Son corps n'était plus que l'abominable récit de ses derniers instants. Mes tremblements me reprirent. Pourtant je n'étais pas vraiment une petite nature. A mes heures de folie j'avais massacré à plus d'une reprise. Mais cela ne m'étais plus arrivé depuis longtemps... Et puis je n'avais pas de toute façon l'habitude de faire souffrir inutilement les gens... Mais là... Ce que l'on avait fait à son petit garçon... Je recouvris le corps du drap. Mes yeux se reportèrent sur son adorable minois. En voyant son état, finalement, les larmes se mirent à couler. Bientôt les sanglots me secouèrent. Plus jamais il ne viendrait se blottir contre moi en manque d'affection, je ne le retrouverais plus perché sur une étagère de la bibliothèque, je ne le découvrirais plus en train de récolter des herbes magiques pour concocter quelques potions, je n'entendrais plus sa petite voix enfantine ni son rire léger qui me tirait toujours quelque soit mon état d'esprit... Je ne sentis pas Imrinn me prendre de nouveau dans ses bras et m'enlacer.

Je perdis la notion du temps et de mon environnement... Je du rester un long moment prostré ainsi, dans les bras de celui qui avait toujours veillé sur moi. Puis une pensé s'insinua dans mon esprit brisé. Un éclair de métal froid dans le magma de mes pensés. Je les sentis presque se figer. Ce meurtrier... Si Imrinn n'avait pas apporté sa tête en même temps que cette nouvelle, c'est qu'il avait été introuvable, qu'il n'avait laissé aucune trace, c'est à dire qu'il était trop puissant ou trop intelligent, voir peut être les deux, pour nous. Mais il y avait autre chose. Le corps de mon fils n'était sans doute qu'un message, un avertissement. C'était moi qui était visé derrière cette horrible manœuvre... Peut être cherchait-on à me briser. Je me glaçais, quel qu’ait été le motif de cette acte, c'était impardonnable !!!!!!! La haine pointa son nez et en instant elle m'envahit toute entière. Celui qui avait fait ça le regretterait ! Il paierait pour ça ! Je n'avais pas été assez forte, pas assez puissante, pas assez prévoyante pour le protéger, mais cela ne se reproduirait pas !! Plus jamais ! Cet être quel qu'il soit verrais ce qu'il se passe quand on accule un tigre dans une impasse.

Je me redressais et contemplais Imrinn. Je vis qu'il avait perçu le changement qui s'était opéré en moi. Il connaissait ma détermination. Il se redressa et attendit mes ordres.

"Fais préparer l'enterrement sans tarder. Que d'ici à cet après midi tout soit fait. Je veux qu'il repose près de mes parents, dans le mausolée de marbre. Peu de gens le connaissait, seuls ceux de cette maison assisteront à la cérémonie. Je vais faire un petit peu de courrier, fais moi parvenir une collation dans mon bureau." je marquais une pause, puis avec un pâle sourire je continuais "Tu n'y ai pour rien, ne t'en veux pas, tu m'a protéger et c'est ta vrai mission, je le sais, je ne t'en veux pas..." mon regard se fit lointain, puis je sortis. Au passage je posais une main sur son épaule.

Une fois dans mon cabinet je me mis à écrire fiévreusement à mes compagnes des Veuves Noires, elles étaient ma famille, elle devait savoir. Je les déposais ensuite dans le plat d'envoi. J'aurais pu le leur dire au moyen de mon diadème mais je ne m'en ressentait pas. Cela fait, je pris un bain rapide, avant de me vêtir d'un bustier et d'un pantalon de cuir noir moulant. J'y ajoutais un ras du cou assortit et suffisamment large pour me protéger, une paire de hautes mitaines de même et finalement des bottes plates en accord avec le reste de ma tenue. Autrement dit, une tenue de voyage et de combat. Je glissais mes poignard dans les dites bottes et laissais mes immenses cheveux, rouges et ondulés, libres.

J'assistais à la cérémonie. Une fois que tout le monde fut partit. Je m'adressais à mon fils. "Je n'est pas sut te protéger, mais je te promet à l'avenir je ne faillirais plus jamais ! Je trouverais la puissance nécessaire pour protéger ceux qui me sont chers. Je te vengerais !!!" Je me tu et sortit rapidement du mausolée. J'entrais comme une tornade dans l'écurie. J'avais mon plan, j'allais m'engager sur la voie du phénix du temple des esprits. J'arnachais donc rapidement l'un de mes splendides étalons. Il était noir. Je l'enfourchais et sortit en trombe de ma propriété. Imrinn savait ce qu'il avait à faire. Il gèrerait mes affaires en mon absence comme il l'avait fait pendant mes années de vagabondage.

Sans un regard en arrière je me jetais à corps perdu sur la route que j'avais choisie. Je ne me permettais que de brèves haltes. Quand à ma monture, elle ne connaissait d'autre allure que le galop. Sa force lui permettait de soutenir cet effort que je lui demandais. Je veillais à ce qu'elle ne flanche pas et qu'elle reste en bonne santé, mais je maintenais un train d'enfer. En quelques jours j'avais rejoint le continent mystérieux, et là bas, le Temple des Esprits. Je finit par arriver dans une cour ou trônait une fontaine. J'arrêtais ma monture. L'étalon piaffa. Cette étape avait été plus courte et précédée d'une halte plus longue. Il n'était donc pas très fatigué. Soudain il me sembla voir l'ombre de Xantha qui me regardais assis sur le bord de la fontaine avec ce regard pénétrant qu'il avait parfois. Je le lui rendis puis sautant à terre, je m'avançais vers le bâtiment. Je poussais les portes et me trouvais devant sept autres. Toutes gravées et ornées. Je fermais les yeux et m’immergeais dans le monde des énergies pour les contempler. Je repérais celle du phénix et scellant mon destin, la poussais.