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Wouaf me suivait, se perdant de temps en temps dans les feuillages du continent mystérieux. Nous étions arrivés ici la veille et j'avais dormi dans une endroit que l'on appelait « le château des cavaliers sans tête ». J'avais été rassurée en apprenant que les êtres maléfiques ne pouvaient pas rentrer dans la partie réservée aux bénéfiques et même si ma maigre couverture avait d'un piètre secours quant à la dureté du sol, j'avais passé une nuit plutôt bonne. En fait, je m'étais fait la réflexion le lendemain que le château devait comporter un bon nombre de pièces dont des chambres mais je n'aurai jamais osé m'installer dans un lit qui devait appartenir à quelqu'un. Pour tout avouer, j'avais un peu eu peur de croiser quelqu'un vu que je ne maîtrisais pas encore totalement mes pouvoirs, mais tout s'était passé sans le moindre incident. Je fis demi-tour pour aller chercher Wouaf qui reniflait encore les feuillages. Je l'avais amené avec moi car je ne pouvais pas le laisser tout seul à l'auberge, mais il me ralentissait. Cependant, j'étais d'une patience sans limite et à chaque fois j'allais chercher mon compagnon pour lui dire d'avancer. Après plusieurs tentatives, j'eus une idée en voyant un bout de bois mort par terre. Le prenant dans ma main, je le montrais à Wouaf ce qui attira son attention. Le jetant ensuite au loin, l'animal courut après celui-ci, me le rapportant fièrement en remuant la queue.

C'est ainsi que j'arrivais prêt de la fameuse fontaine dont j'avais entendu parler. Je savais déjà quelles étaient ses caractéristiques. Je m'assis sur le rebord, continuant de jouer avec Wouaf. Il y avait quelques temps, je n'aurai jamais su que ce lieu existait. En effet, à la suite de la mort de mes parents en naufrage, j'avais été recueillie par le chef d'un clan ondin sous l'océan, mes dons me préservant de la noyade. En effet, je pouvais respirer sous l'eau et prendre l'apparence d'une sirène, si bien qu'en venant sur ces terres, j'étais persuadée d'appartenir à ce peuple avant de me rendre compte que j'étais en réalité une magicienne. Mais pire encore, j'avais appris récemment que mon destin aurait été de devenir sorcière si mon père avait survécu au naufrage car ma famille était en réalité composée que de femmes, appartenant à un célèbre clan jadis, aujourd'hui disparu : le clan Syrkell. Je devais faire des recherches à ce sujet, retrouver la piste de ce clan mais les évènements qui avaient succédé à cette découverte m'avaient fait mettre de côté l'aspect familiale de ma vie. De toute manière, je me devais de devenir plus puissante si je voulais mener l'enquête correctement car j'allais entrer dans une zone très dangereuse. J'étais tellement bénéfique que cela me semblait peu crédible que j'ai un jour été vu comme une future sorcière, mais peu importait. Je me devais de découvrir mon passé, le passé de ma famille. Et ce qui me poussait aujourd'hui vers la puissance, en plus de cela, était que j'étais en couple avec le roi des Elementals, un homme dont je venais de découvrir cette fonction, une découverte qui m'avait plus que surprise.

J'étais plutôt du genre à m'apitoyer sur mon sort, ne me trouvant jamais assez bien pour autrui, me trouvant toujours nulle, pitoyable, ayant peur de beaucoup de choses. Mais je devais prendre en main mon destin et devenir la femme que je devais être. Si ma demi soeur, aujourd'hui décédée avait vu en moi la digne héritière du clan Syrkell, si Iro croyait en moi, je me devais de répondre à leurs attentes, répondre à mes propres espérances et non me contenter de n'être que la victime de ma vie. Je souhaitais devenir quelqu'un de bien, quelqu'un sur qui l'on pouvait compter. J'avais donc fait des recherches et en discutant avec un Elémental à Aeden, j'avais appris l'existence de ce temple qui proposait d'embrasser une voie parmi cinq. J'avais choisis la mienne et ce serait la voie de la magie, celle du phoenix. J'étais une magicienne, et de ce fait, la magie était ancrée dans mes veines, dans mon être, dans mon âme.

Doucement, je pris Wouaf dans mes bras avant d'entrer dans l'eau de la fontaine. Aujourd'hui, je saurai si j'étais digne de devenir quelqu'un, digne de devenir disciple d'un temple dont les esprits étaient exigeants. Je ferai tout mon possible, vraiment tout, je me battrai jusqu'au bout pour avoir ce que je souhaitais obtenir. Me retrouvant dans un salle comportant sept portes, je fermais les yeux, tournant sur moi-même au plus grand étonnement de Wouaf qui était toujours dans mes bras puis, me dirigeant en aveugle vers la direction dans laquelle je m'étais arrivée, j'ouvris les yeux. Devant moi se trouvait une porte, porte que j'ouvrais avant de pénétrer dans la pièce. Voilà, mon destin se jouait maintenant, je ne pouvais plus reculer...

Je fus étonnée de voir une jeune femme apparaître devant moi. J'étais peut-être un peu sotte mais j'avais pensé que l'esprit restait dans sa pièce toute la journée. Oui, décidément, j'étais vraiment idiote par moment, car les esprits du temple n'avaient certainement rien à voir avec un artisan ou un commerçant attendant ses potentiels clients derrière son comptoir. Ils étaient bien trop puissants pour cela et devaient simplement apparaître lorsqu'ils sentaient une présence venir jusqu'à eux. Je me demandais alors ce qu'était que la vie d'un esprit de ce temple? Que faisaient-ils de leurs journées? Avaient-ils besoin de manger? Écrivaient-ils des poèmes, s'entrainaient-ils à combattre ou attendaient-ils que le temps passe? Je me demandais réellement toutes ces choses, les connaissant au chiffre de sept. Peut-être y avait-il des rivalités entre eux? Cela était possible après tout. Mais la question la plus importante que je me posais était sans nul doute celle qui concernait le temps. Comment les esprits du temple voyaient-ils leur vie vu qu'ils étaient éternels? Ne s'ennuyaient-ils pas jour après jour, nuit après nuit, sachant que jamais ils n'auraient de fin? Leur vie n'était-elle pas sans saveur? Quelque part, l'éternité était quelque chose qui attirait chacun mais si la chance de la posséder m'était offerte, je ne crois pas que je la saisirai. Je préférai vivre ma vie, avec ses dangers, ses risques, mais la vivre en essayant de profiter un maximum.

C'était assez nouveau chez moi de penser comme ça mais finalement, ce n'était pas un mal, je ne savais pas combien de temps j'allais rester optimiste alors autant en profiter. Je regardais donc l'esprit qui était devant moi. C'était donc elle qui me ferait passer mon test? J'avais le cœur qui battait la chamade en imaginant que je puisse le rater, mais également en imaginant que je puisse le réussir. Quoi qu'il en soit, j'étais certaine que cela changerait ma vie à jamais, que ça m'apporterait quelque chose que je n'avais pas. J'écoutais la magnifique jeune femme parler, me perdant dans ses yeux d'un bleu océan à faire chavirer tous les navires qui y voguait. Elle me disait que si je réussissais je devrai protéger le temple. Je n'avais jamais rien protégé de ma vie en réalité, me pensant incapable d'une telle chose mais peu importait, si les esprits me jugeaient digne de cela, alors j'étais certaine que j'y arriverai. L'offre de protection du temple était tentante. J'espérai cependant ne jamais être en mauvaise posture. Je savais que j'avais un allié de taille en la personne d'Iro mais que cela pourrait aussi me mettre au devant de problèmes dont je n'avais pas idée. Si notre relation devenait officielle, il ne faisait aucun doute que les ennemis du roi des élémentals s'en prendraient à moi, j'étais une cible facile.

J'ouvris donc la bouche afin de répondre aux questions de l'esprit que je savais d'une grande puissance car elle avait pu deviner mon nom. Je pensais alors que je ne pourrai lui cacher des choses. Cela ne m'inquiéta pas car je n'étais pas une menteuse, j'étais franche, toujours, et c'était bien une qualité qui pouvait aussi s'avérer être un défaut lorsque je l'employais avec la mauvaise personne.

« Après avoir longuement réfléchis, je souhaite me consacrer à la voie du phœnix, celle de la magie. Je ne saurai dire exactement pourquoi j'ai fait ce choix, je pense que le fait de faire partie de la race des magiciens me prédispose à embrasser la magie. Je ne suis guère très intelligente, je ne suis pas forte ni charismatique. Tout ce que j'ai c'est la magie, celle qui traverse mes veines, celle que je sens sommeiller en moi, n'attendant que le bon moment pour se révéler au grand jour. »

Je baissais la tête, pensant que mon explication n'avait rien de bien extraordinaire et devait sans doute paraître étrange. Puis, je pris mon courage à deux mains pour continuer :

« En fait, je ne dirai pas que j'ai choisis la magie, c'est plutôt elle qui m'a choisis lorsque je suis née et je pense que venir ici aujourd'hui et choisir la voie du phœnix n'est qu'une acceptation de cette magie, un moyen de lui dire merci de m'avoir choisis. Sans elle je ne serai rien. »

Je marquais une pause, réfléchissant alors au type d'arme que je voudrai avoir. J'étais plutôt petite, pas très forte mais assez rapide. Il me faudrait donc une arme légère, facile à manier mais qui me mettrai à l'abri d'un combat rapproché avec un adversaire. Je dis alors :

« Si je réussis ce test alors j'aimerai un bâton fait d'une matière légère mais solide que je pourrai manier avec aisance. »

J'avais répondu aux questions, me demandant de quoi allait être fait la suite. Je redoutais un peu les épreuves mais j'étais là pour réussir, je donnerai tout ce que j'avais!

Spoiler:

L'esprit que j'avais en face de moi n'était pas des plus bavardes, mais je me disais qu'elle devait sans doute avoir ses raisons. Je ne connaissais rien à ce milieu, le monde des esprits, et je ne connaissais d'ailleurs pas grand chose au monde qui m'entourait. Je savais que j'avais tellement de choses à apprendre : apprendre à connaître les lieux, apprendre à connaître les gens. J'avais toute la vie devant moi pour ce faire mais je ne savais pas combien de temps celle-ci durait et je devais donc en profiter pour essayer de faire tout ce qui me serait offert d'accomplir. Je savais que je ne devais pas peser lourd dans la balance du monde, pas comme ces chefs de races qui gouvernaient ce dernier en maître, prenant toutes les grandes décisions politiques. Pourtant, quelque part, je me disais que les rois pouvaient être destitués par leur peuple, il suffisait que celui-ci se rebelle.

Je sortis de mes pensées lorsque l'esprit acquiesça et que je fus prise d'une étrange sensation. C'était un peu celle que je ressentais lorsque je me trouvais dans l'océan, nageant parmi les animaux marins et les ondins. Mes sens étaient légèrement perturbés car jamais je n'avais ressenti cela sur terre, cette impression de ne rien peser, de ne pas avoir de poids sur les épaules. J'avais l'impression de flotter et je ne mis pas longtemps à m'apercevoir que c'était le cas. Je ne comprenais pas et mon étonnement se traduit dans mes paroles :

« Mais qu'est ce que? »

Je me retrouvais donc à cinq mètres du sol, en train de voler comme l'un de ces anges merveilleux que j'avais un jour observer. Sauf que ce n'était pas exactement pareil car j'avais beau battre des pieds et des mains, je ne pouvais pas bouger, condamnée à vivre en hauteur. Je savais qu'il s'agissait d'un test de l'esprit, c'était une évidence, mais je ne comprenais pas vraiment ce qu'elle attendait de moi. Je réfléchis alors, essayant de deviner ce qu'elle souhaitait. Il était clair que j'étais ici pour prouver que j'étais capable de posséder une arme du temple et si ma condition d'être aussi léger que l'air ne me déplaisait pas grâce à cette merveilleuse sensation, peut-être que mon test consistait à revenir sur terre. Je questionnais alors l'esprit, sachant qu'elle ne me répondrait sans doute pas :

« Je dois trouver une solution, c'est ça? »

Je réfléchis encore, essayant de chercher ce que je pouvais faire pour contrer la situation présente. Bien entendu, m'agiter en l'air ne résoudrait rien et, bien au contraire, userait mon énergie inutilement. Je me concentrais alors pour user d'un pouvoir propre aux magiciens qui m'avait déjà servi précédemment. Je savais que cela allait absorber pas mal de ma magie mais si j'arrivais à me concentrer suffisamment, je pourrai ramener mon corps à la hauteur de Kaa. J'usais alors de la transmutation, commençant à soulever le sol qui était bien en dessous de moi. En fait, le principe était simple : se servir de la matière pour créer quelques chose de totalement différent. Le sol devint une sorte de mur qui s'éleva à ma hauteur pour passer au dessus de moi. Je me concentrais ensuite afin de faire descendre ce plafond nouvellement créé vers le sol et me retrouvais bientôt à la hauteur de l'esprit, la regardant avec l'air de quelqu'un qui ne sait pas s'il a bien fait ou non. Le plafond au dessus de ma tête me maintenait debout et m'évitait de m'envoler de nouveau.

J'attendais donc le verdict.

Tout d'abord la jeune fille paru stupéfaite. A l'évidence ses sensations étranges la perturbaient. Il est vrai que flotter comme cela sans aucun contrôle peut être déroutant. Cela n'est pas sans rappeler l'impression que l'on ressent quand on flotte mais dans l'eau on est poussé vers le haut en même temps que l'on ressent un poids nous pousser vers le bas. Mais là il n'y avait plus de poids. C'était comme d'être une bonbonne d'hélium...
Son étonnement se traduisit par une exclamation. Elle vérifia qu'elle ne pouvait aucunement modifier sa condition physiquement, agitant les bras et les pieds comme pour nager dans l'air mais en vain. Alors elle me regarda longuement et me posa une question sans attendre de ma part la moindre réponse car au fond d'elle, elle connaissait déjà la réponse. Je la vis alors entamer un long processus magique. Elle transmuta une partie du sol pour en faire une dalle qu'elle fit se lever pour parvenir au dessus de sa tête. Ainsi le poids la fit redescendre sur le plancher. Elle s'arrêta face à moi et m'adressa un regard interrogateur. Elle avait bien réagit. Elle avait fait appel à la magie pour la tirer d'un mauvais pas en utilisant son intelligence pour trouver une solution qui ne nécessitait pas une confrontations de puissance qui l'aurait menée à sa perte.C'était un très bon début.

Je n'aimais pas perdre mon temps aussi pensais-je déjà à l'épreuve que j'allais lui imposer à présent. J'avais un vaste éventail de possibilités et comme toujours dans ce genre de cas il est très difficile de choisir. Je restais un instant pensive et silencieuse avant d'opter pour un passage difficile et qui en avait affolé plus d'un. Quelque chose de dangereux qui pouvait vous faire perdre la tête et mourir stupidement si vous n'y preniez pas garde. J'allais éprouver son sang froid cette fois. D'un mouvement de la main je la privais de ses 5 sens. Rien de plus déroutant que d'être à la fois sourd, aveugle, insensible, privé d'odorat et du gout.

J'avais réussi la première épreuve et un petit sourire apparut sur mon visage. Franchement, je pensais que l'esprit du temple allait me dire quelque chose, peut-être pas me féliciter mais au moins me faire comprendre que j'avais réussi. Et, au lieu de cela, l'épreuve continua. La sensation fut si étrange, une voile noire se positionnant devant mes yeux sans que je ne puisse rien faire alors que le son de la pièce semblait diminuer. Pire encore, mes mains qui s'agrippaient jusqu'ici à mon pantalon ne le sentirent plus, comme si celui-ci venait de disparaître pour laisser place au néant. J'essayai de parler :

« Mais qu'est ce ? »

Étais-je muette? Ou bien sourde? Je ne tardai pas à ne plus rien voir du tout, à ne plus rien entendre, à ne plus rien sentir. L'odeur du temple n'avait jamais attirée mon attention, sans doute discrète, mais à présent, je me rappelai de celle-ci, mon nez totalement hermétique au reste. J'avais l'impression de flotter dans un monde fait de néant et c'était une chose totalement effrayante. Je ne savais ni où je me trouvais, ni ce que je faisais. L'esprit du temple aurait pu jouer avec mon corps comme avec un pantin, elle aurait pu me donner des coups de hache que jamais je ne m'en serai aperçu. La situation me paniquait, j'avais l'impression de perdre tout ce qui me caractérisait, j'avais l'impression de tomber dans un puits sans fond, de me perdre dans des ténèbres grises. C'était déroutant, vraiment déroutant. Je n'avais plus rien, plus rien. C'était fini, je le pensais, j'avais sans doute perdue l'épreuve précédente et c'était pour ça que je me retrouvais ainsi. Je ne m'étais jamais renseignée sur ce qui arrivait à ceux qui échouaient. Peut-être étaient-ils plongés dans le néant? J'avais peur, très peur. Cette situation était intenable, je n'en pouvais plus, pensant parler sans savoir si je le faisais, pensant avancer sans savoir si je n'étais pas déjà au sol. Je ne pouvais communiquer avec le monde extérieur, avec la nature, avec ce qui faisait que la vie valait la peine d'être vécue. Je pensais vraiment que tout était terminé.

Mais, je pris conscience de quelque chose : ma réflexion demeurait. Je pris conscience de mon âme en réalité, cette chose qui faisait que j'étais moi, qui faisait que j'étais encore en vie. J'étais juste enfermée à l'intérieur de mon corps mais j'étais là. Pourtant, l'esprit du temple avait dû me jeter un sort ou alors... me priver de mes cinq sens. Était-ce possible? Je visualisai étrangement bien mon âme, mon esprit. J'étais moi, mon corps m'appartenait et je ne laisserai personne en prendre possession, personne le maltraiter, personne lui faire quelque chose que je ne voulais pas.

Alors, je ne sais pas ce qu'il se passa d'un point de vue extérieure, mais, au fond de moi, je sentis cette puissance magique m'envahir, comme si dans les ténèbres j'avais réussi à trouver la lumière, deux entités qui ne pouvaient exister l'une sans l'autre. Et doucement, je sentis ma vue revenir, le voile noire s'estompant progressivement. Je sentis également mon corps, engourdi et meurtri par la chute que je venais de faire, mes oreilles bourdonnèrent un peu avant de retrouver leur fonction. Je restai au sol, incapable de bouger pour le moment, me sentant encore trop faible. Mais une chose était sûre, j'avais délié les chaînes.