L'éveil d'un seigneur [Quête] |Lily-lune|

Sam 04 Fév 2012, 11:10

L'éternité . Vous savez vous ce que c'est , l'éternité ? Simplement voir le temps s'écouler , chaque jour un peu plus lentement , avec le sentiment qu'on est là depuis trop longtemps . Voilà ce qu'est l'éternité . Les Hommes , tous plus fous , recherchent la jeunesse éternelle et autres étranges considérations de ce genre . Foutaises . Savoir que son existence aura un terme est rassurant . Ça vous donne envie d'avancer , ça vous donne l'entrain nécessaire pour avancer . Moi , j'étais coincé là pour l'éternité . Les gerbes de flammes chatouillaient mes membres avec la même ardeur chaque jour . J'étais las . Ces bâtards insignifiants avaient réussi là ou tous les autres avaient échoué : ils m'avaient emprisonné et réduit à l'état de charogne sans vie . Ma raison se couvrait de brume un peu plus de jour en jour , chaque heure était comme un coup de marteau sur la fine couche de glace qu'était mon esprit . Je sentais que mon âme voulait s'évader de cette carcasse sans intérêt . Jadis , j'étais un guerrier émérite , un seigneur de guerre renommé et un roi honorable . A présent , je n'étais rien d'autre qu'une relique du passé . C'était mon châtiment , mon fardeau . Pour l'éternité .

Le volcan ardent , j’espérais mieux comme seconde demeure . Me voilà réduit à l'état de saucisse embrochée , prête à être cuite . En effet , tandis que mes membres étaient fermement attachés par des chaines magiques de façon à étendre mon corps de tout son long , mon torse était transpercé par une lance . Affaire de style je pense . Ça fait longtemps que je ne ressentais plus ce genre de douleurs minables . Même si je dois avouer qu'une lame figée dans votre buste n'est pas bon pour le moral au bout d'un moment . Un moment ... ça faisait combien de temps que j'étais là ? Peut-être un mois , ou un an , ou une décennie . Je ne saurais vous le dire , d'ailleurs la seule chose que je suis en état de vous décrire , c'est ma foutue geôle . De la roche un peu partout , et pas la plus belle . Non , celle qui est bien terne et agresse votre œil et votre esprit pour vous faire croire que le monde est d'une laideur innommable . Le monde , j'aimerais bien y retourner pour me balader dans ses vastes étendues vertes , que les couleurs caressent une nouvelle fois mes sens .

Je m'égare . J'étais enchainé au centre du volcan , disons quelques mètres au-dessus de la fournaise qui entrait en éruption de temps à autre et carbonisait entièrement mon corps . Dommage , étant un dur à cuire , je ne mourrais pas pour si peu et mes plaies se soignaient toujours . Au bout d'une route sinueuse qui borde le creux du volcan se trouvait ma nouvelle place . Une place dont je ne pouvais m'échapper . Ces chaines d'argentite étaient bien trop robustes . Améliorées avec de la magie noire , blanche , ancestrale ou je ne sais quoi , elles avaient le mérite de me tenir sous leur joug pour l'éternité . L'éternité ... vous savez ce que c'est vous ?

L'éternité , c'est savoir qu'on est coincé dans ce trou miteux , enchainé , et que les ordures qui vous y ont enfermés ont laissé la clé à deux mètres de vos bras paralysés par l'acier ! Voilà ce que c'est l'éternité !

Mais il y avait quelque chose d'étrange . Je sentais que si jamais , et je supposais à ce moment là , je sortais un jour d'ici je ne chercherais pas à me venger . Le grand Dante était-il devenu enfin un adulte mature capable de pardonner ? Pas exactement . J'avais simplement compris que lorsque je décapitais un ennemi , je le jugeais coupable . Lorsque j'incendiais un village hostile , je le jugeais coupable . Tous ceux qui périrent par ma lame étaient coupables de me défier alors qu'ils étaient plus faibles que moi . Cette fois j'avais défié le monde , j'étais plus faible que lui , et j'ai perdu . C'est normal qu'on m'enferme ici pour l'éternité . L'éternité ...

Vous savez quel est le seul réconfort dans une éternité de souffrance infernale ? C'est d'entendre des bruits de pas et d'apercevoir enfin une femme en redressant sa tête aux joues légèrement noircies par le feu .

Mar 14 Fév 2012, 14:05

HRP: désolée pour le temps de réponse ... et désolée -.- je suis une peu rouillée. Ce sera mieux plus tard xD

Spoiler:

Quelque peu troublée, Lily-Lune laissa ses doigts effleurer délicatement la paroi rouge et rappeuse du volcan ardent. A ce contact pourtant fluide et aérien, une légère poussière cuivré s'éleva doucement dans les airs, faisant légèrement tousser la demoiselle, tandis que des petits gravillons tombaient dans des cliquetis discrets. La surface était tiède, chauffé par la lave qui s'écoulait dans cette immense montagne de feu qui menaçait à chaque instant de libérer son courroux. Évènement cependant rare, quoiqu'il soit des plus magnifique à observer, il n'en demeurait pas moins meurtrier et détruisait tout sur son passage par le feu et la fumée. La chaleur qui se dégageait ici était , tout naturellement, atroce et dure à surmonter, d'autant plus pour un être plutôt fragile comme l'orine. Lily leva les yeux, le regard un peu vague, perdue dans la contemplation du lieu. Pourquoi se trouvait-elle ici? Là résidait tout le mystère. Jamais elle n'avait eu l'intention de venir se balader dans un lieu aussi incongru qu'inconfortable, et elle avait habituellement tendance à fuir les température extrêmes. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle se rende ici. Pourtant, sans vraiment en être consciente, ses pas l'avaient amené dans cet enfer, poussée par une force inconnue. Lily-Lune se souvint que ses songes ses temps-ci étaient très agités, parsemés d'images plus ou moins floues. Elle savait qu'elle entrevoyait des brides d'avenir, mais elle ne parvenait pas à trouver la clef de cette énigme et comprendre à quoi tout cela rimait. Un mauvais pressentiment monta doucement en elle, avec des souvenirs d'évènements passés.

Avec un soupire agacée, Lily-Lune écarta d'un geste lent une longue mèche de sa chevelure d'ébène qui persistait à tomber devant ses yeux. La jeune femme n'avait jamais été aussi heureuse de porter des vêtements courts et légers. La chaleur étouffante finirait par avoir raison d'elle si elle ne faisait rien. Et plonger dans le lac le plus proche pour se rafraichir et se débarrasser de la cendre qui souillait sa peau si blanche n'avait jamais été une perspective si alléchante. Déambulant sans but et sans réfléchir à travers les tunnels et les allées étroites, la jeune reine s'était mise à chantonner doucement les mélodies qui lui traversaient l'esprit, de sa voix suave et claire. Chacun de ses airs faisaient remonter en elle une pensée différente. C'est pourquoi un fin sourire malicieux se dessina sur les lèvres de l'orine lorsqu'elle imagina la réaction des muses à Maëlith constatant que leur reine ne tenait décidément pas en place, et ce, même quand elle disait venir passé exceptionnellement quelques jours au village. Puis, elle eut une pensée pour son maître, pour certaines personnes plus ou moins importantes... Jusqu'à ce que le souvenir refasse surface.

Dante de Mallet...

Ce déchu, le roi, même, considéré comme un des êtres les plus dangereux du moment était enfermé quelque part dans ce volcan, surement là ou la chaleur était la plus forte, les conditions les plus horribles. Le châtiment qui avait été prononcé n'avait pas été des plus doux, et les chefs de race s'étaient pour le plupart donné un malin plaisir à choisir des tortures plus longues et douloureuse les unes que les autres pour punir cet homme. Lily-Lune se rappelait clairement des délibérations, auxquelles elle n'avait que très peu participé. Elle n'était venue que par "politesse", que parce que son rang lui sommait d'être présente. Mais toute cette mascarade ne l'intéressait pas. Elle avait même ressentit comme... de la pitié pour Dante. L'éternité à souffrir, seul. Ce n'était pas un sort enviable. Comme presque toujours, la position de Lily avait été assez dure à définir, et certains avaient même du la soupçonner de soutenir le projet fou lancer par Dante. La réalité était autre et bien plus complexe...

Lentement, Lily-Lune laissa ses paupières se fermer pour se concentrer pendant quelques instants. Lire l'avenir avait toujours été une tache difficile et fastidieuse, mais à force de travaille et d'acharnement, la jeune femme commençait à dompter ce don. Et c'est grâce à lui qu'elle trouva la position exacte de Dante dans sa tête, pour le plus naturellement du monde s'y diriger. L'envie de revoir Dante l'avait soudainement prise, et elle avait décidé de se laisser guider par ses désirs et son instinct. Quelques minutes s'écoulèrent, la température devint des plus insupportables. Et c'est alors qu'au détour d'un chemin, les grands yeux noirs aux airs angéliques de la demoiselle se posèrent sur le corps meurtris. Aucune expression ne s'imprima sur le doux visage de Lily. Elle se contenta d’avancer lentement, observant ce macabre spectacle, tout en prononçant dans un murmure, comme une caresse:

" Dante De Mallet "

Dim 19 Fév 2012, 12:36

Un ange ? Non . Un démon ? Toujours pas . Alors qui se trouvait devant moi ? Chacune de mes articulations me faisait atrocement souffrir . Pourtant , je m'évertuais à garder ma dignité et à lever la tête . Le visage meurtri , le regard hagard , des cheveux cendrés . J'étais en piteux état , et je faisais certainement de la peine à voir . Mais je ne détournais pas les yeux et avec une insistance altière , je fixais mon interlocutrice . Cette dernière baignait dans un halo de lumière rouge , et j'étais toujours partagé entre émissaire du bien ou apôtre des ténèbres . Peu importait son camp , elle restait une ennemie car le monde entier m'était hostile . J'avais du mal à respirer , mes muscles se déchiraient jour après jour sous la pression de ces chaines d'argentite . Mais en réalité , ce supplice n'était rien comparé à la vraie douleur qui s'emparait de mon cœur chaque fois que son doux souvenir m'effleurait . C'est alors qu'une voix s'éleva d'entre la mort et la désolation :

" Dante De Mallet "

Je connaissais cette voix . Une certaine candeur mêlée à une nonchalance exaspérante , parcourue de maturité mais qui n'a finalement jamais perdu la splendeur de sa région natale . Il s'agissait de Lily-lune , la cheffe du conseil , éminente reine de toutes les orines . Sa présence m'arracha un fin sourire , elle voulait quoi celle là ? Personne ne m'avait rendu visite depuis que j'étais ici . J'en étais venu à me demander si le monde extérieur régnait dans le chaos le plus total , de telle sorte que les entrailles de l'enfer soient le seul refuge . Ou alors qu'il était devenu si ennuyeux qu'elle voulait se payer ma tête à moi , le grand perdant , celui que tout le monde appelait "Le Traitre" . Il y avait une certaine douceur dans ses mots qui ne me laissa pas indifférent . Mais j'étais aigri , mon jugement altéré par la douleur et pour une fois dans ma pénible vie , j'étais en position de faiblesse . Si vulnérable que mon verbe était ma seule défense :

- Tu veux quoi ? lui dis-je avec véhémence . Ça te sert à quoi de venir te pavaner devant la geôle d'un bâtard dont vous n'abrégez même pas les souffrances ? Je serrais les dents avec tant de force que ma gencive saignait . Je vois plus le temps défiler , ma vie se résume au néant le plus total . Chaque heure qui passe , je prie pour que la prochaine soit la dernière ! Bordel ! Tu peux pas comprendre ça ?! J'ai besoin qu'on mette un terme à ces conneries ! Quitte à en crever , m*rde !

Mes dernières paroles avaient sonné comme le glas dans cette macabre prison où j'étais enfermé . La roche trembla en écho à ma haine et le volcan manqua de libérer ses boyaux infernaux pour me réduire au silence . Je respirais avec peine , à la manière d'un taureau essoufflé . J'en avais plus que marre . Ils avaient réussis dans leur entreprise . Ils avaient brisé l'inflexible , vaincu l'invincible et détruit l'indestructible . J'étais réduit à une loque , plus rien de vivant en moi si ce n'est que je respirais et avec difficulté . Un tas de viande suspendu à des lianes métalliques , voilà ce qu'il restait d'un grand seigneur . Je pensais que nous étions tous égaux face à la mort mais c'est faux . Moi , je devais attendre servilement de lui payer mon tribut , attendant qu'elle passe me faucher si l'envie l'en prenait . Alors que j'admirais la beauté fatale qui me faisait face , je ne pus retenir quelques larmes qui creusèrent des tranchées sur mon visage noirci par le souffre .

En voyant cette femme , je reprenais peu à peu foi . L'extérieur que j'avais légué n'était peut-être pas si mauvais . Alors que mes prunelles bleutées luisaient d'une vivacité nouvelle dans cet enfer , je lui dis :

- Maintenant que t'es là , je vais te demander une faveur : abrège mes souffrances ou libère moi d'ici .

Je m'attendais pas à ce qu'elle me retire mes chaines . Mais au moins à ce que l'on discute un peu . Ou alors qu'elle me poignarde et mette fin à ce cauchemar dantesque .

Dim 26 Fév 2012, 15:48

Lily-Lune fit quelques pas en avant, lentement, ses grands yeux noirs rivés sur le déchu qui subissait son supplice. Bien grand châtiment pour retenir cet homme aux grandes ambitions. En le contemplant, des souvenirs revinrent à sa mémoire, comme le sommet des chefs où elle avait du se rendre juste après son couronnement et avait ici pu voir la plupart des dirigeants de ses terres. Elle ne portait pas la plupart dans son estime, les trouvant bien trop gamins dans leur tête, et elle avait été la seule à demander quelques précisions à Dante sur ses dires mystérieux. Lorsqu'il avait fallu prendre une décision sur la punition qui allait lui allait être infligé, elle n'avait que très peu pris partie lors des négociations, laissant le soin aux autres de décider de son sort. Elle était surement passé pour une reine passive et timide, pardonnée étant donné son arrivé récente à ses fonctions, ou alors, certains avaient du se demander la position de la demoiselle dans toute cette histoire. Car après tout, elle n'avait manifester que très peu d'émotions et ne s'était pas affirmer contre ou pour Dante et Aegis. Elle était bien la seule à connaître le fin mot... Son visage d'opaline demeurait inexpressif tandis qu'elle s'approchait du roi au supplice et elle dit simplement de sa voix douce comme du satin:

« Vous me décevez. Ressaisissez vous bon sang et ne vous laissez pas aller à la facilité et à la vulgarité gratuite. Et ne me criez pas tout de suite que c'est facile à dire. Je suis consciente de votre position.»

Elle semblait demeurer plutôt insensible à la colère vive qui émanait de l'homme qui autrefois avait fait trembler bien des populations sur les terres. La jeune Orine avait toujours été ainsi, il était bien difficile de savoir ce qu'elle pensait réellement et elle semblait toujours être détachée de tout . La vérité était tout autre.

Lily-Lune laissa un léger soupire s'échapper de ses lèvres tout en passant une main dans sa longue chevelure d'ébène. Bien décidé à agir, elle s'assit sur un rocher juste derrière, et croisa ses longues jambes blanches, souillée par la cendre noire du volcan. Elle reposa ses yeux sur Dante et ajouta :

« Je regrette aussi de ne pouvoir accéder à votre requête aussi facilement. Vous tuer serait, je pense, une erreur, pour ne pas dire une aberration. Vous libérez me mettrait certainement dans une situation délicate. Le plus simple pour moi reste encore de vous abandonner à votre sort.»

Paroles qui devaient résonner bien cruellement. Si elle paraissait comme un espoir, elle avait détruit bien vite toute trace d'optimisme. Mais la jeune femme, aussi calculatrice que manipulatrice derrière ses airs angéliques et froids, avait tout de même quelques idées en tête. Elle se permettait juste de remettre les choses en place avec son interlocuteur qui, elle le concevait totalement, allait surement rapidement perdre patience.

« Les choses ont bien changé. Certaines nouvelles du monde extérieurs vous réjouiraient, d'autres, certainement moins.»

Le regard de la jeune orine se fit légèrement plus dur tandis qu'elle prononça ses mots. Mais tachant de vite se ressaisir, elle adoucit ses traits pour même laisser un léger sourire s'esquisser sur ses lèvres. Puis, baissant légèrement le regard, elle murmura:

« Je suis sincèrement désolée pour vous. J'ignorais l'ampleur de votre condamnation. J'avoue ne pas avoir pris grande part lors des débats. Si votre vie ici est synonyme de néant, sachez que votre nom ne s'est pas effacé des lèvres dehors. Votre renommée n'a pas perdu de son éclat, et ceux qui sont tellement fier de salir votre réputation ferait bien profil bas si vous étiez devant eux.»

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