Vanille retint un léger sourire amusé. A la fin de cette aventure, il fallait vraiment qu'elle dise à Milo qu'elle lisait les pensées, et que sa puissance lui permettait d'intercepter naturellement quelques-unes qui passait par la tête. Cependant, elle ne préférai ne rien dire pour le moment. Cela le perturberai et il tenterai de se forcer à ne pas penser à certaines choses. La sirène continuait à nager, sans vraiment réfléchir. Elle se laissait porter par le courant. La voix de Milo qui résonnait l'incitait à redescendre dans le monde bien réel et à ralentir un peu. L'ondin avait visiblement décidé de ne pas trop se laisser faire, et de tenter d'être ironique. C'était assez amusant. La jeune femme n'était pas habitué à la lenteur. Elle aimait garder un rythme effréné. Elle savait pourtant que tout le monde ne pouvait pas la suivre. Il fallait qu'elle fasse un petit effort. Pour travailler en équipe, il était préférable de ne pas semer son compagnon de route, no de le tuer à la tâche.

-D'accord d'accord... Je ralentis...

Elle savait pertinemment que dans quelques minutes, sans même s'en rendre compte, elle reprendrai son rythme normal. Puis tout ce passa très vite. Un cri d'avertissement retentit, puis Vanille se retrouva plaquée contre une paroi, avec Milo sur elle. Manifestement, les poissons carnivores étaient assez rancuniers et même si la mort venait à la rencontre, ils n'abandonnaient pas. Mais le dernier élan de courage du poisson fut aussi son dernier élan de vie. Milo changea sensiblement de couleur, virant au rouge pivoine, avant de s'éloigner, gêné. Évidemment, le rire cristallin de Vanille résonna. Après quelques secondes, quand elle fut calmée, elle s'avança vers l'ondin et l'enlaça quelques instants, avec un grand sourire aux lèvres. Elle déposa un léger baiser sur sa joue, avant d'ajouter:

- Mais ne t'inquiète pas. Ce n'est pas grave. Tu voulais aider.

Puis elle lâcha Milo et s'éloigna. Après tout, ils devaient chercher quelque chose... Mais quoi? Qu'est ce qui pouvait réchauffer l'eau du berceau cristallin, et entraîner autant de modification sur les poissons? Se renseigner était le meilleur moyen de collecter des informations. Mais il y avait très peu de personnes à interroger, dans le coin. Vanille s'enfonça un peu plus dans les profondeurs. L'eau y était plus chaude encore. Assez étrange... Peut-être pour le moment qu'il fallait juste se laisser guider par la chaleur. Cela paraissait la meilleure solution à la jeune sirène. Elle se stoppa tout de même et se retourna vers Milo:

- As tu une idée? Ou on suit la mienne? Qui concerne la température...

C'était plus poli de demander l'avis du jeune homme. Vanille avait tendance à faire les choses à sa manière.. D'autant plus qu'elle aimait travailler seule... Donc, ne suivre que son avis, et éventuellement celui de son tigre. Mais Kesmos n'était pas là. Dans l'eau, il aurait quelque peu du mal à suivre.

Aujourd'hui était un jour assez exceptionnel. Pour la première fois de sa vie, Vanille avait une envie presque insoutenable de craquer, de lâcher son masque et de dire enfin ce qu'elle pensait vraiment au fond d'elle, puis se moquer ouvertement de la bétise de l'ondin qui l'accompagnait. C'était un imbécile. Cette évidence semblait s'imposer d'elle même face à la brulure qui rongeait son corps et la présence d'une méduse plus grosse que Vanille à quelques mètres là. Certes, être plus gros que la sirène n'était pas vraiment un défi en soi, elle était très fine, un peu trop, dirons certains. Mais pour une méduse, c'était assez étonnant. Comme les poissons carnivores du début des eaux chaudes, la chose visqueuse, gluante et vénéneuse semblait avoir muter pour se changer en une chose encore plus laid et encore plus dégoutant. La nature était parfois un peu ironique. A croire qu'elle le faisait exprès. Malgré quelques pensées noires et désobligeantes, Vanille conserva un grand sourire envouteur et planta son regard émeraude dans les yeux de Milo. Il était si risible en même temps... Nourissant des pensées assez étranges envers Vanille, il avait tout naturellement décidé de m'être en pause leur aventure pour trouver les raisons de cette chaleur pour faire mieux connaissance. C'était une idée assez particulière et la sirène sans lire dans les pensées de l'ondin devinait facilement certaines attentions. Elle ne le blamerait jamais pour ça, elle avait eu les mêmes idées... Mais elle avait pour principe de terminer ce qu'elle avait commencé, et surtout de ne pas discuter en présence d'une méduse enragé voulant manifestement charger. La jeune femme passa sa main dans ses cheveux avec un petit rire amusé. Dans un soupire, elle ne fit que dire:

«Milo...»

Sur un ton entre la moquerie, l'exaspération et la gêne. Comment lui annoncer cette nouvelle en douceur? Cela allait être un choque. Autant choisir la méthode brutale.

«J'aimerai d'abord finir ce que l'on à commencer. Nous pouvons faire connaissance en nageant, non? Tu peux bien faire plusieurs choses à la fois...»

Quoique... après tout, c'était un homme. Et c'était bien connu, ses derniers étaient mono-taches. Avec un petit rire pour cette pensée, elle ajouta:

« Et il faudrait penser à soigner ton bras, mon cher petit Milo. Et si possible, s'occuper de la vilaine bébête qui va bientôt nous attaquer»

Il était encore une fois légèrement ridicule. Au moins, être en sa compagnie avait comme point positif d'être divertissant. Et la jeune ondine trouvait qu'il avait un côté un peu attendrissant avec sa maladresse presque continuelle. Vanile pointa quelques instants la méduse qui se rapprochait à vive allure.

«Allez... Je te laisse t'en charger»

Vanille s'écarta du lieu du futur combat, les mains jointes derrière le dos, sa chaine encore enroulée à sa taille, avec un grand sourire aux lèvres. Elle était bien décidé à ne pas agir, ou du moins seulement en cas d’extrême nécessité. Et il fallait bien dire que la sirène n'avait pas la même notion de nécessaire que la plupart des êtres peuplant ses terres. Si Milo peinait à rester en vie, étendu dans les profondeurs de l'Océan, elle dédaignerai surement agir. Sinon... L'ondin allait devoir l’appeler à l'aide. Mais peut-être allait-il avoir trop de fierté pour cela? Le combat risquait d'être intéressant. Vanille s'assit sur une roche qui dépassait de la parois. Immobile, ses longs cheveux bouclés ondulaient doucement au gré des courants et de sa respiration. Elle pris aussi la décision de na pas bouger si la méduse l'attaquait. Pour voir...