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 Le rêve est la torture de l'âme (test level VI)

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Mar 22 Mai 2012, 19:38




La nuit...
Un manteau sombre piqueté ça et là d'étoiles dont les lueurs vacillantes luttaient contre une irrésistible obscurité dans un combat désespéré contre les ténèbres.
Ainsi, lorsque le monde se parait de ce voile dévoreur de lumière et d'espoir, on entrait dans un univers étrange et inquiétant où la porte était désormais ouverte aux cauchemars et autres folies de l'esprit. Et, devant cet enfer de noirceur sur lequel planait, terrifiant, l’œil cruellement indifférent de la lune, la raison commandait au commun des mortels de fermer les yeux et de prier pour que le jour viennent déchirer en lambeaux ce velours étouffant et sinistre, balayant de ce fait l’effroi et la crainte inspirés par cette trame d’ombres menaçantes.
On pouvait donc observer, alors que l’univers enfilait peu à peu cet oppressant costume, les lumières s’éteindre, les rues se dépeupler, chacun fuyant la nuit pour trouver refuge dans le sommeil, espérant échapper aux démons et aux terreurs charriés par la toile d’obscurité. Seules quelques uns profitaient alors de l’arrivée des ténèbres pour se révéler dans toute leur folie, portés par la démence et prenant ainsi part aux vices et aux troubles qui tissaient l’effrayante légende autour de ce redoutable monde de noirceur.



Loin de toute cette atmosphère écrasante de peur et d’angoisse pesant lourdement sur les multitudes crédules face aux contes terrifiants de la nuit, un jeune homme au visage d’ange était plongé dans un profond sommeil et semblait, si l’on en croyait les perles de sueurs roulant sur sa peau d’albâtre et les tremblement agitant son corps fragile, en proie à de violents tourments. En effet, ses mains crispées enlaçaient sa propre gorge telle les serres d’un rapace impitoyable, les jointures de ses doigts ayant blanchies sous la pression de son étreinte. Son torse se soulevait rapidement avant de s’écraser sur lui-même jusqu’à ce qu’une autre inspiration fébrile gonfle à nouveau ses poumons en manque d’air, illustrant ainsi la respiration saccadée qu’avait adopté le dormeur, conséquence probable de cet étranglement inconscient qu’il s’infligeait. Les traits de son visage quant à eux se tiraient en un rictus sinistre, savant mélange de souffrance et d’effroi et semblaient animés d’une volonté propre, créant sur la figure de porcelaine des grimaces plus étranges et inquiétantes les unes que les autres.
Bien sûr, cela ne faisait pas le moindre doute que la première pensée venue à l’esprit de quelque spectateur de cette scène d’angoisse serait qu’il était tout simplement en train de contempler un jeune homme aux prises avec de sinistres rêves. Cependant, vous et moi nous savions que ce dernier n’était pas de ceux qui se laissent entraîner dans les abysses où naissent les plus terribles cauchemars. Pire encore, nous savions que celui qui, il y a encore peu de temps, arpentait les chemins de la bienveillance, avait l’esprit désespérément vide, le cœur tristement gelé, le rendant ainsi hermétique à la moindre once d’émotion, empêchant ainsi la moindre divagation de son âme ô combien triste et terne.



Et pourtant, pourtant, les tourments gravitaient bel et bien autour du jeune homme, gangrenant son esprit plus violemment qu’un poison mortel, plus insidieusement qu’un virus incurable. Je vois d’ors et déjà vos mines inquiètes assombrirent vos visages quant à son sort mais hélas, je ne puis vous rassurer davantage car les graines de dégout de ce monde semées au plus profond de lui par le démon avaient germé, enracinant dans son cœur les affres d’une profonde dépression. Il était désormais et plus que jamais las de cette existence sans le moindre sens. Oh bien sûr, bien avisé était celui qui parvenait à déceler la souffrance chez le jeune homme alors qu’aucun sentiment ne venait habituellement irriter ses traits, le laissant planer dans une sorte de sérénité glaciale. Seulement, c’était sans compter sur la nuit et le pouvoir de ce sinistre brocart brodé d’étoiles à donner une chance à l’inconscient de s’exprimer sans craindre d’être dérangé par la raison.
Alors, dans le secret de l’obscurité, l’attitude du dormeur trahissait enfin un si profond et bouleversant mal être qu’il paraissait surhumain de parvenir à n’en laisser aucune trace une fois que le jour redonnait les pleins pouvoirs à la conscience.



Si son sort vous attriste, ne soyez cependant pas trop clément avec cet être à l’apparente pureté car son spleen l’a conduit sur les chemins de la malveillance et il s’y est perdu au point de ne plus savoir ce qu’il est et, désormais, seul le néant l’inspire et trouve grâce à ses yeux.
Pourtant, on raconte que même lorsque la brume à définitivement obscurci votre regard, on peut, lors d’une nuit aussi sombre que celle-ci, retrouver sa route dans le secret d’un songe…


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Mitsu
♚ Fondatrice ♔

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Mitsu
Mar 22 Mai 2012, 20:33




La nuit n'était qu'un état, un laps de temps qui revenait inlassablement, faisait fuir le jour, faisant fuir la lumière. Pourtant, c'était de loin le moment que préférait cette ombre, l'ombre d'une femme qui avait les yeux fixées sur l'horizon, regardant à travers la fenêtre ouverte comme si les barrières de la demeure n'existaient pas, comme si elle flottait dans ce paysage qu'elle pouvait parcourir sans bouger de chez elle. Cette femme à la beauté hypnotisante ne bougeait pas, semblant n'être qu'une frêle poupée de cire. Seules quelques mèches de ses longs cheveux voletaient au grès du vent qui entrait dans la pièce éclairée uniquement par la lune. J'aurai tellement voulu être le confident de cette femme mais, à la voir ainsi, telle une œuvre d'art, je savais qu'elle vivait dans un monde bien trop complexe dans lequel aucune place ne m'était réservée. Je n'étais rien, qu'un spectateur parmi tant d'autres qu'elle ne daignait pas observer à son tour.

Ses yeux étaient songeurs mais pourtant paisibles, comme si elle n'était qu'un paradoxe, une illusion, une femme faite de la même matière que les rêves. Je voyais dans l'obscurité ses lèvres se dessiner, son visage tout entier. Oh comme j'aurai aimé qu'elle me regarde, qu'elle me parle d'une voix douce, qu'elle m'ensorcelle, même si pour cela, je devais mourir ensuite. La nuit est le berceau de bien des secrets et, des secrets, cette femme en avait, des secrets qui avaient parfois changé sa vie, des secrets lourds à porter. Elle semblait être à l'origine d'un monde façonné à son image, elle semblait être la source des sentiments, elle semblait être d'une toute puissance, mais, pourtant, lorsque notre regard se posait sur elle, on y voyait tout ce qu'elle n'était pas, ou était justement. Comment discerner le faux du vrai sur son énigmatique visage qui ne traduisait aucune émotion, aucune expression?

Elle reporta son attention sur le piano qui se trouvait à ses côtés, commençant à jouer une mélodie étrange, qui m'effrayait autant qu'elle me rassurait. J'avais l'impression d'entendre sa voix me dire de ne plus m'en faire, qu'elle était là à présent mais, en même temps, de sentir mon corps vaciller, tomber d'un mal incurable. Ses doigts fins ne cessaient de bouger sans aucune brutalité, exerçant des pressions d'une fluidité déconcertante. Elle semblait attendre un événement spécial, passant le temps d'une des plus magnifiques manières, capable de n'exprimer ses sentiments que par l'intermédiaire d'un instrument. Et de cette mélodie étrange ressortait la sensibilité du compositeur et interprète, une sensibilité accompagnée d'une tristesse certaine. Mais comment blâmer un individu d'être mélancolique, nostalgique d'un passé depuis bien trop longtemps révolu? Souvent, les êtres de ce monde qui devaient se résoudre à prendre la dure décision de se retourner vers leur passé pour y faire face se demandaient ce que le présent aurait pu être si...oui, si cela était arrivé? Si cela ne s'était pas produit? Si l'on avait osé se dévoiler? Retenir un être cher? Les larmes n'étaient-elles faites que pour les enfants? Les regrets, les remords, fallait-il les oublier ou les accepter et vivre avec? Moi qui regardait cette femme, je me posais tant de questions, des questions auxquelles elle ne songeait peut-être point. Car, après tout, qui pouvait dire ce à quoi une déesse pensait?

Arrêtant la mélodie, la femme se leva, regardant vers l'horizon une nouvelle fois. Et là, au creux de ce manteau sombre éclairé par des milliers de petites lanternes, une étoile filante se faufila. Etait-ce cela qu'elle attendait? Les quelques secondes uniques pendant lesquelles se déroulaient un véritable miracle? Etait-elle une exploratrice en quête de merveilles? De prodiges? Je me plaisais à le croire jusqu'à ce qu'elle murmure à la nuit ces quelques mots :

« Il est temps... »

Cela sonnait comme un soulagement, une appréhension, une envie, un besoin à la fois, comme si ce qu'elle avait attendu des années durant allait enfin se produire. Ôtant lentement ses vêtements, elle se dirigea vers le lit qui était sien, dissimulant ses formes sous de magnifiques draps d'une douceur inégalée. Là, elle ferma les yeux, et moi, esprit de ce monde, je fus balayé par le vent vers d'autres horizons, sachant que je serai incapable de l'oublier, jamais.
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Ven 25 Mai 2012, 17:03




Dehors, l’étoffe d’obsidienne continuait d’étendre inlassablement ses pans sur l’univers, tel un couvercle oppressant, emprisonnant le monde dans son obscurité, le confinant, en l’espace d’une nuit, hors du temps, dans une autre réalité, celle des rêves, des cauchemars, des terreurs nocturnes. Et, dans cette atmosphère étouffante, cocon d’angoisse et d’inquiétude où tout paraissait n’être plus qu’une vaste illusion sous le joug tyrannique de la lune, des légendes planaient, des rumeurs, vagues murmures naviguant sur les vents sinistres qui balayaient la Terre. Semblable à des oiseaux de mauvais augure, ces contes de l’effroi forgeaient sans relâche ce sombre climat qui terrifiait les multitudes une fois venu le crépuscule, réveillant les sempiternelles peurs que leur inspiraient les ténèbres. Ainsi, dès lors que le soleil fut tombé derrière l’horizon, les hordes de démons, mauvais génies et autres diables s’extirpaient de notre imagination, éveillés par l’obscurité terrible de la nuit.
Pourtant, comme un éclat de lumière, aussi fragile soit-il, pouvait apparaître à chaque endroit où régnait l’ombre, il arrivait parfois que l’enfer de noirceur, qui ensevelissait l’univers lorsque le soir venait chasser les dernières bribes du jour, soit transpercé par quelque rare clarté, vague lueur d’espoir au cœur de ces sinistres abysses. Alors, celui qui avait la chance de se voir touché par les rayons de cette lumière providentielle, véritable bénédiction du destin, pouvait se laisser couler dans un sommeil apaisé, bien loin des tourments charriés par les ténèbres. Et, enfin, pour la seule fois peut-être dans toute sa misérable existence, le dormeur pouvait délaisser son angoisse du cauchemar, bercé par des rêves étincelant de bienveillance et de réconfort.
Certains désespérés avaient cherché en vain toute leur vie cette sérénité, ce réconfort, véritable immunité contre l’effroi et l’inquiétude, désireux de goûter ne serait-ce qu’un instant au délice leur procurerait un repos sans la moindre ombre pour l’altérer. Hélas, peu d’élus pouvaient se vanter d’avoir été une nuit apaisés par la lumière, celle-ci paraissant vouloir s’obstiner à se présenter à ceux qui ne l’attendait pas. Cependant, le destin, tissé par une main divine, tantôt cruelle, clémente ou espiègle, était parfois si habilement tressé que même le plus noir des cœurs pouvait, le temps d’un songe, goûter au réconfort et à la quiétude d’une lumière bienveillante et paisible.



Si vous ne voyez pas encore où je veux en venir, observez par vous-même le jeune garçon qui, sous nos yeux avait été emporté par les affres d’un sommeil tourmenté.
Lui qui semblait, il y a un instant encore, être rongé de part en part par une obscure et sournoise démence, paraissait maintenant s’apaiser peu à peu, comme si la douleur fiévreuse l’ayant si durement malmené jusqu’alors s’était enfin résigné à le laisser en paix. En effet, sa respiration saccadée, symptôme d’une panique silencieuse, se calmait, devenant bientôt lente et régulière jusqu’à n’être plus qu’un paisible souffle à peine perceptible. Son visage de nacre, écho à l’éclat de la lune opaline, s’était détendu, redevenant ainsi aussi lisse et serein que celui d’une statue de marbre, figée dans une expression indéchiffrable pour l’éternité. On aurait presque pu croire que la vie avait décidé de délaisser ce corps torturé si ce n’était ce léger et régulier soulèvement de sa poitrine, témoin de l’air s’infiltrant dans ses poumons.
Mais que lui était-il donc arrivé pour justifier ce soudain changement, ce brutal apaisement ? C’était comme si son esprit c’était envolé, laissant son corps inerte, telle une écorce vide. Etait-ce donc cette fameuse clarté bienveillante qui avait choisi d’inonder le sorcier de sa lueur d’espoir ?



Si nous avions pu, ne serait-ce qu’un infime instant, nous immiscer, discrètement, dans le secret de son âme, dans les abîmes sans fond de son inconscient, nous nous serions retrouvés nez à nez avec l’évidence, le dormeur était, pour la première fois depuis qu’il s’était perdu sur les chemins de la malveillance, plongé dans un rêve.
C’était un songe troublant de réalité où la terre n’était plus qu’un immense océan si calme qu’aucune vague ne venait irriter sa surface de verre, comme si les flots n’était en fait qu’une surface de cristal s’étendant à l’infinie. Le ciel, quant à lui, était sujet à une tranquille et lancinante ritournelle dans laquelle mille nuages s’animaient pour danser un ballet magistral orchestré par la brise salée, insaisissable murmure faisant loi dans l’immensité de l’azur.
Au milieu de cet insondable paysage aux accents puissants d’absolue liberté se tenaient le sorcier, perché, hagard, sur une île sans le moindre relief, telle une surface plane polie inlassablement par les vents marins. Son regard émeraude d’habitude si intense était cette fois vague et terne, comme si le jeune homme, renfermé sur lui-même, ne percevait rien de son environnement. A quelque pas de lui, deux serpents d’acier courraient de converse sur l’eau jusqu’au-delà de l’horizon, étrange chemin de fer paraissant loin d’être à sa place en ce lieu sous l’indiscutable domination de mère nature. Et comme pour justifier la présence de cette mystérieuse route, un singulier carrosse s’approcha de a plate-forme, portée par des roues qui glissaient sans le moindre bruit sur les lignes de métal. Le curieux véhicule s’arrêta alors au niveau du rêveur et une porte s’ouvrit, coulissant le long de la paroi de bois. Machinalement, les pas du sorcier le portèrent à l’intérieur. Il se retrouva alors face à une silhouette diaphane, qui tendit vers lui son bras. En réponse à ce geste, le jeune homme eut un mouvement incontrôlé, sorte de réflexe, conduisant sa main à la poche de son pourpoint d’une blancheur spectrale. Il en ressortit un étrange petit parchemin que l’ombre saisit, et poinçonna avec un étrange appareil après avoir fait mine de le regarder attentivement.
Suite à cet échange insolite, le carrosse se remit en marche, dirigé par des forces invisibles, fendant les flots et projetant sur son passage une multitude de perles azurées, étincelant sous le soleil comme un millier de diamants.



Après de longs instants, qui semblèrent plus long que l’éternité, à arpenter la surface de cet océan immobile, un tunnel apparut à l’horizon, comme sorti de nulle part dans ce paysage morne paraissant s’étendre jusqu’à l’infini. Le véhicule fut bien vite avalé par ce portail dans lequel il faisait plus sombre qu’au plus profond des ténèbres, aucune lueur aussi vacillante et fragile fut-elle ne parvenant à percer l’obscurité absolue.
Et, lorsque la lumière revint, éclat chaleureux et doux d’un soleil imaginaire, le sorcier était désormais seul, le carrosse ainsi que son mystérieux occupant avait disparu. Le décor s’était lui aussi transformé et la mer, tranquille, avait cédé la place à une charmante vallée entourée de majestueuse montagne. En contrebas, un lac étincelant se tintait de mille nuances sous la caresse des rayons de l’astre du jour. Et là, face au dormeur, une vision sembla raviver la flamme de la vie qui paraissait un instant plutôt prête à s’éteindre. En effet, à quelques pas se trouvait deux personnages qui suscitaient au creux de son cœur une vive émotion. Une femme, dont la cascade cuivrée scintillait telle une rivière de feu, le regardais avec un amour absolu de ses yeux aussi émeraude que ceux du sorcier. A côté d’elle, un homme majestueux et élégant portait une attention pleine de tendresse sur le nouvel arrivant dans ce cette contrée située quelque part entre mon imagination et la vôtre.
Le rêve est la torture de l'âme (test level VI) Boyishprincessbyzefaird
Le jeune homme, soudainement ému, paraissait les connaitre intimement, comme si il avait devant lui les personnes les plus chères à son cœur. Elles avaient disparu depuis si longtemps qu’il craignait avoir oublié leur visage. Pourtant, elles ne semblaient pas le moins du monde altérées par la brume de l’oubli et, même dans ce qui n’était qu’un songe elles paraissaient plus proche et réelle que si le sorcier avait été éveillé.



Et, alors que, troublé, le rêveur semblait accuser cette vision de bonheur qu’il pensait ne jamais contempler, son regard fut accroché par quelque chose d’encore plus terrible et grandiose, une personne qui avait hanté sa vie, avatar de perfection de puissance infinie.
Il s’agissait d’une femme à la beauté insolente et inégalable qui tenait dans ses mains un vase de cristal duquel coulait une mystérieuse encre qui, aussitôt qu’elle touchait le sol, se répandait pour prendre la forme dune fleur, d’un rocher, d’un oiseau, comme si par cette élixir, c’était la déesse qui façonnait l’univers merveilleux que découvrait ébahi Orion.

Le rêve est la torture de l'âme (test level VI) Creationbyakirakiraid3a


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Mitsu
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Mitsu
Jeu 31 Mai 2012, 00:47


L'esprit de la jeune femme reconnut bien vite le chemin menant à la porte des songes, cet espace de création infinie. C'était étrange car il lui avait fallu des années avant d'accéder à ce lieu merveilleux mais depuis qu'elle en avait franchi le seuil, elle y retournait inlassablement chaque nuit. Les rêves étaient si insaisissables, si éphémères. Et c'était justement dans l'un de ceux-ci que la déesse avait décidé de rencontrer Orion cette nuit. Elle s'était tellement préparée à revoir le jeune homme durant toutes ces années qu'il n'y avait pas que le support qui était un songe. Les souvenirs ne cessaient de la hanter, les souvenirs de ce fameux jour où elle était entrée dans son atelier de couture, y trouvant un jeune homme semblant sûr de lui en apparence. Seulement, une fois que les masques avaient été brisés en mille morceaux par ses soins, celui qu'elle avait découvert dessous n'était point l'image qu'il renvoyait. Pourtant, elle l'avait trouvé si touchant, si humain, si parfait. Car lui avait ce qu'elle n'avait pas, lui, un homme qu'elle n'avait jamais oublié par la suite, attendant chacune de leur rencontre avec impatience. Et le jour où Mitsuko avait appris qu'il était devenu sorcier, elle avait ressenti tellement de colère, tellement de tristesse qu'une larme avait caressé sa joue malgré elle. Pourquoi était-il devenu lui aussi une coquille vide? Pourquoi s'était-il laissé guider par les ténèbres? Pourquoi n'était-il pas resté celui qu'il avait toujours été, celui qu'elle avait connu, avec qui elle aimait partager des moments? Était-ce de sa faute? Elle l'avait tellement adoré en secret, prenant plaisir à le torturer pour cacher son intérêt, prenant plaisir à le déstabiliser. Mais lorsqu'elle l'avait su enchaîné par les ténèbres, elle avait préféré se détourner à jamais de lui, l'oubliant, se concentrant sur son avenir, sur ce qu'on attendait d'elle, sur ce que son ancêtre espérait d'elle. Et à présent, en cette nuit magique, elle avait décidé de se confronter à lui, de le retrouver afin de le pousser un peu plus vers le mal, afin de le perdre à jamais. Un sourire triste apparut sur les lèvres de la jeune femme endormie, le passé n'était jamais facile à affronter, quoi que l'on dise.

Mitsuko essaya d'oublier ses noires pensées en créant un monde, un monde fait de merveilles, de paysages splendides, sortant de l'ordinaire et ingénieux. Car c'était dans la tristesse que la jeune femme créait les plus belles choses, exprimant alors différemment ce qu'elle n'arrivait pas à dire tout haut, à confier. Elle attendait qu'Orion arrive, essayant du mieux qu'elle pouvait de construire un univers qui l'enchanterait, qui ferait peut-être renaître une dernière fois en lui cette flamme qu'elle aimait tant, ce qui faisait de lui un être authentique, un individu comme elle en avait si peu rencontré dans sa vie. Mais, au fond d'elle, elle savait que cela était peine perdue car cet univers n'était fait que d'illusions, un monde de rêves qui disparaîtrait au petit matin, qui disparaîtrait en laissant les idylles enfantines de côté et qui révélerait aux yeux du monde le nouveau seigneur des sorciers, un être froid et cruel prêt à tout pour obtenir ce qu'il souhaite. La déesse se mit à courir dans la vallée qu'elle venait de créer, tournoyant sur elle-même et créant rien que par sa volonté des millions de fleurs de toute sorte. Elle se savait seule dans ce grand espace, le sorcier se trouvant trop loin d'elle pour l'apercevoir, occupé à découvrir ce monde sans doute. Et, lorsque la jeune femme était seule, elle s'autorisait des fantaisies, faisant resurgir une beauté presque enfantine, presque innocente que peu d'individus lui connaissaient. Dans ce décor, on aurait dit une femme-enfant qui profitait de la vie, croquant celle-ci à pleines dents. Mais en réalité, il n'en était rien, Mitsuko cachant son appréhension, cachant qu'elle ne souhaitait pas qu'Orion devienne ce qu'elle allait faire de lui. Elle en souffrait tellement.

Le rêve continuait, la déesse sculptant des falaises de ses mains, marchant en créant sous ses pieds un lac qui scintillait au soleil. Elle aimait façonner le monde dans la réalité, mais dans les songes, c'était tellement plus facile, tellement plus simple, sans effets pervers. Elle n'avait rien à perdre à faire quelque chose de magnifique, à avouer ce qu'elle ressentait, car tout ceci n'était encore une fois qu'un miroir qui se briserait au petit matin, un tableau utopique qui ne serait jamais une réalité. Pourtant, Mitsuko avait en tête de revenir inlassablement ici, de vivre une double vie, de matérialiser ce qu'elle désirait réellement. Elle fit apparaître un vase de cristal dans ses mains et commença à créer avec l'encre qu'il contenait des objets uniques qu'elle imaginait dans leurs moindres détails, s'émerveillant à chaque fois que le liquide touchait le sol pour former exactement ce à quoi elle avait pensé. Et l'homme qu'elle attendait arriva alors qu'elle créait une fleur aux pétales dorées. Le regardant fixement, elle se releva sans bruit. Le silence s'installa alors, la jeune femme détaillant chaque traits de celui qui se tenait en face d'elle. Il avait grandi depuis qu'ils s'étaient vu pour la dernière fois, paraissant moins innocent à ses yeux, ayant le physique d'un homme, ses yeux verts la fixant d'une manière qui la troublait. La déesse s'avança alors vers lui, lentement, le vase de cristal disparaissant par enchantement. Elle ne savait par où commencer et si elle s'était imaginée cette scène bien des fois, c'était comme si aucune des solutions qu'elle avait trouvé par le passé ne convenait à la situation. Elle murmura alors dans un souffle s'arrêtant à quelques centimètres de l'ancien magicien :

« Orion... »

Le vent souffla doucement, faisant voleter les cheveux des deux protagonistes, semblant arrêter le moment sur cette parole. Les terres environnantes disparurent, et ils se retrouvèrent tous les deux au milieu de rien, Mitsuko prenant la main du sorcier dans la sienne, la caressant doucement avant de la poser sur sa propre joue et de fermer les yeux un court instant.

« Je suis si contente de te voir, tu m'as tellement manqué. »

Seulement, la déesse ne souhaitait pas prononcer ces mots, ne souhaitait pas se dévoiler ainsi. Alors, un bruit de miroir brisé se fit entendre et ils se retrouvèrent de nouveau face à face dans la vallée, la jeune femme murmurant une nouvelle fois le nom du sorcier, sachant pertinemment qu'il venait de vivre les mêmes instants qu'elle. Seulement, elle ne le toucha pas une nouvelle fois, se contentant de le regarder, lui demandant soudain :

« Comment trouves-tu cet endroit? »

Elle le tutoyait, comment faire autrement alors qu'elle le connaissait depuis tellement longtemps. Néanmoins, elle n'avait pas envi de parler, simplement de se perdre dans ses bras, de le serrer contre elle pour vérifier qu'il lui faisait bien face, qu'il était bien là. Et pourtant, au fond, Mitsuko savait pertinemment que ce n'était qu'un rêve, un rêve qui tournerait sans doute au cauchemar.
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Mar 19 Juin 2012, 00:49




Ainsi les voilà qui étaient enfin réunis alors qu’on avait fini par croire que toutes les forces de l’univers s’étaient donner pour mission de les éloigner le plus loin possible l’un de l’autre. Oh bien sûr, on pouvait considérer que c’était quasiment chose faite puisque, après tout, nous n’étions là que dans un songe, territoire éphémère où se reflètent nos plus invraisemblables fantaisies, nos plus inavouables désirs, et condamner à n’être guère plus que tissu de chimères. Evidemment, certains vous diront que les rêves prennent toujours racine dans la réalité, ne pouvant être ainsi relégué si vulgairement au rang d’affabulations, de délires. Pourtant, ces gens se fourvoient en refusant d’accepter de la sorte cette vérité. Il suffisait d’ailleurs de regarder ces deux êtres, à qui la nuit avait décidé d’offrir une ultime rencontre dans le secret de leur sommeil, pour comprendre à quel point tout ceci n’était qu’une illusion, une vaste farce orchestré par un impitoyable et cruel destin. En effet, c’était à présent deux étrangers qui se retrouvaient ainsi face à face dans ces lieux fantasmagoriques si bien que même l’aveugle aurait pu discerner l’insondable fossé qui les séparait.
Il fut un temps où leurs destinées semblaient tellement vouées à se rejoindre qu’il était bien inconcevable de les imaginer l’un sans l’autre. Nous avions alors tous pensé qu’ils avanceraient côte à côte, éblouissant le monde de leur éclat, ébranlant l’univers par leur grandeur. Pourtant, toutes nos certitudes n’étaient plus que vagues ombres vacillantes, noyées dans l’océan de nos souvenirs, alors que la contemplation de ce spectacle éveillait en nous une amère tristesse.



Cela ne faisait aucun doute que les deux protagonistes eux-mêmes saisissaient l’aberration de ces retrouvailles, comprenant qu’ils étaient une fois de plus les victimes des persécutions sordides de la fatalité. Pourtant bien avisé était celui qui parviendrait à déceler la moindre trace d’abattement sur le visage d’albâtre de la demoiselle car elle n’était évidemment pas de ceux qui se morfondent sur un destin si peu clément, luttant avec ferveur et conviction pour être la seule à bâtir son existence. On pouvait dès lors déceler en elle le tempérament ardent d’un héros, la volonté toute puissante d’un dieu. Alors que le concernant lui, on ne pouvait que constater à quel point il faisait pâle figure face à tant de majesté.
En effet, lorsque la providence l’avait guidé jusqu’à elle, lui offrant ainsi l’inestimable cadeau d’effleurer du doigt la perspective d’une existence grandiose, il avait commis l’irréparable erreur de laisser sa chance s’évanouir, préférant emprunter une voie ô combien moins noble. Je sais que vous trouvez cela for regrettable et je vous vois déjà crier au fou mais peut-on blâmer celui qui, effrayé par l’impression de ne plus être maître de son destin, a préféré se détourner du chemin.
Bien sûr peut-être qu’il regrettait désormais amèrement sa conduite d’ailleurs, comment en aurait-il été autrement alors que la demoiselle qui se tenait devant lui, celle qu’il avait préféré oublier dans les tréfonds de sa mémoire, était devenu un joyau à faire pâlir de jalousie le soleil lui-même. Lui, au contraire n’était plus qu’un roc solitaire perdu au milieu de l’océan des tourments, érodé par les affres d’une existence âpre, sans saveur et on aurait pu le contempler terrassé par les remords si ses sentiments n’avaient été bannis du royaume de son âme. Cependant, les songes étant bel et bien définit comme les lieux de tous les possibles, il n’était donc pas exclu de voir quelques émotions revenir soudainement de leur lointain exil pour hanter à nouveau le sorcier.



Ils étaient donc là, ensemble, partageant le même rêve pour enfin se redécouvrir après s’être perdu de vue depuis si longtemps. Le silence religieux, qui s’était installé à l’instant même où leurs regards s’étaient enlacés dans un savant mélange de stupeur et d’appréhension, semblait frémir sous la tempête des souvenirs que tiraient des profondeurs de l’oubli ces retrouvailles. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne paraissait y accorder la moindre attention, trop occuper à évaluer ce que l’autre avait de différent depuis qu’ils s’étaient quittés et dieu que cette tâche était colossale, comme si leur dernière rencontre datait d’un autre temps, d’une autre vie.
Ainsi, alors qu’elle s’approchait de lui, abandonnant sans ambages sa frénésie créatrice pour n’avoir d’yeux que pour lui, Orion demeurait immobile, impassible, comme s’il ne parvenait à saisir ce qui lui arrivait. Son esprit semblait prisonnier d’une brume de trouble, l’emprisonnant donc dans cette sorte de torpeur. Il ne fallut pourtant pas bien longtemps à la demoiselle pour venir briser en milles éclats son inertie. En effet, à l’instant même où ses lèvres s’animèrent pour laisser s’échapper un murmure, un frisson glacial frapper le jeune homme de plein fouet avant de le livrer en pâture à la réalité. Elle n’avait fait que souffler son nom à la brise, laissant le vent emporter ses paroles et pourtant, c’était comme si, par ce mot, elle apportait l’ultime conclusion à leur lancinante solitude.
Oh bien sûr elle n’aurait pu se contenter que de points de suspension, laissant ainsi la porte ouverte à une infinité de possibles mais c’était sans compter la détermination absolue de la déesse. Elle s’était en effet résolue à prendre la plume et l’encrier il était donc inconcevable qu’elle se limite à la ponctuation. Ainsi, elle écrivit les premières lignes du nouveau chapitre de leur légende par un simple geste, une caresse furtive laissant entrevoir de nouveaux horizons à leur existence.
« Je suis si contente de te voir, tu m'as tellement manqué. » Lui confia-t-elle, livrant au sorcier un fragment de ses émotions.
Elle paraissait par ces actes vouloir réellement bâtir un nouvel avenir pour eux et ainsi envoyer au diable la fatalité et ses fourberies. Cependant, elle sembla se raviser et, alors qu’un instant plus tôt il n’y avait plus qu’eux dans le rêve, main dans la main, ce moment d’intimité peut-être trop prématuré s’effaça, les ramenant en un soupir dans le décor fabuleux de leur songe.
Elle murmura de nouveau le nom du sorcier mais cette fois, elle choisit finalement les points de suspension :
« Comment trouves-tu cet endroit? » Demanda-t-elle avec la nonchalance de ceux qui touche du doigt une douce sérénité.
Ainsi, si d’aventure l’histoire devait continuer, ce serait au sorcier d’en écrire la suite car elle avait finalement décidé de lui tendre sa plume, la question étant de maintenant de savoir si cette fois, il aurait le courage de la saisir.
Tout reposait désormais sur les fragiles épaules d’Orion. Que ferait-il ? Etait-ce enfin pour lui le temps de prendre une meilleure direction ou au contraire de s’enfoncer plus que jamais dans l’ombre ?



Je sens fleurir en certains l’envie dévorante de pouvoir s’immiscer dans l’esprit du sorcier pour espérer connaître ses intentions. J’en vois d’autres prier pour que le vent lui souffle la bonne décision. Hélas, Orion n’était pour l’instant pas en mesure de réagir au défi que venait de lui proposer Mitsuko. En effet, lui était resté prisonnier quelques instants plus tôt, durant ces brèves secondes où leurs mains s’étaient effleurées en une délicate caresse, où leurs yeux s’étaient dit tout ce qu’ils n’avaient pu se dire depuis que leurs chemins s’étaient séparés. Le souvenir encore brûlant de ce moment privilégié, durant lequel plus rien ne comptait dans tout l’univers que leurs retrouvailles, laissait le jeune sorcier tout tremblant et fébrile. Lui, qui s’était employé avec tant de ferveur à immuniser son esprit contre les égarements que provoque le tourbillon des sentiments, renonçant de ce fait à éprouver la moindre émotion, était désormais perdu dans les limbes de l’incertitude.
C’est alors que se produisit l’impensable, un évènement comme on n’en voit que dans les rêves hors de l’emprise des affres de la réalité. En effet, l’âme si désespérément vide du sorcier fut assaillie par un déluge torrentiel de sensations, de pensées, de souvenirs, tout ce qu’il avait décidé de ne plus ressentir le submergeant soudain tel un monstrueux maelstrom. Alors, comme pour exprimer cette tempête malmenant le jeune homme en son for intérieur, le songe, qui n’était finalement ni plus ni moins que le reflet de leur imagination, se transforma en un univers infernal. Ainsi, les paysages de sérénité qu’avait bâtit Mitsuko furent balayés par les flammes, dévorés par les ténèbres, ne laissant qu’un décor chaotique et monstrueux autour d’eux.



Soudain, Orion fut alors pris d’un élan de lucidité, comme si, en l’espace d’un soupir, il fut affranchi de ses tourments. Il découvrit alors qu’il les avait plongés malgré lui dans des abysses terrifiants et quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’il ressentit en lui de l’effroi et de la honte. Oui, lui qui se voulait de glace était à présent rongé par la culpabilité d’avoir ainsi altéré le rêve de la demoiselle et se sentait vulnérable et fragile face à la tyrannie des sentiments. Aussi décida-t-il instinctivement d’ériger une barrière entre eux pour se protéger d’elle autant que pour épargner à la déesse la contemplation de pareil enfer. Alors, comme si le songe était désireux d’accomplir sa volonté, un mur apparut devant lui et s’éleva vers le ciel jusqu’à toucher le firmament.
Ainsi isolé, le sorcier renonça à lutter contre la tempête grondant dans son âme, se laissant aller au gré de ses émotions pour la première fois depuis une éternité. Il repensa ainsi au regard ardent de Mitsuko, à la caresse de sa main, au bonheur de retrouver ce qu’il avait perdu et qu’il avait même fini par oublier. Et, alors qu’il éprouvait la curieuse sensation de sentir à nouveau son cœur battre, les ténèbres de son songe se dissipèrent dévoilant un univers aux milles couleurs chatoyantes, aux étoiles rayonnantes, aux paysages plein de majesté, un univers plein de promesses…


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Mitsu
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Mitsu
Dim 08 Juil 2012, 21:47

L'enfer qui se peignit peu à peu dans le songe qui les avait réuni fit disparaître une petite étincelle qui trônait précédemment dans le regard de Mitsuko. La déesse restait pourtant impassible, ses traits figés dans une éternelle expression neutre, ses traits ne trahissant aucunement ce qu'elle pouvait ressentir. Pourtant, dans ses yeux, l'on pouvait décrypter la carte qui menait au trésor ultime, celui qui n'avait de valeur que par sa beauté, celui qui ne valait rien et pourtant tout à la fois, la beauté de l'âme, la beauté des sentiments, la beauté qui nous faisait frissonner de peur ou de joie. Car ce trésor représentait les sentiments de la jeune femme, ceux qu'elle ne livrait que si rarement. Et alors que les flammes d'un enfer ténébreux consumaient le paradis qu'elle avait créé, dans les yeux de l'Aether, l'on pouvait lire une mélancolie grandissante. Qu'était-il donc arrivé à cet homme pour qu'il devienne celui qu'il était à présent, les flammes de son cœur dévorant toute beauté, les flammes de ses sentiments les détruisant petit à petit? Et voilà qu'il érigeait un mur entre lui et les autres. Pourquoi?




Mitsuko posa l'une de ses mains sur la surface qui s'était élevée entre Orion et elle, une main qui se déplaçait lentement, se posant avec une douceur que beaucoup auraient jugé inutile. Mais pour la déesse, ce que créait l'ancien magicien était sans nul doute une partie de lui, une partie de son esprit. La jeune femme ferma les yeux, essayant de ressentir la présence de celui qu'elle avait rencontré il y a bien longtemps. Elle savait quel était son destin, elle savait qu'il devait devenir roi des sorciers, que son rôle était de demeurer sans cœur, d'être perfide, d'être de la pire espèce, mais alors, pourquoi? Pourquoi s'obstinait-elle à lutter contre un futur duquel elle n'avait jamais vraiment été étrangère? Non, il devait rester une part de bon dans le sorcier, et si la jeune femme souhaitait trouver ce petit morceau d'humanité, elle ne savait encore si elle devait le détruire ou la sauvegarder à jamais. Le sablier du temps s'écoulait et, un jour, tous les êtres devaient affronter ce qui avait été préparé pour eux. Ce jour approchait pour Orion et la jeune femme savait, oui, elle savait qu'elle devait finir ce qui avait été commencé. Mais pourquoi? Pourquoi ne le voulait-elle pas? Pourquoi s'y refusait-elle? Pourtant, avec des milliers de personnes, elle n'aurait pas hésité une seule seconde si cela aurait pu les projeter vers leur destinée. Mais, lui, il était différent de ces individus, il était unique pour elle, représentait tellement, comptait tant qu'elle ne pouvait se résoudre à briser en mille morceau cette petite part d'humanité, cette part cachée profondément, ce trésor. Elle aurait tant aimer que le futur en veuille autrement, qu'ils partent quelque part se réfugier du monde, seuls. Mais plus rien n'était possible à présent et elle devait le laisser partir à jamais.

Alors, doucement, elle passa à travers le mur, s'attendant à contempler un monde chaotique, effrayant. Mais, au lieu de cela, elle se retrouva dans un univers mille fois plus merveilleux que celui qu'elle avait créé à la base, l'ancien magicien de dos. Etait-il étonné de pouvoir créer autant de merveilles? Ou alors avait-il toujours su qu'au plus profond de lui se trouvait une richesse, une beauté qui ne demandait qu'à s'exprimer? Mitsuko avait toujours vu en lui un créateur d'exception, persuadée qu'un être maléfique ne pourrait jamais façonner de tels chefs d’œuvre, persuadée qu'un artiste était une personne qui était capable de faire passer des émotions dans ses œuvres. Mais Orion exerçait-il encore au moins son métier à présent? Elle n'en savait rien. Néanmoins, en contemplant la magnificence du rêve, elle fut persuadée de la force de création qui sommeillait en cet homme, de sa force tout court. Et plus il cherchait à la mettre à l'écart, plus Mitsuko souhaitait se rapprocher de lui. Alors peut-être qu'ils pourraient recommencer? Doucement, tendrement, elle s'approcha de lui, passant ses bras autour de son corps avant de venir se coller à lui, réfugiant sa tête contre la nuque d'Orion. La jeune femme avait unis ses mains entre elles, comme si elle refusait de lâcher prise, comme si elle refusait de le laisser partir une nouvelle fois, serrant un peu plus fort pour montrer oh combien elle était attachée à lui.

« Si seulement... »

La voix de la jeune femme s'éteignit sans qu'elle n'ait eu le temps de finir sa phrase. A quoi bon terminer ce qui ne pouvait l'être? Si seulement quoi? Quel futur pouvait-il y avoir pour eux deux si ce n'est une série de déchirements, de blessures, comme celles qui avaient ponctué leur passé? Ils ne pourraient jamais être heureux s'ils restaient ensembles. Lui avait un destin grandiose qui lui souriait et, elle, son destin, elle devait le tracer entièrement, déjouer sans cesse ce que le futur lui réservait pour se créer sa propre histoire, sa propre légende. Et si elle pouvait mettre son futur en péril, elle refusait de plonger Orion dans un abysse dont il ne pourrait sortir. Pourtant, là, collée contre lui, elle finit par murmurer :

« Profitons rien qu'un instant...s'il te plait, car, après, il sera trop tard. Profitons tous les deux des merveilles dont tu es encore capable, car, après, il sera trop tard. Profitons de notre proximité, profitons de ce rêve, profitons de cette absence d'interdits, de cette absence de réalité...car quand nous nous réveillerons, il sera trop tard. »

Si Orion en avait un jour douté, à présent, il savait qu'il rêvait, que les évènements qui se produiraient ici n'auraient de saveur que celle des souvenirs. Et pourtant, beaucoup de rêves merveilleux s'oubliaient à jamais, seuls les rêves les plus effrayants persistaient des années durant. Mais que valait-il mieux faire? Caresser un idéal que l'on avait toujours souhaité, le vivre une seule fois, quitte à l'oublier? Ou faire de ce songe un cauchemar et ne plus jamais pouvoir goûter à la réalisation de cette merveille? C'était justement ce que la jeune femme ne voulait pas décider, laissant cet honneur à l'homme qu'elle tenait dans ses bras. Elle lui demanda alors doucement :

« Quel est ton souhait le plus cher, le plus secret? Quel goût veux-tu conférer à ce rêve? »

Un proverbe dit que l'on ne s'aperçoit de la chance que l'on a qu'une fois qu'on l'a perdu. Qu'en était-il au juste dans cette situation? Car nos deux protagonistes avaient déjà perdu cette chance par le passé, étaient-ils fous au point de vouloir la laisser leur filer entre les doigts encore une fois, ou, au contraire, avaient-ils l'intelligence de ne point goûter à ce qui ne pourrait jamais plus leur être donné?
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Le rêve est la torture de l'âme (test level VI)

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