[Oui oui, c’était pour Kaélitasse ^^’]

Je luttai donc contre les anges avec Elena en tentant d’assurer sa garde. Certes il y en avait bien trop mais je filtrai le plus d’ennemis possibles pour que ces derniers ne la fatiguent trop. Vaines étaient nos actions mais sur l’instant, je voyais en ceux-ci une effronterie de plus envers cet idiot d’ange qui commençait sérieusement à me taper sur le système. Oui je perdais patience, il était digne du parfait stéréotype. Incapable de combattre lui-même, se cacher derrière ses plus belles murailles données par papa Delix. Cet ange était un profiteur, un opportuniste, on avait demandé qui voulait éradiquer trois branquignoles dans la neige avec comme contrepartie, quelques joujoux magiques, alors pas étonnant que cette sangsue ait acceptée le marché. Je regardai alors Elena.

« Nous allons tenter une percée jusqu’au phare. A nous deux, nous vaincrons, ais confiance en un vil génie. » Mais ais-je eu ne serait-ce que l’instant de la voire me sourire que tout se brouilla. L’air se déchira à mes poumons et le sol se déroba sous mes pieds, je venais de changer de corps. Elena et moi étions les plus proches du pylône, il était donc normal pour nous décourager, d’un point de vue stratégique, de nous amener au point le plus reculé. Et puis il suffisait que l’autre poulet ait constaté mon désir de vouloir protéger Elena pour avoir la simple idée de nous séparer aussi tôt et ainsi nous tourmenter. Chose qui marcha en partie, impossible de savoir si Elena avait changé de corps et si tel était le cas, avec qui.

Si l’ange avait même un peu de cerveau ou si il avait du sang de génie, peut être aurait-il même eu l’idée de placer dans nos rangs l’un de ses gardes ou l’un de ses partisans pour nous poignarder dans le dos. Peut être que l’un de ses gardes avait pris la place dans mon corps. Seulement cette idée me quitta bien vite, ce poulet n’avait rien dans la cervelle. Il se contentait d’obéir aux ordres sans prendre conscience de l’immense jeu d’échec qui se présentait à lui. Et puis Elena était une femme puissante et courageuse, elle me l’avait prouvé par le passé et elle saurait parfaitement se débrouiller, je le savais. Rassuré en partie, j’examinai à présent l’homme qui me faisait face et cette idée me fit sourire à mon tour, il s’agissait d’un sorcier et dieu seul savait à quel point j’en connaissais un rayon à ce sujet. Je me soufflai alors que tout n’était que destin et hasard significatif puis pris conscience du corps dans lequel je me trouvai, féminin. Ma première pensée fut pour cette folle hystérique de Dianka jeni, étrangement elle adorait me transformer en femme pour me faire rager et me faire perdre tous mes moyens. Je sentis ainsi pour la première fois depuis longtemps un long sentiment nostalgique, même elle, même cette malade, me manquait.

« Bien le bonjour l’ami.. » fis-je en courbant le dos et en relevant mon bras pour le saluer.

« Il semblerait que mon âme n’ait tiré le bon numéro au loto du grand spectacle de Delix. Enfin nous n’aurons pas affaire à lui aujourd’hui, inutile de se voiler la face. Dieu merci, cet imbécile m’a échangé avec une sirène aux mêmes pouvoirs que les miens dont le contrôle de l’eau et des illusions. Me voilà, elle et moi, déjà bien aidé. Quel incompétent, il va se faire virer à ce rythme là, à nous faciliter la tâche, ça n’est plus du jeu. » Puis écoutai son plan pour changer à nouveau nos âmes. De tels efforts ne méritaient pas une défaite. Seulement, il semblait qu’il avait oublié que nous étions dans le champ d’action du pylône ; que ce champs offrait les pleins pouvoirs à l’ange, bridait les nôtres, résistants, et qu’un tel fossé creusé ne pouvait contrebalancer le maléfice de l’ange avec une incantation, et ce peu importe sa teneur. Je lui souris alors puis lui tapai brièvement sur l’épaule

« Inutile de te fatiguer ! Ici nous n’avons pas l’avantage. Son sortilège est trop puissant et ici, la magie ne t’obéira pas comme tu le voudras, cela risque de compliquer les choses plus que de les arranger. C’est un peu comme se battre tout nu. On perd notre fierté, impuissant comme ça, certes mais faut montrer au poulet qu’on n’a pas besoin de ça pour lui botter les fesses. »

Me faire changer de corps était en réalité un plaisir immense. Etre génie était un poids lourd à porter avec les siècles. Etre génie était ne plus ressentir la faim, la fatigue, l’apesanteur réelle ou la température de l’extérieure, ne plus ressentir la brise sur sa peau. Etre génie était comme être mort sans ne plus pouvoir éprouver de sentiments, de pitié ou d’amour. Ce fardeau me fatiguait tant moralement et à cet instant, dans le corps de cette sirène, j’eu l’impression d’avoir recouvert toute mon humanité perdu. Oui j’aimais cela et je remerciai presque l’ange bête comme ses pieds de m’avoir permis de revivre ça, quelques minutes, moi qui avait oublié la sensation de la neige contre la peau brûlante. Ce petit changement de corps m’avait redonné un moral et un courage d’enfer. J’étais prêt à affronter l’enfer… ou du moins les douleurs du paradis puisque c’étaient aux anges que nous devions nous en prendre. Nous allions faire griller un peu de poulet, en si bon matin, quel plaisir j’insistai.

Pour en revenir à l’homme qui était venu nous faire un discours sur la nécessité d’entraide, je le trouvai... intelligent. Il était évident que c’était la seule solution vue que sur terrain où nous étions à notre désavantage, nous comptions pour un demi-soldat puisqu’il fallait parler de guerre, dans notre cas, contre l’intolérance. Je répondais alors par un simple

« Je ne sais pas pour vous mais moi je le suis ce bonhomme ! » dis-je plein d’entrain en me positionnant derrière lui avec un sourire certain. Je m’étonnai de ma candeur nouvelle, moi le flegmatique génie que rien n’émouvait ni intéressait. Mes paroles semblaient vulgarisées et il était évident, du moins pour moi, que je n’avais pas l’habitude de parler comme ça. Cependant, cela me procurait un certain bien être et je ne voyais aucun mal à me lâcher un peu pour une fois !

« Bon, on attend quoi ? Que l’autre psychopathe nous zigouille tous ou... ? » En montrant l’ange gardien du pylône, fier comme un coq, dupliqué en cinq, qui s’avançait vers nous avec sa lance et sa dague.

« Tu peux modifier ton apparence et c'est maintenant que tu me le dis ? »

Dis-je en crachant presque. J'avais repris mon attitude normale ce qui me surpris à nouveau, j'avais perdu la candeur qui émanait du corps de la sirène comme si ce dernier m'avait rendu bipolaire. C'est à dire que le temps jouait contre nous, un tour de plus et mes pouvoirs magiques ne seraient plus qu'un souvenir. Je devais frapper fort cette fois et tout donner. Je touchai alors son épaule car, mon pouvoir de fissure permettait de lire dans l'âme de celui qui me regardait fixement. Ce pouvoir étant donné à la sirène le temps d'une escapade, je la fixai alors, un sourire particulier aux lèvres puis murmurai « vous n'aurez qu'à suivre votre instinct pour découvrir les secrets de ma magie; votre cœur dictera vos pas, l'instinct de survie guidera vos actions, ne perdez jamais foi mon enfant, cela risquerait de vous perdre »

Puisque tout le monde semblait avoir pris sa place sur l'échiquier, il me restait plus qu'à être le bouffon espiègle. Bien que j'étais toujours emprisonné dans ce corps féminin je changeai mon apparence pour reprendre les traits jumeaux de Naram et ses habilles, ce qui me rassurait, j'aimais mon corps ou du moins en avoir l'illusion me rassurait. Alors que nous étions proche du combat, je m'approchai de l'oreille du squatteur de mon corps, nous étions deux véritables sosies l'un à côté de l'autre. Je lui soufflai doucement, d'un air plutôt sombre « Pense comme moi, et tu survivras » puis de m'éloigner avant de la saluer bien bas. Saurait-elle développer ce même esprit dément, manipulateur de nos sens et nos inconsciences. Elle en avait la capacité mais peut être pas le cran, j'espérais alors qu'elle mettrait de côté ces a priori pour notre survie : si elle mourrait, j'en subirai les conséquences et vice versa. J'en avais conscience.

Les anges revenaient mais j'avais un plan : je plantai le trident dans la glace pour la faire se fissurer et grâce au pouvoir du contrôle de l'eau, de faire mouvoir les plaques pour qu'ils perdent l'équilibre et qu'il s'entassent les uns sur les autres, les emprisonnant dans un cône de glace qu'ils mettraient du temps à escalader pour revenir à la charge. Ne pas en tuer un seul mais les empêcher de nous atteindre, puisqu'ils semblent se reformer après destruction, c'était notre seule solution. Je prenais ensuite l'apparence d'un ange de glace, m'approchant du premier des quelques Amiel, l'air fidèle. Je me positionnai derrière lui, soufflant à ce clone inutile « as-tu peur de la mort ? » et de l’empaler, toujours le sourire bien dessiné. Prenant ensuite l'apparence d'Amiel, je procédai en arborescence le temps que Seth commence à décrocher le pylône. Je m'approchai d'un autre Amiel qui ne semblait pas se laisser berner et qui positionnait son arme face à moi. Je prenais alors l'apparence de Delix pour le style et pour la provocation, créant l'illusion plus folle que des murs de glace se rapprochaient, le laissant dans un labyrinthe invisible s'étendant au loin. Il était le seul à voir les dédales que son esprit alimentait lui même. Ces deux obstacles étant réglés, la phase seconde de mon plan pouvait débuter.

Je regardai Seth au loin puis acquiesçai de la tête, je serai inutile dans la destruction du pylône, il fallait mieux laisser la sirène s'en occuper avec lui avec le pouvoir des roses qu'elle saurait, je l'espère, utiliser à bonne escient. Puisque Delix avait deux fidèles cachés derrière leur mur de glace, j'allais leur faire un petit coucou. M’approchant du mur dit, je pus presque ressentir leur chaleur ainsi que les doutes de la jeune fille que la cupidité de l'ange noyait. Le mur était trop épais pour que je puisse le percer avec le trident et puis même si cela était faisable, ils m'écrabouilleraient à deux justes après. Non je devais être plus malin mais j'avais justement un plan de prévu pour ça aussi.

Faisant apparaitre une projection de moi derrière le mur, j'apparaissais sous forme d'illusion nouvelle aux yeux de mes adversaires pour les obliger à sortir de leur cachette, là où mes compagnons du jour les attendraient. Les saluant en courbant le dos, la main sur mon épaule, je gardai l'apparence de Delix, et ce toujours par affront, par provocation. M'adressant à l'ange je lui dis d'un air volontairement et exagérément hautain :

« Cher esclave de mon autorité, soumis à ma grandeur angélique, je crois que l'on casse ton joujou, ça ne te dit pas une petite danse ? » me positionnant comme si je voulais valser.

Je me tournai ensuite vers Edwina : « Vous n'avez pas à faire ça. Il ne s'agit pas d'un vulgaire et galvaudé combat entre bien et mal. Cela va au delà, c'est pour la tolérance et que nous sommes réunis contre Delix. Suivez votre cœur ma belle, Amiel est perverti par la vengeance, tout comme Delix et c'est cette cause-ci que vous désirez servir ? »

et c'est ainsi que je respirai profondément, inconscient ou peut-être calculateur. Je ne savais réellement comment se débrouillaient les autres derrière le mur mais une chose était sûre, tant que le pylône serait brandit fièrement contre notre existence, tant que cette horreur serait sur pied, nous ne partirions pas, nous combattrons, y compris pour faire dégonfler la tête de ce Delix qui croit avoir déjà gagné alors que la bataille n'avait pas encore commencé, Amiel en parfaite marionnette serait, par sa mort à venir, la première étape à poursuivre. Bien sûre, seul je n'étais rien mais l’attirer vers tous les autres confrères qui étaient également venus dans le même but que moi, était un recours plus honnête.