Mes lèvres entouraient une sucette. Un bruit de succion venait rompre les discussions de mon équipe de temps en temps sans que je ne m’en rendisse compte. Je n’écoutais pas les autres, mon esprit tout absorbé par ce garçon que j’avais croisé plus tôt et qui ne m’avait pas donné son prénom. Il fallait absolument que je le retrouvasse. Sa façon de lécher le chocolat présent sur ma chaussure ne cessait de passer en boucle dans ma tête. Un sourire porcin éclaira mon visage. Puis, des nuances machiavéliques l’habitèrent ensuite. Ensemble, nous pourrions faire de grandes choses, de terribles choses. Je ricanai, ce qui interrompit une nouvelle fois les conversations. « Est-ce que tu écoutes ce qu’on dit ? » Je relevai les yeux vers l’insecte qui parlait. Son corps était semblable à celui d’un phasme. Je m’imaginai le prendre entre mes pouces et index et… crac. Je remuai les orteils, pour que l’odeur de mes pieds se propageât davantage. Nous avions beau être à ciel ouvert, la puanteur avait tôt fait de remplir l’air des alentours. De la bave coula sur mon menton depuis la sucrerie. Je pris un foulard qui ne m’appartenait pas afin de m’essuyer et le remis à sa place. « Bien sûr. Vous voulez tricher. » Et leurs idées étaient dignes d’un enfant de deux ans et demi, ce qui m'avait fait décrocher. Ils étaient pathétiques. Ma langue joua avec la boule de la sucette. L’acide éveillait mes papilles comme jamais. Je me penchai vers l’une des blondinettes qui se trouvait à côté de moi et lui tendis la friandise. Ma main luisait. « Tu la veux, Iphèdre ? » lui demandai-je, un sourire de Sorcière sur les lèvres. Comme je n’arrivais jamais à reconnaître les jumelles qui se trouvaient dans mon dortoir, j’avais fini par contracter leurs deux prénoms en un seul. Je les avais vues plus d’une fois tourner autour de Léonidas et m’étais demandé ce que ce rat pouvait bien faire avec des filles aussi jeunes. Était-il du même bord qu’Elias Salvatore ? Pédophile ? Ou était-il comme tous les hommes ? À aimer imaginer sa sucette prise entre deux lèvres similaires ? J’émis un rire. Mon fiancé était comme les autres, ça ne faisait aucun doute. Je l’avais aussi surpris à reluquer les fesses de Lana Kælaria. J’avais écrit un mot à son frère pour l’avertir. C’était le moindre mal, le commencement. Je songeais à pousser Léonidas à commettre l’irréparable. Les Sirènes étaient un bon terreau. Le mieux serait de lui trouver une Réprouvée mais le jeune homme avait des goûts raffinés… Je souris. Rien qu’un peu d’alcool ne pût faire disparaître. Le lécheur de chaussure pourrait probablement m’y aider. Je lâchai un pet et regardai Iphèdre comme si elle était la source de l’odeur pestilentielle qui emplit rapidement l’air. « Toi non plus tu n’as pas digéré le repas de ce midi ? »

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Joyeux anniversaire chaton  

Un sourire de hyène ourla mes lèvres au refus de la blondinette. Elle et sa sœur étaient tellement maigres qu’elles pourraient bientôt me servir de cure dents. « Oui, Iphèdredon ? » lui répondis-je, en songeant vaguement qu’elle ferait un parfait coussin à fessiers. Je me voyais déjà m’installer sur elle, mes bourrelets s’enroulant autour de son squelette rachitique à lui en briser les os. Je savais les deux fouines proches de Léonidas. Peut-être pourrais-je les lui envoyer comme cadeau de mariage ? Leur peau détachée de leur chair, elles feraient une couverture symétrique du plus bel effet. Je restai silencieuse le temps de l'échange verbal, sans oublier d’écouter leurs propos de fillettes capricieuses. Si quelqu’un pouvait avoir l’excellente idée d’en prendre une pour taper sur l’autre, cette personne serait inévitablement remerciée. Néanmoins, ma frustration ne serait que temporaire. Elle disparaîtrait pleinement une fois que j’aurais déféqué dans leur lit et uriné dans leurs vêtements. Si elles m’accusaient, j’accuserais à mon tour l’un de ces stupides Evershas qui pullulaient à Basphel. « Nous pourrions jeter Iphèdre à l’eau pour ralentir leur avancée ? » proposai-je, en enfournant ma sucette délaissée par la blondinette dans ma bouche. « Ou contaminer les autres participants… » Je n’étais pas douée en magie malheureusement. « Dommage que mon père ne soit pas présent. Il aurait pu régler le problème. Cela dit… vos parents aussi, non ? » demandai-je aux jumelles. Je fronçai les sourcils. « C’est d’ailleurs étrange que vous ne soyez promises à personne encore… Personne ne veut de vous ? Ce ne serait pas étonnant puisque vous ressemblez à des enfants de cinq ans… Enfin, tant mieux. Quand votre mari vous mettra enceintes, vous deviendrez aussi grosses que moi. » Je souris et m’avançai vers les autres. « Est-ce qu’on peut se concentrer sur la course ? » demanda la fille qui était déjà intervenue. « Bien sûr… » répondis-je, tout en plaçant ma sucette dans les cheveux d’une Iphèdre au hasard, en guise de décoration. « Malheureusement, ce n’est pas avec des filles qui possèdent un cerveau pour deux que nous allons trouver un moyen de gagner efficacement… » fis-je savoir, en visant les jumelles. Je pétais de nouveau. Cette fois, le bruit retentit haut et fort. « Iphèdre… Vraiment… Tu es dégoûtante. » m’insurgeai-je faussement en reniflant l'odeur, un sourire doucereux sur les lèvres. « Déjà que tu fais encore pipi au lit… Tu fais honte à notre peuple. » Ces petites pestes étaient, d’après moi, très attachées au fait d’être dans la normalité, voire de la surpasser dans le bon sens. Tous les étudiants de Basphel étaient ainsi. Ils paradaient. Ils me répugnaient.  

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