Le coup de foudre
Blue & Claer

Claer, sur le conseil de ses parents, s’était motivée à participer au tournoi d’Ublys. C’était une occasion de retourner sur les terres magicienne, bien que ce ne soit pas vraiment près de la maison. Elle appréciait de pouvoir passer un peu de temps avec sa famille, même si elle se lassait rapidement des retrouvailles. La compétition lui donnait un excellent prétexte pour profiter de leur présence tout en s’éloignant lorsqu’elle sentait l’agacement poindre face à l’emprise que sa mère tentait désespérément d’ancrer sur elle. Cet évènement aurait donc pu être une bonne expérience, en plus d’être un excellent entraînement pour son futur métier – un zoomage devait souvent s’aventurer sur tout type de terrains.

Seulement voilà : il y avait le point Susannah. En voyant leurs deux noms accolés, Claer avait bien failli demander à changer d’équipe. La dernière fois que la bleue et elle-même s’étaient retrouvés à proximité d’un lac, elle avait bien failli finir noyée. Depuis, leur inimité n’avait fait que s’envenimer. Autant dire que la blonde n’était pas pressée de se retrouver sur le lac en compagnie de l’Ondine. Une pique d’égo lui avait cependant donné la conviction que ce n’était pas à elle de partir. La Lyrienne n’avait rien fait de mal : si quelqu’un devait être pénalisé et risquer de ne pas participer, c’était la furie, et non pas à la blonde.

La Risva s’était donc mise à travailler pour la confection de leur embarcation, décidant que la meilleure attitude à adopter était d'ignorer superbement la Barivoisine. Elle déambula longuement sur les étals, sans rien trouver qui n’éveille son intérêt, jusqu’à enfin tomber sur une étoffe qui lui fit esquisser un sourire. Elle tendit les doigts : le matériau se mit à glisser légèrement avant qu’elle ne parvienne à s’en saisir. Redressant la tête, elle reconnu sa colocataire de l’autre côté de l’établi. « Coucou Blu. » salua-t-elle de sa voix monocorde. « Oui. » répondit-elle sobrement à sa question. « L’Ublys sur la musique. » informa-t-elle, essayant de se souvenir du thème de l’équipe adverse… Heureusement, la magicienne ne tarda pas à lui révéler le mot-clé. « Ah. » fit-elle. « Oui… Je comprends pourquoi tu le veux aussi… » dû-t-elle admettre.

Claer esquissa une moue hésitante. Elle ne voulait pas se froisser avec la Dantilleul qui, au-delà de n’être qu’une colocataire, était surtout une copine qu’elle appréciait. Cependant, c’était vraiment le tissu parfait. Elle en était persuadée : ce serait l’élément qui ferait tout, dans la décoration de leur navire, la petite touche d’originalité qui charmerait les juges, à n’en pas douter. Aussi, lorsque la brune lui demanda ses motivations, la blonde n’hésita pas une seule seconde pour développer son plaidoyer. « Je t’ai déjà parlé des Egüyaen ? C’est une espèce assez rare mais fascinante. Ils sont notamment connus pour leurs chants envoutants ! Enfin, en réalité, leurs cris peuvent être modulés pour correspondre à d’autres espèces. Ils sembleraient qu’ils ne soient pas en mesure d’imiter nos dialectes, un peu trop complexes pour eux. En revanche, ils parviennent parfaitement à retenir et reproduire les mélodies que l’on peut leur faire écouter. C’est justement ça qui leur vaut le surnom d’oiseaux chanteurs. Et justement : leur plumage est dans ces tons rouge et ocre. » La basphelienne regarda sa camarade, l’air vaguement embêté. « On a toutes les deux de très bonnes raisons d’avoir envie d’utiliser ce tissu. » souligna la blonde. Elle baissa les yeux vers le tissu. « Mais je n’ai pas l’impression qu’il puisse y en avoir assez pour toutes les deux. Et si on réglais ça au Sorcier-Vampire-Démons ? » proposa la pacifiste.

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