Le meilleur des mondes
Thésée & Andrea

RP précédent : Muse esseulée

☙ Grimes - Oblivion

La cité était éclatante, plus que dans mes souvenirs. Peut-être que les festivités y étaient pour quelque chose. Je rendais leur sourire à ceux qui me l'offraient sur mon chemin, et aux autres aussi. Je trouvais que tout se magnifiait partout où je posais mon regard et que la Beauté s'était gravée sur mes rétines comme un filtre. J'allais revoir Wakiya, dès demain. J'étais aussi nerveux qu'excité et moi qui n'avais jamais eu le goût pour les pratiques sportives, j'avais envie de courir pour chasser les fourmis dans mes jambes et dans mes bras. Courir où ? Je ne savais pas. Quelque part. Et si je me présentais dès aujourd'hui devant chez elle ? Non, je devais rester raisonnable et ne pas me précipiter. Elle devait avoir changé, depuis le temps. Est-ce qu'elle s'entraînait toujours avec Ren ? Avait-elle progressé avec son Art ? J'imaginais que oui. Je fredonnai à voix basse en me promenant, l'esprit léger et très certainement ailleurs. J'observai mon environnement distraitement, plus séduit par les perspectives du futur que par le présent. J'aurais voulu pouvoir accélérer la course du soleil. Réduit à l'impuissance de mes capacités bien plus humble, je m'arrêtai près d'un attroupement qui s'était formé autour de plusieurs sculpteurs. Concentrés, ils ne prêtaient pas d'attention au va-et-vient des passants et des plus curieux qui admiraient la progression de leur travail. Des éclats de marbre jonchaient le sol, attendant que la balayette magique qui dansait autour des artistes vienne les récolter.

Je pris une grande inspiration et soupirai. Ce que je ressentais était inqualifiable, j'étais heureux sans l'être. Je voulais être à demain, mais l'attente avait ce quelque chose de plaisant également, comme si chaque seconde qui me séparait de Wakiya devait être précieusement savourée, car chacune me rapprochait d'elle. Je soupirai à nouveau, un sourire idiot perché sur mes lèvres. « Quelle journée merveilleuse ! » commentai-je, pour moi-même si l'information n'intéressait pas mon voisin. Je lui jetai un petit coup d'oeil et découvris un profil familier. « Oh ! Tu es à Basphel, pas vrai ? Thésée ? » Il se souvenait de lui car il ressemblait beaucoup à Adriæn, avec toutefois quelque chose de plus doux et effacé. Très tôt, il avait retenu les traits de l'Ondin, suite aux conseils de Sympan, et avait été surpris par la suite de trouver un Ange qui lui ressemblait autant. « Tu vas bien ? » lui souris-je. « Je ne sais pas si tu te souviens de moi. Je suis resté quelques mois seulement à votre école pour y suivre avec quelques classes. J'ai cru voir d'autres élèves en ville, ça me fait plaisir de revoir autant de visages familiers. Ça me manque un peu parfois, c'était très animé. » Je songeai en particulier à cette petite Sorcière blonde dont les réactions n'avaient pas été loin de me terroriser. En comparaison, Eris s'était montrée d'un caractère bien plus facile à gérer. Je désignai du menton les apprentis. « Tu voudrais être sculpteur aussi, plus tard, ou tu es venu par curiosité ? Tu aurais choisi de reproduire quelle œuvre, si tu étais à leur place ? »

Message I | 544 mots

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Musique

Thésée fixait un apprenti sculpteur – ou plutôt son œuvre – avec un réel intérêt. Le travail lui rappelait Stenfek et les Réprouvés qui y vivaient. Les muscles de la statue se dessinaient devant ses yeux et il voyait dans leurs arrondies le corps parfaitement taillé de beaucoup de Bipolaires. Ça l’avait longtemps complexé et le complexe n’avait pas totalement disparu. Sa stature à lui n’avait rien à voir. Il n’était ni très grand, ni très large. Même s’il avait voulu se conformer aux attentes de ses parents – il l’avait souhaité longtemps – il n’aurait jamais pu. En train de se morfondre, l’exclamation de son voisin lui sembla à des kilomètres de son état, tellement que la surprise vint effacer ses pensées moroses. Il allait répondre mais n’en eut pas l’occasion. Il ouvrit des yeux ronds à la place. Comment est-ce que ce garçon le connaissait ? Il le regarda, à la recherche de traits familiers. Il lui disait vaguement quelque chose mais c’était le cas de tous les étudiants de l’école. Sa mémoire lui jouait des tours et les étudiants qu’il reconnaissait – hormis ceux de son dortoir – étaient peu nombreux. Le fait que le blond l'identifiât infusa une douce chaleur dans sa poitrine. « O… Oui, oui, et toi ? » La suite tomba à pic. « Oh oui, Basphel a organisé une sortie. Tout le monde n’est pas venu mais je me suis dit que ce serait intéressant alors je me suis inscrit. » Le fait qu’il ne fût plus étudiant le déçut. Ils auraient pu se revoir et apprendre à se connaître. Quelque chose lui murmura qu’après cette rencontre, ils ne se rencontreraient plus. À moins que… Peut-être pourrait-il lui proposer de correspondre, comme avec Eiko si l’enfant ne l’oubliait pas entre temps ? « Non ce n’est pas vraiment dans mes plans. En fait… je ne sais pas trop ce que je veux devenir plus tard. Et toi ? » demanda-t-il, avant de réfléchir à la question. Le problème c’est qu’il n’y connaissait rien en art et n’avait aucune idée des œuvres existantes. Il y avait bien des statues à Stenfek mais il était incapable de les nommer. « Je me dis que je préférerais faire une œuvre nouvelle plutôt que de reproduire quelque chose qui existe déjà, même si j’imagine que tout le monde passe par là. » Il sourit. « Si je pouvais choisir, je représenterais probablement un ami. J’ai d’ailleurs rencontré une Orine adorable. Elle s’appelle Eiko. » Son sourire s’élargit à la mention de la petite fille. « Tu connais des gens à Iyora ? » Lui ne connaissait personne. Il aurait dû se sentir chez lui, étant donné qu’il était un Ange, mais n’éprouvait rien de tel ; juste le sentiment qui gonfle la poitrine et titille la curiosité en découvrant des paysages inconnus jusqu’ici.

473 mots

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Thésée & Andrea

☙ Grimes - Oblivion

« Oui. » répondis-je avec un sourire qui rivalisait avec le soleil car ce simple mot ne pouvait traduire mon niveau de bonheur. « Plus tard ? Je l'ignore, je continuerai sans doute à pratiquer mes Arts, et puis j'aurais sans doute mon Aisuru alors je préfère ne pas trop me projeter dans le futur. Qui sait ce qui nous attend ? »

J'acquiesçai ensuite à sa réponse. « Un ami ? Tu penses à quelqu'un en particulier ? » Mon sourire s'élargit davantage à la mention de la fillette, en miroir à celui qui éclairait les traits de Thésée. « Je connais bien Eiko, c'est une petite fille exceptionnelle, elle fera sans doute une Orine tout aussi formidable. Je suis curieux de voir ce qu'elle deviendra et en même temps, j'aimerais qu'elle reste toujours comme ça, toute petite et adorable. Quelque chose me dit cependant que ces deux adjectifs continueront de s'appliquer à elle adulte. Certaines personnes sont comme ça. » J'étais persuadé que ce serait le cas de Natsumura. Elle avait grandi mais à mes yeux, elle était toujours l'enfant turbulente et bien trop énergique.

« Oui, c'est aussi pour ça que j'ai voulu venir. Il y a deux Orines qui se sont installées ici, l'une d'elles car ses Aisuru vivent ici. L'autre la suit, c'est comme une forme d'apprentissage mais c'est surtout par affection pour son aînée. C'est surtout elle que je connais. » Je sentais mes joues chauffer mais ce n'était pas grave. Rien ne pouvait être grave aujourd'hui. « On ne se voit pas très souvent, car je voyage beaucoup, alors les moments où on peut se revoir sont toujours assez intenses, émotionnellement. Je suis nerveux et excité à l'idée de la revoir. Je me demande si c'est aussi le cas pour elle. » Réalisant soudain que je révélais le fond de mes pensées sans filtre à l'adolescent qui ne m'avait posé qu'une simple question, sans doute par politesse, j'émis un petit sourire en coin d'excuse et reportai mon attention sur les statues qui se révélaient au fur et à mesure dans les blocs de marbre. « On a déjà du te le dire mais tu ressembles de façon étonnante à Adriæn. C'est comme ça que je sais qui tu es, j'ai même cru de loin que tu étais lui. Je ne le connais pas vraiment, mais j'ai souvenir qu'il est assez populaire à Basphel, avec sa soeur. C'est toujours le cas, je suppose ? Que s'est-il passé à Basphel dernièrement ? Je ne sais pas si tu connais Marie-Jane, elle a des cheveux roses et un visage doux, tu pourrais lui passer le bonjour de ma part si c'est le cas ? J'espère aussi qu'Eris va bien. » songeai-je à voix haute. « Je lui avais fait un petit tatouage à sa demande. » expliquai-je avant de me reprendre. Je parlais beaucoup trop, ma gaieté déliait ma langue aussi bien que l'éthanol sur certaines personnes. « Je ne sais pas si elle veux que ça se sache. Fais comme si je n'avais rien dit. »

Message II | 533 mots

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Musique

Thésée acquiesça lorsque le garçon parla d’Eiko à son tour. Il ne put s’empêcher de penser que le monde était petit et que tout était lié. L’Ange avait en lui le terreau idéal pour croire au Destin, aux amitiés dessinées à l’avance, aux rencontres décidées par les Ætheri. Une grosse part de lui voulait s’attacher à ces croyances. Cette part espérait que la vie mettrait sur son chemin une personne qui deviendrait la plus importante de son existence et réciproquement, une personne qu’il comprenait et qui le comprendrait. « C’est vrai ? Je devrais faire pareil et aller rendre visite à l’ami que j’ai laissé derrière moi en intégrant Basphel. » Il attendrait avant d’y aller, pas parce qu’il ne lui manquait pas mais surtout parce qu’il craignait de revoir ses parents. Ces derniers étaient trop ambivalents et il en avait pris d’autant plus conscience depuis qu’il avait rejoint l’institution. « Si c’est ton amie, je suis sûre qu’elle sera heureuse de te revoir aussi. » dit-il, encourageant. Il y avait amitié et amitié ; Thésée le savait. Il y avait ces gens qui n’étaient que des connaissances et qu’il était plaisant de rencontrer à petites doses, puis beaucoup plus rarement, ces gens avec lesquels il aurait été possible de passer sa vie entière sans n’en éprouver aucune gêne.

« Euh oui, c’est vrai. » L’Ange ne trouvait pas spécialement qu’il lui ressemblait. Son impression était faussée à cause du charisme de l’Ondin et de sa vision tronquée de sa propre personne. « Il est dans mon dortoir alors je le vois souvent. » Il voyait aussi souvent Sanje qu’il ne supportait pas. « Hum… Je ne suis pas sûr de savoir. En fait… » Il se pinça les lèvres, comme si son aveu prochain le rendait honteux. « En fait, je ne suis pas très porté sur les potins et j’ai du mal à m’acclimater, même si je préfère Basphel à Stenfek. » Il marqua une légère pause pour s’expliquer. « C’est que j’ai du mal à retenir les noms des autres étudiants. Ils sonnent bizarres à mon oreille et comme je n’ai pas encore eu le temps de trop discuter, je préfère ne pas m’avancer. Je pourrais confondre les gens et créer des quiproquos. » Il sourit. Il devrait remédier à ce problème. En observant Sympan, il s’était dit qu’il pourrait peut-être commencer à noter des informations sur les gens dans un carnet secret ; pour se souvenir. « Je pourrai oui ! Je la trouverai pour toi ! » Marie-Jane, se répéta-t-il pour ne pas oublier. « Oh d’accord. Je… Je ne dirai rien, promis. » Il tiendrait cette promesse, parce qu’il n’y avait rien de plus important pour lui. « Tu veux bien me parler des tatouages que tu fais ? Sauf si ce n’était que pour elle bien sûr. J’aimerais bien, lorsque je trouverai la bonne personne, qu’on se fasse tatouer la même chose sur la peau. »

490 mots