Savoir qui rendre heureux
Lana et Marie-Jane

La nuit je danse - Meimuna

Marie-Jane posa son menton dans le creux de sa main, retenant un soupir. Elle était face à une situation difficile. Faire un choix. C'était bien l'un des dilemmes qui mettait toujours l'adolescente dans l'impasse. Elle remonta le regard vers sa trousse, où elle avait caché la montre à gousset de Céleste, dans l'espoir de trouver de l'inspiration. Finalement, elle en avait trouvé un peu trop. Sur le parchemin qu'elle avait tenu devant elle, elle avait inscrit des idées qui pourraient lui servir de troisième et dernier vœu. Puisqu'elle n'avait plus d'envies particulières, la fille de la Craie s'était dit qu'elle essayerait de rendre ses amis heureux.

- Offrir un équipement tout neuf à Zeryel pour ses entrainements de Puffball
- Que l'équipe de Zeryel et Alcide gagnent leur prochain matche de Puffball
- Offrir une collection de contes à Alcide
- Offrir à Pieris de jolies tenues
- Que monsieur Dionès obtienne de nouveaux contrats d'exposition pour son musée
- Que Kiara ne soit plus embêtée par les autres élèves à cause de ses problèmes
- Donner de nouvelles graines pour la collection de la professeur Jil

La Lyrienne avait rayé sa seconde idée, jugeant qu'il ne serait pas honnête de remporter la victoire ainsi. Elle savait que ses deux amis n'auraient pas apprécié de gagner ainsi. Elle hésitait à pencher sur l'avant dernière proposition, mais ne savait pas si la faiseuse de Miracle serait en mesure d'accomplir quelque chose d'aussi vaste et vague à la fois. C'était pourtant ce qui lui semblait le plus avisé.

La rose soupira finalement. Elle n'avait pas besoin de se décider tout de suite. Si elle s'en fiait à la dernière fois, elle avait encore quelques jours avant que la violette ne revienne vers elle pour lui demander son dernier vœu. Elle pouvait donc mettre ce temps à profit pour réfléchir et se décider. Marie-Jane rassembla ses affaires, remettant la montre à gousset dans la poche de son uniforme, puis quitta la bibliothèque. Il allait être l'heure de se rendre au club de jardinage.

Alors qu'elle se rendait à l'extérieur, l'apprentie jardinière se trouva à marcher non loin derrière un groupuscule de filles. Elle en reconnu certaines. Au centre de l'attention se tenait Lana. La Sirène affichait un air affable, comme elle le faisait souvent ces derniers temps. Lorsqu'elle l'entendit se plaindre de ce qu'il lui manquait, Marie-Jane se mordilla la lèvre. Elle hésita une seconde puis, finalement, se dit que de la sorte, son dilemme serait réglé. Oui, voilà. C'était à Lana qu'elle rendrait service ! Prenant son courage à deux mains, la fille de la Craie accéléra jusqu'à atteindre la hauteur des autres adolescentes. « Je... Je peux t'aider si tu veux, Lana. » bafouilla-t-elle un peu en essayant d'attirer l'attention de la blanche.

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Lana et Marie-Jane

La nuit je danse - Meimuna

Marie-Jane fut prise de court. Mentir, c’était mal. Et puis de toute manière, elle était tellement nulle pour dissimuler la vérité qu’elle se faisait souvent prendre la main dans le sac lorsqu’elle s’y essayait. C'est pour ça qu’elle avait abandonné l’idée de s’y risquer. Mais comment parler de Céleste et de ses capacités ? Elle avait le pressentiment qu’elle devait garder le secret. Lorsqu’elle aurait fait son dernier vœu, elle devrait retourner la montre à gousset à sa propriétaire, afin que la violette puisse retrouver sa véritable maîtresse. Or, si elle commençait à parler de ses talents, elle risquait d’attiser la convoitise. Non pas que Lana soit perfide au point de la dérober, ni aucune des puff-puff gueurles qui l’accompagnait. Seulement, les pouvoirs de la faiseuse de vœux pouvaient vite paraître attrayant.

La rose réfléchissait à un moyen de contourner la question délicate lorsqu’une des camarades de l’Ondine intervint avec un commentaire qui lui prêtait des attentions qu’elle n’avait aucunement. Son estomac se contracta, repensant avec malaise à l’étrange rencontre avec ce garçon crassouillon mastiquant un doigt… Elle sentit ses joues s’échauffer tandis qu’elle secouait la tête vivement pour nier. « Je vais… Juste aux jardins… » murmuras-t-elle dans un souffle à peine audible. Une fois encore, elle fut sauvée par autrui, Lana venant cette fois-ci à sa rescousse.

La fille de la craie haussa les sourcils en voyant la jupe déchirée en plusieurs endroits. Essayant de masquer sa surprise – elle ne voulait pas que son émotion soit interprétée comme de la peur face à un travail plus difficile qu’elle ne l’aurait imaginé – la rose se força à retrouver un visage impassible. « Oui, elle est bien abimé… » constata-t-elle, tendant les mains pour manipuler le tissu. « Es-tu tombée ? J’espère que tu ne t’es pas fait mal. » Comme pour s’en assurer, la gentille glissa un regard vers les jambes élancées de la sportive. Il y avait quelques traces de contusions, plus ou moins fraiches, mais rien qui ne sortit de l’ordinaire chez une membre des puff-puff gueurles. Il n’y avait aucune plaie, ni croutes en cours de cicatrisation. C’aurait été rassurant, si Marie-Jane n’avait pas craint pour la blanche qu’elle eut dû recourir à la magie pour se soigner. Au moins, la tenue n’en arborait pas la couleur cramoisie : peut-être s’inquiétait-elle pour rien.

L’apprentie jardinière s’empara délicatement du vêtement. « Ne t’en fais pas Lana. Je te la rendrai comme neuve, et tu pourras vite la reporter. » assura la rose avec conviction. Elle esquissa un sourire satisfait, heureuse de pouvoir faire une bonne action qui aiderait une camarade d’école. « Je te la déposerai dans ton dortoir lorsque ce sera terminé. » assura-t-elle en repliant soigneusement la jupe, qu’elle rangea ensuite dans son sac. « Je… Je dois aller au club de jardinage. » expliqua-t-elle timidement en indiquant du pouce la direction qu’elle devait emprunter. « Je… Je ferais mieux d’y aller. Bonne après-midi, les filles. » salua-t-elle avant de trottiner jusqu’aux serres.

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