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 Intrusion au château - Amphytria & Eutropius

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Ljund & Ni'Obë
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 42
◈ YinYanisé(e) le : 22/07/2023
Ljund & Ni'Obë
Ven 12 Jan 2024, 13:34



Point de vue : Ljund

Je me grattais distraitement mon épaule bandée, le nez en l’air.

- C’est vraiment haut. observai-je de façon relativement inutile.

J’avais beau mépriser ouvertement tout ce que pouvaient produire les étrangers, j’étais malgré moi impressionné par l’architecture. Sur Awaku No Hi, je n’avais jamais quitté le village côtier et n’avait jamais eu l’occasion de poser les yeux sur la résidence du Hǫfðingi ou ses alentours.

- Tu te rends compte qu’on vit dans le même monde ? C’est bizarre, un peu. On dirait pas. C’est tellement… différent.

Je jetai un coup d'œil à Ni’Obë pour quêter son opinion. Elle ne dit rien. Elle aussi été plongée dans la contemplation des lieux. J’étais content de découvrir tout ça avec elle, même si j’aurais aimé qu’elle aussi puisse profiter des odeurs, elles aussi nouvelles et curieuses. Quelques rues plus loin, je cédai d’ailleurs aux grondements de mon ventre pour faire l’acquisition de brochettes de viande et de légumes, attiré par leur fumet. J’avais demandé de quel animal il s’agissait mais n’avait pas reconnu le mot en langue commune.

- Faut vraiment qu’on s’améliore dans cette langue de barbare. grommelai-je, la bouche pleine. En tout cas, c’est bon. On dirait de l’élan, un peu.

Dévorant à belles dents le reste de mon repas sous l’air envieux de ma sœur, je laissai mes pas traîner au hasard jusqu’à m’aventurer vers un édifice qui dénotait du reste. Aussi large que haut, il se démarquait par l’élégance de sa façade. Les portes d’entrée étaient grandes ouvertes. Je voyais des personnes entrer et sortir. Je n’eus pas besoin de me concerter avec Nini pour y pénétrer à mon tour après avoir jeté les bâtons.

L’entrée regorgeait de mobilier, plus que je n’en avais jamais vu. Le plafond, haut, était richement décoré, trop selon moi. J’étais habitué à plus simple, quelques motifs dessinés sur un mur, un crâne peint avec les doigts en guise d’ornement, des babioles confectionnées à la main avec ce qu’on trouvait, plumes, ossements, poils, herbes et fleurs séchées, arêtes de poisson, résidus de bateaux abandonnés. Ici, les richesses ostensiblement exhibées puaient l’inutilité. Je perçus le rictus de Ni’Obë, qui était sur mes talons.

- Ca pue l’inutilité tous ces machins. déclara-t-elle en écho à mes pensées.

Je grognai, intrigué, et décidai de continuer plus en avant. Derrière une double porte, je découvris une pièce étroite dont j’ignorais l’utilité, sans savoir que je pénétrais dans l’antichambre qui précédait la salle de réception. Je découvris cette dernière en poussant une autre double porte, jumelle à la précédente. Ma mâchoire inférieure se décrocha. Ni’Obë, elle, avait cessé de croiser les bras avec dédain. Décorée de miroirs sertis de cadres aux moulures dorées et argentées, la salle était rectangulaire, et parfaitement symétrique. Au plafond, d’étranges objets étaient suspendus.

- Nini ! Y a des pierres précieuses là-haut, regarde ! Ils ont pas peur que ce soit volé ? Tu penses que ça sert à quelque chose ?

-C’est peut-être du toc. elle s’y précipita pour en faire le tour. Elle louchait sur les joyaux et regrettait de ne pouvoir leur faire subir une pichenette pour évaluer leur densité et écouter leur tintement.

Je me tus le temps d’examiner le reste de la pièce. J’étais estomaqué par l’immensité des dimensions.

- Ce doit être difficile à chauffer ici quand les températures baissent. estimai-je, soudain pragmatique. Je trouvai que ces lieux n’avaient tout simplement aucun sens.

À cet instant, j’entendis le battant de la porte s’ouvrir et je fis volte-face pour voir une fille y entrer. Mes yeux s’arrondirent de surprise. Il y avait plein de couleurs dans ses cheveux. Machinalement, je m’essuyai la bouche pour tâcher d’en effacer les éventuelles traînées graisseuses.

- Bonjour. baragouinai-je en langue commune.

Ni’Obë, qui lui tournait alors le dos, fit volte-face, comme prise en flagrant délit à se balancer sur le lustre. Ses yeux s’exorbitèrent pour examiner l’inconnue sans descendre de son perchoir. Elle poussa une sorte de grognement surpris. Je désignai mon torse, uniquement couvert d’un gilet à manches courtes et ouvert sur le devant. Mes tatouages colorés couvraient chaque centimètre de mes bras et de mon torse, ainsi que mon visage.

- Ljund. Toi ?

Puis je désignai l’espace autour de nous.

- C’est quoi ici ?

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Taj
~ Humain ~ Niveau I ~

~ Humain ~ Niveau I ~
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◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Taj
Sam 20 Jan 2024, 15:47

Amphytria
Intrusion au chateau
Sucker - Ellie Dixon


A peine deux heures après mon arrivée, je finis par quitter les appartements qui m’avaient été attribués. Avant de partir, j’avais pris le soin de cacher mes affaires sous le sommier de mon lit et avait fermé la porte à clef. Je n’avais pas envie de trimballer mon sac partout avec moi, mais je n’avais aucune confiance en tout ce qui résidait, ou surtout, allait résider dans cette maison.

J’étais un peu sonnée. Mes pensées défilaient sans que je ne m’en aperçus et je me sentais détachée du réel. J’étais dans un rêve ou une réalité alternative. Pourtant, je n’avais rien consommé. En descendant les escaliers, je compris que j’étais épuisée. Pour autant, je n’avais pas le cœur à rester dans cette immense baraque trop longtemps. Je ne m’y sentais pas chez moi. Le sol froid et pavé d’un bord de rue me paraissait plus familier que ces quatre murs ornementés. Je me dirigeai tout droit vers la sortie. Entre temps, j’avais entendu l’arrivée de nouveaux visiteurs, mais la perspective de les rencontrer m’avait angoissée et j’étais retournée camper sur mon balcon après avoir brièvement testé le mobilier de ma chambre. En passant les avant-dernières portes qui me séparaient de l’extérieur, j’avais craint de croiser du monde.

Mes craintes étaient devenues réalité. Alors que les battants se refermaient avec lourdeur derrière moi, je détaillai le garçon. C’était un gamin. L’élan de panique muette en moi s’amenuisa. Je n’étais pas aussi mal à l’aise avec les enfants qu’avec les adultes, car je pouvais avoir l’ascendant sur eux et m’extirper plus aisément des situations qui ne me plaisaient pas. Je pouvais donc sans problème lui passer sous le nez sans me soucier de lui, et personne ne m’en tiendrait rigueur. Je trouvai le garçon franchement petit par rapport à l’âge que son visage m’évoquait. Il était habillé d’une drôle de façon aussi, ce qui me fit immédiatement comprendre que tout comme moi, c’était un étranger.

-Bonjour.

J’ignorai dans un premier temps si c’était sa voix qui était particulière, ou s’il avait un accent. J’eus la réponse avec la réplique qui suivit. Il avait plus qu’un accent. A ce stade, c’était peut-être des difficultés d’élocution.

-Amphytria. Répondis-je si vite qu’on aurait pu croire que j’avais été prise par surprise. Mais tu peux m’appeler Fifi.

Je ne savais pas s’il me comprenait mais je supposais que mon nom complet était complexe pour un débutant en langue commune. D’ailleurs, je me demandais d’où il pouvait venir pour ne pas savoir s’exprimer dans le dialecte universel. Suivant mon éducation sorcière, je supposai qu’il s’agissait d’un Réprouvé, tout en restant déstabilisée. On m’avait vendu ces bipolaires comme étant des brutes sèches dépassant systématiquement le mètre quatre-vingts et en menant plus large que trois troncs d’arbre. Je n’avais pas souvenir non-plus que mes instituteurs eussent mentionné une seule fois des tatouages. En réponse à l’ample geste que la demi-portion avait effectué pour désigner la pièce, j’haussai les épaules.

-Un château.

Je ne savais pas si je devais développer, dans la mesure où je ne savais pas à quel point il comprenait les phrases complexes que lui-même ne se donnait pas la peine de formuler. Est-ce que lui aussi avait candidaté pour habiter ici ? Puisqu’il avait demandé ce qu’était cet endroit, peut-être pas. Mais je n’étais pas sûre. Où était le majordome qui m’avait accueillie tout à l’heure ? Je fis une moue. En fait, ça m’importait peu.

-Ils sont cool tes tatouages.

J’accompagnai la parole d’un doigt pointé sur lui. J’osai enfin m’approcher. Comme je n’étais pas sûre de m’être fait comprendre, je lui adressai un pouce en l’air et un sourire maladroit. J’aimais faire savoir aux gens qu’ils étaient cool quand je trouvais qu’ils l’étaient. C’était la nouvelle habitude que j’essayais de prendre depuis que je vivais à Cael. A Amestris, cela avait été impossible, pour ne pas même dire inimaginable : on préférait critiquer les défauts des uns et des autres et faire d’eux la risée.

Comme je me sentais bête, je grattai ma joue. Il était bientôt temps de quitter cette situation.

-Il y a un homme qui devrait t’accueillir, mais il doit être occupé. Tu peux l’attendre là pour qu’il te fasse la visite.

Je désignai le sol de façon incertaine. Je lui souris une deuxième fois, puis pinçai mes lèvres. Je supposais que mon travail ici s’arrêtait là et que maintenant, je pouvais disposer. Je pivotai prestement vers la grande porte d’entrée. Je jetai un dernier coup d’œil derrière moi en l’entrouvrant, puis me glissai à l’extérieur. La fraîcheur m’accueillit avec joie et ce fut réciproque. Je pris le temps de m’étirer de tout mon long, dressant mes bras au-dessus de ma tête et de me mettre sur la pointe des pieds. Ainsi, j’espérais chasser cette sensation d’irréel. Marcher me ferait du bien.

801 mots


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Ljund & Ni'Obë
~ Chaman ~ Niveau I ~

~ Chaman ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 42
◈ YinYanisé(e) le : 22/07/2023
Ljund & Ni'Obë
Mar 06 Fév 2024, 22:17


Point de vue : Ni’Obë

J’avais quelque peu baissé ma vigilance à cause de l’attention trop grande que je portais à l’étrange chevelure de cette fille. Je n’avais jamais vu une chose pareille et me demandais s’il s’agissait d’une capacité raciale particulière. Ma curiosité n’était pas saine, en ce sens qu’elle était trop grande pour un détail pareil. Peut-être que sa masse capillaire était venimeuse.

La fille rendit à Ljund sa salutation avec une monotonie qui inspirait une forme de calme. Elle n’avait pas l’air agressive. Au contraire, dans son indifférence perçait une pointe de sympathie.

- Afitraya. répétai-je pour m’imprégner de ce que je supposais être son prénom. Ljund étouffa son rire par un grognement qui lui donna un air bête.

- Ok. Fifi. dit-il, séduit par la simplicité. Fifi, c’était un peu comme Nini.

Les étrangers avaient souvent des noms bizarres, mais la plupart d’entre eux étaient courts et simplistes. Celui-là était inhabituel, si bien que je l’avais mal compris. Je descendis du lustre pour venir souffler dans la nuque de Ljund - je lui avais sûrement manqué. Ce doigt pointé sur ses tatouages ne me disait rien qui vaille et Ljund loucha dessus en se demandant s’il devait en prendre ombrage et la plaquer au sol. Prenant une mine renfrognée et menaçante, j’étais presque à feuler comme un chat sauvage, mais l’issue de cette confrontation fut plus plate que prévue. Un sourire et un pouce levé. Cela me fit froncer les sourcils. L’expression de mon frère se vida, comme si toute sa substance cérébrale venait de s’évaporer. Se pouvait-il que… qu’elle ait compris la signification de ces signes ? Si elle était des nôtres, pourquoi s’adressait-elle à nous dans cet incompréhensible langage commun ? Son prénom si alambiqué aurait pu être un Hiwa, mais la prononciation telle que je l’avais enregistrée ne correspondait à aucune Lune. Je grognai. Depuis que j’étais morte, mon caractère avait beaucoup changé. Parmi les avantages et les nombreux inconvénients que m’imposaient ma condition, ma curiosité était bel et bien devenue un handicap et les questions régulièrement taries par mon intermédiaire de frère. Mon attention suivit le chemin de l’adolescente bariolée alors qu’elle nous contournait après des dernière paroles incompréhensibles sous le regard interloqué de Ljund qui ne saisissait décidément pas grand chose. Quand la grande porte se referma derrière elle, résonnant froidement dans tout le hall d’entrée, je ne fis rien dans un premier temps.

- Elle t’a demandé de la suivre, je crois. je finis par dire.

Pour être tout à fait honnête, je n’en avais pas la moindre idée. Je m’étais juste persuadée de la chose à cause du dernier regard qu’elle avait lancé à mon frère, comme une invitation. Peut-être qu’elle voulait coucher avec lui.

- Ah. Ouais. J’avais capté ça. m’apprit-il, un brin insolent. Je le considérai avec dédain. Attends, quoi ? Faut la suivre ? C’est chez elle, ici ? Probablement pas…
Ce n’était pas que Fifi n’avait pas l’air du fruit d’une famille aisée, mais Ljund l’imaginait mal vivre dans un tel palace. Un palace détestable, soit dit en passant.

- J’aimerais savoir d’où elle vient.

Ce n’était pas une fille normale, en témoignaient ses cheveux. Néanmoins, contrairement aux hommes-bêtes que nous avions croisés lors de notre escale à Avalon, je n’exprimais pas la même méfiance. Sa différence ne se marquait pas tant par sa forme physique que par son attitude. Je n’y connaissais peut-être rien, mais je rejoignais mon frère en supposant que c’était le genre de personne qui ne vivait pas dans un gros cube en pierre grise, avec des bibelots brillants suspendus aux plafonds.

- Ouais, d’accord, j’y vais. Hé ! Hé ! Attends ! poursuivit-il en langue commune.

Il se mit à courir, ses pieds nus frappant le carrelage en damier de la grande salle. Il traversa l’antichambre, ses breloques et perles s’entrechoquant dans un bruit presque musical. Je le talonnais sans mal. Apercevant la fille qui se rapprochait de l’entrée, il accéléra, posa la main sur son épaule et la fit pivoter.

- Toi venir d’où ? articula-t-il. Légèrement essoufflé, il respirait fort sur elle et se rendit compte qu’il se tenait presque nez à nez avec elle. Il recula d’un pas, mais pas avant de s’emparer de sa main. Il entreprit alors de plaquer la paume de Fifi sur son torse, à l’emplacement de son cœur où il avait peint un un triangle ocre dans lequel il avait dessiné avec un fin pinceau noir des motifs alambiqués. Je retins mon souffle avant de m’étrangler avec, face à l’audace de son geste. Un frisson d’effroi me parcourut l’échine, mais j’étais trop ahurie pour vociférer quoi que ce soit.

- Cool ? Quoi cool ? Moi ? Il eut un sourire niais.

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Dorian Lang
~ Vampire ~ Niveau II ~

~ Vampire ~ Niveau II ~
◈ Parchemins usagés : 227
◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022
◈ Activité : Chômeur grincheux
Dorian Lang
Mar 06 Fév 2024, 22:57



Intrusion au château
Ljund, Ni'Obë, Amphytria & Eutropius



Oriane avait tapé sur le système d'Eutropius, assez pour lui provoquer une migraine naissante. Il repoussa en arrière ses cheveux et exhala un soupir discret avant d'avaler un verre d'eau. Derrière son apparence posée et discrète, l'adolescent bouillonnait de frustration contenue. Lui parler avait ravivé son envie, son besoin de revoir le Vampire du bal. Quelque chose lui disait que cette Déchue prendrait sans doute un temps infini à parler au Vampire, et qu'elle ne remplirait cette mission pourtant simple qu'au bout d'un temps insupportablement long. C'était inacceptable. Il jeta un bref coup d'oeil au bail qu'il venait de signer avec un membre du personnel du Château. Son attention s'arrêta sur la dénomination de la bâtisse et il leva les yeux au ciel. C'était un de ces noms qu'un Magicien aurait affublé à sa demeure et il espérait ne pas avoir raison sur l'identité du propriétaire. Il avait inspecté sa chambre, à la recherche de quoi que ce soit de suspect, mais il n'avait rien trouvé après ce premier examen. Il se promit cependant d'analyser scrupuleusement chaque recoin avant de s'y installer véritablement, mais une autre fois. Il quitta sa chambre, qu'il referma à clé en se demandant si ce n'était pas vain. Qui d'autre pouvait en avoir un double en dehors du bailleur ? Il n'avait de toute façon laissé aucun effet personnel dans la pièce, la chambre était aussi impersonnelle qu'une chambre d'hospice.

Ses pas le menèrent au rez-de-chaussée par l'immense escalier qui s'évasait en deux bras incurvés sur le hall d'entrée, occupé par deux personnes. Eutropius ralentit et plissa les yeux à mesure qu'il se rapprochait. Les deux étaient hauts en couleur, ce qui aurait pu le rebuter mais il s'arrêta sur la tignasse particulièrement atypique de la fille. Sa respiration resta bloquée dans ses poumons et il sentit ses yeux s'arrondirent de surprise. « Amphytria ? » murmura-t-il. Comment était-ce possible ? Que fabriquait sa cousine ici ? Il descendit les dernières marches et vit le garçon avec elle lui voler sa main pour la déposer sur son torse. De plus en plus étonné, le Sorcier vit que l'inconnu aux cheveux d'un bleu qui blessait les iris ne portait qu'un gilet miteux ouvert sur une peau brunie de soleil et bariolée de tatouages. Autrement dit, il était presque nu. Pas loin d'être véritablement indigné, Eutropius le dévisagea avec une hostilité glacée. Le visage de l'adolescent exhibait aussi quelques motifs vulgaires. Des osselets et des plumes d'oiseaux et Ethelba savait quoi d'autre pendaient de ses mèches. Ses sourcils se froncèrent. « Amphytria. » articula-t-il enfin. Son regard se planta dans le sien et il attendit d'être certain qu'elle l'avait reconnu avant d'esquisser l'ombre d'un sourire. Il souriait rarement, mais cette occasion méritait bien une entorse au règlement. « Je ne savais pas que tu étais à Juvaniel. En fait, j'ignorais tout de où tu te trouvais. Ma famille ne parlait jamais de toi et j'ai peu de nouvelles à Basphel. » Il allait poursuivre sur la famille, comme si de rien n'était quand il se souvient de la présence intrusive du mendiant. Il le considéra avec froideur, d'abord son visage, puis la main qui tenait encore prisonnière celle de sa cousine, puis revint sur son visage. « Veuillez lâcher ma cousine. Que faites-vous ici ? » Il ne pouvait pas croire qu'il faisait partie de la colocation, c'était impossible. Il devait avoir pénétré les lieux pour quêter la compassion de ceux qui logeaient ici et Amphytria, trop stupide pour son propre bien, n'avait pas su dire non. Il voyait maintenant le tableau clairement. Confiant, il décocha un regard méprisant à l'autre adolescent. « Faut-il que j'appelle le personnel du château ? Nous verrons bien alors où est votre place. Allons, sortez avant de provoquer plus de gêne que nécessaire. Je ne tolérerai pas que vous touchiez à quelqu'un de ma famille plus longtemps. Je vous ferai mettre aux fers. Ma famille a toujours l'utilité pour un esclave de plus, au moins vous n'aurez plus besoin de mendier. » Et rien ne lui ferait plus plaisir que de voir s'éteindre cette petite lueur dans le regard bleuté de l'inconnu qui avait osé touché Amphytria.

Message I | 745 mots


Intrusion au château - Amphytria & Eutropius O5u6
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Taj
~ Humain ~ Niveau I ~

~ Humain ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 77
◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Taj
Mer 07 Fév 2024, 21:23

Amphytria
Intrusion au chateau
Dove Cameron - God's Game


La porte ne claqua pas derrière moi. En à peine quelques instants, après avoir entendu des appels dans mon dos, une serre s’accrocha à mon épaule et me fit pivoter. Le garçon venait de courir et dans son élan, il m’avait ramenée vers l’intérieur. Quand le lourd battant en bois retrouva son confrère, la brise qui avait épousé mon visage ne ressemblait plus qu’à un songe. Je dévisageai Ljund. Nous étions si proches que j’en louchais et je rejetai ma tête vers l’arrière. J’éprouvai un léger malaise. Je craignais un contact, une odeur.

-Euh…

D’où est-ce que je venais ? C’avait beau être bête, je me posai moi-même la question, si bien que j’en oubliai notre proximité.

-Cael. Et toi ?

Je m’attendais à une réponse bien plus intéressante de sa part, même si je risquais de ne pas connaître. Il devait provenir d’un village un peu paumé au cœur du Continent Naturel, ou quelque chose du même acabit. Je n’eus le temps d’y réfléchir davantage que le garçon confisqua mon poignet. La gêne tordit ma bouche. Je n’étais pas autant habituée au contact physique que je n’aurais voulu l’être. La chaleur de son torse sur ma paume était une sensation qui m’était étrangère. Mais agréable. Douce. C’était doux.

-… Oui. Toi cool.

M’adapter à son niveau de langue ne me donna pas immédiatement l’impression d’être stupide. J’eus cette sensation dès lors que la voix grave et familière de mon cousin s’éleva dans la pièce. Avant même de comprendre de qui il s’agissait, mon corps avait réagi en conséquence : son timbre avait généré un courant électrique puissant qui s’était diffusé dans tous mes membres. Avec une sorte de précipitation, j’avais levé la tête et sa vue m’avait fait blêmir à tel point que j’avais subitement eu froid. Mes jambes étaient à deux doigts de flancher et si Ljund n’avait pas maintenu ma main en place, elle serait retombée ballante à mes côtés.

-Eutropius. Articulai-je d’instinct en retour à son appel.

Dès lors, je sentais tout mon être se dérober à ma propre volonté. Son demi-sourire m’évoquait de la peur et de l’excitation qui ne parvinrent pas jusqu’à mon expression paralysée. En fait, j’étais clouée au sol, incapable d’effectuer le moindre geste sans avoir la certitude de me désagréger sur place. Le nœud dans ma gorge m’empêchait de respirer convenablement et ma poitrine était compressée, ainsi je prenais de petites goulées erratiques par les narines. Je ne pouvais plus regarder que lui. Je savais que si je le quittais des yeux, je me mettrais à pleurer. De la même façon, il m’était impossible de lui répondre. Mes cordes vocales étaient réduites en miettes, écrasées sous une tonne de cendres épaisses.

La manière dont Eutropius s’adressait à moi m’ahurissait. Je ne comprenais pas tout à fait ce qui m’affectait dans son comportement. Il n’avait pas changé. Il était sorti tout droit du passé et une part de moi persistait à se demander si je ne délirais pas. Je ne comprenais pas comment il pouvait ne pas être au courant de ma fugue, là où pour ma part, Amestris semblait loin derrière moi.

Mon sang se glaça davantage lorsqu’il s’adressa au garçon aux cheveux bleus. Entre son ton hautain et le fait qu’il me rappela que nous étions cousins, je ne savais trancher sur ce qui était le plus dérangeant. Alors que ses remontrances lui faisaient monter les marches d’un piédestal d’orgueil, moi je m’écrasais. Mes doigts crispés avaient progressivement logé leurs ongles dans la peau de Ljund. Je détestais qu’Eutropius parlât comme ça, mais il m’était juste assez éloquent pour m’hypnotiser. Je ne supportais pas le terme de famille dans sa bouche, mais je sentais une vague de tendresse embrasser mon cœur en me rappelant que j’avais eu un foyer auquel m’identifier. Il sonnait faux, tout sonnait faux ; et pourtant, j’interprétais sa volonté de me protéger comme une caresse chaleureuse. Pas la moindre de ses paroles n’était un mensonge.

-C’est mon esclave.

Je sursautai moi-même. Ce n’était pas ce que j’avais voulu dire. Je n’avais pas voulu parler tout court, mais il avait fallu que je le fasse taire. Je n’avais pas dit cela fort pour autant. Ma voix n’avait été qu’un filet d’air enroué.

Ma main quitta enfin le torse de Ljund. J’en profitais pour me tourner tout à fait vers Eutropius. Je me raclai la gorge.

-Et toi ? Où est le tien ?

Qu’est-ce que… ? Mon cœur s’affola, comme dans cet instant qui suivait l’arrêt brutal d’une course et qu'on pensait éclater. J’avais des yeux ronds. J’ignorais ce qui m’animait exactement, mais ça n’était pas moi. Je reposai une main ferme sur l’épaule de Ljund pour maîtriser mes tremblements. Je n’étais plus coutumière à ces piques de défi que j’avais contribué à instaurer entre nous. Je dévisageai mon cousin de la tête aux pieds. Ma manière de le toiser me ramenait des mois et des années en arrière, dans une atmosphère qui… ne me manquait pas. Je crois.

-C’est bien ce qu’il me semblait. Marmonnai-je finalement.

Il ne me semblait rien du tout, c’était seulement de la provocation pure qui sortait de mes tripes. Ça me terrifiait. J’avais été comme ça pourtant. Je retournai ma langue dans ma bouche. Retrouver un membre de ma famille me faisait perdre le contrôle et c’était assurément la pire drogue que j’avais jamais goûté.

894 mots


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Ljund & Ni'Obë
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Ljund & Ni'Obë
Dim 11 Fév 2024, 21:56


Point de vue : Ljund

- Cael… répétai-je en prenant soin d’articuler comme si cela allait m’aider à visualiser le lieu.

J’échangeai un regard intrigué avec ma sœur. Il devait sans doute s’agir d’une autre de ces villes païennes. Je me demandais si tout le monde avait les mêmes cheveux là-bas, et me demandais du même coup à quel peuple Fifi pouvait bien appartenir.

- Moi… Île. Loin. Ma main s’agita pour accentuer le dernier mot.

Assez bêtement, je n’avais pas anticipé qu’elle puisse me retourner la question. Je m’étais retenu de regarder de nouveau Nini avant de lui répondre. J’avais eu la mauvaise surprise récemment de m’apercevoir que j’avais développé le réflexe de m’en remettre à elle dans toutes les situations. Or, si elle se mettait à dicter toutes mes conversations, je ne valais pas mieux qu’un homme de paille dont elle tirait les fils. J’avais d’ailleurs la désagréable impression que cette prédiction était plus actuelle que je le craignais. J’eus d’ailleurs le droit à un commentaire de sa part :

- N’en dis pas trop. On sait jamais.

Mon sourire s’élargit au compliment de la jeune fille. Une chaleur agréable se répandit en moi et j’eus la soudaine envie de l’impressionner, de n’importe quelle façon, juste pour lui assurer qu’elle avait raison de penser que j’étais cool, et que je pouvais être encore plus cool qu’elle ne le pensait. Peut-être que nous pouvions lui montrer le bateau ? Je pouvais lui montrer ma dextérité à nouer des nœuds, ou à grimper dans les gréements ? Toutes sortes d’idées plus ou moins grotesques me traversaient l’esprit et je réagis avec un temps de retard au nouvel arrivant. Je levais les yeux vers lui au moment où une sorte d’adolescent mince à l’air coincé descendait les dernières marches pour venir à notre rencontre. L’air de ma sœur se renfrogna aussi. Lui et Fifi devaient se connaître, et je me demandais vaguement si elle le trouvait cool, lui aussi. L’idée me déplut et le regard qu’il me lança ensuite ne fit rien pour faire dévier mon ressenti. Mes sourcils se froncèrent presque automatiquement. Une hostilité manifeste suintait de lui, et si j’avais été aveugle pour le constater, sa prise de parole confirma qu’il était un parfait connard. Ma lèvre supérieure remonta sur mes gencives et je laissai s’échapper un petit son provocateur. Parmi l’équipage, ou même avec les copains au village, il n’en fallait parfois pas plus pour que la situation dégénère. Les Kazak avaient le cœur belliqueux, l’insulte aussi naturelle qu’un pet de mouette, et les poings partaient vite, très vite. Ce code de vie était gravé dans mon sang, il ne se remettait pas en question. Je ne comprenais pas la moitié de ce qu’il racontait, je n’avais que faire de ce que cet empaffé avait à dire de toute façon, j’avais décidé qu’il n’était pas intéressant, et surtout, pas cool du tout. Plus il parlait, plus il m’énervait. Son ton autoritaire et arrogant me donnait encore moins envie de l’écouter.

- Regarde-moi ce connard. Je rêve où il me donne des ordres ? commentai-je dans notre langue natale à l’adresse de Nini sans la regarder.

Ma sœur me répondit par un sifflement menaçant. Elle non plus n’aimait pas ce type trop propre sur lui. Je regardai Fifi alors qu’elle sortait enfin de son mutisme et cessai de labourer mon torse. J’émis un grognement pour marquer mon incompréhension et y ajoutai un juron dans ma langue, qui ne s’adressait à personne en particulier, sinon à la situation dans sa globalité. Ils parlaient trop vite, et j’étais trop contrarié par l’arrivée du brun pour avoir envie de faire un effort. En plus, Fifi aussi n’avait pas l’air enchantée par sa venue. D’un mouvement brusque, je me débarrassai de sa main sur mon épaule pour ne pas qu’elle me gêne pour ce que j’avais bien l’intention de faire.

- J’vais m’le faire.

- Quoi ? sursauta Nini dans mon dos. Ljund, arrête avec tes conneries, c’est pas le mom…

En un pas, je fus sur le brun et une demi-seconde plus tard, mon poing s’écrasait sur sa face de flan.

748 mots

Il parle toujours en Oddelegy à la fin.
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Dorian Lang
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Dim 11 Fév 2024, 23:31



Intrusion au château
Ljund, Ni'Obë, Amphytria & Eutropius



Amphytria avait changé, et ce n'était pas au goût d'Eutropius. Il avait gardé en mémoire une pré-adolescente, pas très futée et un peu pâle, comme tout le monde à Amestris, qui restait dans son coin sans beaucoup parler. Quand ils étaient seuls tous les deux, ils parlaient davantage. Ils n'avaient pas fait que parler. Eutropius avait fait bon usage des substances que sa mère conservait dans ses placards sans qu'elle ne s'en aperçoive jamais. Si c'était le cas, elle n'avait rien dit. Sa cousine avait été la première à lui provoquer une véritable érection, elle avait été sa première fois. Il avait recommencé souvent, quand ils se voyaient. Personne ne les chaperonnait jamais, ils étaient de la même famille. Aux yeux de leur famille, ils avaient juste développé une sorte d'affinité, naturelle entre ceux du même âge qui avaient plus ou moins grandi ensemble. Quel souvenir en gardait-elle ? La plupart du temps, elle était inconsciente, mais elle ne l'avait pas toujours été. Il devait prendre garde à ne pas trop forcer sur le dosage, au risque de la tuer accidentellement. Désormais, il ne se débrouillait pas trop mal et Douce ne suspectait rien. Pour Amphytria, rien n'était moins sûr. Mais qu'aurait-elle pu dire ? Qui chez les Dogma ou à Amestris aurait cru un seul mot de cette fille insignifiante ? Il se demandait parfois lors des dîners avec son oncle et sa tante s'ils savaient, si leur fille avait parlé.

« Pardon ? » Ses prunelles naviguèrent entre elle et celui qu'elle qualifiait d'esclave avec un étonnement croissant. Ses sourcils remontèrent sur son front. « D'où tu le sors ? Il est... sale. Tu le laisses sortir sans habits ? Avec ces... choses. » Du menton, il désigna tout ce qui rendait l'individu étrange, avec les pigments zébrant sa peau, ses cheveux sales et truffés de gri-gris. Puis il suivit du regard sa main quitter son torse et une étrange association naquit dans son esprit, si révoltante qu'il manqua de répondre à la question qu'elle lui retournait. Les yeux ronds, il rejeta le menton en arrière, dégoûté. « Ne me dis pas que c'est ton esclave sexuel ? Amphytria, ne me dis pas que tu t'es réduite à ça ? » Qu'est-ce qui clochait, chez elle ? Avec cette chose qui méritait à peine le qualificatif d'être humain ? « Respecte notre nom, au moins, si tu ne veux pas te respecter toi-même. » L'idée que cette bête puisse poser ses mains sur sa cousine lui donnait la nausée. Le déshonneur que ce serait pour leur famille si quiconque l'apprenait l'horrifiait. Pourquoi s'abaisser à coucher avec les moins que rien ? Avait-elle un tel besoin d'attirer l'attention sur elle-même ? « J'ai honte pour toi. » cracha-t-il avant de regarder l'énergumène qui baragouinait dans une langue qui n'avait pas de sens. Son regard froid le cisailla. Il fallait s'en débarrasser avant qu'il n'attire davantage l'opprobre sur Amphytria. C'était son devoir de la ramener sur le droit chemin. Il allait parler à ses parents, leur parler de ce qu'il avait vu, et ils feraient en sorte de renvoyer cet esclave chez les Mayfair qui avaient mal du faire leur travail s'il en jugeait l'air de révolte qu'il lisait sur son visage. Il concevait mal comment une telle chose pouvait être possible mais il n'eut pas le temps de creuser le sujet.

« Qu'est-ce qu- » Pris de court par l'initiative du sauvageon, Eutropius trébucha en arrière et chuta sur les fesses et manqua se faire une entorse au bras en voulant se rattraper dessus. Eberlué, il plaqua sa main sur sa pommette devenue brûlante. Il leva les yeux sur son agresseur et se traîna sur le sol pour reculer au cas où il voudrait se jeter sur lui. Au même moment, un regain de dignité le fit se relever d'un bond. Son ego blessé pulsait en rythme avec les martèlements désordonnés de son coeur. Le coup ne lui avait pas fait si mal mais l'outrage, lui, était cuisant. « Comment oses-tu ? » siffla-t-il d'une voix qui n'était plus aussi stable qu'avant. Il se tourna vers Amphytria. « Comment ose-t-il lever la main sur un Sorcier ? Sur moi ? Qu'est-ce qu'il lui a pris ? » Réalisant que ses questions s'enchaînaient et traduisaient trop à son goût une perte impardonnable de son sang froid, Eutropius inspira profondément pour retrouver un calme, même s'il ne devait être que de façade. « Si tu me touches encore, je te tue. » articula-t-il à l'adresse du bleu, lentement, pour être certain d'être compris.

Message II | 801 mots


Intrusion au château - Amphytria & Eutropius O5u6
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Mer 14 Fév 2024, 21:25

Amphytria
Intrusion au chateau
Dove Cameron - God's Game


L’épreuve de jugement que me faisait subir Eutropius des pieds à la tête logea une boule de culpabilité dans le fond de ma gorge. La panique m’avait rendue plus idiote que d’usuelle. En toute honnêteté, je n’avais pas pensé à la réaction de mon cousin quant à l’allure de mon soi-disant esclave. Je n’avais pas envisagé le fait qu’il n’accorderait aucun crédit à ma déclaration, qui avait eu pour but de le faire taire. Pire : qu’il la tournerait à son avantage. Médusée, les forces qui étaient venues à ma rescousse dans ce qui avait été un bref instant de survie face à ma propre angoisse, m’abandonnèrent lâchement. Je sentis mes jambes fléchir, mon ventre ramollir et mes organes se disloquer comme de la compote, ma poitrine me lâcher. J’étais liquide, et je ne tenais debout que grâce à l’épouvantail qui me servait de squelette. J’inspirai, car il ne me restait que l’air pour réussir à garder un équilibre précaire : Ljund avait repoussé le contact physique que j’avais créé pour m’ancrer sur mes pieds. Je n’avais plus de rocher et la mer risquait de me faire dériver.

Finalement, je ne dérivai pas. En fait je me mis à couler, ce qui était bien pire. Je posai un regard jonché de cernes sur mon cousin, deux orbites béantes de peur et d’une forme d’incompréhension. Où était-il allé chercher qu’il était mon esclave sexuel ? Je n’arrivais même pas à paraître choquée ou outrée tant j’étais abattue, ce qui devait donner d’autant plus raison à ses suspicions. Et puis j’avais beau hurler en mon for intérieur, je trouvais que son raisonnement était absurde autant qu’il faisait sens. Pourquoi n’y avais-je pas pensé avant d’ouvrir la bouche ? J’étais stupide. Tout le monde dans notre famille savait que je n’étais qu’une moins que rien trainant dans la débauche. Alors si je me procurais du personnel, il était bien connu que c’était pour… le sexe. Ma mère avait déjà prédit que je finirai putain, après tout.

-Non… Bredouillai-je si bas que je n’étais même pas certaine d’avoir été entendue. Non, je… c’est pas…

Néanmoins, tout ceci n’était un terrible malentendu. Jamais je n’aurais fait ça. Eutropius ne pouvait pas complètement y croire, si ? Il me connaissait mieux que ça. Ne savait-il pas que même si… même s’il s’était passé…, mes préoccupations étaient rarement tournées vers ça ? Il me faisait peut-être une mauvaise blague. Pour autant, le dégoût que je lisais sur sa face était bien réel, ce qui avait pour effet de tirer la commissure de mes lèvres vers le bas et de me lester tout entière. Il me faisait me sentir tellement mal que je commençais à éprouver le même mépris pour moi-même. Alors que je n’avais rien fait, moi aussi je me dégoûtais. Mon séjour à Cael pouvait me cacher la vérité tant que je le voudrais, je n’en restais pas moins qu’une pauvre fille désespérée.

Revenant quelque peu au centre de l’attention, Ljund se mit à parler dans sa langue natale. Naturellement, je n’y comprenais rien et même s’il était renfrogné, je ne faisais pas trop attention à lui, car j’étais plongée dans mon propre malheur.

Ce qui rendit l’étranger remarquable fut le coup de poing qu’il asséna à Eutropius. J’affichai aussitôt un nouvel air ahuri, mais éveillé cette fois, et ce fut presque si les bras ne m’en tombèrent pas au sens littéral du terme. Mes yeux s’étaient ouverts en grand et ne rataient pas une miette de cette revigorante démonstration.

Je n’intervins pas. Du moins, pas tout de suite. Au-delà du choc, je prenais le temps d’observer la scène et les deux garçons. Je dévorais en particulier la position d’Eutropius au sol et son expression outrée. L’ombre d’un sourire furtif se déroba dès lors qu’il se tourna vers moi. Il me posa ce qui ressemblait à des questions, mais je continuai de faire le merlan frit.

-… J’attrapai finalement le bras du garçon pour le ramener près de moi. Ljund, non. Martelai-je sans véritable force. C’est mal.

Je faillis avoir le réflexe de m’excuser, mais je résistai : pas devant lui. Les Sorciers ne s’excusaient pas.

-Il est nouveau. Je… vais le congédier…

Si seulement je pouvais fuir par la même occasion. Je ne voulais plus aller dehors, où Eutropius pourrait me suivre. Je ne voulais pas non plus laisser le garçon seul, car j’avais à la fois peur d’engendrer le doute de mon cousin, et que ce dernier ne s’en prît à lui durant mon absence. Mais si je nous faisais monter dans ma chambre, que penserait-il ? S’imaginerait-il des scènes indécentes ? J’étouffai sous la pression de la décision. Mon mensonge s’était retourné contre moi et maintenant, franchement, j’avais envie de crever.

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Ljund & Ni'Obë
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Ljund & Ni'Obë
Sam 17 Fév 2024, 17:42


Point de vue : Ni’Obë

Non seulement Ljund avait anéanti la distance entre lui et le sombre luron, mais en plus, il avait vraiment porté son intention à exécution. J’étouffai un cri de rage. Quel abruti. Mais quel abruti ! Quel énorme con !

- Ljund ! vociférai-je, hors de moi. Zi'Ægir'Ial, pour l’amour d’Eoda, arrête !

À l’appel de son Hiwa, il serra les poings mais cessa d’avancer sur l’avorton pour le terminer au sol.

- Mais c’est un connard ! éructa-t-il en guise de justification, sans plus vraiment se soucier que les deux autres puissent le voir parler dans le vide. Il m’a cherché, et il m’a trouvé. Sombre merde.

- J’en n’ai rien à foutre !

J’étais hors de moi. Non pas que je ne cautionnais pas un bon poing dans la figure. L’affaire était plutôt une histoire de contexte que mon frère avait de toute évidence été incapable de décrypter. La notion de “bon moment” lui échappait de manière effarante et c’était précisément ce qui le rendait stupide dans la vie de tous les jours. Je fulminais. Je ne comprenais pas comment il était possible de ne pas réfléchir à ce point.

C’était avec le même air ahuri que lui que je dévisageai l’adolescent tombé au sol. Je m’attendais à une riposte, mais il n’en fût rien. A la place, le maigrichon se contenta de hausser le ton comme s’il se croyait supérieur à qui que ce soit dans cette pièce. Mon frère tiqua et montra les dents mais s’en tint là. Sa colère avait diminué en voyant avec quelle facilité il avait couché l’autre au sol. Ce n’était pas un adversaire très stimulant. Le duel se terminait plus tôt que prévu. L’égo de Ljund était sûrement en train de faire une virée vers le haut d’avoir si rapidement mis à terre un opposant. S’il avait raison d’en profiter, je jugeai qu’il était important de lui en faire la diatribe.

- Putain, mais c’est pas possible ! Pour qui tu te prends ? Tabasser le premier gueux que tu croises ? On est pas chez nous, Ljund !

Je criais plus fort que tout ce que pouvaient dire les deux inconnus en langage commun. Il grimaça, tâchant de gérer l’engueulade en même temps que la fille l’attrapait par le bras. Il ne chercha pas à se dégager mais décocha une oeillade mauvaise au brun qui s’était relevé.

- T’es qu’un con ! C’est à cause des débilités comme ça que tu vas mal finir, tu le sais, ça ? Je voulais lui casser les oreilles, étouffer sa conscience pour qu’il ne s’entende plus penser. L’imbécile regardait ailleurs comme si cela allait atténuer le volume de ma voix mais je vis une veine palpiter sur sa tempe. Si t’as envie de te faire tuer avant l’âge adulte, dis-le moi tout de suite et on échange nos places ! Oh, ne doute pas qu’à la seconde où tu mettras les pieds dans ta condition d’Esprit, je t’étriperai jusqu’à ce que tu en crèves une deuxième fois !

Ça n'avait pas vraiment de sens sous l’angle littéral du terme, mais je m’en foutais. L’intention y était et j’espérais qu’il la sentait passer. Surtout que les remontrances d’Amphytria étaient d’un minable assez époustouflant. Je ne comprenais pas comment le gringalet en face de nous pouvait la chavirer à ce point. Je la trouvai subitement nulle.

Ljund leva alors les yeux au ciel, avec une insolence d’une subtilité dont je le croyais démuni. Il s’autorisa même un petit sourire suffisant qui m’exaspéra. Il reprit la parole, cette fois en langue commune. Il ne me regardait pas mais je sus que ses mots s’adressaient autant à moi qu’aux deux autres.

- C’est une mauviette. Lui menacer moi de mort, mais lui par terre avec un seul petit coup. Il ricana, et cracha au sol, entre les pieds du brun. Je lâchai un grognement irrité. C’est moi qui tuer lui si lui continuer. Et moi, j’allais le tuer avant s’il continuait de faire le mariole. Il regarda Amphytria et gonfla le torse. Il n’était pas bien grand et cette action ne compensa pas sa différence de taille avec les autres. Toi juste à demander moi mais lui, pas digne d’être mort. Mérite même pas. Qui, pour toi ?

722 mots
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Dorian Lang
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Mar 20 Fév 2024, 18:20



Intrusion au château
Ljund, Ni'Obë, Amphytria & Eutropius



La faible défense d'Amphytria ne fit qu'accroître si possible la mauvaise humeur d'Eutropius. Il ignorait exactement d'où venait sa déception, peut-être avait-il imaginé qu'elle aurait gagné en personnalité en quittant Amestris ? La voir lui avait fait un choc, surtout que physiquement, elle avait grandi. Mais finalement, elle ne lui inspirait qu'un mépris profond. Les Dogma avaient raison, cette fille était une échec, une tâche qui refusait d'être nettoyée. Aucun effort de son côté ne semblait être fait, elle était vouée à être une ratée. C'était d'ailleurs ce qui l'avait encouragé à profiter d'elle auparavant. Il savait qu'il ne risquait pas grand chose à la tourmenter un peu. Cette passivité, il en avait jouit sans vergogne.

Il jeta un bref coup d'oeil au garçon. Qui avait jugé bon de lui mettre un esclave rebelle dans les bras quand elle n'était visiblement pas capable de faire preuve d'un minimum de fermeté ? Et d'où sortait-il ? Les sons gutturaux qui sortaient de sa bouche ne ressemblaient à aucun langage connu, mais son accent lui était vaguement familier. Il était certain de l'avoir déjà entendu, au moins une fois, avec l'exhibitionniste qui avait étudié avec lui sur Lubuska avant de se rendre à Seaghdha. Il regrettait de ne pas s'être montré davantage curieux mais il avait davantage été distrait par sa proposition de boire son sang comme si c'était la chose la plus naturelle du monde à faire entre deux adolescents non Vampires. Basphel abritait de curieux énergumènes, sans doute trop. Il aurait préféré faire sa scolarité à la Capitale, davantage synonyme d'excellence à ses yeux. Cependant, sa vision s'était nuancée après un certain temps passé à l'école suspendue dans les nuages. Basphel était en effet un excellent terrain d'expérimentation pour mieux comprendre les autres peuples et débusquer leurs faiblesses. Les Sorciers étaient méfiants par nature. On ne survivait pas à Amestris sans être un brin paranoïaque. Les principes basiques de manipulation s'apprenaient dans l'enfance, on apprenait vite à ne pas boire ou manger sans être certain au préalable qu'aucun poison ne s'y dissimulait. À l'inverse, il y a avait des élèves à Basphel faciles à berner, ce qui lui convenait pour se faire une idée de comment le reste du monde fonctionnait en dehors de la Dévorante.

Finalement, l'esclave daigna baragouiner quelques mots en langue commune. Les bras croisés, Eutropius le fixait, glacial, tenter de le provoquer. Que cherchait-il à faire, sinon le pousser à passer à l'acte ? Croyait-il qu'Eutropius hésiterait à tuer un esclave ? Il n'était rien. Il ne savait même pas se faire comprendre. Il le trouvait pathétique. Lui et sa maîtresse s'étaient bien trouvés. Lentement, il baissa les yeux pour prendre note du crachat qui venait de s'écraser dangereusement près de ses chaussures. Ses mains blanchirent sous le contrôle qu'Eutropius s'imposa pour ne pas réagir. Il ne devait pas s'abaisser au niveau de ce sauvage, il lui avait déjà accordé trop d'importance. On disait que l'ignorance était la pire des insultes, et ce n'était de toute façon pas lui qui l'intéressait. Il ficha son regard dans celui d'Amphytria, lui prit le bras, et l'éloigna sèchement de l'esclave comme s'il n'avait jamais existé. Il s'occuperait de son cas plus tard.

Quand ils furent quelques pas plus loin, dos tourné au coq bleuté, Eutropius lâcha sa cousine mais ne s'écarta pas. Il observait son profil. Ses traits s'étaient affinés en quittant l'enfance, mais elle gardait la même odeur. C'était comme faire un bond dans le passé, et ce n'était pas désagréable. « Tu vas intégrer la colocation, toi aussi ? » Il prit une mèche mauve entre deux doigts, la scruta avec désapprobation, puis la replaça derrière son oreille. « Moi aussi. On va pouvoir se revoir, plus souvent. Comme avant, quand on était petits. Tu t'en souviens ? On a des choses à se dire depuis la dernière fois. Tu pourras me donner ta version des faits sur ton... départ d'Amestris. J'espère juste que tu ne vas pas garder cette bête dépourvue d'intelligence avec toi ici. Tu as conscience que je ne peux pas laisser passer ce qu'il a fait ? Si tu ne prends pas les mesures qui s'imposent, je le ferai. Tu ne peux pas avoir un esclave aussi indocile avec toi. S'il t'en faut un, je peux t'en procurer un. Je n'en parlerai pas à notre famille, si c'est ce qui te fait peur. »

Message III | 788 mots


Intrusion au château - Amphytria & Eutropius O5u6
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Lun 18 Mar 2024, 22:21

Amphytria
Intrusion au chateau
PVRIS - I DON'T WANNA DO THIS ANYMORE


La prise d’Eutropius sur mon bras m’arracha un hoquet de surprise. Entraînée sur le côté, je manquai de trébucher à deux reprises. J’étais soulagée qu’il n’eût pas répliqué davantage face à l’insolence de l’étranger, car de pareils propos auraient dû lui faire subir une exécution comme les Sorciers en avaient le secret, sans aucune autre forme de procès. Heureusement pour lui, ma personne intéressait plus encore mon cousin. Pour ma part, c’était une descente en Enfer, car je n’avais dès lors plus rien pour me raccrocher à “l’extérieur” de mon supplice personnel. J’oubliai immédiatement le bleu quand Eutropius s’adressa à moi.

Une sorte de gémissement d’angoisse m’échappa alors qu’il me posait sa première question. Il y avait ce “toi aussi”, qui confirmait les horribles doutes qui m’avaient saisie lorsqu’il avait fait son entrée dans cette pièce. Je ne répondis pas. Je n’avais subitement plus du tout envie de faire partie de cette colocation. J’avais pourtant signé le bail qui m’avait affecté une chambre. Je songeai dès lors à retrouver celui qui m’avait fait visiter les lieux pour faire part de mon désistement. Si je l’avais pu, j’aurais fui immédiatement pour le faire, mais Eutropius était d’humeur à me tenir la jambe. Je savais très bien qu’avec lui en face de moi, je ne le ferais jamais.

J’avais du mal à respirer. Je luttais encore contre les pleurs, mais maintenant que son visage n’était plus qu’à quelques centimètres du mien, l’affaire était tout bonnement impossible. Quand il mentionna ce qu’on faisait avant, quand on était plus jeunes, je fondis en larmes. Je manquai de craquer complètement. Je voulus lui avouer que Ljund n’était pas mon esclave, que j’avais menti sur toute la ligne pour me donner une contenance, mais cela m’aurait rendue plus pitoyable que je ne l’étais déjà. J’étais vidée mais je ne pouvais pas me dégonfler davantage. Sinon, de quoi aurais-je l’air ? J’étais déjà rien, je ne pouvais pas être moins que rien.

-Ne lui fais pas de mal. Je m’en chargerai, je te le jure.

Je le répétais plusieurs fois, pour qu’il me crût. J’étais capable de n’importe quoi pour qu’il ne prît pas la situation en main et réglât le conflit à sa manière. Je m’agrippai à lui comme à un rocher.

-Ne leur dis rien.

Tout ce qui relevait de ma famille me révulsait. Lui y compris. Et pourtant c’était ma famille, ceux avec lesquels j’étais attachée pour toujours. J’avais beau les fuir, vivre ma vie ailleurs, ils me hanteraient jusqu’à la fin. J’étais une Dogma.

-Tu ne leur diras pas non plus que tu m’as vue ici.

Mes supplications se noyaient dans mes larmes et je serrai avec un peu plus de vigueur la prise que j’avais trouvée sur son vêtement

-Tu ne leur diras pas. Je ne veux pas qu’ils sachent.

Hein ? Il ne leur dirait rien, n’est-ce pas ? Je ne pouvais peut-être pas les effacer de ma vie, mais si eux pouvaient m’oublier, alors je ne m’en porterais que mieux.

-Promets-moi.

Ses promesses ne valaient rien, mais j’avais besoin qu’il le fît malgré tout. Au point où j’en étais, un rien suffisait à me satisfaire. Pendant un quart de seconde, je m’aperçus de l’extérieur et constatai l’état dans lequel j’étais. Je n’osais pas imaginer de quoi j’avais eu l’air plus tôt, quand j’avais prétexté être propriétaire d’un esclave.
Je devais me calmer. Mais pour cela, j’avais besoin de m’isoler. L’urgence de m’enivrer pour faire disparaître toute ma détresse me mordait la chair. Je reposai mon attention sur Ljund comme si je le découvrais, puis regardai Eutropius.

-Est-ce que…

J’étais en train de faire une bêtise, une très grosse bêtise. J’étais prise de tremblements incontrôlables. Mieux valait que je posasse mon attention sur le bleu.

-Est-ce que tu as emmené un produit ? Je n’ai rien sur moi.

Il me fallait quelque chose, n’importe quoi, du moment que cela rentrait dans la grande famille chimique des “substances”.

656 mots


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Dorian Lang
Mar 19 Mar 2024, 19:15



Intrusion au château
Ljund, Ni'Obë, Amphytria & Eutropius



Les sourcils d'Eutropius se levèrent avec surprise à l'effondrement émotionnel soudain de sa cousine. Avec une curiosité presque enfantine, il approcha son index de sa joue et préleva quelques larmes qui roulaient. Il ne se souvenait pas qu'elle ait été si émotive par le passé. Éteinte était l'adjectif qui lui aurait mieux convenu, ce qui était plutôt ironique ; il y avait un décalage certain entre les vives couleurs enflammant ses cheveux et sa personnalité effacée et soumise. « Allons, allons. Du calme. » s'entendit-il dire en se demandant pourquoi il cherchait à la calmer. Ce n'était pas comme si ses pleurs le gênaient ou le touchaient. Il comprit en regardant Ljund. Il ne voulait pas que ce sauvage vienne se mêler de ce qui ne le regardait pas. Il passa un bras par dessus les épaules d'Amphytria dans un geste protecteur en apparence et adressa un froncement de sourcils à son prétendu esclave pour lui signifier de rester en dehors de ça. « Je te le promets, Amphytria. De toute façon, ils ne veulent plus parler de toi. Tu es devenue un sujet un peu tabou, c'est comme si tu n'avais jamais existé. Mais moi, je ne t'ai pas oublié. Comment le pourrais-je ? » Sa main descendit de son épaule sur son bras dans un simulacre de caresse réconfortante. « Arrête de pleurer. » murmura-t-il, encore surpris de la violence de la crise de l'adolescente. « Oui. Toujours. » répliqua-t-il après un moment d'hésitation calculé pour laisser l'angoisse s'infiltrer plus profondément dans sa cousine. « Mais pas ici. Laisse ton chien ici, il n'a qu'à garder la porte. » D'une pression sur ses épaules, Eutropius l'invita à se mouvoir pour pivoter vers les escaliers. « Allons-y. »

Une fois à l'étage, il les mena vers la chambre quittée plus tôt. À l'intérieur, il se dirigea vers son sac. « Assieds-toi sur le lit. Tiens. » Il s'approcha pour poser un mouchoir sur le lit à côté d'elle. Son visage défait lui rappelait la première fois qu'ils s'étaient drogués tous les deux. La chute qui avait suivi avait profondément affecté sa cousine. Depuis, il avait appris à mieux doser les quantités à lui donner pour la rendre aussi malléable et inerte qu'une poupée de chair. Qu'en était-il aujourd'hui ? « Est-ce que tu continues de prendre des substances ? Récemment, tu as pris quelque chose ? Ce serait dommage que je te tue en faisant des mélanges. » Dommage pour elle surtout. Sa disparition laisserait le Sorcier indifférent. Quand elle était partie d'Amestris, il en avait reçu un choc, principalement parce que l'idée même que quiconque quitte leur famille, quitte leur peuple, ne lui avait jamais traversé l'esprit. Qui faisait ça ? Sinon ces déchets qui viraient Magiciens. Était-ce ça pour Amphytria ? Avait-elle succombé à ces niais adorateurs de thé et de contes ? « Où vis-tu, désormais ? » Il avait trouvé ce qu'il cherchait et s'assit à côté d'elle, un flacon dans la main. « N'en prends qu'une gorgée, sauf si tu tiens à dormir pendant une semaine entière. » dit-il en lui tendant le flacon.

Message IV | 540 mots


Intrusion au château - Amphytria & Eutropius O5u6
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Taj
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Taj
Dim 31 Mar 2024, 11:25

Amphytria
Intrusion au chateau
Nothing But Thieves - Honey Whiskey


Je m’accrochais fermement à l’épaule d’Eutropius. Je m’étais calmée, j’étais parfaitement capable de marcher, mais ce soutien me faisait du bien. Le mieux aurait sûrement été de me laisser seule dans ma chambre et que je me battisse quelques heures avec mes démons pour le bien de mon indépendance, mais je préférais serrer quelque chose contre moi pour me rassurer immédiatement, et retrouver l’indépendance plus tard.

Avant de partir, j’avais lancé un dernier regard à Ljund, après avoir failli oublier de le saluer. Mais je m’y étais prise tellement tard que dans l’entrebâillement de la porte, je n’avais sûrement pas été à portée de vue. La bouche entrouverte, j’avais murmuré une sorte d’au revoir inintelligible. Je m’étais laissée emportée comme une serpillère par la trajectoire de mon cousin et n’avais pas lutté, car après tout c’était moi qui l’avais supplié.

Dans sa chambre, je m’échouais sur le lit avant même qu’Eutropius ne me le demandât. J’étais assise, mais je mourais d’envie de prendre cette fichue drogue, de basculer en arrière et de dormir de tout mon soul. Ce n’était qu’une question de temps avant que cela n’arrivât. Alors que mon cousin me préparait quelque chose, il commença à me questionner.

-J’ai arrêté. Coassai-je.

Du moins, j’étais censée avoir arrêté, car il m’arrivait encore de craquer, comme en témoignait l’instant présent. Toutefois, j’avais fait d’énormes progrès depuis Amestris. J’avais par ailleurs moins d’angoisses à gérer et tout cela m’éloignait d’un danger de mort imminent au coin d’une ruelle sombre et malfamée, violée par tous les gueux du quartier. Cependant, Eutropius n’était pas un gueux.

-C’est difficile de se procurer quoi que ce soit là où je suis.

J’ignorais pourquoi je tenais à le préciser. C’était à croire que j’en avais honte, de vouloir arrêter. Comme si la volonté d’être en pleine possession de ses moyens était un problème. Je toussai.

-Cael…

J’étouffai le lieu dans une autre quinte de toux parfaitement factice et ridicule. J’avais baissé les yeux vers mes mains, posées sur mes cuisses. Je grattais nerveusement mon vêtement. Ça irritait ma peau en-dessous et j’imaginais la plaque rouge qui s’y étendait.

-Mais officiellement, je ne suis pas une Magicienne. M’empressai-je de rajouter.

Ils n’étaient pas sûrs, ceux qui m’avaient trouvé une famille d’accueil là-bas. Je vivais comme telle, je suivais leur éducation, mais j’étais différente. Margot et Fred tentaient de me rassurer en avançant que l’adolescence était une période complexe, mais je n’y croyais qu’à moitié, alors que j’étais en train de sortir de cette phase. A croire que je n’étais faite pour aucun de ces deux camps. Ça m'assommait rien que d’y penser. Je ne voulais pas y penser. Si je pouvais déjà être moi, c’était très bien.

Je ne posai aucune question à Eutropius en échange de son petit interrogatoire. Le moins j’en savais sur sa vie et par extension, sur la vie des Dogma, mieux je me portais. Il s’installa à côté de moi.

-Merci.

Je pris le précieux flacon de mes deux mains. J’admirais la couleur du liquide, puis m’attardai sur Eutropius. C’était le dernier instant où j’avais encore le choix. Je pouvais renoncer, quitter cette chambre en vitesse et m’enfermer dans la mienne. Si je buvais, je n’aurai plus aucun contrôle et lui se transformerait en marionnettiste. C’était fascinant, ce calme dont il faisait preuve en me donnant quelques bouts de ficelle que je m’empressais, mécaniquement, de nouer à mes poignets et mes chevilles comme si c’était la chose la plus naturelle au monde.

J’inspirai un grand coup et portai la potion à mes lèvres. Je ne pris qu’une gorgée, comme il me l’avait prescrit, mais je m’assurai d’en apprendre une grosse. Quitte à faire une bêtise, je souhaitais être inconsciente et ne me souvenir de rien à mon réveil.

626 mots


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Dorian Lang
Mar 09 Avr 2024, 11:55



Intrusion au château
Ljund, Ni'Obë, Amphytria & Eutropius



TW : Ezidor /sbaf

Caelum. Eutropius compartimenta mentalement l'information. Il ne pensait pas prendre le temps et les efforts de se déplacer jusque là-bas pour aller visiter sa cousine, mais il aimait posséder des informations. À un moment ou à un autre, elles se montraient utiles. « On dirait, pourtant. » commenta-t-il d'un ton qu'il peina à garder neutre. « Si tu continues à vivre parmi eux, c'est ce que tu vas devenir. Tu ne seras pas la première Sorcière à faire ce choix, mais j'aurais préféré que tu restes à Amestris avec nous. Enfin c'est comme ça. Je n'y suis plus très souvent maintenant. Mais je compte bien y revenir une fois que j'aurais mon diplôme. Il y a une université qui a ouvert à Dævaniel, mais je ne crois pas que j'irais l'intégrer. Les universités sorcières me conviendront mieux. » Elles étaient moins regardantes sur la morale et l'éthique, alors qu'il devait sans cesse prendre garde à rester discret dans ses pratiques à Basphel.

Les mains jointes sur ses cuisses, il la regarda avaler une généreuse gorgée de la potion. Ses yeux suivirent le mouvement que fit sa gorge, l'abaissement de ses paupières et la détente presque immédiate de son visage. L'apaisement de sa respiration soulevait à peine sa poitrine. Il garda le silence quelques minutes, parfaitement immobile. Quand il pivota de nouveau vers Amphytria, il poussa doucement sur son épaule jusqu'à la faire basculer sans forces sur le matelas. Sous ses yeux mi-clos, la vie s'était éteinte, anesthésiée jusqu'à ce que l'organisme absorbe et digère la drogue. Il prit son menton entre deux doigts et secoua de droite à gauche, à la recherche d'une quelconque émanation de protestation. Certain qu'elle ne lutterait pas, il savait aussi qu'elle ne se souviendrait de rien, sinon de sensations ou d'images, trop floues pour être compréhensibles. Et de toute façon, le Sorcier n'avait que faire qu'elle sache. Ils n'étaient pas à Basphel, ni cachés dans leurs chambres à Amestris. Aucune autorité n'allait la protéger. Elle était trop facilement à sa merci pour son bien. Il sourit en songeant que c'était à Amestris qu'elle était davantage protégée de ses assauts, car il devait alors s'assurer que leurs familles respectives ne se doutent de rien, ne sachant pas comment son intérêt pour sa cousine serait sanctionné, si sanction il y avait.

Son regard glissa sur le corps d'Amphytria et il sentit le sien réagir. Sa cousine serait toujours associée à l'éveil de sa sexualité et ses doigts se hissèrent là où ses yeux se promenaient. Ils glissèrent sur les vêtements. L'expression d'Eutropius était curieusement vide, comme s'il était un pantin articulé par une force extérieure. Il dissociait toujours dans ces moments. Ses gestes, flegmatiques, étaient lents à manœuvrer sur les boutons et autres lacets. Il n'avait pas voulu s'embarrasser à tout enlever mais changea d'avis en cours de route. À Basphel, il privilégiait l'efficacité et la rapidité, par précaution. Ici, il avait tout le temps que la drogue pouvait lui donnait, et personne pour venir les déranger. Il était aussi curieux de constater les changements opérés sur sa cousine. La puberté les avaient changés tous les deux, il y avait des espaces nouveaux à explorer, des formes qui n'existaient pas auparavant. Son odeur aussi s'était modifiée et il enfonça son visage dans son cou pour s'en enivrer. Ses doigts s'enfoncèrent dans la masse de mèches colorées. Sa propre chaleur corporelle augmentait proportionnellement avec son excitation. Avec Douce, c'était différent. C'était la sensation d'interdit qui le grisait, l'obligation de se dépêcher et de savoir qu'elle n'apprendrait jamais à quoi il s'adonnait quand elle sombrait dans l'inconscience. Là, c'était la nostalgie qui l'animait, le sentiment de renouer avec le passé, de la posséder comme auparavant. Il exhala un soupir quand, après s'être fébrilement défait de l'ouverture de son pantalon devenu trop inconfortable, il la sentit l'envelopper étroitement, ses hanches collées contre ses fesses. Étourdi par la pression autour de son sexe et la friction qui s'opéra dès que son bassin bougea, il réprima un grognement en se sentant venir après seulement deux allées et venues. Lentement, il déplia ses doigts pour libérer sa prise sur la poignée de cheveux qu'il avait aggripé et se retira avec précaution. Sans un regard pour sa cousine, il partit se nettoyer, détestant la sensation moite de transpiration sur son dos et son torse.

Quand Eutropius revint, elle n'avait pas bougé. Il la fixa, verrouillant dans sa mémoire la vision de son corps dans cette position indécemment ouverte. Il haussa les épaules, se rhabilla sans prendre la peine de faire de même pour Amphytria. Il nierait si elle lui posait des questions plus tard. Il ne lui devait pas la vérité, il préférait la laisser côtoyer ses tourments jusqu'à la folie. Avant de quitter la chambre, il déposa simplement à côté d'elle sur le lit un autre flacon.

Message V & fin | 866 mots

*part se laver la bouche pour enlever le goût de vomi*


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Taj
Mer 10 Avr 2024, 22:17

Amphytria
Intrusion au chateau
Madison Beer - Dear Society

TW : Eutropius est passé par là


Il faisait sombre lorsque je me réveillai. Je n’avais pas vraiment dormi, pour tout dire. L’espace entre lequel j’avais bu la fiole et l’instant où je me remis à bouger ne fut pas aussi bref que le black-out d’une bonne nuit de sommeil. J’avais passé toutes ces heures à flotter dans un monde de coton. Les éléments extérieurs s’agitant autour de moi étaient devenu flou, les sons diffus, et je m’étais blottie dans cette bulle de douceur, où tous mes sens étaient atténués. J’avais observé des mouvements autour de moi, mais jamais conscientisé. Je m’en souvenais sans m’en souvenir, un peu comme un rêve qui s’évapore dès qu’on essaie de le saisir.

Je me réveillai donc alors que le jour commençait à décliner. Les effets de la drogue ne s’étaient pas complètement estompés ; c’était le froid qui m’avait redonné un éclat de lucidité. Affalée sur les draps, je commençai par gémir longuement. Je m’étirai mollement et me mis à frissonner de plus belle. Je voulus rabattre la couverture sur laquelle j’étais allongée sans y parvenir. Je peinais à ouvrir les yeux correctement. C’était comme si mes paupières étaient en guimauve. Au terme de nombreux efforts, je ne parvins qu’à me couvrir d’un coin de tissu, ce qui me permit de sombrer à nouveau.

Je n’eus pas la moindre idée du temps qui passait. Quoi qu’il en fût, je me réveillai à nouveau à cause du froid. Je me sentais davantage en possession de mes moyens, aussi je décollai ma tête du matelas pour comprendre ce qui me rendait aussi frileuse. Dans la prénombre, je ne discernai que la pâleur de mes jambes. Je fronçai les sourcils en me redressant sur mes coudes. Un vague vertige me prit. J’étais à peu près en capacité de réfléchir.
J’étais en capacité de me demander pourquoi j’étais nue. Je fouillai ma mémoire à la recherche de mon dernier souvenir, mais sans surprise, je ne le trouvai pas. C’était malgré tout aussi troublant que de devoir trouver une comparaison avec laquelle illustrer un propos – comme là – et que mon esprit se retrouvait soudainement dépouillé d’une quelconque connaissance. Tout ce que j’arrivais à comprendre, c’était que je me sentais sale. J’avais cette moiteur qui me collait à la peau et une sensation désagréable résidait entre mes jambes. Je me pliai en deux pour y regarder de plus près. Je devinai une petite tache sur le tissu sous mes fesses.

-Merde. Grommelai-je.

J’avais mes règles. J’allumai une chandelle avec une maladresse caractéristique pour constater l’ampleur des dégâts.



Je n’avais pas mes règles. C’était une tache transparente. Je restais plusieurs minutes interdite. Mon cerveau tournait au ralenti. Je vins d’abord à la conclusion que je ne m’étais pas fait pipi dessus. Refusant de raisonner davantage, je quittai le lit, mais tressaillis en sentant les effets de la gravité. Par réflexe, je me rassis sur le bord du couchage. Quoi que ce fut, ça coulait. Je repérai mes vêtements gisant sur le sol. Je m’empressai de récupérer mes sous-vêtements, puis enfilai le reste avec plus de calme. En même temps, j’examinai la chambre et me rappelait progressivement les circonstances de ma présence ici.

Je quittai la pièce. J’avais abandonné Ljund plus tôt, mais ce souvenir me paraissait particulièrement lointain. Eutropius aussi était loin. Pour autant, je m’entêtai à le chercher dans le couloir. Tout ce que j’y trouvai, ce fut le majordome qui passait par là.

-Excusez-moi. Articulai-je.

J’avais la bouche pâteuse et je devais me tenir au cadre de la porte pour être droite. Je n’avais pas recoiffé mes cheveux, en revanche j’avais mobilisé toutes mes capacités motrices et cognitives pour mettre mes habits correctement, alors j’espérais qu’ils l’étaient. L’homme me considéra de la tête aux pieds. Je n’arrivais pas à déterminer s’il me jugeait ou si au contraire, il était parfaitement indifférent à mon état.

-Je me suis trompée de chambre.

Il afficha un rictus amusé. Ce n’était pas la première fois que ce genre de déconvenue devait arriver.

-Les couloirs ont le désavantage de se ressembler. Il me désigna élégamment la porte. C’est pour cela que les noms sont affichés ici.

Je suivis la trajectoire de sa main tendue, l’air ahurie. Je découvris la petite plaquette dorée au-dessus de ma tête. “Eutropius Dogma”. La lecture de ce que je savais plus ou moins déjà me fit l’effet d’une dague plantée dans mon estomac. Je lui demandai en bredouillant s’il pouvait me raccompagner jusqu’à ma chambre. Ce fut fait en un instant. Je rassemblai aussitôt quelques affaires dans mes bagages et me dirigeai vers la salle de bain. Je claquai la porte derrière moi et la fermai à double tour. Là, je fis couler de l’eau brûlante dans la baignoire, me déshabillai et m’immergeai jusqu’aux épaules. La température termina d’éveiller mes sens. Des flacons de toutes les couleurs s’alignaient à portée de bras. J’en piochai un pour verser l’intégralité du contenu dans l’eau. Celle-ci se mit à mousser de plus belle. Je me plongeais dans la contemplation des bulles. Ça sentait bon.

J’avais toujours eu une relation étrange avec Eutropius. Je savais que je n’étais qu’une sorte de jouet pour lui. Je n’étais pas une forte tête et il était mon aîné. Cette posture de supériorité s’était naturellement imposée entre nous. Enfants, nous avions fait beaucoup de bêtises ensemble, la plupart motivée par lui. Moi j’avais suivi, soit par défi, soit parce qu’il m’en avait donné l’ordre. Je me souvenais de ces étagères dans la pièce secrète de sa mère. Nous avions goûté plein de substances différentes. Ça s’était souvent terminé bizarrement et je n’en avais jamais parlé à personne. Il m’avait touchée plus d’une fois, il m’avait déjà vue plus ou moins désapée. Cependant, il s’était toujours assuré que j’eus bonne mine après nos expériences. Ce petit théâtre était devenu routinier.

Aujourd’hui, nos retrouvailles avaient été différentes, premièrement parce que cela n’aurait pas dû arriver, ensuite parce qu’il était parti. J’osais à peine toucher mes cuisses. Je craignais d’entrer en contact avec ce qu’il avait fait. Parce que j’imaginais que c’était bien ça qu’il avait fait, et ça n’impliquait pas ses doigts. Il ne m’avait pas rhabillée pour me faire penser à un mauvais rêve. Il m’avait laissée en plan et il m’avait laissée nue. Entièrement nue. Il m’avait traitée comme une vulgaire pute.

Je n’éprouvais pas l’envie de pleurer, ni de hurler. J’étais amorphe. Je fixais la réalité avec un dépit tel que c’était presque comparable à de l’indifférence. J’expirai l’air de mes poumons et laissai mon dos glisser contre la paroi. L’eau monta jusqu’à mon cou, mon menton, puis je fermai les yeux pour couler complètement.

1104 mots


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