Eutropius échangea un regard avec sa cousine, à la table voisine. S'il y avait bien une chose sur laquelle ils tombaient d'accord, c'était que le cours particulier qu'on leur dispensait en complément de leurs classes habituelles s'éternisait fort désagréablement et que le professeur qui avait été choisi, un vieil escogriffe à la peau sèche et ridée comme un parchemin de plusieurs siècles, parlait si lentement que chaque seconde était une torture. Il vacilla d'ailleurs au beau milieu d'une phrase - il avait le don des phrases à rallonge - et porta une main à son coeur. Un marmonnement inintelligible se perdit dans sa barbe et, à l'aide de sa cane, il alla s'affaler sur une chaise face aux adolescents. La pupille vitreuse, il marmonna à nouveau puis son menton s'appuya sur sa poitrine et un ronflement sonore finit par résonner dans la bibliothèque qui leur servait de salle de travail.
Eutropius se leva et alla secouer rudement l'épaule du professeur qui ne broncha pas. « Tu vois. Je te l'avais dit. » Dit-il, triomphal, à Amphytria en pivotant vers elle. « Les somnifères de maman endormiraient un dragon. Elle s'en sert souvent sur papa quand elle est fâchée contre lui ou quand il lui fait peur. » Quand elle n'avait pas envie de coucher avec lui aussi, mais il préféra taire cette partie-là. C'était tabou. « Bon, on a deux heures devant nous environ. Tu veux faire quoi ? T'as déjà vu la réserve ? Y a plein d'animaux morts conservés dans des bocaux. Maman s'en sert pour ses potions. Elle a commencé à m'apprendre quelques trucs. Suis-moi. Et enlève tes souliers, ça fait trop de bruit sur le parquet. » Il fit de même et, en chaussettes, alla doucement entrebâiller la porte. Avançant précautionneusement la tête, il vérifia de chaque côté que le couloir était désert avant de faire signe à sa cousine de le suivre. Plié en deux, il enfila le couloir sur la droite et s'arrêta devant une porte qu'il ouvrit. Il s'empressa de se glisser à l'intérieur et attira Amphytria à l'intérieur. Ils se retrouvèrent dans le noir le temps qu'Eutropius cherche à tâtons la corde qui servait à actionner le plafonnier magique. Une lueur verdâtre jaillit, conférant aux adolescents un teint maladif. « Et voilà ! » Chuchota-t-il, présentant du bras les rangées d'étagères montant jusqu'au plafond, remplies de boîtes et de bocaux, de boites à tiroir et autres curiosités.
Message I | 424 mots
Merci Jil :
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 36 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Ma joue écrasée contre ma paume, je relevai des yeux las, mais curieux, devant moi. La rupture du rythme décadent instauré par notre professeur m’avait interpelée et un instant, j’avais eu peur qu’il se fût suffisamment approché de ma table pour apercevoir la multitude de dessins qui constellait mon cahier. Je fronçai les sourcils en apercevant l’état du vieillard. Était-il en train de mourir ? Son cœur avait-il flanché, après toutes ces années de bons et loyaux services, et malgré les conditions lugubres dans lesquelles il avait évolué ? En tout cas, notre professeur particulier donnait tous les airs que l’on donnait à un mort. Ce fut seulement lorsque ses ronflements répugnants retentirent dans la bibliothèque que je sus qu’il ne l’était pas.
Je considérai mon cousin, mais ne fit aucun commentaire. C’était vrai ; je ne l’avais pas cru lorsqu’il m’avait parlé des drogues de sa mère. Le résultat n’avait pas une once d’importance pour moi. En lançant les paris, j’avais surtout voulu provoquer Eutropius, tout comme lui me provoquait parfois. C’était un jeu auxquels tous ceux qui grandissaient ensemble s’adonnaient.
Je finis pas l’imiter et me lever. Je m’approchai timidement du corps croulant sur sa chaise. J’avais cette même réserve que si je n’avais pas été certaine qu’il fut en vie. Je craignais aussi que notre professeur se réveillât sans crier gare. J’aurais de toute évidence sursauté.
-Ouais, on peut y aller.
Je suivis ses instructions à la lettre, consciente que la moindre erreur serait mal reçue. Je ne connaissais pas très bien les parents d’Eutropius. Ils étaient différents des miens et pour une raison ou pour une autre, ils m’effrayaient. Pour autant, j’admirais sa mère à quelques égards, et notamment pour ses notions d’alchimie et de biologie. Le cœur palpitant, je m’engouffrai à toute allure dans la réserve et attendit que mon cousin eut fermé la porte pour relâcher ma respiration. Alors qu’il allumait la lumière, je m’avançais dans cette drôle de pièce conçue tout en longueur, accueillie par quatre rangées de larges étagères. Un grand rayon rassemblait les bocaux en verres, où des bestioles étranges et des organes que je ne reconnaissais pas, trempaient dans une sorte de liquide jaunâtre. Je fis pivoter un bocal afin de lire l’étiquette. Foetus de lapin. J’émis une moue rebutée. Pour autant, je n’en étais pas moins impressionnée.
-Qu’est-ce que c’est, ça ?
C’était un morceau de chair pâle à côté d’un contenant rempli d’yeux. L’encre sur l’étiquette avait bavé. Je longeai les présentoirs.
-Ta mère est cool. Commentais-je. La mienne n’a pas ce genre de collection.
Non. La mienne préférait aller boire le thé avec ses copines, tandis que mon père se tuait à la tâche dans son travail. Ce n’était rien d’autre qu’une diva insupportable.
-Est-ce que tu voudrais prendre sa suite, après tes études ?
Eutropius avait toujours eu un goût prononcé pour les sciences et j’imaginais bien que s’il m’avait montré le jardin secret de sa mère, c’était notamment parce qu’il le convoitait.
497 mots
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 133 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Jeu 09 Mar 2023, 20:08
Le cours particulier Flash-Back - Amphytria & Eutropius
Eutropius guettait sa cousine. Il voulait l'épater, c'est vrai, mais pas seulement. Ils avaient peu d'occasions d'être ensemble. Ou plutôt, seuls ensemble. À l'école, chacun avait son cercle d'amis, si amis était le bon terme, et en dehors, seuls ce cours particulier et les quelques dîners familiaux les réunissaient, de sorte qu'il ne savait finalement que peu de choses d'elle. Ils étaient du même âge, ils aurait dû être du même âge mais le fait qu'elle soit du sexe opposé le rebutait un peu. Il admirait sa mère, peut-être même lui portait-il quelques sentiments affectueux les rares fois où elle lui portait de l'attention.
Il se rapprocha d'Amphytria pour voir ce qu'elle désignait. L'exiguïté de la réserve forçait une proximité qui l'électrisait. Jamais il n'avait été si proche d'une fille. Parfois, quand il se lavait ou qu'il était dans son lit en quête du sommeil, ses pensées prenaient un tournant inattendu qui le laissaient haletant et honteux. Bien souvent, c'était le visage de sa mère qui se superposait à ce qu'il imaginait être le corps féminin. Il ne l'avait jamais vu. Il ne pouvait que supposer, et les coutumes vestimentaires des Sorcières n'étaient pas destinées à donner des couleurs à l'imaginaire de l'adolescent. « Je sais pas, mais maman emmène les esclaves au sous-sol parfois, et on ne les revoit plus. » Il avait adopté une voix basse pour ajouter du mystère au mensonge élaboré. Il n'avait pas la moindre idée de ce que contenait ce bocal, et les esclaves étaient traités décemment dans la famille, avec le même respect qu'on aurait porté à un meuble d'appoint. D'ailleurs, Eutropius les qualifiait à peine du statut d'être humain. Il ne leur parlait même pas. Ce n'était pas de lui qu'ils prenaient leurs ordres.
« Ne le dis pas trop fort. Ça agacerait mon père. » Il détestait qu'on lui mette sous le nez combien sa femme était plus talentueuse que lui. Simple comptable, mais doté d'un nom assez ancien pour forcer le respect, il faisait pâle figure aux côtés de l'apothicaire. Sa mère lui avait dit un jour que si elle avait été un homme, sa vie aurait été bien différente. Elle aurait connu la gloire, aurait été à la tête d'une fortune qui n'aurait été dû qu'à son propre travail et elle aurait évolué dans les sphères supérieures de la société. Mais l'ombre de son père étouffait son expertise à l'aide d'humiliations en tout genre et elle avait courbé la nuque sous le regard scrutateur d'Eutropius.
« Oui. Elle veut m'envoyer à Basphel. » Loin de son père. « C'est pour ça qu'elle insiste tant à ce que j'ai un dossier parfait avec les meilleures notes. » Son exigence s'intensifiait à chaque nouvelle réprimande de son père. Il voyait d'un mauvais oeil qu'elle consacre tant de temps, d'énergie, et d'argent à son éducation. Cela dit, il voyait toutes ses initiatives d'un mauvais oeil. « J'espère être pris. Les étudiants sont libres là-bas. » Il aurait moins l'impression d'évoluer dans un couloir qui devenait de plus en plus étroit à mesure qu'il avançait, jusqu'à l'étouffer complètement. Rien que cette escapade était si interdite qu'il sentait son coeur se serrer en pensant à la punition qu'il récolterait si on le surprenait. Mais plutôt que la peur, l'adolescent se sentait investi d'un pouvoir nouveau. Il voulait aller plus loin. Sa paume se cala dans le dos d'Amphytria comme pour s'y appuyer pour atteindre une boîte en hauteur. À l'intérieur, une poudre à l'aspect irisé selon l'orientation sous la lumière y reposait. « Regarde. C'est des écailles de Sirène. C'est illégal normalement mais honnêtement, je crois bien que les autorités s'en fichent pas mal qu'on arrache des choses à ces monstruosités. Il est dit qu'elles sont hallucinatoires. Je crois qu'il suffit de faire ça. » Il humecta son doigt dans sa bouche, puis le plongea dans la poudre avant de le fourrer à nouveau dans le fond de sa bouche pour le sucer. Peu après, il y replongea son index et le présenta à sa cousine. « Ouvre la bouche. » Murmura-t-il.
Message II | 741 mots (oops)
Merci Jil :
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 36 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Je supposai que le contenu de la réserve me mettait mal à l'aise. L'ambiance lugubre et austère m'arracha un frisson lorsqu'Eutropius me parla de ses esclaves, puis de son père. J'ignorais ce qu'il se passait dans la maison de mon cousin quand je n'étais pas là, mais je ne voulais pas savoir, au même titre que je ne désirais pas qu'il sût comment je vivais chez moi. Il ne savait pas à quel point les dîners étaient silencieux quand nous n'étions que trois à table. Il ignorait que je m'enfermais souvent dans ma chambre pour pleurer, parce que je me sentais seule. Il ignorait que je n'avais pas vraiment d'amis à l'école et que les cercles que je parvenais à intégrer tant bien que mal me considéraient à peine, si ce n'était pour être la risée.
-Waouh. Tu es prêt à côtoyer des Magiciens et des Sirènes pour ça ?
Je posais la question avec raillerie, mais en réalité, j'étais jalouse. Basphel avait beau être une sorte de monde parallèle cosmopolite et controversé par chez nous, elle n'en restait pas moins l'une des écoles les plus prestigieuses du monde. J'étais consciente que même si j'en avais eu l'envie, je n'aurais jamais eu le niveau requis pour intégrer cette académie. Peu importait les efforts que je fournissais, Ethelba avait choisi que je ne serais jamais rien de plus que très moyenne. Et encore ; à cette époque, mes études et mon avenir n'avaient pas encore pris la forme d'une boule d'angoisse dense et autodestructrice.
-Libre ? Répétai-je. Je ricanai. Mes comportements étaient stéréotypés. En réalité, je le comprenais. Tu vas finir fleuriste à Vervallée, à ce rythme.
Plus je l'enviais, plus j'étais tentée de m'enfoncer dans la mesquinerie. C'était mon seul moyen de défense contre ma propre incapacité. Je tournais toujours le dos à mon cousin lorsque je sentis un poids peser sur mon dos.
-Hé ! Dégage, j'suis pas un tabouret.
Je me redressai vivement et fit volte-face. Eutropius n'avait pas l'air d'avoir pris ma plainte en considération. La boîte qu'il tenait entre ses mains avait toute son attention. Je me penchai vers le contenu et reniflai. Cela me rendit perplexe, car la poudre n'avait pas d'odeur. Je m'étais attendue à ce qu'elle sentît le poisson pourri ou la morue séchée. Je n'avais pour autant pas envie de consommer cette substance. L'idée de manger de la Sirène m'écœurait, d'autant plus les écailles. Il n'y avait rien de pire, après les arêtes, que d'avoir des écailles collées sur la langue après avoir mangé du poisson. Je regardai Eutropius se prêter à l'expérience puis jetai un œil à la porte. Si cette poudre était vraiment hallucinatoire et que sa mère rentrait pendant que nous étions drogués, on était mort, j'en était bien consciente. Seulement, le temps que je me fis cette réflexion, il avait déjà ingurgité sa part et me tendait son doigt. Je reculai ma tête, puis la détournai. Sous son insistance, je le dégageai violemment d'une tape sur le poignet.
-Berk, t'es dégueu ! Ça va pas ou quoi ?
Que croyait-il, ce grand malade ? Que j'allais sucer son doigt ? Déjà que cela tout seul était particulièrement dérangeant, il n'était pas question que sa bave entrât dans ma bouche. Pour rien au monde je ne souhaitais l'embrasser par procuration, ni l'embrasser tout court d'ailleurs. L'air contrariée, j'humectai mon propre doigt et le plongeai allègrement dans la poudre. Je regardai mon cousin droit dans les yeux en le portant à ma bouche. Je continuai de le fixer ensuite, en attendant que les effets se manifestassent. Au bout d'une trentaine de secondes, je capitulai. Il se payait ma tête.
-Pfff. Ça marche pas ton affaire. C'est juste de la farine à pâtisseries.
Ennuyée d'avoir perdu mon temps avec ses mensonges, je me retournai et repris mon exploration à travers les étagères.
641 mots
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 133 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Sam 18 Mar 2023, 20:25
Le cours particulier Flash-Back - Amphytria & Eutropius
Pour Eutropius, le temps s'était suspendu. Son doigt à quelques millimètres des lèvres de sa cousine comme l'aiguille d'une horloge qui rechigne à fonctionner, il sentit un frisson remonter sur son échine quand son souffle titilla la phalange humide. Il ne savait pas trop ce qu'il cherchait à accomplir, la tension surchargeait ses nerfs brouillait toutes les pistes. Il aurait pu soupçonner la poudre céruléenne d'être à l'origine de son trouble mais il savait qu'il fallait un peu de temps avant qu'elle fasse effet.
Sa tape subite le sortit de sa torpeur et l'adolescent sursauta. Une vilaine rougeur s'étala sur ses joues et le long de la colonne de sa gorge, de honte et de colère mêlée. Pour qui se prenait cette femelle ? Qu'ils soient du même sang ne l'autorisait pas à lever la main sur lui, ni à lui parler sur ce ton. Un instant, il se vit plonger la main dans ses cheveux et tirer, tirer si fort qu'elle en crierait, pas longtemps toutefois car il forcerait non pas un, mais plusieurs doigts dans cette bouche insolente. Cette vision ne naissait guère d'un fantasme mais de ce dont il avait parfois pu être témoin. La violence était une des maîtresses préférées de son père, mais il aimait en usait de façon à dégrader sa mère. La violence pour la violence n'était ni suffisante, ni satisfaisante, sa mère était trop fière pour retenir la leçon avec un simple oeil au beurre noir.
Silencieux, Eutropius fixait Amphytria sucer son index. Si la défiance baignait ses prunelles, lui se sentait durcir dans son pantalon sous la force de ce combat visuel qui s'engageait. Il avait chaud, son col toujours trop serré sur sa pomme d'adam le grattait, sa peau comme embrasée de l'intérieur et même après qu'elle lui eut tourné le dos, il resta statufié dans la même position, paralysé par l'envie qui irradiait dans son entrejambe, plus fortement que jamais auparavant. Amphytria en elle-même ne l'attirait pas, qu'elle soit sa cousine n'entrait pas en ligne de compte, elle n'était pas son type, bien qu'il soit encore incapable de définir ce dernier, mais il savait qu'elle ne l'était pas. C'était autre chose, un murmure trop fort dans son esprit qui embrumait tout le reste. Rien n'était prémédité et c'est instinctivement qu'Eutropius se porta en avant avec la sensation d'évoluer dans une mer de coton.
Quand il fut dans son dos, il s'arrêta. Il n'était pas certain de savoir quoi faire et il regarda ses mains, presque surpris de les trouver là. Peut-être que la drogue commençait à faire effet, finalement. « Mmh. Elle est peut-être juste périmée. » Articula-t-il rêveusement, le mensonge s'installant facilement sur sa langue pour embrouiller l'adolescente. « Si tu veux quelque chose qui fonctionne vraiment... » Il tendit le bras sur le côté et se pencha, sa joue frôlant ses cheveux, pour attraper une fiole. « Une recette de ma mère, pour ses épisodes dépressifs. Mon père dit que cette potion serait capable de rendre n'importe quel Sorcier un Magicien si elle est prise trop souvent. » Expliqua-t-il à son oreille. Myrthine n'étiquetait pas ses concoctions, estimant que ne pas savoir de quoi il s'agissait dissuaderait son fils d'en faire usage. C'était sans compter le goût d'Eutropius pour les défis. En secret, il avait testé les différentes potions sur leurs esclaves et mémorisé l'apparence, l'emplacement et les effets de chaque flacon. Ses doigts se refermèrent sur le flacon qu'il ramena contre lui. « Tu veux essayer ? » Il attendit qu'elle lui fit face et étudia ses traits, la façon dont ses pupilles s'étaient dilatées pour avaler la teinte de ses iris. Lui-même se sentait plus léger que tout à l'heure, comme si plus rien n'avait d'importance. Il fit sauter le bouchon de liège avec son ongle.
Message III | 679 mots
Merci Jil :
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 36 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Je clignai plusieurs fois des yeux pour chasser le voile opaque qui essayait de troubler ma vue. Malgré la lumière, la pièce était sombre et il était parfois difficile de distinguer les flacons et les objets en tout genre, que la mère d'Eutropius entreposait précieusement ici. Les étiquettes étaient rares. Je les cherchais souvent, et étais aussi frustrée qu'interloquée par cette curieuse manière d’entreposer. A l'école, en cours de potions, nous avions toujours appris qu'il était primordial de bien étiqueter ses ingrédients. Déjà à notre âge, nous étions tous capables d'énumérer bon nombre d'anecdotes sordides que nos professeurs nous avaient relatés, entre l'homme défiguré par une projection d'acide, qu'il avait confondu avec un simple vinaigre, celui qui avait perdu toutes ses dents en consommant un élixir de jeunesse, et celui qui était mort sur le coup confondant de la mort-aux-rats avec ses compléments alimentaires. Pour une raison ou pour une autre, les victimes de ces accidents étaient souvent des hommes. A croire que ceux-ci étaient plus stupides qu'ils ne voulaient le laisser croire. Cela expliquait peut-être également pourquoi ma tante ne prenait pas de précautions : elle était suffisamment maline pour ne pas être prise à son propre jeu. Je frottai mes yeux, puis me retournai un peu trop vivement alors que je réalisais qu'Eutropius m'avait rejoint. Je vacillai et fronçai les sourcils en me faisant la réflexion que le garçon était drôlement proche de moi. Cela me mettait mal à l'aise, mais je ne dis rien. Après tout, il n'y avait rien à dire. Eutropius était juste gênant, c'était dans sa nature et je supposai ne rien pouvoir y faire.
Je considérai la fiole qu'il avait dégoté avec plus de méfiance que la précédente substance. S'il m'avait paru cohérent que la dernière eût été de la poudre d’écailles de Sirène, je me demandais comment il pouvait être aussi sûr des effets de ce produit-là.
-Tu fouines souvent ici en cachette, pas vrai ?
Je comprenais. Mon sérieux laissa progressivement place à un rire narquois.
-Ah ouais, t'as tout testé, je vois. Dis-je avec enthousiasme, malgré ma bouche un peu pâteuse.
Je ricanai encore. C'était mou et trainant, mais je ne me rendais pas vraiment compte que mes sens avaient été molletonné dans une épaisse couche de mousse. J'étais bien et je tenais sur mes jambes, et c'était le principal. Le reste devait être dû à la fatigue. Je dormais peu après tout. Je tournai soudain la tête, persuadée d'avoir perçu un mouvement à côté de nous. Un rat, peut-être. Je revins à Eutropius.
-Ouais, j'veux bien. Je me saisis de la fiole et lui lançai une œillade. J'espère que c'est pas périmé cette fois.
Sans une once d'hésitation, je bus une gorgée, sans trop me préoccuper de la quantité. Quand je lui rendis la drogue, je grimaçais. Ça n'avait pas bon goût. J'avalai plusieurs fois pour me débarrasser de l'amertume, puis repris mon exploration sans un mot. J'étais encore sceptique des effets que le produit aurait sur moi. Je commençais à penser qu'Eutropius me faisait marcher et que c'était encore un truc rance, mais je me sentais trop légère pour être fâchée contre lui.
Après quelques minutes, je pris une inspiration. Je sentais le liquide bouillir dans mon estomac, mais je voulais faire bonne figure. Il n'était pas question que je vomisse ici et je ne voulais pas donner le plaisir d’une victoire à mon cousin. Il m'avait fait consommer ces trucs moisis et j'avais été naïve. Je sentis mon corps tanguer.
-Wow, attention !
De peur de faire basculer les vieilles étagères, je préférai prendre appui sur l'épaule de mon cousin. Je me mis à rire et je ne sus pas trop pourquoi.
-J'ai trébuché. Mentis-je. Ma tête tournait. Aide-moi à me relever.
J'inspirai encore, expirai. Mon cœur battait fort et je devenais moite parce que j'avais trop chaud. Je m'accrochais, aussi fort que mon estomac, à la manche d'Eutropius. J'étais penchée en avant, le visage face au sol. Mes cheveux encadraient mon champ de vision et ne le résumaient qu'à une portion de carrelage sombre. Ma propre situation me faisait rire.
-C'est sale par terre. Dis-je d’une voix aiguë.
J’avais envie de dire tout ce qui me passait par la tête, car j’étais persuadée que c’était très drôle. Je considérai alors la possibilité qu’Eutropius ne s’était pas foutu de moi.
723 mots
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 133 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Ven 24 Mar 2023, 09:02
Le cours particulier Flash-Back - Amphytria & Eutropius
Eutropius haussa les épaules en guise de réponse et récupéra le filtre sans faire mine d'en boire également. Ce qu'il avait pris plus tôt était largement suffisant. À l'inverse de sa cousine, il n'était pas friand de lâcher prise avec des substances. Il préférait garder la tête froide, plus ou moins. Une chaleur inhabituelle s'était réfugiée dans son cou et il desserra légèrement son col. Il savait ne pas être allergique à la poudre pour l'avoir déjà consommée auparavant, mais certains des effets étaient désagréables, comme ces plaques qui finissaient par le démanger.
Son attention revint sur Amphytria qui étudiait le contenu des étagères. Elle paraissait instable sur ses pieds et il revint près d'elle pour la rattraper et éviter qu'elle ne détruise les réserves de Myrthine accidentellement. « Ça va ? » Il allait prendre son bras quand elle vacilla et se raccrocha d'elle-même à lui. Il retint son souffle, impassible face à son hilarité subite.
« Il vaut mieux que tu t'assoies dans ton état. » La contredit-il plutôt, mettant lui-même un genou à terre, la guidant pour qu'elle suive son conseil. « Un peu, oui. Les domestiques ne viennent pas nettoyer ici, Mère le leur interdit et je ne crois pas qu'ils désirent s'en approcher de toute façon. »
Il la considéra un instant, songeur. Son coeur martelait jusque dans ses tempes et il avait la bouche sèche. Il ferma les yeux mais ce fut pire quand des tâches vives y éclatèrent comme des explosions visuelles contre sa rétine. Pris d'un frisson de malaise, il rouvrit les yeux pour les verrouiller sur ceux d'Amphytria. Ses muscles faciaux semblaient s'être ramollis suite aux effets du filtre et ses prunelles luisaient fiévreusement et il se demanda si le filtre couplé à la poudre n'était pas un mélange trop fort pour l'adolescente.
« Tu n'as qu'à relever ta robe si tu ne veux pas la salir. » Suggéra-t-il ensuite d'un ton léger. « Ça évitera les questions après. Je vais t'aider, tu n'as pas l'air bien. » Sa voix sonnait comme un croassement d'être en apnée depuis tout à l'heure. Ses poumons fonctionnaient avec difficulté et ses gestes étaient fébriles quand il prit l'ourlet du tissu pour le remonter sur ses hanches. Son front était presque contre celui de sa cousine mais il évita son regard, fasciné par l'apparition des jambes sous lui.
Depuis qu'ils avaient pénétré dans la réserve, il se sentait osciller au sommet d'une montagne, son audace venait de le pousser brutalement sur une pente glissante, sur le point de non retour, où rien ne pouvait plus arrêter sa course. Ses mains frôlèrent le haut des cuisses d'Amphytria et toute la chaleur dans son cou et le haut de son torse descendit d'un seul coup dans son bas-ventre. Cette fois, il la regarda et dans un silence assourdissant, il raffermit sa prise sur ses cuisses, puis glissa ses doigts à l'intérieur pour les écarter et avancer entre elles.
Message IV | 519 mots
Merci Jil :
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 36 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
-Je vais bien. Affirmai-je avec ce que je pensais être de l’aplomb.
Je n’avais jamais autant menti. La nausée ne quittait pas mes tripes et j’étais de plus en plus flasque. Mes muscles se détendaient malgré moi tandis que mon cerveau continuait de pousser vers l’hilarité malgré l’inquiétude qui me gagnait de plus en plus. Mon corps était un ensemble de réactions contradictoires qui me maintenaient prisonnières.
Je me tenais fermement à Eutropius, ou du moins du mieux que je pouvais. Je n’avais pas envie de finir par terre, mais n’arrivais pas à lutter contre sa décision. Je me retrouvai les fesses sur le sol froid et poisseux. Le contact tordit davantage mon estomac. Je gardais ma mâchoire serrées, puisqu’il semblait que la seule partie de mon corps sur laquelle j’avais encore une emprise raisonnable était ma tête. Cette même tête qui roulait sur mon épaule alors que mon cousin relevait ma jupe. Je poussai un gémissement las. Je n’aimais pas ce qu’il faisait car je savais que je me retrouvai dans une position vulgaire, mais Eutropius était en meilleure condition que moi pour savoir ce qui était bon pour moi.
-Merci… C’est gentil…
Un rire rauque retentit tout au fond de ma gorge. Je fermai les yeux, avalai quelques goulées d’air, mais il n’y avait rien à faire. J’étais vouée à subir mon état comme une torture tant que je ne me serais pas vidée.
-Qu’est-ce que tu fais ? J’avais une petite voix. Je me sentais un peu comme une enfant et il s’occupait de moi.
Ses mains sur mes jambes m’avaient interpelées. Je fronçai les sourcils avec difficulté, observant leur avancée. Mes cuisses cédaient sans qu’il n’eût besoin d’insister et je le vis s’approcher dangereusement des interdits.
-Eutropius… J’éclatai d’un rire nerveux. Qu’est-ce que tu fais ? Arrête…
Ce n’était pas drôle du tout. Je ne comprenais pas ce qu’il faisait, ce qui pouvait paraître particulièrement stupide de ma part. Je savais ce qu’était un viol. Ma mère m’en avait déjà parlé, mais elle m’avait aussi dit que les violeurs étaient des vieux hommes frustrés de basse condition, le genre d’énergumène que l’on croisait dans les rues sombres le soir. Or, Eutropius n’était pas de ces êtres-là. Au contraire, c’était un garçon d’à peu près mon âge, brillant qui plus était. Il n’avait aucune raison de s’en prendre à moi. En outre, le fait que les membres à l’œuvre ne furent que ses doigts me rendait d’autant plus confuse. Qu’essayait-il de faire ? Était-ce une pratique normale pour les hommes et dont je n’avais pas connaissance ? Mon cerveau cherchait par tous les moyens une explication qui m’éloignerait de la vérité. Mais il n’en trouvait pas. Le comportement d’Eutropius était incompréhensible. Quand je m’extirpai de la mer de mes interrogations, ma culotte était à mes chevilles.
-Non, arrête. Fis-je mollement alors qu’il commençait à explorer mon intimité, un sourire flottant sur mon visage.
Je voulus activer mon bras pour le repousser mais constatai que je n’y parvenais plus. Quand je relevai les yeux vers lui, son visage était tout près du mien et il était entre mes jambes. Cela m’ahurit trop pour que j’osa dire quoi que ce fût. Je n’arrivais plus. J’étais un pantin désarticulé, mais j’étais consciente. Je le voyais faire. Je le sentais s’amuser avec moi et je ne pouvais qu’être spectatrice. J’eus une pensée furtive : celle que c’était dans cet état pitoyable que je perdais ma virginité, et cela me fit rire encore. Quand je réussis à me calmer, je grommelai :
-Je vais vomir.
J’eus le curieux réflexe de me pencher sur la gauche pour régurgiter. Cela ne m’empêcha pas de m’en mettre dessus.
-Arrête, Eutropius…
Ma gorge me brûlait. Mes yeux étaient pleins de larmes. Mais au lieu de pleurer, je riais.
632 mots
Dorian Lang ~ Vampire ~ Niveau II ~ ◈ Parchemins usagés : 133 ◈ YinYanisé(e) le : 22/08/2022◈ Activité : Chômeur grincheux
Jeu 27 Avr 2023, 12:03
Le cours particulier Flash-Back - Amphytria & Eutropius
Les terminaisons nerveuses en ébullition, les doigts d'Eutropius s'engourdissaient à mesure que la réalisation de son geste s'imprimait dans son esprit. La question d'Amphytria ne fit qu'en souligner la tangibilité. Il releva un instant les yeux pour la regarder en biais. La teinte vitreuse de ses prunelles le rassura. « Laisse-toi faire. C'est pour s'amuser. » Dit-il sans l'ombre d'un sourire. Il n'y avait rien de drôle à lui retirer la dernière barrière le séparant de son intimité, pas plus qu'à en étudier les reliefs, sans douceur ni violence, avec une curiosité pure de ce que le garçon n'avait jamais vu avant.
Le souffle bloqué, une chaleur nouvelle déroulait ses tentacules dans son ventre et sur sa nuque. Ses pupilles dilatées par les drogues avalèrent l'iris alors qu'elle luttait vainement pour se soustraire à lui. Sa faiblesse envoya une décharge dans son entrejambe déjà durcie. Une exhalation essoufflée lui échappa quand il vit l'un de ses doigts disparaître dans les aspérités. La moiteur soudaine contre sa cuisse le fit grimacer d'inconfort et de honte à s'être abandonné ainsi en plein jour.
L'alerte de la fille le fit reculer instinctivement mais c'est sur le côté qu'elle mit sa menace à exécution. Une odeur âcre envahit le réduit, piquant ses narines. Il plissa les yeux de dégoût et commença à remonter sa culotte. « Arrêter quoi ? Il ne s'est rien passé. » Avec une feinte sollicitude et en tâchant d'éviter les zones souillées, Eutropius releva sa cousine sur ses pieds. Il se sentait différent mais préférait attendre d'être seul pour analyser ce qu'il s'était passé et ce qu'il en retirait. Il était trop tôt pour mettre des mots sur le sentiment qui dominait en lui. Ses doigts coupables le démangeaient et il évitait de les regarder, craignant que le remords l'assaille.
« Tu as dû mal réagir à un produit. Je vais te conduire à la salle de bains te nettoyer. » Il la lâcha et entrouvrit la porte doucement et vérifia l'absence d'une tierce personne. Dans la maison silencieuse, il entendait son coeur battre sourdement à ses oreilles. Lui ne s'était pas encore apaisé de son méfait et, exalté, martelait son torse à grands coups. Il se retourna et prit Amphytria par l'épaule. « Viens. »
Quelques mètres plus loin, il les fit pénétrer dans la salle de bain sobrement meublée. Une baignoire trônait sur des ergots métalliques aggripant le parquet sombre. Il la fit asseoir sur le rebord et partit humidifier une serviette avant de la lui tendre. « Essuie-toi pendant que je vais nettoyer la réserve. »
Le Sorcier revint sur ses pas, muni d'une autre serviette humide. Les régurgitations de sa cousine infectaient l'air et il la maudit. Sans fenêtre, comment allait-il masquer l'odeur ? Il commença par nettoyer le sol soigneusement pour masquer toute trace puis, pris d'une idée subite, renversa au sol un bocal. Il se fracassa en morceaux de verres et une matière visqueuse se répandit dans l'étroite pièce. Une odeur d'oeufs pourris à peine soutenable submergea la précédente. Espérant que la faute serait rabattue sur l'un des esclaves, il éteignit la lumière et rejoignit Amphytria.
Message V | 552 mots
Merci Jil :
Taj ~ Humain ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 36 ◈ YinYanisé(e) le : 30/01/2023
Je n'entendais plus vraiment Eutropius. Je ne comprenais plus tout à fait ce qu'il se passait, ni pourquoi. J'avais juste cette sensation désagréable entre les jambes, la mémoire de ses doigts là où il n'aurait jamais dû les mettre. Plus que jamais, je me sentais sale. Je m'étais mise à transpirer à grosses gouttes, prise de fièvre, alors qu'il ne me semblait pas faire si chaud et que je ne pensais pas avoir attrapé froid. Je m'éloignai soudain de la gravité, puis réalisai, chancelante, qu'on m'avait remise sur mes pieds. Je regardai mes jambes, qui me paraissaient aussi maigres que faibles. Ma jupe était mal mise, froissée. J'aurais voulu la remettre en place, lisser les plis irréguliers. Eutropius était devenu un élément du décor. Je le voyais encore nettement, mais ce qu'il disait ressemblait à de la pâte molle, flasque et légèrement élastique. Je le trouvais très calme et m'en étonnait, mais cela avait le mérite de me rassurer aussi.
Je gardais des souvenirs flous de la suite des événements. Le chemin jusqu'à la salle de bain, par exemple, n'était qu'un trou noir marqué par la nette impression d’être sur le point de mourir. Lorsque je retrouvai mes sens, j'étais installée sur le bord de la baignoire, une serviette trempée échouée entre mes mains. A l'autre bout de la pièce – cela m'était parvenu comme s'il s'agissait de kilomètres – mon cousin quittait la salle en refermant la porte derrière lui. Le claquement fit taire un court instant le fil incessant de mes pensées délirantes. Je restai immobile à fixer le carrelage. L'envie de rire m'avait quittée ; j'étais épuisée. Je me sentais aussi faible que si je venais de faire une crise d'angoisse, sauf que ce n'étais pas le cas. Physiquement, j'étais parfaitement calme. Soudain, je tombai à la renverse dans la baignoire. Je dus me cogner la tête à ce moment-là, parce qu'une fois sobre, j'avais été immédiatement prise par une douleur à la nuque. Je ne sentis rien sur le moment. J'étais déjà la douleur, tout mon être suintait de maux indéfinissables, comme s’il s’agissait d’un bouillonnement épais et interne que j'avais besoin de vomir par tous mes pores et tous mes orifices. Je me recroquevillai au fond de la vasque, emmenant la serviette lourde avec moi. Je ne trouvais rien de mieux que de m'en faire une couverture et je me mis quelques minutes plus tard à grelotter. J'attendais dans cette position, les yeux fermés, persuadée que je finirai bien par m'endormir. Je n'y parvins pas, puisque le temps passa comme des heures jusqu'au moment où Eutropius réapparut.
-Hm...
Je voulais qu'il m'aidât d'une manière ou d'une autre, qu'il fit disparaitre mon mal. Il me faisait un peu peur maintenant, mais il était aussi la seule personne dans le secret et capable de m'aider, le seul rocher grâce auquel je pouvais m’accrocher à la conscience et la vie.
-La couverture est mouillée, je lui dis, j'ai froid.
L'euphorie d'un peu plus tôt me manquait. Elle revenait par vague de moins en moins fréquentes et de moins en moins intenses. J'aurais préféré être joyeuse plutôt que de me croire à la clinique des Magiciens. Même si cela semblait être la seule solution concrète à mon problème, je ne voulais pas mourir.
-C'était une mauvaise idée. Continuai-je mollement.
Un hoquètement joyeux suivit ma phrase. Nous n'aurions jamais dû rentrer dans cette pièce étrange et je n'aurais jamais dû boire cette fiole inconnue. J'avais été trop téméraire et comme à chaque fois, cela m'avait perdue.
-Tu ne diras rien à ma mère, hein ? Si elle demande, tu lui diras que j'ai attrapé un rhume.
Je pouffai de ma bêtise, ce qui me donna envie de vomir à nouveau. Est-ce qu'elle y croirait ? Non. Mais sérieusement, je n'étais pas en état de réfléchir à tout ça. J'avais juste besoin de lui si je ne voulais pas que ma vie avec mes parents ne devînt un véritable enfer.