« Tu sais ce que te veux lui offrir pour le Secret Essë’Aellun ? » « Non, j’ai pas encore trouvé d’idées… Tu sais ce que tu vas prendre pour Titouan, toi ? » Claer s’approcha lentement. Elle avait les yeux rivés sur le plateau qu’elle tenait, se concentrant pour ne pas renverser les boissons fumantes qui reposaient dessus. « Oui, j’ai enfin trouvé une idée ! J’ai hésité longtemps, entre quelque chose de sérieux ou non. J’ai failli lui prendre un bouclier en sauge, pour plus qu’il se fasse embêter par Susannah. Mais je me suis dit qu’il le prendrait peut-être un peu mal alors j’ai préféré opter quelque chose de plus ordinaire. » « Oui, je ne suis pas certaine qu’il aurait apprécié la plaisanterie. » Claer posa délicatement la première tasse devant l’une des filles. Elle se retint de dévoiler le fond de sa pensée. Oui, il ne l’aurait peut-être pas apprécié, mais il en aurait peut-être eu besoin malgré tout. Qui savait quand est ce que cette furie trouverait un nouveau prétexte pour attaquer le Lyrienn sans raison ? « Oui voilà, du coup je me suis rabattue sur des billets pour un match de Puffball. Ca au moins, c’est une valeur sûre. » « Quoi, mais ça a dû te coûter tellement cher ! » « Oui mais en réalité, j’espère qu’il m’invitera avec la deuxième place offerte. » « Quoi, mais pourquoi, tu veux sortir avec lui ? » « Après tout ce qui lui est arrivé avec Susannah, les autres ont plutôt tendance à le fuir comme la peste. » « Oui mais justement : j’espère qu’il pourra m’en dire un peu plus sur Susannah. Parce que soyons claires : il est plus abordable que Johannes. Donc si je me rapproche de lui, je pourrai lui demander un interview pour le journal de l’école. Et bien sûr si je le fais, je proposerai aussi à son ex-copine de donner sa version des faits et… voilà le scoop : TOUTE LA VERITE SUR LA RELATION DE SUSANNAH ET TITOUAN. » exposa fièrement la commère. Claer déposa la troisième et dernière tasse devant la cliente. Aucune de ces filles n’avaient prêté attention à elle, ce qui lui allait très bien. « Et du coup, vous allez voir quel match ? » « Celui des Bizons contre les Cornus ! C’est eux qu’on soutiendra bien sûr ! » La fille de l’Etain avait déjà commencé à faire demi-tour puis se ravisa. Elle avait évidement décidé de mettre son ami en garde contre cette sournoise. Cependant, elle ne voulait pas qu’il soit déçu par son cadeau. Alors elle se retourna et alla se planter face à la tablée qu’elle venait de servir. « Titouan n’aime pas les Cornus, depuis qu’ils ont gagnés contre les Flotteurs Montagnards. C’est son club préféré. A ta place, je changerai de tickets, si tu veux l’amadouer. » conseilla-t-elle. Son commentaire lui attira des regards foudroyants. Cela ne sembla pas la déstabiliser outre mesure. Elle haussa les épaules, comme pour signifier qu’il ne s’agissait que de la vérité.
« Dites, est ce que vous sauriez ce qui pourrait plaire à Phèdre et Iphigénie Borgia ? » demanda la blonde à brûle-pourpoint. Maintenant qu’elle avait donné une astuce, elle s’attendait à recevoir quelque chose en échange. A la place, on lui répondit par un ricanement. « Quoi, c’est toi qui es tombée sur elle ? » « Pff, les pauvres. » « Si ça peut t’aider, elles sont pas attirées par les animaux. » « Sauf les serpents. J’ai entendu dire que Phiphi les adorait depuis la soirée pyjama. »
Claer observa les deux boites qu’elle avait entre les mains. Puis elle releva la tête devant la fillette qui se tenait face à elle. Mince. Elle n’avait aucune idée de laquelle des jumelles il s’agissait. Elles se ressemblaient toutes les deux beaucoup trop. Ou bien elle n'avait simplement jamais fait attention à leurs traits distinctifs. « Tu es Phèdre, c’est ça ? » questionna-t-elle. Un bruit de plateau lui indiqua la présence soudaine de sa sœur, qui lui fit remarquer qu’elle s’était trompée. « Ah. Dans ce cas, ça c’est pour toi. » fit-elle en tendant le premier paquet. Puis elle se retourna vers la Borgia qu’elle avait initialement abordée. « Et donc le tien, c’est celui-ci. Voilà. Joyeux Essë'Aellun. » Une fois qu’elle eu donné ses présents, elle s’en alla sans attendre de voir si ses cadeaux plaisaient. Elle sourit à Maëlstorm et commença à signer. « Oui, je pense que c’est un cadeau original ! Je suis sûr qu’elles aimeront. » fit-elle en parlant à l’aide de ses mains.
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Spoiler:
Pour Iphigénie : - La marionnette serpent : Une marionnette faite à partir d'une chaussette trouée. Elle représente un serpent, et a des crochets et une langue qui ont été trempés dans une potion. Lorsqu'ils entrent en contact avec la peau de quelqu'un, celui-ci a l'impression d'être poursuivi par des serpents essayant de lui monter dessus pour l'étrangler. Il ne s'agit que d'une illusion.
Pour Phèdre : - La marionnette corbeau: Une marionnette faite à partir d'une chaussette trouée. Elle représente un corbeau, et a un bec crochu et des serres qui ont été trempés dans une potion. Lorsqu'ils entrent en contact avec la peau de quelqu'un, celui-ci a l'impression d'être poursuivi par des corbeaux lui volant autour de la tête pour essayer de lui crever les yeux. Il ne s'agit que d'une illusion.
Phèdre et Iphigénie ~ Sorcier ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 48 ◈ YinYanisé(e) le : 12/03/2023
« C’est moi Phèdre. » Iphigénie fit un pas en arrière et pencha sa tête derrière le buste de sa sœur – la vraie Phèdre – pour jeter un coup d’œil à la fille qui les abordait. C’était Claer. La Lyrienne de l’Air avait toujours des tenues vestimentaires dont l’originalité se vautrait dans le mauvais goût. Elle vouait un culte aux animaux, créatures et autres bestioles aux apparences douteuses. La petite Sorcière posa son plateau sur la table et regarda les paquets que la blonde tenait entre ses mains. Ses prunelles pétillèrent, à l’instar de celles de sa jumelle. « Merci beaucoup. » remercièrent-elles poliment. Chacune prit son cadeau et l’inspecta avec curiosité. L’espoir qu’il ne s’agît pas d’une bête poilue et baveuse naquit aussitôt dans leurs cœurs de Sorcières accomplies. « Joyeux Ësse’Aellun à toi aussi. » Quand Claer fut partie avec son ami, elles échangèrent un regard et pouffèrent. « J’espère que son cadeau est bien. » souffla l’une dans le creux de l’oreille de l’autre, les mains refermées autour. « Sinon… » Elles se remirent à glousser en chœur. Phèdre attrapa la main de sa sœur et, laissant là leurs plateaux, elles filèrent en direction de leur cachette secrète : le sommet de l’une des nombreuses tours de l’école, où seuls les pigeons semblaient avoir fait leur nid.
Les deux sœurs passaient le plus clair de leur temps hors de leur chambre. Muscarine y répandait une puanteur absolument abominable. Elles avaient écrit à leurs parents afin de leur demander de faire en sorte de l’expulser de leur dortoir. Cependant, pour le moment, leur requête était demeurée lettre morte. Le personnel de l’école nettoyait souvent, mais, de toute manière et à leur humble avis, la simple présence de cette pustule crasseuse rendait les lieux inhabitables. Depuis leur perchoir, elles pouvaient observer les allées et venues des élèves dans les jardins et au-delà sans être vues, ce qu’elles faisaient régulièrement. Cette fois-là, cependant, elles étaient toutes les deux concentrées sur les paquets que leurs doigts s’attelaient à déballer. « Une chaussette ?! » Outrées, les Sorcières se regardèrent. Leurs sourcils se froncèrent et leurs visages poupons se contractèrent au point de les faire ressembler à deux petites gargouilles en colère. « Elle va le payer. » Phèdre acquiesça aux propos de sa sœur. Aussitôt, leurs esprits machiavéliques échafaudèrent un plan plus perfide encore. Elles tentèrent de le rendre d’autant plus affreux après que l’une et l’autre eussent goûté à la malédiction des vieilles chaussettes de Claer et descendu les escaliers en hurlant, persuadées d’être pourchassée l’une par des serpents, l’autre par des corbeaux.
« Claeeeeeer ! » Les jumelles venaient d’entrer dans le café où travaillait l’adolescente. Dès qu’elles la virent, elles coururent vers elle. Iphigénie portait un paquet d’une dizaine de centimètres de haut et d’une vingtaine de longueur, sur environ quinze de large. Un ruban noir satiné était noué autour du papier cadeau bordeaux. « C’est pour toi. Joyeux Ësse’Aellun. » - « Oui, joyeux Ësse’Aellun. » Elles lui sourirent. Iphigénie lui tendit le cadeau. Celui-ci émettait de petits vrombissements ; sous ses doigts, le paquet tremblotait légèrement. « Nous espérons que ça te plaira. Tu verras, il est adorable. » - « Oui. Pour le moment, il dort. Il devrait se réveiller d’ici quelques heures, quand tu auras terminé ton service. Le monsieur de l’animalerie nous a dit que, pour son premier réveil hors de chez lui, c’était mieux qu’il soit dans un endroit calme et avec une seule personne, pour ne pas le stresser. » Phèdre sortit un sachet de sa poche et le déposa sur le dessus de la boîte. « Et ça, c’est ce qu’il mange. » Les jumelles Borgia sourirent à nouveau à la jeune Lyrienne. « Tu nous diras ce que tu en as pensé. » Elles la saluèrent puis tournèrent les talons, les épaules tendues. Il était extrêmement difficile de demeurer de marbre face à la perspective des retombées de leur petite mesquinerie. Claer ne serait pas déçue : le Voertäz était un animal « mignon », attendrissant en raison de son côté pataud et de sa démarche cahoteuse. Sa peau légèrement huileuse, verte ou violette selon qu’il s’agissait d’un individu mâle ou femelle, se révélait redoutable pour glisser entre les pattes de ses ennemis. Cependant, sa caractéristique la plus remarquable résidait dans son régime alimentaire. Le Voertäz ne se nourrissait que de maladies : infectieuses, chroniques, auto-immunes ou autres, il trouvait son bonheur là où le mal résidait, quels que fussent son type et son origine. Parfois utilisé pour soulager les malades, le petit monstre n’était cependant pas capable de les guérir totalement. Sa taille réduite ne lui permettait d’absorber qu’une maigre quantité de la maladie. Cependant, grâce à son système digestif aux propriétés multiplicatrices, il possédait la particularité de faire proliférer le mal absorbé : s’il ingérait un ersatz de grippe, il fallait s’attendre à ce qu’une partie des personnes entrant en contact avec lui – sa peau, sa bave, son urine ou ses déjections – ressentent des symptômes quelques jours plus tard. Le Voertäz offert à Claer était chargé d’une bonne gastro-entérite. Si bien que quand elles passèrent la porte de l’enseigne, les jumelles laissèrent libre cours à leur hilarité : des larmes leur montèrent aux yeux en imaginant la Lyrienne pliée en deux sur ses toilettes pour rendre son estomac ou ses intestins.
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Le Voertäz est un animal attendrissant en raison de son côté pataud et de sa démarche cahoteuse. Sa peau légèrement huileuse, verte ou violette selon qu’il s’agit d’un individu mâle ou femelle, se révèle redoutable pour glisser entre les pattes de ses ennemis. Cependant, sa caractéristique la plus remarquable réside dans son régime alimentaire. Le Voertäz ne se nourrit que de maladies : infectieuses, chroniques, auto-immunes ou autres, il trouve son bonheur là où le mal réside, quels que soient son type et son origine. Parfois utilisé pour soulager les malades, le petit monstre n’est cependant pas capable de les guérir totalement. Sa taille réduite ne lui permet d’absorber qu’une maigre quantité de la maladie. Cependant, grâce à son système digestif aux propriétés multiplicatrices, il possède la particularité de faire proliférer le mal absorbé : s’il ingère un ersatz de grippe, il faut s’attendre à ce qu’une partie des personnes entrant en contact avec lui – par sa peau, sa bave, son urine ou ses déjections – ressentent des symptômes quelques jours plus tard.
« Tu sais ce que te veux lui offrir pour le Secret Essë’Aellun ? » « Non, j’ai pas encore trouvé d’idées… Tu sais ce que tu vas prendre pour Titouan, toi ? » Claer s’approcha lentement. Elle avait les yeux rivés sur le plateau qu’elle tenait, se concentrant pour ne pas renverser les boissons fumantes qui reposaient dessus. « Oui, j’ai enfin trouvé une idée ! J’ai hésité longtemps, entre quelque chose de sérieux ou non. J’ai failli lui prendre un bouclier en sauge, pour plus qu’il se fasse embêter par Susannah. Mais je me suis dit qu’il le prendrait peut-être un peu mal alors j’ai préféré opter quelque chose de plus ordinaire. » « Oui, je ne suis pas certaine qu’il aurait apprécié la plaisanterie. » Claer posa délicatement la première tasse devant l’une des filles. Elle se retint de dévoiler le fond de sa pensée. Oui, il ne l’aurait peut-être pas apprécié, mais il en aurait peut-être eu besoin malgré tout. Qui savait quand est ce que cette furie trouverait un nouveau prétexte pour attaquer le Lyrienn sans raison ? « Oui voilà, du coup je me suis rabattue sur des billets pour un match de Puffball. Ca au moins, c’est une valeur sûre. » « Quoi, mais ça a dû te coûter tellement cher ! » « Oui mais en réalité, j’espère qu’il m’invitera avec la deuxième place offerte. » « Quoi, mais pourquoi, tu veux sortir avec lui ? » « Après tout ce qui lui est arrivé avec Susannah, les autres ont plutôt tendance à le fuir comme la peste. » « Oui mais justement : j’espère qu’il pourra m’en dire un peu plus sur Susannah. Parce que soyons claires : il est plus abordable que Johannes. Donc si je me rapproche de lui, je pourrai lui demander un interview pour le journal de l’école. Et bien sûr si je le fais, je proposerai aussi à son ex-copine de donner sa version des faits et… voilà le scoop : TOUTE LA VERITE SUR LA RELATION DE SUSANNAH ET TITOUAN. » exposa fièrement la commère. Claer déposa la troisième et dernière tasse devant la cliente. Aucune de ces filles n’avaient prêté attention à elle, ce qui lui allait très bien. « Et du coup, vous allez voir quel match ? » « Celui des Bizons contre les Cornus ! C’est eux qu’on soutiendra bien sûr ! » La fille de l’Etain avait déjà commencé à faire demi-tour puis se ravisa. Elle avait évidement décidé de mettre son ami en garde contre cette sournoise. Cependant, elle ne voulait pas qu’il soit déçu par son cadeau. Alors elle se retourna et alla se planter face à la tablée qu’elle venait de servir. « Titouan n’aime pas les Cornus, depuis qu’ils ont gagnés contre les Flotteurs Montagnards. C’est son club préféré. A ta place, je changerai de tickets, si tu veux l’amadouer. » conseilla-t-elle. Son commentaire lui attira des regards foudroyants. Cela ne sembla pas la déstabiliser outre mesure. Elle haussa les épaules, comme pour signifier qu’il ne s’agissait que de la vérité. 
« C’est moi Phèdre. » Iphigénie fit un pas en arrière et pencha sa tête derrière le buste de sa sœur – la vraie Phèdre – pour jeter un coup d’œil à la fille qui les abordait. C’était Claer. La Lyrienne de l’Air avait toujours des tenues vestimentaires dont l’originalité se vautrait dans le mauvais goût. Elle vouait un culte aux animaux, créatures et autres bestioles aux apparences douteuses. La petite Sorcière posa son plateau sur la table et regarda les paquets que la blonde tenait entre ses mains. Ses prunelles pétillèrent, à l’instar de celles de sa jumelle. « Merci beaucoup. » remercièrent-elles poliment. Chacune prit son cadeau et l’inspecta avec curiosité. L’espoir qu’il ne s’agît pas d’une bête poilue et baveuse naquit aussitôt dans leurs cœurs de Sorcières accomplies. « Joyeux Ësse’Aellun à toi aussi. » Quand Claer fut partie avec son ami, elles échangèrent un regard et pouffèrent. « J’espère que son cadeau est bien. » souffla l’une dans le creux de l’oreille de l’autre, les mains refermées autour. « Sinon… » Elles se remirent à glousser en chœur. Phèdre attrapa la main de sa sœur et, laissant là leurs plateaux, elles filèrent en direction de leur cachette secrète : le sommet de l’une des nombreuses tours de l’école, où seuls les pigeons semblaient avoir fait leur nid.
