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 [Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha

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Susannah
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Susannah
Dim 09 Avr 2023, 08:43

[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha 6jv8
Ça s'adopte les gerbilles ?
Orenha & Zelphaba


Partenaire : Orenha
Intrigue/Objectif : Sauvetage d'Orenha


Cramponnée à la taille de sa mère, les jambes sécurisées par des sangles sur la selle, Zelphaba offrit son visage au vent le temps d'admirer le paysage escarpé du Rocher au clair de lune qu'ils survolaient. Ses longues tresses battaient dans son dos, fouettées par les vents contraires. Assourdie par le vrombissement des ailes, son univers se résumait à ce son sourd et régulier qui faisait vibrer ses tympans quand ils s'élevaient trop haut. En se fondant plus tôt dans les cumulus, l'humidité avait transformé ses os en glace et elle remerciait en silence l'insistance de sa mère pour porter d'épais gants en cuir. Son faciès en revanche était congestionné, figé dans une expression crispée où deux prunelles grises brillaient comme des perles, humidifiées de larmes arrachées par leur chevauchée. Les vives bourrasques soulevèrent de force ses paupières plissées alors que Mout' perdait brusquement plusieurs mètres d'altitude, les ailes repliées. Ce fut comme si l'adrénaline refermait son poing sur son coeur et le secouait brutalement jusqu'à éveiller des étincelles dans sa tête. Un rire fou, un peu nerveux, escalada ses lèvres. L'effroi la gagna et finit par renvoyer son exaltation aux tréfonds d'elle-même et elle blottit son visage dans le dos de Mrin alors que le dragon vrillait sur l'aile. Son estomac se contracta mais elle commençait à prendre l'habitude de voler et n'eut presque pas envie de vomir. La première fois, elle avait régurgité tout le contenu de son repas et Mout' avait manqué la dévorer. Depuis, elle tâchait de se retenir.

« Il va chasser un peu, accroche-toi. » L'informa télépathiquement sa mère et Zelphaba se contenta de hocher la tête en retour, sachant qu'une réponse verbalisée se perdrait dans le vent. Malgré les crampes installées dans ses jambes, ces dernières serrèrent ce qu'elles pouvaient pour accompagner les mouvements brusques de l'immense monture. Ses ailes vert prairie étendues largement de part et d'autre, Mout' planait à vitesse réduite pour contrôler sa descente. Son long cou s'orientait en contrebas, les yeux fixés sur une proie repérée. Ils quittèrent l'ombre d'une falaise et surgirent à découvert au dessus d'un plateau parsemé de rochers et de lambeaux de terre herbeuse. Une forêt de pins grignotait les deux tiers de la surface.

La bleue se tordit sur sa selle pour tenter de discerner les petites silhouettes s'éparpillant sous eux. Se souvenant que ces terres étaient peuplée par les hommes-animaux, elle profita que le dragon n'évoluait pas trop vite pour interroger Mrin. « Est-ce qu'il ne risque pas de manger des hommes transformés en bêtes ? » Elle haussa les épaules. « Tant pis pour eux. » Sa réponse la rendit pensive et elle refixa son attention sur les fuyards. Désormais, l'ombre verte de Mout' s'élargissait au sol. Le dragon fit basculer son poids vers l'arrière pour laisser ses postérieurs accuser la réception de tout son poids. Les dents de Zelphaba s'entrechoquèrent sous le choc et elle se mordit la langue. Un goût ferreux envahit sa bouche et du sang repeignit son menton quand elle cracha avec dégoût le sang qui s'accumulait. Déconcentrée, elle ne vit pas sur quelle proie Mout' finit par se décider, elle entendit juste des os craquer sinistrement.

« Ça va ? » Lui demanda sa mère en se retournant. « Je me suis mordue la langue. » Geignit Zelphaba en retour, avant de tirer cette dernière hors de sa bouche pour lui faire admirer le résultat. « Ça se soignera tout seul. » Mais la bleue ne l'entendit pas, son attention détournée par une silhouette qui n'avait rien d'animal. Les yeux arrondis par la surprise, elle brandit son index sur elle. « Là ! Regarde ! » Mout' parut la voir aussi mais du estimer qu'elle était trop maigre pour son appétit car son long cou sinua sur une autre proie plus large qui n'eus pas la même chance. « Qu'est-ce qu'elle fabrique cette folle ? » Grommela sa mère en détachant les lanières maintenant leurs jambes. « Descends. » Lui ordonna-t-elle en se laissant glisser le long du flanc écailleux du dragon. La fillette suivit, avec nettement moins d'adresse, s'effondrant sur les genoux à l'arrivée. En se relevant, elle constata que ses jambes tremblaient d'avoir été trop longtemps crispées sur la même position. « Hé ! Toi ! » Lança sa mère vers l'inconnue, marchant d'un pas décidé vers elle, Zelphaba trottinant sur ses talons. Elle s'arrêta près de sa mère et imita sa position, les mains sur ses hanches et adopta un air sévère. Néanmoins, la curiosité remplaça bientôt son expression. « Est-ce que t'es une femme-bête ? » Ne put-elle s'empêcher de demander, ce qui lui valut une œillade irritée de Mrin.

Message I | 804 mots

Je te laisse voir si les deux animaux que croque Mout' sont des proches de Ren qui la pourchassaient ou si c'était juste des animaux de passage /sbaf

Mout ressemble à ça : boop.



[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha 7qoc
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Orenha
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Orenha
Jeu 13 Avr 2023, 20:57


Image originale par Gozena
Ça s'adopte les gerbilles ?
Zelphaba & Orenha


Tu sens la proie.

Les paroles de sa sœur résonnaient dans sa tête, s’amplifiant à chaque boucle et se doublant de rugissements et de grondements fantômes, comme si les échos s’étaient munis de griffes et s’acharnaient à lui déchiqueter le crâne.  
Ren n’avait cependant pas une minute à perdre à encaisser le choc ou à s’apitoyer sur son sort. L’ultimatum était clair ; prendre la fuite ou subir le courroux de la Meute. Depuis le temps qu’ils voulaient se débarrasser d’elle, ça ne risquait pas d’être très agréable. Et puis, si elle partait sans faire de vagues, elle sauverait peut-être la vie de sa mère. Non qu’elle soit particulièrement attachée à elle ; mais elle ne voulait pas sa mort non plus. A vrai dire, elle n’avait jamais souhaité la mort de personne, ni quoi qui nécessite de ressentir autre chose que de l’indifférence.

Elle se mit en route dès que ses jambes purent la porter de nouveau. Au lieu de s’éloigner du village, elle s’y dirigea. De ce qu’elle avait saisi de la situation, seule Hesthya était au courant de ce qu’elle était. Sinon, elle ne se serait pas prise la peine de la prendre à part. Pour la prévenir, ou la menacer ? Ce n’était pas très clair. Mais Ren s’était résolu à prendre le risque de faire un détour au village afin de rassembler quelques affaires ; s’aventurer dans la forêt dense et sauvage qui bordait les frontières sans provisions, c’était tout autant signer son arrêt de mort que de se transformer en gerbille sur la place du village. Ou presque.
Fort heureusement, sa théorie s’avéra correct ; les éclaireurs qu’elle croisa en chemin ne semblèrent pas s’émouvoir à sa vue, se contentant de lui couler le même regard vide que d’habitude avant de le reporter devant eux.

Elle n’était plus très loin maintenant. Lorsque ses pas la menèrent enfin à fouler le chemin principal, une main se referma sur son avant-bras comme une serre et la tira brutalement en arrière ; elle se fit traîner sur plusieurs mètres avant de pouvoir comprendre ce qui se passait, tandis qu’un million de pensées funestes s’entrechoquaient dans son esprit. Son agresseur lui fit soudain faire volte-face et elle le reconnut instantanément, sans pour autant qu’elle sache si elle devait être rassurée ou non. Il s’agissait d’un des Hommes-Lynx qui flanquaient constamment le flanc de sa sœur, dans le but de grappiller les miettes de sa réputation de guerrière estimée, de lui faire la cour ou dans un ridicule élan protecteur ; ils agissaient essentiellement comme ses laquais.
L’Homme-Lynx la tenait toujours par le bras. Il resserra un instant sa poigne, avant de la lâcher brusquement et de lui jeter quelque chose. Orenha, qui avait fermé les yeux dans l’attente d’un coup, chancela sous le choc et referma les bras autour de l’objet ; c’était une besace en cuir.
« Hesthya m’a dit de te donner ça si je te trouvais près du village. Ne reviens pas. »
La menace se suffisait à elle-même, mais il la ponctua tout de même d’un coup d’épaule, avant de tourner les talons et de la laisser là, comme sa sœur l’avait fait un peu plus tôt.

Orenha resta figée quelques instants, le visage blême et impassible. Égale à elle-même.

Puis, le sac serré sur le cœur, elle se mit à courir. Elle courait au hasard, dans un zigzag désordonné qui n’avait plus rien à voir avec les courses d’obstacle qu’elle improvisait avec délice quand elle en avait l’occasion ; aujourd’hui, la peur alourdissait ses enjambées et la trempait de la tête aux pieds. La forêt, son terrain de jeu favori et son havre de paix, lui semblait tout à coup un terrain inconnu et hostile. Les orties et les branches d’arbres lui griffaient les mollets et le visage. Les hautes herbes s’empêtraient dans ses vêtements et s’enroulaient autour de ses chevilles.

Elle courut longtemps, malgré la fatigue qui la harassait et ses muscles qui lui hurlaient de s’arrêter.
Quand elle estima qu’elle avait largement dépassé le périmètre habituel de la meute– ou peut-être était-ce en fait l’adrénaline qui se dissipait et mettait à nu son épuisement -, la jeune femme stoppa enfin.
Elle s’accroupit et vomit jusqu’à ce que son estomac se soit retourné sur lui-même une dizaine de fois ; puis elle se traîna sur quelques mètres avant de s’affaler sur le sol, face contre terre, où elle se tortilla avec difficultés hors de ses vêtements poisseux.
Ses cheveux trempés de sueur s’étaient détachés pendant sa fuite et formaient de complexes arabesques sur son dos blanc. Elle avisa une limace qui se traînait paresseusement non loin d’elle. Longue et verte, striée de jaune. Le genre qui pullule dans le coin. « tu t’es enfuie de chez toi, toi aussi ? » lui murmura la jeune femme. Elle replia ses bras sous elle et rassembla ses longues jambes. Allongée sur le ventre de la sorte, visqueuse et nue, elle se figura qu’elles devaient beaucoup se ressembler, en cet instant. « sauf que je ne suis pas verte et jaune » précisa-t-elle à haute voix avec beaucoup de sérieux. Ses paupières se faisaient lourdes, tout à coup. Elle les referma et sombra dans un profond sommeil.

Lorsqu’elle les rouvrit, la limace avait disparu. Les traînées de mucus qu’elle avait laissé derrière elle formaient comme des ponts translucides et brillants entre les brins d’herbe qui n’avaient pas ployé sous son poids à son passage. La jeune femme était transie de froid ; son corps était encore recouvert d’une fine pellicule de sueur poisseuse qui la faisait frissonner de la tête aux pieds. Elle tenta de se relever sur un coude, qui se déroba sous elle instantanément. Il lui fallait manger quelque chose et se réchauffer, mais son corps refusait d’obéir, comme pour lui faire payer ses frasques de la veille.

Ce qui n’est pas très commode quand on doit échapper à une meute de loups.
Ce qui était le cas, à en croire les hurlements qui retentissaient partout autour d’elle.

Ce fut comme si un courant électrique avait subitement fusé dans son corps pour le remettre en marche ; Orenha attrapa sa chemise et ses culottes qu’elle enfila en hâte, les yeux dardant de tous côtés pour évaluer ses options. Trois loups, au moins. Impossible de compter sur sa magie ; déjà qu’elle n’excellait pas en la matière, sa transformation toute récente - et forcée - en son animal totem l’avait vidé de ses maigres réserves. Elle aurait tout aussi bien pu être une humaine, en cet instant.
Son fouet ? Il aurait pu être utile pour tenir à distance un loup solitaire, peut-être ; mais trois, plutôt rêver. Et encore fallait-il savoir le manier. Elle était bien plus à l’aise avec son couteau, mais il servirait sans doute plutôt de cure-dents à un de ses assaillants après qu’elle ait été dévorée que d’une arme qui changerait les choses en sa faveur.
Les loups rôdaient désormais autour d’elle, la fixant d’un air vorace. Elle se vit telle qu’ils la voyaient sans doute : un os à rogner, avec juste assez de chair autour pour constituer un en-cas satisfaisant en attendant quelque chose de plus substantiel. Elle se demanda un instant s’ils étaient des Evershas, ou peut-être un des animaux à leurs ordres, envoyés à ses trousses au cas où elle ne se serait pas éloigné assez vite et assez loin. Par sa sœur ? Sa mère ? La meute toute entière ? Le sang bourdonnait trop fort à ses oreilles pour qu’elle puisse réfléchir. Dans tous les cas, à l’instant où ils décideraient de se jeter sur elle, elle ne pourrait rien faire.
Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières du village, elle n’était rien de plus qu’une Proie. Sans doute était-ce son destin.

Alors qu’elle marmonnait machinalement ce qu’elle pensait être sa dernière prière à Phoebe, les cimes se mirent à s’agiter follement, barbouillant le ciel de vert et de brun, leurs bruissements furieux couvrant les grondements inquiets et confus des canidés qui avaient soudainement levé le museau en l’air. La Femme-Gerbille écarquillait les yeux aussi fort qu’elle le pouvait, si fort qu’ils lui semblèrent sur le point de se détacher de son visage blanc comme de la craie pour aller rouler à ses pieds, mais cela ne l’aida en rien à comprendre la scène qui se déroulait devant elle. Elle voyait le vert des arbres, celui du tapis herbeux, ainsi que celui de l’énorme créature qui venait de tomber du ciel, et puis soudain, du rouge vint éclabousser le tout. Une odeur de sang se mêla à celle de sa terreur.
Orenha serra les bras autour de son corps comme pour s’assurer qu’elle était encore tangible ; elle n’avait pas mal ; elle était indemne. Ce qui n’était pas le cas du loup qui gisait non loin d’elle – ou plutôt, de ce qu’il en restait. Une deuxième carcasse pendait entre les mâchoires de la créature tombée du ciel.
Un gigantesque lézard ailé - non, un dragon. « un vrai dragon... le Prédateur des prédateurs...» souffla la jeune femme. Elle en avait entendu parler, les avait vu peints sur des murs ou des parchemins. Jamais elle ne pensait avoir la chance d’en voir un en écailles et en os.

Obnubilée qu’elle était par le dragon, elle ne remarqua pas tout de suite les deux petites silhouettes qui s’étaient glissées à terre près de lui et se dirigeaient désormais vers elle. C’est lorsque l’une d’elle l’invectiva qu’elle prit conscience de leur présence. Perdue, elle n’eut pas le temps de réagir que la deuxième – la plus petite des deux, et la plus jeune, aussi – lui demanda si elle était une femme-bête. Elle cligna des yeux, une fois, deux fois, trois fois. Elle n’arrivait plus à s’arrêter. Peut-être qu’au bout d’un certain nombre de cillements, les deux inconnues et le dragon auraient disparu de sa réalité, ainsi que les loups et le sang, et qu’elle pourrait continuer sa route comme si de rien n’était.
Mais non ; elle cligna et elle cligna encore, mais les inconnues et le dragon, les loups et le sang étaient encore là.
Orenha se figura qu’elle devait répondre quelque chose. Elle essaya de remonter le cours des évènements et de remettre en ordre les mots que lui avaient jeté la petite silhouette jusqu’à ce qu’ils fassent à nouveau sens. Était-elle une femme-bête ? Elle inclina très légèrement la tête, la mine songeuse.
«Est-ce que je suis une femme-bête ? Euh... non... »
Ses cils continuaient de papillonner, comme pour chasser des larmes invisibles. Elle répéta non d’un air un petit peu plus assuré. Les bêtes étaient des prédateurs, rien à voir avec elle.
« Je suis plutôt une femme-bestiole. Un peu comme elle. » elle pointa du doigt le coin d’herbe où s’était tenu le mollusque qui lui avait tenu compagnie pendant sa sieste, désormais déserté. Elle le fixa un instant d’un air vide, réalisant son erreur, mais peu désireuse de gâcher de l’énergie à s’expliquer. Elle choisit plutôt de dépasser les étrangères pour s’agenouiller à distance respectueuse du Dragon.
« Ô... Grand Dragon... » elle avait pris une grande inspiration pour enfler un maximum le filet de voix qui sortait habituellement de sa bouche quand elle s’exprimait, mais le résultat n’était pas très convaincant. « si ta faim n’est pas apaisée, il y avait un troisième loup, qui doit être un peu plus dodu que je ne le suis. Si, toutefois, tu décides de me manger... je te supplie d’en finir vite avec moi afin que mes souffrances soient brèves. Euh… merci. » Elle s’aplatit au sol jusqu’à ressembler à un étrange relief rocheux émergeant du tapis d’aiguilles de pins.
L’ironie de la situation ne lui échappait pas : fuir un village de Prédateurs, tout ça pour se faire croquer par le plus grand d’entre tous. Si seulement sa Gerbille intérieure s’était manifestée, elle aurait pu s’extirper aisément de cette situation : se faufiler entre les pattes de l’immense créature et se cacher dans une souche d’arbre...
À cette pensée, sa peau fut soudain parcourue d’un frisson. Quelque chose en elle se mit à s’agiter au creux de son ventre, remontant du fond de ses entrailles pour envahir ses sens et tapisser son palais d’un goût de… bile ?
Orenha se redressa à demi et dégobilla aux pieds du Grand Dragon.

Post I | 2064 mots




[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha Aq2e

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Jeu 04 Mai 2023, 09:37

[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha 6jv8
Ça s'adopte les gerbilles ?
Orenha & Zelphaba



La perplexité envahit la frimousse de Zelphaba. « C'est quoi la différence entre une femme-bête et une femme-bestiole ? » Scrutant l'herbe à la recherche d'un indice, elle leva haut les sourcils. Ignorant l'intervention de sa fille, Mrin prit les choses en main. La pitié avait remplacé la méfiance. Cette fille était juste là au mauvais moment et n'était manifestement pas plus dangereuse qu'une puce. « Elle a dû recevoir un coup sur la tête ou avoir la même intelligence limitée que son totem. » Estima-t-elle comme si la concernée ne pouvait pas l'entendre. « Son to-quoi ? » Releva la bleue, nageant un peu plus dans l'incompréhension, son attention vacillant entre sa mère et l'inconnue, les paupières clignotantes. « L'animal qui se terre derrière cette apparence humaine. » La fillette examina leur interlocutrice d'un nouvel oeil, cherchant à déceler lequel il pouvait être. Elle aurait bien aimé qu'elle se transforme maintenant pour assouvir sa curiosité. « Ooooooh. Comment tu sais tout ça ? » « J'ai déjà rencontré certains de ce peuple. Hé, tu fais quoi ? Recule ! » Sévère, la Dragonnière invectiva la brune tandis que les yeux de Zelphaba s'écarquillaient. Cette fille était purement suicidaire. Mout', quant à lui, semblait ne pas avoir d'opinion. En fait, il n'avait pas pris la peine de prendre note de la présence de la maigrichonne, mastiquant paisiblement un jarret de loup, le regard fixé sur le lointain, les crocs dégoulinant de sang et de viscères. L'un de ses yeux s'abaissa néanmoins dans sa direction lorsque l'odeur âcre de ses régurgitations éprouva son odorat. Ses vastes naseaux s'évasèrent et expirèrent un fin brouillard de fumée acide. Il leva plus haut la tête et se déplaça pesamment pour lui présenter un profil de derrière.

« Crétine ! » Cracha Mrin en marchant à grands pas sur la fille. L'attrapant par l'épaule, elle la remit rudement sur ses pieds et l'attira en arrière. « Tu as perdu la raison ? Ne refais plus ça ou je jure que je ne ferai rien pour l'empêcher de te bouffer. Je crois même que je te jetterai moi-même dans sa gueule. Tu as envie de mourir ou quoi ? Pour qui te prends-tu à approcher un dragon sans permission ? » Sans s'arrêter, elle mit plusieurs mètres de distance entre le dragon et elles, Zelphaba sur leurs talons, le bec encore béat de stupéfaction. Après l'avoir traînée, Mrin l'empoigna par le devant de son vêtement et approcha son visage du sien. « Comment tu t'appelles ? Qu'est-ce que tu fabriques ici ? Réponds, vite. » La blonde la secouait comme un prunier, son expression intransigeante. La bleue reconnut là les prémices d'une rouste et, avec la prudence qui témoigne de l'expérience, elle se mit hors de distance des poings de sa mère afin de compléter l'interrogatoire par ses propres questions. « C'est quoi ton totem ? Tu peux te transformer ? Est-ce que tu pourrais m'apprendre ? Est-ce que moi aussi je peux avoir un totem ? J'aimerai me transformer en dragon, comme Xerxys - c'est le dragon de mon papa, il fait peur et moi aussi je veux faire peur ! » « La ferme, Zelphaba. Ouvre la encore et c'est la dernière fois que tu poses ton cul sur Mout'. » Réduite au silence, la fillette pesa le pour et le contre, puis estima que l'inconnue ne valait pas qu'elle risque ses excitantes promenades sur le dragon. La mine un peu boudeuse, elle se laissa tomber à terre en tailleur, et se mit à arracher des brins d'herbe, soutenant le regard de Mrin avec défiance jusqu'à ce que cette dernière se détourne pour se focaliser sur la brune, estimant que l'insolence de la fillette serait un cas à traiter pour plus tard.

« C'est ta famille qui est en train de se faire manger ? » L'interrogea-t-elle en adoptant une voix plus douce. « Si c'est le cas, j'en suis navrée. Je ne peux pas les ramener à la vie. Tu es loin de chez toi ? » Le menton de Zelphaba quitta le berceau de sa paume pour virer sur les loups, ou ce qu'il en restait. Horrifiée, sa mâchoire se décrocha. Elle n'avait pas réfléchi à la possibilité que ces loups n'en soient pas vraiment, qu'ils puissent être comme elle. Mout' venait-il de dévorer des personnes ? Les proches de la jeune fille ? Un malaise diffus se propagea dans son ventre. Ayant grandi auprès d'eux, elle était familière de la sauvagerie des gigantesques bêtes peuplant Adraha. Ils n'obéissaient pas aux mêmes lois que celles des hommes. Dressés au sommet de la chaîne alimentaire, ils suscitaient autant l'effroi que la terreur. La plupart ne se privaient pas de prendre sans demander ou se soucier des autres. Toutefois, il y avait un gouffre entre la connaissance et prendre conscience qu'ils ne faisaient pas d'états d'âme, surtout lorsqu'ils avaient l'estomac creux, et Mout', qu'elle avait toujours considéré comme son ami sans jamais voir autre chose chez lui que l'étincelant de ses écailles ou la façon bien à lui qu'il avait de manifester sa tolérance envers elle, voire de l'affection, prit soudain les contours du monstre qu'il avait toujours été. « Mout' n'est pas comme ça, n'est-ce pas maman ? » Se risqua-t-elle à demander d'une toute petite voix. Un rire dur lui répondit. « Tu ne penses quand même pas qu'il va demander à chaque animal qu'il croise s'il s'agit d'un Eversha ? » Zelphaba pâlit et fixa le sol d'un air troublé.

Message II | 954 mots

Mout ressemble à ça : boop et Mrin à ça : hop.



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Orenha
Dim 07 Mai 2023, 00:11


Image originale par Gozena
Ça s'adopte les gerbilles ?
Zelphaba & Orenha


Le Grand Dragon ne semblait pas très intéressé par l’offrande que la Femme-Gerbille constituait. Celle-ci se protégea les yeux d’une main lorsque qu’un brouillard l’enveloppa brièvement, lui embrasant la peau et parsemant des picotements partout sur son corps. Puis elle s’essuya la bouche et hocha lentement la tête, compréhensive, quand la grande créature à écailles lui présenta son postérieur ; elle n’était sans doute pas digne de remplir l’estomac d’un si noble animal. L’une des silhouettes qui accompagnaient ce dernier avait remis en doute son intelligence, et ça constituait peut-être un facteur important pour le Dragon, qui se serait senti avili d’avaler une idiote comme elle. Oui, c’était logique.
En tout cas, elle devait s’estimer heureuse qu’il ne l’ait pas exécuté sur-le-champ après qu’elle ait déversé le contenu de ses entrailles à ses pieds ; ou bien peut-être était-ce ce qui l’avait en fait sauvé.

Ren n’eut pas le temps de se demander si elle avait échappé à la mort in extremis - une fois de plus - ou si elle n’avait fait que retarder de quelques minutes son trépas qu’elle se retrouva en proie à un nouveau danger. La plus grande des étrangères s’était jetée sur elle et lui faisait pleuvoir dessus une avalanche de questions aussi pressantes qu’hostiles. La tête de l’adolescente ballottait d’avant en arrière sur sa nuque fragile, menaçant de se décrocher à chaque va-et-vient ; ses oreilles crépitaient et d’innombrables points blancs rongeaient les abords de son champ de vision. Les deux voix se mélangeaient dans un brouhaha confus, même si elle parvenait parfois à distinguer les accents plus aigus de la plus jeune - qu’elle se figura soudain tel un jeune poussin au duvet soyeux, pépiant et trottinant derrière sa mère poule.
Un haut-le-cœur lui secoua la poitrine une fois de plus et elle craint de sentir de nouveau la bile remonter dans sa gorge ; heureusement, son estomac était vide et son corps, trop épuisé pour s’adonner à cet exercice. Les brusques secousses eurent au moins le mérite de lui faire enfin cesser de cligner des yeux, qu’elle referma prestement en attendant que l’interrogatoire prenne fin – ou que sa tête ne se détache complètement.

Orenha n’était pas étrangère à la violence physique. Il arrivait que les autres enfants s’en prennent à elle, lorsqu’ils n’avaient rien d’autre à faire et qu’elle avait le malheur de ne pas s’être suffisamment fondue dans le décor ce jour-là. Parfois, les exercices physiques auxquels ils devaient régulièrement se soumettre étaient prétexte à un lynchage collectif dont elle était invariablement la seule victime.
La clé, selon elle, c’était d’attendre que ça passe. Ils finissaient toujours par se lasser. Martyriser un être qui n’opposait aucune résistance n’était pas beaucoup plus intéressant que de triturer un cadavre du bout d’un bâton. Ses pairs préféraient la chasse à la violence pure ; et lorsqu’il s’agissait de faire la morte, elle n’avait pas vraiment besoin de forcer le trait pour être convaincante.
La femme-gerbille mit donc son expérience passée à contribution et laissa son corps ramollir dans la poigne de l’étrangère, jusqu’à ne plus ressembler qu’à un tas de vieux chiffons accrochés à une branche d’arbre.
Pourtant, la femme ne la frappa pas. Elle semblait même s’être calmée. Ren reprit discrètement son souffle, sans chercher à se libérer de l’emprise de l’étrangère. Était-ce de la compassion qui perçait dans sa voix ou n’était-ce que le fruit de son imagination ?

« Ren... » croassa-t-elle dans un effort qui lui sembla surhumain. Elle laissa son regard vagabonder aux alentours, incertaine d’où le poser mais prenant soin de ne pas l’approcher du Grand Dragon, craignant d’allumer de nouveau la colère des deux étrangères. « je pensais que… je ne voulais pas… » Elle réfléchissait à toute allure, du moins aussi vite que son cerveau bourdonnant le lui permettait. Puis, comme prise d’une résolution soudaine, elle planta son regard dans les yeux clairs de la femme et articula :
« Je m’appelle Orenha. Je suis… j’étais... de la meute des Kahfrel. Mon totem est celui de la gerbille. Alors… je ne peux plus rester dans ma meute. » Son doigt tapait le long de sa cuisse, ponctuant chaque bout de phrase bredouillé de sa voix monocorde.
« Puisque je ne peux plus rester… je suis partie. Je ne peux pas me transformer, enfin, ce n’est pas moi qui le décide. Je n’ai jamais entendu parler d’un Eversha Dragon. Je ne pense pas que tu puisses le devenir. Je ne peux pas t’apprendre non plus à faire peur... ce n'est pas trop mon domaine.» Ses yeux vacillèrent de nouveau et elle laissa sa tête basculer mollement vers l’arrière.

Elle n’avait pas l’habitude qu’on s’attende à ce qu’elle ouvre la bouche autrement que pour dire oui ou non. Devoir s’expliquer, et à des inconnues, de surcroît ? L’exercice la fatiguait.
Pourtant, la dernière réflexion de la femme faisait ressurgir dans le brouillard de son cerveau les questions qu’elle s’était posée pendant le chaos de tout à l’heure ; sous un angle différent.
« Ma famille ? Est-ce qu’ils ont été ma famille ? Je n’ai jamais trop réfléchi à ça… la Meute est la Meute. » marmonna-t-elle à voix haute, plus pour elle-même que pour celle qui la tenait encore par le devant de sa chemise.

Ren remarqua que le poussin bleu avait cessé de piailler et arborait un air maussade. Elle avait regardé les dépouilles des canidés pendant un long moment. Se sentait-elle triste ?
« Je… je ne sais pas si ils étaient des Evershas. Mais chez moi… » Ce n’était plus chez elle, se rappela-t-elle. « Enfin… ils sont venus chasser une proie et ils se sont retrouvés eux-mêmes proies d’un plus grand prédateur qu’eux. Le plus grand de tous. Ça arrive, et c’est même un honneur, je crois. » Elle se tut un moment, puis rajouta, plus bas : « moi je préférerais tout de même rester en vie, mais je ne suis bonne qu’à me faire chasser. Mon opinion n'est pas valable. »
Et une fois le dragon et ses suivantes partis, elle serait de retour à la case départ. Une proie prête à être cueillie, quasi sans défenses. C’est alors qu’une idée incongrue lui vint. Elle se lança sans prendre le temps d’y réfléchir.
« Si vous ne voulez pas me donner à manger à ce… au Grand Dragon, est-ce que vous m’emmèneriez avec vous ? »
Elle pointa sa ceinture du doigt, où pendaient ses deux armes de fortunes : la dague et le fouet qui lui avaient été bien inutiles un peu plus tôt.
« En échange, euh… j’ai ça... et tout ce qu’il y a dans mon sac.»
Sans faire de mouvements brusques, toujours désireuse de ne pas exciter la mauvaise humeur de son interrogatrice, elle tendit le doigt vers la besace en cuir qui traînait sur le sol, à quelques mètres de là. Elle ne savait toujours pas ce qu’il contenait, n’ayant pas eu le temps d’y jeter un œil depuis sa fuite.

Post II | 1164 mots


[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha Aq2e

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Ven 02 Juin 2023, 17:30

[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha 6jv8
Ça s'adopte les gerbilles ?
Orenha & Zelphaba



« C'quoi une gerbille ? » Interrogea Zelphaba au milieu du flot de réponses de l'Eversha. « Une sorte de rat, et articule quand tu parles Zelphie. » « Ouais. » « Oui. » Le soupir de la bleue s'évanouit comme par magie à mi-parcours sous l'oeil noir de Mrin et elle répéta du bout des lèvres. « Oui. »

La déception gagna progressivement la fillette alors que Ren s'appliquait à répondre à chaque question. « Mouais, c'est pas parce que t'en as jamais entendu parler que ça existe pas d'abord. Et puis sinon, je serais la première Eversha Dragon ! » « Arrête de raconter n'importe quoi. Tu n'es pas une Eversha. » Intervint sa mère pour clore le débat. « On sait jamais. » Bouda Zelphaba dans sa barbe inexistante. Dans ses rêves, il lui arrivait de prendre la forme d'un dragon pour rejoindre les immensités célestes. Si elle priait assez fort, alors pourquoi ses rêves ne se réaliseraient pas ? Personne ne lui décréterait ce qu'elle pouvait ou ne pouvait pas être. Ce qui était certain, c'est qu'elle ne goberait pas la famille des autres si elle devenait un dragon. Elle retrouva le sourire en apprenant qu'ils n'avaient pas accidentellement massacré ses proches. « Je vois. Bien fait pour eux alors ! Ça leur apprendra ! Je savais que Mout' ne ferait jamais ça de toute façon. » Mrin faillit la contredire puis se ravisa. Certaines choses ne se comprenaient qu'avec le temps et elle ne pouvait pas la reprendre sur tout.

« Pardon ? » La femme dardait un regard incrédule sur la brune, prise de court par son culot. Zelphaba dressa la tête, une lueur brillante dans l'oeil. « Oh ! Oh oui ! Une mission sauvetage ! Oh maman, allez ! » « Que - Non ! Il ne voudra jamais. » « Tu parles, elle a l'air tellement maigrichonne qu'il verra pas la différence. On va pas la laisser comme ça sinon d'autres loups vont venir la manger ! » Mrin étudia attentivement Ren, incertaine. Sa fille se suspendit alors à son bras, laissant tout son poids peser dessus, lui présentant ses yeux les plus suppliants. « Juste un petit détour, ça ne coûte rien ! » Les lèvres pincées, elle relâcha doucement la fille. « On peut te déposer ailleurs je suppose. » Admit-elle. Alors que Zelphaba affichait un large sourire victorieux, Mrin réfléchissait. « On va te lâcher à Basphel. Il y a une ville à côté de l'école, tu y trouveras un autre moyen de transport qui te conduira où tu voudras et c'est plus sécurisé qu'ici. » « Ouais ! Basphel ! » S'écria la bleue en sautillant à pieds joints et en applaudissant bruyamment. « Est-ce qu'on pourra aller voir la fille qui - » « Non. » « Mais je me souviens de son nom et - » « J'ai dit non ! » Zelphaba se ratatina sur elle-même dès qu'elle vit sa mère lever une main menaçante. « Trop nul ! » Ronchonna-t-elle, pas trop haut pour ne pas exciter l'ire de Mrin.

« Bon, viens, je vais t'expliquer les règles. » D'autorité, la bleue tira la manche de Ren pour l'attirer vers Mout'. Un air grave se peignit sur son visage. Pour une fois dans sa vie, la fillette en savait plus que quelqu'un d'autre sur un sujet et sa supériorité l'enchantait. « Fais-toi le plus petite possible. Bon comme t'es une fille rat, ça devrait pas être difficile. Tu crois que tu peux rapetisser ? Comme ça, je te mets dans ma poche et -non ? Bon tant pis. Tu sens un peu le vomi, tiens, je te prête mon mouchoir si tu veux t'essuyer. Tu veux boire aussi ? » Une outre d'eau suivit l'offrande du tissu et elle poursuivit ses explications pendant que la brune se rafraîchissait. « Tu verras, c'est très impressionnant. J'espère que tu n'as pas le vertige. Tu risques d'avoir envie de vomir, si c'est le cas, ravale. Mout' n'aime pas trop qu'on lui vomisse dessus quand il vole, tu comprends j'imagine. » Elles étaient arrivées près du flanc du dragon qui tourna paresseusement son oeil dans leur direction. Zelphaba caressa ses écailles avec adoration. « Il aime bien quand je le gratte juste là, avec une brosse spéciale. Vas-y, caresse-le pour voir comment il réagit. » Le dragon soupira et détourna son attention des deux filles comme si elles étaient à peine plus importantes que des brins d'herbe contre lui. « C'est trop bien, tu vas voir Basphel ! J'essaie de convaincre papa et maman de me laisser y entrer. Mais ils disent que j'ai pas le potentiel pour devenir l'élite. » Une vilaine grimace appuya ce qu'elle pensait de leur opinion. « Encore avec ça ? Tu es un vrai perroquet. Je vais vous faire la courte échelle. Vas-y en premier Zelphie, comme ça tu attraperas Ren à son tour pour l'aider à monter. » Joignant le geste à la parole, la Réprouvée se hissa sur le dos de Mout' avec une maladresse qu'elle aurait préféré ne pas démontrer devant la témoin qu'elle souhaitait impressionner. Une fois à califourchon, elle tendit ses petites mains vers Ren pour l'aider à la rejoindre. Ses muscles protestèrent quand elle tira dessus et elle devint toute rouge. « Mmmf t'es lourde en fait ! » Mrin les rejoignit rapidement et se contorsionna pour bloquer leurs jambes dans les lanières de cuir accrochées à la selle. « Pas de hurlements, c'est compris ? Si tu as peur, fais le en silence. Et si tu vomis... » « Avale ! Je lui ai déjà dit ! » Ricana Zelphaba. « Bien, accrochez-vous les filles. » « Tu peux me serrer la taille si tu as peur. Moi j'ai pas peur. J'ai chevauché Mout' des tas de fois. C'est le meilleur dragon ! » Crana la bleue. De part et d'autres, les immenses membranes se déplièrent et se mirent à brasser l'air puissamment jusqu'à ce que le sol commence à s'éloigner en dessous d'elles. De gros nuages de poussière accompagnèrent la lente ascension et dès qu'il eut attrapé un courant sur lequel se laisser porter, le dragon se mit à battre plus régulièrement des ailes, son long cou tendu vers les îles suspendues.

« Tout va bien ? » Cria Zelphaba à la femme gerbille. « Au fait, j'ai pas compris pourquoi tu peux pas rester dans ta meute, ils t'ont chassée ? T'étais pas assez forte ? » Après tout, de son expérience, les rats étaient des nuisances au même titre que des insectes.

Message III | 1080 mots

Mout ressemble à ça : boop et Mrin à ça : hop.



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Lun 03 Juil 2023, 18:33


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Ça s'adopte les gerbilles ?
Zelphaba & Orenha


Le poussin bleu avait plaidé sa cause ; grâce à elle, Orenha allait pouvoir échapper aux griffes de sa meute. La Bélua n’était pas certaine de comment procéder pour la remercier correctement. Elle doutait que le contenu de la besace qu’elle avait proposé en échange d’une place sur le dos du Dragon vaille un centième de la faveur qu’on lui faisait. Elle n’eut pas le loisir de se remettre de ses émotions. Déjà, la fillette l’avait entraînée à sa suite et la noyait sous les consignes.
« Non… je ne peux pas décider de quand me transformer… » répéta-t-elle. C’était une solution sensée, qui aurait été plus commode pour tout le monde. Si la jeune femme possédait ne serait-ce qu’une once d’amour-propre, elle aurait eu honte de ne pas être capable de ce qui était considéré comme basique pour la plupart des autres Evershas approchant de la vingtaine ; mais elle savait depuis toujours qu’elle n’était qu’une moins que rien. « Merci. » Elle accepta le morceau de tissu et la gourde avec une gratitude franche. L’eau lui parut plus délicieuse que jamais, plus savoureuse encore que le jus fraîchement pressé de ces fruits qu’elle adorait. Le nectar de vie ranima sa langue et décolla les parois de sa gorge en une rasade désaltérante. Elle dut faire un effort pour ne pas vider la gourde d’une traite, faisant rouler l’eau dans sa bouche pour faire durer le plaisir. À regret, elle en versa quelques gouttes sur le tissu et le passa sur son visage ; il en ressortit noir de crasse. « J’ai pas vraiment le vertige. C’était moi qui m’occupait de récolter les fruits dans les plus hauts arbres. » Son constat était dénué de toute vanité. La cueillette était considérée comme une tâche ingrate et lui incombait donc naturellement.

Orenha s’immobilisa à un mètre du grand reptile. L’inquiétude de commettre un autre impair la paralysait. Elle mourait d’envie de jeter un coup d’œil vers la femme qui l’avait malmenée un peu plus tôt et qui les surveillait vraisemblablement de très près ; mais il lui semblait encore plus dangereux de détourner son attention du Dragon. Celui-ci, pourtant, ne montrait aucun signe de méfiance particulière à leur égard. Quelque part, Orenha s’en trouva rassurée. Il n’y avait aucun doute quant au fait qu’il ait pris note de leur présence. Il avait simplement décidé de l’ignorer puisqu’elle ne représentait nulle menace. Le flegme de celui qui domine pleinement et qui n’a rien à craindre ; celui du prédateur ultime.
La fillette, elle, semblait n’éprouver aucune peur. Ses nattes ballottant gaiement dans le dos, elle s’était postée près de la bête et lui grattouillait affectueusement la croupe. La femme-gerbille manqua d’avaler sa salive de travers lorsqu’elle fut enjointe à faire de même. Lentement, elle grignota l’espace qui la séparait du Dragon de petits pas hésitants et tendit sa main, qu’elle observa un instant comme si elle appartenait à quelqu’un d’autre.
L’odeur de reptile envahissait ses narines, chaude, moite, similaire aux odeurs animales dont elle était habituée mais chargée de notes plus acides et d’une lourdeur presque marécageuse. La main glissa sur le flanc du Dragon et elle tressaillit à son contact mais rapidement, l’émerveillement éclipsa ses craintes. De loin, la carapace semblait dense et compacte, dénuée de toute aspérité ; elle constata cependant que les écailles qui la formaient se mouvaient souplement pour accueillir la caresse. Chacune d’entre elle était lustrée et finement ciselée, dure comme un morceau de silex et étincelante comme une pierre précieuse polie, mais leur pointe ne la blessait pas. La beauté alliée à la solidité. Orenha se sentit submergée par l’émotion ; elle pressa des deux paumes la peau du Dragon et courba la tête.
« Je te remercie de m’avoir accordé ton pardon et de me faire l’honneur de me laisser voyager sur ton dos. Je te porterai dans mon cœur et mes prières pour toujours. » Elle ne connaissait pas son nom, mais elle n’en avait pas besoin pour l’adresser à Phoebe.

Absolument rien ne l’avait préparée à ce qui l’attendait après avoir maladroitement grimpé à la suite du poussin. Pas même la cueillette dans les plus hauts arbres.
Elle ne hurla pas. Elle ne hurlait jamais ; cela ne faisait qu’alerter d’autres potentiels agresseurs. Qui viendrait à son secours, de toute façon ? Contre toute attente, aujourd’hui, c’était pourtant arrivé. Elle avait été sauvée par deux étrangères et un Dragon. Et, tous ensemble, ils étaient en train de voler.
C’était absurde, irréel. Mais le vent la malmenait trop pour qu’elle ait le luxe de remettre en cause la réalité. Les bourrasques la giflaient inlassablement, s’engouffrant dans ses vêtements, sifflant à ses oreilles qui semblaient sur le point de se décrocher. Des larmes floutaient sa vue et de la morve maculait son menton. La femme-gerbille se cramponnait un peu plus fort à la taille de la fillette à chaque rafale, persuadée que si elle desserrait son emprise, les griffes de l’éther l’arracheraient de la selle pour l’écarteler en plein ciel.

Elle resta un long moment ainsi, recroquevillée dans le dos de sa petite sauveuse, paupières closes et muscles bandés. Petit à petit, la lutte lui parut moins rude.  Si elle plaquait ses coudes le long de son corps, sa tunique cessait de se gonfler d’air et le froid était plus tolérable. La créature s’était stabilisée dans les airs et glissait le long d’un courant, ne battant des ailes qu’occasionnellement, lorsqu’il descendait trop bas. Orenha se surprit à lever le nez. Les ailes tendues de chaque côté lui rappelaient les pans de cuir tanné d’une tente ; une tente mouvante qui les ancrerait dans le ciel d’azur. Ren ne laissa pas son regard dépasser la ligne horizontale, sécurisante, qu’elles dessinaient.
« … ! » Ses mots se perdirent dans le vent. Elle rapprocha ses lèvres des oreilles de la fille et essaya de parler de plus fort. « Oui… c’est à peu près ça. Ma mère ne s’est pas reproduit avec la bonne personne. Je n’aurais pas du naître, pas comme ça. Si j’avais été une ourse, comme elle, ou une lionne, comme ma sœur, j’aurais pu peut-être pu rester. Ma meute n’accepte pas les faibles. »
Elle réalisa qu’elle n’avait jamais ouvertement parlé de son Animal Totem à qui que ce soit avant aujourd’hui. Mais elle n’avait jamais rencontré d’étrangers ni de Dragon auparavant non plus. La situation était trop exceptionnelle pour que la révélation de son secret lui procure un quelconque soulagement.
« Et toi ? Tu n’es pas assez forte pour... Basphel, c’est ça ? Là où on va ? Pourtant, tu sers un Dragon...» Peut-être était-elle encore trop jeune. L’adolescente ne semblait pas manquer de ressources et Orenha ne doutait pas qu’en grandissant, elle ait au moins autant de caractère que la femme plus âgée qui les accompagnait.
« Je ne sais même pas où c’est, Basphel. Je ne connais  rien d’autre que la forêt. Comment tu fais pour ne pas avoir peur ? Est-ce que c’est parce que tu vis avec des Dragons ? Vous avez un Rituel, vous aussi ? » Celui qu'elle n'aurait jamais à passer.

Post III | 1188 mots


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Sam 29 Juil 2023, 21:38

[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha 6jv8
Ça s'adopte les gerbilles ?
Orenha & Zelphaba



Zelphaba appréciait la petite gerbille cramponnée à sa taille. Si l'on omettait l'épisode du vomi, sa déférence à l'égard de Mout' lui avait fait gagner quelques points. Mrin avait approuvé en silence. Le principal concerné ne se souciait pas beaucoup de ce qu'il considérait comme des futilités. Son lien avec Mrin lui faisait tolérer cette dernière, et par extension, la petite motte de chair qu'elle avait enfanté il y a quelques minutes, ou bien était-ce quelques années ? Le temps s'écoulait différemment pour le mastodonte. Il n'utilisait tout simplement pas la même mesure que les bipèdes et surtout, il ne s'amusait pas à le compter. Il ignorait même quel âge il avait. En revanche, il savait précisément à quand remontait son déjeuner, et quand il aurait besoin de se nourrir à nouveau. Il savait ce qu'il avait mangé il y a quelques siècles de ça. Il savait où se trouvait ce fleuve suffisamment large pour qu'il s'y installe et laisse les pierres et l'eau rouler le long de son corps en le massant agréablement. Et la petite chose qui s'ajoutait entre ses ailes et qui n'était pas là tout à l'heure lui était égal du moment qu'elle restait tranquille, un peu comme les petits insectes logés entre ses écailles et qui aimaient se nourrir des différents débris qui s'y logeaient. Il abritait tout un écosystème, et Orenha n'était qu'un acarien parmi tant d'autres, une petite puce qui ne le gênait pas outre mesure.

« Ah. » Oui, Zelphaba pouvait entendre cela. Adraha non plus n'était pas tendre avec les faibles. C'est pourquoi elle-même se pliait chaque jour diligemment à des exercices physiques destinés à muscler son petit corps. Eduquée dans cette optique, elle ne s'envisageait pas autrement que terriblement forte d'ici quelques années, si forte qu'elle briserait des blocs de pierre simplement avec le tranchant de la main, et ses cuisses suffisamment endurcies pour monter seule un dragon, son dragon. Jugée encore trop jeune par ses parents pour aller obtenir son propre œuf, la bleue rongeait difficilement son frein. Alors, oui, elle comprenait que la meute d'Orenha ait pu se séparer de la gerbille. Elle l'avait sentie trembler dans son dos, paralysée de terreur par l'envol de Mout'. C'était plutôt mignon, mais elle n'avait pas sa place parmi les puissants de ce monde. C'était malheureux, mais son destin résidait dans le ventre affamé des prédateurs. Ainsi allait le monde. Paradoxalement, elle était contente qu'Orenha ait échappé à ce sort funeste un jour de plus grâce à elle. Ca lui donnait le sentiment d'être importante, de faire une différence, un peu comme une héroïne, et les héroïnes étaient toujours fortes.

« Mais quoi ? Pas du tout ! Retire tout de suite ça ! J'suis pas pas assez forte ! » « Si, c'est cela, Zelphie. Et arrête de t'agiter. » La voix de Mrin parvenait aux fillettes depuis l'avant et la bleue se renfrogna. « Même pas vrai. » ronchonna-t-elle. « J'irai un jour ! Et j'emmènerai mon dragon là-bas ! On dit que les infrastructures là-bas sont formidables, il y aura sûrement de quoi loger mon dragon. » Sa mère se contenta d'éclater d'un rire sonore et Zelphaba rougit d'humiliation. « Si ! De toute façon, je ferai c'que j'veux plus tard et t'auras plus le droit de me dire quoi faire, ni toi ni papa, ni personne. » Elle tourna la tête vers Orenha. « C'est aux Iles Suspendues. C'est ce qui protège l'école finalement puisqu'il faut avoir des ailes pour y aller. Mais c'pas un problème pour Mout'. S'il voulait, il brûlerait Basphel juste en éternuant dessus. J'ai pas peur parce que j'ai l'habitude. J'ai grandi à Adra- » « Ferme-la Zelphaba. » l'avertit sa mère. « Désolée, m'man, j'oubliais. Enfin, c'est pas comme si Ren pouvait venir nous chercher des noises, sans vouloir t'offenser Ren. Bref, j'ai toujours connu les dragons alors j'ai l'habitude. Ils me font pas peur. » Rien n'était plus faux, mais elle aimait bien crâner devant la gerbille. Son air impressionné lui donnait le sentiment de pouvoir soulever des montagnes juste pour susciter davantage son admiration. « Un Rituel ? Ouais, un truc du genre. Je peux pas en parler, c'est super secret. Désolée. »




Par delà la ville de Basphel, Zelphaba apercevait la fameuse école. Si proche et pourtant si inaccessible. Est-ce que la fille aperçue au Fessetival y était ? Elle devait sûrement étudier avec tout le sérieux attendu de la future élite, ou bien s'entraîner pour de futurs marathons. Elle soupira, frustrée, puis fit volte-face pour aider Orenha à glisser du dos de Mout'. Mrin avait déjà sauté à terre et avait disparu à l'intérieur d'une bâtisse pour s'occuper des choses d'adultes pour le transfert de la fillette sauvée. « J'espère que tu survivras longtemps, Ren. » lui sourit la gamine. « Au moins jusqu'à ce qu'on se revoit, d'accord ? En attendant, t'auras qu'à répéter partout que Zelphaba, la pourfendeuse de loups, va botter les fesses de tout le monde ! T'auras qu'à dire ça à ceux qui t'embêtent, je pense que ça les fera fuir. » exposa-t-elle le plus sérieusement du monde. « Tu vas faire quoi maintenant ? Trouver d'autres gerbilles ? » Elle la regarda de haut en bas. « Tu devrais essayer de faire de l'exercice quand même. C'pas parce que t'es faible qu'il faut baisser les bras, d'accord ? C'est trop nul si tu te laisses dicter ta vie juste parce que ton totem truc est un rat. Si ça se trouve, c'est dangereux les gerbilles ? En tout cas, je te soutiens ! Tu me fais un câlin d'au revoir ? Et à Mout' aussi, évidemment. »

Message IV | 998 mots

Mout ressemble à ça : boop et Mrin à ça : hop.



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Orenha
Jeu 17 Aoû 2023, 23:41


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Zelphaba & Orenha

Orenha était restée silencieuse durant l’échange musclé entre le poussin bleu et sa mère poule. La fougue de la fillette qui gigotait contre elle lui faisait penser à celle des jeunes de la Meute, ceux qui n’avaient pas encore fait connaissance avec leur Totem mais dont les entrailles brûlaient déjà de la bête puissante qui y sommeillait. Une ardeur mêlée d’orgueil et d’un peu de peur ; celle de ne pas être à la hauteur. Une inquiétude qui n’avait pas eu le temps d’occuper les pensées d’Orenha bien longtemps.
Îles Suspendues, Basphel… en silence, sa bouche s’ourlait des syllabes de ces destinations inconnues, elle mastiquait les mots sans bruit pour tenter de les imprimer dans son esprit. La fillette avait parlé d’un autre lieu, celui d’où elle venait mais déjà son cerveau saturait de toutes ces nouvelles informations et son corps de sensations inédites.
Ses oreilles étaient pleines de vent et lorsqu’elle n’eut plus à se concentrer pour y intercepter les paroles des cavalières, elle se détendit légèrement. Elle se demandait comment une aussi grande et lourde créature pouvait ainsi glisser le long des nuages sans plus d’efforts qu’une hirondelle. Le ciel l’accueillait, la flattait et la caressait, et de la même main, il tentait d’arracher du dos de la bête céleste les bestioles qui s’y cramponnaient. Sa poigne éprouvait le corps endolori de la Femme-Gerbille. Elle sentait la terre tenter de la ramener à elle, le poids dans son cœur s’accroissait à mesure qu’ils prenaient de l’altitude, pressant, pesant ; lorsqu’elle ne put plus résister à son appel, elle baissa les yeux.
Elle tombait. Sa tête se renversait, ses organes jonglaient à l’intérieur de son ventre, de sa poitrine, le sang refluait dans ses tempes. Ses paupières se fermèrent sur le rideau de larmes et lorsqu’elle les rouvrit, tout était de nouveau à sa place. C’était comme si son âme avait trébuché, s’échappant de son corps en un hoquet brusque, et y était retournée lorsque l’enveloppe charnelle n’avait pas suivi.
Orenha resserra son étreinte, le cœur au bord des lèvres. Elle était en sécurité. Ce n’était qu’une illusion, projetée dans son esprit par le ciel belliqueux. Durant cette vertigineuse fraction de seconde, elle avait aperçu la forêt, sous elle. Il lui fallait lui faire ses adieux.
Elle regarda en bas de nouveau. La sensation fut moins intense et lorsqu’elle put la tolérer, le monde du dessous lui apparut dans toute sa splendeur. La cime des arbres ondoyait de milles nuances de vert ; elle dansait doucement sous les doigts de la brise comme l’avaient fait les écailles du Dragon lorsqu’elle les avait effleurés de ses doigts à elle.
« Comme c’est beau... » Les mots, murmurés, furent offerts au vent. Elle avait oublié la peur et la douleur des muscles. Plus bas encore, elle fit ses au revoir à la forêt qui l’avait vu naître et grandir, à ses odeurs, à sa flore et à sa faune, à sa "famille", aussi.
Brusquement, le vert laissa la place au bleu. On avait jeté une nappe sur le paysage qui lissait les reliefs, vernissait les contours, infinie, immobile. Orenha n’avait jamais vu la mer. Les étendues d’eau qu’elle connaissait étaient limpides et étroites, elles se coursaient dans les fourrés et sur les murs rocheux et s’étalaient en grands lacs tapissés de galets visibles depuis la surface.
Rien à voir avec cette immensité bleue qui avalait tout. L’angoisse l’étreignit tandis que son regard glissait sur la surface silencieuse ; il n’y avait plus aucune trace du Rocher au Clair de Lune et de son filet de secours boisé, et avec eux s’évaporaient les derniers vestiges du sentiment de sécurité auquel la Femme-Gerbille s’était désespérément accroché.
Ren releva la tête et fixa son regard sur les ailes du Dragon, longues, stables, rassurantes. Elle se décida à compter toutes les écailles qui rentraient dans son champ de vision et de ne s’arrêter que lorsqu’ils arriveraient à destination.


Le sol manqua de se dérober sous elle lorsqu’elle mit enfin pied à terre, soutenue par sa petite sauveuse de laquelle elle avait bien peiné à se décrocher. Ses jambes flageolaient, peinant à évoluer dans l’air devenu cotonneux.
« Basphel. » Orenha ne s’en remettait pas. Fidèles à leurs noms, les Îles Suspendues flottaient vraiment, piquetées de bâtisses à l’architecture qui n’avaient rien à voir avec les structures primitives qui jonchaient presque arbitrairement son village natale. Jusqu’ici, découvrir un nouveau lieu signifiait pour elle tomber sur une clairière ou un plateau rocheux qu’elle n’avait encore jamais foulé de ses pieds. Rien n’approchait du niveau de dépaysement qui la submergeait depuis qu’elle avait grimpé sur le dos du Dragon.
Elle se tourna vers la fillette, soulagée de pouvoir détourner son attention du flot de pensées bouillonnantes pour le lui accorder. Une chaleur diffuse se répandait dans son corps à l’écoute des paroles encourageantes de l’enfant. « Zelphaba, pourfendeuse de loups. » répéta-t-elle, émue. Elle accueillait le nom et le titre de sa petite sauveuse comme un cadeau. La question suivante la prit de cours, cependant. Entourée toute sa vie de féroces carnassiers, la Femme-Gerbille n’avait jamais envisagé la possibilité que d’autres Evershas comme elle puissent exister. Des faibles, des proies, ceux dont on ne voulait pas. Et surtout, des Gerbilles.
« Je deviendrai plus forte, c’est d’accord. » Parviendra-t-elle à le devenir suffisamment pour pouvoir survivre sans avoir à brandir le nom de quelqu’un d’autre ? Probablement pas. Pourtant, les mots de la pourfendeuse de loups gonflaient son cœur de réconfort, et peut-être même bien de courage. « Le Dragon qui te choisira et toi… je suis certaine qu’à vous deux, vous serez bien plus braves et puissants qu’un Eversha Dragon. »
Ren se figea lorsque Zelphaba lui tendit les bras. Chez elle, les marques d’affection étaient rares – en tout cas, elles l’étaient pour elle. Certes, ils passaient les nuits les plus froides à se serrer les uns contre les autres sur les paillasses ; mais ce rapprochement des corps n’avait qu’une visée utilitaire. Elle avait passé les dernières heures accrochée à la taille de Zelphaba mais l’idée de la prendre dans ses bras la faisait paniquer. Elle n’était pas digne d’un tel honneur. Pourtant, elle se pencha, raide et impavide, et enroula ses longs bras autour de Zelphaba. Sans oser exercer une quelconque forme de pression, elle resta là quelques secondes avant de s’écarter gauchement. La gratitude lui empourprait les joues. Elle s’approcha du Dragon et posa ses paumes à plat sur le flanc comme elle l’avait fait précédemment. Cette fois, elle y adjoint également le front. « Merci. Je ne vous oublierai pas. »
En s’éloignant, elle embrassa d’un dernier regard l’enfant et le Dragon.

Post IV | 1112 mots
Fin.



[Quête] - Ça s'adopte les gerbilles ? | Orenha Aq2e

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