Les bras tendus devant elle, Melissandre détaillait chaque aspect du vêtement avec circonspection. Quand on lui avait annoncé soirée pyjama, elle n'avait pas envisagé qu'il eut s'agit surtout d'une soirée déguisée. Au moins le costume était fourni, quoique certains ne doivent pas voir ça comme une chance. « Comme l'autre et son costume de babouin. » - « Comme elle. » confirma Melissandre en repliant l'habit. « Elle est ridicule. » - « Une blague. » - « Chut. » - « Elle va nous entendre. » - « Elle va nous faire du mal. » « Non, on la fera taire avant. ». Une voix extérieure à ces commentaires parvint difficilement à ses oreilles. Elle lui avait paru lointaine, comme étouffée par un voile. L'albinos leva les yeux sur le nouveau venu. « Ce connard. » - « Des bâtards ceux de cette association. » - « Ils te haïssent. » - « Ils te méprisent. » - « Tu devrais leur péter les dents. ». Quelque chose chez le brun interloqua Melissandre toutefois. Non, ce n'était pas ce Démon avec lequel l'AAAP l'avait mise en duo lors des speeds dating. Était-ce son frère ? Elle le supposa, étant donnée la ressemblance. « Bonsoir. » répondit-elle enfin après un court laps de temps. À son interrogation, l'adolescente déplia son vêtement pour le présenter à son partenaire. « Une coccinelle. » précisa-t-elle en même temps avant de remettre le costume sur son bras comme lui-même lui dévoila son habit. « Tu n'es pas joueur toi, hein ? ». Quoique l'activité s'apparenta plus au défi qu'au jeu, cela stimulait tout autant l'albinos. La soirée serait cependant loin d'être amusante si elle devait se traîner un type comme lui, si peu enclin à l'autodérision. « Au fait, comment tu t'appelles ? T'es le frère de Faustine ? » le questionna-t-elle en l'accompagnant dans le tunnel avant de le forcer à marquer un arrêt pour qu'elle enfile son habit. « Un insecte. » - « C'est comme ça qu'ils te voient. » - « Un misérable et méprisable insecte. » - « C'est ce que t'es ? » - « Hein c'est ce que t'es ? ». Melissandre se mordit l'intérieur de la joue pour se retenir de répliquer, retournant plutôt son intention sur Gustavo. « Pourquoi tu t'es inscrit si tu refuses de jouer le jeu ? ». À peine eut-elle posé sa question que le son saturé d'un pas se voulant à peine audible mais pas totalement silencieux non plus atteint ses oreilles. Elle jeta un vif regard derrière elle. Il n'y avait personne et, pourtant, Melissandre était certaine que quelqu'un ou quelque chose les épiait et les pourchassait. « Attention. » - « Attention ! » - « Cours ! » - « Échappe-toi ! » - « Il veut ta peau. » - « Fuis ! ». Poussée par la panique audible de ces recommandations, Melissandre accéléra le pas pour échapper à leur suiveur. Elle ne pouvait malheureusement pas courir, comme on le lui eut suggéré. Il faisait trop sombre pour ça. « Il faut sortir. » - « Il faut sortir. » répéta-t-elle de vive voix, ignorant tout à fait si son partenaire la suivait ou non.

Melissandre retint difficilement un rire jaune à la supposition que fit Gustavo. Un ami ? Sérieusement ? Elles n'avaient pas été des plus sympathiques après qu'il eut questionné leur hôte sur son lien avec le Démon. Elles appréciaient Faust autant que Melissandre le considérait, c'est-à-dire particulièrement mal. Indirectement, et faute de l'intérêt qu'il sembla marquer à l'encontre du concerné, l'albinos n'apprécia donc pas ce garçon non plus. Les jugements de l'Humaine étaient toujours un peu hâtifs, mais elle n'était jamais seule à y réfléchir, ce qui lui permettait de se situer plus facilement vis-à-vis des autres. Le reste de ses questions ne lui parvint pas aux oreilles toutefois, son esprit trop accaparé par cette présence inquiétante derrière eux.

Son coeur battait à tout rompre tandis qu'elle fuyait ce qu'elle avait soupçonné être un agresseur. « Stop. » - « Tu peux t'arrêter. » - « Non ! » - « Surtout pas ! » - « Arrête-toi ! » ce débat dans sa tête lui fit ralentir légèrement le pas sans pour autant qu'elle ne cherchât à s'arrêter, encore incertaine de se trouver ou non en sécurité. Jusqu'à ce qu'une main ne se referme sur son bras et l'arrête avec autorité. « Non ! ». Persuadée de s'être fait rattraper par leur poursuiveur, elle tenta se défaire de son emprise en se débattant rudement, jusqu'à ce que la voix de Gustavo ne lui parvienne. Le visage tourné sur lui, elle inspira un coup, tâchant de faire disparaitre son inquiétude, avant d'insister un peu plus sur son bras pour qu'il ne la relâche. « Lui dit pas. » - « Si. » - « Non. » - « On sait pas si on peut lui faire confiance. » - « Il est même peut-être de mèche. » - « Je... » - « Chut ! » - « Tais-toi ! » - « Plante-le là. » - « Le planter oui, comme ça on aura plus à s'inquiéter de ce qu'il est. » - « Et ce qu'il pense. » - « Non. » - « Fais pas ça. »- « Il y avait quelqu'un qui nous suivait, il m'a surpris et fait peur. Je suis pas à l'aise dans les endroits étroits ou trop fermés et je panique plus vite du coup. » se justifia-t-elle après un temps à réfléchir à quel mensonge lui dire. En soi, ce n'était pas tout à fait un mensonge non plus.« Mauviette. » - « Menteuse. » - « Allons par là, j'entends du bruit. La sortie doit y être. » conclut-elle la conversation pour ne pas l'attarder plus sur sa personne et ce qu'il venait de se passer. Il n'y avait plus que ça qui comptait, sortir et retrouver l'air libre ainsi que le confort d'une bonne hauteur sous plafond.