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 [Q] – Un nouveau départ

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Parchemins usagés : 913
◈ YinYanisé(e) le : 09/01/2019
◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Mer 04 Oct 2023, 23:17



Partenaire : aucun
Intrigue/Objectif : Sauvetage. Typhon et son épouse, Échidna, profitent d’un répit bien mérité à l’Antre des marais. Leur meute s’accommode tant bien que mal aux besoins de ces deux monstres, mais l’arrivée de deux jeunes exilés met en évidence les lacunes du mode de vie des chefs Hesshas. Un changement s’impose quand les exilés tombent en danger et que Typhon se lance dans une hasardeuse mission de sauvetage.


Les monstres de l’Antre des marais


Ce matin commença comme bien d’autres. Typhon s’éveilla pour aller coller l’oreille contre le ventre d’Échidna, son épouse, alors qu’elle était toujours à moitié assoupie. L’homme-serpent-tigre espérait y découvrir des signes de vie. Il n’entendit malheureusement aucun autre son que le gargouillement du corps en éveil de la femme-serpent-chatte. Celle-ci exigea alors un massage pour compenser le réveil hâtif qui lui fut imposé. Le couple tentait de produire une progéniture, mais le succès n’était pas au rendez-vous. Et maintenant que les deux chefs géants étaient éveillés, leur meute devait s’affairer à les nourrir.

L’insatiable appétit de ces deux Evershas Hesshas, des monstres géants, représentait un défi logistique considérable pour leur entourage. Leur corps en croissance nécessitait des dizaines de kilos de viande quotidiennement. Pour y arriver, trois équipes devaient se relayer tout au long de la journée sous les directives d’un maître cuisinier occupé à plein temps pour préparer et servir les douze festins quotidiens requis par les deux Hesshas. La majorité de la meute de Gargantua était donc impliquée, de près ou de loin, à assurer la subsistance des deux mastodontes.

Nourrir les deux géants affamés en même temps étant trop compliqué pour la petite meute, leurs repas étaient alternés. Aujourd’hui, c’était Échidna qui était nourrie en premier. Pour patienter, Typhon décida d’amorcer la journée en allant patrouiller son territoire. L’homme-serpent-tigre de 6 mètres 25 serpenta de son nid au sommet de la colline vers les terres marécageuses en contrebas. Il laissa ainsi la femme-serpent-chatte de 5 mètres 50 recevoir son premier repas en paix.

La patrouille de Typhon débuta par une visite du bourbier. La colline où trônait le nid des chefs monstrueux étant le seul point élever du territoire de la meute, ses pentes étaient réservées aux tentes et aux lieux d’entreposage. Les activités quotidiennes avaient donc lieu au bas de la pente. Malgré les efforts de drainage, le piétinement constant de la meute avait donné lieu à une grande superficie boueuse sommairement recouverte de pailles de végétation desséchée. Du bois importé permettait de graduellement agrandir un ponton en bois qui servait de route pour se déplacer entre les différents secteurs d’activité de la meute. L’homme-serpent-tigre était toutefois trop volumineux pour emprunter se passage étroit, alors il n’avait d’autre choix que de ramper dans la boue.

Remarquant des cris et des gens qui se précipitaient en périphérie du bourbier, Typhon compris que quelqu’un s’était enlisé. Il s’agissait d’un problème récurrent dans ces terres marécageuses, surtout pour ceux qui n’avaient pas l’habitude du terrain. C’est par hasard que Typhon et Lolong se rejoignirent sur les lieux de l’accident. Par son rôle de bras droit du chef, Lolong devait être partout à la fois, alors sa présence était normale. C’était celle du chef de meute qui contrastait avec ses habitudes.
« Typhon ! Tu es matinal aujourd’hui.
Je ne peux pas passer mon temps à manger et à dormir, répondit Typhon à la blague, en sachant pertinemment que tel était sa réputation. Un nouveau ?
— Un duo d’exilés du Rocher au Clair de Lune. Nous les avons trouvés, elle et son frère, à moitié morts, hier soir. Visiblement, ils n’ont pas voulu rester tranquilles et elle s’est empêtrée. Un cas typique ; ils ont vécu toute leur vie sur un sol ferme et ils ne font pas la différence entre de la boue et les sables mouvants.
Je vois. Elle ne sait pas quoi faire et il ne fait rien pour aider en tirant. Bien, fais dégager les curieux, maîtrise le frère et je m’occupe de la sœur.
— Vous avez entendu le chef !?! Allez, les gars, circuler ! Bouge de là gamin où tu vas te faire écraser. »

Pendant que Lolong maîtrisait le frère, au moins tout aussi paniqué que la victime, Typhon entoura celle-ci. Par la forme de son corps, l’homme-serpent-tigre pouvait difficilement s’enfoncer dans les sables mouvants. Son poids était trop bien réparti sur une grande surface, alors le sable ne trouvait pas d’emprise. Le chef en profita donc pour bien prendre place et ainsi donner un appui solide à la victime telle une bouée de sauvetage. Typhon prit alors une grande insufflation, puis plongea la tête dans la boue et souffla avec vigueur surnaturelle une multitude de bulles d’air autour des jambes de la prisonnière. L’emprise de la terre se relâcha dès lors et permit à cette dernière de se hisser sur le corps serpentin qui était à sa portée. Elle fut ensuite déposée plus loin pendant que Typhon crachait la boue qui avait envahi sa gueule.
«  Lolong, assure-toi qu’ils soient soignés, nettoyés et bien nourris. Dans trois jours, je veux qu’ils soient assignés à l’entretien du nid. S’ils refusent, fais-les partir.
— Vous deux, vous avez entendu le chef, avec moi. »
Cet accident résolu, l’homme-serpent-tigre continua sa patrouille. Ils furent quelques-uns à quitter le bourbier à la vue du Hesshas. Il s’agissait principalement des indésirables, qui contrastaient avec la meute de Gargantua par leurs habits peu raffinés. Parce que si les inconvénients causés par les besoins des chefs Hesshas étaient grands, ils n’étaient pas sans une compensation. Pour un Eversha, Typhon était particulièrement fortuné, alors il pouvait se permettre de vêtir sa meute de vêtements confortables et de les nourrir de plats exotiques et variés. À terme, il comptait faire de son territoire un havre de dans une région autrement inhospitalière et dangereuse, mais beaucoup de travail séparait encore la meute de Gargantua d’atteindre cet objectif.

Les indésirables, eux, appartenaient la plupart du temps aux meutes environnantes et cherchaient à recruter les membres susceptibles de les écouter. Ces derniers étaient tolérés dans la mesure où ils se gardaient de commettre des méfaits ou de compromettre le travail de la meute de Gargantua. Et ça, c’était en dépit que Typhon et Échidna dévorent régulièrement et publiquement ces intrus pour passer le message qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Or, les indésirables revenaient sans cesse, car leur stratégie fonctionnait. Malheureusement, la réputation de la meute de Gargantua avait perdu de son lustre d’antan et trop nombreux étaient ceux qui désiraient rejoindre une meute qui paraissait mieux nantie. Il en résultait d’une meute avec un cruel manque de jeunesse, la cible de prédilection des indésirables.

Ce matin, l’homme-serpent-tigre se garda de pourchasser les intrus en fuite. Il n’en compta que trois, ce qu’il jugea tolérable. Et puis, il avait déjà dépensé pas mal d’énergie pour libérer une invitée des sables mouvants. Soupirant, Typhon s’en alla à la rivière pour se désaltérer. Les événements matinaux avaient éveillé son appétit, mais son tour n’était pas encore venu. S’il l’avait voulu, le chef aurait pu ordonner au maître cuisinier de lui fournir une collation, mais cela aurait déstabilisé le complexe plan de la journée. Entre les deux Hesshas géants, de la nourriture était essentiellement apportée au nid en continu. Et comme le maître cuisinier avait une réputation à défendre, il s’agissait de plats préparés avec soin.

***

Bien qu’ils eussent englouti plus d’une quarantaine de kilos en viande et divers accompagnements au cours de la journée, la silhouette des Hesshas géants ne laissait presque rien paraître. C’était tout juste si leurs besoins avaient été comblés. Par chance, le couple disposait de suffisamment de réserves de graisse pour soutenir un régime limité pour les mois à venir. La meute ne courrait donc pas de risque que la faim de leurs chefs les pousse à se retourner contre eux, comme il arrivait si souvent avec les autres Evershas Hesshas. Éventuellement, l’homme-serpent-tigre et la femme-serpent-chatte seraient repus à leur convenance, mais des travaux plus pressants nécessitaient la main-d’œuvre nécessaire.

Le soleil était couchant lorsque Typhon et Échidna prirent leur bain quotidien dans la rivière non loin de la colline où s’était établie la meute. Il y avait déjà foule, car les changeurs de forme avaient beaucoup de boue à nettoyer pour passer une nuit confortable. Comme lors de la patrouille matinale de Typhon, l’arrivée des chefs en fit déguerpir une poignée d’indésirables. Les autres, toutefois, profitèrent de la présence des géants pour se coller à ceux-ci dans l’eau. Maintenant qu’ils avaient été nourris, il y avait plus de bénéfices que de risque à côtoyer les insatiables mastodontes de près. Massifs et chauds, se trouver à proximité des chefs ralentissait non seulement le courant, mais aussi la froideur de la rivière et permettait une baignade bien plus agréable.

La baignade était donc l’un des rares moments où la meute de Gargantua se comportait comme une meute presque normale. La proximité corporelle était un élément essentiel à la vie en meute chez les changeurs de forme. Cela renforçait le sentiment d’appartenance, permettait de rassurer les craintes et de nouer des liens plus solides. C’est pourquoi, suivant le bain collectif, Typhon et Échidna s’efforcèrent de contenir leurs bâillements et de trouver l’énergie nécessaire pour assister au conseil de la meute. Les problèmes du jour y étaient abordés pour y trouver une résolution afin que demain soit un meilleur jour.

C’était un moment important pour la meute de se faire entendre par ses chefs. Malgré tout, c’est avec une fatigue non dissimulée que Typhon et Échidna prirent place dans leur nid et invitèrent les membres de la meute qui le souhaitaient à assister au conseil. Ils étaient peu nombreux à se joindre. D’abord, car le nid était un lieu répugnant, mais surtout, parce que la majorité de la meute ne vivait ensemble que depuis tout au plus quelques mois. Il y avait rarement plus de Lolong pour relater les événements survenus et les plaintes qui lui avaient été adressées.

L’espace restreint par la structure de la colline s’élevant au-dessus des eaux marécageuses ne permettait guère de places assises. Typhon et Échidna se collaient donc l’un à l’autre, laissant le reste de leur corps serpentin entourer le nid en repoussant les déchets vers l’extérieur. Les membres qui se joignaient au conseil s’assoyaient ensuite au centre de l’espace, adossés aux remparts d’écailles de l’imposant corps des chefs. Cet arrangement laissait très peu d’espace à chacun, mais, encore une fois, la chaleur corporelle des chefs permettait de repousser la froideur nocturne des marais qui remplaçait la chaleur humide du jour. Le bois étant une denrée trop rare pour être gaspillé à allumer du feu, cet accommodement était à l’avantage de la meute. Seules quelques chandelles de cire éclairaient le groupe.
« Bonsoir, annonça Lolong, et que Phœbe bénisse ce conseil de sa sagesse. D’abord, la meute de Gargantua accueille trois nouveaux invités depuis le dernier conseil, deux desquels ont été aidé par Typhon.
Eh ! Ils doivent être vraiment désespérés s’ils ne sont pas encore partis, s’esclaffa Échidna. Corvée du nid, j’imagine ?
Oui, répondit Typhon. Ils sont du Rocher au Clair de Lune. C’est la meilleure façon de leur permettre de s’acclimater à la vie dans l’Antre des marais… et à nous. Et puis, ça nous donnera des nouvelles fraîches de ce qui se passe au Rocher.
— En effet. Bien qu’ils aient souffert de malnutrition, leur état de santé n’est pas préoccupant. Cela dit, leur aversion pour les Hesshas est évidente. Je ne serais pas surpris qu’ils prennent la fuite avec les indésirables. À ce sujet, nos éclaireurs ont découvert de nouveaux signes d’activité à la frontière du territoire. Nous estimons qu’il y a au moins deux meutes de plus qui parcourent régulièrement nos frontières.
J’en ai marre de me rationner pour nourrir les nécessiteux qui nous larguent une fois le ventre plein… Nos rivaux se sont bien trop organisés pour ravir les meilleurs d’entre eux ! Il faut…
Nous ne déclarerons aucune hostilité contre ces meutes. Du moment qu’elles se tiennent en dehors de notre territoire, nous nous tiendrons tranquilles. La Déesse-Totem Ava m’a donné ces terres, mais en dehors, c’est le territoire du Grand Totem Rakel. Nous n’avons d’autre choix que de respecter son autorité. Et puis, à force de dévorer ces intrus, nous aussi, nous portons tort à ces meutes.
— Je suis d’accord. Grâce au portail magique de la Dynastie des Hewadel, nous recevons régulièrement des cargaisons de nourriture de Sylmoé, de la laine de Wëltpuff du Cœur Vert et notre ambassade à Utopia nous donne l’opportunité d’acquérir des articles rares. Ce sont tous là des avantages à la meute de Gargantua qui ne se retrouvent nulle part ailleurs à l’Antre des marais. Et puis, nos travaux pour habiter durablement cet endroit avancent bien. Il sera tôt ou tard plus attrayant de rejoindre notre meute et moins en moins attrayant d’écouter les promesses vides de nos adversaires.
Mais en attendant, nous perdons pratiquement tous ceux qui tentent le rite de servitude… Et c’est sans parler de tout ce qui nous est volé ! Si ça se trouve, ces meutes les dépouillent des biens que ces malheureux nos volent, puis ils les abandonnent au marais.
Le propre des Evershas est la liberté. Nous ne pouvons pas forcer qui que ce soit à rester.  »

2148 mots
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Typhon Gargantua
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Typhon Gargantua
Ven 06 Oct 2023, 20:03



Les exilés du Rocher au Clair de Lune


De fausses rumeurs concernant la meute de Gargantua attiraient les nécessiteux de part et d’autre de l’Antre des marais. Il s’agissait d’histoires de richesse et de prospérité qui éclipsaient de loin la réalité. Un commerce s’était donc bâti pour permettre aux désireux de tenter leur chance… puis d’inciter ces derniers à piller la meute de Gargantua afin de financer leur rapatriement après avoir été désenchantés par la situation des chefs Hesshas. La vérité, c’était que la vie au sein de la meute de Typhon n’était guère mieux qu’ailleurs à l’Antre des marais. Car si le potentiel de la meute était grand, la nature monstrueuse de ses chefs était un trop lourd fardeau face aux attentes démesurées.

La décision de Typhon d’imposer le rite de servitude pour gérer les incessantes demandes s’avéra jouer en faveur de ce commerce. Ce rite était une soumission volontaire d’un individu sur un cycle lunaire pour rejoindre la meute de Gargantua. Il fallait donc être motivé pour sacrifier ainsi sa liberté, une valeur primordiale pour un changeur de forme. Et ne disposant que de quelques jours pour prendre une décision aussi importante, il était facile pour une influence extérieure d’intervenir. Ces esprits mal avisés pouvaient ainsi tirer profit de la sédentarité de la meute de Gargantua pour mieux contrôler le flot entrant et sortant du territoire de Typhon.

En temps normal, l’Antre des marais était trop pauvre en ressources pour permettre à autant d’individus d’appliquer le siège effectif du territoire de Typhon, mais l’homme-serpent-tigre avait des adversaires haut placés qui palliaient ce défi logistique par de très généreux dons. L’appât du gain se chargea du reste et c’est une véritable armée avide de mettre la main sur une part du butin qui cernait la meute de Gargantua. Et malheureusement, les termes qu’avait imposés la Déesse-Totem à Typhon ne permettaient pas à ce dernier d’agir pour briser l’étau qui se resserrait sur lui.

***

Lolong, le second de Typhon, profitait du réveil tardif des chefs pour introduire le nid aux deux Evershas qui en auraient désormais la responsabilité. Ces exilés du Rocher au Clair de Lune n’ayant nulle part où allez, ils n’eurent d’autres choix que d’accepter de subir le rite de servitude. Car bien que le duo eût discrètement rencontré les passeurs tapis aux frontières du territoire, ils ne réussirent pas à accumuler suffisamment de biens de valeur. Le jeune homme et la jeune femme, comme plusieurs autres, se retrouvèrent pris au dépourvu.
« Nos chefs se réveillent juste avant le zénith du soleil, affirma Lolong qui donna un coup de pied sur l’homme-serpent-tigre qui demeura inerte. Levez-vous à l’aube et profitez-en pour faire du ménage. À leur réveil, il faudra s’occuper de leurs besoins. Au coucher du soleil, vous pourrez disposer. Des questions ?
— Ce n’est pas possible d’être paresseux à ce point ! s’exclama la jeune femme pleine d’assurance. Qu’ils s’occupent de leur propre ménage !
— C’est… c’est vrai… Ajouta le jeune homme visiblement intimidé par la taille des monstres à proximité. Nous serions bien plus utiles… ailleurs…
— Vous êtes de corvée de nids. Ça ne vous plait pas ? Foutez le camp, je n’en ai rien à foutre.
— Ah ouais ?!? Mais peut-être bien qu’on va foutre le camp !
— À ta guise. »

La jeune femme et le jeune homme regardèrent le vieillard (à leurs yeux) avec malice, mais ce dernier n’offrit aucune autre réponse. La diplomatie n’était pas son fort et il avait fait de son mieux pour convaincre ces jeunes. À partir de maintenant, tout ne dépendait que d’eux. Lolong quitta donc le nid pour vaquer à ses occupations. C’était lui qui supervisait les travaux d’aménagement du territoire et qui assurait la coordination des membres de la meute. En bref, il agissait d’intermédiaire entre les chefs et le reste de la meute. Ce n’était pas un travail facile, mais comme ça, il ne s’ennuyait jamais. Et puis, même s’il l’avait voulu, Lolong n’avait ni l’intelligence ni le charisme pour guider qui que ce soit.

***

Typhon et Échidna se réveillèrent à peu près en même temps ce jour-là. Contrairement à la veille, le couple avait choisi de se prélasser un moment sous les rayons de soleil du midi avant d’enfin daigner ouvrir les yeux. Il faut dire que c’était au tour de Typhon de se repaître en premier. Il n’avait aucun incitatif à quitter le nid, et encore moins à s’ouvrir l’appétit avant que le premier repas ne soit prêt à être servi. Échidna, pour sa part, ne se souciait pas de patrouiller. Sa responsabilité première était d’enfanter. Puis en second lieu, elle gérait les conflits internes de la meute. En d’autres mots, c’est uniquement quand Lolong ne suffisait pas à calmer les ardeurs que la femme-serpent-chatte prenait le relais. Elle réglait alors définitivement la question grâce à ses pouvoirs d’enchanteresse… ou son appétit. Mais la quasi-totalité du temps, les éléments dissidents de la meute partaient d’eux-mêmes, en emportant tout ce qu’ils pouvaient avec eux.

Le réveil des Hesshas attira l’attention des deux Evergrims, qui étaient assis en périphérie du nid. La différence de taille était entre le couple monstrueux et le frère et la sœur purs sangs faisaient en sorte que l’homme-serpent-tigre et la femme-serpent-chatte ne remarquèrent même pas immédiatement leur présence. C’est le gargouillement du ventre de Typhon, qui incita son regard à chercher sa pitance, attirant son attention vers les petits serviteurs.
«  Vous êtes toujours là, bailla Typhon en s’étirant. Bien, les cuisiniers ne seront pas obligés de servir aujourd’hui.
Je n’en serais pas si sûr, remarqua Échidna en observant le comportement des exilés. Ils n’ont pas l’air de vouloir travailler.
— J’ai des questions, affirma la jeune femme avec autorité.
— M-moi aussi… souffla le jeune homme sans cacher sa crainte.
Je t’aime bien toi. Mais les espions trop curieux finissent dans mon ventre !
— Même pas peur ! Je pensais que ce serait bien ici. Mais vous êtes nuls. Et votre meute c’est encore pire. T’es vraiment un Grand Totem ?
— M-ma q-question à moi, c’est pourquoi v-votre territoire est si petit, s-si vous êtes si fort qu’on le dit ?
Les histoires sont le reflet de la réalité, mais font souvent abstraction de la monotonie du quotidien. À toi de constater le vrai du faux par tes propres yeux.
L’Antre des marais, ce n’est pas le Rocher au Clair de Lune. Ici, on se dispute des lopins de terre sains pour se mettre à l’abri des dangers du marais. Quand tu connaîtras le Koza, tu verras à quel point les distances sont couteuses en vies.
— J’en ai assez entendu. Viens frérot, on se casse.
— S-sœurette, m-mais où irons-nous ? »

Il y eut un long moment d’hésitation, puis, à contrecœur, les deux exilés choisirent de rester. Ils savaient pertinemment que sans l’aide fortuite qui les avait menés à la meute de Gargantua, le duo aurait fini victime des marais. Les deux Evergrims ne faisaient pas confiance aux deux Hesshas géants, mais les exilés n’avaient visiblement pas le choix. Cela dit, le désespoir ne les motivait pas à mieux s’acquitter de leurs tâches, mais de trouver une façon d’obtenir un butin assez consistant pour marchander leur départ avec les passeurs.

La journée se poursuivit et les nouveaux à accomplir leurs tâches avec le minimum d’effort et aussi peu de résultats. C’est malgré tout exténué que les exilés reçurent le congé au terme de la journée.

***

Le lendemain matin, les exilés furent réveillés par Lolong. Que ces jeunes n’aient pas encore fuient la meute de Gargantua était une bonne nouvelle, mais leur motivation avait intérêt à s’améliorer s’ils voulaient une place dans leur meute d’accueil. La particularité première du rite de servitude était son caractère volontaire. Personne n’était forcé à accomplir le rite, en partie ou en totalité. Mais comme pour toute meute qui se respectait, une tâche à moitié complétée, c’était une tâche qui devait être assumée par d’autres.
« Debout les jeunes, s’annonça Lolong. Vous avez fait à votre tête hier, mais aujourd’hui, il est temps de faire les choses comme il se doit. Vous ne voulez tout de même pas échouer le rite, non ?
— Rah… laisse-nous dormir vieillard, lui répliqua la jeune femme. Les monstres en ont pour des heures à se lever !
— Ma s-sœur veut dire, q-que les chefs dorment toujours, précisa le jeune homme pour faire mieux passer le commentaire déplacer de sa sœur.
— Justement. Allez, bougez-vous les fesses ! »

Des pelles en main, les deux serviteurs évitèrent tant bien que mal les imposants corps serpentins dans un effort de retirer autant de matière souillée que possible du nid. Entre la boue, les plantes mortes, les carcasses et les excréments, une matière nauséabonde, dure et compacte recouvrait l’ensemble du nid. Les heures de l’avant-midi permis un minimum d’avancement, mais dès le réveil des mastodontes, les exilés durent cesser leurs travaux pour s’occuper d’eux. Le duo comprit dès lors que l’avancement de leurs tâches serait lent et ardu.
«  Tiens donc. Nous n’avons pas encore fait fuir nos deux exilés du Rocher, découvrit Échidna en s’éveillant.
Vous avez réussi vos premiers pas dans ma meute ! Se réjouit Typhon. Il faut fêter ce moment. Un gâteau vous plairait ?
— Mais putain ! Pourquoi il faut que vous… que vous… vous êtes des monstres ! Rah !!!
— Ce que m-ma sœur veut dire, c’est q-qu’elle accepte.
Nan. Elle dit ce qu’elle pense. Nous sommes des monstres. Mais nous sommes aussi des Evershas. Il nous reste du chocolat ?
J’ai demandé au maître cuisinier d’en avoir en stock pour ce genre d’occasion. Dites, vous deux, vous avez des noms à nous donner pour qu’on décore le gâteau ?
— Aller vous faire foutre.
— D-désolé, mais non. Nous n-ne pouvons rien dire…
Ah les jeunes… Exilé dans le cul du monde et ça pense que leur nom vaut quoi que ce soit. Inventez au moins quelque chose !
Laisse. Ils parleront quand ils se sentiront prêts à leur faire.  »

Il était difficile pour les exilés de voir par-delà l’apparence des monstrueux Hesshas. En tant qu’Evergrim, ils avaient vécu toute leur vie avec un sentiment de supériorité sur les races moindres du peuple Eversha. Et les Hesshas étaient si loin dans le bas de l’échelle sociale, qu’ils étaient la plupart du temps chassés, voire tués à vue. Le sentiment était d’ailleurs souvent réciproque. Que Typhon et Échidna soient en position d’autorité sur des Evergrims paraissait contre nature. C’est cette aversion pour les Hesshas qui expliquait pourquoi les exilés conservaient le secret de leur identité. C’était un effort désespéré de laisser paraître qu’ils étaient supérieurs.

L’arrivée du gâteau au chocolat, en fin de journée, changea le comportement des exilés, qui n’avaient jamais rien mangé de tel. Ce goût ne pouvait que valoir une véritable fortune. Dès lors, les deux jeunes eurent l’idée de voler les stocks restants de chocolat pour se payer le droit de passage tant convoité. Ils pourraient ainsi laisser les Hesshas là où était leur place, dans les profondeurs oubliées de l’Antre des marais.

1843 mots
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Typhon Gargantua
Lun 09 Oct 2023, 16:16



Une escapade nocturne


Les deux jeunes exilés du Rocher au Clair de Lune réussirent à subtiliser les stocks de chocolat de la meute de Gargantua. Ce faisant, ils espéraient pouvoir marchander une escorte pour le plateau de Durienrisda. Il s’agissait de la région la plus saine et prospère de l’Antre des marais. Le duo n’aurait alors plus jamais à penser à la meute contre nature qui avait placé des Hesshas en position d’autorité sur des Evergrims. Aux yeux des concernés, le plan d’évasion était parfait, mais il ne produit pas du tout l’effet escompté.

Il suffit de quelques minutes à l’extérieur du territoire de Gargantua aux deux jeunes pour être interceptés par une meute à l’affut de rescapés à capturer. Les négociations eurent dès lors lieu pour troquer un bien précieux de Typhon contre un droit de passage. Jusque-là, tout allait bien et les exilés étaient sûrs que leurs problèmes étaient derrière eux. Or, le droit de passage ne comptait ni guide, ni aide, ni même une direction à suivre. Il fallait payer un extra pour ces choses-là. Et pour couronner le tout, le frère et la sœur furent dépouillés des provisions qu’ils avaient volées pour le périple. La transaction effectuée, les exilés furent abandonnés au beau milieu des marais et laissés à eux-mêmes en compagnie de trois autres malheureux qui avaient rejoint le duo dans leur départ de la meute des monstres.

Les deux jeunes comprirent alors qu’ils étaient tombés dans un piège. Ils furent tentés de sortir les crocs, mais ils étaient une poignée contre toute une meute. À ce stade, il n’y avait d’autre choix que de ravaler son orgueil, accepter la défaite, et aller de l’avant. Pire, un retour à la meute de Gargantua était devenu impossible. Le passage était trop étroitement surveillé et des brigands sanguinaires n’attendaient que ça pour intervenir. Après tout, les passeurs ne pouvaient pas se permettre que leur stratagème soit révélé au grand jour.

***

Au conseil du soir, Typhon fut informé du vol de la réserve de chocolat. Il était aisé de comprendre qu’il s’agissait de l’œuvre des exilés, qui avaient également disparu. La perte d’un ingrédient culinaire ne représentait pas un problème sérieux. Le chocolat ne servait que pour la conception de desserts. Le départ des exilés, toutefois, laissait la meute avec un vide à combler. Ils étaient jeunes, vigoureux et en bonne santé. Ils auraient eu une place de choix au sein de la meute s’ils étaient restés.
« Nous avons perdu plus que deux squatteurs et du chocolat, avoua Lolong. Il y en a trois de plus qui nous ont quittés. Certes, ils n’occupaient aucune fonction essentielle, mais perdre autant de bras en si peu de temps, ça laisse de marques.
Fait chier… se plaignit Échidna. Je commençais à les aimer ces petits connards. Je ne dirais pas qu’ils travaillaient bien, mais ils me plaisaient…
Ce n’est pas normal, se frustra Typhon. Nous offrons de la nourriture, du confort et même des bijoux pour célébrer la réussite du rite de servitude. Je veux bien croire que des Evergrims du Rocher ne réussissent pas à accepter des Hesshas comme chefs, mais les Evershas natifs de l’Antre n’ont pas de tels principes !
— En effet. Nous subissons une forte influence extérieure. J’ai été personnellement témoin de voyageurs qui narguent nos membres. Ceux que j’ai croisés s’en sont réparti quelques dents en moins, mais le mal était fait.
Rah ! Ce n’est pas comme si nous pouvons défendre nos frontières. Rakel guette nos faits et gestes. Il n’attend que ça nous prendre en flagrant délit !
Nous ne pouvons pas sortir… mais Rakel peut entrer, semble-t-il.
— La meute de Gargantua n’a tout simplement aucun prestige. Et puis, nous sommes des changeurs de forme. On ne peut pas contrôler tous les animaux qui entrent et qui sortent de nos frontières. Il n’y a que vous qui ne pouvez vous transformer… désolé. Mes paroles étaient déplacées.
Non. Ça va. Nous sommes ce que nous sommes.
— Cela dit, la meute conserve un noyau solide d’une quarantaine de membres dévoués. Les esclaves que vous avez libérés de l’Antre des damnés, ils ont tout à apprendre, mais ils ont le mérite d’être fidèles. Et puis, il y a la dizaine de Démons transformés en Hesshas. Je ne leur fais pas confiance, mais on serait en bien pire posture sans eux. Enfin, il y a la poignée d’Evershas qui ne nous a pas encore désertés.
C’est peu, mais on a connu pire… Que cela ne tienne ! Nous ne resterons pas les bras croisés. Échidna, je te confis la meute. Lolong, avec moi. Essayons d’en ramener quelques-uns au bercail.  »

Échidna ignorait quel plan foireux son mâle avait pu concocter, mais elle s’en remettait à son jugement. Pour cause, elle était entièrement dépassée par les événements. Son combat à elle, c’était de trouver un moyen de permettre à son corps d’engendrer une progéniture. C’était la principale raison pourquoi elle et son mâle toléraient les tourmentes de l’Antre des marais. Ils avaient peut-être une apparence monstrueuse, mais Typhon et Échidna faisaient partie de ce qui passait pour de la noblesse chez les Evershas. La femme-serpent-chatte n’était pas pour autant insensible aux problèmes de la meute, mais elle priorisait les siens.

***

Suivi du fidèle Lolong, Typhon s’en alla à la rivière. Les frontières de territoire de la meute de Gargantua étaient étroitement surveillées, mais la rivière, elle, l’était beaucoup moins. Il faut dire qu’elle était alimentée par d’innombrables ruisseaux d’importances variées et donnait accès à un réseau de grottes souterraines qui s’étendaient sur des kilomètres. Les adversaires de Typhon se contentaient d’observer ces étendues d’eau avec des espions aux Totems volants, se relayant jour et nuit pour garder un œil sur l’ensemble du territoire. Or, cette surveillance avait des limitations. Le cas échéant, l’obscurité nocturne transformait les étendues d’eau en une substance opaque.

Lolong se transforma en un immense crocodile marin de six mètres et nagea sous l’eau aux côtés de son chef. Typhon avait le pouvoir de contrôler l’air. Grâce à cette habileté, il formait une bulle d’air sous l’eau pour respirer sans jamais avoir besoin de faire surface. Et puis, de temps à autre, l’homme-serpent-tigre remplaçait la bulle avec une nouvelle bulle d’air frais. Lolong, pour sa part, avait tout simplement le pouvoir de respirer sous l’eau.

Cette situation marquait l’un des rares moments où Typhon n’était pas la créature la plus imposante de son entourage. La forme de crocodilien de son compagnon faisait le double du poids de son chef pour une taille presque équivalente. Depuis qu’il vivait parmi la meute de Gargantua, Lolong utilisait rarement son animal Totem. Reptile au sang-froid, le crocodile ne permettait tout simplement pas assez d’activés pour la vie en communauté. Mais en contrepartie pour l’homme-serpent-tigre au sang chaud, il dévorait en une journée ce que le crocodile marin ingérait en une semaine.

Une fois sûrs d’avoir échappé au regard des espions, Typhon et Lolong firent surface dans un bassin d’eau, quelques kilomètres en dehors du territoire de la meute de Gargantua. Les deux hommes changèrent alors de forme. Lolong reprit sa forme humaine ordinaire, un geste tout à fait banal pour lui, alors que Typhon concentra la majorité de sa réserve magique pour prendre l’aspect d’un homme frêle. La différence des transformations illustrait le pouvoir d’un Evergrim, de celui d’un Hesshas.

Pour Lolong, il était tout naturel de passer d’une forme à l’autre, presque sans effort. Pour Typhon, il devait employer une puissance magique hors norme pour obtenir un résultat moindre. En comparaison, la forme humaine de Typhon était faible, amoindrie tant pour ses capacités physiques, que magiques. Cela dit, seul un nombre très restreint de confidents avaient connaissance de cette capacité. Typhon pouvait donc agir en dehors de ses terres sans attirer l’attention de ses ennemis.
« Je ne crois pas que je m’habituerais un jour à te voir aussi faible… et petit, avoua Lolong en sortant des vêtements d’un sac qui fut gardé au sec par la magie de Typhon.
Dis plutôt que tu aimerais prendre ta revanche, répliqua Typhon, moquant son compagnon.
— Non. Tu m’as vaincu, puis tu m’as épargné, puis sauvé la vie à maintes reprises. Je resterai à tes côtés, pour le meilleur comme pour le pire.
Arrête, tu fais mal paraître mon épouse ! Bon. D’après les signes, je suis pas mal certain que nos derniers déserteurs ont été livrés au marais. On les retrouve, puis on leur offre de retourner à la maison ni vue ni connue.
— Je suis d’accord. Ainsi, on ne risque pas de déclarer les hostilités avec les meutes voisines.
Par Phœbe, je ne demande que ça ! Une bonne bagarre aurait tôt fait de faire comprendre ce que vaut la meute de Gargantua. Eh, oh ! Ne me regarde pas comme ça, je ne suis pas con à ce point…
— En effet. »

***

Grâce à ses pouvoirs de localisation et ses compétences de chasseur-pisteur, Typhon n’eut aucun mal à retrouver la trace des exilés du Rocher au Clair de Lune. Ces deux jeunes priorisaient leur forme humaine, contrairement aux autres. Les autres déserteurs avaient plutôt opté pour leur forme animale et s’étaient dispersés dans la nature. Natifs de l’Antre, ces Evershas avaient toutes les connaissances, et toute l’expérience nécessaire, pour survivre par eux-mêmes. La nuit étant trop courte pour tous les rattraper, Typhon choisit de se concentrer sur les exilés qu’il aurait certainement une meilleure chance de convaincre.

Malheureusement pour lui, la forme humaine de Typhon n’était guère plus habile que les deux jeunes qu’il poursuivait. Et bien que Lolong avait un physique humain bien plus puissant et endurant, il n’avait pas les compétences de son chef. Il en résultat donc d’un long périple qui dura presque toute la nuit. Au moins, lorsque Typhon et Lolong rencontrèrent les deux jeunes, ces derniers semblaient bien plus ouverts à l’idée de vivre dans une meute dirigée par des Hesshas qu’ils ne l’avaient été plusieurs heures plus tôt.
«  Ça ne va pas très fort on dirait, commenta Typhon en observant les deux jeunes Evershas. Alors c’est votre jour de chance, il n’est pas encore trop tard pour revenir en arrière.
— Cette voix… J’y crois pas… Avoua la jeune femme. Par Phœbe, toi, tu es bien la dernière personne que je m’attendais à revoir, le monstre.
— M-mais comment… se réjoui le jeune homme. Nous étions p-perdus au beau milieu des marais !
— On voit bien là la gratitude des Evergrims du Rocher, se moqua Lolong en sortant un morceau de viande séchée de son sac. Tenez, vous n’avez certainement rien mangé de la journée.
Nous nous reposerons pendant une heure. Profitez-en pour réfléchir à votre avenir. Je rentrerai ensuite à la meute de Gargantua avec Lolong. À vous de voir si vous ferez partie du voyage.
— Et ne comptez pas sur nous pour vous sauver une deuxième fois. Typhon vous donne une deuxième chance, ne la gâcher pas.
— O-oui. Nous vous s-suivrons. N’est-ce p-pas, sœurette ?
— Ouais, ouais. C’est comme mon frérot dit… N’empêche, pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour prendre forme humaine, le monstre ?
L’orgueil, j’imagine. Que choisirais-tu, exilée du Rocher ? La puissance au prix d’une forme monstrueuse, ou la forme humaine au prix de la faiblesse ?
— Humph, tu es stupide, le monstre. La forme humaine pour vivre et la forme monstrueuse pour botter le cul de mes ennemis !
Vu sous cet angle, c’est vrai que c’était une question stupide. Qu’est-ce que tu en dis, Lolong ?
— J’en dit qu’un chef d’apparence faible va inciter sa meute à le renverser et les autres meutes à l’attaquer. Les Evershas de l’Antre jugent avec leurs yeux. C’est comme ça. »

Typhon pouvait constater que les deux réponses témoignaient de milieux de vie bien différents. Au Rocher au Clair de Lune, la réputation était tout. Et ça, Typhon était bien placé pour le savoir, étant né au sein d’une meute défavorisée à la réputation entachée par une Grande Dynastie. Qu’importait si un chef avait l’air faible en forme humaine, si par son Totem, il devenait invincible ? Il fallait être désespéré ou ignorant pour ignorer la réputation d’un chef de meute.

Inversement, à l’Antre des marais, la réputation n’existait pas, tel que l’avait constaté Échidna en menant sa propre meute de Hesshas il y a bien des années. Alors une jeune Wynmeris, elle avait beau dévorer, châtier et massacrer, elle et sa meute ne connaissaient jamais de répit. Elle avait une apparence faible, alors elle était constamment mise à l’épreuve. Il suffit d’un moment de réelle faiblesse et elle fut capturée et remise à des esclavagistes pendant que sa meute était anéantie.

Typhon devait choisir. Devait-il se conformer aux exigences de l’Antre des marais, quitte à en payer le prix avec ses relations au Rocher au Clair de Lune ? Ou devait-il embrasser la culture du Rocher, qui était la sienne, quitte à être en porte-à-faux avec l’Antre ? De toute évidence, il n’y aurait pas que les exilés qui auraient à prendre une décision cette nuit-là.

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Typhon Gargantua
~ Eversha ~ Niveau V ~

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◈ Activité : Chasseur [Rang III] & cuisinier [Rang III]
Typhon Gargantua
Mer 11 Oct 2023, 22:19



Une nouvelle vie


Retourner au territoire de la meute de Gargantua ne fut pas de tout repos. Typhon et Lolong étaient en compagnie de deux jeunes Evershas inexpérimentés et faibles. Ce faisant, emprunter les étendues d’eaux souterraines n’était pas une option. Cette voie était particulièrement hasardeuse, alors seuls l’homme-serpent-tigre et l’homme-crocodile pouvaient la parcourir sans succomber aux affres du marais. Mais même eux ne disposaient pas des capacités nécessaires pour s’encombrer de fardeaux, surtout quand le jour se levait et que les créatures du marais reprenaient vie. Avec l’imminent lever du jour, Typhon opta pour conserver sa forme humaine et faire le trajet à pied.

Cette apparence du chef de la meute de Gargantua était inconnue de ses rivaux. Pour cause, c’était seulement la deuxième fois qu’il l’adoptait, après un essai qui ne dura que quelques minutes. Et puisque le nid qu’occupait Typhon était voilé des yeux du ciel par une toile qui protégeait des intempéries, il était improbable que l’escapade nocturne ait déjà éveillé les soupçons. Cet avantage était toutefois éphémère. La découverte que Typhon ne se trouvait plus dans les limites de son territoire était inévitable. Entre la magie et les espions, quelqu’un finira par être informé de la situation, puis partagera l’information et déclenchera une chasse à l’homme. Le défi était donc d’être pour le chef de meute d’être de retour chez lui avant que ses adversaires ne puissent le prendre au dépourvu.

Lolong, pour sa part, était l’Evershas de l’Antre des marais à l’apparence la plus banale qui soit lorsqu’il était habillé. Seule la nudité révélait des cicatrices issues de blessures qui auraient fait succomber des Evershas moindres. Ça ne laissait que les deux jeunes exilés du Rocher à maquiller par des vêtements différents et un peu de boue. Tout ce qu’il restait, maintenant, c’était de se faufiler entre les mailles des forces qui encerclaient le territoire de la meute de Gargantua. Et pour ce faire, Typhon avait un dernier atout dans sa manche, la cupidité des passeurs.

Quelques breloques en métal rouillé et en pierre polie suffirent amplement à obtenir une escorte pour le quatuor. Il y eut quelques moments plus tendus, mais en général, le voyage se passa sans que l’identité des voyageurs ne reçût la moindre attention. Ces brigands cherchaient d’abord et avant tout à recevoir les fruits du pillage de la meute de Gargantua. Par conséquent, il était à l’avantage de ces vilains que le voyage d’aller soit accessible et simple. Leur fortune dépendait de la présence d’individus prêts à tout pour quitter la meute de Gargantua, pas de l’atteindre.

***

Le retour de Typhon à la meute de Gargantua en forme humaine en surpris plus d’un, Échidna la première. Cela dit, la majorité des membres de la meute n’avait guère d’intérêt pour ce genre de détail. Principalement composés d’esclaves libérés de l’Antre des damnés, ces Evershas suivraient leur libérateur par maux et marées. Il y avait ensuite la dizaine de Démons transformés en Hesshas qui composaient le gros de l’équipe de cuisiniers de la meute. Pour eux, c’était un pacte qui les liait à Typhon. Il y avait enfin les quelques résidents de l’Antre des marais qui n’avaient pas encore abandonné la meute. Ceux-là se souciaient déjà de leurs intérêts personnels avant ceux de la meute et l’apparence de leur chef figurait loin dans leur liste de priorités.

Avant de retourner auprès de son épouse, Typhon laissa les deux exilés du Rocher aux soins des soigneurs. Il leur accorda une journée de repos pour se remettre de leur escapade. Après quoi, ils devraient reprendre leur rite de servitude. Il s’agissait de la dernière chance pour ces nouveaux venus. Le chef de meute insista donc que les exilés avaient bien intérêt à ne pas la gâcher. La jeune femme et le jeune homme hochèrent vigoureusement de la tête en signe de compréhension. Leur loyauté n’était pas acquise, mais ils ne tenteraient pas de s’enfuir de sitôt.

Enfin, toujours sous forme humaine, Typhon s’en alla à la rencontre de son épouse qui l’attendait au nid. La journée tirait à sa fin, alors la femme-serpent-chatte avait englouti tous les repas destinés aux deux chefs. C’était la première fois depuis des semaines que la forme de son volumineux ventre s’arrondit et qu’elle se sentit réellement repue. Dans cet état, toutefois, Échidna resterait immobile jusqu’à ce que sa digestion ait atteint un état plus avancé. La femme-serpent-chatte était, pour ainsi dire, temporairement à la merci de son mâle toujours mobile.

Le chef de meute, toujours dans sa forme humaine, opta pour escalader le corps de sa femelle afin de lui ravir un baisé. Il s’allongea ensuite sur le ventre de son épouse. Ainsi positionné, Typhon avait la tête entre les deux seins de la femme-serpent-chatte et les fesses bien installées dans le creux de son entrecuisse. Avec sa taille et sa force, Échidna aurait pu faire ce qu’il lui plaisait de son petit mâle, mais elle opta pour le laisser en place. Il y avait fort longtemps que la monstrueuse Hesshas avait eu le plaisir de dominer Typhon de la sorte. Ça ne l’empêcha toutefois pas de passer ses mains surdimensionnées sous les étroits vêtements du mâle.
«  Alors, que me vaut l’honneur d’être la dominante, questionna nerveusement Échidna. Rassure-moi, tu n’as pas l’intention de te transformer sur moi ? Tu ne pèses presque rien dans cette forme, alors ça va. Mais je te préviens, si tu te transformes, je vais te vomir dessus !
L’idée m’a traversé l’esprit, répondit Typhon sur un ton moqueur. Mais non. À dire vrai, cette petite aventure m’a rappelé ce que ça faisait de ne pas passer tout mon temps à manger et à dormir.
Parle pour toi ! Moi, ça me plaît bien. Et d’après Lolong, vous auriez pu tous mourir.
Mais nous sommes toujours en vie, non ? Et sans bain de sang en plus ! Mais passons aux choses sérieuses. Tu m’as laissé à manger ?
Qu’est-ce que tu crois ? J’ai tout mangé, bien sûr ! Mais tu as de la chance, il reste un dernier repas.
Tu sais, Échidna, un tel corps humain, toi aussi tu en es capable. Nous l’avons conçu ensemble, après tout. Ils sont humains et vierges. Oui, sans aide, il en coûte presque toute notre puissance, mais tu as pensé aux possibilités ?
Hum…un nouveau départ, sans cicatrices et sans malédiction…
J’ai ton attention, on dirait !
Tu sais que mon pire cauchemar c’est de redevenir une femme faible et sans défense ? Et cette forme humaine, je vois bien ce qu’il t’en coute. Tu es frêle, maladroit et tu peines à soulever ton propre poids. Même ta magie écope.
Rien ne te force à rester humaine plus longtemps qu’il ne le faut. Moi, je vois une issue à notre problème de procréation ! Tu veux fonder ta dynastie, non ?
Ouais… Mon pire cauchemar contre mon rêve le plus ambitieux.
Rah, pourquoi t’obstiner autant ! Une nuit tout les neuf mois, c’est si cher payé ?  »

Berçant son mâle de sa respiration, Échidna resta songeuse pendant un long moment. Typhon, pour sa part, constatait à quel point la proximité avec la Hesshas géante était indisposant pour un non Hesshas. Les entrailles bruyantes, l’odeur forte, l’anatomie abominable, rien de ça n’était attrayant pour l’œil humain. Et encore, c’était de sa propre épouse qu’il s’agissait. Et de même, la femme-serpent-chatte pouvait ressentir l’inconfort du petit humain qui était étendu sur son ventre.
«  On en aura vécu des mésaventures… Tu veux vraiment que tout s’arrête maintenant ? Soit. Alors je vais te dévorer !
Eh, oh ! Je n’ai pas dit non. Je réfléchis ! J’aurai bientôt 34 ans, je te signale ! Et c’est quand même moi qui vais le porter ton gamin !!!
Notre gamin. Et puis, tu me le dois bien ! Tu as essayé de me dévorer vivant, mais je t’ai quand même sauvé quand tu as été capturé par des esclavagistes. Tu as essayé de tuer ma meute et de livrer ma tête à Rakel. Je t’ai pardonné en échange de ta servitude. Eh bien, tu as le choix ! Tu vas me servir de repas, ou tu vas me servir un enfant.
Tu es cruel, tu le sais au moins ?
J’ai appris de la meilleure !
Ma mère !?! Gah ! Ne te transforme pas, c’était une blague !!!
Alors c’est décidé. À la prochaine pleine lune, tu auras un cul humain ou je te bouffe… Ou, parce que je ne suis PAS cruel, tu peux aussi quitter ma meute et vivre ta vie comme il te plait.
Nan. Je suis ton Augure-assistante. J’ai tous les avantages d’être chef et aucun des inconvénients. Et honnêtement, tu as besoin de moi pour épauler Lolong. Ce mec est incapable de jouer le méchant. Très bien, je vais m’entraîner à prendre forme humaine… Mais une nuit par mois, pas plus !
Ça me va. Rien ne prouve que ça va marcher, de toute façon.
Et tu es prêt à me dévorer pour si peu !?!
Tu as bouffé tous mes repas de la journée pendant que moi, je n’ai eu que des racines et une poignée de champignons. J’ai faim !  »

***

Le conseil du soir de la meute de Gargantua avait une ambiance fort différente avec seulement un monstre occupant le nid. Avec Typhon toujours sous forme humaine, une bonne partie de l’espace se retrouvait vacante. Et voir le chef sous une forme plus désirable avait permis à plusieurs curieux de se joindre au conseil. Et puis, Typhon avait des ambitions renouvelées pour sa meute, ce qui fit plaisir à entendre pour plusieurs. Typhon et Échidna allaient alterner des expéditions de recrutement. Ainsi, ils espéraient pallier les manquements des membres actuels, puis croître et devenir une puissance majeure de l’Antre des marais.

Empiéter sur le territoire de Rakel demeurait risqué, mais grâce à sa forme humaine, Typhon pouvait maintenant aller à la rencontre des Evershas errants en dehors de l’Antre des marais ou du Rocher au Clair de Lune. Avec le portail magique qui approvisionnait la meute, Typhon pouvait aller et revenir sans problème. Échidna, pour sa part, n’avait pas les mêmes restrictions que son mâle. La femme-serpent-chatte n’était tout simplement pas assez influente pour valoir l’attention de Rakel. Elle profiterait donc des avantages de sa forme monstrueuse pour parcourir les marais pour recruter les Hesshas laissés pour compte… ou en créer de nouveaux. La tâche lui était tout désignée, car ses talents d’enchanteresse pouvaient apaiser l’esprit chaotique du Hesshas et sa grande force pouvait lui permettre de gérer ceux qui étaient complètement fous.

Enfin, une fois les besoins de la meute comblée, Typhon et Échidna recommenceraient à offrir le don du gigantisme aux plus méritants, comme il en fut jadis le cas.

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