Qui part à la chasse, perd sa place

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« Arrête ça, tu veux ? » L’avorton ne relevait pas la tête malgré les avertissements de sa mère. « Lhænore. Lhænore ! » Ce n’était que lorsqu’une main vint s’abattre violemment sur le fusain de la Rahzden qu’elle cessa de le balader frénétiquement sur son morceau de parchemin. « On ne peut décidément rien faire, ici. C’est assez ironique de nous cloîtrer ainsi, dans la ville où tout est permis. « soupira la jeune vampire, quittant le confort de son bureau pour s’asseoir au rebord d’une fenêtre. Devant le silence d’Eurielle, Lhænore décida de revenir à la charge : « Est-ce que l’on va chasser ce soir, au moins ? » L’aînée referma son livre, agacée, arrachant un léger sursaut à sa progéniture. « Je ne vais pas te laisser mourir de faim, Lhænore, ne t’en fais pas. Nous partirons chasser quand Keith et Raoul seront revenus. » La vampire des mers arqua un sourcil, effaçant son sourire naissant. « Où est-ce qu’ils sont partis ? » - « Chasser, entre autres choses. » La Rahzden se leva. « Sans nous ? » Sa réaction fit sourire sa mère. « Oui, sans nous. Nous chasserons donc ensemble tout à l’heure. Que toutes les deux. Tu pourras me montrer tes progrès sans risquer de te faire voler la vedette par ton frère. » la taquina-t-elle alors, presque trop facilement à son goût. « Je suis surprise que pour une fois, tu me donnes l’occasion de briller, au lieu de me couver, mère. Nous aurons l’estomac plein, ce soir. » Cette tentative vaine de l’atteindre fit rire Eurielle. « Allons bon. J’ai hâte. » souffla-t-elle, hilare.

Au retour des deux hommes, la matriarche les accueillit chaudement, s’isolant quelques instants avec son époux avant de partir à son tour en chasse. « Tu penses que ça va aller ? » La voix du patriarche trahissait son inquiétude. « Ils s’impatientent. Plus je les enferme, et plus je crains qu’ils ne fassent des bêtises. Pour Raoul, ça devrait aller, il sait se maîtriser, mais Lhænore... Elle est trop jeune pour pouvoir se mélanger aux autres sans risques. Et puis avec tout ce qui se passe en ce moment… ça la dérange, je le sens. » - « C’est normal que ce qui se passe là-bas la contrarie. Rappelle-toi comment tu te sentais au début, même encore maintenant… Tu as encore de l’amour pour ton peuple. Ce qui lui arrive t’atteint, même si ça ne te concerne plus. » Un moment de silence plane. Puis, il se reprend : « De toute manière, nous n’aurons plus à les faire patienter plus longtemps. J’aimerais que demain, à la nuit tombée, vous preniez la route du Fjörd. » Eurielle planta son regard dans le sien, hébétée. « J’ai envoyé une lettre à Behr il y a deux mois de cela, peu après votre arrivée en fait. Je n’ai pas eu de réponse alors, j’en ai envoyé une autre, pensant que peut-être ma lettre s’était perdue. Je n’ai toujours pas de réponse, ça m’inquiète. Ça ne lui ressemble pas. Quelque chose ne va pas. J’aimerais en avoir le cœur net… je sais que je t’en demande beaucoup, mais… ça me rassurerait si tu allais t’assurer que tout va bien. » expliqua-t-il, prenant sa main dans la sienne. « Bien sûr, mon amour. » souffla Eurielle, avant d’enfouir son visage contre son torse.

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