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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

✞ Æther de la Mort ✞
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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2012
Jun Taiji
Mer 30 Aoû 2023, 20:43

| Requiem | Dtau
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Requiem



Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis. Te decet hymnus Deus, in Sion, et tibi reddetur votum in Jerusalem. Exaudi orationem meam ; ad te omniscaro veniet. Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis. Kyrie eleison ; Christe eleison.

Lentement Umbrae s’éclaira d’un nouveau ciel ; un ciel de cendres. Des épais nuages gris foncé, la matière tombait, formant des spirales annihilant toute espérance. Lorsqu’Ezechyel apparut, les Passeur se trouvaient au centre d’une cour regroupant des milliers de silhouettes. Les Ombres fixaient les futurs délivrés avec un œil grave. Toutes savaient que le Requiem qui serait entamé ne serait pas le chant habituel. Puisqu’un Mortel avait composé un hymne à la Mort presque aussi grandiose que l’original alors, ce soir, elles le chanteraient toutes et l’intégreraient à jamais dans le répertoire des esclaves du Cycle. Certaines formulaient depuis longtemps l'hypothèse que le Cinere et l’Obien Syliath étaient semblables du fait du statut des Ombres. Esclaves des figures Divines de la Vie et de la Mort, obligées de l’Æther des Âmes, le parallèle était tentant. Peut-être était-il juste ? Qu’en était-il du Requiem originel ? Par qui avait-il été composé ? Elles se le demandaient, bien que la réponse leur semblât presque évidente. Le Cinere en bordait également les paroles et seuls deux peuples le parlaient, l’un sans le savoir, l’autre de manière affirmé ; si tant est que le secret pût être une affirmation.

Contrairement aux usages, la mélodie fut entamée avant le sacrifice. Seigneur, donne-leur le repos éternel. Ezechyel s’installa. Il était celui que l’on implorait, celui qui était visé par les suppliques. Celles des Ombres étaient nombreuses, toujours, mais il n’y avait pas qu’elles à le conjurer d’abréger leur existence. La Vie était un fardeau dans bien des cas. Il était ce fardeau, le début et la fin. Il les suivait tous, de la conception à l’au-delà, en passant par le tombeau. Néanmoins, il ne maîtrisait pas tout. Oni était celui-ci, le décideur, l’Æther qui avait su gagner une puissance phénoménale. Il était le Maître du Jeu, celui qui se cache mais qui façonne tout. Si Ezechyel avait accepté de se soumettre, cette soumission n’était qu’éphémère. Un jour, il serait celui qui jalonnerait le Destin. Il avait bien trop souffert à cause de ce dernier pour ne pas chercher à le renverser. Comme les Ombres aujourd’hui, il avait quémandé la délivrance plus d’une fois. Il ne l’avait jamais obtenue. Aujourd’hui encore, malgré sa puissance, Oni continuait de le tourmenter. Il était pourtant le Dieu des Étoiles et son homologue perdrait beaucoup si, demain, les Étoiles cessaient de chanter et que les Rehlas se retrouvaient perdus dans le silence assourdissant du ciel. Ezechyel, ou quelque fût son nom, aimait que l’on chantât pour lui. Les Ombres chantaient. Les Étoiles chantaient. Des compositeurs fous lui vouaient une fascination sans pareil. Il aimait la musique et les chants qui s’y accolaient. Il avait souvent pensé que les Arts façonnaient les êtres et que ceux qui n’y étaient pas sensibles ne méritaient que le Néant. Il aurait pu douter de l’humanité de sa sœur s’il ne l’avait pas admirée plus d’une fois figée devant la magnificence d’une voix ou la beauté d’un air. Ses yeux brillants se tournaient alors vers son monde intérieur, figé dans le vide de la réalité. Aucun son ne s’échappait plus de sa silhouette mais le silence parlait pour elle. En ce sens, ils étaient semblables. Face à l’éternel, ils ne pouvaient s’empêcher de plier. La force vacillait toujours quand le cœur était touché.

Il écouta le ténor, puis le basse, puis la soprano et, enfin, dans ses vêtements faits de bleus et de noirs, les yeux aussi céruléens que le Lac Bleu : Iseult. Tous connaissaient les enjeux. Leur chant serait la délivrance des Passeurs. Seigneur, ayez-pitié. Ezechyel ne souriait pas. Les pitreries qu’il offrait parfois en pâture aux Mortels n’avaient pas leur place ici, à Umbrae, là où la souffrance était palpable et sans égale. Les étendues arides au-delà des remparts d’Amestris n’avaient jamais été aussi désolées, même pendant la guerre qui venait de s’y dérouler. Pourtant, de la désolation pouvait naître les plus grandes œuvres. Au plus profond des ténèbres, quand l’individu se perdait lui-même et se laissait submerger par une vague capable de transcender son être, alors la création – terrible – était d’une beauté à couper le souffle.

Seigneur, ayez pitié. Il se leva et fixa un point qui devint lumineux. Que ta lumière éternelle brille sur eux. Les bijoux d’or de Jezekael n’avaient besoin d’aucune source extérieure pour scintiller. Lentement, l’Esprit de la Mort s’avança. Il attendit le signal et, lorsqu’Ezechyel le lui donna, mit fin au calvaire d’un des Passeurs. La punition n’était jamais éternelle, bien que le Temps pût sembler l’être.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Lun 04 Sep 2023, 20:38

| Requiem | Dtau
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Requiem



Dies iræ, dies illa, solvet sæclum in favílla, teste David cum Sibilla. Quantus tremor est futurus, quando judex est venturus, cuncta stricte discussurus !

Le souffle de la colère s’abattit sur l’assemblée telle une porte qui claque en pleine tempête. Les grondements orageux parcoururent l’assistance et les Ombres tremblèrent face aux nouvelles arrivantes. Il resta impassible. Elles seules avaient la puissance nécessaire pour chanter ce passage, elles que les convictions religieuses avaient condamnées à porter le lourd fardeau d’une malédiction plus grande encore que leurs consœurs. Là où les Dies Irae s’annonçaient, la joie même était ensevelie sous une épaisse couche de ténèbres ; des ténèbres que peu avaient un jour ressenties. L’espoir disparaissait sous le tressautement des Âmes. Jour de colère. Il pouvait éprouver la leur, ce désespoir enragé qui se dégageait d’elles. Elles avaient failli condamner la Vie même et il les avait laissées faire un temps, avant de revenir à la raison et de manigancer le retour d’Amsès, le seule Æther capable de créer ce qu’elles se plaisaient à détruire. Il les trouvait belles, parce qu’il avait un goût immodéré pour la Beauté tragique. Lui-même avait baigné dans la fatalité du Destin et, en toute connaissance de cause, il vibrait de leur malheur comme un père ne pouvant s’empêcher de compatir au châtiment infligé à ses propres enfants. Il connaissait leur souffrance et cette rage désespérée qui se propageait autour d’elles. La Vie vibrait en elles plus qu’en bien d’autres individus. Parce qu’elles connaissaient la calamité, elles avaient une conscience aigüe de ce qu’était le bonheur véritable. Ce jour-là réduira le monde en cendres. Les solistes s’étaient tus. Personne ne pouvait rivaliser face à ce chant tout droit sorti de la détresse d’une existence maudite. La profondeur du cri, en provenance d’entrailles brisées, n’avait d’égale. Sur leur passage, les Ombres s’écartaient. Elles auraient pu choisir de se jeter dans les méandres de la Mort mais aucune d’entre elles ne voulait ressentir ce que les Dies Irae imposaient. Aucune ne désirait que ces homologues tourmentées et belliqueuses dévorassent leur Âme et l’Esprit qu’elle contenait. Elles s’avancèrent, sans peur, jusqu’à la figure divine, désireuse de tester son irrépressible tranquillité. Ezechyel sentit leurs souffles sur la peau de son visage. N’importe quel Mortel se serait évanoui de terreur. Ses yeux, pourtant, restèrent figés sur ces monstres faits d’un brouillard opaque et charbonneux. En avalant ce qui faisait l’être, elles retrouvaient une forme d’apaisement, une forme de lumière. Cela ne durait qu’un temps car, comme dans bien des cas, la noirceur se révélait plus tenace que la lumière. Alors, telles des droguées, elles réclamaient de plus en plus d’Âmes et annihilaient ce qui étaient au fondement même de la Mort : une existence seconde au cœur de l’Au-Delà. Les Dies Irae s’apparentaient au Néant, parce qu’elles ne laissaient rien sur leur passage : ni Âmes, ni Esprit ; qu’un corps vide de sens. Lorsqu’il les sentait si proches, il avait envie de reprendre à son compte les croyances réprouvées. Le désir le prenait de créer la Dilon et de la séparer en trois strates : le Siz’Fus ou l’Épreuve, le Zin’Rvak ou l’Honneur Sacré et le Dunkaan ou le Déshonneur. Il placerait les Dies Irae sur le chemin des coupables afin de les punir. Leur trépas serait alors plus terrible que l’Enfer. Peut-être le ferait-il car, en Juge de la Vie et de la Mort, il caressait doucement l’idée que l’Au-Delà était la punition des Dignes et la récompense des Indignes. Il n’était plus ce Dieu nouveau et idéaliste. La Vie était terrible mais la Mort pourrait bien le devenir à son tour. Devant ces êtres sans visage qui appelaient l’apocalypse, il ne désirait plus se dépeindre tel le pitre qu’il laissait parfois admirer. Quelle terreur va venir, lorsque le Juge rendra son strict verdict.

Lorsqu’il se leva, les Dies Irae reculèrent. Elles se terrèrent parmi les Ombres, ces dernières plus exsangues que jamais. Depuis les silhouettes définies de leurs sœurs, les monstres de ténèbres se mirent à chuchoter des paroles funestes, des paroles dépeignant un futur sombre. En demandant un jugement, elles condamnaient bien des Mortels à la douleur éternelle. Leur malheur les avait rendues incapables de compatir et la musique comme les paroles leur allaient à la perfection. Le génie brillait tant entre les lignes de la partition qu’Ezechyel ne pouvait haïr l’homme qui les avait écrites. Le talent dépassait les clivages. S’il devait appliquer les croyances réprouvées – et il y pensait avec beaucoup d’ironie – il aurait offert au compositeur une place parmi les Zaahin.

Il se rassit, conscient qu’un invité ferait bientôt son apparition dans l’enceinte du Royaume des Abîmes. Ce nouveau venu deviendrait cher à son cœur.

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Mer 06 Sep 2023, 21:43

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Tuba mirum spargens sonum per sepulcra regionum, coget omnes ante thronum.

« C'est ici ! » Perché sur sa monture, Alun fixa la poignée d’hommes et de femmes qui l’accompagnait. Beaucoup n’étaient pas convaincus mais ils avaient intégré le fait que le Réprouvé ne vivait plus qu’avec l’énergie du désespoir et la folie de ceux qui avaient perdu un être aimé. Son état aurait dû contraindre les autres à l’arrêter dans sa course mais une force magnétique se dégageait de lui et, à elle seule, elle réussissait à convaincre les plus réfractaires. Dans ses prunelles brillait une détermination sans faille ; une détermination qui l’avait détourné des Zaahin et l'avait plongé dans les rouages qui composaient le culte des Ætheri. Il en avait voulu aux premiers avant que la lumière de la raison ne traversât son esprit embué de larmes éternelles : celle qui partageait sa vie n’était pas morte du fait des Zaahin mais des mains d’autres entités. Son cœur, ravagé par la douleur, ne supportait pas même l’idée qu’elle pût se trouver au sein du Zin’Rvak et qu’il l’y rejoindrait probablement un jour. Il désirait la ramener d’entre les morts, redonner vie à sa chair et éclat à son regard. Il ne supportait pas d'exister sans elle car elle était son tout et, en son absence, il n’était plus rien. S’il devait renier chacune de ses croyances pour la revoir, alors il le ferait. S’il devait faire tomber l’un de ces Ætheri tant prié par les autres peuples, alors il le ferait. Son épée frapperait celui qui lui refuserait son dû car aucun Dieu n’était plus grand que les Zaahin et sa peur à lui était inexistante. Il se sentait déjà mort. Seul l’espoir de la voir sourire de nouveau le tenait, et tous ceux qui l’entouraient l’avaient bien compris. Jamais il ne s’arrêterait, pas avant de se rendre compte de son erreur. De plus, aucun des Bipolaires présents n’avait peur devant ce trou béant. La roche de la montagne avait sans doute été creusée par des mineurs et ils ne trouveraient probablement rien d’autres qu’un cul de sac au bout de leur parcours. Néanmoins, par solidarité pour celui qui les avait tous un jour aidés, ils avaient fait le voyage et supporté les délires de son imagination noyée dans un chagrin débordant. Personne ne pensait que les Ætheri existassent. Ils étaient cependant tous d’accord pour dire qu’un être a parfois besoin de parcourir des kilomètres pour que son cœur trouve le repos, quitte à s’inventer un combat sans fondement. Ils accompagnaient Alun avec cette idée en tête, celle qu’il finirait par rendre les armes et faire son deuil.

L'intéressé regarda autour d’eux. Des tombeaux entouraient la cavité comme un hommage à celui qui s’abritait en son sein, un Dieu à l’allure affreuse et sans aucun sens de la Justice. Il était persuadé que c’était ici. Il inspira et fit résonner une trompette, volée lors d’un précédent raid, afin de fournir le courage nécessaire à ses semblables. La trompette, répandant ses sons parmi les sépulcres… Il se lança le premier, suivi de ses hardis camarades ; un Réprouvé ne recule jamais devant l’adversité. La roche s’étala durant ce qu'ils estimèrent être quelques milliers de mètres. Au lieu de se refermer, la gueule devint de plus en plus béante et l’idée qu’elle pût se refermer sur eux traversa les pensées de certains. Au bout, une pâle lueur parut rapidement les appeler, une lueur faite de ténèbres. Ils frissonnèrent tous, à l’exception d’Alun qui n’avait jamais douté des conclusions de son périple. De pérégrinations en pérégrinations, il avait nourri son esprit à propos de celui qui était désigné par tous comme étant la Mort. Il avait plusieurs noms en fonction des langues parlées dans les régions du monde qu’il avait traversées. Il avait appris à les prononcer et à les lire, pour elle, parce qu’elle méritait tous les sacrifices. Il pensa à Paaz Kiin’Din afin qu’elle lui donnât la force d’abattre sa sentence sur le Divin. Elle ne fut pas la seule qu’il pria. Lorsqu’il s’adressa silencieusement à Boholt’Kein, les chevaux s’arrêtèrent d’un même mouvement et redressèrent tous les oreilles. Plus loin, une sculpture monumentale prenait place entre eux et l'impasse. Au fond de la cavité, baignée de cette lumière irréelle, un trône reposait, portant entre ses deux accoudoirs une silhouette en marbre. L’être, tout en muscles, était accompagné d’un corbeau. Ils se sentirent tous épiés par l’animal, le personnage mythique admirant un point loin derrière eux, indifférent à leur existence. … rassemble tous les hommes et les femmes devant le trône.

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