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 Requiem pour un cauchemar | Styvan

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Kaahl Paiberym
~ Sorcier ~ Niveau VI ~

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◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Dim 13 Nov 2022, 12:55



Requiem pour un cauchemar


Je m’avançai vers les deux gardes qui tenaient le corps frêle du Vampire. Il était moins frêle que le mien mais ma vision de ma propre silhouette était tronquée par la maladie. Je me sentais grosse, obèse même depuis que j’avais repris du poids. « Laissez-nous. » ordonnai-je, d’une voix ferme. J’attendis, liant mes mains devant moi, sur mes cuisses. Debout, ma robe frôlait le sol. Elle entourait également ma gorge, enfermant mon cou derrière son tissu. Mes cheveux bicolores tombaient de chaque côté de mon visage. Je finis par me mouvoir, afin d’approcher la chose. Mes doigts s’emparèrent de son menton. « Bienvenue… » chuchotai-je en langue commune, à son attention, ma langue aussi sifflante que celle d’un serpent. Je laissai mes doigts caresser sa mâchoire, jusqu’à ce que mon pouce et mon index se plaçassent sur ses joues, entre ses dents. Une pression l’aurait forcé à ouvrir la bouche mais je ne m’y aventurai pas. J’aurais tout le temps de découvrir l’état de son émail. « Je suis Eméliana Salvatore. » continuai-je, sur le même ton pernicieux. C’était la première fois que j’exigeais un esclave en particulier. J’étais certaine qu’il me serait particulièrement utile. Son état laissait pourtant à désirer. « Ton échec aux Jeux de Sahōdara est responsable de ta situation actuelle. » Ses ongles n’étaient plus que de l’histoire ancienne et son corps portait les stigmates des Jeux. Il avait dû beaucoup souffrir. Ce n’était pourtant que le début. Je connaissais trop bien Érasme pour penser une seule seconde qu’il ne ferait pas vivre l’enfer à son futur esclave. D’après ce qui m’avait été rapporté, ce dernier s’était tenu proche du Réprouvé durant les Jeux. C’était d’ailleurs la raison de sa présence à mes côtés aujourd’hui. « En d’autres termes : tu m’appartiens. » précisai-je, à son oreille.

Je m’écartai et lui fis signe de me suivre. Je n’étais pas ici pour le torturer. Mon objectif était qu’il fût obéissant de son plein gré. « Je te déconseille d’essayer de te rebeller. Ce serait une erreur regrettable, eu égard au destin qui t’attend si tu fais tout ce que je te demande. Je saurai te remercier le moment venu. » Cela prendrait du temps. Il devrait mettre Érasme à terre, définitivement. En avait-il l’étoffe ? Non. Néanmoins, il pourrait m’offrir les instruments de ma victoire. Personne ne soupçonnerait ce vermisseau d’espionner pour mon compte. Tout le monde savait que je disposais d’espions bien plus efficaces que lui et je n'avais donc, officiellement, pas besoin d'un esclave pour remplir cette fonction. Cependant, les espions sorciers, jamais, ne voudraient comploter contre l'ancien Prince pour le moment. Il était trop proche du Roi actuel et, surtout, le Chef des Armées en avait fait son élève. Personne ne voulait se frotter à Val'Aimé. « En attendant, déshabille-toi. Tu ne pourras pas travailler pour moi dans cet état. Tu empestes. » J’avais fait préparer une baignoire. L’eau fumante embaumait la pièce de ses parfums. Sur une petite table, plusieurs fioles étaient positionnées. Je les désignai de la main. « Tu les boiras. Elles t’aideront à soigner tes blessures. » fis-je, en le regardant. Les Sorciers étaient particulièrement pudiques et si j’avais été surprise en présence d’un homme nu, un scandale n’aurait pas tardé à éclater. Néanmoins, les esclaves avaient un statut particulier : ils n’étaient considérés que comme de la marchandise, des objets, des outils. Il arrivait donc fréquemment, sans que personne n’y portât attention, qu’un esclave servît à épancher tous les désirs malsains de son maître. Il connaîtrait bien assez tôt les méandres tordus du cerveau d’Érasme, ceux qui donnaient toujours des idées macabres à l’ancien Prince. Ce dernier ferait sans aucun doute crier son esclave de douleur, ne serait-ce que pour avoir effleuré la peau rugueuse de son Réprouvé chéri.

Je m’installai sur une chaise, proche de la baignoire. « Je ne te ferai aucun mal si tu te montres à la hauteur de mes attentes. » Je n’allais pas les lui exposer maintenant. Je posai mes mains sur le rebord du bain. « Mais j’ai besoin de certitudes. J’ai bien voulu de toi mais je peux choisir de te revendre aux Mayfair. Ton prochain Maître ne sera peut-être pas aussi compréhensif que moi. » J’amenai mes doigts dans l’eau et, en fixant celle-ci, articulai l’air de rien : « Il arrive fréquemment que les pêcheurs retrouvent les corps désarticulés d’esclaves inconnus dans la Mer. Seule la marque permet de les identifier comme tel. » Je relevai les yeux vers lui. « C’est compris ? » Je ne lui parlais pas méchamment, ni même fermement. Je n’avais pas besoin de le toiser comme je le faisais avec ceux qui me côtoyaient au quotidien. Il n’en valait pas la peine. « Une fois que tu seras lavé et habillé, tu seras préparé par Exenophas Hautbourg pour ta première mission. Ce sera également lui qui te montrera où tu logeras, en attendant… » Je m’interrompis, attendis et complétai. « En attendant la suite. » Je me levai. « Ce ne sera pas compliqué. Tu devras te rendre à ce que les Déchus appellent le Fessetival, un ramassis de décadence où seuls ceux qui ne se respectent pas eux-mêmes se rendent. Tu devras observer ce qu’il s’y passe et me rapporter le plus précisément possible ce que tu y as vu. Tu reviendras à Amestris par tes propres moyens mais, attention, si je constate que tu tardes trop, je prendrai ce retard comme un acte de rébellion. Je serai donc obligée de te punir. » L’une de mes mains vint caresser doucement sa tête. Quel âge avait-il ? Avec les Vampires, il était difficile de savoir. Il semblait pourtant avoir mon âge. Nous n'étions simplement pas nés au même endroit. « J’espère que tu comprends. » Je souris. « Si tu réussis, je te parlerai davantage de moi et de ta véritable mission. Si tu échoues… » J’émis un son indéfinissable, conséquence de la vision de son corps démembré dans mon esprit. « … J’imagine qu’il ne vaut mieux pas que tu échoues. »  

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Styvan Khanis
~ Vampire ~ Niveau II ~

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Styvan Khanis
Mar 15 Nov 2022, 10:08




Requiem pour un cauchemar.



Son corps léthargique s’écroula brutalement contre le sol lorsque les deux barbares arrêtèrent de soutenir son maigre poids. Avant qu’il ne se fît corriger de nouveau à cause de sa lenteur, il tenta de se relever aussi vite qu’il put. Comment était-il arrivé jusqu’ici et surtout où avait-il atterri ? L’adolescent n’avait que de vagues souvenirs de ce qu’il avait enduré suite à l’abandon de son camarade lors de la dernière épreuve des jeux. La seule chose dont il était certain, c'était qu’après sa défaite, il en avait vu de toutes les couleurs, même s'il y avait toujours eu une légère domination du pourpre à la surface de ses pupilles. Les différentes blessures des jeux et de ses multiples passages à tabac n’avaient guère guéri puisqu’il n’avait toujours pas eu le luxe de boire la moindre gouttelette de sang. Son corps l’avait abandonné depuis belle lurette, mais son mental tenait toujours malgré la crainte de mourir sous les coups d’un tortionnaire sadique. Après avoir enfin réussi à se tenir droit sur ses gambettes, il leva timidement les yeux tel un caniche apeuré face à un doberman prêt à lui sauter à la gorge. Styvan fit en sorte d’avoir le regard le plus docile possible dans le but d'éviter le moindre accès de colère de la part de la femme vêtue d’une longue robe noire. Le vampire était conscient de son état déplorable et ne connaissait pas non plus la stabilité psychologique de son interlocutrice. Alors, il préféra jouer la carte de la prudence. « Dé.. » il voulut s’excuser d’avoir pris autant de temps pour se relever. Cependant, dès lors qu’il eut entendu la voix burlesquement sanglotante essayant de sortir de ses cordes vocales, il se ravisa et favorisa le silence au ridicule. Le peureux déglutit douloureusement à la vue de l’inconnue, qui marchait dans sa direction. Qu’allait-elle lui faire ? Avait-elle ouï ses pensées ? Aurait-il dû s’excuser ? Ou au contraire, le petit bourdonnement clownesque que sa bouche avait osé bafouiller l’avait-elle dérangé ? Il eut un léger spasme d’affolement quand la main de la jeune femme se posa sur son menton. Non pas qu’il eut peur d’elle, même si ce fut légèrement le cas. Ce fut surtout l’habitude de la violence qui avait emménagé dans sa caboche qui lui donna ce réflexe pitoyable. Le garçon avait presque fini par désapprendre la douceur d’un contact physique qui n’avait pas pour objectif de défigurer celui qui le réceptionnait. Sa concentration se ressaisit à l’écoute du nom de cette dernière. Salvatore ? Il était persuadé d’avoir déjà entendu ce nom par le passé, malheureusement les émotions qui le dominaient ne l’aidaient pas à se focaliser sur la provenance de ce souvenir. Et de toute manière, son esprit préféra accaparer son attention sur ce que lui expliquait cette femme. De ce qu’il avait compris de son monologue, elle était donc celle qui l’avait acheté. En d’autres termes, il ne pouvait lui désobéir.



Alors, quand elle demanda qu’il la suivît jusqu’à la salle de bain à cause de son odeur repoussante, il s’exécuta sans broncher, même si son honneur fut souillé. Et quand elle ordonna qu’il se déshabillât afin de plonger dans l’eau, il s’exécuta également sans hésiter. Toutefois, il cacha l’excroissance de son entrejambe, même si cette dernière ne lui était d’aucune utilité depuis sa transformation, il avait gardé un peu de pudeur de son passé de magicien. D’un geste délicat, elle pointa des fioles déposées le long d’une table. Après son bain, il allait pouvoir les boire dans le but de récupérer de ses blessures. Il se douta qu’elle le faisait afin qu’il fût le plus efficient possible, mais il était tout de même content de recevoir un semblant d’affection. Il baigna une patte après l’autre à l’intérieur de la bassine et un soupir de soulagement s’échappa de son museau. C’était si plaisant qu’il en avait presque oublié la présence d’Eméliana. Ce n’était que lorsque son regard eut recroisé celui de sa maîtresse assise à ses côtés qu’il comprit qu’il devait rester attentif. Et dès lors, il se frotta la peau énergiquement en écoutant avec la plus grande assiduité chaque syllabe que les lèvres de son interlocutrice articulaient. Il se retourna et hocha la tête de gauche à droite quand il l’entendit parler de le revendre aux Mayfairs. Surtout pas eux, c’étaient les pires monstres qu’il avait rencontrés de sa vie. Plutôt mourir que de retourner là-bas. Il comprit la puissance de sa menace derrière cette simple question et pour la première fois, il voulut le lui faire comprendre verbalement. Mais comment devait-il s’adresser à elle ? Le formel : Madame ? Le soumis : Maîtresse ? Ou le familier : Eméliana ? Pour sûr, il n’allait pas s’aventurer à l’appeler par son prénom. Alors, il se concentra afin d’emprunter la voix la moins irritante possible et se contenta d’un simple, mais hésitant : « Compris… Madame. »



Après ses explications, Eméliana quitta la salle de bain et son domestique remplaça sa présence d’une manière presque aussi intimidante. Styvan, qui but le contenu de la fiole d’une traite sous le regard aguerri d’Exenophas, était condamné à une vie d’espion à la solde d’une sorcière. Il ne devait pas la décevoir à en juger par le son que sa potentielle frustration eut provoqué. Elle devait avoir le même âge que lui, mais elle dégageait quelque chose de peu rassurant. Le Zvyar avait déjà effectué quelques petites missions d’infiltrations, alors il était un tant soit peu confiant à l’idée de servir cette dernière de cette façon. Seulement… Il n'était jamais sorti de sa forêt lors de ses précédentes missions. Qu’allait-il donner dans un territoire qu’il ne connaissait pas ? Le fessetival ? Qui lui donna ce nom ridicule ? Avant qu’il trouvât réponse à ses questions, il dut suivre nu comme un ver le domestique jusqu’à sa nouvelle chambre. Il était déjà heureux à l’idée d'en posséder une puisque cela changeait du cul-de-basse-fosse miteux dans lequel tous les perdants des jeux avaient été jetés en attendant les ventes. Quand il ouvrit la porte, il y découvrit une chambre modeste avec un lit déjà fait, une armoire vide n’attendant que d’être garnie ainsi qu’un bureau et une chaise. Des vêtements propres étaient pliés sur son matelas et une bougie posée sur la table de chevet éclairait légèrement la pièce d’une lueur soporifique. « Repose-toi. Demain, je t’expliquerai ce qu'il t’attend. » grogna le sous-fifre. Le garçon ne prit même pas le temps de lui répondre, ni même d’enfiler de nouveaux vêtements. Il était beaucoup trop épuisé pour ne serait ce que comprendre la gravité de sa situation. Il plongea la tête la première dans son lit et s’endormit d’emblée, le popotin vers le ciel. Devait-il être satisfait qu’il pût vivre correctement et ce malgré son nouveau titre, ou allait-il rapidement regretter d’avoir perdu à ce foutu jeu ?




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