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 [Quête] - Espionnage | Páredros

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Ssyi'hæ
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Ssyi'hæ
Lun 28 Aoû 2023, 09:03

[Quête] - Espionnage | Páredros Xy9r
Espionnage


Partenaire : Páredros
Intrigue/Objectif : Le Temple de Rhéa Latia missionne plusieurs adeptes dont Páredros et Achilas, ce dernier suivi de Ssyi'hæ de se rendre au Spectre de la Dame afin de ramener plusieurs femmes à Alès Palatium pour les expériences de l'Ordre.


Les bienfaits d'une véritable salle d'eau, et surtout ceux d'une eau claire et de savon pour se laver, m'apparaissaient comme un cadeau divin après ces dernières semaines à suffoquer dans le mélange saumâtre de sueur et de saleté du galion miteux qui nous avait miraculeusement mené à bon port, et ce malgré la terrifiante curiosité des monstres marins à notre égard. Finalement peu intéressés par notre apport nutritif, ils nous avaient délaissés après avoir frôlé de leurs dos écailleux la coque du navire sur quelques lieues.

Je revins dans la chambre en nattant mes cheveux sans attendre qu'ils sèchent. Achilas s'était écroulé en travers d'un lit et dormait. Le voyage avait brouillé ses traits. L'auburn de ses cheveux avait viré au noir après plusieurs nuits à transpirer. Il n'y avait pas d'air dans les cabines, pas plus qu'il n'y avait d'espace. J'avais cru devenir folle les premiers jours face à cette absence d'intimité. Depuis mon hamac, je n'avais eu qu'à tendre le bras pour le toucher, ce que je m'étais bien gardée de faire. Les facilités destinées aux ablutions étaient plus que sommaires et l'hygiène sur la fin du voyage s'en était ressentie. J'avais beau eu me frotter à l'eau de mer chaque jour, les odeurs humaines m'avaient collé à la peau et rendue presque aussi malade que la danse folle du galion sur la mer. J'étais dans un état pire que le sien. Le mal de mer m'avait clouée à la cabine pendant presque tout le trajet, rendant mon utilité dans cette mission questionnable. Curieusement, Achilas ne m'en avait pas fait le reproche. Mais j'avais pris mes ordres de son père et je savais qu'il aurait désapprouvé la persistance de mon inactivité. L'incertitude me gagna. Devais-je attendre qu'il se réveille pour attendre ses instructions ou devais-je d'ores et déjà prendre l'initiative de me renseigner sur le reste du groupe ? Cette maison louée par l'Ordre était le point de rendez-vous de notre groupe. Achilas m'avait expliqué que nous évitions de louer des chambres dans une auberge pour ne pas souligner que nous étions des étrangers. Nous devions nous glisser dans la masse populaire en évitant d'attirer sur nous la suspicion des garants de la sécurité de Spectre, et j'avais trouvé dans les armoires des tenues aux couleurs chamarrées. Je trouvais que mon teint crayeux jurait avec l'hasardeux mélange d'orange et de violet de ma robe. Son ourlet frôlait le sol à chacun de mes pas et j'avais fini par trouver une ceinture pour tenter de la remonter et éviter de m'y empêtrer.

Un ronflement s'échappa du lit et je pris ma décision. Sans un bruit, je quittai la chambre et refermai soigneusement la porte derrière moi. La maison, baignée de lumière, se dressait sur un étage. Les chambres étaient à l'étage et je descendis les escaliers pour rejoindre les espaces communs sans croiser personne. Je devinai que tous n'étaient pas encore arrivés. Cela ne me gênait pas, je n'avais pas la moindre idée de la manière dont je devais les aborder. En tant qu'esclave, je me devais d'être discrète et invisible. Sans doute fallait-il que je m'en tienne à ça et que je me contente de les observer. Il y eut un bruit dans la cuisine et je m'y rendis, mon appréhension grimpant d'une tonalité à chaque pas.

« ... » Ma langue devenue plomb m'abandonna quand je vis l'individu présent dans la cuisine. Ne sachant pas s'il me fallait le saluer ou non, je décidai de baisser les yeux après avoir à peine pu noter qu'il s'agissait d'un homme, jeune a priori. Je tricotai dans ma cervelle pour me trouver quelque chose à faire avant de récolter des questions sur la raison de ma présence. J'avisai un plateau sur l'ilot central et y vit mon salut. Je l'attirai à moi et commençai à y déposer une tasse puis allai me saisir d'une cruche que je remplis d'eau et qui manqua se briser au sol tant mes mains tremblaient. Visiblement, mes compétences d'esclave n'étaient pas mieux que celles d'espionne. À la dérobée, j'observai l'inconnu pour graver ses traits dans ma mémoire. Je ne savais pas quels détails étaient importants à retenir. Tarsile craignait que les membres du groupe ne s'en prennent à son fils. Personnellement, je n'avais rien contre cette éventualité mais mon opinion n'avait rien à faire avec cette mission. Les doigts fébriles, je m'emparai d'un couteau pour essayer de prélever des tranches plus ou moins régulières à une miche de pain. La croûte dévia les intentions de la lame qui décida de s'en prendre à mon doigt plutôt qu'à l'innocent aliment. Je cillai face à la soudaine douleur et fixai stupidement le sang rouler le long de la phalange pour zébrer mon doigt jusqu'à la table.

Message I | 863 mots



[Quête] - Espionnage | Páredros 90xy
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Páredros
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Páredros
Lun 28 Aoû 2023, 18:48



Obéir, c'est obtenir. En assénant ce mantra sur son esprit évidé, de singulières et vives émotions s'étaient bousculées en le jeune garçon. Il ne fut qu'une coquille effritée sur sa route et l'érudit – c'était du moins ainsi qu'il le percevait au départ – s'était attelé à le tester. Quelle ne fut sa surprise en apprenant que non, le petit Ludari n'avait pas pleuré ses parents, ni ses amis, encore moins ses autres proches. Tous ses sentiments à leur égard s'étaient évaporés sous le choc céleste. Il s'était mis à lorgner du côté des Étoiles pour espérer entendre leurs raisons, hélas son insensibilité à leurs égards s'était muée en une obsession que l'érudit germât. Cipher Yldis avait créé un monstre et c'était bien son but de le façonner pour les prochains jours. Qui sait, peut-être que le petit Ludari finira par s'élever jusqu'à son objectif ?

Cette mission était un test. Son nouveau mentor le lui avait bien fait comprendre. Il mentionna par moments une cité du nom d'Alès Palatium, qui serait une "consécration" pour lui. Páredros n'entendit jamais parler d'un tel lieu auparavant ; et de ce qu'il comprenait, ils se dirigeaient à son exact opposé. Après tout, si leur collaboration ne portait pas ses fruits, à quoi bon le rapprocher des siens, n'était-ce pas ? Le garçon concevait cette manière de procéder : Cipher avait entendu son histoire et lui promettait l'un des innombrables moyens de se venger contre services rendus. À présent seul, Páredros n'avait rien à perdre à s'allier avec l'érudit ; au mieux, il glanait à nouveau de l'expérience, au pire, il perdait un peu de temps. Dans tous les cas : il était encore suffisamment jeune pour préparer son châtiment. Cipher ne l'avait pas contraint, ni enchaîné ou envoûté de quelques manières que ce fussent, en réalité se laisser persuader lui convenait comme approche. Depuis, son espèce d'apprenti le suivait comme une ombre – docilement et en silence – à travers les contrées relativement tranquilles du continent Naturel. Un savant tel que lui devait calculer où se rendre pour limiter les infortunes. Depuis la côte, ils débarquaient sur un archipel vraisemblablement constitué de trois îles principales.

Étant encore sous le choc de ses pertes, Páredros pensait n'avoir eu qu'à cligner des yeux pour se retrouver à leur destination. Il ne parlait pas, mangeait peu et se contentait de rester en retrait, comme rattaché à la toge de son mentor. Seul l'éclat flamboyant de ces nouveaux paysages l'avait tiré de sa léthargie. Ici, aucun sens ne pouvait le rendre indifférent : le chatoiement de l'architecture et des tenues traditionnelles attirait son regard rutilant, le brouhaha de bourgs et cités en plein essor l'empêchait de se morfondre dans son deuil, les promesses alléchantes des épices et boissons lactées le faisaient baver… C'était comme un éclair et cette image le fit frissonner. À deux doigts de la crise de panique, Cipher lui couvrit les yeux et l'intima de suivre son ombre et de n'avoir de yeux que pour lui. Malgré tout, c'était un début : un garçon encore gorgé de vitalité lui sera bien plus utile qu'une charogne en décomposition.

~~~

Deux jours s'étaient écoulés dans cette bâtisse. Comme chaque matin depuis leur arrivée, Páredros préparait le petit-déjeuner pour leur paire. Forcément, nul ne rivalisait avec un Rehla pour la préparation du café. Son mentor ignorait encore sa véritable nature d'ailleurs ; et en toute franchise, il ne devrait pas le découvrir sous peu. Plus rien ne le rattachait à Lua Eyael à présent et un plus grand accomplissement l'attendait. De ce côté, il en doutait encore. À croire qu'à doses éparses, ils entretenaient leur cordialité sous le couvert des secrets.

La mécanique de la manivelle l'aida à se concentrer entièrement sur la moulure des grains. Il se fichait alors des allers et venus dans la cuisine ; il reconnaîtrait le pas de Cipher, à force de l'avoir écouté durant des jours. L'ébullition de l'eau termina sa route lorsqu'une autre âme erra dans les environs, plus discrète et hésitante. Páredros se focalisa tout entier sur la dissolution du café qu'il venait de confectionner, les arômes volatiles envahirent ses narines et gonflèrent ses poumons de vigueur. Le dosage devrait plaire à Cipher cette fois, après avoir essuyé quelques critiques les dernières fois. Il était encore temps de faire un peu de ménage avant de sortir, mais ses iris voilées de désintérêt finirent par ne faire qu'une avec l'intrusion écarlate sur le plan de travail. Accoutumé à l'hémoglobine, le Ludari conserva son sang-froid et remonta jusqu'à la source, se confrontant à une sorte de confusion générale. Cette fille, était-elle fascinée ou horrifiée par son propre méfait ? Le garçon ne comprenait pas bien et ce silence le rongeait. Toutefois, il se doutait qu'à l'instar de son mentor, les adeptes ne toléreront pas la moindre pagaille, alors – seul témoin – il préféra intervenir et se rapprocha prudemment de la brune. Il lui tendit sa paume, en guise de test. Puisqu'elle ne cherchait pas à le fuir, il poursuivit son avancée et entoura la plaie de ses doigts. Un certain inconfort devait saisir celle-ci, puisque son sort intimait au sang fugitif de retourner d'où il venait, jusqu'à un semblant de coagulation au niveau de la plaie. Ce tour ne rivalisait guère avec une quelconque guérison magique, mais au moins limitera-t-il la casse. Cela étant fait, Páredros rouvrit sa main, celle-ci tachetée des résidus sanguinolents qui lui échappèrent. Une curieuse incommodité l'avait gagné durant le processus : ce n'était pas un sang qu'il avait l'habitude de manipuler. Il se doutait bien qu'elle n'était pas une Enfant des Étoiles comme lui, néanmoins elle lui laissait un sentiment de… danger ?

" Est-il toxique ? Questionna-t-il sous l'impulsion, le réflexe d'une curiosité soudaine. Il chercha à étaler le sang sur la table, dans l'espoir que le bois l'engloutirait dans ses aspérités. Ou au contraire : curatif ? "

Son inspection fut coupée court par le pas reconnaissable de l'érudit. Il repensa aussitôt au café et fut soulagé de l'avoir préparé à temps. Cependant, Cipher remarqua d'emblée le boucan qu'ils avaient semés. Páredros ne sut comment se justifier et préféra enfouir sa main criminelle dans sa poche.

" Lave-toi les mains. Le jeune homme releva aussitôt le menton, décontenancé mais aussi intrigué. Tu ne dois pas la toucher : c'est une esclave qui ne t'appartient pas. "

Il écarquilla un brin les paupières et échangea un bref contact visuel avec la fameuse miséreuse. Le concept de propriété humaine lui échappait encore mais si ce droit lui était interdit, alors autant s'exécuter sur-le-champ. Il se débarrassa du sang de l'esclave et prit les tasses de café.

" Va te préparer. Les derniers arrivants seront bientôt là. "

Paredros disparut à l'étage, tout comme l'ombre qu'il devait être. Avant de sortir des cuisines, Cipher darda la dénommée Alma. Nulle mise en garde serait légitime, mais en attendant : il se contenta de réajuster son écharpe avant de rejoindre son protégé. Les promesses stimulantes de la caféine l'attiraient davantage.


1235 mots ~
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Ssyi'hæ
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Ssyi'hæ
Jeu 31 Aoû 2023, 18:00

[Quête] - Espionnage | Páredros Xy9r
Espionnage



Le sang s'échappait de mon enveloppe avec lenteur, comme réticent de quitter son lit de chair. Alma avait pris l'habitude d'en voir la couleur au contact d'Achilas, mais moi, je n'arrivais à le supporter sans paniquer qu'en me noyant d'opium jusqu'aux yeux, or je sentais ses effets s'estomper, je devais attendre qu'Achilas se réveille pour qu'il me distribue ma dose. Lorsque mon organisme en était dépourvu, d'irrépressibles troubles m'enterraient. Et si la plaie s'infectait ? Et si j'attrapais une bactérie ? Et si le sang ne s'arrêtait pas de couler ? Et si Achilas en profitait pour jouer avec ? Il m'avait dit une fois que mon sang, mes os, ma peau, tout lui lui appartenait, et qu'en lui pulsait la magie du sang, qu'il pouvait faire des choses avec qu'il m'était impossible d'imaginer. Je le croyais sur parole mais il n'avait pas besoin que je le crois, il avait juste besoin que je le divertisse.

Tout mon être se hérissa soudainement. L'autre personne présente avait profité du flux embrumé de mes pensées pour se rapprocher. Sa main hésita jusqu'à la mienne. Je me statufiai. Son hésitation m'emplissait de méfiance. Me voulait-il du mal ? Récupérer la miche de pain ? Me punir pour ma maladresse ? M'enfoncer le couteau dans la gorge ? Je louchai sur ce dernier et raffermit ma prise dessus, envisageant de m'en servir sur lui la première, juste au cas où. Tarsile m'avait expliqué que j'appartenais à l'Ordre autant qu'aux Merisi. Est-ce que cela signifiait que je devais observer la même docilité envers chacun des membres présents ici ? Cadenassée par le doute, je n'esquissai pas le moindre mouvement et un frisson me saisit quand sa chaleur râpa sur la froideur de ma main.

Une force invisible commanda au filet de sang de rebrousser chemin. Les lèvres de la plaie palpitèrent pour mieux ravaler les fuyardes. Sous le choc de ce tour inhabituel, je ne pus que ciller, hébétée. Je plaquai la blessée contre ma poitrine. « Curatifff... » Le mot ne revêtait aucun sens même en le répétant, mais j'avais compris la première partie. Je ne comprenais toutefois pas l'orientation de sa réflexion. Était-il un Vampire pour se montrer si curieux de mon sang ? J'avais entendu parler de ces derniers. Nous ne les aimions guère dans notre famille. En vérité, nous n'aimions personne. Autrui, quel qu'il soit, générait du malaise ou de la peur en nous, voire souvent les deux. « Je ne sssais pas. » J'étais récemment tombée sous le charme de cette réponse qui présentait l'avantage d'être aussi simple qu'efficace. « Vampire ? » Je n'avais pas envie qu'il me suce le sang et je reculai d'un pas par mesure de précaution. « Oui. Toxique. » Au moins comme ça, il me laisserait tranquille.

Une tierce personne pénétra dans la cuisine et mon regard s'aimanta à la table aussitôt. Empressés d'avoir l'air occupés, mes doigts revinrent à leur mission initiale et je pris garde à surveiller la trajectoire de mon couteau en découpant quelques tranches. Le nouveau venu paraissait connaître le suspicieux personnage et je fis mine de les ignorer tout en sachant qu'ils parlaient de moi. Le plus jeune quitta bientôt la pièce, me laissant seule avec son acolyte à l'aura bien plus pesante. Je me hâtai d'encombrer mon plateau, la nuque ployée jusqu'à ce qu'il suive le même chemin sans ajouter un mot. Le soulagement de la solitude m'entoura comme un chaud manteau et je pus respirer normalement de nouveau.




Achilas recueillit mon compte rendu sans m'interrompre. « C'est tout ? Tu n'as pas leurs noms ? Des spécificités physiques qui me permettraient de les identifier ? » Je secouai la tête de gauche à droite, mal à l'aise. Je ne donnais pas satisfaction, c'était évident. « Donc, il y a au moins deux personnes dangereuses, un potentiellement Vampire, et l'autre... L'autre dont je ne sais rien. » Je déglutis. « Je n'arrive pas à croire que Tarsile t'ait chargée de ma protection. » Je n'avais rien à répondre à ça. Je partageais son opinion. Le climat du Spectre de la Dame me convenait bien mieux, mais j'aurais préféré rester aux côtés des parents d'Achilas qu'avec lui. Il avait souffert du mal de mer et n'avait pas cherché à me martyriser, mais je ne me faisais aucune illusion. « J'ai une réunion ce soir pour que les derniers détails soient appréhendés. Secrète. Cela implique que peu doivent s'y déplacer pour ne pas avoir l'air trop suspect. Reste ici, et profites-en pour fouiller les chambres pendant que les autres sont absents. Je veux savoir qui ils sont tous, d'où ils viennent, ne néglige rien, chaque détail peut avoir son importance. Quoi ? » Je me tordais les mains nerveusement. « Sss'est que, je devrais resster avec vous. Sssi on vouss attaque, ou... » « Impossible. Ils n'accepteraient pas la présence d'une esclave à cette réunion. De plus, tu n'as rien d'une garde du corps. Ce n'est pas pour cela que tu es ici. C'est parce que tu es si insignifiante que tu passes inaperçu. Or on ne se méfie jamais des personnes comme toi. » Vaincue, je baissai les yeux en craignant déjà la venue du soir où je devrais me faufiler dans les chambres annexes.




Sur la pointe des pieds, j'ouvris la seconde chambre, tressaillant quand les gonds grincèrent. Le bruit m'apparaissait assourdissant dans le silence. Je me sentais plus rassurée maintenant que j'avais fouillé une première pièce. Comme cette dernière, celle-ci était nimbée par le halo de la Lune provenant par la fenêtre. Je sentis mon sang fourmiller dans mes veines à la vue de l'orbe lacté et un vertige me prit. Je le mis sur le compte de la crainte d'être découverte et me dirigeai d'un pas hésitant vers l'armoire quand un nouveau vertige plus fort que le précédent me jeta sur les genoux. Des frissons tour à tour brûlants et glacés couvrirent mon épiderme de sueur. La symphonie du silence se troublait sur les notes haletantes de ma respiration que je ne contrôlais plus.

Message II | 1064 mots



[Quête] - Espionnage | Páredros 90xy
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Páredros
~ Rehla ~ Niveau I ~

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Páredros
Dim 24 Sep 2023, 23:22



" Potable. "

La sentence faisait encore mal. Páredros ne se targuait pas d'être un fin confectionneur de café, hélas c'était bien un reliquat de ses racines dont il serait encore fier de préserver. L'arôme complexe en suspension autour d'eux lui remémorait les pauses de connivences de ses parents. Loin de là l'idée de transitionner son foyer d'antan autre part mais la nostalgie était un sentiment difficile à réfréner. Tout ce qu'il comptait, ce n'était pas de plaire par les délices de la caféine, plutôt de garder les pieds sur terre et de rester concentrer. Séduire Cipher serait un bonus bien venu, même s'il devait admettre que l'érudit décidait seul des paliers de leur relation. Ce soir, ils en franchissaient notamment une nouvelle, enfin depuis qu'il avait recueilli le garçon dans la nature sauvage. Seul, perdu… et pourtant en quête. Les yeux trahissaient les émois de l'âme, comme aimait-il le rappeler.

" À propos de notre dernier échange philosophique… "

En une seule mention, le vieil homme grapillait toute l'attention de son potentiel apprenti. Le garçon s'était redressé, de tout son être affamé des moindres possibilités que lui offriraient son, peut-être sauveur.

" Ces hommes, ces femmes… Du moins, une partie d'eux. À mon instar, ils peuvent t'aider à obtenir ce que tu recherches. Il déposa la tasse sur la table, elle était à moitié vide. Obtenir ou créer, cela dépendra du chemin que tu décideras de prendre. S'en prendre au Ciel… c'est quelque chose de foncièrement merveilleux. Mais je peux le voir dans ton regard, je peux voir que tu as une idée assez précise en tête. Les yeux trahissent les émois de l'âme. " Après tout.

" Il me faut quelque chose… ou quelqu'un… qui est au-delà de nous. Il s'efforça à regarder le ciel à travers leur maigre fenêtre. Si ce qui vient du Ciel peut venir à nous, alors nous pourrions emprunter la même route. Et alors… Il serra la tasse encore chaude entre ses mains. Il me faut… une arme… De quoi détruire. "

Ce terme servit de mot-clé dans la réflexion de Cipher, puisqu'il tiqua sur sa signification. Une arme ne servait pas forcément à "détruire", et toutes ne pouvaient pas le faire. Quelque chose, quelqu'un, Páredros semblait chercher une matérialité dont il peinait à ne serait-ce qu'imaginer. Et dans ce cas bien précis, une seule voie s'ouvrait à ceux qui souhaitaient transcender les règles et les limites de leur monde : les arcanes. Et les Adeptes savaient ô combien l'Étoile Froide leur servait des possibilités infinies, des moyens pour Páredros de se "venger" dont il n'aurait même pas la force d'imaginer, voire de surmonter. Jusqu'où irait une telle âme en ébullition ? Cipher en était bien curieux. D'ici-là, le Rehla devra survivre aux atrocités les plus insignifiantes de ce monde, avant de pouvoir se confronter aux forces qui lui échappaient.

" Tu es encore jeune. J'ai ressenti ta connexion magique avec cette esclave. J'ignore ce que tu lui as fait et cela ne me concerne pas, tu te justifieras auprès de son maître s'il s'en rend compte et que ça l'agace. Quoi qu'il en soit, tu n'as pas besoin d'une "arme", si tu peux être cette arme. Comprends-tu ? Ce n'était pas vraiment le cas, le garçon semblait davantage ahuri malgré son inexpressivité. Tu apprendras vite, tu as juste besoin de trouver ta place d'ici-là. Je te l'offrirai volontiers si tu me suis jusqu'au bout. Après cela, tu auras toutes les cartes en main pour opérer ton souhait. L'érudit saisit son café et le termina d'une traite, il était à température idéale pour finir sur une note acceptable. Il y aura une réunion ce soir, tu n'y participeras pas. Je te confierai les détails qui te concerneront. En attendant, j'ai quelques courses à te demander. Tu remarqueras très vite que le Spectre permet certaines lubies que tu trouveras nulle part ailleurs. "

~~~

Cette liste de possession ne revêtait aucune logique à ses yeux. En vérité, étant donné la variété des objets quémandés par l'érudit, le Rehla suspectait qu'il l'avait fait balader dans le seul but de l'occuper. À moins que cela faisait parti du test en lui-même, afin de constater si le garçon pouvait se débrouiller en toute autonomie ? Ou alors, était-ce pour l'occuper le temps de cette soi-disant réunion secrète ? Il n'en savait trop rien, mais puisqu'obéir était obtenir, alors il rentra à temps pour déposer les courses sur la table. De ce fait, Cipher saura rien qu'en entrant dans leurs appartements que Páredros s'était acquitté de sa tâche.

Ignorant encore combien de temps il devrait patienter jusqu'à son retour, l'adolescent se dirigea d'un pas bien déterminé vers sa propre chambre. Sans doute que ses songes y seront plus calmes qu'auparavant. En attendant de trouver du réconfort dans la solitude et la chaleur d'une bonne literie, il se retrouva bloqué par une présence finalement loin d'être silence depuis tout à l'heure. Comment avait-il fait pour ne pas la remarquer, ni l'entendre ? Il plissa des yeux, soudainement méfiant alors que son instinct lui dictait de fuir. Il pensait reconnaître la fille de tout à l'heure, mais ça aurait pu être n'importe quelle brune livide des environs. Il tendit la main en sa direction pour mieux s'en assurer, et se figea à mi-chemin en se souvenait de l'avertissement de Cipher. Elle se retourna en biais et il la reconnut bel et bien. Il fronça les sourcils, seulement maintenant conscient qu'il avait affaire à une intrusion pure et dure. Toutefois, ces… "bruits", ces craquements et la détresse avérée de l'esclave le pétrifiaient. Il voulait fuir plus tôt et il aurait bien eu raison étant donné ce que la grâce lunaire dévoilait sous ses yeux ébahis. L'écarlate de ses iris suivirent chaque os se comprimer, chaque muscle s'étirer et le tissu de ses brais se déchirer sous les assauts multiples de lames noircies. Celles-ci se succédaient et s'amalgamaient en une couche uniforme, harmonieuse. Des écailles, comprit-il durant le processus. Il aurait pu tout autant se détourner de ce visage déformé par la douleur et par une force qui lui était inconnue jusqu'alors, de ces pupilles qui s'étiraient pour ne former que deux globes gargantuesques juste sous son nez. Páredros restait pantois face au phénomène, de moins en moins effrayé et de plus en plus happé par une curiosité maladive. L'esclave qui s'éberluait face à quelques gouttes de sang laissait place à un serpent d'au moins deux mètres. Le Rehla ne pouvait décemment pas montrer le moindre signe de sérénité, néanmoins si elle avait voulu le tuer ou le dévorer… elle l'aurait déjà fait, non ? Il cherchait à la comprendre, quitte à en mourir.

" Toxique… " Répéta-t-il pour briser le silence glaçant créé entre eux.

Il comprenait mieux maintenant ce qu'elle entendît par-là, même s'il l'avait davantage prise pour une demeurée sur l'instant. Cela étant, cet échange tantôt devait revêtir une quelconque importance pour qu'elle terminât ici, dans sa chambre, d'autant plus sous une forme si… impressionnante. Il écarquilla succinctement des yeux, conscient d'un détail que l'esclave avait relevé lors de cette conversation. Il leva les mains, de sorte à montrer son intention de pacifier.

" Je ne suis pas un Vampire. Je ne veux pas ton sang. "

Il n'était pas vraiment non plus en position de négocier, toujours cerné par l'encadrement de la porte. S'il souhaitait partir, il devrait lui tourner le dos et elle n'aurait qu'un bond à réaliser pour l'attraper. Dans ce cas, il ne lui restait qu'à coopérer, créer un moment d'entente qui leur conviendra à tous les deux.

" Que veux-tu ? "


1357 mots ~
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Ssyi'hæ
Ven 27 Oct 2023, 10:46

[Quête] - Espionnage | Páredros Xy9r
Espionnage



À chaque inspiration, ma cage thoracique se contractait, réduisait férocement ses dimensions. Mon corps se broyait sur lui-même, les os malaxaient les organes, pétrissait les chairs pour forcer ma silhouette à muter. Je reconnaissais les symptômes, je savais que je n'étais pas en train de mourir. Je paniquais quand même. Parce que ce n'était pas le bon moment. Parce que je n'arrivais pas à m'habituer à ces transformations et que je craignais au fond que ce supplice marque mon dernier soupir malgré tout. Et je n'étais pas seule. Il était de retour et je n'étais pas apte à réfléchir sur mes options dans cette situation de cauchemar. Rien n'allait. Peut-être était-ce mieux que je meure finalement. Hoquetant et gémissant, je tombai avec un bruit sourd sur mes genoux, puis sur le ventre. Prise de spasmes de plus en plus violents, ma conscience se réfugia dans cet espace noir et étroit tout au fond et lorsqu'elle réclama sa sortie, le monde avait changé. Je me rétractai sur moi-même, mes écailles frottant sur le plancher. Le garçon m'apparût sous une vision différente, faite d'odeurs principalement, d'hormones et de couleurs à la fois vives et sombres, épaisses et légères, sonores aussi quand il parla. Sous cette forme, je n'entendais presque rien, mais je pouvais lire dans les intentions, dans le langage non verbal du corps. Ma langue bifide s'extirpa de ma gueule pour goûter l'air. Du halo formé par l'individu, je sentis de la peur mêlée d'autre chose que je ne sus pas reconnaître. Cette forme m'attirait généralement de la peur ou de la colère, et du rejet, toujours. Ici, c'était différent. Il transpirait un attrait difficile à appréhender, encore moins à renier. Je sinuai jusqu'à lui et laissai mon corps prendre appui au sol pour surélever ma tête et la porter plus haut, vers son ventre. Mes yeux se dardèrent sur les siens, inquisiteurs. Ma langue sortit à plusieurs reprises sans me fournir les réponses à mes questions. Qui était-il ? Que voulait-il ? Mes fouilles ne m'avaient rien révélé de particulièrement intéressant ni notable mais il y avait définitivement quelque chose sur lui, en lui, comme un secret. À défaut d'en savoir plus, nous allions en créer un nouveau, à nous deux. Une promesse. Les termes étaient troubles, mais nous aurions le temps de les définir clairement plus tard, si nous en avions envie. Cette nuit-là, je le contournai et quittai sa chambre. Je me réveillai au matin, roulée en boule sous mon lit où je m'étais assoupie, enroulée sur moi-même en plusieurs anneaux pour conserver ma chaleur naturelle. Achilas était de retour, le faciès maquillé d'épuisement et me fixait. Dans ses yeux aussi dansaient une promesse.




La journée avait marqué son inexorable avancée. Désœuvrée, je finis par me résoudre à quitter notre chambre. Achilas avait disparu, quittant la maison sans se justifier, accompagné d'autres personnes. J'ignorais encore qu'il reviendrait accompagné d'autres personnes, des femmes prisonières dont je devrais m'occuper pour le trajet de retour.

Habituellement, j'en aurais profité pour aller m'allonger dans le carré ambré que le soleil avait peint, filtré par la fenêtre et m'endormir, réchauffée par ses rayons mais je me sentais trop raide et douloureuse pour réussir à trouver l'endormissement. Un hématome violet et noir marquait ma tempe là où ma tête avait rencontré le sol brutalement et une douleur lancinante pulsait de ma main. Je caressai les phalanges enflées et rouges. Je payais l'échec de ma mission nocturne de deux doigts fracturés. Avant de partir, il les avait remis en place, jugeant que si je devenais handicapée, je deviendrai encore plus inutile.

Arrivée au sommet des escaliers, j'hésitai et m'arrêtai, une main sur la rambarde. Mon regard glissa pernicieusement sur le couloir plongé dans l'ombre, sur la porte fermée. Il me sembla entendre du bruit et je pris ma décision sans plus de réflexion, ignorant la voix dans ma tête qui me répétait de ne pas prendre d'initiative, de rester invisible, oubliée, à peine plus tangible qu'un songe. Sans toquer, j'actionnai la poignée et me glissai à l'intérieur en fermant rapidement derrière moi. Mon dos s'appuya contre le battant, mes mains croisées derrière moi. J'avais le souffle court d'appréhension. « Je m'appelle Alma. » démarrai-je sans ambages. Ma voix sifflait sur les consonnes, traînant sur les mots. Comme cette nuit, mon regard se darda sur lui, et se planta sans ciller dans le sien. Je me souvenais de notre échange silencieux. Avais-je trouvé un allié ? J'aurais pu le mordre. Ma mère m'avait raconté que notre morsure pouvait transformer les autres en monstres. Je n'avais jamais vérifié cette théorie. Mes transformations étaient trop peu fréquentes et je m'isolais lorsqu'elles survenaient. « Essst-sse que tu as parlé ? Pour ssette nuit ? » J'avais pénétré sa chambre à son insu, il aurait pu me le faire payer. « Qui es-tu ? »

Message III | 855 mots



[Quête] - Espionnage | Páredros 90xy
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Sam 17 Fév 2024, 00:02



Le grenat de ses prunelles s'intensifiait sur le reflet de son large couteau, la brillance de ce dernier – garantie de sa qualité la plus pure – le fascinait autant qu'un moineau cherchant à joindre cette gigantesque sphère aveuglante par-delà les cieux. C'était la première fois que Páredros tenait entre ses mains un objet dont la fonction primaire se résumait à ôter la vie, quelle qu'elle fût. Au départ, le jeune homme ne comprit nullement pourquoi Cipher laisserait de telles affaires à son attention, sans de plus ample explication qu'un simple : " Tu en auras besoin. " Puis les heures suivantes, isolé de la sorte dans cette chambre qui s'apparentait de plus en plus à une cage, des éléments de réponse finissaient par lui sauter à la figure. Et si ces offrandes représentaient un juste épilogue à leur conversation de la veille ? Après tout, Páredros avait spécifiquement mentionné une "arme"… Mais cette théorie primordiale tombait à l'eau sans grand mal. Tout d'abord, ces lames exotiques, courbées et plus ou moins effilées, ne l'aideront guère à atteindre un but aussi fantasmagorique. Même si justement, la confection de leur étrange aspect l'intriguait autant qu'il le stupéfiait ; jusqu'à maintenant, il n'avait point eu l'occasion d'entendre parler de "shotel" ou de "khukuri". Il lui était depuis longtemps évident que l'érudit et ses soi-disant acolytes cachaient quelque chose, qu'est-ce qu'ils pouvaient bien fomenter ? Que faisaient-ils de ce matériel, entre autres ? En découlait alors la seconde raison qui anéantissait ses attentes quant à ces lames : le timing. Ce ne pouvait être une grossière erreur que de lui donner ces outils précis, alors qu'une intruse s'était invitée et qu'elle ne pouvait visiblement pas être neutralisé par des moyens plus conventionnels. C'était comme si Cipher, sans un mot, lui avait soufflé ses plus viles intentions…

C'en était alors trop. Le Ludari s'était perdu sur le fil de la lame et il ignorait fichtrement quoi faire à part attendre. Encore. Tout comme Oni avait attendu de laisser cette météorite chuter avant d'éclater de rire. Dans la passivité, les raisonnements se multipliaient et à cette heure, la plus évidente flottait sous ses yeux vitreux : Cipher désirait sans doute que son apprenti leur débarrassa de cette fille. Menacer, implorer, détruire, ou tuer. Dès cette conclusion, il entrevoyait sur ces reflets ferriques les innombrables possibilités qui s'offraient à lui s'il décidait d'emprunter cette voie. Néanmoins, était-il suffisamment lucide ? Les Étoiles ne lui chantaient plus et face à la monstruosité d'ébène, il fut pourtant certain d'avoir entrevu que sa dévoration, sa fin. Il respirait encore et était tout entier. Était-ce alors un signe de vengeance qui devrait lui brûler les mains ? Devait-il saisir ce fil de la trame pour l'attirer à lui ? Le Rehla parjure se confondait dans un miasme homogène et complet, ahuri face à une légitime question : que fera-t-il lorsqu'elle reviendra sur son chemin ?

Oni devait encore se tordre dans tous les sens lorsque la poignée de l'entrée pivota en une fraction de seconde. Réflexe – ou instinct de survie – Páredros se leva de sa chaise, dos aux armes qu'il était censé saisir pour les brandir comme des crocs. La sérénité troublante de son faciès contrastait avec la bouillie infâme qui se cognait contre les parois internes de son crâne. Les yeux trahissaient les émois de l'âme… Et Alma, comme elle se présentait, pourrait le sonder sans grand effort. Elle lui apparaissait différente de la veille, sans doute que ce zèle de confiance ne lui allait point. Elle aurait pu le tuer ou faire en sorte qu'il oubliât l'infortune de cette nuit, mais elle n'en avait rien fait ; et la voilà de retour, comme par hasard quand l'érudit s'absentait, celui-là même ayant écouté avec attention les faits rapportés par son novice. Chaque ombre de cette maison masquait de viles intentions ?

" Oui. " Et mis à part jeter aux oubliettes un potentiel mensonge, il ne comptait pas plus apporter de précision sans la moindre impulsion, ou probable menace.

De toute manière, le Rehla était persuadé que Cipher aurait très rapidement deviné les événements entre ces murs, tout comme il avait pu s'immiscer dans les cuisines au bon moment pour surprendre son méfait. C'était comme s'il avait des yeux partout, braqués sur lui ; sur eux deux, finalement.

" Je m'appelle Páredros. " Fit-il en écho à sa soudaine présentation, quasi sortie de nulle part.

Il inspira. Le caractère pitoyable de cet échange le démangeait : ce n'était que lors d'un troisième face-à-face qu'ils exhibaient les rouages de l'éloquence. Cette configuration de la trame ne revêtait aucun sens pour lui.

" Ce n'était pas correct de te toucher sans accord. Il esquissa un pas en arrière en pure bonne foi, avant de désamorcer aussitôt le mouvement lorsqu'il se rappela la tentation des lames sur la table ; il ne préférait pas lui démontrer ses barbares intentions, si tant était qu'il en possédait. Je ferai en sorte d'être puni pour cet affront. " Leur dernière rencontre ne fut guère l'occasion de s'excuser, même s'il ne cherchait point son pardon à elle ; il aspirait seulement à se fondre dans le moule de ce groupuscule aux mœurs peu vertueuses.

Il se figea à présent, morné dans un ouragan d'incertitudes. Il n'avancerait pour lui tendre la main, ni ne la confronterait avec ces armes qu'il ne maniait de toute façon pas. Alors le jeune homme réitérait l'expérience qu'il désirait prolonger depuis hier soir : la communication.

" … Suis-je un esclave comme toi ? Il maintint son haussement d'épaules, les mains en supination. Cet endroit grouille sans cesse mais nous ne nous en extirpons jamais. Moi aussi, si on m'en avait donné l'ordre, je me serais introduit dans ta… – il tourna sa langue dans sa bouche avant de se rectifier – dans la chambre de ton maître. Mais ces personnes semblent bien plus préoccupées par d'autres sujets. " Dont il n'avait lui-même pas la connaissance. À moins qu'avec une pincette de coïncidences, Alma aurait eu vent de bribes de réponses ?

Finalement, tout ceci ne représentait qu'une moindre importance tant il ne pouvait s'ôter de la tête que la brunette juste sous son nez cachait, en réalité, une bête majestueuse. Quelle était sa véritable apparence ? Est-ce que cette autre forme possédait un nom ? Des capacités particulières ? Oui, Páredros admettait se ficher d'absolument tout le reste tant le mamba noir s'était enroulé si fort sur le flot de ses pensées. Depuis cette nuit, il ne pensait qu'à elle ; elle et son ombre engloutissant la lune transcendante. Il voulait la revoir et il ignorait encore qu'il serait prêt à quelques sacrifices pour ravoir cette chance.

" Est-ce que tu me comprends… si je te jure que les raisons de ton intrusion ne m'importent plus… mais qu'en contrepartie, tu me révèles qui tu es vraiment ? "


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Jeu 22 Fév 2024, 09:21

[Quête] - Espionnage | Páredros Xy9r
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« ... » Il avait parlé et les conclusions m'enlisèrent la tête dans des sables mouvants. De quelle façon se manifesterait l'ire de l'homme qui accompagnait l'adolescent ? Pour l'avoir rencontré la veille, je savais que je ne souhaitais pas m'attirer ses foudres. Et Achilas, lorsqu'il découvrirait que je n'avais pas fait qu'échouer dans ma mission et qu'à cause de moi, il serait possible, aisément, de deviner que l'ordre venait de lui ? Sortirai-je seulement vivante de cette mission ? Sans que ma tête, ne bouge, mes iris se décrochèrent du traître pour se ficher sur la fenêtre. À l'extérieur, la ville exprimait scandaleusement les richesses de la vie. Avais-je la possibilité de m'enfuir ? Ces terres me terrifiaient autant sinon plus qu'Ales. La concentration humaine dans cette ville suffisait à faire palpiter d'angoisse mon cœur. Je sentis mon tatouage brûler la peau. Alma n'avait pas le droit à la moindre initiative et j'étais une idiote de me laisser aller à seulement y songer. Au même titre qu'un meuble ne se déplace pas subitement pour rejoindre la forêt d'où il a été arraché avant d'être frappé, brisé et reconstitué, je me fabriquais des options illusoires, tout juste bonnes à m'aider à respirer quand l'accablement me serrait la gorge et que le désespoir rendait à la mort son sourire tentateur.

Mes iris revinrent se bloquer sur mon interlocuteur. Je le sentais aussi nerveux que je l'étais, ce qui ne me tranquillisait pas du tout. Craignait-il que je lui fasse payer la veille ? Que je me retransforme pour le gober tout cru ? J'aurais pu le rassurer, mais n'en fit rien. Il avait parlé. Il était peut-être louable de sa part d'avoir été assez honnête pour me le dire, ou peut-être était-il simplement incapable de mentir, que ce soit à l'homme terrifiant ou à moi. Mais il avait parlé et je n'avais plus envie de voir en lui un allié. Un ennemi alors ? Je repensai à sa magie sur ma blessure. Pas un ennemi. Alors quoi ? Je me concentrai sur quelque chose de relativement plus compréhensible. La langue commune m'était de plus en plus accessible, tant que mon interlocuteur ne parlait pas trop vite et n'utilisait pas trop de termes alambiqués. J'avais suffisamment progressé néanmoins pour deviner l'esprit de son propos par son contexte et par les mots qui l'entouraient.

« Je sssuis pas venue m'exssscusser. » sifflai-je sans animosité. L'effort que parler demandait m'obligeait à choisir avec soin ce que je voulais dire. Je ne voulais de toute façon pas trop en dire. Il allait tout répéter à son maître. C'était normal quand j'y réfléchissais davantage, Achilas aussi savait tout. Entre esclaves, nous ne pouvions donc pas nous entraider. Si en revenant, Achilas me demandait de l'assassiner, je devrais le faire. Ça ne me ferait pas particulièrement plaisir, pour cause que je ne m'en sentais pas les capacités physiques, même s'il n'avait pas l'air beaucoup plus solide que moi. Il me serait difficile d'en venir à bout.

Je renouvelai mes efforts pour développer ma pensée, qui finalement n'était que le reflet de la sienne. « Je ssuis curieusse. De toi. » Parce que chaque fois que je l'avais vu, il s'était prouvé imprévisible. À la cuisine avec sa magie, puis alors que je rampais, bloquée dans une forme peu naturelle, et désormais maintenant. Soudain, je fus frappée par une révélation. Me prenait-il pour une hybride sortie des cuves du département scientifique ? Cela expliquait beaucoup son comportement, même si les hybrides n'auraient jamais été réduits à l'état d'esclave, ils avaient un caractère trop sacré pour jamais quitter le domaine. Il était même assez rare d'en croiser un là-bas, ils ne vivaient pas longtemps de ce que Tarsile m'avait révélé. L'homme de science réfléchissait parfois à voix haute alors que j'étais dans la même pièce. Il oubliait fréquemment ma présence. « Je ssuis pas monsstre. » Pas au sens où il pouvait le croire. « Pas d'Al... » Je me tus juste à temps, incertaine de pouvoir prononcer le nom du domaine, car j'ignorais encore tout de l'adolescent et je savais aussi ne pas pouvoir lui faire confiance. On m'avait fait comprendre avant d'entreprendre ce voyage qu'il valait mieux mentir que dire quoi que ce soit sur la vie que je menais à Ales, que je serais incapable d'imaginer les représailles si je ne faisais pas preuve de prudence et de discrétion. Je n'étais de toute façon pas très loquace, mais ils avaient insisté suffisamment pour que ces ordres soient gravés en moi. « Je viens de ailleurs. » déviai-je. « Forêt. Avec ma famille. Avant d'être essclave. » Eux ne me manquaient pas, mais la nature, si. J'étais libre là-bas. Je ne m'y faisais pas torturer. Il y avait moins d'êtres humains, juste nous. Mais je n'allais pas dire tout cela. Alma ne devait plus penser à ce passé qu'elle ne retrouverait jamais. Elle devait se focaliser sur sa survie. « Toi ? » demandai-je à mon tour. Car il n'avait jamais répondu clairement. Avec gêne, je me rendis compte que j'avais oublié son prénom. C'était quelque chose comme... « Paaarry ? »

Message IV | 909 mots



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Lun 18 Mar 2024, 22:11



Il n'y aurait pas d'entente si ce n'était que cordiale. De cela, Páredros en avait déjà une certitude prononcée. Ils étaient à un certain niveau égal, certes, mais leurs hiérarchies respectives semblaient trop éloignées. En cela, le Rehla avait encore du mal à comprendre le fonctionnement de cette organisation. Cipher ne lui prodiguait que le strict minimum ; et puisque lui-même n'était pas ouvertement curieux… Ce manque de communion risquait de se retourner contre lui. L'érudit adoptait un langage beaucoup trop cryptique pour être viable sur le long terme ; à moins qu'il attendît que Páredros en fit de même ? Une sorte de code… pour éloigner les intrusions telles que celles-ci. Dans ce cas, qu'attendait-il au juste de sa part ? Qu'en gagnerait le garçon en finalité ? Il avait beau être hermétique, cette situation continuait de lui peser. Et s'il se détachait de Cipher… où irait-il, sans les Étoiles pour le guider ?

Peut-être vers cette femme. Déjà, elle semblait encore et encore se tenir sur son chemin, de là à y revenir de son plein gré. Animée – de ses propres dires – par une "curiosité". Dès lors, si l'ancrage avec le Rehla n'avait pu s'établir, si ce ne serait difficilement ou par la force, elle eut son attention la plus palpable. L'idée de recourir aux armes de Cipher ne lui traversait plus que guère l'esprit, maintenant qu'ils semblaient tous les deux sur ce fameux pied d'égalité qu'il cherchait à corroborer. S'il était facile de deviner en quoi sa propre curiosité à son égard prendrait forme, Páredros peinait à comprendre les motivations d'Alma. Était-elle, par ce concours de circonstances, elle-même curieuse des agissements et des mots du Rehla ? Ne devait-il sa vie qu'à sa curiosité maladive, fanatique ? D'un autre côté, il ne se voyait point réagir autrement face à un Monstre, si en était-ce le cas. Il ignorait sur quel pied danser avec elle, et encore moins s'il devrait le faire. Néanmoins, s'il interprétait correctement les signes de l'érudit et la relative liberté de l'esclave, étaient-ils poussés à interagir ? À coopérer peut-être pour le bien de la mission ? L'idée étant qu'une soumise en sache plus que lui le dérangeait, d'où sa conclusion : il n'était finalement pas mieux qu'elle, et pouvait atteindre des grandeurs qu'il désirait. Hélas, malgré l'expérience de la veille, il s'avérait qu'au même titre qu'elle s'était fourvoyée sur sa prétendue nature vampirique, il n'en était rien vis-à-vis de son statut monstrueux. En soi, une étincelle de déception vint le démanger, prête à lui faire couper court à la conversation.

" Je viens de ailleurs. " Mima-t-il une nouvelle fois, se forçant à répondre au moins à la question pour sa propre survie ou intégrité.  

Le souci étant qu'à contrario de l'esclave, même en tant que parjure, le Rehla ne pouvait trahir sa nature sous peine de s'attirer le courroux de forces qui le dépassent. Lorsqu'on saisissait déjà tout petit les influences du Temps et de l'Espace, la prudence était de mise, et l'idiotie aucunement tolérée.

" La Cité des Astres était mon foyer, et je l'ai quittée. " Le nom de Lua Eyael était tu, puis sa proximité avec les Astres ne devrait rien évoquer à une créature de la forêt.

Bien. Ni l'un ni l'autre ne s'avérait farfelu, fantasmagorique. En soi, c'était une excellente nouvelle de pouvoir enfin se jauger correctement. Dès le tout départ, il nota l'accent exotique de cette fille ; et sa visible difficulté à retenir les noms. Le concerné ne retint guère un air d'agacement, il fallait dire que les étrangers semblaient peiner à rendre hommage aux harmonies astrales. L'antique Oraédera arbore des sonorités complexes, il avait longuement hésité à revêtir un pseudonyme lors de son intronisation. Il n'était pas encore trop tard. Et de toute manière, il suffisait d'accorder les violons pour qu'elle n'ait pas à réitérer ce genre d'affronts.

" Páredros. Il l'émit d'une manière sèche, de sorte à ce qu'elle saisît les connexions entre les syllabes. Malheureusement, même après plusieurs essais, la leçon ne prit pas. Pá-re-drooos. Finit-il par céder, pour en tout et pour tout… passer tout bonnement l'éponge. Tu ne devrais pas rester ici. Il n'avait très peu besoin de préciser que c'était tout aussi bien ses quartiers que ceux de l'érudit. Nous ne devrions pas rester ici. Se corrigea-t-il, conscient que la laisser intacte représentait un acte de complicité qui n'aurait pas lieu d'être sans autorisation de leurs hiérarchies. Viens, je vais préparer du café. Sans plus de sommation – sans crainte de partir ainsi, dépourvu des armes blanches – il la contourna pour saisir la poignée, l'invitant ainsi à le suivre sur un terrain plus neutre. Je peux en préparer pour ton maître aussi. Ou te montrer comment faire. "

Alma n'était peut-être pas un Monstre, elle n'en demeurait pas moins comme lui : un serviteur qui devait obéir, afin d'obtenir.


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Mar 19 Mar 2024, 12:31

[Quête] - Espionnage | Páredros Xy9r
Espionnage



Une poignée de cheveux blonds cendrés dans une main, je me laissais happer par la danse tortueuse de la flamme de la chandelle accrochée au mur de la cabine dans l'espoir d'occulter les repoussants bruits de régurgitation et d'éclaboussures qui provenaient du seau. L'odeur était pire que dans mes souvenirs et respirer par la bouche n'aidait pas véritablement. Lorsque les convulsions de la femme cessèrent enfin, je l'aidais à se réinstaller sur sa couche étroite. Ce n'était que la première nuit mais l'humidité sur le bateau et l'exiguïté de la cabine étaient telles que cela aurait pu tout aussi bien faire dix jours qu'elle souffrait du mal de mer tant l'atmosphère suintait comme si les murs eux-mêmes étaient malades.

Les yeux mi-clos, elle posa son avant-bras sur eux. Même à la lueur dorée de la flamme, son teint apparaissait visqueux et exsangue. Je pris un linge et le plongeai dans une bassine. « Est-il vrai que vous vous nourrissez des Créatures ? » Je me figeai dans ma tâche. Mes ordres étaient clairs : ne pas trop en révéler, mentir s'il le fallait, mais globalement, je devais répondre que je ne savais pas. Achilas m'avait recommandé de prétendre ne pas savoir parler la langue commune pour échapper aux questions trop curieuses de ces femmes. Je savais juste qu'elles rentraient avec nous et qu'elles ne verraient pas beaucoup plus d'Alès Palatium que le département scientifique. Ce qu'ils feraient d'elles, je n'en savais rien. Les Merisi me gardaient intentionnellement dans l'ombre pour que je ne révèle rien, par erreur ou parce que quelqu'un de futé pouvait fureter dans ma tête trouver les réponses que je ne donnerais pas.

Une réponse dans ma langue natale chuinta et la femme souleva son bras à moitié pour me regarder. « Tu es une esclave, n'est-ce pas ? » Je feignis l'incompréhension et elle enleva complètement son bras quand j'emmenai le linge sur son front. « Ils t'ont sans doute assignée à mon chevet exprès pour que je n'en sache pas trop. Ils m'avaient prévenue, leur association est soumise au sceau du secret, j'aurais le détail une fois sur place. Ça ne fait rien. Il n'y a rien que je regretterai à Spectre quoi qu'il en soit. Je ne laisse derrière moi que des dettes dont mon mari ignore tout, trop occupé à m'être infidèle. » Mal à l'aise, je restai coite et me contentai de réarranger inutilement les couvertures sur elle. Finirait-elle esclave, comme moi ? Cobaye pour les expériences de Tarsile et des autres ? Ou rejoignait-elle l'ordre volontairement ? En apparence, c'est ce qu'il me semblait, mais la hâte avec laquelle nous avions quitté Spectre une fois qu'elles s'étaient présentées à la maison levait quelques doutes en moi. Quelqu'un, quelque part, ne devait pas savoir que ces femmes étaient avec nous et pour quelle raison.

« Je referai ma vie, sans lui. Une vie où mes actes auront un impact, où mon existence aura enfin un sens. Je sens que ma place est là-bas. J'y serais acceptée là-bas, je serais quelqu'un. Je devrais peut-être même changer de nom. » Elle rit et balaya soudain l'air de la main. « Pars maintenant, je vais essayer de dormir avant que la nausée ne me reprenne. » Trop heureuse de m'exécuter, j'étais hors de la cabine en seulement quelques secondes. Je m'appuyai contre le battant de la porte en soupirant de soulagement.

Plus loin me parvenaient les échos des rires et discussions des femmes plus chanceuses que celle dont je m'occupais et qui partageaient un repas avec Achilas et d'autres membres présents au sein de la maison de Spectre avec nous. Nous avions tous pris la mer ensemble, y compris Parry, comme je préférais l'appeler malgré ses efforts pour me répéter son nom en entier. Je vis sa silhouette contre le bastingage, découpage obscur sur la nuit, ses cheveux pâles comme nimbés de lumière sous le halo du croissant de lune. Le ciel était dégagé, et je savais que sous quelques jours, le climat se refroidirait quand nous aurions quitté la Mer des Trois Dames. Je ne voulais pas revenir dans cette contrée glaciale, entre ces murs froids et humides.

« Tu n'es pas avec eux ? » l'interrogeai-je en guise de préambule tout en accrochant une corde à la hanse de mon seau. Un des marins m'avait enseigné ce nœud, celui-ci et quelques autres. Je n'étais pas très douée, mais j'aimais pouvoir m'occuper les mains avec les cordages sur mon temps libre. Je lançai le seau et son contenu par dessus bord et laisser la mer le nettoyer. « Ou toi aussssi, malade en mer ? »

Message V | 816 mots



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