Un nouveau persécuteur
Shapûr & Perséphone

☙ Marina - Man's World (Stripped)

Perséphone réajusta son sac sur sa hanche. Par habitude, elle vérifia que la chaîne retenant sa montre à gousset ceignait toujours son cou. Sa hantise était de perdre un jour l'artefact. Elle ignorait si Persée pouvait apparaître face à d'autres personnes, ils n'avaient jamais essayé. Elle n'avait jamais voulu partager son secret avec quiconque. Persée lui appartenait, d'une façon qui lui échappait, indéfinissable. Quelque chose à son sujet la chiffonnait, comme s'il lui cachait des choses alors qu'elle, à l'inverse, lui disait tout. Non, pas tout. Elle ne lui avait toujours pas parlé de Faust, bien qu'elle se le soit promis à plusieurs reprises. Ce n'était jamais le bon moment. Ses ongles griffèrent sa peau. Son coeur rata un battement quand ses doigts n'effleurèrent que ses clavicules sous le col de son uniforme. Elle pâlit et cru défaillir. Une fille qui passait lui jeta un drôle de regard que la sorcière ne vit pas, sa vision rétrécie par une brusque montée d'adrénaline. « Non... » La panique lui bondit à la gorge et elle tourna brusquement les talons. Plus vite qu'elle n'avait jamais couru, Perséphone traversa les couloirs en bousculant tous ceux se trouvant sur son passage, sourde à leurs protestations. Son coeur cognait contre ses tempes et un film de sueur glacée coulait le long de son dos et sur sa nuque. Les pupilles élargies, elle poussa en trombe la porte des vestiaires dont elle revenait après son cours d'éducation physique et déboula dans une pièce plongée dans la pénombre. Sans se faire prier, la porte se referma dans son dos et se fondit silencieusement dans le mur. Interdite, Perséphone se figea comme si une immense main invisible venait de se refermer sur elle en un poing serré. Elle perdit les quelques couleurs qui lui restaient en apercevant un homme planté au milieu du décor inconnu. L'espace d'une seconde, elle cru que son père venait de la rappeler à elle et qu'elle se trouvait dans une nouvelle prison. Les poumons oppressés par sa course finirent de se vider et l'oxygène ne circula plus. Puis l'homme parla, avec un accent étrange, et ses yeux d'azur s'habituèrent au changement de luminosité. La peau basanée, musclé, l'homme possédait un air affirmé et assuré qui mit la violette sur ses gardes. « Ce ne sont pas les vestiaires des filles. » observa-t-elle à toute fin utile. Sans véritablement qu'il quitte son champ de vision, Perséphone examina davantage les détails de la pièce. Il y avait un vaste lit aux draps en satin carmin. Sur les colonnes du baldaquin, des rubans de diverses tailles pendaient. Derrière l'homme, elle vit un meuble et des étagères alourdies d'ouvrages et d'objets qu'elle ne put identifier à cette distance. Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement et elle sentit sa salive se figer dans sa bouche. Ses doigts effleurèrent de nouveau sa gorge. Persée ne l'avait jamais sauvée, il n'avait jamais rien pu faire quand son père la visitait, mais sa présence la réconfortait. Elle se sentit terriblement seule, seule et en danger. Basphel l'avait changée depuis son arrivée, elle avait cru gagner en confiance mais les réflexes ne se gommaient pas si facilement. Elle aurait souhaité trouver le courage de le repousser, de le menacer, de se montrer forte et inflexible. À la place, elle se tordit les mains nerveusement. « Laissez-moi partir. S'il vous plaît. » supplia-t-elle avec un sanglot dans la voix. « Ne me faites pas de mal. Ne me touchez pas. » Ses bras se refermèrent autour d'elle.

Message I | 613 mots

Un nouveau persécuteur
Shapûr & Perséphone

☙ Death And All His Friends - Paralyzed

Rongée d'angoisse, Perséphone n'arrivait même pas à soutenir le regard de l'inconnu. Un froid glacial soulevait sa peau de chair de poule. Elle ne pourrait rien faire s'il décidait de l'allonger sous lui, s'il voulait la frapper, comme elle n'avait jamais rien pu faire, naguère. Son coeur se serra. Après tout ce temps sans subir ça, il était trop cruel d'y revenir aussi brusquement. C'est à peine si elle entendit ce qu'il lui dit alors, mais son ton bourru gratta la coquille de peurs qu'elle se bâtissait. Jouant le tout pour le tout, elle osa relever les yeux sur lui. Par réflexe, elle obéit et força ses poumons à se gonfler d'air. À la troisième expiration, elle eut moins envie de hurler. Ses phalanges se desserrèrent une par une, et elle sut que ses bras garderaient pendant quelques heures les marques de ses doigts tant elle s'était étreinte avec une force insoupçonnée.

Eberluée, la violette écouta son explication. Un autre sentiment commença à germer, sans réussir à éteindre totalement sa méfiance. Il pouvait très bien mentir, mais pour quoi faire ? Il n'en avait pas besoin pour la forcer. Il devait donc dire la vérité, même si elle le trouvait soupçonneux. « Moi aussi. » s'entendit-elle dire à voix basse. « Je revenais sur mes pas car j'avais oublié... quelque chose. » L'absence de Persée, le poids familier de la montre contre sa poitrine, la broyait de l'intérieur. Sans lui, elle se sentait vulnérable, comme une tasse en porcelaine qui s'éclaterait au sol au moindre coup de vent un peu malicieux. « On m'a dit qu'il y avait des salles cachées à Basphel. » S'agissait-il de ça ? Mais ça n'expliquait pas la présence de l'étranger. Elle aurait mis sa main à couper qu'il n'était pas à l'école suspendue dans les nuages, ni en tant que professeur, ni intervenant. Il semblait trop... décalé.

« Perséphone. » répondit-elle. Elle réfléchissait. Un Soldat, mais de quelle armée ? « Je suis élève, à Basphel. » Son regard parcourut la chambre. La majorité des objets présents ne lui évoquaient rien, et elle n'aimait pas du tout l'ambiance qui s'en dégageait. Elle se voulait intimiste, la Sorcière la trouvait étouffante, surtout avec la présence de l'homme. S'efforçant de le garder dans son champ de vision, au cas où, Perséphone recula pour s'approcher d'étagères alignées sur le mur pour étudier les éléments qui les composaient. Ses yeux s'arrêtèrent sur un collier en cuir doté d'une laisse du même matériau. À côté, elle reconnu les protections que l'école distribuait parfois pour inciter les élèves à avoir des rapports protégés. Elle voulut cesser son examen mais la curiosité l'en empêcha et elle vit au dessus... Ses sourcils se froncèrent. Son esprit semblait refuser d'admettre ce que ses yeux voyaient. Elle cilla et se détourna de l'objet de forme phallique. Cette pièce lui donnait finalement la nausée, elle ne comprenait pas, et elle espéra que l'homme ne ferait pas de remarque sur les objets à leur disposition. « Vous ne savez pas comment on peut repartir, j'imagine ? » s'enquit-elle. « Où étiez-vous avant de venir ici ? »

Message II | 550 mots