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 [Q] - Ouvre ton cœur | Miles

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Latone
~ Orisha ~ Niveau I ~

~ Orisha ~ Niveau I ~
◈ Parchemins usagés : 2293
◈ YinYanisé(e) le : 24/05/2014
◈ Activité : Horticultrice
Latone
Lun 26 Sep 2022, 15:55



Partenaire : Miles Köerta
Intrigue/Objectif : Sauver le soldat tombé au combat

~~~

De son ultime coup de plume, Latone se figea sur sa part du conte aux deux auteurs. À chaque finalité, elle n'était pas bien sûre que sa contribution égayât l'inspiration de son partenaire improvisé, mais de toute manière, dès le moment où le carnet disparaissait sous ses yeux, il était déjà trop tard. Et l'histoire retiendra sa patte personnelle. Moue entre la satisfaction du travail accompli et l'incertitude de son efficacité, l'Orisha se fit à l'idée que Jeriel initiait un nouveau départ, ses puissants rayons transpercèrent le vitrail et s'abattirent sur sa peau nue et sur les fourrures de son lit. Elle s'étira, encore éprise par les bras du romantisme, et ne tarda pas à filer pour se préparer.

Snonven et Aldis dormaient encore. Jun était… elle ne savait où. Elle ne faisait plus grand cas de sa présence tant ses réflexions convergeaient vers une tout autre personne. Une personne en réalité tout aussi importante qu'un Æther l'ayant forgée dans la Mort et dans la Vie. La dernière fois que Latone vit Miles, c'était encore avant le Sommet des Étoiles. Ils s'étaient fait une promesse sous elles de réaliser l'une des entreprises les plus ambitieuses et originales de Ciel-Ouvert. Ces mots demeurèrent gravés en son être tout le long de ses voyages postérieurs ; des Plateaux de Nymer à Arcadia, du Berceau Cristallin à Amestris. De son propre côté, il s'en était passé des choses, en témoignait sa crinière pourpre et ses iris succinctement appariés. Devant le miroir, Latone avait parfois l'impression d'avoir perdu ses racines d'Orisha et que les mains de son père remontaient sur son cou. Juste avant d'être tenté de frapper son reflet, son Troisième Œil scintillait pour lui rappeler que tout espoir n'était pas perdu. Elle ne comprenait elle-même pas bien le phénomène mais il était forcément lié aux artefacts qu'elle utilisât après le Conseil. Elle en aurait des événements à relater aux oreilles de Miles ; et lui aussi. En nouant sa queue de cheval, ses pensées dérivèrent forcément sur Léto. Elle savait que Miles avait eu l'occasion de lui parler d'eux… et depuis, Latone demeura dans l'attente, aussi impatiente que terrorisée. Elle avait attendu aux côtés des Souverains préoccupés par les Étoiles, elle avait attendu sur le navire de l'Otreno Yumio, elle avait attendu dans cette cage de verre sur le bureau des Mayfair. Elle attendit d'autant plus dans ses quartiers de la Vigilante. Le cœur noué, les convictions défaillantes. Quelque part, la Rouge finissait par comprendre les émotions du Marcheur à l'égard de sa femme absente. Plus elle s'éloignait, plus l'envie de le tirer vers elle devenait vorace. Fort heureusement, la Kirzor avait appris à contenir ses pulsions, d'autant plus que la présence des jumeaux l'aidait à détourner son attention. Ces mêmes enfants qui lui parlaient d'une histoire qui n'existait pas mais qui la laissait rêveuse. Puis, d'autres progénitures – celles bien réelles – vinrent à sa porte et lui supplièrent de rendre visite à leur père. Elle se redressa, fière face à son reflet. Cette fois, c'était à elle de venir à lui.

Trois coups à la porte, celle-ci s'ouvrit sur une Toesia d'abord perplexe puis soulagée.

" L-Latone ! "

La concernée eut à peine le temps de saluer la furie ambulante que celle-ci se précipita sur elle pour enlacer ses jambes. Sur le coup, la Kehaä ne sut pas trop comment réagir, à part laisser échapper une maigre dose d'hilarité. Seulement, plus l'étreinte de la petite Orisha s'éternisait, plus l'empathie de l'adulte s'affûtait. Et elle comprenait. Elle avait déjà ressenti ce genre d'embrassade auparavant, pour avoir été l'usurpatrice de la Chamane : c'était le câlin d'une fille destinée à sa mère. En un instant, le moral de Latone en pâtît, ses mains descendirent mollement jusqu'au crâne de la pauvre Toesia afin de consolider l'étreinte. Ce sentiment lui apparaissait si oppressant ; elle ne le souhaiterait jamais à Snonven ou Aldis.

" Merci d'être venue, c'est… c'est gentil. "

Comment aurait-elle pu refuser ? La petite Toto s'était aventurée seule, en pleine soirée, jusqu'à la Vigilante pour demander de l'aide à Latone. Sur ses traces, Kaine la rattrapa et lui intima de ne pas déranger les Hurabis à une heure aussi tardive. Latone intervint juste à temps pour leur promettre qu'au petit matin, dès la première heure, elle sera à leur porte. Et la voici.

" C'est normal. Si j'avais pu venir hier, je l'aurais fait… " Mais elle avait un Dieu squatteur à gérer.

Rassurée, la cadette tira sur la manche de la guerrière afin de la prémunir du froid. À son tour, Kaine quitta la cuisine pour saluer en bonne et due forme la meilleure amie de leur paternel. En un rien de temps, tous les jeunes de la maisonnette la cernèrent pour s'occuper de son manteau, de ses bottes… Tous sauf Miles.

" Comment va-t-il ? "

Ils en tiraient de ces tronches qu'elle redoutait parfois le pire. De nouveau, son cœur se nouait, désagréable.

" Comme depuis trois jours : ell— il se mordit la langue – il reste la plupart du temps dans la chambre, parfois il descend, soit pour manger soit pour nous voir, mais… c'est rare. "

" Il ne sort pas de la maison non plus. "

Ce simple fait était préoccupant. Il suffisait que la Djötchi Kan demandât des nouvelles et la situation risquait de s'envenimer. Étant donné qu'elle se retrouvait aux devants du problème, c'était à elle de s'en charger. Néanmoins, y arrivera-t-elle ? C'était bien un combat qu'elle était quasi certaine de ne pas remporter aisément.

" Sans Dærion – et nous aussi bien sûr ! – il ne mangerait pas assez. "

C'en était trop. La Kirzor ne pouvait supporter d'imaginer Miles dans un état aussi pitoyable et de ne pas agir. Elle se dirigeait déjà vers l'escalier, déterminée, comme si elle affrontait un monstre caché sous leurs lits. Étonnamment, elle fut retenue par Toesia qui affichait une expression plus que suspecte depuis tout à l'heure.

" A-Attends… Elle se tourna vers son frère. Kaine, tu ne crois pas qu'on devrait lui dire ? "

" Je… ne sais pas… Latone haussa un sourcil, confuse. Ils semblaient tous penser à la même chose sans pour autant le lui confier et cela lui était plutôt pénible. Non, non, tu ne nous croirais pas. "

" Mais… "

" Nous autres Orishas, on ne croit que ce qu'on Voit, n'est-ce pas ? Pour le coup, la Rouge ne sut quoi dire. Tu devrais donc monter à sa chambre et… tu verras. "

" O-On s'occupe des chocolats chauds ! J'ai suivi ta recette à la lettre ! "

Étant donné l'éclat luisant dans le regard de la cadette, la Marcheuse put difficilement se présenter à contre-courant de ses intentions. Rien que la mention de sa recette – confiée en secret par ses bons soins – redorait son enthousiasme. Bien, un pas après l'autre, elle gravit les marches.

Trois coups, doux, à la porte. Sans réponse, Latone suspendit un temps l'intensité de sa respiration afin d'essayer de capter le souffle, au moins la présence de son Aphélie. Il était bien là, reclus dans une cellule qu'il s'était lui-même fabriqué. Pourquoi s'infligeait-il cela ? Pourquoi ne parlait-il plus autant à sa famille ? Et à elle ? Sa Voix dans sa tête s'était tue durant trop longtemps, et elle avait tant attendue. La Marcheuse n'en pouvait plus. Elle ne pouvait plus reculer et s'imaginer le pire. Ainsi, ses doigts glissèrent sur la poignée, délicate au possible et elle actionna le mécanisme. Entre les murs matrimoniaux, la pénombre subsistait en tant que maîtresse contre les rares interstices laissés pour l'astre solaire.

" Euh… hé. "

Même en ouvrant en grand la porte, Latone peinait à deviner la silhouette de Miles, si bien qu'elle se résolût à se rapprocher, et à verrouiller derrière elle afin de conserver l'intimité. Et pour que tu ne m'échappes pas. Se surprit-elle à penser durant son avancée. Étant donné le manque de réaction, elle se démena pour combler ce vide créé par son silence.

" C'est moi. "

Sa voix était chaude au possible, tant elle souffrait de sa distance. Ses pas s'arrêtèrent à mi-chemin, toute son attention braquée sur cette boule recroquevillée sur le matelas. Ses yeux s'habituèrent peu à peu aux ténèbres, afin d'admirer l'argenter poindre en dehors des fourrures.

" C'est fou comme tes cheveux ont poussé. "

Elle-même passa une main dans les siens. Amère, la Kehaä se demandait s'il la reconnaîtrait, maintenant qu'une partie de son identité – son Bleu si unique – s'était envolé contre son gré. Me Verras-tu à nouveau ?


1501 mots ~



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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 20/09/2014
◈ Activité : Traqueur [Corvus Æris] | Marcheur
Miles Köerta
Lun 03 Oct 2022, 15:24



Je ne croyais pas que ce pendentif avait traversé des âges immémoriaux. Puis, dans l’ouverture de ma main, il ressemblait à peu de choses finalement. On pouvait le regarder de près ou de loin, il n’avait définitivement rien de grandiose, que ce soit dans les matériaux dans lesquels il avait été confectionné ou dans la forme dans laquelle son créateur l’avait modelé. Il ne s’agissait que d’un cercle dans lequel une toile de métal semblait avoir été tressée. Suspendues, trois plumes brisées s’y accrochaient depuis des perles opaques d’un azur pâle qui insufflait l’apaisement. En le balançant à quelques centimètres de mon nez, je pouvais distinguer tous les détails qui le rendaient non le moins unique, ainsi que les imperfections qui l’avaient usé depuis qu’il avait été porté au cou de mon mari. À cette pensée, un sourire disloqué apparut à ma figure, une réflexion se tissant au fil de ma raison. Parce qu’en définitive, ce pendentif lui avait-il vraiment fait honneur? Même s’il l’avait reçu avant son couronnement, un Draugr aurait certainement mérité un bijou plus extravagant, plus symbolique… peut-être simplement plus merveilleux. Et pourtant, Léto l’avait constamment porté. Sûrement s’en était-il séparé à plusieurs reprises, mais les rares fois où nous nous étions vus, après la livraison de son présent, le collier avait toujours été à son cou, s’immergeant à merveilles dans la beauté des peintures et des autres ornements qui étaient quotidiennement posées sur la splendeur de son corps. À ses côtés, le pendentif avait resplendi d’un charme discret, élégant et mirifique en même temps; tout l’inverse de ce qu’un bijou aurait dû réaliser, n’est-ce pas? Parce qu’il s’agit du rôle d’une parure de rendre plus beau son porteur et non le contraire, après tout…

Léto avait toujours possédé cet éclat naturel, si grand et aveuglant, que même les ombres se crispaient sur son chemin pour éviter d’être englouties par son chatoiement. Il était si difficile de détacher son regard d’une telle splendeur, comme le papillon inévitablement attiré par la brillance d’une chandelle. Cette dernière était brûlante mais ô combien captivante; on ne pouvait alors s’empêcher de toucher à sa flamme, même si cela se concluait par la brûlure de nos ailes. Parce qu’on aimait sa passion, on aimait sa présence, on aimait la sentir auprès de soi, même si elle nous consumait petit à petit dans un espoir aussi vain que dangereux.

Plongée dans l’obscurité, emmitouflée de la tête jusqu’aux pieds, je me recroquevillais plus encore dans la chaleur de ma couverture, enveloppant ma silhouette de mes ailes qui s’étaient embrasées et noircies. Léto avait toujours possédé cette flamme merveilleuse, qu’il irradiait de lui-même. Est-ce pour cela qu’il n’avait guère besoin de notre lumière à nous? Est-ce pour cela que nous n’étions que des papillons orbitant autour de sa flamme? Nous avions besoin de lui, mais lui, avait-il besoin de nous?

« Pourquoi es-tu resté silencieux au cours de notre danse? Croassais-je entre mes lèvres. Pourquoi veux-tu à ce point t’éloigner de nous? Je t’aurais écouté. Bien sûr que je t’aurais écouté… »

À l’intérieur de mon poing, je serrais plus fermement le pendentif entre mes phalanges, posant la froideur de sa châine sur la peau de mon front. Malgré nos hauts et nos bas, j’aimais toujours autant le Chaman. Je savais que mon affection pour lui m’avait causé des douleurs et des frustrations au fil des années, mais sans lui, je n’aurais jamais réussi à m’évader du désespoir qui m’avait noyé par le passé. Je l’aimais pour tout ce qu’il m’avait offert, pour la confiance qu’il était parvenu à insuffler en moi, pour le bonheur qu’il m’avait fait vivre dans ses bras. Malgré les colères qui avaient fini par se multiplier, les désenchantements qui m’avaient démoralisé, les vents d’espoir qui avaient tourné, je l’aimais toujours malgré tout ça. Pendant plus de dix ans, il avait été mon seul amour. Nos rêves et nos histoires étaient profondément gravés dans ma chair et dans mon cœur. Il avait été le seul, l’unique, et c’était difficile de me faire à l’idée qu’à présent, peut-être que tout était fini… Non. Pouvais-je réellement accepter que tout se termine ainsi, alors qu’il m’avait renvoyé à Ciel-Ouvert sans que j’eusse l’opportunité d’entendre sa Voix? Alors qu’il m’avait rendu son pendentif si ordinaire, mais qui tirait son inestimable dans les souvenirs qui l’avaient vieilli?

Et pour que tu ne m’échappes pas.

Je frissonnais violemment à sa Voix, ouvrant lentement les yeux sur le pendentif que je tenais en main. Depuis des jours, je m’étais refermée sur moi-même, étendant ma Magie de privation de l’ouïe à mes oreilles afin de ne pas être dérangée par quoi que ce soit. Seulement, à ce moment, j’avais été si distraite que j’avais à peine prêtée attention à l’odeur qui la suivait. Je redressais doucement mon minois avant de tourner mon visage, plongé dans les ombres. Si elle ne devait pas avoir une vision claire de mon faciès, je pouvais tout de même voir ses lèvres bouger dans la pénombre, mais ne percevais aucun son : je n’avais pas songé à rétracter ma Magie, oubliant qu’elle était toujours effective, mais à la seconde étincelle qu’elle illumina dans mon esprit, je laissais peu à peu tomber mes défenses, prenant pleinement conscience de sa présence. De quoi tu parles, idiote? Une ligne trembla à la bordure de mes lèvres pour finalement s’étirer en un sourire maigre, délicat. Près de moi, je laissais tomber ma main sur le dessus de la couche, tambourinant doucement les couvertures pour lui faire signe de me rejoindre, si elle le souhaitait. Ne t’en fais pas : je te Vois parfaitement, même dans la plus sombre des noirceurs. Elle n’était pas l’Éclat de Ciel-Ouvert pour rien.

Lorsqu’elle me rejoignit, je lui laissais à peine le temps de dire ou faire quoi que ce soit. Preste, je laissais tomber ma tête contre son épaule, inspirant son parfum jusqu’à ce qu’il emplisse l’intégralité de mes sens. Elle aussi possédait un éclat resplendissant, elle aussi brillait de mille feux et malgré cela, Latone aurait-elle besoin de notre lumière? Est-ce que nous ne serions, encore une fois, que des papillons orbitant autour de sa flamme?

« Latone… »

J’encageais son bras dans mes mains, le collant solidement contre ma poitrine. À son instar, je ne souhaitai qu’elle m’échappe. Puis, dans le même mouvement, je soulevais mon visage, cherchant à capter son regard à travers les ténèbres qui nous englobaient.

« Est-ce que les enfants– Je me figeais soudainement, en constatant son expression. Tout va bien? »


1 080 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post I




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Dim 09 Oct 2022, 20:00



Idiote, hein. Malgré elle, la réplique l'avait faite sourire. Le genre de mimique qui trahissait un certain état d'énervement, bien sûr, mais au moins avait-il encore du répondant dans son état. En revanche, Latone ne s'attendait pas à une voix aussi… cassée ? Différente ? Le timbre plus que le contenu la rendait perplexe. Était-il tombé malade à force de s'isoler de la sorte ? C'était une possibilité à ne point négliger. Ainsi n'en fit-elle plus grand cas et accueillit surtout la seconde réponse comme un présent, chéri à ses yeux. Même dans ces ténèbres insondables, la Voix du Marcheur parvenait à effriter ses défenses, à lui faire détourner sa potentielle attention sur elle. Depuis leur Karäna uu, un poids entêtant s'était détaché de son esprit. Elle comprenait davantage ce que les couples de son entourage ressentaient, elle comprenait bien mieux ces sentiments décrits dans ses romans à l'eau-de-rose favoris. C'était une expérience, une nouvelle encore pour déguster sa Vie, à la différence qu'elle préfèrerait que celle-ci ne s'arrêtât jamais. C'était trop bon, c'était trop addictif, c'était ce qu'elle désirait à présent auprès de cet homme qui l'avait dévoilée. Ce fut pourquoi, sans l'ombre d'un doute, elle le rejoignit dans les méandres du confort.

" Miles… "

Sans les artifices de la télépathie, sa Voix lui apparaissait plus claire. Elle était emplie d'un mal si profond, une teinte qui couvrait ses cordes d'ordinaire rayonnantes. Latone retrouvait toutes ses qualités – celles qui avait fait battre son cœur – et pourtant, ce parasite indésiré s'ancrait dans ses tonalités. La chaleur du lit emplit immédiatement son corps et lui fait presque regretter de ne pas s'être dévêtue d'une couche supplémentaire ; malgré tout, la Rouge savait aussi que cette effervescence ne serait pas suffisante pour apaiser les maux de son ami. Autrefois, sûrement n'aurait-elle-même pas su quoi faire : pire, elle aurait aggravé la situation avec une fierté mal cachée. Aujourd'hui, la Kirzor savait qu'elle avait le pouvoir d'aider Miles, de le soutenir dans ses derniers retranchements. Après tout, le Lärtneesh ne serait guère possible sans une telle alchimie, un lien si fusionnel et vivace. L'Orisha se sentait bien avec lui et la distance n'avait presque aucune importance tant que sa Voix lui viendra sans faillir. L'attraction lui était ensorceleuse, qu'elle pourrait presque sentir des ailes de papillon lui pousser dans le dos. La Marcheuse se fit présente et, indirecte, joua de sa propre attraction pour laisser Miles venir à elle. Ces pas, l'un après l'autre, enivrait son esprit et titillait ses espérances. Entièrement à sa merci, Latone se figea pour l'accueillir, observer et goûter son audace. Elle apprécia son emprise sur sa peau, puis la pression contre son bras afin de ne pas s'échapper… Cette caresse lui paraissait de plus en plus douce. Moins ferme que ce qu'elle attendait. Après tout, ce n'était pas la première fois que son corps de souvenir de celui du Koërta. Là où elle aurait espéré trouver la manifestation de sa vigueur, elle se confronta à deux forces contradictoires. Mais où était passé le poitrail alléchant de Miles ?

" O-Oui, tout va bien ! " Par réflexe, sa voix s'était faite plus forte, comme pour taire ses idées foncièrement déplacées.

Mais cette bizarrerie la dérangeait. Étant d'une curiosité maladive et d'une finesse proche du néant, Latone ne patienta pas plus pour partir à la recherche de ses réponses. Tout d'abord, elle tâta le terrain ; pas de vives mains, mais plutôt en appliquant une très légère pression sur le buste du Naäzkil. Elle savait pertinemment à quoi elle devrait se heurter de la sorte, et pourtant c'était comme… écraser un chamallow. Elle fronça les sourcils. Voyait-il vraiment ses grimaces ? Parce qu'elle en avait tout un lot à lui faire part tant elle ne comprenait pas à quoi il jouait. Pourquoi était-il tout mou à ce niveau-là ? Enfin, cette sensation se rapprochait davantage d'une certaine fermeté, mais pas celle du torse de son Aphélie ! Il y avait quelque chose en plus ; deux, à vrai dire. Et pourquoi cela lui rappelait quelque chose ? Par Senere, elle s'engouffrait trop dans ses réflexions et il risquait d'encore se foutre de sa tronche.

" Est-ce que TOI tu vas bien ? S'enquit-elle aussitôt afin de monopoliser la conversation. C'est pour ça que je suis venue te voir, après tout… " Un rire gêné ponctuait son affirmation.

Et juste pour le plaisir de le Voir, tout bonnement. La Marcheuse captait sans grand mal l'écarlate à travers la pénombre, ses propres pupilles d'or terni devait dénoter avec ce que le Köerta attendait. Parfois, face à son reflet, l'Aäsho s'interrogeait : " Est-ce qu'il regrettera mes cheveux bleus ? Préférait-il le bleuté de mes yeux ? " Le phénomène la dépassait encore, même si l'idée de se teindre les cheveux de mille et une couleurs la traversait ponctuellement. Pour ses iris, en revanche… Elle perdait son identité d'Orisha et cela l'éloignait de Miles. Intolérable.

Peu à peu, ses fameuses prunelles virent se dessiner le visage de son ami. La Kirzor se montrait de plus en plus dubitative, puisque si les traits principaux de Miles transcendaient les ténèbres, il persistait comme un frimas en surface. Les contours s'esquissaient mais les imperfections ponctuaient le portrait, laissant Latone dans une confusion totale. Et cette pression sur son bras… Kaine était au courant. Toesia peut-être aussi. Ils faisaient mention de ça, hein ? De cette anormalité qui prenait naissance juste sous son nez. Que se passait-il au juste ? Pourquoi ne lui disait-on rien ? Pourquoi agissaient-ils si normalement ?

" Les… enfants ! La Rouge avait besoin de se délier la langue, par tous les moyens. Tu voulais savoir s'ils vont bien ? Ouais, ils se portent comme des charmes. Je parle bien sûr des tiens, enfin, ceux qui sont dans cette maison. Si tu voulais savoir pour Snonven et Aldis, eh ben, tout est sous contrôle. Tu voudras passer les voir à la Vigilante ? Ma porte te sera toujours ouverte, tu le sais bien. Oh fichtre, elle avait omis Jun. Quoi qu'il serait préférable que je les amène ici la prochaine fois, ils n'arrêtent pas de me parler de la patinoire et tu sais bien ô combien ils sont accrocs à la balançoire… En tout cas, tout le monde s'inquiète pour toi. Tu ne sors pas beaucoup, apparemment. Est-ce que… ta dernière excursion s'est-elle si mal passée ? Je… Des réactions à contre-courant se bousculaient dans son crâne. Parle-moi ! Dis-moi ce que je peux faire ! "

Pour elle, par-dessus tout, elle avait besoin de la voir dans son intégralité.


1151 mots ~



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Miles Köerta
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Miles Köerta
Dim 16 Oct 2022, 16:02



Elle m’assurait que tout allait bien et pourtant, je pouvais sentir que quelque chose la dérangeait. Absorbée, je me permis d’étudier avec attention la finesse de chacun de ses traits, relevant avec aisance les quelques tremblements qui faisaient palpiter le coin de ses lèvres ainsi que les cils de ses paupières. À la pression de son corps contre le mien, je tentais aussitôt de faire perdurer le contact entre nous, de le rendre plus concret et palpable au creux de mes bras : peut-être qu’ainsi, je parviendrais à l’arracher aux doutes qui la taraudaient. Pourtant, malgré la douceur de la caresse et la tangibilité du toucher, son visage conservait cette éternelle expression de bouleversement qui ne cessait de la défigurer. Que lui arrivait-il à la fin? Perturbée par l’émoi qui la secouait, je soulevais l’une de mes mains jusqu’à sa figure afin d’attirer son attention, de la soustraire à cette transe qui l’enchantait. Délicatement, le bout de mes doigts vint frôler la peau de ses joues, puis s’engouffrèrent timidement dans la toison incarnate qui encadrait son faciès… Incarnate? Lentement, je me reculais afin d’observer plus minutieusement le visage de l’Hurabis dans son intégralité. Les traits que je regardais étaient bel et bien ceux de Latone et l’odeur qu’elle portait avait les mêmes effluves que je lui avais toujours connu… Eh bien, s’était-elle essayée à une nouvelle teinture ou avait-elle développé un pouvoir qui lui permettait de changer son apparence à volonté? Et qu’en était-il de ses yeux? Depuis quand arboraient-ils une teinte si mordorée? Malgré la pénombre, ma vue perçait sans mal l’obscurité qui nous englobait, mais impossible de percer ses réflexions pour connaître les intentions derrière ses actions. À moins de lui poser directement la question, cette métamorphose me paraissait plutôt étrange. Après tout, il m’avait toujours semblé que ce bleu – son bleu – représentait l’une de ses plus grandes fiertés. Dans la rue, on la reconnaissait grâce à ce bleuté si caractéristique qui imprégnait chacune des mèches de sa chevelure; au cours d’un échange, c’était ce saphir améthyste qui nous accrochait à ses yeux; et lorsqu’elle n’était encore qu’une habitante du royaume de la Mort, tout son être avait été animé par cette couleur, cet azur si vif et électrique. Pourquoi l’avoir remplacé? Et pour quelle occasion?

« Laton–

- Est-ce que TOI tu vas bien?

- M-Moi? Balbutiais-je, légèrement prise au dépourvu par la soudaine hausse de sa voix.

- C’est pour ça que je suis venue te voir, après tout… »

Je restais silencieuse pendant un très long moment, mon regard suivant, tel un auditoire muet, les différentes mimiques qui se formaient et se dessinaient sur son faciès. Seulement, c’était avant que ma peine ne me frappe de nouveau, que le poids du collier de Léto se presse dans ma paume. Lentement, je baissais les yeux – la main à la hauteur de son visage répétant le même mouvement – alors qu’un sourire, toujours aussi vide, se mit à flotter à la commissure de mes lèvres.

« J’ai connu de meilleurs jours, c’est certain, murmurais-je en contemplant le pendentif, l’extirpant du même fait de sous la literie qui m’enveloppait. … Est-ce que ce sont les enfants qui– »

Je m’interrompis pour la seconde fois, rehaussant franchement l’un de mes sourcils à son étrange réaction. Je savais Latone bavarde, mais pas à ce point. Tout ce que je pouvais faire était d’encaisser le flot de paroles dans lequel elle me submergeait. Il y avait bien quelque chose qui la tracassait; même dans sa Voix, mon ouïe le percevait. Pourtant, cela n’empêcha pas l’étonnement de s’amalgamer à l’incrédulité de mon faciès, alors que mes paupières battaient follement devant mes yeux, comme pour me persuader que tout ceci – de son comportement à son trouble – était bel et bien réel. Or, bien vite, la surprise se mua en amusement.

« Je ne savais pas que je pouvais te faire perdre tes mots aussi facilement. Léger, un rire s’évada de mes lèvres. Je te coupe autant le souffle que ça? »

J’essayais de tourner la situation en dérision, mais ce n’était pas gagné, le visage de Léto, sa peine et sa colère, hantant chacune de mes pensées. De nouveau, je perçus ce serrement qui étouffait mon cœur; de nouveau, mon bras trembla sous ce collier qui comprimait et crispait mes doigts. Je relevais la tête dans sa direction, contemplant la noirceur de ses pupilles, l’or fondu de ses iris. Je lui souris alors, tendant mon cou afin de coller ma bouche à la sienne. Je m’imprégnais de son parfum, dévorais le sucré de ses lèvres sans modération tout en coulant mes doigts le long de son ventre.

« Tu pourrais rester, lui susurrais-je d’une voix basse, plaquant ma silhouette à la sienne, tout en abandonnant la couverture qui, jusqu'ici, m'avait séparé du monde. Me tenir dans tes bras… Doucement, je la repoussais jusqu’à ce que son dos s’appuie contre la tête de lit. Et me promettre que tu resteras toujours avec moi. Je mis fin à notre baiser, cherchant à emprisonner sa main dans la cage de mes phalanges. Est-ce que tu le sens? Délicatement, je remontais sa main jusqu’à ma poitrine, la suspendant à la hauteur de mon cœur, à la source de tous les tremblements qui faisaient vibrer mon corps. Il ne bat que pour toi. Rien que pour toi… À califourchon sur ses cuisses, je plongeais mon regard dans le sien, m’accrochais à son visage, mais le chagrin déchirait malgré tout le sourire qui pendait à mes lippes. Léto et moi… C-C’est terminé. L’émotion remonta en moi, de mon ventre jusqu’à ma gorge, comprimant mon cœur de milles contractions. C’est vraiment terminé », hoquetais-je d’un souffle chancelant, mes doigts s’ancrant profondément dans les épaules de la Guide.

J'avais cru que mon corps s'était tari et pourtant, je sentais de nouveau mes yeux s'humidifier, des larmes de désolation s'évadant sournoisement entre les lésions de mon visage. Furieusement, je les avais effacés, mais elles poursuivaient leur descente, de plus en plus effrénée. C'était idiot. C'était stupide. J'avais choisi Latone et malgré cela, je continuais de pleurer pour Léto.

« Désolée. J’ai une sale tête actuellement, hein? »

Je souris, d'un rire sans saveur. Est-ce que j'arriverais un jour à l'oublier? J’avais l’impression que ce serait impossible… Peut-être étais-je encore ce papillon qui cherchait à toucher sa flamme.


1 048 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post II




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Lun 24 Oct 2022, 19:06



Miles était une gonzesse. Latone n'en croyait pas ses yeux, tous ses yeux ; ni le moindre de ses sens, en fait. C'était forcément lui… Elle. La Rouge avait encore du chemin à faire pour se faire à cette putain d'idée. Qu'était-ce donc cette lubie ? À quoi bon ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Si Latone ne balbutiait pas pour combler le vide laissé par son inspection trop bordélique, elle ne pouvait que se morfondre dans un mutisme autant gorgé d'effroi et de panique à peine dissimulées. Peu à peu, les mystérieuses palabres de Kaine lui revenaient en tête et la Kirzor se demandait sincèrement si tout ceci ne représentait pas une odieuse orchestration des Köerta. Après tout, ils formaient un cocon uni sous ce toit, une complicité à laquelle la Marcheuse parvenait à peine à gratter la surface. La piste du canular aurait été d'une logique et d'une simplicité en de nombreuses circonstances, sachant à quel point Miles adorait la faire tourner en bourrique… Mais pas dans ce cas de figure précis. Le visage de Toesia lui revenait en mémoire et sa Voix éprouvait une insidieuse détresse. Et puis, Miles aussi : Latone le voyait très bien qu'elle n'allait pas bien et – bien que sa sensibilité en tant qu'Orisha lui faisait défaut – se laissait emporter par son aura abattue, par cette étreinte qui lui rappelait bien des délicieux moments qu'elle chérissait. C'était bien Miles Köerta, il n'y avait aucun doute là-dessus. C'était la femme qu'elle aimait. Il… n'y a pas que tes cheveux qui ont poussé. Elle déglutit malgré elle, se confortant dans les ténèbres pour atténuer ses failles et ne se focaliser que sur la Voix de son Aphélie, et rien d'autre. Elle trouvera une explication tôt ou tard à ce phénomène.

" Magie. " Finalement, c'était plus tôt que prévu.

Sous un certain angle, Jáp la dérangeait dans un moment plus qu'intime et son élue serait sûrement sortie de ses gonds si elle ne comprenait toujours pas pourquoi Miles était devenue une Milesette. De toute façon, cette dernière se plaisait à l'exaspérer, ce qui lui laissait le loisir d'offrir une attention partielle à l'Archonte terré dans un coin de la pièce. D'un autre côté, cela lui provoquait un drôle de frisson d'imaginer un ersatz de Gandr et son amour actuel dans la même chambre.

" Cette femme, que tu considères comme ton alter ego, subit aussi cet enchantement par moments. Il devait parler de Léto. Homme ou femme, ces deux-là se comportent comme si tout ceci était normal, une imbrication si harmonieuse de leurs souvenirs et de leurs liens avec leur environnement, sans aucune considération de leurs identités sexuelles. Fascinant et terrible. Il parût réfléchi. En tant que ton Archonte, je te déconseille de la confronter sur ce fait, tu ne feras que meurtrir davantage son cœur lancinant. Même si, cela, tu en es déjà parfaitement consciente. "

Latone détourna le regard, malgré les caresses de Miles, qu'elle chérissait aussi fort qu'une bonne baston. Il semblerait que ce Passionné en savait bien plus sur elle qu'escompter, ce qui ne lui plaisait pas vraiment. Même si, en soi, il avait raison : l'Albinos appréciait son caractère de cochon, tant qu'elle ne dépassait pas les bornes. Ce fut bien depuis que Latone s'était ménagée, qu'elle fît des efforts incommensurables pour retrouver cette humanité perdue, que les deux Marcheurs avaient pu se comprendre.

" Sinon, c'est quand que tu redescends en Linos ? La dernière fois remonte à trop longtemps et à ta place, je redouterai l'impatience de Senere… " Ce bâtard, il croyait vraiment qu'elle pouvait y retourner dans cet état ? Si l'Ordre d'Hébé n'avait pas montré les crocs, cela aurait déjà été fait !

L'Archonte disparut à peine qu'une vague de chaleur s'emparât de la Rouge. Surprise, cette dernière eut juste le temps de recouler son regard doré sur l'Orisha que ses lèvres captèrent la saveur de son corps. Prise au dépourvu, le sien répondit naturellement à l'invitation et, à travers ces baisers, la Kirzor fut une nouvelle fois convaincue que cette entité dans ses bras ne pouvait être que Miles Lukhas Köerta. Leur étreinte et leur embrasement pouvaient se montrer un chouïa différents, pourtant Latone retrouvait ses marques et ces offrandes charnelles détendirent ses tensions musculaires. Elle lui chuchotait des mots qui électrisaient son être, des demandes auxquelles elle succomberait sans une once d'hésitation si elles provenaient d'elle. Comme docile, la Hurabis se laissa entraînée par son bon vouloir, rouvrant les yeux sur cette femme qui berçait son entièreté de sa Voix. Malgré tout, il persistait cette gêne que Latone ne redécouvrait pas totalement son amant. Cela lui était d'autant plus frappant lorsque sa main se retrouva piégée sur sa poitrine ; puisque même si ce cœur battait, il était prisonnier d'une cage qu'elle ne reconnaissait pas tout à fait. Entre désir et frustration, la Rouge recommençait à sentir cette fureur s'embraser en son âme. En son for intérieur, elle fit tout son possible pour éteindre les prémices de cette hystérie, puisqu'un instant privilégié en compagnie de son Aphélie devrait lui être bien plus cher que tout au monde. Ainsi se plongea-t-elle dans l'océan écarlate, dans l'espoir de s'y noyer, de s'y étouffer.

Et soudain, c'était comme si elle remontait à la surface. Latone ne ressentit plus rien d'autre que la peine qui s'écoulait sur son visage. En très peu de temps, elle encaissa la peine de Miles et ses révélations. Tout lui parut bien plus clair à présent, ce qui n'enleva en rien le déchirement qui s'ensuivit. Elle pleurait et ce constat lui apparut comme un échec, puisque c'était bien ce que la Kirzor avait cherché à faire lorsque le chagrin de Miles s'avérait si limpide à Megido. L'Aäsho se figea, respectueusement silencieuse alors que cette mère de famille butait à contenir ses émotions. Son propre visage se défigura en une peine immense, tant les émotions de Miles s'écoulaient en ses veines. Léto et Miles… c'était terminé. Par tous les Ætheri, Latone ne pouvait se réjouir d'un tel scénario tant il lui faisait mal.

" C-Ce n'est rien, je vois à peine ta sale tête dans le noir. Elle m'est plus tolérable que d'habitude. " Elle lui sourit autant que possible, provocatrice.

Que succombe dans le Silence cette étrange magie, la Rouge faisait avant tout face à la personne qu'elle aimait, et qui l'aimait en retour. La voir ainsi, dévastée par une telle sentence, ne lui prodiguait rien d'autre qu'une empathie douloureuse. Finalement, c'était comme Jáp l'avait décrit : elle demeurait la même personne, à ses propres yeux et pour les autres. Avec son Troisième Œil, il lui était bien plus aisé d'aller au-delà des carapaces et de toucher l'être aimé avec un doigté astral. C'était ainsi que Latone souhaitât procéder, alors qu'elle remonta sa main libre jusqu'au visage de la Köerta, afin d'y chasser une larme trop lourde pour elle seule.

" Mais tu sais… c'est aussi cette sale tête qui fait battre mon cœur. De son autre main, elle guida la sienne jusqu'au berceau de son humanité. Sens-le à ton tour. "

Toutes anomalies de cet instant lui parurent trop floues pour être prise en considération, tant elles faisaient pâle figure face aux maux qui enveloppaient la Köerta. Distraite, son pouce suivit la surface de l'une de ses crevasses sur sa joue. Autrefois, il l'avait enjoint à les toucher, puisque ces fissures ne lui étaient plus coutumières à la douleur ; en ce sens, Latone désirait muer cette indifférence en une étincelle de plaisir. Puisqu'il lui était si intolérable de s'imposer des barrières alors qu'elle le désirait dans son intégralité. Il faisait chaud là, non ? Fidèle à elle-même, l'Éclat préférait combattre le feu par le feu.

" Viens l'écouter plutôt – elle glissa sa paume jusqu'à sa nuque et y appliqua une pression tentatrice, afin de consolider leur étreinte et d'accoler son oreille sur son buste – qu'il te fasse recouvrer le sourire que j'aime. " Écho de leur aventure à Megido. Dans le même temps, par cette accolade, elle sera bien plus disposée à ressentir les pulsations de son palpitant.

Ainsi imbriquées, Latone éprouvait une tiédeur si lénifiante. À défaut de couverture, l'Orisha préférait largement rester ainsi afin d'entretenir cette ardeur qui subsistait entre elles. Elle ferma les yeux et se mit en tête que : oui, elle restera, oui, elle la tiendra dans ses bras… Et encore, ceci ne lui parût pas suffisant, puisque ses Sereëkim s'agitèrent d'eux-mêmes pour enlacer l'âme meurtrie sous son aile. Alors que ses mains caressaient ses cheveux et sa nuque, l'une des manifestations détendit sa colonne vertébrale, une autre la serra un peu plus fort afin de maintenir son emprise. Quatre poignes lui semblaient déjà bien assez pour la couver et lui faire oublier tous ses soucis. Pour toutes les deux. Il était hors de question de la laisser seule dans cette épreuve. Il lui était impossible de faire machine arrière. Puisque c'était ça qu'elle aimait : se perdre et se donner.

" Je suis désolée. Pour son chagrin, sa perte, pour tout ce qu'ils engendrèrent. Tu as raison : tu me coupes le souffle, j'en perds mes mots… Alors je cède et je te promets que je resterai toujours avec toi. Elle haussa les épaules, faussement modeste. Puisque de toute façon, je ne compte pas faire autrement. Il n'y avait bien que Miles qui avait le pouvoir de la rejeter ; elle, elle n'en trouvera jamais le courage. Elle le sentait au fond de ses tripes. Un silence solennel s'ensuivit où le tambour de son amour l'apaisait, avant que les faits de leur réalité revinssent à la charge. Si… tu as d'autres suggestions… je suis preneuse. "

Qu'est-ce qu'on faisait avec une femme dans son lit, bon sang ? Elle n'avait pas encore lu assez de romans de ce genre !


1724 mots ~



By Jil ♪
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 29 Oct 2022, 19:56



Comme la brise qui débarrasse la poussière, les doigts qu’elle tendit jusqu’à mon faciès asséchèrent de leur mieux les sanglots qui m’engloutissaient. Nous ressemblions à un duo de nageurs qui combattaient les peines de la mer. Sinistre et chagrinée, elle nous submergeait, nous faisait dériver. Pourtant, en dépit des houles et des lames qui pouvaient l’emporter, la Kirzor m’offrait sa main libre pour m’empêcher de couler. Elle me tirait hors de la colonne d’eau et sans réplique, je me laissais guider volontiers jusqu’à la surface. Le seul désir qui m’animait était de recouvrer un semblant de souffle et de libérer mes poumons du poids suffoquant de cette affliction. Par chance, je pouvais désormais goûter à l’air qui nous entourait, comme si des perles de fraîcheur s’étaient déposées sur le bout de ma langue et roulaient jusqu’au plus profond de ma gorge. Le soulèvement de ma poitrine montait et descendait toujours sur un rythme erratique, mais les douceurs qu’elle faisait glisser sur ma peau apaisaient les battements qui bouleversaient mon cœur. Lentement, les coups portés à l’intérieur de ma cage thoracique se stabilisèrent et aussi étrange que cela puisse paraître, ce martèlement spasmodique oscillait sur la même cadence que les tremblements qui opprimaient son palpitant à elle… Un sourire, aussi fin qu’imperceptible, apparut sur mes lippes. Je le sentais à mon tour, Latone. Tu n’avais pas à t’en faire : je le sentais à la perfection.

« Hmm, hmm… Dérapage contrôlé. C’était bien rattrapé. J’appuyais légèrement ma joue dans le refuge de sa main, fermant à demi mes paupières pour la contempler. Je suis ravie d’entendre que mes yeux enflés et mon nez qui fuit ne me font perdre aucun point de charisme dans l’obscurité. J’adoptais une posture plus joueuse et agressive, penchant légèrement mon buste vers l’avant, alors que mon regard retrouvait un semblant de sa vivacité maligne. Va falloir que je t’apprenne à parler aux femmes. »

Malgré l’air grave qui tirait sur chacun de mes traits, mon timbre s’était fait aussi délicat que la plus douce des soies. Or, après quelques secondes à peine, l’éclat d’un sourire se fraya un passage dans la noirceur qui écrasait mon visage. La chaleur de ses caresses était entêtante, tout aussi étourdissante que sa présence, et sans même m’en rendre compte, ce simple contact suffit à me rasséréner et à me retirer un énième poids de sur ma conscience. Continuellement, Latone me tirait vers le haut, à la surface de cet Océan trop dense et trop boueux. Mais cette fois, ce n’était plus sa main qui me retenait au-dessus de l’écume, quand tout son corps fût utilisé pour nous maintenir loin des tourments salins. Ses deux bras devinrent des bouées, salvateurs dans leur emprise et leur solidité, comme un cocon protecteur qui me berçait à la mélodie de son cœur. Toutefois, de deux, ils finirent par devenir trois, puis quatre. Je les sentais parcourir ma nuque et mon dos, déposer sur leur passage des tendresses qui marquèrent ma chair de mille soubresauts. Je libérais un soupir de satisfaction. D’abord surprise par son aplomb, j’avais rapidement accueilli le geste avec délice et félicité, accrochant mes propres bras autour de sa taille; prospérité. Si ce moment pouvait durer éternellement…

« Ce n’est rien… Je redressais mon visage jusqu’à elle, gratifiant l’Éclat d’un ersatz de ce sourire qu’elle aimait tant pour la rassurer : elle n’avait pas à être désolée. D’autres suggestions? La pointe de mon nez frôla le sien, aguicheur. Qui crois-tu tromper avec ce numéro de l’ingénue? Tentatrice, je fis rouler mes phalanges dans le creux de ses reins. Ferme les yeux… »

Je voyais l’affolement assiéger ses prunelles, mais n’en fit grand cas lorsque je vins moi-même refermer ses paupières du bout des doigts. Puis, lentement, je basculais mon visage à quelques centimètres au-dessus du sien, et traçais mon chemin jusqu’au creux de son cou. J’y enfouis ma frimousse, respirant son odeur dans une grande bouffée d’air. Son apparence s’était altérée : ses cheveux arboraient désormais un rouge flamboyant, tandis que ses prunelles avaient troqué leur azur violet pour un doré des champs. Malgré cela, son parfum, lui, n’avait pas changé d’un iota. Peut-être était-ce pour cette raison que je n’avais pas fait grand cas de son nouveau physique les premiers instants, parce que je savais que c’était elle. Peu importe les artifices, puisque Latone était la seule à embaumer l’air de cette fragrance si capiteuse, irrésistible.

« Tu es là. C’est le plus important pour moi. »

J’écartais mes lèvres pour une douce embrassade, avant d’enfoncer mes dents dans la chair désormais à découvert. Si le baiser s’apparentait à celui des Séducteurs de la Nuit, il n’était en rien apposé pour se sustenter de son hémoglobine. C’était la marque de mon affection pour elle qui, je l’espérais, persisterait sur sa peau encore pour quelques jours. Avec tendresse, je léchais le stigmate qui avait rougi son cou avant de l’embrasser, et de reprendre mon chemin en suivant le trait de sa gorge. Or, sur la fin de mon trajet, je m’immobilisais devant son faciès, mes yeux fixant sa bouche avec une appétence vorace. Je me mordis la lèvre.

« Je ne t’ai pas fait attendre trop longtemps, dis-moi. Je caressais son visage, fascinée par ses traits. Maintenant, je suis vraiment là. Rien que pour toi, réitérais-je en effleurant la ligne de sa mâchoire de l’un de mes pouces. Tu peux ouvrir les yeux. »

Et presque immédiatement, je me vis tomber dans les profondeurs mordorées de ses iris. Il s’agissait d’une mer si vive et si claire. Elle m’hypnotisait. Elle m’attirait à elle et je répondis simplement à son appel. Ce fût instantané, instinctif, l’union de nos lèvres scellant notre nouvelle réalité. J’encadrais son visage de mes deux mains et approfondit notre étreinte en collant mon corps à elle. Aux frémissements qui nous dominaient, aux baisers qui nous emportaient dans cette valse pressante, mon esprit se répétait sans cesse ces quelques mots. J’avais fait le bon choix. Je n’avais pu faire que le bon choix. Je savais mon cœur confus et indécis présentement, incessamment nourris par la douleur de la nostalgie. Cependant, sur le long terme, celle-ci finirait par s’amenuir, se raréfier et complètement disparaître pour se guérir, se transformer, devenir douce accalmie. Dans le futur, je pourrais repenser à ces mémoires et ne plus verser de larmes; je serais en mesure de transformer cette peine en sourires véritables…

« Tiens ta promesse et ce soir, reste. Nos respirations s’entremêlaient, le reflet de nos regards fusionnaient, alors que je me garantissais une réponse qui saurait ne pousser à ses lèvres une quelconque hésitation. Je t’aime. »

Je lui offris un sourire de chaleur et d’adoration, mes doigts dévalant son buste jusqu’à atteindre la première attache de ses vêtements. Je ne souhaitais pas la plonger dans mon chagrin plus que je ne l’avais déjà fait. Je voulais lui faire du bien, lui rendre l’amour et l’attention qu’elle n’avait cessés de me procurer jusqu’à présent. Serais-je à la hauteur? Avais-je encore peur de lui faire du mal? C’était certain. Toutefois, je voulais lui prouver qu’elle n’avait plus rien à craindre. Mon cœur s’était ouvert, rien que pour elle.


1 194 mots | Post III




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
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Latone
Lun 07 Nov 2022, 21:33



Autrefois, une telle anomalie dans la matrice ne lui aurait faite ni chaud ni chaud. Il parait que surtout chez les Déchus, de telles considérations n'avaient pas lieu d'être. Une poitrine plus proéminente ou un engin développé, ils s'en foutaient. Et Latone, aux origines de son nom, elle s'en foutait aussi. Elle s'en foutait parce qu'elle n'avait aucune idée de l'ampleur de telles notions, des sensibilités différentes qui en découlaient et de ses propres sentiments, encore enfouies en elle, qui tisseraient les attractions. Maintenant, elle se retrouvait bien bête face à l'être aimé et admiré, parce qu'elle n'avait aucune idée quoi faire, quoi dire, comment réagir, comme s'y prendre. La Rouge se pensait préparée pour ce moment, elle réussissait à faire preuve d'une telle confiance en son charme et sa rhétorique pour le garder dans les mailles de son cœur. Et voilà qu'il suffisait d'un seul détail – une si simple anomalie – pour tout chambouler. Il n'y avait plus le choix, maintenant qu'elle était plongée limite la tête la première dans cette absurdité, il lui fallait réveiller son instinct de guerrière et surmonter avec brio – et surtout subtilité – cette nouvelle épreuve dans laquelle Miles l'entraînait. Pour une fois, puisque ses fameuses bibles lubriques s'avéraient hors de portée, la Marcheuse était prête à recevoir n'importe quelle source d'instructions sur la tronche. Oui, oui, Latone voudrait bien apprendre à parler aux femmes. Surtout à celle perchée au-dessus de son enveloppe charnelle. Elle était toute ouïe. Elle n'y put rien : elle déglutit silencieusement, son regard forcément braqué sur cette fausse menace qui planait, prête à agir au moindre faux pas. Mais quel faux pas pouvait exister, en vérité ? Depuis qu'elle avait ouverte son propre cœur, elle lui avait accordé toute sa confiance, toutes ses espérances. Cela ne pouvait pas être si différent. Elle se sentait capable de surmonter cette dissension, elle était une Orisha, par tous les Dieux ! Ouvre-toi, Troisième Œil, brille d'une étincelle aussi radieuse que son cœur !

" Ferme les yeux… "

Alors non, justement, ce n'était pas le but. L'ingénue en question aurait voulu garder tous ses gestes dans le collimateur, juste au cas où quoi. Était-ce si prohibitoire d'être un tant soit peu prudente ? Pour une fois, on devrait la féliciter de temporiser afin de mieux contre-attaquer. Cela étant, sans doute ne devrait-elle plus analyser la situation sous cet angle ; après tout, Miles – ou Milesette – n'était pas son ennemi. De toute façon, Latone n'y pensa guère plus avant d'être contrainte de céder. S'enfermer dans les ténèbres lui accorda un trop maigre réconfort, avant de sentir les premiers touchers électriques sur sa peau. Vivement, elle associa cette expérience avec le Karäna uu, elle s'y accrocha alors avec fermeté comme Miles s'emparait de son cou avec avidité. En fin de compte, elle dégusta sa Voix à défaut de pouvoir se plonger dans cet océan écarlate qui l'appelait. Ses mots semèrent des frissons à fleur de peau, et elle se prêta jusqu'au bout au jeu. Après tout, elle était Miles Köerta. Même l'Archonte le lui confirmait. Son Œil parvenait à voir cette personne qui animait son palpitant. Elle reconnaissait enfin son toucher, son souffle et enfin, son attraction. Elle s'insinua en elle, au plus près de la source de sa Voix, et Latone retint pourtant la moindre détresse. Ses lèvres se décousirent en une très brève perdition avant de se figer sous l'exaltation que Miles instillait en elle. Ce geste lui fit autant d'effet qu'un baiser langoureux, si ce n'était plus fort encore. La Köerta s'était arrêtée pile à temps pour que le plaisir ne troquât sa place à l'inconfort. Une nouvelle fois, Latone reçut une offrande qui enhardissait son béguin. Et elle en était heureuse ; elle balayait toutes les incommodités, tous ces parasites qui ternissaient ce tableau afin de n'en retenir que le beau. Elle n'exhala qu'un faible " Non " au sujet de cette attente, ce qui aurait pu lui paraître comme une éternité autrefois ne l'était plus. Elle entendait si bien ces mots qui lui étaient destinés, ces attentions qui faisaient vivre cette petite princesse logée dans son âme. Ce n'était plus juste une histoire : c'était sa vie. Leur vie.

La Kirzor rouvrit les yeux, docile comme une femme aveuglément amoureuse. L'écarlate la saisit et l'entraîna dans ce torrent qu'elle désirait depuis trop longtemps. C'était si simple, si beau, si énivrant. En une fraction de secondes, Latone succombait et son appétence s'intensifiait au fil des initiatives de Miles. Ses doutes éclataient en chocs et disparaissaient pour de bon. De plus en plus, elle se sentait légère ; et si elle ne s'envolait pas, c'était uniquement parce que Miles la retenait à elle. C'était bien tout ce qu'elle exigeait, que sa liberté soit ancrée avec la sienne. Elle remonta ses mains le long de son dos et la pressa pour exiger ses offrandes. Ses Sereëkim peinaient à savoir quoi faire, virevoltant au fil d'une chorégraphie endiablée, tels des serpents charmeurs focalisés sur leur proie. En fin de compte, c'était bien Miles qui menait cette danse que Latone ne connaissait pas encore. Elle fit son ingénue, certes, mais la Molosse pouvait la comprendre. Passive comme jamais, l'Aäsho acquiesça à sa proposition, le souffle encore court. Rien qu'avec ses iris embrasées, elle en redemandait encore.

" Je t'aime. " Cette confession fut balancée avec hâte, à l'instar d'une parade saupoudrée de panique. C'était instinctif, magique.

Sa poitrine se souleva au rythme de cette détresse qui étreignait son corps avide. Pas à pas, Miles la libéra de ce carcan et Latone se surprit par moments de se laisser autant faire. Pourtant, la Rouge désirait vraiment se dévoiler, se débarrasser de ces attaches qui cultivaient sa pudeur. C'était un rituel grisant où chaque caresse de ses vêtements la rapprochait petit à petit de leur objectif commun. Parfois, elle l'accompagna dans son entreprise et puis elle retourna à son rôle de précieuse poupée. Au bout de ce périple, Latone se mordit la lèvre et la chaleur engendrée par leurs baisers la prémunissait du froid de sa nudité. Elle massa à l'endroit du baiser mordant et offrit à sa partenaire un regard aussi confus qu'impatient.

" Pas trop déçue ? "

Dit ainsi, c'était d'un ridicule. Malgré tout, c'était bien la première fois que Miles la voyait dans son entièreté la plus pure. Et sa question trahissait son inconfort vis-à-vis de sa Vie : ce corps lui fut légué, mais n'était pas le sien à l'origine. Il était beaucoup moins impressionnant que celui de Léto Sùlfr, il n'était pas aussi marqué. Il apparaissait différent ; ni Léto, ni Lolaha. Juste Latone : une femme forgée dans la hargne et la fureur, une demoiselle intacte de convoitises mais pas des lames de la guerre, une amante qui espérait conquérir davantage ce terrain qui scandait son nom. Toutefois, surtout, une personne qui ne pensait pas mériter la bénédiction d'un amour.

La Marcheuse initia alors son propres pas. Néanmoins encore un chouïa recluse, elle préféra laisser ses Sereëkim explorer en premier ce champ de bataille qui l'attirait. Là où autrui n'y verrait qu'une insipide distance, Latone partit malgré tout en quête de son propre avantage. L'une des mains glissa sur le cou de Miles, s'imprégnant avec attention toutes les cicatrices sur sa route. Une autre glissa sous son haut et le souleva avec une timidité plus marquée. La Rouge respectait le rituel, consciente du poids de son propre flambeau. À son tour, elle voulait la Voir dans son intégralité. À mi-chemin, ses deux dernières mains invisibles saisirent son bas et l'invita à succomber elle aussi. Sans une once de retenue, Latone la dévora du regard, l'or morne scintillant le long de ses multiples affections causées par les mutations. Une fascination morbide gorgée d'une forte dose d'attrait. Comment avait-elle pu se lever après autant d'atteintes ? Comment avait-il pu supporter ce martyre et en faire une arme ? La Kirzor se montrait réellement envoûtée. Avec tout le mysticisme que la Naäzkil nourrit au sujet de ces fissures, Latone la trouvait d'autant plus attirante. Sûrement pouvait-elle lire en elle comme dans un livre tandis que la jeune Orisha dardait à nouveau le rubis de ses prunelles : Tu es magnifique. Tu l'es depuis si longtemps à mes yeux. Tu es mon éclat. Dès le premier flocon de fraîcheur, la Rouge anéantit leur distance et l'enlaça avec vigueur. Sa bouche abattit son courroux contre la sienne et la ferveur de leur flamme la couvrit à nouveau. Elle n'avait pas à l'enserrer si fort depuis cette promesse à la volée, seulement la Marcheuse ne parvenait pas à résister. Trop de désirs s'entrechoquaient dans son crâne et elle ignorait par où commencer. Suite à un dernier baiser lascif, elle accola son front contre le sien, sa respiration démontrant une si vive conviction en ses sentiments. Elle en voulait encore et elle en voulait plus.

" Viens en moi. "

C'était l'une des répliques-clé de son roman favori. Avec du recul, ce devait être un peu nul.


1577 mots ~
(sans les mots de Miles)



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Miles Köerta
Ven 18 Nov 2022, 08:00



🔞

« Je t’aime. »

Aux prises avec les attaches de ses vêtements, mes phalanges cessèrent pourtant toute cavalcade au soupir de sa voix. Je relevais la tête à cette déclaration, abandonnant temporairement les tissus desquels je voulais la séparer, pour cueillir la fougue et le rosé de ses lèvres entre les miennes. Ma bouche et ma langue ne connurent aucune résistance lorsqu’elles touchèrent à sa chair et contre mon crâne, je sentis quelques-uns de ses Sereëkim presser notre contact. Ses mains invisibles se perdaient dans l’argent de ma toison, comme si elles avaient peur que je lui échappe. Craignait-elle que je me dérobe, que je lui file entre les doigts, à la manière d’un rêve qui pourrait disparaître en un clignement d’yeux? Cette réflexion m’amusa et fit apparaître un petit sourire sur notre baiser, tandis que l’une de mes mains se posa sur sa nuque, entraînant l’approfondissement du baiser que nous nous échangions. Avide était ma faim; impatientes étaient mes attentes; désiré était son être, en entier. Je ne voulais pas que lui faire perdre ses mots à cet instant précis. Je voulais rendre son pouls complètement fou. Je voulais qu’elle ne cesse de me toucher. Je voulais entendre ses gémissements caresser mes oreilles. Je voulais que ses yeux me déshabillent, me brûlent, me consument. Je voulais que sa bouche en fasse de même sur tout mon corps. Je voulais qu’elle me suive sans peur dans cette bacchanale, maintenant que nos désirs nous transperçaient comme mille aiguilles plantées dans nos chairs en ébullition. Habile, ma main libre reprit son jeu adroit, s’évertuant à délivrer sa peau au plus vite de toutes ces fioritures : pour les besoins de cette danse, son accoutrement lui était tout bonnement inutile. Et dès que mes caresses perçurent la chaleur de son épiderme, mes phalanges forcèrent aussitôt leur entrée dans les ouvertures de ses vêtements, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Délaissés, ils traînaient désormais sur le sol et sur les fourrures de la couche matrimoniale.

« Qu’est-ce que t’en penses? »

Avait-elle mis fin à notre baiser, à la recrudescence de ce plaisir, pour cette idiotie? Je voulais ses lèvres, je les voulais si ardemment, alors qu’elle me les avait enlevés si abruptement… Malgré cette sourde frustration, je parvins à rendre muet, de peine et de misère, l’appel du vice qui m’étourdissait. Parce que ce brin de malaise, cette perle d’embarras qui avait résonné à la douce élévation de sa voix, s’était sournoisement posé à mes tympans. Je ne pouvais l’ignorer, car à travers ses mots, je saisissais qu’elle se comparait finalement à Léto. Je ne pouvais pas dire que je ne comprenais pas son sentiment. Combien de fois avais-je moi-même jalousé la vénusté des femmes orbitant autour de mon mari? Combien de fois m’étais-je questionné sur la disgrâce de mon physique, sur ma beauté lacérée? Léto avait beau me répéter et me répéter que j’étais la seule dans son cœur, la plus belle de ses inspirations, jamais je n’avais totalement cru en sa parole. Pas parce qu’il n’avait pas été sincère à mon endroit, seulement parce que ma confiance était la plus fragile, la plus précaire. Lorsque je l’observais, je me demandais sans cesse si je pouvais réellement être à ses côt– Imperceptible, ma tête se mouva de gauche à droite.

« Déçue? Franchement. Tout en gardant prisonnier l’ambre de son regard, je laissais courir mes doigts sur la courbe de sa poitrine, initiant leur descente jusqu’aux lignes de sa musculature, qui se dessinait sous le frôlement aérien de mes caresses. Si je l’avais été, j’aurais cessé de te déshabiller bien avant ça. Naturellement, ma main ruissela jusqu’à sa cuisse pour emprisonner sa fesse, en même temps que mon buste se penchait tout près de son lobe d’oreille. C’est un véritable régal pour les yeux. Je masquais mon précédent trouble derrière un entrain joueur, séducteur : je ne pouvais laisser le spectre de Léto me gâcher cet instant… Et toi? Es-tu curieuse? »

Malicieuse, je lui fis découvrir le laiteux de l’une de mes épaules, tout en lui décochant un sourire à la dérobée. Et presque aussitôt, je sentis sa présence se renforcer. Sur mon cou, dans mon dos, sur mon ventre, sur mon séant… Langoureuse, je me défis de ma culotte, la faisant valser non loin du lit avant de me repositionner, en califourchon, sur la Guide.  Étonnamment, une certaine gêne avait animé ses gestes hasardeux et pourtant, il fallait se rendre compte de son regard : si lubrique, voluptueux. Quel cliché, me moquais-je en souriant. D’une main, je rapprochais sa bouche en appuyant sur l’arrière de son crâne, réitérant la danse de nos souffles et de nos langues dans un halètement enfiévré. Je souhaitais goûter à ses lèvres pour l’éternité. Je convoitais sa présence et ses tendresses. Je voulais m’étouffer dans cette chaleur incandescente qui consumait mon cœur et mon bas ventre. Respirer n’était que secondaire. Ma priorité était de la garder le plus près possible de ma personne; toujours, toujours, plus près de ma personne, afin que nos êtres fusionnent, que nos souffles se soûlent, que nos bouches ne deviennent qu'une, à l’instar des battements de nos cœurs. Cette sensation était délicieuse, si jouissive, d’autant plus lorsque je sentais son corps réagir si promptement à mes affections. Que ce soit le massage de ses cuisses, les éraflures dans son dos ou l’Électricité que je fis galoper sur la blancheur de sa peau, ses gémissements répondaient toujours avec cette délicatesse exquise qui me galvanisait, l’affolement de sa respiration m'exaltant, m'emportant, vers une satisfaction insoupçonnée.

« C’est ta première fois, si je me rappelle bien. Soumise à cette dévorante passion, j’allais répondre à son souhait, mes doigts traçant lascivement leur passage jusqu’à l’humidité de son intimité. Rappelle-toi de chacune de ces sensations. Je la palpais tout en examinant ses expressions faciales, décelant ses zones érogènes selon la délicieuse friction de nos chairs et les sursauts de son être. De chacune de ces caresses. De chacun de ces baisers. Je fis taire ses soupirs en plaquant mes lèvres aux siennes. De chacune de ces morsures… Puis, je fis couler ma bouche jusqu’à la hauteur de sa poitrine, rougeoyant sa peau de baisers aussi incisifs que concupiscents. N’oublie jamais comment je t’ai touché aujourd'hui. Je ne l’avais encore jamais vu sous une telle vulnérabilité. Latone… »

Son nom fût un appel, une commande impatiente à son oreille. Électrique, j’avais autant soif qu’elle. J’apportais aussitôt son visage dans le creux de mes seins, suffoquant d’aise, tremblant d’excitation. Je voulais qu’elle m’enlace, qu’elle me prenne, qu’elle me fasse l’amour… J’avais bien fait d’insonoriser la chambre par Magie. Parce que je désirais que ces soupirs ne soient un présent que pour nous deux.


1 114 mots (Sans les paroles reprises du post de Latone) | Post IV




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
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Latone
Sam 19 Nov 2022, 17:24



🔞

Plus proche encore, plus cette musicalité lui parut limpide. Énivrée par cette grâce que lui offrait Miles, Latone aurait très pu devenir hermétique à tout autre phénomène, afin de ne se concentrer que sur l'unique objet de sa convoitise, enserrée dans ses bras et liée par l'avidité de ses lèvres. Pour autant, en tant que fille de Ciel-Ouvert – même emportée par leur valse endiablée – elle ne parvenait à ignorer ces notes qui animaient leurs pas. Au tout départ, elle n'y avait vu qu'une simple association au palpitant de son amoureuse, le tambour tonitruant de leur affect à son paroxysme. Puis, son acuité auditive se précisa afin de lui faire parvenir cette mélodie si réconfortante. Cette dernière l'attirait d'autant plus contre son support, de chair et de chaleur. Le romantisme se serait contenté de prêter une oreille attentive à ces vibrations, cependant Latone souhaitait plus que tout pincer ces cordes et faire réagir sa partenaire en conséquence. Ce qui n'était que désir jusqu'alors devait muer en actes, et la musique de Miles galvanisait davantage son être. Elle était si faible, si malléable sous la bénédiction de ces caresses qu'elle fantasmât trop longtemps. Se libérer de ce supplice lui faisait oublier à quel point la forme temporaire de sa révélation la troublât plus tôt. À la fois bercée et enhardie, ses gémissements échappés à la volée témoignaient de l'éréthisme provoquée par ces massacres, ces éraflures, le délice de l'Électricité sur son enveloppe. Entre deux abandons par ailleurs, elle souriait à cette technique qu'employait le Marcheur, lui remémorant leurs plus incisives disputes d'autrefois, à la limite du combat sanglant. Pour un peu, l'Orisha souhaiterait à nouveau tester les limites de son Corps et de sa Magie contre ce barrage que représentait le Köerta ; qu'elle finissait enfin par voir non plus comme un obstacle à sa progression mais comme un but à atteindre. Elle ne se risquerait pour autant pas à employer sa propre magie pour stimuler sa compagne, puisque… elle devait encore gérer tous ces bras, ce qui n'était pas de la tarte.

Son incompétence se présentait comme plus que palpable. Trahie, la Kirzor ne put rien répliquer de plus si ce n'était rougir bêtement et dérober son attention. En vérité, elle se retrouvait touchée que Miles s'était souvenue de sa vulnérabilité, de ses peurs et des troubles causés, de près ou de loin, par son nom enterré. Malgré tout, il n'était plus question de laisser les chaînes du passé entraver son avancée, sa course jusque dans les bras de cette nouvelle idylle. Plus d'appréhension, plus de déception ou de mépris, il ne demeurait que son appétence pour cette femme qu'elle aimait et respectait. Elle se donnait, s'offrait avec résolution, convaincue de son choix comme étant le bon ; tout comme Miles avait fini par l'étreindre elle et nulle autre. Affamée, ou assoiffée – elle n'en savait trop rien ! – l'Aäsho regretta encore cette nuit à Sequela où elle repoussât l'attrait à son endroit. Si c'était si bon, si révélateur, pourquoi avait-elle laissée les ombres de son passé embrumer son esprit ? Pourquoi avait-elle autant retardé leur Destin ?! Quelle idiotie. Ces ordres sauront corriger son écart, au moins un tant soit peu ; une délicieuse rétribution. Latone se laissa faire et tenta à plusieurs reprises de répondre à la positive, sans que ses exaltations et que les assauts de Miles ne l'épargnassent. Elle lui imposait sa musique, sans aucune échappatoire possible. La frustration galopait, mais la félicité s'élançait bien plus. Ce va-et-vient incessant lui fit perdre la tête, tête qui finit par ailleurs contre le giron de la Naäzkil. Latone s'y complut beaucoup trop pour son propre bien, assénant cette zone de vives affections tant que Miles préservait l'ascendant sur elle.

" Hmmileshh… " Ne parvint-elle qu'à marmonner entre ses seins, prisonnière de ce torrent de plaisir.

La Köerta en avait trop fait, la Kirzor n'arrivait plus à lutter contre ces forces qui l'aimantaient à cette étoile rutilante. Sa connexion avec elle alourdissait le flux de ses réflexions les attentes de plus en plus vindicatives de son âme-sœur. Les liens de leur songe aggravaient leurs baisers sur ses muscles, mouvant ses Sereëkim telles les articulations d'une marionnette. Sans eux, la Rouge aurait peut-être échoué à suivre le pas de sa partenaire, au moins cet avantage numérique lui permit de se créer une brèche en son emprise afin de la combler à son tour. Langoureux, ses mains invisibles remontèrent l'échine de la Molosse, du moins quatre d'entre elles tandis que les deux autres descendirent plutôt jusqu'à la naisse de ses fesses. Hésitants étaient les appendices de la Kehaä, impliqués, pourtant, cherchaient-ils à faire comprendre par ces caresses énergétiques. Il lui était bien compliqué de maîtriser les six Bras Invisibles, en plus de subir le courroux de Miles sur son enveloppe visible. Poigne après l'autre, Latone capta toutefois la douceur de son épaule, le douillet de sa crinière d'argent, la suavité de la commissure de sa bouche, la rondeur de son sein, la lascivité de sa hanche, et le charnu de son séant. À sa manière, la Hurabis la découvrait, afin de pouvoir continuer de dévorer le rougeoyant de son regard. Elle pouvait faire bien plus, elle en était convaincue et désirait soudainement le faire. Par mimétisme, Latone usa de sa main encore libre pour joindre Miles en ce toucher interdit ; sa course le long de ses cuisses lui transmettait une vague de chaleur aussi importante que leurs échanges langoureux et insatiables. Profitant d'un instant de faiblesse grâce à sa nouvelle ascendance, son buste s'écarta un brin, afin de se caler sur ce rythme qu'elle souhaitait assimiler et maîtriser pour combler sa conquête. Ses doigts ne cessèrent leur avancée et s'insinuèrent aux portes de ce territoire jusqu'ici insoupçonné, avant d'enfin suivre le pas de sa belle.

Une nouvelle fois, Latone se confrontait à cet irascible problème de vocalise, ses cordes incapables d'énoncer le moindre mot, la plus insidieuse des provocations, ni même le soupir de son nom. Éperdue en ses multiples complaintes, la Rouge prenait conscience que même si une partie de contrôle lui revenait, elle ne se retrouvait pas mieux lotie dans cette affaire. En fin de compte, cela lui était parfaitement égal : elle se donnait et offrait sans concession, elle voulait continuer d'entendre le cœur de Miles battre pour elle et écouter son timbre exalter d'autant plus de détresses. Elle voulait lui faire l'amour encore plus longtemps, elle voulait souffler davantage sur cette flamme qui les consumait dans la liesse. Bientôt, leur tendresse mutuelle encombrait le regard insatiable qu'elle cherchait à lui tendre, ses paupières finissant par se clore sous l'effort de plus en plus intense. La Linèsienne renouait avec sa nature véritable, emportée par leur sérénade à coups d'aise, de perdition et de concupiscence. Jusqu'ici, ses timides fébrilités s'accordaient avec la satisfaction de la Marcheuse, à présent ces mêmes exaltations gagnèrent en force, elles couvraient le chant de Miles à mesure que leur danse se poursuivait. Ses murmures devinrent des cris, dont Latone n'eut plus aucune retenue. Inconsciemment, elle émettait le vœu de faire entendre jusqu'au panthéon des Ætheri qu'elle saisît enfin son aphélie. Ce n'était plus un rêve, ce n'était plus une réalité qui lui échappait, c'était leur vie. En effet, Milesette : tu fis bien d'insonoriser cette chambre, ou tout le voisinage à la ronde l'aurait entendue ; cette Voix qui te réclamait, perpétuelle.


1287 mots ~

- J'entends ta musique : Il s'agit d'un phénomène étrange auquel votre personnage va être confronté. En effet, chaque personne aura, pour lui, une musique propre que lui seul pourra entendre. De ce fait, il deviendra capable de reconnaître les individus sans avoir à les voir. Certaines musiques sont particulièrement proches, sans que cela ne s'explique.



By Jil ♪
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Miles Köerta
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Miles Köerta
Sam 03 Déc 2022, 05:01



🔞

C’était une étrange sensation que d’être manipulée par des mains autres que celles de Léto. Pendant des années, mon corps avait été modelé par ses délicieux coups de reins ainsi que ses envies. La vigueur, la confiance et la force qu’il témoignait au lit n’avaient d’égales que la douceur de ses caresses et l’implacable chaleur de ses baisers. Il savait combler les attentes de… ses amants, et allait bien souvent au-delà de celles-ci pour que ne cesse alors les suppliques et la faim dans nos ventres. Entre ses bras, suspendus à ses lèvres, on en redemandait toujours plus, aussi bien poussés par la curiosité de sa prochaine audace qu’affamés par l’avidité qu’il éveillait au plus profond de nous. Il provoquait ce genre de sensations, le type qui nous incitait à vouloir se l’approprier, qui nous incitait à vouloir le toucher, à vouloir le dévorer tout entier; il était ce feu que tous les papillons souhaitaient posséder… À l’inverse, les mouvements articulés par Latone avaient cette incertitude nerveuse et hasardeuse des néophytes, et ça, c’était sans compter les paires de bras supplémentaires qu’elle tentait de contrôler et d’ajuster au rythme de notre danse luxurieuse. Ses mains étaient moins puissantes et audacieuses, plus hésitantes mais non moins douces et résolues. Et malgré tout ça, je ressentais ce même désir que réussissait à attiser Léto en moi lors de nos ébats : cette faim insatiable, ce goût du risque et de la provocation inégalable. Entre les bras de la Guide, suspendue à ses lèvres, j’en redemandais encore plus.

Or, je remarquais également que Latone se sentait complètement dépassée par cette première fois. Elle essayait de gérer mon corps et le sien, tous deux assaillis par des désirs et un appétit inextinguible qu’elle ne parvenait à coordonner. En silence et par des gestes incitatifs, je la dirigeais discrètement dans ses premiers pas, laissant courir mes doigts le long de ses bras pour lui indiquer les nombreuses voies qui sauraient me faire du bien. Les cicatrices étaient une option sûre, aussi bien que les griffures et les morsures qu’elle se pouvait d’empreindre sur mon corps – même si, en finalité, je me retins à lui faire savoir ces deux dernières fantaisies, puisqu’elle semblait se complaire dans cette découverte, plus mielleuse et sensuelle qu’agressive et querelleuse. Toutefois, plus mon être se faisait entraîner dans l’enivrement de ses caresses, et plus sa hardiesse vint combler les lacunes de son inexpérience. Elle comprenait de plus en plus comment me prendre en main et ce n’était pas pour me déplaire. Elle devenait plus téméraire et aventurière au fur et à mesure que nos contacts s’approfondissaient, comme le prouvait la nouvelle aisance de sa main entre mes cuisses. Un frisson m’affriola, tandis qu’une exaltation franchit la frontière de mes lèvres par la même occasion. De soupirs haletés à gémissements fébriles, mon souffle se brisa soudain pour se muer en voluptés enfiévrées. C’est ce que j’attendais. Je ne voulais plus que cet instant puisse s’arrêter. De pair avec mes pensées, l’ensemble de mon corps s’emballa sous la fougue de son doigté. Parfois, il se raidissait brusquement en raison d’un mauvais maniement et j’enfonçais, sans sommation, mes dents dans sa chair pour lui faire comprendre qu’elle employait mal son toucher. Sans paroles échangées ou regard adressé, mes doigts modifiaient alors le rythme de leur farandole au creux de son sexe afin de lui indiquer sur quel pas il lui fallait danser. Elle transformait sa valse, la perfectionnait et je la récompensais comme il se devait. Ma langue savourait sa peau tout en se délectant de son nom. Ce dernier effleurait sans cesse le pourtour de ma bouche, comme une preuve irréfutable de mes désirs les plus enfouis : elle était celle que je voulais, la seule pour qui chacune de mes pensées étaient désormais adressées. Latone, Latone, Latone. Si ma Voix ne portait aussi fort et haut que la tienne, elle te réclamait pourtant tout aussi ardemment; perpétuelle.

« La-Latone… »

Or, cette fois, un tremblement nerveux vint brusquement altérer ma ritournelle. Je voulais sceller mes lèvres, mais me retrouvais plutôt à lutter contre la vague de plaisir qui déferlait en mon sein.

« A-Attend…! Le geste fût aussi brusque qu’irréfléchi lorsque je vins plaquer une première main sur son poignet et la seconde – quand bien même personne ne pouvait nous entendre à l’extérieur de ma zone insonore – contre sa bouche. Un instant. »

Le silence nous tomba dessus comme la neige lors d’une tempête et pourtant, mon pouls devenait complètement fou. Les secondes s’écoulaient, et je reconnaissais le son particulier de sa foulée dans les escaliers.

« Y’a Toto qui monte à l’étage », murmurais-je d’une voix basse et lente.

Je plantais aussitôt mes yeux sur le visage de Latone, une frayeur viscérale dévorant chacun de mes traits faciaux. J’ouvris la bouche, mais eus à peine le temps de déglutir, de me justifier, que sa voix engloba, dans une explosion, le cocon de notre paradis.

« Mamä? Latone? Je me pétrifiais instantanément. Je… J’ai fini de préparer les chocolats chauds. Est-ce que vous voulez en avoir? »

Je pris de grandes inspirations, tentant de retrouver mon calme et ma contenance, en vain. Je tremblais sans pouvoir m’arrêter, mon rythme cardiaque devenant bientôt incontrôlable. Kaine était au courant de ce qui s’était passé avec Léto, mais ne savait rien entre Latone et moi; nous avions voulu en parler à Toesia Eses, mais je n'avais jamais trouvé le courage nécessaire pour lui annoncer la nouvelle… Cette petite adorait son père. Il était son étoile, son idole, son rêve. Avant notre mariage, elle n’avait jamais arrêté de s’inquiéter pour notre relation. Combien de fois nous l’avions vu pleurer alors qu’elle songeait que ses parents pourraient se séparer? Combien de fois s’était-elle effrayée en regardant le départ précipité de son père? Combien de fois nous l’avions entendu espérer, qu’un jour, nous puissions tous vivre comme une vraie famille? Par tous les Dieux, qu’avais-je fait? Qu’avais-je fait?! Par réflexe, ma Magie tomba; mon corps trembla, pris soudainement par le froid.

« Est-ce que tout va bien? Latone? Je peux entrer? »

Elle s’approcha de la porte. Je me retournais vivement vers le battant, terrorisée. Non. Non…! NON!


1 029 mots | Post V




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Latone
Mar 27 Déc 2022, 23:36



Encore. Elle voulait entendre son nom à fleur de ses lèvres. Non, elle avait fini par désirer ce caprice et de le provoquer par tous les moyens possibles et imaginables. Embourbée dans son avidité, Latone jouait de son adresse afin de non seulement satisfaire les envies de sa belle, mais aussi pour poursuivre cette prise d'expérience on ne peut plus appréciable. Certes, lors de leur première nuit en tant que tourtereaux, la Kirzor ressentit cette peur de l'inconnu et de sa propre impéritie, pour autant ce fut avant tout les peines de son cœur qui l'intimidaient. D'une mélancolie vieille de plusieurs siècles, sa musique tonnait un chagrin avéré. À présent plongée dans les bras d'Isahora, il lui apparaissait enfin l'évidence que son palpitant réclamait un retour entendu de la Koërta. Il ne pouvait en être autrement et il ne serait en compagnie d'un autre. Enhardie par cette vive pensée, Latone s'abandonna davantage en cette étreinte charnelle, prête à tout pour lui montrer ô combien elle comptait pour elle. Encore…

Il en fallut bien plus pour l'Orisha afin de reprendre ses ancrages, d'où cette main fermement apposée sur sa bouche, sa Voix étouffée comme le feu que la Molosse avait fait naître en elle. La fumée engendrée continua de brouiller la raison de la Kirzor. Épuisée par leur danse, elle peinait à comprendre ce que tentait de faire la Koërta. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Elle se sentait si bien et elle redemandait encore, comme le prouvait sa main fatiguée, coincée contre les cuisses de sa partenaire. Étant donné que la Rouge s'éteignit presque sur l'épaule de Miles, il lui fallut bien admettre que ceci représentait un combat qu'elle ne maîtrisait pas encore. Avec un regard amplement amoureux, Latone fixa ces traits qui l'avaient charmée ; même sur le qui-vive, elle demeurait une personne si merveilleuse. Malgré son ivresse, la Kehaä perçut ces vibrations singulières dans le Chant de son aphélie, ces cordes qui vibraient d'un étrange et soudain effroi. Piquée à vif, la Rouge papillonna des yeux et se retrouva, avec elle, devant le fait accompli : Toesia allait les surprendre. Face à ce curieux revirement de situation n'est-ce pas, elle ne comprit pas de suite les conséquences. Bien sûr, une certaine pudeur était de mise, mais la connexion qu'elle tissait avec la mère dut la plonger davantage dans l'introspection pour assimiler ô combien ce témoin précis représentait une catastrophe. Encouragée par ses propres enfants, Latone ne s'était pas mise à la place des descendants de Léto… et s'ils découvraient ce qu'elle avait osé faire sous leur propre toit, il serait trop tard pour cultiver ce havre de paix. Ce constat éclata comme une bulle dans sa tête et, à son tour, ses paupières s'écarquillèrent face au danger imminent. La voix de la cadette finit par tracer ce frisson incommodant le long de son échine, alors que tout près d'elle, Miles tremblait. Guerrière ; elle était une guerrière, elle devait agir en conséquence ! Son œillade s'aventura, brève, en direction de cette fenêtre qu'elle empruntât déjà par le passé pour se soustraire à ces frimas en son cœur. Elle avait beau se savoir agile, elle n'y arriverait jamais à temps, puis les risques demeuraient trop grands. Par réflexe, l'un de ses Sereëkim s'était étendu – avec aisance – jusqu'à la poignée de la porte, sa main invisible prête à saisir pour bloquer le mécanisme. L'esprit de Latone bouillonnait, entre hésitations et résolutions, le sang lui montait tant à la tête qu'elle pourrait finir par s'évanouir après tous ces efforts. Que devait-elle faire ? Que devaient-elles faire ?! L'effroi de Miles lui vrillait le crâne et assénait son for intérieur de centaines d'aiguilles acerbes. Sur l'instant, il ne lui parvenait rien de plus terrifiant que d'éprouver un tel degré d'empathie pour l'être aimée. Regrets, culpabilité, furie envers soi-même, tous ces ravages réduisaient sa confiance en cendres, alors qu'il lui suffisait juste de refermer ses phalanges, solides, sur cette poignée qui la séparait du péché. Juste quelques secondes de réflexions et de bon sens. Seule une étincelle de lucidité lui faisait saisir l'absurdité instillée chez Toesia en luttant de la sorte. Ça n'avait aucun putain de sens ! Si seulement… si seulement elles avaient le temps de se rhabiller, même de se recoiffer, afin d'improviser un prétexte ! Est-ce trop demander de masquer nos cochonneries ?! Sur cette frustration, la lueur d'une étoile se réfléchit à travers la fenêtre de leur cocon.

" Mam— ? "

Cela allait sans dire que la petite Marcheuse ne s'attendait pas à un tel spectacle en entrouvrant cette porte qu'elle pensait accueillir un froid aussi mordant que le plus fervent des Faugmi. Depuis plusieurs jours, sa mère – enfin, celle qui était son père à la base – s'était refermée au sein de cette grotte sans chaleur, sans idéal. Elle n'assimilait toujours pas l'absence prolongée de Léto comme une pente sans retour pour Miles, forcément trop habituée à accueillir son héroïne qu'en quelques occasions. Ainsi, surprendre la Hurabis en cheffe à sa place la laissait pantoise.

" Qu'est-ce que… vous faites ? "

Aussi dubitative que la fillette, les iris dorées de la Rouge voguèrent entre les deux Orishas. L'une demeurait raccrochée à la porte d'entrée comme si elle hésitait à la refermer sur elles, l'autre se retrouvait tout bonnement dans ses bras. Pas comme dans les couvertures, non : Latone portait Miles et la tenait fermement contre son giron. Un bras sous le dos, un bras sous les genoux, la scène laissait tout bonnement penser que l'Aäsho avait tiré la Naäzkil entre dehors du lit, par la force.

" Je… "

Puisqu'il semblait bien que ce fût le cas : dans leur panique commune, elles s'étaient figées et ne purent esquisser la moindre fuite. Puis il y eut cet astre lumineux et Latone ne sut trop comment : elle s'était retrouvée debout près du lit, toute habillée, sa crinière aussi impeccable qu'avant leur valse. Il en était tout autant pour Miles qui recouvrait son pyjama et avait atterrie dans les bras de sa sauveuse, toute pimpante et aucunement adultère.

" Je l'ai enfin sortie du lit. " Il ne fallait pas laisser une seule opportunité à l'adversaire, alors la Kehaä s'adapta à cette chance pour justifier son méfait.

Pour appuyer cet excès de confiance, Latone sourit de toutes ses dents. Elle savait qu'il était difficile de mentir à une Orisha, heureusement qu'elle en était tout autant une pour accorder au mieux son simili de sournoiserie.

" D'accord… Toesia parut plus crédule que suspicieuse, après tout le fameux lit semblait nickel et sa "mère" semblait avoir cédé à l'insistance de son amie… Alors on peut… l'emmener en bas ? "

Les deux femmes échangèrent un regard complice, ce qui suffit à la petite pour se diriger de nouveau vers les escaliers, gardant pour autant un œil sur ces drôles de cachotières. Malgré elle, la Rouge offrit un ravissant sourire à l'Albinos, alors qu'elle l'escortait jusqu'au salon comme si elle secourrait sa princesse prisonnière. Je te tiens. Elle raffermit son emprise sur elle, emprise qui s'avérait étreinte. Je ne te lâcherai pas. La promesse fut déjà avérée.

Aussitôt arrivées dans le salon, Kaine assista au retour de leur mère peinée, déposée sur le sillon de leur modeste cuisine par sa cavalière. Sur ses pas, Latone se fit aussi moins intruse au sein de ce foyer qui n'était pas le sien. Comme à son habitude, elle ne s'autorisait quelques libertés que sous le consentement entendu d'un des légitimes résidents. D'autant plus avec son affection pour Miles, son respect se traduisait par une maladive timidité qu'on ne lui connaissait point. En d'autres circonstances, elle aurait pu revêtir les apparats de la sincère amie de la famille Koërta ; mais n'étant plus juste "ça", il lui était difficile de maintenir le rôle. Elle en avait assez de jouer depuis ses responsabilités en tant que Hozro.

" Venez, c'est encore tout chaud. "

Avec une telle présentation, impossible d'esquisser la moindre résistance. Durant leur vacarme, les enfants leur avaient préparées un goûter on ne peut plus appétissant, et surtout décoré avec une remarquable finesse. Cela lui changeait des tentatives incongrues des jumeaux ; s'ils ne dégueulassaient pas son plan de travail, déjà.

" Prenez donc place afin d'apprécier la dégustation. "

Une impériosité digne d'un aîné Koërta, la Rouge se laissa guider et reçut son offrande en ce chocolat chaud saupoudrée d'une élégante chantilly taillée en un sapin. Ainsi donc, Toesia affirmait s'être inspirée de sa recette, il n'en fallut guère plus pour attirer ses lèvres contre le pourtour de la tasse. Une somptueuse gorgée plus tard et son verdict fut sans appel.

" Merci, mais… Elle balaya son attention jusqu'à Miles à ses côtés. Mon chocolat chaud restera indétrôné, n'est-ce pas ? "


1523 mots ~

- L'étoile : Une fois par jour, le personnage peut faire un petit vœu. Les effets disparaîtront à la fin de la journée.



By Jil ♪
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Miles Köerta
~ Orisha ~ Niveau III ~

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Miles Köerta
Mer 22 Mar 2023, 05:52



Une rafale s’était levée au fond de ma poitrine et rien ne semblait pouvoir l’apaiser, la rendre plus tranquille. Malgré les secondes qui s’écoulaient entre nos mains, j’avais l’impression que mon cœur ne cherchait qu’à s’évader de ma cage thoracique. Même après le départ de la petite Toto, je ne parvins à modérer le déluge de frayeur, d’anxiété et de pure terreur qui alourdissait mon esprit. Pourquoi je n’étais pas capable de faire les choses comme il le fallait? Pourquoi je devais toujours merder comme ça? Il me semblait que tout ce que je construisais pour cette famille était voué à s’écrouler à un moment donné – de mes propres mains. Pourquoi je ne pouvais pas être un meilleur parent pour mes enfants? Une meilleure femme pour mon mari? Une meilleure personne, tout simplement? Une fois ancrés, les doutes ne voulurent plus me quitter, au point où je songeais à me défaire de son étreinte pour de bon, de laisser glisser mes pieds jusqu’au plancher et peut-être, moi aussi, m’évader de cette cage qui m’empêchait de respirer. Cependant, ses bras n’en furent que plus solides et capricieux autour de mon corps lorsque je voulus m’esquiver. Je relevais les yeux une seconde fois dans sa direction, effleurant de mon écarlate les traits de sa figure. Son sourire persistait, son regard brillait, mais ce n’était pas suffisant pour me faire oublier ce qui m’épouvantait. Je n’avais pas la force nécessaire pour lui retourner le sourire qu’elle exposait avec tant de candeur et de tendresse; l’effroi en moi était bien plus bruyant.

Q-Qu’est-ce qui s’est passé? Latone s’était mise à avancer, dépassant le seuil de la chambre matrimoniale, alors que mon esprit essayait de replacer les morceaux du phénomène qui s’était brutalement manifesté à nous. Ma mémoire rattrapait certaines bribes. Sa voix avait résonné dans nos têtes, puis une lueur nous avait soudainement ébloui, puis la porte de la chambre s’était entrebâillée, et… et tout cet enchainement ne faisait aucun sens. Est-ce… toi qui a fait ça? Parce que ce genre de pouvoirs – ou de miracles, dans ce contexte-ci – étaient bien au-delà de mes capacités. À ma connaissance.

À chacun des pas qui nous rapprochaient de la marmaille Köerta, mon cœur se fracassait contre ma poitrine avec une violence toujours plus angoissante. À chacun des pas qui nous rapprochaient de leur voix, mes oreilles percevaient de nouveau l’extase et les soupirs que nos propres éclats s’étaient échangés pour s’unir, s’entremêler. À chacun des pas qui nous rapprochaient de leur regard, mon esprit revoyait nos corps qui se cambraient l’un par-dessus l’autre; nos lèvres qui se touchaient, s’enflammaient; nos doigts qui se caressaient. Et lorsque la Kirzor s’arrêta enfin, j’avais l’impression que, très bientôt, ma conscience s’évanouirait au creux de ses bras. Je n’arrivais plus à réfléchir correctement, noyée dans mon désarroi. Je suffoquais dans cet océan d’incertitudes et de troubles glaçants, incapable de me libérer de cette tempête qui m’enchaînait à ses tourments. Et maintenant que je voyais mes pieds se rapprocher du sol, je me demandais qu’elle serait la meilleure décision à prendre. Tomber, rester ou fuir?

… Et par surprise – un autre miracle? – mes jambes réussirent à me soutenir. Pendant quelques secondes, je restais plantée là, sans un mot, à fixer le bois sous mes orteils. J’étais… restée debout? Pourtant, c’était la dernière chose que je me sentais capable de faire présentement. Mon cœur voulait partir, tandis que mon corps était prêt à se laisser choir sur le plancher. Alors pourquoi étais-je debout? Ce n’est pas comme si j’avais la force de les affronter avec la vérité. Je… ne pouvais pas la leur dévoiler. Je… Je ne voulais pas briser plus encore cette famille de mes propres mains. Mais cela, ce n’était encore que mes désirs d’égoïste et d’hypocrite, n’est-ce pas?

« M-Merci. »

Ne lui adressant qu’une œillade vague, je remerciais Latone d’une voix blanche, m’engageant, à tâtons, vers la table à manger. Sur cette dernière nous attendait nos petits délices chocolatés. Leur odeur et leur chaleur s’infiltraient doucement dans mes narines. Je les humais sans modération, dans ce vain espoir de faire taire ce tintamarre qui rugissait à l’intérieur de mon crâne.

« Ma’? »

Je me tournais vers mon fils tout en m’installant. Son regard trahissait son inquiétude. Kaine… Il était au courant pour Léto et moi. Il savait que notre histoire était arrivée à sa fin. Il avait compris ma décision, puisque pendant longtemps, lui aussi, avait sans cesse questionné la pérennité de cette curieuse relation. Cependant, il ne savait rien des raisons qui m’avaient poussé, aujourd’hui plutôt qu’hier, à boucler ce chapitre de ma vie. Qu’est-ce qui m’avait convaincu de mettre un terme à ce tumultueux récit qui ne m’avait jamais ravi? Je luttais pour avaler ma salive, mais fus tout de même en mesure de lui adresser un maigre sourire. À raison, la perplexité se maintenu sur son faciès, alors qu’une nouvelle fois, mes yeux furent attirés par les excentricités de la Marcheuse. Je bus une première gorgée de la boisson chaude, humectant mes lèvres pour ne pas perdre la moindre goutte; mon verdict, lui aussi, était sans appel.

« Je n’en suis pas si sûre. Mon regard se porta sur les épaules de Toto. Tu devrais t’inquiéter. Tu as de la compétition. »

Enchantée, la jeune Orisha étira un sourire défiant à l’endroit de la Guide. On apprend de nos défaites, lui avait-elle lancé, plus motivée que jamais. À ce constat, mon cœur trembla.

« D’ailleurs, félicitation pour l’adhésion des Centaures au sein de la Marche! C’est la première fois qu’on a de véritables discussions avec eux.

- C’est vrai, poursuivit son grand frère. Depuis des années, notre relation avec les Evershas du Voile Blanc était en statu quo. Ils se méfiaient de nous et inversement. C’est merveilleux de voir que le fossé n’existe plus. »

Toesia Eses aurait pu poser des questions sur l’Hurabis Charras, toujours disparue à ce jour; elle aurait pu interroger Latone sur les prochaines expéditions au cœur de Linos; elle aurait pu me demander si je contacterais bientôt la belle Toni Nezaya, qui visitait de temps en temps, mais la jeune fille essayait de se concentrer sur le positif et rien que sur le positif pour le moment. Toutefois, ce ne fût bien long avant qu’elle ne laisse sa curiosité parler pour elle. Parfois, je sentais son regard se poser sur mon visage. Elle souhaitait que je participe, plus activement peut-être. Mais mon esprit pataugeait encore dans la vase, embourbé entre ces sentiments partagés. Ma raison me soufflait de tout leur révéler, ne serait-ce que pour leur bien ou pour celui d’une vieille promesse. Mais mon cœur, lui, était constamment terrifié des conséquences que la vérité pourrait engendrer.


1 122 mots | Post VI | Je ne pouvais pas ne pas mettre ce vava au vue de la situation /sbaf/




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
Merci Léto ♪:
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Latone
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Latone
Lun 17 Avr 2023, 15:28



Aussi adroite que le toucher d'un musicien, Latone frotta ses cordes capillaires contre le peigne sur un tempo cafardeux. Une tempête persistait entre ses deux tympans, sans qu'elle parvînt à supplanter son courroux infernal, et ce depuis que cette femme au visage du Köerta l'ait encagée dans ses bras. Les enfants… firent comme si de rien n'était, mais l'Orisha percevait un semblant de paradoxe dans leur théâtralité commune. Folle, oui, mais elle n'était pas idiote : Miles ne pouvait pas être une femme. Du moins, pas dans ses souvenirs les plus palpables, pas dans ce monde où toutes convergences annihilaient cette possibilité. Elle le savait, ils le savaient, et c'était comme si le principal intéressé se retrouvait victime de ce sortilège ; si on pouvait le qualifier ainsi. Latone brossa ainsi ses cheveux sous la clarté de la lune, au sein de cette solitude froide de la Vigilante. Plus elle réitérait l'opération, plus elle se donnait l'impression de se débarrasser de ce que Miles avait semé, cette mascarade de son propre chef ou non… Cette embrassade interdite, cette folie à deux, cette sacrée mauvaise idée que d'avoir voulu s'immiscer entre les barreaux de sa cage et de l'en avoir tiré de là par la seule force de son entêtement.

Alors pourquoi, malgré toutes ces imperfections tapissant le tableau, la Kirzor entretenait un sourire radieux face au miroir ? Était-ce ça, l'amour ? Endurer une chamade saccageuse envers et contre tout ? Ses iris de nuances céruléennes chutèrent sur sa propre enveloppe charnelle. Malgré ce dernier, malgré qu'elle ait emprunté trop de fois les traits de la Titanide, Miles s'était laissée envoûtée par la Rouge. Son corps – cet ersatz de concret ici-bas – ne revêtait quasiment aucune importance dans l'équation, tant sa Voix et son Essence suffirent à charmer le Molosse. Si elle retournait alors la problématique à l'envers, était-ce réellement si décisif que le Köerta s'avérait femme de temps en temps… ? C'était compliqué pour son Esprit, mais son Corps, lui, avait chanté et dansé leur sérénade avec panache, sans regret. Était-ce vraiment ça, l'amour ?

Comme résolue à affronter son péché, la Marcheuse braqua de nouveau son attention sur le reflet. Elle brossait encore et toujours ses longs cheveux de jais, tandis que ses yeux cristallins perçaient la coque de son Âme… Parcimonieuse, Latone décousit ses lèvres encore avides de son expérience chez le Köerta. Ce visage n'était pas le sien, cette identité lui était si familière. Comment était-il arrivé ici ?

" Gandr ? "

Elle se réveilla. Son rythme cardiaque s'accéléra soudainement face à la prise de conscience du phénomène : elle força son corps à s'animer pour s'extirper de ses draps et se rua vers la coiffeuse pour recouvrir ce reflet. Rien ; Gandr était parti. Du moins… fût-il vraiment présent ? Étant donné la température accommodante de sa peau et l'état de son lit, toute cette scène ne devait être qu'un mauvais rêve. Sa moue se tordit face à cette supercherie, amplement déçue de ne pouvoir retoucher aux fragments de son passé. De Linos.

Jáp se tenait non loin, aussi impérieux que le Linèsien qu'il copiait. Ils se ressemblaient tant, néanmoins Latone – ou Lolaha, elle ne savait plus trop à ce stade – parvenait à les différencier sans grand mal. L'un l'attirait, l'autre le rebutait. Ce soi-disant Archonte n'était pas le reflet apparu dans son rêve, toutefois sa présence ne s'avérait sûrement pas anodine. Consciente qu'il allait encore la bassiner avec ses grands mots, elle se contenta de capituler sous sa fatigue écrasante et retourna au lit.

" Quoi encore ? " Toujours aussi charmante. Même le semi-divin peinait à croire qu'elle fut une cantatrice aussi raffinée que la Kirzor.

" Tes Sereëkim vont mieux. "

Il l'avait bien noté. Ses afflictions, sévères, dataient d'Arcadia. Durant son passage à Megido, elle avait eu l'occasion de converser avec des experts en la matière – à savoir : les Kehaä comme elle – et il en résultait que ce ne serait qu'une question de temps avant qu'elle en recouvrit non seulement la totalité de leurs fonctions, mais aussi la guérison absolue des sectionnés par le Duc Damon. Visiblement, son interaction avec Miles la gonzesse prouva que son temps de convalescence était révolu. Soudain, Latone écarquilla les yeux, ses rougeurs caractéristiques envahirent son visage jusqu'au blanc de ses prunelles lorsqu'elle fit le lien entre la réflexion de Jáp et ce qu'elle venait tout juste de conclure. Elle balaya d'un revers l'ensemble de ses fourrures et s'apprêta à lui bondir sur la gueule à tout moment.

" TU M'AS ESPIONNÉE, ESPÈCE DE DÉGUEULASSE ?! "

" Je suis ton Archonte : je veille constamment sur toi. "

Elle s'extirpa aussitôt du lit, une guerrière furieuse en pyjama.

" TU N'AS PAS À VEILLER QUAND JE BAISE ! "

" Je me contrefiche ce que tu fais… de tes Sereëkim. Je ne suis pas comme mes frangins Fáird et Nakir. "

Il avait l'air beaucoup trop détendu avec ses bras croisés, soit il se montrait foncièrement sincère, soit il était réellement la pire raclure du Panthéon. Dans tous les cas… puisqu'il semblait si insistant, elle ravala temporairement sa rancœur, le temps de se faire à l'idée que l'ensemble des Ætheri devaient se foutre de la gueule de leurs fornications à longueur de journée.

" Dépêche-toi de dire ce que tu veux et dégage ! "

" Je veux que tu redescendes en Linos. "

" Tu… Elle prit son visage dans sa propre main, à deux doigts de s'arracher la face tant elle fulminait. TU ME L'AS DÉJÀ DIT IL Y A QUELQUES HEURES, JUSTE AVANT QUE TU TE RINCES L'ŒIL SUR NOS FESSES ! "

" Je ne me… Il soupira pour taire cette divagation, toujours aussi insensible aux extravagances de son Élue. Tu devrais me croire lorsque j'affirme être ton Kangela. J'admire ta vie ; celle-ci et celle d'autrefois. Elles ne font qu'une et conjoignent en une formidable épopée, qui prend la forme de ta Marche Terne. Il s'intéressa à l'armurerie exposée de la Rouge. Tu as dirigé ta hargne contre le Bleu Roi et c'est exactement ce que Senere attendait de toi. "

Songeuse, la Hurabis repensa à cette conversation à sens unique qu'elle eût avec le Père des Échos.

" Tu n'es qu'un de ses pantins ? "

" Nous sommes affiliés, au bas mot. Il se retourna pleinement en sa direction. Si cela t'intéresse vraiment, sache qu'il n'est pas mon créateur : ce dernier pourrait avoir d'autres projets pour toi. Je t'en parlerai volontiers une autre fois ; par exemple, lorsque tu assumeras le rôle de Lolaha Kirzor. La concernée fronça les sourcils ; elle exécrait qu'on parlait d'elle comme des êtres omniscients. Senere et moi avions beaucoup discuté. Les souvenirs sont des chants persistants. Ils ont besoin d'un audimat pour s'étendre à travers les ères. Ce n'est pas par pur égoïsme que je t'enjoins à poursuivre ton exploration de Linos : c'est dans ton intérêt de retracer le chemin de cette femme dont tu portais le nom. "

Les souvenirs sont des chants… ? Elle ressassa cette perspective, cherchant à connecter les palabres du Passionné aux métaphores de Senere. Malgré ses funestes intentions, il démontrait une éloquence aussi mélodieuse que celle des Linèsiens. Il pourrait être un fameux Kangela en Linos, si elle l'acceptait, à défaut de pouvoir cibler comme il faut les points d'intérêt de son exploration. Après tout, jusqu'à maintenant, la cité dans la montagne demeurait un gruyère sans clarté propice à la cartographie.

" Cette voie est tragique… mais autrefois, Lolaha l'as louée de tout son souffle en connaissance de cause. "

Bien sûr, puisqu'elle avait fini en tant que Hozro d'une Chamane. Morte. Malgré elle, la Kirzor rassembla tout ce qui pesait sur son cœur. Puisqu'il se nommait le Passionné, la mortelle ressentait comme une certaine confiance sur sa sensibilité. Comme s'il pouvait mettre des vers sur ce qui la tracassait depuis sa dernière descente.

" C'est de plus en plus difficile. Sa voix se faisait si douce qu'on la méconnaîtrait. Pas parce que je me rapproche du but, mais parce que je m'attache à cette… vie. Elle releva les yeux, gorgée d'une quiétude si addictive. À cette vie que j'ai construite ici, à la surface. "

" Lolaha portait tout autant ce que nombre de poètes qualifient de fardeau : ses proches, ses amitiés, sa gloire. Pourtant, elle a réussi à se faire entendre jusqu'ici. "

Le fameux vers, juste.

" … Je suis Lolaha. Abonda-t-elle, ferme, une bonne fois pour toute. Très bien, mon Kangela : j'y retourne. "


1468 mots ~



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Miles Köerta
Lun 24 Avr 2023, 05:26



Malgré l’intérêt poussé des enfants sur les différents sujets de l’actualité et l’enthousiasme de la principale oratrice à leurs côtés, tous sentirent pourtant l’énergie de la conversation s’affaiblir graduellement. De fait, plus étiré était le temps qui passait, et plus longues furent les minutes durant lesquelles le nez de chacun se trouvait dans leur boisson, au lieu que leurs lèvres n’entretiennent une véritable discussion. Toto continuait de me jeter des regards à la dérobée et son frère, de peine et de misère, cherchait une corde qui saurait ranimer ma sensibilité à la réalité. Or, rien ne fonctionnait vraiment. Je leur répondais souvent par intermittence, par de simples hochements de la tête, et quelques onomatopées incompréhensibles réussirent à être arrachés de mes lèvres, mais rien de plus. Malheureusement, ils ne purent vraiment que se contenter de cela, le vacarme entre mes oreilles étant bien trop grand pour que je puisse entendre quoi qui se fût échangé entre eux. C’était comme si une multitude de voix rugissaient à l’intérieur de mon crâne dans une dissonance chaotique, et au cœur de cette tempête frénétique, ils n’étaient alors que de vagues échos qui se faisaient rapidement dévorer par les hurlements de ma culpabilité. Je devais leur dire, arrêter de cacher la vérité, mais en même temps, je ne me sentais guère en mesure d’exposer mes raisons.

Lorsque mon regard se détachait temporairement de mon chocolat chaud, je le braquais sur mes enfants, me résolvant sur ma prochaine action. Je déposais alors mon verre, écartais doucement les lèvres… et restais indubitablement silencieuse, étranglée par la pression malveillante de mon cœur. À chaque tentative que je croyais être encouragée par un sentiment de volition, je terminais ma quête les deux yeux dans le fond de mon verre. Je n’y arrivais pas. Je n’y arrivais tout simplement pas. J’avais peur de leur réaction, peur de les perdre en conséquence de mes actions. Ne rien leur dire m’assurait leur éternelle présence à mes côtés, mais tout finissait par se découvrir; aussi bien les mensonges que les vérités qui n’ont jamais été prononcées. Alors il valait mieux qu’ils apprennent ce qui s’était passé de ma bouche plutôt que celle d’un autre; il valait mieux que je sois celle qui les mettent face à la réalité en assumant chacun des agissements que j’avais posé. Qu’il s’agisse de ma séparation avec Léto ou de ma relation avec Latone, il fallait que je leur parle. Je ne pouvais pas rester continuellement dans un tel état et amplifier leur inquiétude à mon endroit. Je devais leur faire part de mon ultime décision, car peu importe ce qui pourrait les animer à ce moment-là, le fait est que rien ne pouvait changer désormais : ce qui avait été fait était fait. Même si j’aimerais recoller les morceaux cassés, il semblait y avoir bien trop de fragments disséminés pour que je puisse obtenir ne serait-ce que la moitié de ce qui avait, un jour, construit notre famille. C’était ma faute, et je devais en assumer les conséquences. Pour une énième fois, je déposais doucement mon verre sur la table et écartais lentement les lèvres :

« … Les enfants. Je tremblais de tout mon corps, de toute ma voix, mais j’étais enfin parvenue à expulser un souffle de ma gorge. Je suis désolée de vous avoir inquiété de la sorte. Peut-être avais-je accumulé le courage nécessaire pour me faire entendre, mais je ne réussissais pas encore à les regarder droit dans les yeux; je voulais leur expliquer, leur faire comprendre, mais à quel prix? J’aimerais vous parler. »

Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’une réaction ne fuse.

« O-Oui. Oui! Bien sûr Ma’! Aucun problème. Aussi frénétique qu’abasourdie, la petite Orisha n’aurait jamais pensé avoir des réponses à cet instant précis, alors que nous sirotions tous ensemble un chocolat chaud et discutions des dernières nouvelles qui alimentaient l’inspiration de nos ménestrels. Tu sais qu’on sera toujours à ton écoute. Alors n’hésite pas. »

Elle était véritablement soulagée et ravie que je me confie enfin à eux. Après tout ce temps, ses craintes étaient en train de la consumer de l’intérieur. Au contraire, à proximité, son grand frère restait de marbre, conscient de ce qui allait être dévoilé – et ne partageait donc pas la même agitation que sa cadette. Pourtant, même en croyant tout savoir, Kaine avait un mauvais pressentiment qui le rendit aussitôt mal à l’aise.

« Latone? »

Je pris une profonde inspiration avant de lever la tête et de la regarder. Excuse-moi. Je crains qu’il te faudra rentrer plus tôt que prévu. J’avais fait la paix avec les sentiments que je lui dévouais, alors il me semblait plus facile de l’observer, elle, plutôt que mes enfants.

« Je suis contente que tu sois venue jusqu’ici pour me remonter le moral, mais j’aimerais discuter, seule à seuls, avec Kaine et Toto. Désolée de te jeter aussi brusquement à la porte, mais c’est important. »

La Marcheuse ne tarda pas à comprendre le message et traça rapidement son chemin jusqu’à l’entrée. Je l’accompagnais et lui ouvris la porte, croisant une dernière fois l’inquiétude qui perlait dans ses yeux. D’allure placide, un sourire fleurit à mes lèvres. Cependant, il fût bien difficile à maintenir et m’incita à refermer précipitamment la porte devant moi. Une fois close, je posais mon front contre son bois. Mon cœur battait la chamade et c’était comme si chaque tambourinement mêlait plus encore mes pensées et faisait trembler ma résolution. Non. Je ne pouvais pas flancher. Je me devais de leur annoncer.

« … Ma? »

Lentement, je me reculais de la porte, tournant mon buste dans leur direction. Mes enfants, mes si précieux enfants… Je ne pouvais plus reculer. Dès à présent, Ma’ devait leur dévoiler la vérité.


956 mots | Post VII | FIN




[Q] - Ouvre ton cœur | Miles Signat16
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