Le rideau de la cabine d'essayage s'effaça sur la haute silhouette de Lorcán qui s'en extirpa avec toute la grâce qu'il pouvait réunir. Il faisait toujours rapidement trop chaud dans ces endroits exigus, mais il pouvait remercier la teinte sombre de sa peau pour le sauver de l'inélégance des plaques de chaleur. Son regard s'arrima en premier sur son reflet face à lui, exposé sur un immense miroir qui montait du plafond jusqu'au sol pour permettre aux clients de se voir entièrement, puis sur Lana, assise sur le petit canapé en velours côtelé. À sa demande, elle avait consenti à l'accompagner en ville pour se préparer à leur prochain voyage à Seaghdha, et surtout, pour le bal. La nécessité de se trouver des vêtements appropriés s'était imposée, et il comptait sur le bon goût de la Sirène pour l'aider dans son entreprise. « Alors ? » Fit-il en tournant lentement sur lui-même, les bras légèrement écartés, les larges manches du haut donnant l'illusion d'un oiseau déployant ses ailes pour s'envoler. Sa volte s'acheva face à la Sirène et il prit la pose, une main sur ses hanches, l'autre ramenant nonchalamment ses boucles vermillon en arrière.
« À la réflexion, je tombe peut-être dans le stéréotype en m'habillant en rouge pour un bal chez les Vampires. » Songea-t-il en tirant sur l'une de ses manches. Il s'examinait avec le plus grand sérieux. « Mais bon, cette couleur me va bien au teint, en plus de rappeler mes cheveux. » Poursuivit-il. « Je suis moins certain sur la soie. Peut-être que de la dentelle serait plus appropriée ? On ne peut jamais se tromper avec la dentelle. Qu'est-ce que tu en penses ? Je ne me suis jamais interrogé sur la mode chez les Vampires. Comme ils vivent pour l'éternité, ils restent peut-être attachés à un style ancien par habitude ? » Il fit pivoter son buste pour tester les coutures aux articulations. Ses vêtements étaient rarement tendus sur sa stature, mais Lorcán préférait attribuer cela au régime qu'il s'imposait pour avoir un physique irréprochable plutôt qu'à une absence de muscles. Il ne désirait pas ressembler à ces brutes du Puffball, mais il avait pu remarquer le fin et ferme réseau de muscles des autres escrimeurs de meilleur niveau que lui. S'il voulait devenir mannequin, il lui faudrait peut-être intégrer quelques exercices physiques supplémentaires à sa routine hebdomadaire.
« Si j'étais un Vampire, ma garde-robe exigerait l'espace de toute une pièce, au moins. J'accumulerai des tenues de collection au fil des âges, quel plaisir. Ça donnerait presque envie de succomber. Ils sont doués, ils me charment avant même qu'on y soit. » Un petit rire ponctua sa plaisanterie et il croisa le regard de sa partenaire dans le miroir. « Et toi, si tu étais une Vampire ? »
489 mots
Lana Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 261 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021◈ Activité : En études
Quand le rideau bougea, Lana, en pleine contemplation de ses mains – elle en prenait grand soin, usant de crèmes et entretenant régulièrement ses ongles –, tourna lentement la tête vers Lorcán. Son regard le balaya de haut en bas et de bas en haut, tandis qu’il s’admirait dans la glace. Les jambes croisées, elle entoura son genou gauche de ses doigts. Silencieuse, elle le regarda tourner sur lui-même. Elle ne disait rien, mais n’en pensait pas moins. Il lui fallait juste trouver une façon de le formuler sans paraître trop brusque ou désagréable. L’Ondine s’efforçait à se tenir à ses résolutions post-speed-dating. Ce n’était pas évident. Les gens se révélaient naturellement détestables et méprisables. Leur stupidité jouait en permanence avec ses nerfs. Elle ignorait comment Adriæn réussissait à faire semblant de les apprécier – à faire semblant de tout. Plus elle avait repensé à leur entretien, moins elle croyait à sa place au sein de l’Étain. Son jumeau était un menteur et un manipulateur. Cela n’avait aucune importance ; qu’il fût meilleur qu’elle, en revanche, avait de quoi l’empêcher de dormir la nuit. Il ne pouvait pas la surpasser. Sa mère et ses sœurs ne manqueraient jamais de le lui faire remarquer, et elle ne le supporterait pas. « Il y a plein de races qui vivent pour l’éternité, Lorcán. Les Anges, les Déchus, les Démons, les Réprouvés… Tu as déjà vu ceux de Basphel s’habiller avec des fanfreluches qui sentent le moisi ? » demanda-t-elle, sans pouvoir annihiler toute la condescendance qui perçait naturellement dans sa voix. Elle se leva. « Soie ou dentelle, il faut voir en fonction de la coupe et du style que tu souhaites avoir. » La pulpe de ses doigts courut sur la douceur du tissu qu’il portait. « Mais à ta place, je ne me mettrais pas en rouge. Sauf si tu as envie de ressembler à une énorme poche de sang ambulante. Je suis sûre que tu aurais du succès, mais pas celui escompté. » Elle releva les yeux vers lui et lui sourit. Elle avait fini sa phrase comme si elle plaisantait, d’un ton léger. Elle ne plaisantait pas du tout. Il allait se faire arracher la jugulaire. Ses iris coururent sur le reflet que le miroir leur renvoyait. « Pourquoi attendre d’être un Vampire pour faire ça ? Vous vivez plusieurs centaines d’années, non ? Tu pourrais très bien entamer une collection dès maintenant. » Il ne sortirait probablement jamais de cette garde-robe. Il s’y baignerait chaque jour avec délice, sans doute jusqu’à la folie. Dans une autre vie, il avait dû être Déchu d’Orgueil. « À ta place, j’essaierais ça. » Sans répondre à sa question, elle se détourna et attrapa une chemise qu’elle était allée chercher, plus tôt. Elle était noire, brodée par endroits de fils d’argent. « La même existe en blanc, mais si tu te fais croquer le cou, ça laissera des traces. » dit-elle, avec le plus grand sérieux. Elle s’écarta et pivota, dos à lui, pour retourner sur le canapé. Assise, elle le regarda, droit dans les yeux : « Si j’étais une Vampire, je te mordrais jusqu’à ce que mort s’en suive. »
Message I – 529 mots
Dernière édition par Lana Kælaria le Lun 03 Avr 2023, 20:30, édité 1 fois
Zeryel ~ Ange ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 222 ◈ YinYanisé(e) le : 25/01/2023
Lorcán éclata de rire franchement. « C'est vrai, mais j'ai déjà vu des horreurs autres que des fripes poussiéreuses. Le port obligatoire de l'uniforme a pour seul avantage d'épargner nos yeux du mauvais goût de certains. » Dit-il sans se remettre en question de ses propres lubies. Les yeux baissés sur elle, ses pensées empruntèrent un chemin légèrement détourné des considérations vestimentaires. Son invitation était un peu moins innocente qu'un simple besoin d'un second avis sur comment s'habiller au bal. Il avait aussi eu pour but de leur octroyer un moment à part, loin de leurs connaissances respectives. C'était une occasion en or pour initier autre chose qu'une relation purement amicale, mais il devait se montrer précautionneux. En allant trop vite, il ne récolterait au mieux qu'un refus catégorique, au pire... Il préférait ne pas envisager le pire, se pensant assez subtil pour y échapper.
« Tout succès est bon à prendre, je ne suis pas difficile. » Plaisanta-t-il, un sourire mutin sur les lèvres. « Oh, mais j'ai déjà commencé, voyons. Si tu acceptais de venir dans mon dortoir, je pourrais te montrer. » Laissant la suggestion flotter entre eux, il s'empara de la chemise, la tenant à bout de bras pour l'étudier. « Pas mal du tout. » Apprécia-t-il. Sans prendre la peine de revenir dans la cabine, il fit passer le haut vermillon par dessus sa tête pour le jeter sur le canapé. Sur son téton gauche brillait un fin anneau doré et il prit tout son temps pour enfiler l'autre chemise pour lui laisser le temps de le voir. Lorcán avait la passion des piercings. Ses oreilles étaient toujours truffées de boucles d'oreilles, ainsi que son nez et il projetait de percer sa langue prochainement. Son corps était un temple, mais pas au sens où certains l'entendaient. Le sien était un outil au même titre que son sabre d'escrime, les deux se devaient d'être aussi beaux que dangereux et il projetait qu'un jour, son corps devienne dangereusement attractif, celui auquel on ne pouvait dire non.
Son regard rencontra celui de l'Ondine alors qu'elle prononçait sa menace. Un frisson d'excitation le parcourut. Il garda le silence quelques secondes pendant lesquelles il ne rompit pas le contact visuel, fouillant le fond clair de ses yeux pour y déceler la sincérité ou l'amusement. Qu'elle soit sérieuse ou non, cela avait suffit pour verrouiller l'intérêt de l'Alfar sur elle. Ses doigts remontèrent sur le lacet en cuir destiné à refermer l'encolure de la chemise dévoilant son torse jusqu'au bas du sternum. « Avant de me tuer, tu veux bien m'aider ? Je m'emmêle toujours les pinceaux avec ces choses. » Loin d'avoir l'air incompétent, Lorcán arborait le même air que le loup qui jure au lapin d'être végétarien. Lana n'avait rien d'un lapin, mais il avait quand même bien envie de la croquer. Il attendit qu'elle se replace face à lui pour poursuivre. « Pour reprendre tes termes, pourquoi attendre d'être un Vampire pour le faire ? Ça ne me dérange pas si tu me mord, j'aimerai savoir ce que ça fait avant d'aller à Seaghdha. Evite juste de me tuer, je pense que je peux t'être utile de différentes façons avant d'en arriver là. » Il remit en place une mèche couleur de lune derrière son oreille, son toucher s'attardant sur l'arrondi de ses oreilles. C'était la seule chose disgracieuse chez elle.
598 mots
Je l'ai perdu, je blâme la chanson
Lana Kælaria ~ Sirène ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 261 ◈ YinYanisé(e) le : 20/01/2021◈ Activité : En études
Les iris de Lana examinèrent le torse nu de l’Alfar. Il était maigrichon. Sa peau dessinait des fœtus de muscles qui ne devaient être ni denses ni puissants. Rien à voir avec ce connard de Johannês. Elle inspira. Elle lui en voulait pour la culotte qui avait éhontément été suspendue dans le hall, et bien qu’elle pût formuler quelques doutes quant à son implication. La colère apaisée, le calme revenu, les mots de Kiara parvenant enfin jusqu’à sa raison, elle s’était interrogée. Il était possible qu’il fût trop bête pour avoir été capable de voler un de ses sous-vêtements sans qu’elle ne s’en rendît compte et pour ensuite avoir eu l’idée de le placarder sur le panneau d’affichage. Mais qui, sinon lui ? Un des amis dégénérés de son frère ? Adriæn lui-même ? Susannah ? Elle envisageait tout, sans effleurer de piste probante. L’enquête pataugeait et, dans ces marécages de mystère, sa rancœur ne ternissait pas. Peu importait vers qui il lui faudrait la tourner : sa vengeance aboutirait. Et si elle ne trouvait aucun coupable, elle demeurait tout à fait libre de s’amuser avec Johannês. Son regard s’accrocha au bijou qui ornait l’une des aréoles de l’Alfar, avant de se détourner. Elle devait jouer les prudes, si elle voulait que sa candidature aux JFGC fût crédible.
La requête de Lorcán lui fit à nouveau tourner la tête. « Tu n’as pas peur que j’en profite pour t’étrangler avec ? » demanda-t-elle d’un ton égal en s’approchant. Elle aurait été capable d’essayer, pour voir. L’aurait-il suppliée pour qu’elle arrêtât ? Tandis que ses phalanges s’enroulaient autour des lacets, elle leva brièvement les yeux vers lui. Il ne lui faisait pas peur. Aucun homme ne produisait cet effet chez elle. Elle avait été éduquée avec la conviction de leur être supérieure et de pouvoir disposer d’eux comme bon lui semblait. Ils avaient pour eux la force physique, mais les femmes possédaient des atouts auxquels ils ne prêtaient que rarement attention. Et puis, Lorcán ne bénéficiait même pas d’un quelconque avantage en termes de force. Il était simplement grand, à la façon d’une brindille ou d’un roseau. Elle aurait pu le briser. Un coup d’acide sur son visage aurait assurément fait fondre son ego autant que son faciès.
L’Ondine noua la chemise, avant de basculer légèrement la tête en arrière pour que leurs regards pussent se rencontrer. Les doigts toujours mêlés aux lacets, elle ne dit rien quand ceux du roux caressèrent son oreille. Un frisson courut dans sa nuque. Le moindre doute quant à ses intentions n’était plus permis, à moins qu’il ne se moquât d’elle. Elle s’en fichait, tant qu’elle pouvait l’utiliser. Un sourire dévoila ses dents. Elle aurait pu le pousser sur le canapé et le mordre. Elle ne le fit pas. L’idée enflammait ses sens, mais la prudence les apaisait. « Pour pouvoir planter des canines dignes de celles des Vampires dans ton cou, il faudrait que je chante, et si je me mets à chanter, tu n’auras plus aucun contrôle sur toi-même. » souffla-t-elle doucement. « Ou alors, il faudrait que tu me fasses très peur. Que je sois en danger imminent. » Son corps s’inclina légèrement vers le sien. « Mais je ne te conseille pas d’essayer. » Vive, elle recula d’un pas. « Alors, la chemise ou le haut rouge ? Qu’est-ce qui irait le mieux dans ton fameux dortoir ? Que je voie s’il peut être intéressant d’y mettre éventuellement un jour les pieds. »
![[Vampirel] Si j'étais un Vampire | Lana U392](https://zupimages.net/up/23/08/u392.jpg)
![[Vampirel] Si j'étais un Vampire | Lana U0au](https://zupimages.net/up/23/04/u0au.jpg)
Quand le rideau bougea, Lana, en pleine contemplation de ses mains – elle en prenait grand soin, usant de crèmes et entretenant régulièrement ses ongles –, tourna lentement la tête vers Lorcán. Son regard le balaya de haut en bas et de bas en haut, tandis qu’il s’admirait dans la glace. Les jambes croisées, elle entoura son genou gauche de ses doigts. Silencieuse, elle le regarda tourner sur lui-même. Elle ne disait rien, mais n’en pensait pas moins. Il lui fallait juste trouver une façon de le formuler sans paraître trop brusque ou désagréable. L’Ondine s’efforçait à se tenir à ses résolutions post-speed-dating. Ce n’était pas évident. Les gens se révélaient naturellement détestables et méprisables. Leur stupidité jouait en permanence avec ses nerfs. Elle ignorait comment Adriæn réussissait à faire semblant de les apprécier – à faire semblant de tout. Plus elle avait repensé à leur entretien, moins elle croyait à sa place au sein de l’Étain. Son jumeau était un menteur et un manipulateur. Cela n’avait aucune importance ; qu’il fût meilleur qu’elle, en revanche, avait de quoi l’empêcher de dormir la nuit. Il ne pouvait pas la surpasser. Sa mère et ses sœurs ne manqueraient jamais de le lui faire remarquer, et elle ne le supporterait pas. « Il y a plein de races qui vivent pour l’éternité, Lorcán. Les Anges, les Déchus, les Démons, les Réprouvés… Tu as déjà vu ceux de Basphel s’habiller avec des fanfreluches qui sentent le moisi ? » demanda-t-elle, sans pouvoir annihiler toute la condescendance qui perçait naturellement dans sa voix. Elle se leva. « Soie ou dentelle, il faut voir en fonction de la coupe et du style que tu souhaites avoir. » La pulpe de ses doigts courut sur la douceur du tissu qu’il portait. « Mais à ta place, je ne me mettrais pas en rouge. Sauf si tu as envie de ressembler à une énorme poche de sang ambulante. Je suis sûre que tu aurais du succès, mais pas celui escompté. » Elle releva les yeux vers lui et lui sourit. Elle avait fini sa phrase comme si elle plaisantait, d’un ton léger. Elle ne plaisantait pas du tout. Il allait se faire arracher la jugulaire. Ses iris coururent sur le reflet que le miroir leur renvoyait. « Pourquoi attendre d’être un Vampire pour faire ça ? Vous vivez plusieurs centaines d’années, non ? Tu pourrais très bien entamer une collection dès maintenant. » Il ne sortirait probablement jamais de cette garde-robe. Il s’y baignerait chaque jour avec délice, sans doute jusqu’à la folie. Dans une autre vie, il avait dû être Déchu d’Orgueil. « À ta place, j’essaierais ça. » Sans répondre à sa question, elle se détourna et attrapa une chemise qu’elle était allée chercher, plus tôt. Elle était noire, brodée par endroits de fils d’argent. « La même existe en blanc, mais si tu te fais croquer le cou, ça laissera des traces. » dit-elle, avec le plus grand sérieux. Elle s’écarta et pivota, dos à lui, pour retourner sur le canapé. Assise, elle le regarda, droit dans les yeux : « Si j’étais une Vampire, je te mordrais jusqu’à ce que mort s’en suive. »