Claer glissa le regard sur le garçon qu'elle accompagnait. Alcide, lui semblait-il. Ils étaient dans le même département mais ne s'étaient jamais vraiment parlé, mises à part quelques discussions non mémorables au détour d'un couloir. Pourtant, lorsqu'elle avait surpris des élèves du Charbon l'embêter, elle n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Elle avait eu de la peine pour lui, ou quelque chose de ce genre là. La situation avait un peu dérivé et, finalement, au lieu de lui sauver la mise, ils s'étaient retrouvés à devoir aller chercher un Eemæ. La blonde ne savait pas exactement pourquoi elle se sentait obligée de participer à ce défi ridicule. Peut-être pour ne pas abandonner le pauvre blondinet au sort dans lequel elle l'avait précipité, par mégarde. « Tu sais ce qu'est un Eemæ, n'est ce pas ? » demanda-t-elle, de son ton placide habituel. La Lyrienne haussa les épaules et, sans vraiment attendre sa réponse, précisa pour être certaine qu'il comprit bien leur mission. « C'est un objet qui permet de se détendre. » résuma-t-elle. « De façon sexuelle. » se sentit-elle obligée de préciser, pour dissiper tout mal entendu. Les gazettes de Mythi'créatures la détendait, ce n'était pas pour autant une revue qu'elle aurait pu rapporter pour ce défi. L'adolescente soupira. Elle était déjà lasse. Peut-être aurait-elle du prendre de la lecture avec elle, cela aurait rendu la chose plus intéressante.
L'esprit de la zoomage s'évada et, peu à peu, elle se mit à repenser aux procédés de reproduction des différents animaux qu'elle étudiait. C'est à ce moment là qu'une anecdote lui revint en mémoire. La plus grande s'arrêta brusquement. Elle attendit qu'Alcide s'en aperçoive pour lui présenter son idée : « J'ai lu quelque part que les Armoningues sont connus pour leurs pratiques sexuelles qui sortent de l'ordinaire. » Un peu comme eux, ces mammifères s'adonnaient à l'acte non pas dans le seul but de la procréation, mais aussi pour en ressentir du plaisir. « Et justement, ils frottent leurs parties génitales contre des arbres, pour assouvir leurs pulsions, lorsqu'ils n'arrivent pas à trouver de partenaires. » La blonde pointa un doigt vers la fenêtre, d'où l'on pouvait voir quelques arbres enneigés. « On peut aller chercher de l'écorce, si tu veux ? J'imagine que pour eux, c'est un peu comme un Eemæ. Les autres n'ont pas précisé que ce devait être un jouet pour humains. » Elle laissa quelques secondes de silence s'installer, avant de reprendre. « Sinon, on peut aller chercher la brosse à dent de Susannah. J'ai entendu dire qu'elle avait été ensorcelée pour bouger toute seule. Les autres s'en sont moqués à cause de ça. » L'une ou l'autre des solutions lui convenait. Dans les deux cas, c'était plus simple que de se risquer à être surpris par les professeurs en possession d'objets pour adultes.
Ils n’étaient pas fondamentalement méchants. La méchanceté pure, ça n’existait pas. Telle était la conviction profonde d’Alcide Taiji, né à Boraür, où personne ne prononçait de paroles blessantes ou ne commettait d’actes affreux, justement parce que tout le monde était heureux et épanoui. On devenait vilain parce qu’on était malheureux, agacé, triste, en colère, angoissé, ou à cause de n’importe quels ressenti ou émotion négatifs. Ce n’était pas une nature, mais un état. Ça pouvait se changer, pourvu qu’on en trouvât l’origine. C’était comme ça dans la majorité des contes qu’il avait lus. Ceux qui envisageaient une méchanceté pure déformaient le réel – ce qu’ils avaient le droit de faire puisqu’ils étaient des histoires écrites pour rêver, imaginer, s’évader. Mais la réalité impliquait une vérité différente. Lorsqu’il avait essayé d’expliquer sa théorie aux trois étudiants – deux garçons et une fille – qui cherchaient à l’embêter, ils lui avaient ri au nez et avaient redoublé de violence dans leurs propos. Cela arrivait, parfois. Mais ceux-là avaient été un peu plus virulents que d’autres : ils avaient commencé à s’en prendre physiquement à lui et, malgré tout l’entrain insufflé par le jeune Magicien dans sa riposte, leur nombre et leur force supérieurs l’auraient rapidement conduit à la déroute si Claer n’était pas intervenue. Il lui jeta un coup d’œil. Les trois élèves leur avaient confié une mission – comme dans les contes ! Trouver un « Eemæ ». Le blond ignorait ce dont il s’agissait, mais sa nouvelle acolyte ayant accepté avant de partir bille en tête, il s’était dit qu’elle devait savoir, elle. Il allait ouvrir la bouche pour l’interroger lorsqu’elle le devança. Il secoua négativement la tête. « Ahhh, d’acc- oh. » laissa-t-il tomber. Le fils de Jun se gratta l’arrière du crâne. La sexualité était un domaine qui ne l’intéressait pas. Il ne ressentait pas d’envies particulières – ou ne les identifiait pas comme telles –, n’avait pas d’appétence pour le sexe et, de façon générale, ne se questionnait pas tant dessus. Il savait que c’était ainsi que l’on faisait les bébés et que la plupart des gens pouvaient en éprouver du plaisir, mais quand ses camarades abordaient le sujet, il était rare qu’il discutât avec eux. Il ne se sentait pas particulièrement gêné ou en décalage ; il avait simplement d’autres centres d’intérêt et, là où les hormones batifolaient chez les autres jeunes, elles semblaient encore ensommeillées chez lui.
Imitant Claer, il s’arrêta. « Ah oui ? » Le petit Magicien se creusa la tête, à la recherche de ce que c’était qu’un Armoningue. Il avait dû voir ça en cours de zoologie des créatures magiques. « C’est les trucs rouges avec les grosses cornes, c’est ça ? » demanda-t-il, pour être sûr. Comme elle approuvait, il écouta la suite de ses propositions. « Oui, on peut faire ça ! Peut-être qu’apprendre que les Armoningues se frottent sur de l’écorce les rendra un peu plus heureux. » Il adressa un sourire à la blonde, lui-même amusé à l’idée que des grosses bêtes comme ça se grattassent contre des arbres – elles devaient les déraciner, parfois ! ou les couper avec leurs cornes ! À sa seconde proposition, un air intrigué peignit ses traits. « La brosse à dents de Susannah ? En quoi c’est un Eemachin ? » Il fronça les sourcils, incertain. Il n’avait jamais entendu dire qu’on pouvait éprouver du plaisir sexuel en se lavant les dents. Et si elle ne l’utilisait pas sur ses gencives, il n’était pas sûr d’avoir envie de savoir ce qu’elle en faisait. Les discussions de ses camarades avaient suffisamment éclairé sa lanterne pour qu’il n’eût pas besoin d’un dessin. Son nez bougea de gauche à droite, pareil à celui d’un lapin. « Si on leur apporte la brosse à dents, ils vont encore se moquer de Susannah. C’est mieux si on va chercher de l’écorce. » conclut-il, sûr de lui. « Viens, y’a plein d’arbres par là-bas ! » Il lui attrapa la main et l’entraîna vers le Fessetival, le pas vif. « À ton avis, ils ont une écorce préférée ? Il faut choisir un arbre en particulier ? »
Message I – 686 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
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Merci Kaahlinou
Dernière édition par Priam et Laëth le Dim 30 Avr 2023, 11:34, édité 1 fois
Claer ~ Lyrienn ~ Niveau I ~ ◈ Parchemins usagés : 121 ◈ YinYanisé(e) le : 10/02/2023
Claer fixa le bout du nez avec une intensité qui frôla l'impolitesse. Elle avait eu envie de le toucher, pour le sentir bouger sous son doigt. Elle trouvait ce gamin attendrissant : il lui faisait un peu penser à un Tidoul. Après s'être farouchement retenue, la blonde secoua la tête, comme pour chasser l'idée de sa tête, puis acquiesça aux paroles du plus jeune. Bien qu'elle ne porta absolument pas Susannah dans son cœur, elle ne voulait pas non plus lui apporter de problème. Puis elle repensa à la rumeur dont lui avait parlé la peste et, soudainement, elle ne fut plus si dérangée que ça à l'idée que la Bleue soit moquée par ses camarades du Charbon. « D'accord, faisons ça. » abdiqua-t-elle cependant. Car en réalité, si quelqu'un risquait d'être rabroué, c'était plus le petit que la grande gargouille. Docile, la fille de l'Air se laissa entraîner par son camarade, le suivant à grandes enjambées. « Mmh, les mâles se frottent sur ceux où ils sentent l'urine des femelles. Mais je doute que nous puissions la sentir, nous. » Leurs sens n'égalaient en rien les capacités fascinantes de la faune, au grand damne de l'étudiante. « A vrai dire, ils ne vivent pas dans la région, alors je pense qu'on ne sentirais rien, de toute façon. » La blonde avait relevé la tête en l'air, perdue en pleine réflexion. « Quand à la préférence des femelles... Je ne suis pas certaine qu'il y en ai. Des arbres puissants, pour supporter leur poids j'imagine. »
Le froid souffla la blonde. Elle referma son manteau autour de son cou et accéléra sensiblement son allure. Ses pieds s'enfonçaient dans la neige, le crissement de leurs souliers rythmant leur aventure. « Tu sais, il faudrait que tu puisses devenir aussi imposant qu'un Armoningue. Comme ça, tu ne te ferais plus embêter par ces idiots. » Etait-ce elle, l'idiote, pour avoir foncé tête baissée dans leur jeu ? Sans doute. Si c'était elle qu'on avait embêté, comment aurait-elle réagi ? Elle aurait sans doute haussé les épaules et répondu qu'elle n'était pas intéressée, avant de retourner lire sa gazette. Mais, face à la scène, elle s'était emportée et avait, finalement, complexifié la situation. Peut-être aurait-elle mieux fait de s'abstenir. « Est ce que tu t'es bien amusé, au fessetival ? » demanda-t-elle en s'approchant d'un arbre. Là, elle commença à chercher un bout sur lequel tirer : ses yeux ne tardèrent pas à trouver son trésor et elle arracha un morceau d'écorce. « Voilà, ça devrait suffire. Allons-y. » Il fallait qu'elle l'accompagnât jusqu'au bout de la démarche, maintenant.
459 mots
Priam et Laëth ~ Ange ~ Niveau III ~ ◈ Parchemins usagés : 3850 ◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes ◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Alcide acquiesça, particulièrement sérieux. Il prenait cette mission très à cœur. Trouver l’Eemæ des Armoningues et le rapporter au groupe de jeunes, mener cette tâche en équipe avec Claer, c’était important. Ça ressemblait un peu au quête des chevaliers des comptes – toutes choses égales par ailleurs. « C’est dommage qu’on n’ait pas un chien avec nous… » répondit-il, songeur. Il en avait vu plusieurs, au Fessetival. Il avait failli en enlever plusieurs, tant il les avait trouvés mignons. Il aurait peut-être dû. « Ah. Oui, bon… ça rend les choses un peu moins authentiques, mais j’imagine qu’ils ne le sauront pas… » Lui, il avait parfaitement oublié où vivaient ces gigantesques créatures. Peu importait, vraiment. Tout morceau d’écorce pouvait servir à leurs affaires. Aussi, le blondinet se concentra sur les arbres qui les entouraient, cherchant parmi eux le plus imposant de tous, celui qui aurait le mieux convenu à l’une des colossales femelles. Habitué au froid, il marchait gaiement, sans trop s’en soucier. Aux paroles de Claer, il leva les sourcils. « C’est un peu gros, un Armoningue, quand même, non ? Je ne passerais plus les portes, si je devenais aussi imposant ! » Il s’imagina les cornes coincées dans l’embrasure d’une porte et sourit. « Mais je vais devenir plus fort, c’est sûr ! Je veux être un guerrier, alors il faut que je sois plus fort et plus souple ! Je m’entraîne de temps en temps. » Ce n’était peut-être pas assez. Ou, en tout cas, il viendrait un moment où il devrait augmenter la fréquence de ses entraînements. « Oui, c’était chouette. Et toi ? Qu’est-ce que tu as fait ? » s’enquit-il en la suivant, puis en la regardant décrocher un morceau d’écorce. Curieux, il l’observait avec intérêt, une pointe d’admiration dans l’œil. Elle avait déniché ça comme ça, d’un coup ! Trop forte. Un sourire collé aux lèvres, il la suivit jusqu’au groupe. Quand ils annoncèrent qu’ils avaient trouvé l’Eemæ demandé, les jeunes pouffèrent ; mais lorsqu’ils virent le morceau d’écorce et que Claer leur expliqua à quoi il servait aux Armoningues, ils ne rirent plus du tout. Ils se regardèrent les uns les autres, circonspects. Alcide, pris d’inspiration, crut bon d’ajouter : « D’ailleurs, les Armoningues ont un super flair et détestent qu’on leur prenne leurs Eemæ ! S’ils comprennent que c’est nous qui l’avons, ils vont être fous de rage et vont sûrement tout détruire. » Avant que la blonde eût pu protester – parce que ce qu’il venait de raconter était probablement faux –, le groupe les exhortât à ramener l’écorce où ils l’avaient trouvée, sans poser plus de questions et sans contester la validation de leur mission. Tout sourire, le Magicien se tourna vers la blonde. « On forme une chouette équipe d’aventuriers. » dit-il.
Fin
Message II – 464 mots
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Quand je vois une bêtise plus grosse que moi et que je décide de la faire.
Claer glissa le regard sur le garçon qu'elle accompagnait. Alcide, lui semblait-il. Ils étaient dans le même département mais ne s'étaient jamais vraiment parlé, mises à part quelques discussions non mémorables au détour d'un couloir. Pourtant, lorsqu'elle avait surpris des élèves du Charbon l'embêter, elle n'avait pas pu s'empêcher d'intervenir. Elle avait eu de la peine pour lui, ou quelque chose de ce genre là. La situation avait un peu dérivé et, finalement, au lieu de lui sauver la mise, ils s'étaient retrouvés à devoir aller chercher un Eemæ. La blonde ne savait pas exactement pourquoi elle se sentait obligée de participer à ce défi ridicule. Peut-être pour ne pas abandonner le pauvre blondinet au sort dans lequel elle l'avait précipité, par mégarde. « Tu sais ce qu'est un Eemæ, n'est ce pas ? » demanda-t-elle, de son ton placide habituel. La Lyrienne haussa les épaules et, sans vraiment attendre sa réponse, précisa pour être certaine qu'il comprit bien leur mission. « C'est un objet qui permet de se détendre. » résuma-t-elle. « De façon sexuelle. » se sentit-elle obligée de préciser, pour dissiper tout mal entendu. Les gazettes de Mythi'créatures la détendait, ce n'était pas pour autant une revue qu'elle aurait pu rapporter pour ce défi. L'adolescente soupira. Elle était déjà lasse. Peut-être aurait-elle du prendre de la lecture avec elle, cela aurait rendu la chose plus intéressante. 
Ils n’étaient pas fondamentalement méchants. La méchanceté pure, ça n’existait pas. Telle était la conviction profonde d’Alcide Taiji, né à Boraür, où personne ne prononçait de paroles blessantes ou ne commettait d’actes affreux, justement parce que tout le monde était heureux et épanoui. On devenait vilain parce qu’on était malheureux, agacé, triste, en colère, angoissé, ou à cause de n’importe quels ressenti ou émotion négatifs. Ce n’était pas une nature, mais un état. Ça pouvait se changer, pourvu qu’on en trouvât l’origine. C’était comme ça dans la majorité des contes qu’il avait lus. Ceux qui envisageaient une méchanceté pure déformaient le réel – ce qu’ils avaient le droit de faire puisqu’ils étaient des histoires écrites pour rêver, imaginer, s’évader. Mais la réalité impliquait une vérité différente. Lorsqu’il avait essayé d’expliquer sa théorie aux trois étudiants – deux garçons et une fille – qui cherchaient à l’embêter, ils lui avaient ri au nez et avaient redoublé de violence dans leurs propos. Cela arrivait, parfois. Mais ceux-là avaient été un peu plus virulents que d’autres : ils avaient commencé à s’en prendre physiquement à lui et, malgré tout l’entrain insufflé par le jeune Magicien dans sa riposte, leur nombre et leur force supérieurs l’auraient rapidement conduit à la déroute si Claer n’était pas intervenue. Il lui jeta un coup d’œil. Les trois élèves leur avaient confié une mission – comme dans les contes ! Trouver un « Eemæ ». Le blond ignorait ce dont il s’agissait, mais sa nouvelle acolyte ayant accepté avant de partir bille en tête, il s’était dit qu’elle devait savoir, elle. Il allait ouvrir la bouche pour l’interroger lorsqu’elle le devança. Il secoua négativement la tête. « Ahhh, d’acc- oh. » laissa-t-il tomber. Le fils de Jun se gratta l’arrière du crâne. La sexualité était un domaine qui ne l’intéressait pas. Il ne ressentait pas d’envies particulières – ou ne les identifiait pas comme telles –, n’avait pas d’appétence pour le sexe et, de façon générale, ne se questionnait pas tant dessus. Il savait que c’était ainsi que l’on faisait les bébés et que la plupart des gens pouvaient en éprouver du plaisir, mais quand ses camarades abordaient le sujet, il était rare qu’il discutât avec eux. Il ne se sentait pas particulièrement gêné ou en décalage ; il avait simplement d’autres centres d’intérêt et, là où les hormones batifolaient chez les autres jeunes, elles semblaient encore ensommeillées chez lui.
![[Basphessetival] Ecorce et brosse à dents. 1628](/users/3014/30/04/80/smiles/1628.gif)
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![[Basphessetival] Ecorce et brosse à dents. 2289842337](/users/3014/30/04/80/smiles/2289842337.gif)
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