La culotte en dentelle

Musique

Sympan arriva sur la pointe des pieds – cette position n’était pas idéale pour lui – derrière Andrea. Il ricana un coup à gauche, puis passa à droite. « Je ne t’ai jamais vu. » dit-il, avant de faire quelques pas vers les lits. Il souleva un oreiller avec son pied. Il portait des chaussettes dépareillées. L’une était blanche, l’autre était orange. « Tu vas rentrer avec nous ? » questionna-t-il, l’air de rien. En réalité, la présence du blond l’excitait au plus haut point. Qui disait nouvel arrivant, disait aussi nouvelles aventures. Il allait peut-être pouvoir le convaincre de devenir son cobaye. L’Ygdralfar passa ses doigts dans ses longs cheveux. Il avait voulu convaincre Johannês de faire un concours avec lui mais ce dernier avait refusé. Il était donc le seul à participer. Pour le moment, il gagnait. Sa chevelure était plus longue que celle du brun. « J’y pensais… Peut-être que tu pourrais participer ? J’ai lancé expérience il n’y a pas longtemps… Il y a un groupe témoin et puis deux autres groupes. C’est pour voir si l’alimentation a une influence sur la façon dont poussent les cheveux. » Il lui sourit et s’avança un peu. « Sinon, comme tu es nouveau… Tu es bien un garçon hein ? » s’assura-t-il, en le détaillant. « Hum… J’allais te dire de ne pas t’approcher d’Adriæn mais, finalement… peut-être serait-il plus utile de te dire que tu ferais un beau duo avec Pieris ? C’est un Vampire, très efféminé. Apparemment, des filles aiment bien ce genre-là. » Il continua son labeur, à chercher entre les matelas si un objet précieux n’avait pas été égaré. Il n’était pas sûr de vouloir rendre sa trouvaille éventuelle. Tout avait un prix. « Si tu as besoin de somnifères, je sais où m’en procurer. Si tu as mal à la tête, j’ai aussi de quoi te soulager… » Il avait commencé un petit commerce parallèle. Depuis qu’Adriæn lui avait susurré l’idée de se procurer d’autres substances, celle-ci avait fait du chemin. Les somnifères étaient utiles en bien des cas. Il exigeait cependant de savoir à quoi allait servir sa marchandise ; pour la science.

« Oh… » émit-il, avant de s’accroupir. Ses articulations craquèrent. Il grimaça mais sa grimace se transforma en sourire lorsque son index ramassa le tissu égaré. Il marcha vers Andrea et tendit son doigt en sa direction. Au bout de ce dernier, une culotte en dentelle pendait. « Elle est à toi ? » interrogea-t-il. « Je ne juge pas. Je comprendrais. » Plus que de ne pas juger, il espéra une réponse positive du nouvel arrivant. Il serait d’autant plus intéressant à étudier ainsi. Les gens banals étaient ennuyeux.

450 mots

La culotte en dentelle

☙ Camila Cabello - My Oh My

Ma première impression des étudiants de Basphel fut une incroyable capacité à répandre le désordre et je compris rapidement pourquoi un professeur m'avait demandé si je pouvais assister un autre garçon à faire un dernier passage pour récolter les dernières affaires. Dans un petit sac à bandoulière, j'avais déjà réuni un manuel de littérature, une trousse à maquillage, un gant en laine solitaire et un sucre d'orge aux couleurs du Fessetival. J'étais si concentré sur ma mission que la présence dans mon dos ne se révéla qu'au gloussement près de mon épaule, puis d'une voix de l'autre côté. Je sursautai en tournant ma tête des deux côtés et rougis de ma réaction excessive. « Bonjour. » Il était grand et ses longs cheveux étaient d'ivoire. « Oui. Je suis nouveau. Je vais suivre un régime spécial car je ne reste pas longtemps. Je suppose qu'on peut considérer ça comme un programme d'échange ? » C'était rare mais il m'était arrivé de voir des Basphéliens passer quelques jours à Maëlith. « Je m'appelle Andrea. Et toi ? »

Je repris mes fouilles, assez content de ce premier échange avec l'un des élèves. Au moins avait-il l'air cordial. Je relevai le nez de l'étude de tiroirs. « Ah ? » C'était un curieux sujet d'expérience mais je gardai cette réflexion pour moi. « Notre alimentation influe sur beaucoup de choses. C'est certain qu'une bonne alimentation favorise la qualité du cheveu, mais ça ne suffit pas. » Natsumura, en grande amatrice de teintures et de coiffures compliquées pour les mettre en avant, collectionnait les produits et astuces pour conserver à ses cheveux leur souplesse et brillance.

J'opinai à sa question sur mon genre et la confusion repeignit mes traits à mesure qu'il parlait. « Je... Euh... D'accord. » Balbutiai-je sans savoir quoi répondre, retenant simplement d'éviter Adriæn. « Merci. C'est très gentil de ta part. J'y penserai. En échange, je peux t'apprendre à coiffer tes cheveux longs si tu veux ? Je coiffe souvent ma soeur et il m'arrive aussi de porter mes cheveux longs. »

En parallèle, je passai à la dernière partie de la chambre qui n'avait pas été vérifiée mais la trouvai exempte d'oublis. Satisfait, je frappai dans mes mains pour en chasser la poussière et me tournai à la question que Sympan m'adressa. Je louchai sur le vêtement qui se balançait au bout de son doigt et me sentis m'empourprer vivement. « Oh. Euh. Non. » Mon regard passa à droite, puis à gauche comme si je craignais qu'on nous surpris tous les deux avec une culotte suspendue entre nous. « Comment va-t-on pouvoir retrouver son propriétaire ? » M'inquiétai-je en parlant à voix basse. « On ne peut pas juste sortir et demander à qui elle appartient. La pauvre serait trop embarrassée. Mais je ne connais personne, tu crois que toi, tu pourrais ? Ou on peut demander à un professeur ? » Chaque suggestion me paraissait pire que la précédente. Le morceau de tissu devenait un problème plus gros que moi et la transpiration s'installa entre mes omoplates. « Non, pas un professeur, ce serait pire. » Me contredis-je. Je mordillai mon index. « On peut peut-être la garder sur nous en attendant ? » Je n'avais pas envie qu'on me retrouve avec un sous-vêtement dans mes poches ou mon sac mais nous ne pouvions pas non plus la laisser ici.

La culotte en dentelle

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Sympan sourit. Il lui avait répondu qu’il s’appelait « Sym » et qu’il acceptait bien volontiers d’apprendre à coiffer ses cheveux. L’air de rien, il commençait à récolter des données sur le blond. Il le trouvait aussi mignon que Pieris et il en était presque à espérer qu’il serait intégré dans son dortoir afin qu’il pût l’étudier de plus près. Sa peau dans l’obscurité devait être un spectacle intéressant. En attendant, il avait noté qu’il avait une sœur et s’intéressait à l’alimentation et aux coiffures. Il était également altruiste, puisqu’ils se connaissaient à peine qu’il lui avait déjà proposé de l’aider à quelque chose. Ce n’était pas si courant.

« Oh ? Ah oui ? » L’Ygdralfar regarda la culotte puis baissa les yeux sur les hanches d’Andrea. Ça aurait pu pourtant, à vue de nez. « Bonne question… Il va nous falloir mener l’enquête. » s’amusa Sympan. « La garder ? » Il réfléchit, ses yeux se baladant tantôt sur le visage empourpré du poupou tantôt sur le tissu. « Analysons la situation… Il s’agit d’une culotte en dentelle. » À l’aide de son autre main, il étira le tissu pour en voir la forme exacte. « Il n’y a rien pour y fourrer un pénis. C’est donc un vêtement féminin, ce que son apparence générale laissait déjà penser, même s’il y a des exceptions. Deux hypothèses probables à partir de là : soit elle appartient à une fille qui l’utilise comme sous-vêtement quotidien ou ponctuel, soit elle appartient à un garçon qui l’utilise pour des activités grivoises ou qui l’a achetée afin de l’offrir à une fille. » Il continua. « Étant donné qu’il s’agit de dentelle, il me semble plus probable de chercher plutôt du côté de certains peuples. Il y a aussi des filles qui ne semblent pas vraiment s’intéresser à ce genre de matière. Je vois mal Claer porter de la dentelle, par exemple. Lana, la sœur d’Adriæn, cependant… Mais elle n’est pas venue. Peut-être que son frère lui a volé sa culotte… » murmura-t-il à voix basse. Il amena le tissu à son nez et le renifla. « Hum… C’est un parfum plutôt sucré… » Il fit une moue. « Tu sais quoi ? On va rentrer à Basphel et, lors du prochain événement important, je l’accrocherai au panneau d’affichage, avec un mot pour dire qu’une culotte abandonnée attend son ou sa propriétaire impatiemment. » Il ricana. « Meilleure idée ! » certifia-t-il, avant de tourner les talons. « Oh, au fait. Bienvenue à Basphel. » Il se retourna et fit un cœur avec le pouce et l’index de sa main libre, avant d’effectuer son plus beau clin d’œil. Pieris lui avait appris comment faire. Apparemment, ça rendait ses anciennes fans complètement folles.

466 mots

La culotte en dentelle

☙ Camila Cabello - My Oh My

Réfugié dans un silence interdit, je l'écoutais émettre ses hypothèses. Je pris une seconde pour me demander dans quoi je m'étais fourré. Puis un doute plus profond s'installa. Est-ce qu'il se moquait de moi ? Parce que j'étais nouveau et, j'étais le premier à l'admettre, un peu crédule. Avait-il mis en scène cette trouvaille pour me mettre mal à l'aise ? Si c'était le cas, c'était réussi. Néanmoins, j'étais incapable de lui prêter de telles intentions. Il ne m'avait pas donné de raison de me faire une mauvaise opinion de lui et je chassais mes interrogations de mes pensées avant de sombrer dans une vaine paranoïa qui ne mènerait à rien.

« Pourquoi son frère lui volerait-il sa culotte ? » Ne pus-je m'empêcher de demander, avant de me souvenir de son précédent conseil. Me tenir éloigné d'Adriæn. J'ajoutais voleur de culotte en haut de la liste des raisons de passer mon chemin quand je le verrai. À l'exception que j'ignorais à quoi il ressemblait. Je me demandai quoi d'autre j'allais ajouter à la liste et commençai à réaliser que Basphel ne serait en rien comparable à l'éducation reçue à Maëlith. Après tout, à partir du moment où l'on faisait cohabiter plusieurs races ensemble, je ne pouvais m'attendre à la bienveillance qui régnait en maîtresse d'où je venais. J'allais devoir me montrer plus prudent et cesser d'accorder si facilement ma confiance. Cela étant, je ne voyais pas pourquoi ils s'en prendraient à moi. J'étais si discret qu'en règle générale, on me remarquait à peine.

J'ouvris de grands yeux en le voyant porter le sous-vêtement à son nez. « Qu'est-ce que tu... » Il prenait cette enquête bien trop à coeur et je jetais à nouveau un coup d'oeil vers la porte, déjà à la recherche d'une excuse à offrir si quelqu'un entrait et voyait Sym le nez dans une culotte. Quelle explication plausible y avait-il à donner ? Et quelque chose me disait qu'il se contenterait d'énoncer la vérité. Dépité, je fronçai le nez.

« Tu crois ? » Répondis-je, un peu dubitatif. « Je ne sais pas si c'est une bonne idée, peut-être plutôt une annonce ? Personne ne voudrait voir ses sous-vêtements épinglés à la vue de tout le monde. » Protestai-je, ne partageant pas beaucoup son hilarité. « Merci. » Soufflai-je, en m'interrogeant sur ce qu'il venait de faire. Quand il quitta la pièce, je tordis mes doigts pour tenter de reproduire son geste. Est-ce que c'était une façon traditionnelle de se saluer à Basphel ? Je décidais de m'entraîner pour le perfectionner et saluer ainsi mes futurs camarades.

468 mots