Girli - I Really F**ked It Up

Je restai sans réponse. L’envie d’émasculer le Magicien commençait à cisailler les effets du produit. Comment pouvait-il se comporter ainsi ? À force de chauffer tout ce qui lui passait sous la main, il risquait de faire fondre le Berceau Cristallin tout entier. Je serrai les dents, prêt à le mordre s’il essayait de m’arracher du rouquin. Quant au Bipolaire, un ressentiment profond commençait à gonfler mon cœur. Ils étaient pareils, tous les deux. Ils étaient inconséquents. Ils ne réfléchissaient pas. Eux seuls comptaient. L’on me disait cruel mais ils n’étaient pas mieux. Ou peut-être était-ce le liquide qui coulait dans mes veines qui me le faisait penser ? Ma mémoire était comme amnésiée. Dès que je tentais de songer à ce qui me rendait horrible, j’avais l’impression que mes souvenirs n’étaient plus que des morceaux de vérité atrophiée. Val’Aimé lui-même ne me semblait plus si terrible, ni même les regards de mon père, ceux qui avaient le pouvoir de me faire trembler et trébucher. Mes yeux, comme sous le joug de ceux d’Elias, cherchèrent à éviter les prunelles de Dastan. Il jouait avec moi et j’avais horreur de ça. En avais-je réellement horreur ? S’il jouait, cela signifiait qu’il nourrissait un intérêt pour ma personne. Je me pinçai les lèvres, sans jamais regarder ce que fabriquait Lucius. Il ne m’intéresserait que lorsqu’il serait mort, lorsque je pourrais pisser sur sa tombe et me servir de ses restes comme décoration pour les latrines publiques des quartiers pauvres d’Amestris.

« … ! » Mes yeux s’écarquillèrent lorsqu’il prit enfin sa décision. Son ton n’était pas joueur. Il ne l’était plus, si bien que j’eus l’impression que le reste du monde cessa d’exister à ce moment précis. Je me fichai soudain de paraître stupide, que l’on dît que j’étais une princesse dans les bras d’un bouseux, que l’on me torturât pendant dix ans pour avoir osé laisser un Réprouvé me porter ainsi. Il y aurait des rumeurs et je le savais pertinemment mais je comprenais aussi que les Déchus étaient les maîtres des illusions. Si l’on m’interrogeait, je nierais. Je dirais que je ne me serais très certainement pas abaissé à me rendre au Fessetival, cette fête vulgaire pour païens décadents. Sans sourire pour autant et, surtout, sans regarder la foule, je me laissai donc faire, jusqu’à ce que nous retournâmes dans les coulisses. Là, j’attendis qu’il me lâchât. De nouveau sur mes pieds, j’attrapai ses joues avec mes mains et percutai ses lèvres avec les miennes tout en clamant un « Mouaaa ! », censé être le bruitage allant avec le baiser. Je souris, à quelques centimètres de sa bouche, avant d’y retourner, plus doucement cette fois, sans bruitage, plus sérieusement aussi. Puis, une fois mon erreur accomplie, je le fixai. « Tu verrais ta tête. » fis-je, avant de me mettre à rire tout en m’éloignant. Moi aussi, je pouvais imiter ce connard de Magicien. En apparence. Intérieurement, mes émotions étaient en plein chamboulement et mon cœur battait à tout rompre. Je me le promis : c’était la dernière fois que je le voyais. Il n’y aurait pas de prochaine fois. J’allais finir par me faire tuer ou par mourir de désespoir. Je ne savais même pas pourquoi j’avais fait ça. C’était répugnant. Je n’arrivai pourtant pas à stopper le sourire qui naquit sur mes lèvres. Je me haïssais. Je me haïssais mais j’étais heureux en même temps. Je l'avais bien mouché, ce Feu Bouffon de Réprouvé.

566 mots
Fin
Val'Aimé va le tuer. C'est parti pour la thérapie de conversion. Adieu.  

Meduza, James Carter, Elley Dhuhé & Fast Boy - Bad Memories

Je souris à l’Ygdraë. « Si tu mets juste un tout petit peu les dents, d’une certaine façon, il paraît que c’est sympa. » J’avais entendu l’un des Dragonniers en parler dans une taverne. L’idée même était contre intuitive et avait tendance à me faire grimacer rien qu’en l’imaginant alors je n’avais jamais essayé. Je n’étais pas certain de vouloir le faire mais j’aimais assez l’idée d’imaginer Astriid proche de cette partie là de mon anatomie. Je la détaillai lorsqu’elle se mit à poser pour le public, avant de regarder celui-ci. L’exercice était assez excitant. Il gonflait mon égo d’une façon que mon père aurait sans aucune doute qualifiée de puérile. Néanmoins, je m’en fichais. J’avais envie d’en profiter. J’en aurais profité bien plus sans la présence d’Érasme.

« Je ne suis pas jaloux. » bougonnai-je. Un peu. C’était simplement que je ne comprenais pas leur duo. Ils n’avaient rien à faire ensemble. Le Sorcier me paraissait dénué de la moindre qualité et, pire, je le haïssais. Le fait que Dastan le protégeât me posait un problème. Ne voyait-il donc pas qu’il serait bien mieux enfermé à Amestris plutôt qu’ici ? Ne voyait-il donc pas qu’il serait préférable de s’en débarrasser, avant qu’il ne fût trop tard ? Je déglutis. Je n’aimais pas penser ainsi, songer à la mort d’autrui. Pourtant, mon instinct me dictait de lui faire du mal.

Dans les coulisses, j’assistai au baiser, médusé. Un rire mesquin finit par m’échapper. J’étais à présent persuadé que le Mage Noir avait reçu une dose du produit qu’on nous avait vanté plus tôt, celui qui était censé maintenir les invités dans un état propre à l’amusement afin d’éviter les débordements. Lorsqu’il fut parti, je m’approchai de Dastan. « Si t’as rien d’autres de prévu, on pourrait se rejoindre ce soir pour s’amuser un peu tous les deux ? » proposai-je. Sans le Sorcier. Sans personne pour jouer les rabat-joie. « Par contre, je ne sais pas ce qu’il lui a pris mais heureusement qu’il n’y a pas un autre Sorcier dans le coin… » Je posai une main sur l’épaule du rouquin. « Ton charme légendaire sans doute. » lui assurai-je, en m’en amusant d’un même temps. « J’espère qu’il nous sera utile ce soir avec les filles. Je suis un peu resté sur ma faim là… » « Excusez-moi ? » « Oui ? » Un homme venait de nous aborder. « Je suis chasseur de tête pour une agence de mannequinat. J’aimerais vous proposer un contrat. » Un sourire étira mes lèvres et j’envoyai ma main dans les abdominaux du Réprouvé. « Ah je te l’ai dit, ton charme est légendaire. » J’étais aussi concerné alors j’imaginai que le mien l'était aussi. « J’aimerais également proposer la même chose à l’autre garçon brun qui était avec vous et à la fille rousse. » « Ils sont partis mais on pourra leur passer le message. » Une occasion de revoir Astriid.

489 mots
Fin