Le meilleur pour la fin
Zachary & Persée

☙ Fei - Fantasy

J'en étais encore à calmer les élans de mon coeur en prenant place pour le rendez-vous final. Les Déchus étaient des dangers en ce qu'ils étaient incapables de se contrôler, comme je venais d'en faire l'expérience et je pris bonne note de les éviter à l'avenir. Dévorée par son Péché, cette fille aurait balayé ma couverture de ses doigts impatients sans la bénédiction du bandeau qui l'aveuglait. Je n'avais guère tardé à quitter sa compagnie et dans la précipitation, avait pris une décision. Les contours de ma silhouette s'étaient estompés et l'espace d'une seconde, je n'avais été qu'un amas de particules magiques qui s'étaient resserrés pour afficher de nouveaux traits. Je n'avais pas de miroir pour m'assurer de la qualité de ma copie et c'est sur ma mémoire que je m'appuyais pour retracer les méplats délicats de son visage et la finesse de ses membres. Chaque coup de pinceau affaiblissait un peu plus ma magie. Je l'avais surestimée, de sorte que je trouvais à ma peau un aspect un peu translucide. Je me rassurais en me disant que Pieris avait le teint pâle. C'était la première chose que j'avais noté chez elle en l'apercevant au détour d'une de mes promenades nocturnes. De mémoire, je retraçai ses traits délicats et sa taille menue puis avait traversé le rideau pour sortir d'un autre isoloir. Léonidas volatilisé, je laissais l'AAAP se débrouiller et tirer leurs propres conclusions.

Puis les mauvaises surprises s'étaient succédées. Avec un grand sourire, l'un des membres de l'association m'avait prévenu en me guidant à mon prochain rendez-vous que l'un des deux aurait les mains liées. La panique m'avait frappé comme un coup dans le ventre avant qu'il n'ajoute gaiement que c'était mon partenaire qui serait mains liées. « On te l'amène dans une seconde ! » Silencieux, j'attendis et quand le rideau glissa pour laisser apparaître un garçon à la crinière couleur de sable, je ne me fatiguai pas à sourire pour le saluer. Mes deux précédentes rencontres n'avaient pas été inutiles. J'avais davantage appris sur la séduction féminine en quelques minutes qu'en plusieurs années aux côtés de Perséphone. Je me tenais légèrement cambré pour accentuer les formes de Pieris, moins généreuses que celles de Moon. Pour compenser, j'avais fait quelques retouches à l'uniforme Basphélien. L'encolure de mon haut dévoilait mes clavicules et je m'étais amusé à le rendre plus transparent qu'il ne l'était vraiment. Mes pommettes étaient maquillées d'un voile rosé et mes yeux scintillaient doucement comme s'ils étaient sous l'emprise de la fièvre. J'attendis qu'il s'installât pour initier la conversation. « Je vois qu'on m'a laissé le meilleur pour la fin. » Susurrai-je. « Je m'appelle Pieris, et toi ? »

492 mots

Le meilleur pour la fin
Zachary & Persée

Reason - KAI

Toucher les seins de Moon était la seule chose à laquelle Zachary parvenait à penser en arrivant à son second et dernier rendez-vous. Il se sentit donc personnellement insulté quand la dame de l'AAAP, qu'il aurait bien touché elle aussi cela dit, l'avait notifié de son sort. « Attaché ?! » S'était-il étranglé. « D'accord... mais c'est bien parce que c'est vous », avait-il concédé, son mécontentement exprimé par un pli sur son front. Il voulait bien attacher des femmes, mais pas l'inverse. L'entraver, c'était mettre en cage sa virilité. Zachary n'était pas une proie. Il faisait partie d'une espèce supérieure.

*Règle numéro 1 du mâle alpha : ne montre aucune faille*, se souvint-il religieusement. Il décida de ne pas se plaindre à son prochain rendez-vous. Au contraire, cette contrainte pourrait servir ses intérêts... le blond entra dans la pièce avec une posture qui vantait ses pectoraux et ses épaules de nageur, un sourire charmeur accroché à ses lèvres. Il avait plié ses bras derrière le dos, toujours pour exposer ses muscles à son public. En découvrant l'heureuse élue, son sourire s'élargit et une lueur s'embrasa dans ses pupilles jaunes. Les seins de Moon, pourtant si ancrés dans sa rétine, avaient subitement disparu.

D'autres atouts les remplaçaient. Un soupçon de nudité. Des courbes faciles à deviner. La fille en face de lui avait un charme différent. Il était plus suggestif, plus timide. Zachary se sentait moins intimidé par elle. Il ressentait moins le besoin d'en faire des tonnes. S'il se montrait convaincant, Zachary songea qu'elle lui détacherait les mains... ce qui lui offrirait l'opportunité parfaite d'imposer un contact physique. En lui tombant dessus, par exemple. Son plan se dessinait déjà dans son esprit alors qu'elle n'avait pas encore prononcé le moindre mot.

« Ah... » L'Obsidienne laissa un soupir satisfait s'échapper alors qu'il prenait place. Il ajusta sa posture pour avoir l'air décontracté et écarta les jambes, essayant d'occuper le plus d'espace possible sans ses mains pour l'y aider. En même temps, il cherchait sa phrase d'accroche parmi celles qu'il avait lues dans son guide. Mais ce fut elle qui prit les devants. Zachary haussa les sourcils en réponse à la flatterie de la dénommée Pieris. Il songea que ce nom était très moche. Peut-être était-elle complexée ? C'était certainement une faille dans laquelle s'engouffrer. « Merci... » Entama-t-il, d'une voix suave. « Tu n'es pas mal non plus... même si tu as de la concurrence ici », acheva-t-il en observant sa réaction. Le garçon la testait. « Je m'appelle Zachary... je t'en dirai plus si tu me détaches, Pieris. » Il exécuta un coup de tête à ses liens en lui adressant un clin d'œil suggestif. « S'il-te-plaît ? » Ajouta-t-il d'un air joueur, en constatant son indécision.

480 mots

Le meilleur pour la fin
Zachary & Persée

☙ Fei - Fantasy

« Zachary ? » Je me mis à battre des cils comme si j'avais une poussière dans l'oeil. De la concurrence ? J'en étais conscient, c'est pourquoi je ne comptais pas uniquement sur le physique. L'apparence n'était que le vaisseau, il fallait aussi avoir un équipage de qualité pour arriver à bon port. Sa requête me fit sourire intérieurement. Pauvre garçon, s'il savait. Je ne l'aurais pas fait même si je l'avais pu. Nel aussi aurait dû être attachée. Les élèves ici ne savaient pas garder leurs mains en laisse.

À la place, je plaçai mon menton sur les dos de mes mains croisées et penchai légèrement la tête. « Tu n'aimes pas être attaché ? Ce n'est qu'un jeu, tu n'aimes pas jouer ? Je te laisse quelques secondes pour imaginer tout ce que je pourrais te faire alors que tu es attaché. » Je plongeai dans le silence et fit mine de réarranger le col de mon haut comme si j'avais trop chaud. Ça me laissait aussi le temps de réfléchir à ce que mes mots impliquaient. Perséphone m'avait raconté comment son père l'attachait parfois. Ce n'était jamais un jeu, mais il était toujours davantage excité. Je ne connaissais rien au sexe, encore moins aux jeux qui pouvaient le pimenter. Je n'avais pas de souvenirs auxquels me raccrocher, les sensations que cela pouvait évoquer m'étaient étrangers. Je regardai à nouveau le blond. « Décris-moi ce que tu aimerais que je te fasse. Si ça me plaît, je te détache. » Mentis-je. En réalité, il existait une façon pour moi de le détacher, mais je n'en avais pas envie et, s'il savait, il n'en aurait finalement pas envie non plus. Rien n'était gratuit, et surtout pas avec moi. De plus, je n'avais pas envie de lui offrir trois vœux. Même s'il avait un air idiot imprimé sur le visage, qu'il paraissait facile à entourlouper, l'idée même d'être son obligé me donnait des frissons. Quelle contrepartie pouvais-je lui demander ? Et surtout, que pouvait-il m'offrir qui puisse m'intéresser ? Je le connaissais à peine.

« Parle-moi aussi de toi. De quel département tu es, où tu étais avant Basphel, tes amis ici, ceux que tu n'aimes pas. J'ai envie de savoir qui tu es, de savoir ce que tu recherches. » Mieux le connaître pour mieux le piéger plus tard. Peut-être pouvais-je prendre son apparence pour aller détruire ses amitiés, l'isoler dans cette école. À Léonidas, j'avais offert deux filles qui présentaient des charmes différents, il y en aurait forcément une à son goût entre celle aux courbes rêveuses et la Luxurieuse. Je pouvais aussi faire ça pour Zachary, ou tout l'inverse. C'était selon mon envie, mon humeur, et l'impression qu'il me donnerait de lui.

486 mots

Le meilleur pour la fin
Zachary & Persée

Pieris n'avait eu besoin que de quelques mots et un regard pour plonger le blond dans la confusion la plus totale. Des images plus lubriques les unes que les autres s'entrechoquaient dans son esprit obsessionnel. « Euh... » son regard avait été aimanté par son geste loin d'être innocent. Il s'imagina la douceur de sa peau fine sur son dos et un frisson lui parcourut l'échine. « Ouais... t'as raison. Surtout que tu fais une bonne partenaire de jeu », répliqua-t-il d'une voix distraite. La jeune femme l'avait envoyé dans un océan de fantasmes et il s'y noyait, sans essayer de remonter à la surface.

Mais Zachary devait relier le peu de neurones qui le ramenaient encore à la réalité, car la tentatrice le soumettait à un test. Il secoua la tête pour chasser ses rêves lubriques et fouilla son esprit à la recherche d'une réponse décente. Il n'en trouva aucune. J'aimerais que tu me suces. Il ne valait mieux pas qu'elle sache lire dans ses pensées. « Approche-toi et je te dirai ce à quoi je pense... ça ne se dit pas tout haut, ce genre de choses », dit-il en levant le menton et la darda de ses yeux jaunes.

Un éclat de détermination disparut de ses prunelles quand il comprit qu'il garderait ses mains liées un peu plus longtemps. Le blond ne put dissimuler sa déception. Il baissa la tête et son coin de sourire s'évanouit, comme un chien à qui l'on avait agité une friandise devant son museau avant de lui en priver. Mais il n'allait pas abandonner pour autant. Zachary était obstiné. « Je suis élève à l'Obsidienne. » En clamant son appartenance à l'élite de l'école, son menton se réhaussa et son regard redevint vif.

Ces banalités avaient chassé son érection de toute façon, renvoyant le sang et la concentration là où il en avait besoin pour soigner sa répartie. « J'apprécie ceux qui nous respectent. Quant aux autres... » Il haussa les épaules en guise de conclusion. « Je ne crois pas t'avoir vue dans les couloirs du département... je t'aurais remarquée. Où loges-tu ? » Le blond s'assurait de garder la main sur la conversation, à défaut de pouvoir la poser sur sa belle poitrine.

« Je suis venu ici pour relever la réputation des Lyrienns de Foudre. » Il avait esquivé sa question ; il ne cherchait rien à Basphel, à part une voie de sortie. Le blond était doué pour baratiner, mais pas pour mentir. « À vrai dire, si je peux rencontrer des belles filles comme toi au passage, je dirais que ça vaut le coup. » Il se tortilla légèrement sur sa chaise. Sa position commençait à être sérieusement inconfortable.

« Et toi ? Tu m'as l'air joueuse et j'aime ça. » Il tentait de l'amadouer. De toute évidence, elle avait soigné son apparence pour cet événement. Elle ne ferait donc pas oreille sourde face à la flatterie, son arme favorite. « Je peux t'en faire découvrir de toutes sortes... mais surtout des jeux qui te feront plaisir. » Son regard avait changé. Un sourire lubrique s'était étendu sur son visage. Son autre force, c'était d'aller droit au but.

550 mots

Le meilleur pour la fin
Zachary & Persée

☙ Fei - Fantasy

Un rire escalada mes lèvres. Ce garçon était aussi entreprenant que Nel. L'association aurait dû les placer ensemble, ils auraient fait des étincelles. Du moins, la version censurée aurait des étincelles. « L'Obsidienne... » Répétai-je pensivement. La caste la plus détestée de Basphel, et de loin. Beaucoup de Sorciers y étaient. Pas Perséphone. Elle n'avait pas les crocs assez longs, à l'inverse de Zachary. Aujourd'hui, ses désirs étaient pervers, demain, quels aspects prendraient-ils ? Le viol ferait certainement partie de ses pratiques, comme une manière de dominer ceux qui lui résistaient, ou juste parce qu'il le pouvait. Mes sourcils se froncèrent. Le vécu de Perséphone ne m'aidait pas à voir Zachary sous un oeil bienveillant, même si aucune preuve ne l'accablait. Pas encore. Je me promis de le garder à l'oeil, qu'il demeure loin de la violette. J'ignorais encore comment, mais il regretterait le moindre geste qu'il pourrait avoir envers elle. Le mieux était de le divertir en le guidant dans les bras d'autres filles.

« Ah, oui. Je suis de nature assez discrète. » Je ne répondis pas à sa question, pour la bonne raison que j'ignorais la réponse. Pour ainsi dire, je ne connaissais de Pieris que son prénom et son apparence. Le fait qu'elle sortit principalement la nuit ne m'avait pas aidée à la cerner et les dortoirs mélangeaient les élèves de différents départements. Je me penchais alors sur lui pour prendre la voix des secrets, suffisamment basse pour le forcer à se pencher également pour m'entendre. « J'aime sortir de nuit. C'est plus calme, il y a moins de monde. Je suis dans le même dortoir qu'Adriaen, Johannes et... Oh tu ne le connais sans doute pas. » En tout cas, je ne le connaissais pas. Je me souvenais d'une troisième personne sans me souvenir de qui il s'agissait. Dans le doute, j'éludais. Le blond devait me trouver vague mais j'espérais qu'il le mettrait sur le compte de l'aura mystérieuse dont je m'auréolais.

« Oh. Tu es comme Jil, la professeure ? Tu es de sa famille ? » Maintenant que j'y pensais, ça prenait sens. Les rumeurs sur les habitudes libertines de la rousse n'avaient rien de secret. Ils étaient taillés dans le même bois. « Ah oui ? » Répondis-je distraitement. Je venais de m'apercevoir de la disparition progressive de mes mains. Rapidement, je les dissimulai sous la table. Mon visage était-il toujours en place. L'angoisse m'étreignit. Ma magie s'éteignait, me trahissant sans que je ne puisse rien y faire. Ma tour m'attirait inexorablement, je sentais mon monde qui m'agrippait de l'intérieur pour me rappeler à lui. « Je, euh, il faut que j'y aille. » Balbutiai-je, en proie à une pression croissante. Il ne devait pas s'apercevoir que je m'éparpillais comme un fin brouillard. « Ferme les yeux ! » Glapis-je, paniquée. « Ferme les yeux et je t'embrasserai et je te détacherai. » Dès qu'il s'exécuta et que ses paupières s'abaissèrent, je disparu sans un bruit, aspirée dans mon habitacle.

526 mots