Une petite goutte ?

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Sympan ricana tout seul. Il ne participait pas pour se trouver une copine. Il en avait déjà une. Celle-ci n’était cependant pas contre essayer plusieurs formes de couple avec lui. Ils en avaient parlé très sérieusement et il avait consenti – tout comme elle – à la laisser aller avec un autre pour la science. L’expérience serait intéressante. Il pourrait prendre des notes sur son état émotionnel et sur les pensées qui le traverseraient lorsqu'il la verrait avec un autre type. Ça lui semblait déjà palpitant. Ils ne s’étaient pas arrêtés à cette idée puisqu’ils avaient commencé une longue liste de scénarios possibles. L’objectif : explorer ce qu’était que le couple et, plus globalement, l’amour et les façons de l’exprimer. Ils voulaient également étudier le désir et ses pratiques. En ce sens, dans leur chambre, il n’y avait plus que Johannês qui était puceau. Sympan ne connaissait pas vraiment les pratiques d’Adriæn mais vu ce qu’il avait fait la nuit où il avait utilisé l’un des somnifères qu'il lui avait confié sur le Magicien, il ne doutait plus franchement de la question. Adriæn avait une sexualité. En l’occurrence, son partenaire n’avait simplement pas été mis au courant de celle-ci. Ça ne dérangeait pas franchement le scientifique. Il fallait de tout pour faire un monde et ça lui permettait d’étudier l’Ondin. Il le trouvait particulièrement intéressant et il espérait qu’il continuerait à le laisser l’observer.

Une fois à sa place, il sortit un questionnaire long comme le bras. Il y avait, à l’intérieur, plusieurs questions. Certaines se présentaient sous forme de questions à choix multiples, d’autres sous forme de questions à réponse libre. Il y avait de tout : Quel garçon de Basphel trouves-tu le plus beau ? As-tu déjà fantasmé sur un professeur et, si oui, lequel ? Est-ce que tu as déjà embrassé quelqu’un ? Quelles sont les trois qualités essentielles chez ton futur partenaire ? Pourquoi participes-tu ? As-tu déjà eu une relation sexuelle ? Quelle est ton orientation sexuelle ? Est-ce que tu parles des garçons avec tes copines ? Les garçons ou le maquillage ? Les garçons ou la glace à la vanille ? Et, surtout, première question : Est-ce que tu voudrais bien boire une goutte de mon sang, c’est pour une expérience, il parait qu’il a des vertus nutritives ? Car oui, pour des raisons qu’il ne semble pas opportun d’expliquer ici, Sympan avait fini par faire boire son sang à d’autres élèves en le diluant dans du liquide et il avait noté une diminution drastique des fringales et une plus grande résistance à la faim. Il était donc sur le coup, à essayer d’en comprendre les raisons.

« Salut ! » fit-il, à Blu, avant de lui désigner le questionnaire. « C’est pour la science. » précisa-t-il.

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« Sym. » répondit-il, avec l’intention de ne pas lui révéler la totalité de son prénom. Il n’avait pas le temps pour écouter les éventuelles remarques sur le choix plus que douteux de ses parents en matière de nom. Il voulait qu’elle répondît au questionnaire. « Oui, tout à fait. » Il avait toujours un tas d’objets sur lui, du plus standard au plus loufoque. Il se promenait même depuis récemment avec un Eemæ qu’il avait obtenu au Fessetival de la Charité, des fois qu’il croisât un Luxurieux dans le besoin. « Mon prénom entier c’est Sympan, en fait. » rectifia-t-il, après un instant. Comme elle n’avait pas eu l’air très impressionnée par son questionnaire, il s’était dit que là constituerait un moyen intéressant pour la tester. Contrairement à la plupart des gens, elle ne fit aucun commentaire. En revanche… Blu… N’était-ce pas là le prénom qui dansait parfois sur les lèvres de Johannês et qui faisait grimacer celles d’Adriæn ? Il sourit, soudainement bien plus intéressé par les détails de son anatomie. Elle aimait les hommes, hein ? « Je n’en veux jamais à personne… » chantonna-t-il presque. En réalité, ça lui arrivait mais il n’était vraiment pas rancunier et tentait toujours de trouver les réponses qu’on ne désirait pas lui donner tout seul. Puisqu’elle était devenue officiellement son sujet d’étude ce jour, il ferait tout pour pouvoir compléter entièrement le questionnaire. « Pas de fantasme ? Dommage. » Il aurait bien aimé voir le poisson réellement en colère. « Un mec et une glace ? » Honnêtement, il voyait très bien mais ce n’était pas clair pour tout le monde. Les deux se léchaient. Il stoppa néanmoins les comparaisons. Ça ne servait à rien de la continuer. « Justement, j’expérimente sur des non-Vampires. Les Vampires… c’est vraiment trop facile. » Et puis, surtout, il n’étudiait pas les effets de son sang sur les Vampires mais bien sur les autres.

Lorsqu’elle lui posa la question sur l’utilité du questionnaire, un grand sourire barra son visage. Elle était bien, cette fille. Il se pencha un peu en avant. « J’ai décidé de récolter les données et de les comparer entre elles. En les croisant, je suis certain d’arriver à un meilleur résultat de comptabilité que les membres de l’AAAP qui se basent sur on ne sait pas quoi. Néanmoins, je ne suis pas sûr de vouloir servir d’entremetteur. Je préfère faire des paris et attendre, de loin, que les choses se produisent toutes seules. Parfois, je donne un petit coup de pouce. » Comme lorsqu’il avait confié les somnifères à Adriæn. Au fond, il était convaincu que l’Ondin aurait trouvé seul le moyen d’arriver à ses fins. Néanmoins, il avait facilité le processus. Maintenant, il était curieux de voir quelle serait la prochaine étape.

Les yeux de Sympan se posèrent sur le questionnaire. Elle l’amusait. Il ricana. « À moi alors ? » questionna-t-il de façon rhétorique. Il leva les yeux vers elle et répondit sans plus regarder le papier. « Je ne sais pas trop ce que je préfère. Je le saurai lorsque j’aurai tout essayé. » Et il fallait viser large dans son « tout ». « J’ai fantasmé sur plusieurs personnes mais pas sexuellement. Plutôt… d’un point de vue intellectuel. C’est très abstrait. À ce titre, je fantasme sur Eméliana Salvatore et l’un de mes colocs. Sur quelques professeurs aussi. » avoua-t-il. « Récemment, j’ai embrassé ma copine, la Professeure Jil et puis les mecs de mon dortoir aussi. » Quand ils dormaient. « J’ai une copine et elle est comme moi. Je veux quelqu’un de pas envahissant mais toujours prêt pour faire de nouvelles expériences. Avec un esprit critique et scientifique, qui n’ait pas peur d’outrepasser les limites ou la morale. » Il sourit. « Je suis ici pour la science. Je ne suis pas sûr de savoir nager… et j’aime le chocolat également. Je suis fils unique. Je préfère le maquillage aux garçons mais je pense que je préfère les garçons à la glace… ça dépend quel garçon et quelle glace. » dit-il, d’un air songeur. « J’aimerais bien me marier dans chaque coutume raciale. J’ai déjà bu mon propre sang. Oh et oui, j’ai déjà enfoncé mes doigts dans chacun de mes orifices. Tu n’as pas voulu répondre mais, personnellement, ça ne me dérange pas de le dire. »

Il fit de nouveau glisser la feuille vers elle. « Tu continues ? » lui proposa-t-il.

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Sympan hocha la tête lorsqu’elle parla du baiser qu’il avait donné à Jil. « Je pensais qu’elle souffrait de Paralysiæmie. C’est un épisode traumatique que l’on retrouve chez les Princesses de Contes de Faes à cause du manque de considération qu’on leur porte. Ça peut se coupler avec le Syndrome du Prince Charmant. Dans ce cas, il faut que quelqu’un embrasse la patiente. J’ai essayé mais ça n’a pas marché… » Il n’était pas un Prince cela dit. « J’essaye. » Bon ou pas, de toute façon, ce n’était pas la question. La question était plutôt d’essayer jusqu’à la victoire. Quand il était petit, il faisait des expériences avec tout. Même lorsqu’il n’obtenait aucun résultat ou qu’il tirait des conclusions hâtives, il était heureux. Quant à l’éthique, il n’avait jamais compris le concept. « Drejtësi. » sourit-il. C’était amusant puisqu’elle avait aussi le nom d’une Déité. Néanmoins, son culte était tout de même plus réduit que celui porté à Sympan. De plus, la Déesse avait disparu entre temps. « Elle est cool. » précisa-t-il.

« J’ai déjà les oreilles percées et je compte percer d’autres endroits. » répondit-il à son tour. « Oh, je suis ta race préférée ! » C’était amusant, même s’il se sentait autant Ygdraë qu’une méduse devait se sentir pieuvre. « Moi aussi. Faut qu’ils soient pratiques pour mener des expériences, avec pleins de poches ! » Il trimballait toujours un tas de babioles. « Je ne crois pas non plus que les Démons soient des crétins, ou alors ils osent sans réfléchir et ça marche. Soit intelligents, soit chanceux. » Il l’écouta au sujet des oiseaux et hocha la tête. « Moi j’aime bien les hyènes, ça a un vagin chaussette. » Il émit une sorte de ricanement. « Mais tous les animaux sont fascinants. D’ailleurs, est-ce que tu connais Claer ? C’est un animal fascinant aussi. » Animal femelle à chevelure blonde. Elle lui plaisait bien, en réalité. Du peu qu’il avait vu. Et puis, en attendant son consentement, il avait commencé à l’observer un peu. Elle avait imité plusieurs fois certains animaux et semblait avoir des connaissances pointues sur le sujet. « C’est ce que je me suis dit… Après, les Evershas monstres c’est peut-être de la zoophilie… Est-ce mal ? S’ils sont consentants, je ne suis pas sûr… » Il ne faisait pas grand cas de cette dernière notion. « Je préfère faire pipi assis. Ça évite d’en mettre partout et c’est plus confortable. » Il réfléchit. « J’ai pas vraiment de parfum de savon… j’essaye de mettre au point un savon qui repousserait les Vampires. Pieris mord Johannês la nuit… » Il la fixa ensuite. « Ah… Bon. J’imagine que ça se comprend, vous autres êtes un peu coincés sur tout ce qui touche les relations. Alors qu’un baiser c’est juste un contact de lèvres à lèvres. Cela dit, c’est vrai que c’est le meilleur moyen de chopper des maladies. » Il ricana. « Oh et puis ma copine est cool tu sais. On étudie notre jalousie. Ça nous fait un super sujet d’étude. Il faudra que je couche avec une autre qu’elle bientôt. Elle va faire la même chose. Et puis on essaiera peut-être de faire un trio amoureux… Faut qu’on trouve la bonne personne. »

« Les infections ne me font pas peur ! Johannês est dans mon dortoir, il pourra me soigner… s’il arrive à faire de la magie un jour… Sinon j’irai à l’infirmerie. » Il haussa les épaules. « Ooooh oui ! J’ai déjà lu une étude là-dessus ! En fait, le régime alimentaire de la cible joue beaucoup ! Si un Vampire boit le sang d’une personne qui consomme beaucoup de sucre, il risque d’avoir des caries, en plus de grossir. Autrement dit, si j’en crois les paroles de Johannês, il vaut mieux boire le sang de Lana que de Susannah. » Il sourit. Après quelques secondes, il ajouta : « Donc… t’es sûre que tu ne veux ni m’embrasser ni boire mon sang ? C’est pour la science. »

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« Ah ouii ? » manifesta-t-il son intérêt. Dans le même dortoir. Très bien. Il allait le retenir et le noter sur le carnet qu’il avait ouvert concernant Claer. Il ignorait si l’étude aboutirait mais il s’était toujours passé du consentement de ses sujets. Pour une fois, il essayait de faire les choses dans l’ordre. Si ça ne donnait aucun résultat, il abandonnerait l’éthique à jamais. « Oh si. Et je pense qu’elle est ravie d’en être un. » formula-t-il, sans chercher à développer. Si Blu n’avait pas les bases, ce n’était pas à lui de les lui conférer. Néanmoins, c’est vrai qu’il avait pensé plusieurs fois à faire des cours particuliers. Ses étudiants pourraient s’avérer être une réserve de cobayes inépuisable. « Oui oui. Tu ne savais pas ? Dans notre dortoir il y a… » Il amena sa main devant lui et commença à compter sur ses doigts en énumérant chaque zigoto. « Johannês donc, Adriæn, Pieris et moi… Avant il y avait un autre type mais il a demandé à partir… je me demande pourquoi. » Il haussa les épaules. Il avait sa petite idée. Certains n’étaient pas très amusants. Pieris l’était davantage. Il y avait néanmoins encore trois places de libres, ce qui lui faisait penser qu’ils finiraient par accueillir trois autres garçons. Les dynamiques de groupe risquaient de changer. Il avait hâte. Le conflit n’était pas à écarter. Certains avaient pris beaucoup d’aise ces derniers temps, au point de considérer d’autres comme leur propriété. Il parlait surtout d’Adriæn. Ce serait amusant qu’un nouveau venu lui exposât un non ferme et catégorique. « Ça, aucune idée… Il y a des choses qui ne me regardent pas et il vaut mieux éviter de se questionner sur ce qu’il se passe sous la couette parfois. » Même si certaines choses étaient plus qu’explicites. « Ah ça, c’est sûr qu’il n’a pas inventé l’eau chaude. » s’amusa l’Ygdralfar, non sans avoir compris le sens de l’affirmation de Blu. « Mais il a raison. Susannah pourrait devenir une source de diabète ou d’addiction en fonction des prédispositions du Vampire en question. Ou du garçon en question aussi… » Il sourit, déjà dans ses pensées. Il se demanda s’il devait sous-entendre… « Je me dis que si Johannês parle d’elle, c’est qu’elle l’intéresse un peu… Il a la critique facile pour tout ce qui l’attire. S’il était un Vampire, il serait peut-être addict. » Il ricana.

« Hum… Un autre jour peut-être alors ? Si tu veux bien prendre le temps de réfléchir à la possibilité de boire mon sang une nouvelle fois. C’est important. » confia-t-il, avec le ton approprié. « À plus ! » dit-il, en se levant. Il ne devait pas oublier cette histoire de culotte.

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