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 [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth

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Kaahl Paiberym
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◈ Parchemins usagés : 4042
◈ YinYanisé(e) le : 25/06/2015
◈ Activité : Professeur
Kaahl Paiberym
Sam 10 Sep 2022, 22:46



Et le jour se transforma

en crépuscule



Rp précédent : Le début de la terreur

Les rayons du soleil caressèrent une dernière fois les fenêtres et s’éteignirent doucement dans le lointain. Le phénomène ne me fit pas changer de position. Cela faisait des heures que j’étais debout, au milieu de la salle de bal déserte de ma nouvelle demeure. Le château était vide de tout meuble. J’avais exigé qu’il le fût pour diverses raisons mais la principale était peut-être que les grands espaces me rassuraient. Tout était propre. Tout était carré. Aucun objet ne venait obstruer ma vision de l’ensemble. Seule la nuit effaçait les recoins. Elle m’était égale. Tout m’était égal. Du moins, je l’aurais préféré. La raison de mon achat n’était pas glorieuse : j’avais fui. J’avais fui les questions de Pauline et de Minéphore. J’avais fui les commissions qu’ils tentaient de me faire pour le compte de Laëth. Je m’étais enfermé dans un labyrinthe de pièces et de couloirs et avais clôturé mon esprit afin qu’elle n’y eût plus accès. Elle ne pouvait pas savoir où est-ce que je me trouvais. Personne ne le pouvait. Le Maître des Masques me protégeait des intrusions magiques. J’avais hésité entre accepter de lui parler et lui opposer un refus ferme. Au lieu de quoi, j’avais laissé ma couardise prendre le dessus. Je ne lui répondais pas. J’étais absent et injoignable. Elle avait fait un choix et j’en avais fait un autre. Je me fichais qu’elle aimât mon père. Elle aurait pu l’aimer tout en refusant d’illustrer cet amour. Elle aurait pu l’aimer en silence et attendre que les sentiments disparussent. J’aurais compris. Mais ce n’était pas ce qu’elle avait fait. Comment voulait-elle que je la regardasse en face, à présent, alors même qu’elle avait écarté les cuisses pour y laisser passer Jun ? Pourquoi lui ? Il y avait des milliards d’hommes. Pourquoi avait-il fallu qu’elle le fît avec lui ? Devaraj, en moi, enrageait. Ses émotions m’effrayaient. J’avais préféré fuir, parce que je n’étais pas sûr de pouvoir me maîtriser une fois qu’elle serait en face de moi. Je n’étais pas seul et mon frère me murmurait ses envies de meurtre avec une tentante clarté. La magie autour de moi, pourtant, restait d’un bleu céruléen qui me paraissait illusoire. Elle éclairait les ténèbres qui s’immisçaient de plus en plus dans la pièce. Que faisais-je ici à attendre sans but ? Où dormirais-je cette nuit ? Je l’ignorais. J’étais las d’avoir à décider de tout, tout le temps. J’étais las de provoquer ou réparer les situations. Je désirais qu’on me laissât seul. Je désirais que la politique mondiale ne vînt pas jusqu’à moi. Je désirais ne plus avoir à réfléchir. Je voulais me laisser porter dans l’oubli et ne plus jamais en sortir. En même temps, je me trouvais ridicule. Ma silhouette, perdue au milieu de cette pièce immense, devait paraître bien pitoyable.

Mon attention s’éveilla vivement lorsqu’un bruit inhabituel me parvint. Je restai un instant immobile avant de me téléporter devant deux jeunes filles qui n’avaient rien à faire là. Elles se figèrent en me voyant fondre l’obscurité. « Oui ? » demandai-je. L’échos de ma voix résonna dans la pièce vide, jusqu’à se répercuter dans le couloir. J’eus le droit à des bredouillements et, entre deux excuses, je compris que c’était moi qu’elles venaient voir. Moi, l’Honorable, l’Ange de Volatys, un homme qu’elles estimaient, voire davantage. Quel âge avaient-elles ? Quinze ans ? « Vos parents savent-ils que vous êtes ici ? » demandai-je, par automatisme. Je me fichais totalement d’elles. J’avais envie qu’elles s’en allassent. Pourtant, j’avais tellement joué la comédie dans mon existence qu’aucun effort ne m’était plus nécessaire. Je le faisais, voilà tout. « C’est que… » « Ils ne sont pas au courant, n’est-ce pas ? » Mes lèvres prirent un pli contrarié mais se détendirent après quelques secondes. Elles étaient jeunes. « Hum, je vous aurais bien logées pour la nuit si la situation n’était pas celle que vous pouvez constater. » Un vide absolu. « Écoutez, je vais devoir me trouver un logement pour la nuit. Peut-être pourrais-je vous raccompagner et demander le gîte aux parents de l’une d’entre vous le temps que je garnisse le château ? À moins que vous n’habitiez trop loin et qu’il soit préférable de nous rendre dans une auberge ce soir ? » Je n’avais pas envie de les aider. Je voulais qu’elles disparussent, qu’elles fuyassent hors de chez moi et me laissassent seul au beau milieu de mon malheur. Je sentais le Vampire me guetter, lui et sa soif. Il s’agissait d’une soif désespérée, comme d’autres boivent de l’alcool pour oublier. Il voulait se jeter sur elles et les vider de leur sang, jusqu’au dégoût. « Quoi qu’il en soit, je vous prierais de ne pas recommencer. Si vous désirez me rencontrer, d’autres moyens s’offrent à vous. C’est impoli et illégal de pénétrer chez les gens ainsi. » Qu’étais-je en train de raconter ? Pourquoi ne les téléportais-je pas ailleurs ? Pourquoi ne les congédiais-je pas sur le champ ? Je n’avais pas le temps pour elles. N’avais-je pas le droit à quelques jours de répit, sans personne pour me les briser ? Était-ce vraiment trop demander ?

853 mots

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Priam et Laëth
~ Ange ~ Niveau III ~

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◈ YinYanisé(e) le : 02/02/2018
◈ Âme(s) Soeur(s) : La bière et le saucisson | L'adrénaline et les problèmes
◈ Activité : Berger [III], traducteur [II], diplomate [I] | Soldat [III], violoncelliste [I]
Priam et Laëth
Dim 11 Sep 2022, 20:40




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja


RP précédent : Pas encore écrit parce que RIP ma chrono.


Dans son silence, un grand fracas avait tonné. Il avait été plus éloquent que toutes les réponses qu’il aurait pu lui faire. Plus douloureux, aussi, peut-être. Pénible, tout du moins, car il laissait planer sur son cœur bien des horreurs. Elle avait essayé de le briser, pourtant. Ses pas l’avaient vaillamment conduite jusque chez lui. Ses pensées avaient vogué jusqu’aux siennes. Mais, partout où elle était allée et même là où les portes s’étaient ouvertes, elle s’était heurté à un mur. Ce mur impalpable, intangible, tout juste perceptible ; ce haut mur de silence, qui se coulait dans les ombres et l’ignorance. Sa collision contre celui-ci avait néanmoins produit un grand bruit : le doute avait explosé, et tous ses éclats retombés dans les eaux des craintes de l’Ange l’avaient éclaboussée de tristesse. S’il refusait de la voir et de l’entendre, c’était parce qu’il savait. Le « comment » l’avait à peine tourmentée. Ce qui importait, c’était le résultat, c’était cette connaissance qu’il avait entre ses mains, dans sa tête et au creux de son cœur. Il savait qu’elle aimait Jun et qu’elle l’aimait d’une façon qui n’avait pu souffrir d’aucun rejet. Il lui avait été trop insupportable de le voir se détourner ; elle avait préféré s’abandonner. Elle avait fait un choix et pas une seule seconde elle n’avait eu l’espoir idiot que Kaahl ne lui en voulût pas. Elle n’avait pas eu l’intention de le lui cacher non plus. Les mensonges du Mage l’avaient trop fait souffrir ; jamais elle ne se serait permis de lui faire endurer la même torture. Sa tromperie devait déjà remuer ses sentiments plus que cela n’aurait dû être permis.

Pourtant, elle ne regrettait pas, et si c’était à refaire, elle recommencerait. Simplement, elle aurait préféré pouvoir le lui avouer elle-même. Ça, et l’enfant perdu. Toutes ces choses qui creusaient un fossé entre eux, qui menaçaient d’ouvrir un gouffre infranchissable. Elle refusait. Pour lui, elle aurait bâti les ponts les plus immenses et les plus solides. Elle avait essayé – elle essayait toujours. Elle n’avait essuyé que son silence – elle l’essuyait toujours. Alors, elle avait arrêté. Elle avait laissé son propre silence rejoindre le sien, et elle les avait regardés valser sur sa peine et sa colère, pareils à des tourbillons de mauvais temps au-dessus d’un océan peu clément. Elle lui en voulait d’être si lâche. D’être si faible. Parce que s’emprisonner dans le mutisme n’était pas qu’une punition qu’il lui infligeait, c’était aussi son éternelle veulerie qui s’exprimait. Pour ça, elle le détestait. Pour ça, elle espérait. Elle espérait qu’il finirait par apparaître devant sa porte ou entre deux pensées. Elle aurait même accepté un bout de papier sur lequel il aurait griffonné quelques mots à la va-vite. Elle espérait qu’il briserait le silence, à défaut de lui permettre de le faire. Parce que ça ne pouvait pas se terminer comme ça. Ça ne pouvait pas se terminer tout court. C’était peut-être ça, son espoir idiot. Un espoir idiot pour un amour idiot.

Freyja asséna un coup de pied puis une série de coups de poings dans le sac de frappe qu’elle avait suspendu dans l’une des pièces de sa maison de Nisāria. Récemment, elle l’avait transformée en salle d’entraînement. Depuis son départ de l’armée, elle n’avait plus accès aux terrains de celle-ci. Résultante parfaitement logique de sa décision, elle avait donc anticipé son besoin et son envie d’exercice en faisant aménager ce lieu. L’Ange passa le revers de son poignet sur son front où perlaient des gouttes de sueur. Depuis son départ du Cœur Vert, quelques jours après la disparition d’Ezechyel, elle construisait soigneusement ses journées. Elle n’avait passé que quelques heures à Lumnaar’Yuvon, juste le temps de montrer qu’elle allait bien et de s’enquérir de l’état de ses proches. Là, c’était elle qui avait fui. Elle n’avait pas eu envie de croiser Adam ou Priam. Elle n’était retournée aux Jardins de Jhēn que pour récupérer quelques affaires et ses animaux. Vivre là-bas, c’eût été trop désagréable. Elle avait préféré venir ici, dans cette maison qu’elle n’avait jamais habitée. Durant plusieurs jours, son nettoyage et son aménagement l’avaient bien occupée. Cependant, elle avait eu du mal à ne pas ressasser. La fausse couche, Ezechyel, Kaahl, Priam, la guerre, l’espionnage. L’essentiel de ses soucis tenaient dans ces quelques mots. Elle s’accordait peu de temps de latence, parce que chaque seconde d’inertie physique correspondait à une effusion intellectuelle et émotionnelle. Souvent inconsciemment, sa magie pulsait autour d’elle. Elle sentait ses tourments et les apaisait à sa façon.

La jeune femme sortit de la pièce et traversa les couloirs et les pièces jusqu’à la salle de bains. Elle s’y déshabilla et plongea sous la douche. La lumière du crépuscule l’éclairait faiblement. Dans quelques minutes, la nuit envahirait tout de ses ombres clairsemées de rayons de lune. Freyja ferma les yeux. L’eau chaude ruisselait sur sa peau, chassant la sueur et les tensions. Une fois sortie, elle se sécha et ramassa ses cheveux en queue de cheval puis, sans se vêtir, monta jusqu’à sa chambre. Dans le couloir, quelques cartons traînaient. Ils contenaient des affaires qu’elle n’avait pas désiré garder aux Jardins et qu’elle avait entreposées ici en attendant. L’Ailée plongea les mains dans l’un d’entre eux et entreprit de ranger les différents objets. Au bout de quelques minutes, elle attrapa un ouvrage qu’elle ne reconnut pas. Sourcils froncés, debout dans sa chambre, elle l’inspecta. « Ah, oui. » fit-elle, en se remémorant le conte. Alors qu’elle s’apprêtait à le déposer dans la bibliothèque, elle se ravisa, saisie d’une impulsion. Précipitamment, elle le jeta sur le bureau, attrapa un pantalon ample et une brassière dans sa penderie, les enfila et retourna vers le livre pour l’ouvrir. Sur la première page, les contours des continents des Terres de Sympan scintillaient délicatement. Des points un peu plus brillants étaient placés à différents endroits, sur terre – en les touchant, leur position s’affichait avec plus de précision. Elle pouvait voir où se trouvaient sa famille, son frère aîné, Adam, Sól et quelques autres. Kaahl n’y figurait pas, mais cela ne la surprît guère. Elle avait compris depuis longtemps que de moins en moins de sortilèges et d’artefacts étaient capables de le débusquer. Ce n’était pas ce qui l’intéressait. Ce n’était pas pour cette raison que Belle était allée chercher cet ouvrage. Elle tourna la page. Là. Ses yeux s’ancrèrent aux écritures qui ornaient le haut de la feuille. Cela fonctionnerait-il ? Elle n’en avait aucune idée. Que lui dirait-elle si la magie du livre l’attirait ici ? Elle l’ignorait. Elle n’y avait pas réfléchi. Elle n’avait simplement pas l’intention de jouer au chat et à la souris pour l’éternité. Elle se saisit de l’objet et recula de quelques pas pour s’asseoir sur son lit. Puis, aussi décidée que concentrée, elle lut à voix haute : « Que la nuit donne ce que le jour prend, qu’il soit là ici et maintenant. » L’Aile d’Acier releva la tête. Le cœur battant, elle attendit. Les secondes s’apparentèrent à des soupirs immortels. Elle inspira. Progressivement, dans un scintillement digne des contes de Faes, une forme commença à apparaître, puis il fut tout à fait là, auréolé de magie bleue. De toute évidence, il avait retiré l’artefact qui l’autorisait à évoluer chez les Sorciers. Le souffle court, Freyja le scruta. Avec lenteur, elle se leva, referma le livre et, sans le quitter des yeux, le posa sur le lit. Le regarder avait quelque chose de rassurant et de douloureux à la fois. Les dents serrées et la poitrine comprimée, elle ne dit rien, jusqu’à ce que sa magie ne prît le relais de ses sentiments tourmentés. Elle s’enroula autour d’elle et s’étendit dans la chambre, douce et tranquille. « Je suppose que tu ne voulais pas me voir parce que tu sais ce qu’il s’est passé. » commença-t-elle, sans animosité aucune. Si elle n’avait pas été une Ange et si sa magie n’avait pas été si puissante, elle aurait sans doute explosé. « Ça ne sera pas la meilleure nuit qu’on ait passé ensemble, mais je ne crois pas que le silence nous mènera où que ce soit. » Où voulait-il aller, lui ? Ses yeux verts sondèrent le fond des siens, à la recherche d’un indice sur les idées qui ceignaient son esprit. Et elle, quel désir pouvait-elle formuler qui ne serait pas mal venu ? Elle déglutit. Peut-être valait-il mieux aborder tous les sujets fâcheux du premier coup. Elle avait toute la nuit pour lui dire le reste. Pourtant, elle n’eut pas le courage de formuler les mots qui lui brûlaient les tripes depuis plusieurs semaines. Ils restèrent coincés au fond de sa gorge, et d’autres passèrent par-dessus. « Qu’est-ce que tu veux faire ? » Ils étaient peut-être pires. C’était peut-être la dernière fois qu’elle les prononçait. Elle ne le souhaitait pas, elle ne le souhaiterait jamais, mais elle ne parvenait pas à se débarrasser de cette terreur-là, malgré sa magie et malgré le calme qui modulait sa voix. Elle ne voulait pas lui dire adieu. Comment le monde pourrait-il exister, après lui ?



Message I – 1513 mots

C'est parti pour le sang et les larmes (:^^:)




[Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 1628 :


[Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 2289842337 :
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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 11 Sep 2022, 22:39



Et le jour se transforma

en crépuscule



Je ne répondis pas. La situation m’échappait. Cela faisait longtemps que personne ne m’avait contraint à ce point. Ma magie ne répondait pas à mes volontés de départ. Elle se heurtait à un sort plus efficace qui empêchait la fuite. Pour combien de temps ? Je ne trouvais aucun contour, aucune limite, aucune faille. Le sortilège concernait la pièce et, si j’en croyais la construction de la prison, je n’étais pas le seul à devoir la subir. Laëth était également enfermée en son sein. Était-ce étonnant, venant d’elle ? Non. Elle était têtue et n’abandonnait jamais. Je laissai passer l’air d’un soupir entre mes lèvres, lentement, mon esprit fuyant vers les deux Magiciennes qui devaient se demander ce qu’il était advenu de moi. J’espérai vaguement qu’elles s’en sortiraient, dans la nuit noire les amenant jusqu’à chez elles. Mes pensées, en cela, revêtaient une certaine lâcheté. Je préférais songer à autre chose et ne pas plonger dans les problèmes qui ne cessaient jamais d’entourer notre couple. À quoi bon ? J’avais redouté et je redoutais toujours cet instant. Prendre des décisions politiques n’avait rien à voir avec le fait de conduire une conversation privée qui déciderait de la possibilité d’un avenir commun ou non. Je la haïssais de m’avoir invoqué. Je la haïssais parce que je ne me sentais pas apte à décider. J’aurais préféré qu’elle décidât seule. Je n’avais pas envie de porter une telle responsabilité, ni même de me poser en victime de son infidélité. Je l’étais moi-même. Cependant, était-ce de ma faute si une Ange pouvait tolérer plus qu’un Sorcier, ou un Magicien ? Nous n’étions pas sur un pied d’égalité. Ça n’avait jamais été le cas.

Je la regardais sans la voir. Mes yeux sondaient le général, peu désireux de se focaliser sur elle. J’observais ses prunelles avec la précision d’un aveugle. Au fond, je savais. Le silence ne nous mènerait nulle part mais je doutais que les mots le fissent non plus. Je n’avais pas envie de discuter et lorsque le désir même de régler les problèmes disparaît, il n’y a plus rien à attendre. Il n’y a qu’un vide insondable, qu’un néant relationnel affreusement douloureux. Je ne désirais pas la voir, ni lui parler, ni l’embrasser. Je l’aimais mais ça s’arrêtait là. Il y avait une brèche entre nous et aucune conversation ne la comblerait. Ça ne servait à rien. J’avais cette impression que le mal était fait. Il y avait eu trop de maux, trop de pleurs, trop de mensonges. À présent, nous ne ferions que tenter de réparer l’irréparable. Que pouvais-je lui dire ? Il n’y avait rien à dire. Nous avions fait nos choix en connaissance des risques. Ça s’arrêtait là. Elle devait bien se douter. Elle n’avait pas pu agir sans au moins une pensée pour moi. Je ne m’étais jamais excusé d’aimer Adam. Elle ne s’excuserait pas non plus d’aimer mon père. C’était ainsi. Il n’y avait rien à faire, rien à changer. Le reste tenait dans cette unique décision. Que voulais-je faire ? La réponse était évidente mais la prononcer était une vraie torture.

Je me déplaçai dans la pièce et m’assis sur le lit. Mon dos se vouta afin que mes coudes pussent rejoindre mes cuisses. Je liai mes doigts entre eux, sauf les index que je tendis. J’en plaçai le bout sur mes lèvres, mes pouces en soutien de mon menton. Je me mis à fixer le vide quelques secondes, tout en ayant l’impression de me tenir en haut d’un précipice. Je fermai les yeux, pris une inspiration et les rouvris. Je me redressai et lui fis face réellement, pour la première fois depuis le début. Je n’étais pas un monstre. J’étais doué d’empathie. Je savais. Pourtant, je n’avais pas le droit de me dérober encore. C’était maintenant et ça ne servait à rien de retarder l’échéance. Je préférais que tout s’arrêtât. « Je pense qu’il vaut mieux que nous arrêtions de nous voir. » articulai-je. « Ce sera mieux pour tout le monde. » Combien de fois l’avais-je fait pleurer ? Combien de fois l’avais-je détestée ? Il n’y avait rien de sain entre nous. Elle marchait en équilibre, entre ses obligations et mes secrets. Je n’étais pas bon pour elle et elle était trop pour moi. Elle me détournait de la raison. Et puis, il y avait eu Adam. Il y aurait Adam parce que le Lien était ainsi. Il tournerait ainsi. Et maintenant Jun. Ce n’était qu’un élément de plus. Objectivement, nous n’avions rien à faire ensemble. Tout était bien trop compliqué. « Je ne suis pas comme toi, capable de tout accepter. » continuai-je. « Je t’aime mais ça ne résout pas tout. » Je baissai les yeux et avouai mon impuissance. « Je ne sais pas quoi faire d’autre. »

789 mots
La nuit va être longue  [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 943930617

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Lun 12 Sep 2022, 00:57




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja



La violence de son calme la frappa en pleine poitrine. L’Ange cligna des yeux. Ses genoux fléchirent légèrement. Elle serra le poing. Ses ongles s’enfoncèrent dans ses paumes. Ses doigts tremblaient, son bras aussi. Un rictus d’amertume et de douleur tira le coin gauche de sa bouche. Elle secoua la tête. L’un de ses pieds recula. Le mouvement fit tanguer doucement sa silhouette. Son corps disait non, là où son esprit sombrait dans le déni. Elle avait envisagé cette réponse, mais elle n’y avait jamais cru. Elle la dépassait. « Que nous arrêtions de nous voir. » répéta-t-elle, comme si prononcer l’imprononçable pouvait le rendre appréhendable. « Combien de temps…? » Sa voix s’effilocha. Combien de temps ? Elle pouvait être patiente. Elle pouvait l’attendre. Elle l’avait déjà attendu. Elle voulait bien recommencer. Elle pouvait attendre des semaines, des mois, peut-être même des années, s’il le fallait. Tout a sa fin ; tout n’était qu’une question de temps. Parce que ce ne serait pas pour toujours, pas vrai ? Ça ne pouvait pas être pour toujours. Pour toujours, c’était trop long. Et puis, ça ne voulait rien dire. Qu’est-ce que c’était toujours ? L’éternité ? Mais l’éternité, c’était trop. C’était difficilement concevable pour un esprit humain, et pour un cœur, c’était pire. Pour le cœur de Freyja, ça ne voulait rien dire du tout. Ça dépassait l’entendement. C’était trop insupportable pour que ça pût signifier quelque chose. Ils allaient se revoir. Il avait juste besoin de temps, comme elle en avait eu besoin. Il allait revenir. Il ne partait pas vraiment, d’ailleurs. Il s’éloignait, c’était tout. Il traversait le pont pour rallier l’autre rive, et puis un jour, il l’emprunterait dans l’autre sens, pour la retrouver, elle. Il ne pouvait pas disparaître, personne ne disparaît jamais totalement. Son début de sourire s’élargit un peu, et elle souffla une syllabe de rire semblable à un soupir sec.

Son regard fouilla celui de Kaahl. Tout ce qu’il y trouva s’agrippa à ses côtes et les écartela. Une longue déchirure se traça sur son torse et affaiblit sa respiration. Elle secoua la tête, encore. Le temps s’échappait. Il filait entre ses doigts à mesure que le Magicien parlait. Il filait et il emportait tout le reste. Autour d’elle, sa magie se délitait. La lueur dont elle l’avait doucement auréolée jusque-là faiblissait. Des filaments blancs s’arrachaient parfois à sa peau blême, pour aussitôt s’évaporer dans l’air. Toute la sérénité qu’elle s’était insufflée s’écroulait. Il avait sapé les fondations : la forteresse tombait et, peu à peu, derrière ses ruines, les émotions se dévoilaient. Elles éclairaient crument la réalité. « Ça ne résout pas tout. » Elle déglutit. Il n’y avait rien à résoudre. Les choses étaient ainsi, et il fallait juste les accepter. Elle s’y était résolue, justement parce qu’elle l’aimait. Elle n’imaginait pas sa vie sans sa présence à ses côtés, et elle avait cru qu’il en allait de même pour lui. Elle le croyait toujours, au fond d’elle. Adam l’avait dit aussi, d’une autre façon, peut-être moins ferme, mais quand même. Il avait dit que sans elle, il ne serait plus le même. Il n’avait pas menti, parce qu’il n’aurait eu aucun intérêt à mentir. Il n’ignorait pas que les amours mortes blessaient l’âme des amants esseulés. Kaahl l’aimait. Ce fait-là, c’était la seule vérité dont elle pouvait toujours être certaine quand elle émanait d’entre ses lèvres. Il l’aimait, et sans cet amour, une part de lui sombrerait.

L’Ange déglutit encore, et recula. Elle recula jusqu’à sentir la chaise de bureau derrière elle. Elle se laissa tomber dedans. Son corps tremblait d’émotions. Ses iris, rivés sur le brun, s’humidifièrent peu à peu. Une nouvelle fois, elle secoua la tête, doucement, presque imperceptiblement. Elle comprenait, maintenant. Elle n’avait pas d’autre choix que de comprendre. Elle pouvait refuser et protester, mais elle comprenait. C’était un pour toujours. C’était un adieu. Une larme roula sur sa joue. Freyja se releva vivement, lui tourna le dos et agrippa le dossier de la chaise de ses deux mains, la colonne vertébrale voûtée et le regard planté dans le sol. Ce qu’elle ressentait, elle n’aurait pas su le définir. C’était comme si son cœur lui avait été arraché et qu’on le dépeçait sous ses yeux, aussi lentement que brutalement. Ses épaules vibraient. Elle aurait voulu que tout s’arrêtât, elle aussi, tout ça, tout ce flot qui la traversait, mais c’était impossible. Il est des choses qui ne sont pas faites pour finir.

Ses coudes plièrent et elle inclina la nuque pour laisser sa tête reposer sur ses avant-bras. Elle ne voulait pas pleurer devant lui. Elle ne voulait pas pleurer du tout. Elle voulait ne plus rien ressentir. Elle voulait s’éteindre ; et elle s’éteignait. « Il n’y a rien à résoudre. » finit-elle par lâcher dans un souffle tremblotant. L’Ange se redressa et pivota pour se retrouver face au Magicien. « Ce n’est pas possible. » Le voir lui broyait la poitrine. Ses mots avaient donné naissance à des maux tels qu’elle n’en avait jamais connu. Elle l’avait détesté, elle l’avait haï, elle l’avait trop aimé, mais jamais elle n’avait ressenti ça. Cette lame rugueuse, longue et épaisse qui scindait son cœur en deux. Il ricochait dans le néant jusqu’à n’être plus que poussière. « Moi aussi je t’aime, et je ne peux pas ne plus te voir. Pas pour toujours. » Elle s’approcha du lit et s’assit sur son bord, tournée vers lui. « Ce n’est pas ce que je veux. » Elle voulait vivre avec lui. Elle voulait peindre ses rêves au creux des siens. Élaborer des projets avec lui et les mener jusqu’au bout. L’épouser, porter ses enfants, les élever à ses côtés. Ses poings se serrèrent autour du tissu de son pantalon. « Je veux qu’on continue. » Il n’avait pas le droit de la laisser, de toute façon. Pas lui. Elle l’aimait trop. S’il partait, il l’emporterait. « Sans toi… » Le dire était plus absurde encore que de l’imaginer. Elle ferma les yeux, prit une inspiration, puis les rouvrit. « Je ne veux pas savoir ce que ça fait de vivre sans toi. Je n’y arriverai pas. Je t’aime trop et ça, ça ne cessera jamais. » Plus qu’une certitude, c’était une évidence. Dans son palpitant, il occupait une place dont il ne pourrait jamais déchoir, et que nul ne pourrait jamais lui voler. Il avait trouvé la cachette la plus précieuse et la plus secrète, dans les méandres les plus mystérieux et les plus fougueux de ce muscle gorgé de vie, d’amour et d’espoir. « Je ne peux pas vivre comme ça, je n’y arriverai pas. » répéta-t-elle. Sa voix s’estompa, et elle se tut tout à fait, ses prunelles accrochées à son visage. Elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait. Elle savait qu’il risquait de se fermer, de s’énerver ou de la rejeter encore. Pourtant, elle ne pouvait pas ne pas essayer. Parfois, il disait des choses qu’il ne pensait pas. Et il l’aimait. Freyja baissa les yeux sur ses mains cramponnées à son vêtement. Elle exécrait les histoires à l’eau de rose, mais cette nuit-là, elle aurait tout donné pour en vivre une. Elle voulait plonger dans un conte merveilleux auprès de lui et ne jamais en revenir. Parce qu’après lui, il n’y aurait rien.



Message II – 1218 mots

Ouais bah là... C'est inversement proportionnel avec la mienne /sbaf *court se coucher*




[Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 1628 :


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Lun 12 Sep 2022, 13:19



Et le jour se transforma

en crépuscule



Ma tête imprima le mouvement de la négation. J’écoutais ce qu’elle disait, tout comme je voyais ses doigts refermés sur le tissu de son pantalon. Mais tout ceci ne servait à rien. Il m’était impossible de reculer parce que, au fond, je savais que là était la bonne décision. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas faire comme si rien de tout ceci ne s’était passé. Tout serait faux. Tout serait douloureux. Tout serait un jeu de dupe. Je lui avais déjà tant menti qu’il me semblait impossible de le faire encore. La rancœur m’envahirait de plus en plus, au fur et à mesure que les images tourneraient dans mon esprit. L’eau du lac que Jun avait créé m’avait montré une scène limpide. Je la voyais se répercuter, encore et toujours. Elle jouissait dans ses bras sans retenue, avec le même regard qu’elle me lançait parfois. Elle avait le droit de nous aimer tous les deux mais j’avais aussi le droit de le refuser. J’avais accepté Adam, comme une punition divine à mes tromperies, mais je ne l’avais fait qu’en théorie, parce qu’il n’y avait encore jamais eu de pratique. Je m’étais dit que ça irait, que je me ferais une raison. En réalité, je n’en savais rien. Je me savais injuste et égoïste mais je n’étais pas elle. Je n’étais pas elle. Et, surtout, jamais elle n’avait été spectatrice de mes nuits avec le Déchu. Peut-être que si elle avait vu, elle n’aurait pas pu pardonner et accepter.

Je devais lutter contre cette colère qui me déchirait le cœur, cette colère vaine, qui ne trouverait aucun écho. Parce qu’on ne tue pas la Mort elle-même. Parce que discuter avec Jun revenait à discuter avec le néant. Il n’y avait rien à faire, ni menaces, ni appels à la raison, ni supplications. Surtout, ce n’était pas une histoire entre lui et moi. Nous étions là, tous les deux, et c’était d’elle dont tout dépendait. Je n’avais ni envie de lutter contre mon père, ni envie de la convaincre de me choisir moi, plutôt que lui. Peut-être était-ce une erreur. Peut-être me promettrait-elle de ne pas recommencer. Mais je ne voulais pas non plus le lui interdire. C’était simplement douloureux, douloureux d’avoir une conscience renouvelée. Si je n’avais pas été dans cet état, auréolé de Magie Bleue, je l’aurais sans doute tuée. Parce que c’était ce que les émotions de Devaraj me soufflaient. Parce que c’était ce qu’aurait voulu le Sorcier. Parfois, pendant quelques secondes, je regrettais d’être intervenu à Amestris. J’aurais dû la laisser se faire tuer, parce que rien de tout ceci ne serait arrivé. Je n’aurais jamais connu cette peine. Je n’aurais jamais su. J’aurais fait mon deuil tout en ayant une semi-certitude, celle de l’avoir vraiment rendue heureuse, au moins un peu. Mais maintenant…

« Freyja. » murmurai-je, en cherchant ses mains. Doucement, du moins j’en eu l’impression, je leur fis lâcher leur prise afin de les tenir dans les miennes. « Arrête. » Mon regard scruta ses phalanges. « Tu sais que ce n’est pas aussi simple. Il ne suffit pas de vouloir. » Ses volontés n’étaient pas les seules à prendre en compte. Les relations font partie de ces choses qui ne peuvent se construire et perdurer qu’à deux. Qu’elle voulût ne changerait rien, à partir du moment où le consentement était déchu de mon côté. Je ne pouvais plus reculer. Je ne le voulais pas, parce que cette décision me semblait être la plus logique, la moins cruelle. Sinon quoi ? Sinon, nous allions continuer comme ça, jusqu’à ce que ma poigne lui brisât les ailes. Était-ce cela qu’elle désirait ? Me rendre fou ? Me briser le cœur par à-coups ? Entendre ma voix s’élever dans des accès de rage incontrôlés ? Je ne savais pas ce dont j’étais capable. Je n’avais pas envie de le savoir. « Ce sera dur au début mais comme tu as très bien pu vivre sans moi avant, tu pourras vivre sans moi après. Peut-être mieux, même. » Et moi ? J’avais conscience de mon fonctionnement. J’allais travailler, encore et toujours, de jour comme de nuit, me perdre dans des problèmes qui ne m’appartenaient pas et en créer s’il le fallait. J’allais oublier, tout enfermer dans un coin de ma tête et tenter d’ignorer les appels incessants de mon cœur. Et, malgré tout, je savais aussi que je ne pourrais pas l’ignorer totalement, que je ne pourrais pas cesser de l’observer. Ce serait une torture mais je me convaincrais du contraire. Parce qu’il le faudrait. Parce qu’il le fallait. Mes prunelles rejoignirent les siennes. « Tu y arriveras. » assurai-je, doucement, en tachant de ne pas trembler. Parce que la simple vision de la rupture me broyait de l’intérieur. Il suffisait que je l’imaginasse partir pour souhaiter la retenir. Mais ce serait vain. Ce serait vain et stupide. Je ne pouvais pas pardonner, pas comme ça, pas maintenant.

810 mots
Et inversement proportionnel à ma vie sociale durant ma pause déjeuner  [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 943930617

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Lun 12 Sep 2022, 23:04




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja



Ses mains se crispèrent autour des siennes. Si elle le tenait assez fort, peut-être ne partirait-il pas ? Si elle lui faisait sentir sa présence, peut-être se souviendrait-il de leurs étreintes ? Allait-il arrêter, lui aussi ? Allait-il cesser de fixer ses phalanges ? Relèverait-il la tête pour affronter son regard ? Ferait-il preuve d’un peu plus de courage ? Elle en aurait eu tellement besoin. « Mais ça aide. » rétorqua-t-elle. « Si tu ne veux même plus… » Sa gorge se noua. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Il l’aimait. Comment pouvait-il abandonner ? « Tu ne peux pas te résigner comme ça. » Sa phrase se termina dans un souffle brisé. Comment pouvait-il l’abandonner, elle ? Il n’avait pas le droit. Pas alors qu’il l’aimait, pas alors qu’elle l’aimait. Pas après tout ce qu’ils avaient affronté ensemble. Pas après tout ce qu’elle avait accepté pour lui, pas après tout ce qu’elle avait sacrifié pour lui. Il ne pouvait pas l’abandonner là, avec son amour immense et tous ses secrets. Ils étaient liés, au-delà de tout le reste. C’était écrit, quelque part. Peut-être dans les méandres de ce destin qui frappe trois coups et qui entre. Peut-être. Elle se raccrochait à cette idée un peu folle. Comment respirer, sinon ? Elle n’avait jamais voulu tomber amoureuse, justement pour éviter ce genre de situations et toutes les pertes de temps et de vitalité qu’elles entraînaient. Pourtant, lorsqu’il lui avait volé son cœur, la conviction de l’avoir attendu toute sa vie s’était peu à peu ancrée en elle. Il y avait eu un avant, oui, mais il n’y aurait pas d’après. Parce que quand il disparaîtrait au petit matin, son palpitant cesserait de battre comme il le faisait depuis des années. Il chuterait dans un gouffre de noirceur et ne serait plus capable de marquer que les temps monotones de la survie. Une nouvelle fois, elle exprima son refus d’un signe de tête. Ce qu’il disait était affreux. Ses doigts se desserrèrent et elle les retira brutalement de l’étreinte des siens. « Tu ne t’entends pas parler. » Ses iris horrifiés le toisaient avec douleur. Des larmes franchirent la barrière de son maigre contrôle émotionnel et dévalèrent ses joues. « Tu ne comprends pas. » Elle barra son buste de ses bras et serra fermement chacun de ses avant-bras dans ses mains. Ça ne la protégeait de rien ; elle était livrée à toutes les tempêtes. « Je ne suis pas toi. » Parce qu’il y arriverait probablement, lui. À l’ignorer, à rester loin, et peut-être même à l’oublier. Il arriverait sans doute à continuer sa vie comme si elle n’avait jamais existé. Il passerait au-dessus des questions des autres et des rumeurs des inconnus. Il aimerait Adam, il épouserait peut-être une autre femme, il aurait des enfants ; il fonderait la famille dont il rêvait depuis si longtemps. Mais elle… Le bout de ses doigts glissa sur le bas de son ventre. Elle, de mille façons, n’avait pas su préserver la vie qu’ils avaient créée ensemble. Cet enfant, elle n’en aurait pas voulu maintenant, et pourtant, elle sentait poindre la culpabilité et le regret. S’il avait été là, peut-être qu’il ne l’aurait pas abandonnée. Même s’il l’avait fait, il y aurait eu avec elle une part de lui. Une étincelle dans la nuit.

L’Ange appuya ses coudes sur ses genoux et prit son visage entre ses mains. Ses larmes coulaient dans ses paumes et collaient à ses cils. Elle déglutit. « Avant toi, c’était facile parce que tu n’existais pas. » Au bord de ses lèvres, son souffle trembla. « Mais maintenant, tu existes, et moi je ne suis pas toi, je ne sais pas ignorer et oublier. Tu seras partout, tout le temps, et ça me tuera. » Freyja renifla. Elle le pensait vraiment. Chaque fois que son souvenir viendrait la hanter, il poignarderait sa poitrine, jusqu’à ce qu’elle n’en pût plus. Jusqu’à la transformer à son tour en une remembrance nimbée de mélancolie. « Je veux bien attendre. Je sais que ça peut prendre du temps, mais je veux bien attendre. Je ne veux pas que ça se termine. » Elle essuya ses larmes du bout des doigts. C’était inutile, parce que d’autres s’échappaient aussitôt. « Je ne veux pas vivre sans toi. Je… je ne peux pas. » Un sanglot secoua son dos. L’Ailée renifla et inspira par la bouche une bouffée d’air hachée de tristesse. La scène qu’elle vivait lui paraissait surréaliste. Ça ne pouvait pas se finir comme ça, parce que ça ne pouvait tout simplement pas se finir. C’était la pensée qui l’obsédait, et ce fut celle qui la poussa à briser toutes les barrières qu’elle s’était imposées. Elle se redressa vivement, enjamba les cuisses de Kaahl pour s’y asseoir, noua ses bras autour de son cou et se blottit contre lui. Son visage se lova dans le creux de son cou. Respirer son odeur la faisait tanguer entre le délice et le supplice. Il pouvait la repousser ou la frapper. Elle se fichait de sa réaction. Elle n’avait plus rien à perdre. « Ne m’abandonne pas. » murmura-t-elle.



Message III – 1218 mots

Haha <3 Ce personnage a le don de rendre encore plus difficile ce qui est déjà excessivement difficile. Je devrais lui en faire un pouvoir 8D




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Mar 13 Sep 2022, 16:03



Et le jour se transforma

en crépuscule



J’aurais aimé pouvoir l’entendre sans l’écouter, que ces paroles ne fussent que des sons diffus sans aucun sens. J’aurais attendu que le sort se dissipât et je serais parti. Pourtant, contre ma volonté, chaque signifiant se répercutait dans ma poitrine. Je voulais qu’elle se tût, qu’elle cessât de lutter, qu’elle arrêtât de m’aimer, même. Son trop plein de mots se heurtait à mon mutisme. Je ne pouvais pas lui répondre, je ne le désirais pas. Il n’y avait rien à dire. Je ne devais rien dire. Chaque syllabe qui sortirait de mes lèvres rendrait l’instant d’autant plus difficile. Chaque syllabe pourrait s’avérer traîtresse. Parce qu’il y avait une partie, en moi, qui l’aimait et qui luttait contre ce moment. Cette partie voulait pardonner. Elle s’enfonçait dans un déni si grand qu’il aurait pu en aveugler un géant. Cette partie là voulait que mes lèvres se perdissent sur les siennes et murmurassent des paroles rassurantes, des paroles d’avenir. Cette partie là désirait profiter de cet instant pour initier une relation plus saine, une relation qui ne se baserait pas sur des inégalités : ma liberté, ses entraves. Je la combattais, parce que je savais qu’elle n’était pas juste. Elle n’était qu’une façade. Elle était le morceau de moi qui avait conscience de la perte à venir et qui essayait, par tous les moyens, de se rattacher à un passé révolu. Elle était le dernier souffle, celui contre lequel il ne fallait pas plier. Lorsque nous sortirions de cette pièce, nous ne serions plus rien l’un pour l’autre, qu’un souvenir douloureux. Il faudrait apprendre à vivre avec : à vivre avec l’absence, à vivre avec les résurgences, à vivre avec les tentations. N’importe quel objet, expression ou lieu pourrait devenir le berceau d’une blessure. Lorsque nous sortirions de cette pièce, nous ne serions plus rien l’un pour l’autre, oui, mais le monde continuerait de nous penser ensemble, de nous voir comme un tout. Il faudrait l’annoncer. Il faudrait essuyer les questions. Il faudrait rester ferme. Il faudrait faire face aux regards interrogatifs des curieux. Pourquoi ? demanderaient-ils. Que dirions-nous ? Il n’y avait rien à dire. C’était ainsi. Je ne désirais pas l’accuser publiquement pour tel ou tel acte. Notre histoire et sa vérité ne concernaient que nous. Je savais que mes proches essaieraient de me remonter le moral et tenteraient même de me présenter d’autres femmes. Juste comme ça, m’assureraient-ils. Mais ce ne serait pas possible. Je ne la quittais pas parce que je ne l’aimais plus. Je la quittais parce que c’était trop douloureux de l’aimer encore malgré tout.

Lorsque je sentis le poids de son corps sur moi, je fermai les yeux. Son contact me torturait, parce que je l’imaginais dans la même position avec mon père. Ses mots me blessaient, parce que j’étais certain qu’elle aurait pu les lui prononcer aussi. Je déglutis et refermai malgré tout mes bras sur elle. Je calai l’une de mes mains dans son dos et me mis à le caresser lentement avec l’autre. La partie rebelle de mon psychisme me murmurait une fin différente. Elle me suppliait de briser mon silence, de lui assurer mon pardon et de lui promettre le futur. Oublions le monde et marions-nous maintenant. - Ce n’est pas grave, ce n’était qu’une erreur. - Je ne peux pas vivre sans toi non plus. - Excuse-moi de te faire tant pleurer. - Parlons-en. - Découvrons ensemble pourquoi est-ce que tu es tombée amoureuse de lui. - Essayons, ensemble, de vivre notre relation malgré tout. - Où ai-je fauté ? - Pardonne-moi d’être comme je suis. - Je t’accepte comme tu es. - Fondons une famille ensemble. - Je mettrais de côté mon avenir politique pour te rendre heureuse. Mais rien ne sortait. Rien ne serait viable parce que cette partie là vivait d’utopies.

Je me laissai tomber en arrière sur la largeur du lit et roulai sur le côté sans la lâcher, en continuant de l’enlacer. Ma magie l’engloba afin de l’apaiser. Qui aurait-elle, demain, lorsque je ne serais plus là ? Qui aurait-elle pour la soutenir ? Priam ne faisait plus partie de ses proches. Peut-être lui pardonnerait-il plus facilement ainsi ? Sa famille applaudirait la rupture mais serait-elle capable de la soutenir véritablement ? Adam ? Adam le pourrait mais peut-être ne voudrait-elle pas le voir avant un long moment. Mes secrets avaient fini de l’isoler. Avait-elle un confident ? Je savais que la réponse était négative, parce que je l’avais souhaité ainsi et parce que, malgré le reste, ce que j’étais l’empêchait de parler. Jun ? Peut-être. Mais serait-il suffisant ? Ma main remonta dans ses cheveux. Mes doigts les caressèrent tendrement. « Je suis désolé Freyja. Pour tout. » murmurai-je, d’une voix tremblante. Je fermai les yeux de nouveau, mon menton contre son crâne. Marions-nous. Tout ça paraissait loin, inaccessible, et je ne voulais pas parler de temps, de possibilités à venir. Parce qu’elle espérerait. Parce que j’espérerais aussi. Et ce serait cruel de nous enfermer dans cette attente improbable.   

813 mots
Je devrais donner le pouvoir Mutisme à Kaahl moi  [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 943930617

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Mar 13 Sep 2022, 18:01




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja


RP lié : Je souhaite...


S’il ne l’avait plus aimée, les choses auraient été plus simples. Elle aurait souffert, elle aurait eu besoin de temps pour assimiler et elle l’aurait sans doute détesté, mais elle aurait accepté. Il n’y a rien à dire à quelqu’un qui n’aime plus. C’est comme ça. Ça ne renaîtra pas. Mais ce n’était pas son cas. Il l’aimait. Elle n’avait pas besoin de porter la bague de sa mère pour savoir qu’il ne mentait pas. Elle l’entendait dans les battements lourds de son cœur, la profondeur de sa respiration et le grain tremblant de sa voix. Il l’aimait et il faisait le choix délibéré de la quitter. Pour son cœur, qui agissait avant tout en vertu de ses ressentis, c’était insupportable. Il devait y avoir un raisonnement derrière sa décision, mais elle se fichait de le connaître. Tout ce qu’elle percevait, c’était son infinie cruauté. Celle-ci s’exprimait à la fois envers elle et envers lui-même : il était prêt à s’amputer d’une partie de son palpitant, comme si la souffrance que les choix de l’Ange avaient pu provoquer était supérieure à celle qu’il ressentirait en lui tournant le dos. Il n’avait pas idée. Elle savait que c’était faux, elle, parce qu’elle avait été à sa place. Elle avait été à sa place de si nombreuses fois… Ses fautes et ses mensonges lui avaient déchiré la poitrine, néanmoins, jamais la douleur qui l’avait dévorée dans ces instants n’avait pu être comparable à celle qu’elle ressentait quand elle croyait le perdre. Pour pouvoir l’aimer encore, elle acceptait de lui accorder tous les pardons. Rien n’avait vraiment d’importance, tant qu’elle pouvait le serrer dans ses bras, sentir ses lèvres sur les siennes et tenter d’échafauder un futur assez stable. Rien ne comptait.

Si elle avait pu arrêter le temps, elle l’aurait arrêté là, quand il l’entoura de ses bras, caressa son dos, s’étendit sur le lit, fit courir sa magie sur sa peau et autour de son cœur. Elle aurait voulu vivre dans son étreinte pour toujours. Dans ce sens-là, et aussi étrange que cela pût paraître, l’éternité était facile à imaginer. L’éternité avec lui. Sa main gauche se resserra autour du tissu de sa chemise, tandis que l’autre se calait autour de sa nuque. Elle renifla. L’odeur qui imprégnait la peau de son cou remonta avec violence dans ses poumons. Si elle l’embrassait, est-ce qu’il resterait ? Si elle s’abandonnait et lui promettait un enfant maintenant, est-ce qu’il resterait ? Pouvait-elle l’emprisonner ainsi ? Le manipuler ? En avait-elle seulement envie ? À quoi ressemblerait leur amour s’il ne demeurait pas près d’elle de son plein gré ? Ce ne serait qu’un assemblage de débris joliment maintenus pour les regards extérieurs, mais qui ne renfermerait que des horreurs. La culpabilité finirait sans doute par l’étouffer, et tout serait probablement pire. Parce que pour l’instant, elle n’arrivait pas à s’en vouloir.

En sentant sa main s’égarer dans ses cheveux, elle ferma les yeux. Elle aurait presque pu oublier le reste. Sa place était là, dans ses bras. Elle en était certaine, et quand il partirait, elle en crèverait. Il emporterait toute sa lumière. Pour elle, le jour ne se lèverait plus jamais. Il n’y aurait plus que la noirceur pénétrante de la nuit, et ces quelques étoiles d’espoir qui l’illuminaient chaque soir. Elle se raccrocherait à elles. Elle n’aurait rien d’autre. Peut-être qu’une nuit, elle pleurerait tant qu’elle les perdrait de vue. Et cette nuit-là, tout serait vraiment terminé. Elle fermerait les yeux et il n’y aurait plus rien. Parce que ce serait après lui. Freyja déglutit. Elle ne voulait pas mourir, mais la mort lui paraissait être l’issue la plus probable. Si elle ne pouvait pas être avec lui, elle ne voulait pas de la vie. Elle n’y trouverait que des sens dérisoires, inutiles. Elle n’avait pas envie qu’un autre prît sa place et tentât de lui redonner le sourire. Personne n’aurait pu le faire. Elle serait incapable d’aimer une deuxième fois comme elle l’aimait. C’était trop intense, trop puissant, trop pénible.

Lorsqu’il parla, elle rouvrit les paupières. La tristesse qui s’imprimait dans les moindres recoins de son visage trouvait un écho particulier dans ses iris verts. Pourtant, elle ne les remonta pas vers lui. Elle fixa la peau de son cou, interdite. Elle avait l’impression d’avoir joué toutes ses cartes. Elle l’aimait, elle voulait faire sa vie avec lui, elle ne survivrait pas sans sa présence. Rien de ce qu’elle disait ne semblait avoir le pouvoir de le faire hésiter. Elle aurait pu lui parler de l’enfant perdu, mais à quoi bon ? Il n’aurait pas changé d’avis pour ça. Ça l’aurait juste fait souffrir. Lui raconter aurait été cruel. Elle ne le ferait pas. Elle ne pouvait plus rien faire. Au petit matin, la magie s’interromprait, il rentrerait chez lui, et il ne reviendrait pas. Sa tristesse se tordit de désespoir, et dans cette danse tortueuse, une autre émotion émergea. Un élan plus brutal, plus douloureux, plus énergique. « Non. » Le silence vogua de ses lèvres à son cou. « Tu n’es pas vraiment désolé. Parce que si tu mesurais l’ampleur de ce que tu es en train de faire, tu ne le ferais pas. » Elle serra les dents. Dans d’autres circonstances, elle l’aurait sans doute frappé, et elle aurait hurlé. La magie bleue apaisait quelques peu ses maux. Cependant, elle éveillait aussi d’autres parties de son inconscient, plus habituées à sa présence et ses effets. « Tu m’as promis d’être toujours là pour moi. » souffla-t-elle, la rancœur en équilibre au bout de ses lèvres. « Tu m’as promis d’être là pour moi quand je serai trop triste et quand la vie serait trop dure à supporter. » À mesure qu’elle parlait, des larmes affluaient à nouveau au bord de ses yeux. Ce qu’elle évoquait n’était pas vraiment un souvenir. Quelques images s’y rattachaient, mais elles étaient trop vagues pour qu’elle pût parfaitement les discerner. C’était plutôt comme une marque, comme s’il avait ancré quelque chose en elle. « Tu as promis de sécher mes larmes et de chasser mes cauchemars. » Il faisait tout l’inverse ; il signait sur son cœur des contrats d’abominations et de peine. Sur lui, ses mains tremblaient. « Tu as promis, et si tu es au moins un tout petit peu honnête, il faudra que tu me reviennes. » L’Ange se lova un peu plus contre le corps de l’homme qu’elle aimait. « Tu ne peux pas m’abandonner. » répéta-t-elle, brisée. Parce qu’il n’y avait que lui. Il n’y avait plus personne d’autre. Elle les avait tous laissés s’éloigner, pour être avec lui. Elle ferma les yeux et se recroquevilla un peu. La main courbée autour de sa nuque remonta sur son visage et, de son pouce, elle caressa doucement sa joue. Elle aurait voulu que la nuit régnât pour toujours.



Message IV – 1140 mots

Ouais. Et un pouvoir de super résilience chacun nastae on pourra utiliser les mêmes musiques pour leur mariage, c'est génial




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Kaahl Paiberym
Mar 13 Sep 2022, 22:19



Et le jour se transforma

en crépuscule



Les promesses d’ébène emprisonnent le cœur. Elles naissent du désir de celui qui les réalise. Elles ancrent et enferment. Elles transcendent parfois même le temps.

Elle avait raison. Je lui avais promis toutes ces choses. Je les lui avais promises avec sincérité, parce que j’avais cru pouvoir être là pour toujours. Ces promesses n’étaient-elles plus que parjures ? Je ne le pensais pas. Elles étaient simplement douloureuses. Au fond, je savais que je ne pourrais jamais m’empêcher de veiller sur elle. Je l’avais toujours fait depuis que nous nous connaissions, au début par intérêt et ensuite par peur qu’il lui arrivât quoi que ce fût. J’avais agi à raison puisqu’elle avait failli mourir un nombre incalculable de fois, lorsque son cœur s’emballait trop, que ses principes ne pouvaient se contenter du silence de la soumission ou que ses sentiments la poussaient à tenter de soulever des montagnes qu’un titan lui-même n’aurait jamais pu ne serait-ce que déplacer. J’admirais sa force et sa détermination mais sa témérité contribuait à mes insomnies. Je doutais de pouvoir m’empêcher de l’observer, de loin, en secret. Je me ferais du mal en continuant mais je ne l’avais jamais quittée véritablement. Jamais je n’avais été aveugle la concernant, à l’exception des instants qu’elle avait passés en compagnie de mon père. Reviendrais-je ? Je voulais croire que les sentiments que j’avais pour elle ne s’éteindraient jamais, que même après des mois ou des années, ils survivraient. Ils devaient survivre, le temps que je pusse faire avec. Et quand bien même ? Serait-elle toujours amoureuse de moi à ce moment-là ? Si je la quittais, cela signifiait que je lui rendais sa liberté. Celle de faire ce qu’elle désirait, de côtoyer qui elle désirait. Ça voulait dire qu’il y aurait peut-être un autre que moi, un autre que mon père même. Quelqu’un qui la sortirait des mensonges, de la violence et de l’instabilité. Quelqu’un de bien. Ne faire que le supposer me coupait le souffle d’une douleur aussi aiguisée qu’une lame de rasoir. Je ne pourrais pas le supporter. Je le tuerais. Rien n’avait de sens. Rien n’en avait, d’autant plus que j’étais à l’origine de la brisure. J’avais envie que nous nous jurions fidélité au sein même de notre séparation. C’était une envie irréalisable et ce serait un mensonge de plus. Il faudra que tu reviennes. Il faudrait que je revinsse. Avant qu’il ne fût trop tard. Le voudrais-je ?

Sa main sur ma joue me fit frémir. Par réflexe, mon visage vint s’y lover davantage. Je me retins de déposer un baiser sur sa main. Tout paraissait si naturel, si huilé. Avec le temps, nous avions acquis des automatismes qu'il nous faudrait perdre. « Je sais. » avouai-je. « Je sais que j’ai promis. » J’avais promis tant de choses. J’avais promis à l’enfant qu’elle avait été de veiller sur ses songes et de la protéger des cauchemars. Pourtant, j’avais fini par être moi-même un cauchemar, celui de la femme qu’elle était devenue. Elle pleurait à présent dans mes bras. Et ses pleurs étaient constitués de larmes que je ne pouvais sécher. Je fermai les yeux et perdis mes lèvres dans ses cheveux. Ses cheveux que je ne toucherais plus. Et sa peau que je ne pourrais plus effleurer. Je n’avais pas envie de lui dire au revoir comme ça, ici. Je ne souhaitais pas attendre dans le silence qui ne manquerait pas de s’installer. Peut-être qu’après la rancœur, la colère viendrait… mais ensuite ? Ensuite, il n’y aurait plus rien. J’inspirai et ouvris les yeux. « Freyja… » soufflai-je tendrement, en baissant les yeux vers elle. Ma main se glissa sous son menton afin de la forcer à me regarder. Ma voix se répercuta sous la magie d’Obéissance. « Endors-toi. » J’accentuai Umbra in Lucem pour apaiser son esprit. « Endors-toi. » répétai-je, dans un murmure. Je recommençai doucement, jusqu’à ce que je fusse sûr. Je ne savais pas ce que je faisais. Une erreur sans doute. Ça n’avait aucune importance. Depuis toutes ces années, elle en était toujours détentrice. Je le lui avais donné ce fameux jour où au cœur du Monde des Rêves, sa mère l’avait traitée de déchet et lui avait craché au visage qu’elle ne méritait pas de vivre. J’avais haï cette femme au-delà des mots. Tant pis si je me trompais. Tant pis si je lui donnais plus que ce que j’aurais dû dans de telles circonstances. Je fis apparaître la Couronne des Rêves Interdits et la plaçai au sommet de mon crâne. Je disparus.

Dans les Songes, tout était à la fois semblable et différent. Tout dépendait des fantaisies des Rêveurs et du sadisme ou de la bienveillance des Génies. Je n’eus aucun mal à la trouver puisqu’elle détenait mon habitacle. J’en sortis et lui fis face. Tout semblait clair autour de nous. J’avais des habits immaculés. Mes pieds étaient toujours nus. « Je pense qu’il est temps que tu l’utilises. » Je désignai la rose blanche. « Tu peux faire un vœu. » lui proposai-je.

838 mots
Le mariage qui aura lieu dans cinq siècles, le temps qu'il arrête de bouder  [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 943930617

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Mer 14 Sep 2022, 07:42




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja



Aimer était difficile. Tomber amoureux n’avait rien de compliqué : c’était comme se trouver au sommet d’une pente enneigée, s’asseoir sur une luge et s’élancer. On glissait immanquablement jusqu’en bas. C’était l’ordre des choses. Il n’y avait qu’à se laisser porter. Mais aimer, vraiment aimer, aimer comme si aucun lendemain n’existait, aimer à la façon des cœurs purs, ça, c’était dur. C’était dur de l’aimer sans lui en vouloir, sans avoir envie de le frapper pour refuser de tenir ces promesses, pour refuser de rester pour toujours à ses côtés. C’était dur de l’aimer sans ressentir la même rancœur envers soi-même. Parce que s’il voulait partir, c’était parce qu’elle ne l’aimait pas comme il l’aurait voulu. Aimer était difficile parce qu’il n’y avait jamais que l’amour ; il paradait inlassablement avec d’autres sentiments, d’autres émotions, d’autres ressentis. Avec des attentes, aussi, et il devait encore s’accommoder des vertiges de la vie. Il le faisait souvent mal. L’amour est pervers et maladroit. L’amour est injuste. Et les Anges devraient le combattre, songea-t-elle encore. C’était un excès de passion comme la Colère pouvait l’être, une saturation des sens semblable à la Gourmandise, un besoin d’unicité inatteignable digne d’un Envieux, un abandon des forces morales tel que la Paresse s’en réjouissait, un plaisir à être aimé qui ferait rougir un Orgueilleux, le vol d’un cœur propice ravissement de tout Avare, l’exacerbation des sensations propres à la Luxure. Ce n’était que ça, tout ça à la fois. Et c’était terriblement douloureux.

Lorsque ses yeux remontèrent jusqu’aux siens, elle sentit la poigne de l’amour autour de son palpitant. Sa force le comprimait et en faisait jaillir plus de sang que nécessaire. Elle scruta les prunelles de Kaahl, à la recherche d’un temps perdu. Elle ne voulait pas qu’il disparût de sa vie. Le néant qui la guettait la terrifiait. Qu’est-ce qui viendrait le remplir, sinon le malheur et la tyrannie de l’espoir ? Comment pourrait-elle s’interdire d’espérer, après avoir vu la tendresse et l’affection qui nimbaient son regard endeuillé ? Il la quittait mais il ne la libérait pas. Quoi qu’elle fît, elle penserait à lui. Tout le temps. Elle verrait son visage noyé dans la foule, croirait discerner sa silhouette au coin des rues, entendrait même parfois sa voix. Il lui arriverait de se retourner en se demandant s’il la suivait, ou de scruter le paysage devant elle avec l’impression qu’il allait apparaître à l’horizon. Il ne savait pas ce qu’il faisait, non. Il la condamnait à l’espérance. C’était le pire des châtiments qu’il aurait pu lui infliger. « Non, je ne veux pas… » souffla-t-elle faiblement. Elle ne voulait pas s’endormir. Elle avait trop peur de se réveiller seule. Elle avait envie de sentir les effets de sa présence jusqu’au bout, pour s’en rappeler pour l’éternité. Pourtant, peu à peu, ses paupières s’alourdirent, sa respiration ralentit, et son esprit se détacha de la réalité, happé par le Monde des Rêves.

Une brise souffla dans son dos. L’Ange frémit. Elle ne se trouvait plus dans le monde tel qu’ils le connaissaient. Il avait dû faire quelque chose, et maintenant… Il apparut. Elle inspira. Ils s’étaient déjà rejoints ici, mais à l’époque, tout était différent. Elle subissait tous les événements, sans aucun contrôle. Depuis quelques temps, cela avait changé. Ses rêves étaient de plus en plus lucides et, là où elle aurait dû se soumettre à une situation, son esprit trouvait la force de se rebeller et de changer la donne. Parce que c’était cela, elle le savait : ils se faisaient face au creux d’un rêve. Elle aurait pu poser des milliers de questions, et peut-être en avait-elle envie, cependant, elle demeura muette. Elle se contenta de détailler cet ange venu d’ailleurs, tout de blanc vêtu. La même teinte l’enveloppait. Elle régnait tout autour d’eux, lumineuse sur les pétales des roses d’un jardin sans frontière. Freyja venait là, parfois. C’était un contexte récurrent de ses songes. Elle baissa les yeux sur ses mains. Les poings fermés, elle tenait contre son cœur une fleur qu’on aurait pu croire d’ivoire. « Un vœu ? » répéta-t-elle en relevant la tête. Un demi-sourire triste ourla ses lèvres. Elle aurait préféré voir ses espoirs s’illustrer dans son monde éveillé. Toutefois, elle avait conscience que s’ils étaient là, c’était parce qu’il s’agissait du lieu où la vérité qu’il leur imposait avait le moins d’emprise. Ici, tout était permis, même les rêves les plus fous.

La pulpe de ses doigts caressait délicatement les pétales de la rose. Que pouvait-elle demander ? Qu’il revînt la hanter dans ses songes ? Il le ferait malgré lui. Qu’il la laissât endormie pour toujours, afin qu’elle pût vivre avec lui l’éternité ? Elle aurait probablement conscience de ne pas être dans la réalité et souffrirait de cette situation. Elle ne voulait pas de chimères, mais c’était tout ce qu’il voulait bien lui offrir. L’Ailée s’humecta les lèvres, les yeux baissés sur la fleur épanouie. « Je voudrais que cette nuit ressemble à la vie que tu aurais voulu qu’on ait. » s’entendit-elle dire en relevant son visage vers lui. C’était une demande cruelle et douce à la fois, autant pour lui que pour elle. Mais elle voulait qu’ils pussent s’en souvenir à leur réveil. Qu’ils eussent au moins ce souvenir-là pour eux, que c’eût été possible et que ça le serait peut-être encore. Elle voulait encore de l’espoir, malgré tout. Ses yeux verts plongèrent dans les siens. « Qu’on oublie le reste du monde. » Pieds nus dans l’herbe parsemée de rosée, la jeune femme s’avança vers lui. « Embrasse-moi. » murmura-t-elle.



Message V – 1027 mots

Pas grave, l'attente fait durer le plaisir (comment ça y a aucun plaisir ici ? /sbaf)




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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Dim 18 Sep 2022, 15:14



Et le jour se transforma

en crépuscule



Mon regard soutint le sien quelques secondes avant de s’y plonger d’une autre manière, plus tendre. Ici, il m’était peut-être possible de déposer les armes. Dans la réalité, je resterais campé sur mes positions, qu’importât la souffrance qui s’y lieraient. Il valait mieux s’éloigner, c’est ce que le Magicien pensait. Le Génie, lui, voyait les choses d’une façon différente. Je le sentais, malgré mon attachement persistant. Elle était ma Maîtresse, la première personne à qui j’avais confié mon habitacle, celle qui le détenait encore. Mon affection était réelle mais elle se mariait à une espièglerie empreinte de malice. Je penchai doucement la tête, sans pour autant m’emparer de ses lèvres. Je souhaitais les caresser encore, les éprouver contre les miennes. Ici, tout était permis et possible mais ça ne signifiait pas que tout devait être réalisé. Et si m’y plonger de nouveau me rendait les adieux impossibles ? Et si je changeais d’avis au détour d’un rêve ? Et si le goût de sa bouche réveillait des envies d’appropriation ? Son vœu avait été formulé. La contrepartie demeurait encore inconnue. J’avançai néanmoins et m’arrêtai proche de sa bouche. Je souris. Elle n’avait pas hésité une seule seconde. Elle avait formulé ce qu’elle désirait, sans se méfier du danger. Peut-être l’avait-elle fait parce qu’il s’agissait de moi. Je l’espérais. Mes doigts remontèrent doucement. Je laissai leur extrémité courir délicatement sur la peau de sa mâchoire, jusqu’à son menton. Là, enfin, je l’embrassai. Je trouvai à ce baiser une saveur douce-amère. Le plaisir existait mais la peine de la séparation s’y mêlait. J’avais l’impression de me lier à elle pour la dernière fois avant longtemps. Je ne voulais pas la quitter. Je voulais approfondir ce baiser et dessiner sur ses lèvres d’autres formes. Je désirais y voir l’empreinte des gémissements qu’elle poussait lorsque nos corps ne formaient plus qu’un. C’était un rêve. Tout pouvait y devenir parfait. Ici, je n’étais limité en rien. Je pourrais passer l’éternité à lui faire l’amour, en oubliant tout le reste. En théorie. J’étais malheureusement bien trop conscient pour pouvoir passer outre la réalité et le constat fut presque immédiat. Même ici, elle continuait de me hanter.

Je m’écartai et la contemplai. Lorsque je l’avais rencontrée, j’avais songé qu’il me suffirait de lui faire croire que je l’aimais pour que notre couple fût harmonieux. Cependant, quand j’avais commencé à avoir de réels sentiments pour elle, j’avais eu peur. Je m’étais mis à imaginer tellement de versions alternatives à cette vie idéale que le concept même me semblait à présent étranger. Pourtant, j’avais fini par comprendre, malgré tous mes efforts et mes fantasmes, qu’il n’y aurait jamais de vie idéale entre elle et moi. Parce qu’on ne faisait que se heurter. Mensonge après mensonge, le bonheur parfait s’était effrité. Je ne croyais pas une utopie possible entre nous et, finalement, en y songeant, il me semblait que mes désirs étaient on ne peut plus banals. Mes yeux se perdirent sur le paysage et je me plaçai à ses côtés. J’entamai une marche, en l’incitant à me suivre. Je ne pouvais considérer sa demande comme un vœu. Il n’y avait rien à réaliser. Rien à faire. Simplement à me tenir à ses côtés. « J’ai souvent imaginé cette vie mais, au fur et à mesure, je dois t’avouer que j’ai fini par me contenter de la réalité. » Je m’humectai les lèvres. « Je ne dis pas que je n’envisageais plus le futur, juste qu’être avec toi me suffisait. Il n’y avait pas de vie idéale, pas de vie souhaitée. Il n’y avait que notre passé commun, le présent à construire malgré tout et le futur que j’envisageais à tes côtés, qu’importât notre situation. Même sans enfants. J’en voulais mais ce ne sont pas des choses que l’on décide de faire seul. » Je m’arrêtai et la regardai. Je parlais déjà au passé. « Je ne suis pas un rêveur, Freyja. J’essaye de rester attaché à la réalité et notre vie n’aurait probablement pas été un songe agréable. Ça ne m’aurait pas empêché de l’aimer quand même. Ça ne m’empêchera pas de continuer à aimer les moments que nous avons vécus ensemble. » Simplement, la voir dans les bras de mon père était pour moi insupportable. « Je ne veux rien de particulier et ce n’est pas parce que nous nous séparons que le nous n’existera plus. Il sera toujours là, douloureux dans un premier temps puis, ensuite… » Je pris une inspiration puis fis sortir l’air de mes poumons. Nous n’avions pas besoin de respirer ici mais les songes pouvaient s’avérer bien plus réalistes que la réalité. « Ensuite, peut-être que le temps guérira les blessures. » Je lui souris tendrement. « Tu aurais dû me demander de faire de cette nuit la vie que tu aurais souhaité que nous ayons. » susurrai-je tristement, avant d’enchainer sur d'autres mots, ceux de la séparation. « Je mets fin à mon règne. »

Je me réveillai à côté de son corps endormi. Doucement, mes doigts tracèrent un pentacle sur elle, pour prolonger son sommeil. Je restai ensuite immobile, à la regarder, en attendant que la magie faiblît. Je la trouvais belle. Plusieurs fois je voulus l’embrasser et plusieurs fois je m’abstins. La tristesse gonflait mon cœur sans parvenir à noyer ma colère. J’eus le temps de réfléchir. N’y avait-il réellement pas de vie que j’aurais aimé que nous ayons ? Ou avais-je préféré fuir la réalisation de son souhait, par lâcheté, parce que je n’étais pas un véritable Génie et que j’avais cette possibilité de fuite offerte par l’enlèvement de la Couronne ? Peut-être. Je fuyais. Je fuyais dans la réalité. Je fuyais dans les rêves. Je ne voulais pas rêver une vie à ses côtés. Je ne voulais pas non plus vivre un rêve à ses côtés. J’aimais nos hauts et nos bas. J’aimais même être à l’origine de ses larmes, parfois. Ça prouvait que nous existions et que, malgré tout, elle continuait de tenir à moi. Lorsqu’il n’y aurait plus ni rires ni larmes, le « nous » s’effacerait pour de bon. Je ne l’espérais pas. J’espérais que notre rupture serait la fin des mensonges et le début de la vérité. J’espérais que nous nous retrouverions pour bâtir une relation honnête, basée sur des règles claires, acceptées par chaque partie. Je me doutais que si elle aimait réellement mon père, elle finirait par recommencer, par se perdre dans ses bras là où les miens demeureraient fermés. Mais peut-être avais-je l’espoir qu’il ne fût pour elle qu’une passade et qu’elle se rendît compte qu’il ne valait pas le sacrifice du reste. Peut-être que tout ceci n’était qu’une question d’égo et peut-être que cette rupture ne pourrait être autre que définitive, parce que je ne pouvais concevoir que ma femme me trompât avec un membre de ma famille. Je ne pourrais sans doute pas plus le concevoir demain. Peut-être lui avais-je menti lorsque je lui avais susurré pouvoir me contenter d’une relation sans enfant. C’était peut-être même le nœud du problème. Ce que je désirais sans doute, au fond, était un foyer stable au sein duquel nos enfants pourraient évoluer et s’épanouir sans craintes. Et à y penser, à l’aube du crépuscule de notre relation, ce n’était sans doute pas ce qu’elle voulait, elle, parce que ce projet demanderait forcément le sacrifice d’une partie des ambitions de l’un ou de l’autre. Je ne voulais pas la museler, l’enfermer dans un rôle qui ne lui conviendrait pas. Je l’aimais trop pour ça. Je l’aimais trop pour ça, mais pas assez pour abandonner mes rêves politiques à son profit. Le Sorcier aurait voulu qu'elle se sacrifiât et l'aurait poussée à le faire. Le Magicien se rendait simplement à l'évidence et faisait amèrement le constat d'un problème qui ne pourrait probablement jamais être résolu. Freyja n'était pas faite pour être mère au foyer, tout comme je n'étais pas fait pour être père au foyer. Ensemble, aucune cellule familiale stable ne serait possible. Dans ces conditions, mon rêve de famille nombreuse et épanouie n'était qu'une chimère douloureuse.

La magie du sort finit par faiblir et par m’éjecter de sa demeure. Au sein de la campagne magicienne, il faisait nuit noire.

1259 mots
Fin
Lâche un jour, lâche toujours [Quête] - Et le jour se transforma en crépuscule | Laëth 943930617
Il reste une musique et on aura fini l'album de mariage !

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Priam et Laëth
Ven 23 Sep 2022, 21:25




Et le jour se transforma en crépuscule

En duo | Kaahl & Freyja



Le baiser la transporta vers des sensations aussi plaisantes que douloureuses. Elle l’embrassa avec tout l’amour qu’elle était capable d’y mettre. Ça ne suffirait pas pour qu’il revînt sur sa décision, elle le savait, mais elle espérait… Elle espérait. Qu’il l’aimât encore dans mille ans, qu’il la prît à nouveau dans ses bras un jour, qu’il l’embrassât encore et encore, qu’il lui fît l’amour sans jamais s’en lasser. Qu’il ne l’oubliât pas. Dans cet échange, elle engageait tout son être. Elle aurait préféré disparaître entre ses bras plutôt que de devoir le laisser partir. Il reviendrait, il le fallait. Il l’avait juré. Il ne pouvait plus s’en aller définitivement ; il s’était privé de ce droit à l’instant où il avait formulé son serment. Alors, elle voulait croire qu’il scellait sur ses lèvres mille promesses et autant d’espoirs. Parce que s’il la laissait seule pour toujours, s’il abandonnait son cœur brisé gisant sur le sol de leurs derniers instants, il n’y aurait plus rien. Elle ne serait qu’une ombre errante dont la vie s’éloignerait lentement ; une machine sans âme et sans amour, une exécutante esseulée. Éprouverait-elle une autre envie que celle de se laisser dépérir ? Non. Il ne voulait pas l’entendre, mais c’était ainsi qu’elle l’aimait : d’une façon résolument absolue, qui liait son palpitant au sien pour son entière existence. Sans lui, elle péricliterait. C’était dans l’ordre naturel des choses, à l’image du cycle des saisons, du vent qui fait frémir les blés, de l’oiseau qui chante au petit matin. Plus le temps passait, plus elle comprenait qu’elle serait capable de tout lui pardonner. Même si elle criait, même si elle tempêtait, elle l’aimait trop pour le repousser éternellement. Elle avait besoin de pouvoir écouter les battements de son cœur protégé par sa cage thoracique. C’était là que son propre palpitant trouvait l’écho de son souffle de vie.

Lorsqu’il se détacha d’elle, l’Ange laissa glisser ses mains sur ses côtes, ses hanches, puis le vide. Un vertige la saisit. Elle eut peur qu’il disparût. Ses doigts trouvèrent naturellement le chemin des siens. Elle aurait voulu pouvoir garder sa paume contre la sienne longtemps après la nuit. Elle aurait voulu qu’il lui fît explorer ce rêve qui devrait la hanter pour le restant de ses jours ; pourtant, à l’instant où il commença à parler, elle sut qu’il ne le ferait pas. Ses yeux verts s’arrimèrent aux siens. Il ne lui accorderait pas ça non plus. Une fleur de colère germa dans sa tristesse. Même une chimère, c’était trop demander. Elle le détestait de lui faire tant de mal, elle honnissait sa lâcheté ; et néanmoins, elle ne pouvait s’empêcher de mettre son comportement sur le compte de sa douleur et, subséquemment, de son amour. Pour lui aussi, il était trop difficile de se dire adieu. Il reviendrait. Elle en éprouvait la certitude parce que quand elle se précipitait sur ses sentiments, il se jetait sur sa raison ; pourtant, dans ce genre de cas, c’était inutile. Freyja avait un coup d’avance sur lui, parce que la rationalité finissait immanquablement par faire machine arrière. Ses ressentis le rattraperaient, et il reviendrait. Il ne pourrait pas faire autrement. Il n’était pas moins humain qu’elle. Il parlait au passé, mais un jour, il se projetterait à nouveau. Il le fallait, parce qu’elle ne serait pas en mesure de supporter une alternative. Parviendrait-il à créer un futur avec une autre qu’elle ? Aurait-il envie de s’établir avec une autre femme ? Cette idée était une hache qui fendait sa poitrine. Au fond d’elle, elle était certaine qu’il en était capable, au moins pour faire semblant de l’oublier. Tout dans son discours, déjà, avait une saveur d’adieu. La jeune femme ferma les yeux et pressa doucement sa main dans la sienne. Elle se rapprocha de lui pour poser sa tête sur son épaule. Elle inspira l’odeur nichée dans son cou. C’était un rêve, mais c’était déjà comme dans ses souvenirs. « Tu devrais rêver un peu plus. La vie est plus belle quand on a quelques rêves. » murmura-t-elle. Plus terrible, aussi, quand on ne pouvait pas les atteindre. Mais tellement plus merveilleuse et enivrante. Elle avait rêvé mille fois sa vie avec lui. Elle n’avait pas besoin de la vivre à nouveau. Elle avait besoin de savoir que lui aussi, il abandonnait quelque chose de sublime – parce que ce sublime aurait pu l’aider à surmonter momentanément le tragique de sa vie sans lui. Il aurait été son ancre, jetée dans son océan de chagrin.

L’Aile d’Acier releva la tête et le regarda, son souffle suspendu. Ce serait toujours douloureux. Elle ne l’oublierait jamais. Il ne pouvait pas prétendre qu’ils sauraient passer à autre chose. Elle n’y croyait pas et, surtout, ne voulait pas y croire. Cependant, ce furent des mots bien plus surprenants qui s’échappèrent d’entre ses lèvres, des mots plus doux et plus cruels à la fois. Un semblant d’ancre pour l’épave égarée au fond de son cœur ; une condamnation pour tous les espoirs qui guettaient à l’orée de son âme. Sans le quitter des yeux, elle acquiesça doucement. Son palpitant comprimé se défroissa délicatement, et pulsa faiblement. Le temps guérissait tout. Ils étaient faits l’un pour l’autre et ils se retrouveraient. Freyja déposa son autre main sur sa joue et la fit glisser tendrement vers ses cheveux. Elle haussa les épaules. Les vies qu’elle avait rêvées n’avaient plus grande importance, s’il n’était plus là. « Je veux juste que tu me reviennes. » eut-elle le temps de répondre, avant que ses mains ne se retrouvassent suspendues dans le vide. Un froid glacial l’étreignit. Il n’y avait plus qu’elle, et cet interminable enchevêtrement de roses blanches dont les tiges se balançaient nonchalamment au gré d’une brise inexistante. L’Ange serra les dents et baissa la tête. Son cœur se recroquevilla sur toutes les lames qu’il venait d’y enfoncer, et des larmes roulèrent sur ses joues. Elle essaya de faire appel à sa conscience pour se réveiller, pour s’accrocher à sa présence dans la réalité, mais son environnement s’apparentait à une cage de verre. Elle pouvait deviner l’onirisme et ce qui s’étendait au-delà, dans le monde éveillé, sans être capable d’en sortir. Une magie plus puissante qu’elle-même la retenait, et elle savait que c’était la sienne. Qu’y avait-il de surprenant ? Il n’avait jamais eu le courage de la regarder pleurer. Elle inspira. Tout s’estompa, et le néant l’enveloppa.

Lorsqu’elle se réveilla enfin, elle constata que le sort du livre et la lâcheté de l’homme lui avaient arraché son amour. Ses bras entouraient seulement le vide. Un nœud étrangla sa gorge, et elle se replia sur elle-même, dans une étreinte froide et douloureuse. Alors que le rêve avait fini par les sécher, ses larmes affluèrent de nouveau. Son palpitant s’ouvrit en un gouffre de détresse, et dans celui-ci plongea tout son bonheur. À mesure que la conversation de la veille la hantait, la vie perdait tant sa saveur que sa substance. Le néant galopait jusque-là, dans la réalité. Freyja serra ses poings autour de la couette. Après lui, il n’y avait plus rien.

Fin nastae



Message VI – 1024 mots

Album terminé ! Et Laëth terminée aussi, elle a plus qu'à se laisser mourir dans un coin /sbaf




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