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 [Quête] - Les travaux d'écolier

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 753
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Jeu 26 Mai 2022, 23:54

Intrigue/Objectif : Les travaux d'écolier sont des épreuves pour le caractère et non point pout l'intelligence. Que ce soit orthographe, version ou calcul, il s'agit d'apprendre à vouloir. - citation de Alain (j'aurai pas pu faire meilleure description de l'objectif alors voilà xD)



par inconnu
Les travaux d'écoliers

C'est les yeux pétillants de hâte que Jämiel trépignait sur sa chaise tandis qu'Ailill lui passait le peigne dans les cheveux avec sa délicatesse propre : un mélange de tendresse et de sévérité. Ça chatouillait quand elle le faisait glisser sur sa nuque et régulièrement un rire essayait de lui échapper, retenu de ses mains s'agrippant à son pantalon alors que se dessinait un large sourire sur les lèvres du jeune Arcesi. C'est le claquement du peigne sur la coiffeuse qui mit définitivement un terme à cette effusion. Déjà fini ? Le bras de sa mère passa par-dessus son épaule pour tendre un miroir à main devant le visage du garçonnet. « N'est-il pas splendide ce garçon. » murmura-t-elle comme Jämiel se dévisageait dans le verre poli pour ensuite donner un sourire éclatant de naïveté à sa mère en se tournant vers elle. Elle lui répondit en écho d'un sourire pourtant plus mystérieux. Bienveillant, c'était certain. Mais quelque chose d'autre se cachait derrière. Jämiel n'aurait jamais su dire quoi. Pas à son âge. « Allons-y. Il ne faut pas que tu sois en retard pour ton premier jour. ». Il n'y avait pas discussion à ça. Elle ne tolèrerait pas que l'un de ses fils loupe ne serait-ce que vingt minutes de leurs études.

Jämiel se tenait debout devant le reste de la classe. Ailill, après l'avoir accompagné jusqu'à l'école, l'avait abandonné là, au milieu de ces enfants qui lui étaient tous inconnus, sous la surveillance de cet adulte qu'il ne connaissait pas plus. Et il était mal à l'aise. Il resta ainsi de longues secondes muet, se dandinant d'un pied sur l'autre, tirant sur son haut et alternant son regard du sol aux autres enfants et des autres enfants au sol. « Eh bien, tu ne veux pas te présenter ? ». Le petit Arcesi jeta une œillade timide sur l'homme à ses côtés, puis prit une longue bouffée d'air. « Je m'appelle Jämiel. » commença-t-il avec un manque d'assurance flagrant. L'instituteur se tourna alors vers les autres enfants, un index levé. Tous répondirent dans un chœur loin d'être parfait. « Bonjour Jämiel. ». Le rose monta aux joues de l'intéressé. Jamais encore on ne lui avait prêté tant d'attention. « Jämiel comment ? » interrogea ensuite le professeur. « Jämiel Arcesi-Déléis. » répondit un peu plus sûrement le jeune Sarethi. « Ah mais je crois que nous avons un autre Déléis dans la classe. ». Intrigué, Jämiel se tourna vers l'instituteur avant suivre son regard. « Tu veux bien te lever et venir je te prie ? ». Après quelques secondes, un autre garçon se dressa au milieu du groupe. Sa présence attisa la curiosité de Jämiel. Parce qu'il faisait parti de sa famille, certes, mais également à cause de son physique atypique. Sa peau était d'une pâleur telle qu'il n'en avait jamais vu, même chez les Alfars à la peau blanche, et ses cheveux plus clairs que la Lune. Deux braises incandescente brillaient dans ses prunelles dans un mélange de naïveté et de doute. Le professeur l'invita d'un geste de la main et c'est avec plus de motivation que le Déléis les rejoint, lui et Jämiel. « Tu peux retourner t'asseoir. » glissa l'adulte à Jämiel. Pourtant il attendit que son cousin le rejoigne avant effectuer un mouvement en ce sens. Heureux de découvrir quelqu'un de moins inconnu que les autres — bien que ce n'était que la première fois qu'il le voyait — il lui adressa un sourire auquel jamais on ne lui répondit. C'est donc légèrement perturbé et attristé qu'il retrouva le reste du groupe pour découvrir l'identité de son cousin.



Il avait quatre ans à cette période. Pourtant, au milieu des enfants et de l'attitude avenante des professeurs, et malgré l'insistance que mettaient ces derniers à ce que chacun fasse de la politesse un automatisme, jamais il n'entendit prononcer le mot de "camarade" et encore moins celui d'"ami" à l'école. Ce n'était que "les autres". Au mieux, "le groupe".



Un jour l'instituteur était arrivé avec une large caisse de bois. Tous furent pris de curiosité vis-à-vis de l'objet. Ça se voyait que ce n'était pas qu'une simple malle. Ou plutôt, ça se sentait. « Y a quoi dans la boîte ? ». Tous tournèrent le visage vers Lorccán qui s'était exprimé. « Monsieur. » fut la seule réponse qui lui parvint, sèche et sévère, comme l'expression qu'affichait le professeur. Le garçon se replia sur lui et détourna son regard de braise comme il se reprit. « Monsieur... C'est quoi dans la boîte ? » - « Un orchestre complet. » expliqua enfin le professeur avec une aménité contrastant totalement avec sa précédente réaction. Depuis le temps cependant, les enfants s'étaient fait à ce genre de contraste. Jämiel le subissait déjà avant avec sa mère, et ce devait être le cas de la majorité des Alfars présent. Ainsi tous portèrent leur attention sur la malle, curieux. Le professeur l'ouvrit d'un geste théâtral et les plus proches ne mirent pas longtemps à se pencher dessus pour en observer le contenu. Il ne découvrirent qu'un immense trou obscur. Un vide vertigineux égal à ce que la vision de l'intérieur d'un puit offrait. Aussi tous reculèrent vivement comme si cette simple vue allait les aspirer pour les entraîner dans des ténèbres desquelles jamais ils ne ressortiraient. « Est-ce que quelqu'un sait jouer d'un instrument ? ». Le regard du professeur passa sur toutes les têtes en éveil. Il n'obtint aucune réponse mais ne s'en étonna pas. Ils étaient encore jeune. Personne n'aurait cru celui où celle qui se serait osé à assurer que oui. Finalement il reformula sa question. « Quelqu'un apprend à jouer d'un instrument ? ». Comme un envol d'oiseaux enchaînés, toute les mains se dressèrent presqu'en même temps pour se figer au dessus des têtes. Exceptée une seule. Une fillette en arrière du groupe regardait ahurie et angoissée tout le monde. Était-elle la seule dans sa situation ? C'était la question qui venait tambouriner sa tête et qui se lisait dans son regard. Une fois de plus le professeur ne fut pas étonné de la réponse, quoi qu'il s'attendait à ce qu'au moins un autre avoue son ignorance en cet art. D'autant qu'il était certain qu'ils devaient être encore quatre ou cinq à être encore vierge de tout apprentissage musical. En cela, il était ravi de la répartie que lui offrirent ces menteurs. Quant à la solitaire... Il la fixa un instant avec sévérité, sans dire mot, avant se détourner d'elle purement et interroger chacun sur l'instrument de musique que leurs parents leur avait mit entre les mains. Souvent ceux dont eux-mêmes étaient maître généralement. Il découvrit ainsi les menteurs de par leur temps de réponse, la façon dont il la lui donnait, et les expressions accompagnant. En même temps que les jeunes Sarethi se volaient la parole pour déblatérer sur leur vie d'apprentis artistes, l'instituteur songea qu'il s'agissait là d'une bonne occasion pour leur offrir une autre leçon en parallèle. Ainsi, les menteurs furent les premiers à pouvoir s'accaparer de l'instrument de leur choix parmi tout ceux que contenaient la malle. Suivirent les autres. C'est là que Jämiel tomba pour la première fois sur un violon. Il avait d'abord prit ça comme une guitare miniature, jouant de ses doigts avec les cordes, avant se faire corriger par le professeur qui lui montra son réel usage. Les yeux brillants, le garçon s'essaya à faire de même. Il ne put dégager que quelques notes totalement disharmonique, le faisant grimacer par la même. Pourtant il avait encore en tête celles que le professeur avait su émettre. C'était si différent du piano de sa mère ou de la flûte harmonique de son père. Son œil croisa celui de la fillette solitaire. Détachée du groupe, à croupie et triste, elle attendait encore à ce que le professeur l'autorise à se trouver un instrument et voyait ceux qui lui faisait de l'œil lui échapper dans les mains des autres.



Le soutien et l'aide au prochain était loin des préoccupations principales de leur apprentissage. Et, dans de telles situations, celui que l'on aidait devait toujours quelque chose à l'autre. Un échange matériel ou de connaissance. Plus simplement un soutien en retour quand l'autre en aurait besoin également. C'est ainsi qu'au fil des jours chacun des élèves se mettait à songer vouloir avancer en toute autonomie. Sans l'aide de personne.



Jämiel leva haut la main pour attirer l'attention de la professeure. Il s'écoula quelques secondes avant qu'elle ne daigne lui donner la parole. Alors il se leva de sa chaise afin de faire entendre sa voix de tous plus aisément. « Même les Tedalen ils ne peuvent pas le voir le Girara ? » - « Seule l'Amarante le peut. Il s'agit d'un don de la Grande Déesse et en cela seule son Élue, notre reine, en a le pouvoir. ». Quoi que l'enseignante lui offrit une réponse claire, Jämiel ne se rassit pas, le regard plongé dans ses réflexions. « Avez-vous quelque chose à ajouter, monsieur Arcesi ? ». Le concerné releva les yeux, hésitant à dévoiler le fond de sa pensée. « Comment on sait alors s'il est réel si personne ne peut le voir ? ». Ça lui faisait penser à une histoire qu'il avait lu une fois, celle de deux voyageurs se montrant à leur Empereur et lui promettant lui confectionner un vêtement unique. L'habit était fait d'une étoffe si délicate et avec une technique telle qu'il en était invisible aux yeux des idiots et des incompétents. La vérité étant qu'il n'y avait simplement pas de vêtements. Lorsque la tenue fut "terminée", ils la dévoilèrent au roi et à sa cour. Personne ne voyait l'habit. Mais personne ne voulait paraître ni idiot, ni incompétents et tous se turent, saluant plutôt le travail. Une procession fut organisée et tout le royaume convié. À nouveau, personne ne voyait la tenue que le souverain devait porter, mais tous l'acclamèrent. Il aura fallu l'intervention d'un enfant criant que le roi était nu pour que tous remettent en question ce qu'ils voyaient — ou plutôt ne voyaient pas. Dans la situation de l'Amarante, c'était elle qui aurait créée le vêtement invisible. Le Girara, que tous acceptèrent alors même que jamais ils ne virent son éclat. Sa question jeta cependant un froid dans la salle. Il était pourtant évident qu'il n'était pas le premier à y penser. Ceux-là ne finissaient jamais bien cependant. Il avait l'avantage d'être encore jeune et inconscient des réalités pour ne pas finir entre les racines du Tawaradan, ce qui ne lui valu qu'une vive réprimande de l'enseignante. Ç'aurait pu être pire. « Vous n'oseriez pas remettre en question l'autorité de votre reine, et plus encore celle de votre Déesse ? ». Elle n'avait pas un moment levé la voix. Toutefois Jämiel avait eu le sentiment qu'un serpent s'était échappé du souffle de ses mots pour l'enserrer et l'étouffer. Et son regard... Terrifiant. « N... Non, bien sûr. C'était une réflexion idiote, oui. Pardon. ». L'Arcesi cru entendre quelques pouffement dans la pièce à sa réplique, ainsi fronça-t-il les sourcils, agacé, comme il se rassit peu satisfait de n'avoir obtenu de réelles réponses. Seulement des menaces voilées. « Vous feriez mieux d'apprendre à tenir votre langue quand il le faut, Monsieur Arcesi-Déléis. » conclu la Nerethi, sifflante. Les iris du jeune Alfar remontèrent le visage de l'enseignante et tombèrent sur un pendentif accroché à une boucle à son oreille. Une fine pierre translucide habillait l'argent du bijou. Il choisit ainsi de l'écouter, et simplement se taire, pour tout, tout le temps. Du moins jusqu'à ce qu'il soit en capacité de répondre et parler en souffrant moins de pressions supérieures.



Tous comprirent tard que s'isoler les retardait plus que ne les aidait. Les concessions naquirent. Les échanges aussi. Et les secrets avec.
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Jämiel Arcesi
Ven 16 Déc 2022, 16:29

Twilight sleep par N Kayurova
Les travaux d'écoliers

Le regard dans le vague, Jämiel n'arrivait pas à effacer de sa mémoire les derniers mots et gestes de sa mère, qu'ils fussent à l'intention de son frère ou de lui-même. Il était vexé et n'arrivait pas à le cacher. Il trouvait ça injuste. Parce qu'il était l'aîné, Alastar avait le droit à plus d'attention que lui ? Ridicule. Il n'arrivait pas à se dire que ce fut là la seule raison. De toute façon, quelle qu'elle soit, il ne laisserait pas les choses aller dans cet ordre. Il se jura alors de tout faire pour recevoir la même attention à laquelle Alastar avait eu droit. Non. Plus que ça. Il échangerait leurs places. Lui serait celui qui obtiendrait toute l'attention de ses parents. Alastar sera celui qui passerait au second plan. Ce fut donc en silence et plein d'une nouvelle détermina que le Sarethi prit la direction d'Isil-Gadien. Au milieu du chemin il marqua un arrêt, son regard se dirigeant vers les hauteurs de Tawaradan et les Hauts Plateaux qu'il supportait. Ils lui semblaient si lointains et inatteignables. Il avait cependant longuement réfléchi à force de passer dessous, et il lui paraissait inenvisageable de ne faire qu'en rêver et ne rien faire pour passer ne serait-ce que le premier palier. Il ne voulait pas passer sa vie à être toisé par le monde. Il ne voulait pas passer son temps à courber l'échine dès lors qu'il devait croiser un Alfar plus richement vêtu. Il ne voulait pas ne faire que baisser les yeux pour ne pas avoir l'autorité de s'affirmer. Lui aussi existait, et il le montrerait. Lui aussi avait les capacités, et si non il saurait les avoir. Les yeux brillants et un sourire résolu, il reprit la route avec assurance, quoi qu'il ignorât encore véritablement dans quel univers il allait pénétrer aujourd'hui. À quel point nombre de ces Alfars, pourtant encore jeune, fantasmaient comme lui la haute société. Jusqu'à récemment il n'avait jamais réellement songé à l'avenir, sinon réaliser ce que ses parents n'avaient su faire ; ce qu'il voulait être et avoir ; ce qu'il chercherait à obtenir quitte à s'en emparer de force ; les difficultés qu'il allait rencontrer pour ses entreprises. Alastar avait été le seul Alfar avec qui il s'était mis en réelle concurrence pour l'instant. Malgré cela, il n'était pas assez niais pour ne pas se douter que, dès l'instant où il poserait un pied dans l'édifice, l'ensemble de Mornhîngardh deviendrait un adversaire. Un mur à enfoncer ou à contourner pour avancer. Les places étaient trop rares dans les plateaux supérieurs en comparaison à la population locale.



Il avait alors onze ans. Chez les Ygdraë il aurait passé ces prochaines années avec des amis à rire et rêvasser, et à causer mille tracas débiles aux parents trop anxieux. Chez les Démons il serait probablement à chercher le conflit pour s'affirmer en être dominant au sein de cette population barbare. Chez les Humains... Non. Ça, ce n'était pas envisageable en fait. Mais ici, dans la Majestueuse, il passerait son adolescence dans les livres à nourrir son cerveau de tout ce qui serait utile, qu'il s'agisse de savoir comme d'expérience acquise auprès des autres. Il subirait encore et encore des défaites constantes desquelles il n'aurait d'autre choix que se relever et réessayer.



Face à l'établissement, il marqua un arrêt, prenant un peu plus le temps de détailler la façade. L'école ne lui était pas méconnue. Il avait déjà eu l'occasion de passer devant. Cependant, et jusqu'à maintenant, il ne s'était jamais attardé plus une cela sur l'architecture de la bâtisse. Un rictus se posa sur ses lèvres. C'était ici qu'il allait passer les trois prochaines années. Il était prêt. « C'est ta première année ici ? ». L'attention du Sarethi se posa sur la voix qui semblait l'interpeller. À peine moins grande que lui, l'adolescente était assise à l'écart. « Qu'est-ce qui te fait dire ça ? » - « Ton attitude. Regarde les autres. » l'invita-t-elle à agir en indiquant la foule du regard. Ce qu'il fit. Une majorité grimpait les marches de l'école sans s'attarder devant l'école, certains échangeant déjà avec d'autres élèves. Puis il y avait les autres. Dans leurs expressions et la façon dont ils se tenaient, on devinait la découverte d'une nouveauté attendue. Ce constat fait, Jämiel posa à nouveau son regard sur l'Alfar dont l'œil pétillant allait d'un individu à un autre, un sourire voilé aux lèvres. Elle n'avait rien d'une Alfar. Physiquement en tout cas. Sans parler de sa peau blanche et ses oreilles rondes, l'innocence dessinait ses traits. Il n'en avait encore jamais vu, mais il était certain qu'elle pourrait se fondre aisément dans la masse des Magiciens de ce qu'il avait entendu d'eux. « Je m'appelle Abigaëlle Noldrasi. » reprit-elle en portant à nouveau son attention sur l'Arcesi. « Noldrasi ? ». Il était surpris. Cette famille ne faisait-elle pas partie des grands noms de la race ? Que faisait-elle à Mornhîngardh ? Elle devina le questionnement de son vis-à-vis à l'expression qu'il afficha. « Ça n'a guère d'importance. » déclara-t-elle dans une moue irritée. « À qui ai-je à faire ? » reprit-elle en tendant une main à Jämiel, détournant par la même le sujet concernant sa situation. « Jämiel Arcesi-Déléis. » répondit-il en refermant sa main sur celle de la Sarethi. « Oh ! Tu es un Arcesi ? Remarque, ce n'est pas si étonnant de croiser l'un des tiens. Il paraît que vous êtes plutôt important chez vous. » commenta-t-elle, un index sur le menton en pleine réflexion. La remarque eut pourtant plus pour effet de crisper l'intéressé qu'autre chose. Le sens d'important n'était pas le même dans ses réflexions à lui et dans son constat à elle, c'était évident. « C'est le cas des Déléis, oui. » rectifia-t-il un peu trop sèchement, ce qui eut pour effet de faire rire sa vis-à-vis. « On y va ? Ça ferait mauvais genre d'être en retard dès le premier jour. ». On ? Il ne s'attarda pas plus sur l'utilisation du déterminant. Elle n'avait pas vraiment tort.



Ce n'était que le premier jour. Déjà pourtant tous comprirent en rentrant chez eux qu'ils devraient rapidement adapter leur mentalité. L'attitude de leurs professeurs était si sévère. Les leçons tellement plus complexes. Mais, surtout, avaient-ils vu les regards pleins de jugements de leurs aînés. Ils n'étaient pas les bienvenus. Et ils n'allaient pas tarder à en faire les frais. Les leçons n'auraient pas seulement cours avec les professeurs. Les autres élèves également leur apprendraient ce qu'il en est à déjà se montrer trop entreprenant.



Abigaëlle resta longtemps à fixer l'Arcesi, quelques tables plus loin. Il y avait une forme d'amertume dans les traits de son visage. D'abord il disparaissait comme ça pour revenir quelques jours plus tard tout pimpant — ou presque, mais ça n'était qu'un détail qu'elle préférait omettre — comme si rien n'était. Tout ça pour dire qu'il s'était trouvé à peu de choses de ramener une relique surpuissante lors d'une escapade sur une île inconnue et brûlée par les flammes de la guerre. Ça sentait le mensonge à plein nez, pourtant il avait l'air sincère. Elle savait que ça ne voulait rien dire ici cependant, mais les meilleurs menteurs n'appartenaient pas à Mornhîngardh. Encore moins lorsqu'ils étaient encore étudiants et qu'ils faisaient partie d'une famille de seconde zone. Il y avait cependant plus encore que cette histoire ridicule et redite d'une guerre millénaire opposant Anges et Démons. Une affaire qui mettait à rude épreuve l'orgueil de son sang et nourrissait son envie. Comment lui, un Sarethi de second cycle, un Arcesi-Déléis en plus, une famille qui n'a de particulier que le nombre, un individu de sa trempe, avait pu, tout d'abord, être désigné par Isemli pour représenter leur peuple à la Coupe des Nations et, deuxièmement, réussir à se retrouver avec une Orine à ses côtés. Tout comme les menteurs, les Orines n'avaient pas lieu d'être ici-bas. Il était courant d'en croiser sur les plus hauts plateaux. Ici, elles n'étaient généralement que de passage.  L'horloge sonna et le cours prit fin. Alors elle se redressa vivement, se saisit de ses affaires, et commença à s'éloigner. « Si je te pose problème, n'hésite pas à me le dire plutôt que passer ton temps à me jeter des regards noirs comme tu le fais depuis plusieurs jours. ». Elle marqua un temps d'arrêt à la remarque de Jämiel qui l'avait rattrapé, le toisant un instant avant continuer sa route. « Des regards noirs ? Tu te fais des idées. Ce sont les mêmes regards que tout le monde ici te porte depuis que tu es Aisuru. ». Ça, il l'avait remarqué oui qu'il était moins invisible depuis peu et, de façon amusante, l'arrivée de Suzume avait eu plus d'impact que sa deuxième place chez les Ygdraë. « Je les vois ces regards, et je t'assure qu'ils sont noirs. » répliqua Jämiel. Sa vis-à-vis s'arrêta alors brusquement, passablement agacée de la présence et des mots de l'Arcesi. « Tu veux des excuses ? Très bien. Veuillez m'excuser pour– » - « Sois pas bête, je me moque de tes excuses. » s'agaça à son tour Jämiel en coupant la rousse dans son élan désinvolte, avant lui faire signe d'avancer. « Tu peux penser ce que tu veux. Mais c'est idiot ta réaction vis-à-vis de moi. » - « Ah ! Évidemment, quelle idiote je suis. J'aurai dû te féliciter en effet, tu as raison. » répliqua-t-elle dans un éclat cynique et une attitude théâtrale. Jämiel fit claquer sa langue contre son palais. Si seulement elle arrêtait de voir que jusqu'au bout de son nez. « Tu sais quoi ? Laisse tomber. Continue à t'énerver comme tu le fais puisque c'est ce que tu préfères. » conclut-il la conversation avant s'éloigner d'un pas rapide, laissant la Sarethi seule, au milieu du couloir, alors qu'elle aurait justement pu profiter de ses dernières expériences pour un savoir qui n'avait pas encore atteint les bibliothèques de Mornînghard, ou des théories bien plus détaillées que ce qu'offraient les livres.



Les hauts et les bas rythment la vie de tout être, y compris des plus jeunes à Drosera. Leur âme d'enfant désormais loin derrière, l'innocence n'a plus sa place dès lors que l'orgueil et la jalousie s'enracinent dans les cœurs, et survivre dans un monde instable implique que rien n'est immuable. Alors celui attisant l'envie peut rapidement voir à son tour son outrecuidance mise à l'épreuve.



Un long soupir retentit dans la bibliothèque. Entre deux épaisses piles de livres, Jämiel se laissa tomber sur l'ouvrage ouvert devant lui, le visage enfoui dans le creux de ses bras. Il ne comprenait pas. Chaque fois qu'il croyait avoir une piste, il se retrouvait face à une impasse. Un jour il avait trouvé un mot dans un livre. Quelque chose qu'il était persuadé jusqu'alors n'être qu'histoire et fantaisie. Le Jæni. Y était associé un concept qui lui avait donné espoir. Des êtres manipulateurs des rêves. Il s'était alors plongé dans la lecture de tous les ouvrages en parlant. Rien de concret ne s'y trouvait cependant. Rien qui puisse expliquer le sommeil de Suzume tout du moins. « Tu es mort ? ». L'Arcesi leva le visage pour constater la présence d'Abigaëlle face à lui, une moue contrite se dessina sur son visage. « Dommage. Ça aurait fait un Morchant en Hel'dra en moins. » ajouta-t-elle alors avec nonchalance en se saisissant de l'ouvrage au sommet de l'une des tours. « Continues de travailler ton sens de l'humour, il va te mener loin. » ironisa Jämiel en se redressant. « Encore en train de chercher comment réveiller Bellone ? » changea-t-elle de sujet en feuilletant le livre dont elle s'était emparée. « Je ne vois pas pourquoi tu t'acharnes à ce point. Tu crois vraiment que toi, étudiant de deuxième cycle sans la moindre connaissance en médecine quelle qu'elle soit, tu vas trouver la solution à une question à laquelle des spécialistes en la matière n'ont su répondre ? » - « Qui ne tentes rien n'a rien. » rétorqua-t-il, bougon. « Elle a été négligente, tu n'y peux rien. » répliqua la rousse en délaissant l'encyclopédie. « Négligente ? ». Les sourcils froncés, Jämiel avait répété ces mots dans un sifflement irrité, ce qui ne sembla pourtant pas déstabiliser sa vis-à-vis. « Écoute, je fais ça autant pour moi que pour toi. J'étais contente d'avoir trouvé quelqu'un qui ne s'est pas arrêté à ma simple identité et avec qui j'ai pu me mettre en concurrence. » - « Et ? » - « Pas "et". "Mais". Regarde toi, tu es là comme un fantôme qui cherche à sauver une personne– » - « Une Orine. Mon Orine. » la coupa-t-il. « Oui, ton Orine, si tu préfères. Il n'empêche que ça n'a plus rien de stimulant de se confronter à toi. » - « Je ne t'ai rien demandé. Trouve quelqu'un d'autres si ça te dérange à ce point. » rétorqua Jämiel sans paraître atteint par ce que lui disait la rousse qui soupira, dépitée. « Et tu n'as pas pensé un instant que c'est mieux ainsi ? Qu'elle ne soit plus présente. S'il lui arrive malheur sur Mornînghard et alors même que tu n'es pas encore diplômé, ses chances de survie — les tiennes avec — pour plus tard sont proches du néant si tu veux mon av– » - « Casse-toi. ». La remarque avait fusé comme une flèche, mettant un terme à toute phrase potentielle qu'elle aurait pu ajouter. La bouche entrouverte de surprise, elle détailla Jämiel un instant. C'était bien la première fois qu'elle l'entendait et le voyait ainsi. Le visage crispé de l'Arcesi et son regard la fusillant, elle comprit que ça ne servait à rien d'insister. « Comme tu voudras. » siffla-t-elle en se relevant pour quitter son vis-à-vis. Qu'il reste dans son déni, songea-t-elle. Lorsqu'elle lui fut hors de portée de vue, Jämiel se replongea dans l'obscurité de ses bras. La vérité était que les mots d'Abigaëlle avaient fait mouche. Il avait refusé de raisonner ainsi, lui permettant de conserver l'espoir de tirer Suzume hors de son coma. À présent il se mettait à douter du bien-fondé d'une telle entreprise.
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Jämiel Arcesi
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Jämiel Arcesi
Mer 08 Mar 2023, 23:39

Apparitions par Victor Hugo Harmatiuk
Les travaux d'écoliers

Le regard tourné vers les portes menant à Tinnugardh, un air satisfait dessinait le visage de l'Alfar. Après une inspiration, il reprit sa marche. « Jämiel ! ». L'interpellation le stoppa dans son élan avant même qu'il n'ait pu faire un pas. Alors il fit demi-tour pour accueillir Noírin qui s'arrêta, essoufflée, à ses côtés. « J'ai entendu dire que tu avais passé le concours pour rejoindre Thelas. » fit-elle en se redressant, une fois le souffle retrouvé. « Je suis contente que tu aies réussi. » sourit-elle alors. Elle semblait sincère, pourtant il y avait autre chose de dissimulée derrière ses lèvres étirées. Non, elle n'était pas contente. Pas totalement. Encore une fois il avait avancé trop vite. « Et toi ? ». La question crispa la Déléis. Elle aurait préféré qu'il se désintéressât de sa situation, qu'il se moquât de sa réussite. Elle ne désirait ni entendre cette question, ni y répondre. L'œil insistant de Jämiel la força cependant à cracher ce morceau qui restait bloqué dans sa gorge. Les lèvres pincées et le regard fuyant, elle emprisonna une mèche entre son pouce et son index, alternant d'une main à une autre la caresse nerveuse qu'elle infligeait à ce bout de chevelure. « Je m'en suis moins bien sortie. Je ne vais qu'à Herandhus. » souffla-t-elle. Elle ne reçut qu'un court silence qui lui parut pourtant affreusement long et pesant. « Tu as été prise, c'est le plus important. ». Elle releva les yeux à la réponse offerte, aussi surprise qu'elle fût rassurée. Elle s'était préparée au mépris, et elle avait eu tort, ce qui entraîna la naissance d'un sourire — véritable et complet cette fois — sur son visage. Elle s'approcha alors d'un pas et enlaça les mains de l'Arcesi des siennes. « C'est vrai. Et je travaillerai dix fois plus s'il le faut pour ne pas passer mon temps à m'appuyer sur toi. Pour être à tes côtés et non pas derrière toi. Comme on se l'était dit autrefois. » déclara-t-elle dans un mélange de tendresse et de résolution, son regard ancré dans les ambres de Jämiel. « Nous n'étions que des enfants quand nous nous sommes dit cela. Je suis étonné que tu y croies encore autant, depuis le temps. » fit-il remarquer, amusé qu'elle ressorte de si vieux souvenirs. Elle sourit et se pencha vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. « Oui, j'y crois encore autant. ». Jämiel la détailla quelques instants, songeurs. « Tu m'accompagnes ? » demanda-t-elle alors en tendant le bras à son fiancé, l'invitant à rejoindre le second plateau avec elle où ils s'y séparèrent également. Jämiel devait monter encore un autre palier. « On se revoit bientôt. » déclara Noírin avant qu'ils ne se séparassent.



« C'est donc toi le nouveau venu d'en bas. ». Jämiel posa les yeux sur l'Alfar qui s'était adressée à lui. Postée face à lui, elle le fixait avec un mélange de dégoût et de mépris. De cette attitude, il la devina être originaire de ce Plateau. Au regard de la brune, il n'avait rien à faire ici. « À peine arrivé et déjà connu ? Moi qui avais cru qu'il allait me falloir du temps pour ça. C'est bien plus simple d'avoir une notoriété sur Tinnugardh que ce qu'il se dit. Comme quoi, le Troisième Plateau, c'est surcoté. » répliqua-t-il en se détournant d'elle pour ranger ses affaires. Une main claqua sur le pupitre et, relevant le visage vers la Kahana, le Sarethi put constater un éclat de colère briller dans ses iris. Un rictus glissa à la commissure de ses lèvres. Il y trouvait quelque chose de délicieux à piquer de cette façon, et avec tant d'aisance, l'orgueil de quelqu'un, surtout lorsque la personne en question était d'un rang plus élevé que le sien. « Le Rararyn veut jouer au plus malin alors ? » fit-elle, cynique, en ancrant ses iris dans celles de l'Arcesi. Il ne chercha pas à s'en détacher, cessant par la même de toucher à ses affaires. « Je ne fais que constater. » rebondit-il avec une nonchalance exagérée. « Jämiel Arcesi, voyons, je suis sûre d'avoir déjà entendu ce nom... ». Les doigts de la Sarethi tapotaient rapidement la table en un rythme régulier et effréné, de même que son regard s'échappa en direction de la porte, en proie à la réflexion. Une réflexion qu'il sut fausse au ton qu'elle eût employé. Ainsi attendit-il, avec impatience, qu'elle exprimât le fond de sa pensée. Il supposa qu'elle mentionnerait son échec chez les Ygdraë ou chez les Lyrienns. Mais non. Il n'en fut rien. Ce fut tout autre chose qui fut évoquée. Un sujet sur lequel lui-même peinait à contenir totalement ses sentiments. « Mais si ! Bien sûr ! C'est cet Alfar qui a été abandonné par son Orine ! » s'exclama-t-elle avec un claquement de doigts, un large sourire aux lèvres. Ce fut tout l'être du brun qui se crispa à ces mots auxquels il répondit d'un unique regard noyé de rancœur à son égard . « Je la comprends cela dit. Mornhîngardh c'est bien pour les étrangers, ils ont moins de risque de sortir de Drosera les pieds devant. Mais quand on est voué à y demeurer, dieu que c'est ennuyant. ». La mâchoire serrée, il la laissa déblatérer ainsi, ne réagissant que lorsqu'elle eut fini, son regard planté dans le sien qui se faisait conquérant. « Excuse-moi, c'est quoi ton nom déjà ? ». Elle lui jeta un nouveau regard méprisant. « Sùna Kailen. ». Elle le lui avait craché comme s'il ne méritait pas d'en prendre connaissance. « Ah, oui. Sùna. ». Un silence ponctua ses mots avant qu'il ne reprenne la parole avant elle. « Tu as fini ? Je ne voudrais pas que tu perdes plus de temps à vouloir me vexer ou me rabaisser. ». Il prit une inspiration, un sourire hargneux dessinant ses lèvres. « Parce que j'ai un avantage certain à ce jeu-là. ». Un rire répondit à la réplique de l'Arcesi. « Un avantage ? Je suis curieuse de voir ça. » - « Rappelle-moi où l'on est ? Thelas. Deux Plateaux au-dessus de celui duquel je viens. Et toi ? Ah, oui, pardon, c'est vrai, tu es originaire d'ici. ». Elle redressa le menton, à l'évidence vexée. Alors il expliqua. « L'avantage quand on vient "d'en bas", c'est que l'on tombe de moins haut. » - « Sùna ? Qu'est-ce que tu fais, ça fait dix minutes que je t'attends. ». Les deux Alfars se tournèrent vers la nouvelle présence. « Lyam. Pardonne-moi, j'étais en train de faire connaissance avec le Rararyn. » lui sourit-elle en s'approchant. « Jämiel, permets-moi de te présenter Lyam Belvarrian. Mon fiancé. » fit-elle avec une familiarité accentuée en enlaçant le bras de ce dernier, plantant ses iris mutine dans celles ambrées de l'Arcesi. Belvarrian, bah tient. Au moins il avait une idée du genre de famille à laquelle appartenait cette fille.



Sur un banc de Mornhîngardh, un carnet sur les genoux, crayon en main, et un ouvrage épais à ses côtés, Jämiel prenait vivement des notes du manuel. À ses côtés, Noírin, appuyée contre son épaule, agissait de même. Le temps passant ils avaient retrouvé cette intimité qu'ils partageaient autrefois et qui c'était un temps délité. Pour cela elle n'en disait rien, mais la disparition de Bellone l'enchantait, car elle savait que c'était sa présence nouvelle qui les avait éloignés. Elle s'était rendue à l'évidence : il était compliqué de lutter contre le Lien des Orines, et seule son absence permettait de réellement rivaliser. Certains pourraient la dire possessive. C'était probablement le cas. Elle posa soudainement son livre. « Dis-moi Jämiel. » - « Hum ? ». Lui n'avait pas bougé. « Tu n'as toujours aucune nouvelle de Bellone ? ». La lecture de l'Arcesi cessa, le temps pour lui de détailler sa fiancée et essayer de comprendre d'où lui venait cette question. « Non. » répondit-il sobrement en retournant à ses travaux, sans chercher à mener la conversation plutôt loin. « Je vois. ». Bien qu'elle fût navrée pour lui, elle n'en fût également que plus satisfaite, quoiqu'il ne soit, depuis ce jour, plus tout à fait le même. « Tu la crois sincèrement encore en vie ? » - « Je n'en doute pas une seconde. ». Le ton employé était si assuré que la Déléis ne chercha pas une seconde à débattre plus longuement ce sujet, ponctuant ainsi la réplique d'un silence. L'attention de Jämiel fut pourtant attirée par l'apparition d'un nouvel individu, face à lui. L'air aussi méprisant que l'un des siens, Rachmiel fixait l'Alfar avec un dégoût clairement visible. Quoi encore ? C'est ce qu'aurait souhaité répondre le Sarethi s'il ne serait pas paru comme fou en agissant d'une telle manière. Par chance, y penser suffisait à l'Archonte qui vint s'adosser à l'arbre le plus proche. « Cette fille ne t'apporte rien. Je t'aurais cru assez intelligent pour t'en débarrasser à la première occasion. ». Rien ne sortit ni des lèvres, ni de l'esprit de l'Alfar. Il ne pouvait contester que Rachmiel soit dans l'erreur. C'était vrai. À la condition de ne regarder les choses que d'un point de vue unilatéral ou à court terme, toutefois. « Quel est son nom déjà ? ». À nouveau Jämiel garda le silence. Le ton employé lui faisait de toute façon clairement entendre qu'il possédait déjà la réponse, ce que l'intrus ne tarda pas à confirmer. « Ah, oui. Sùna. ». Jämiel jeta une œillade critique à l'Archonte. Il n'arrivait pas à savoir s'il se moquait ou non. Cette réflexion était, de toute façon, ridicule. Elle était déjà fiancée elle aussi, et à une grande dynastie qui plus est. « Je te croyais plus ambitieux et entreprenant. ». Il n'avait pas élevé la voix, pourtant Jämiel avait pu sentir une colère sourde gronder à ses côtés, tel un orage lointain mais que l'on savait allait s'abattre sous peu. Il referma ainsi son ouvrage et commença à remballer ses affaires sous le regard étonné de Noírin. « Tu pars ? » - « Mère ne cesse de me rabâcher qu'il est plus que temps que je me mette à l'apprentissage d'un second instrument. Ne serait-ce que le piano, étant donné qu'on en possède déjà un. ». C'était une fausse excuse, bien qu'elle ait tout de même une part de vérité. Ailill était intransigeante sur certaines choses, notamment sur ce qui constituait le cœur battant de son Ordre. « Je croyais que le piano ne t'intéressait pas ? » - « Ça ne coûte rien d'être au fait des accords de base quand même. » répliqua-t-il avant la quitter dans un salut rapide. « Le moraharpa. » - « De quoi ? » - « Si tu veux t'entraîner à un nouvel instrument à cordes frottées, tu devrais essayer le moraharpa. La vielle à roue sinon. ». Jämiel la détailla quelques instants. Il n'avait pas songé à ces instruments, mais l'idée pouvait être intéressante, oui. « Je pensais plus partir sur le dulcimer, mais je vais y réfléchir. ». En même temps qu'il tourna les talons, il réceptionna un sourire de sa fiancée, à l'évidence ravit d'avoir été écouté.
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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Jeu 25 Mai 2023, 00:54

Apparitions par Victor Hugo Harmatiuk
Les travaux d'écoliers

« C'est vrai ce qu'il se dit ? » lâcha Sùna. Si les premiers échanges avec Jämiel s'étaient faits agressifs, la Kahana avait fini par être amusée de la hargne du Rararyn et de sa ferme intention à marcher sur les pieds de ceux qui tenteraient de faire de même avec lui, elle inclut. « Quoi donc ? » demanda celui-ci sans lever les yeux du parchemin noirci des nombreuses annotations, schémas et autres notes compréhensibles par sa seule personne. « Ton Orine. C'est vrai qu'elle est revenue ? ». L'Arcesi leva les yeux vers la brune. « Oui. ». Il ne désirait pas s'étendre en explication. Il y avait des choses qu'il valait mieux conserver secret aux yeux des autres. « A-t-on une idée d'où elle se trouvait tout ce temps ? » - « Captive. » - « Captive ? Il y a donc des gens qui n'hésitent pas à s'en prendre aux Orines. Je ne l'aurais jamais cru. » souffla-t-elle. Elles étaient bien trop sacrées pour cela. « Qui était-ce ? » - « On l'ignore. ». Sùna fronça des sourcils. Ces réponses, aussi claires qu'elles étaient évasives, commençaient à l'ennuyer. « Le plus important c'est qu'elle n'ait rien. Celui à l'origine de sa disparition paiera en temps voulu. » commenta Jämiel, quoiqu'il ne soit pas tout à fait certain de savoir par quel moyen il pouvait faire payer quoi que ce soit à ces entités des rêves. D'autant que, non, Bellone n'était pas revenue sans rien. Sauve, elle l'était. Saine, non. Il la voyait. Il entendait des choses. Il écoutait Owen. C'était un problème. Elle n'allait pas bien et elle ne voulait pas en parler. Pour ne pas l'inquiéter, probablement. Elle devrait savoir que c'était vain.

Il n'était pas le seul tourmenté ici pourtant. Sùna se laissait trop facilement distraire depuis quelque temps. Ses pensées étaient trop souvent portées ailleurs. « Et toi, qu'est-ce qu'il se passe ? » - « Comment ça ? » demanda-t-elle, surprise. « Tu n'as jamais été aussi distraite. » précisa-t-il sa pensée, indiquant par la même du menton le parchemin de la Kahana, marqué de seulement quelques mots écrits d'une main que l'on devinait, à en voir la calligraphie, maussade. Alors elle exhala un souffle. « Rien de vraiment important. ». Malgré ses mots, elle subit un regard appuyé de l'Arcesi qui doutait du peu d'importance de l'affaire. Alors elle exhala un soupir. « Je suis censée me marier dans quelques jours mais depuis qu'Ivelan Belvarrian est morte... ». Elle exhala un nouveau souffle ennuyé. Ce fut Jämiel qui conclut la réponse. « Lyam a changé. » - « Il est devenu imbuvable, oui. Il me rend folle. À croire que ses yeux doux ce n'était que du pipeau. » s'emporta-t-elle. « Et ça t'étonne ? » ria Jämiel, quoique étonné de la voir si troublée pour ça. Finalement, derrière ses airs d'indifférence, peut-être l'avait-elle sincèrement aimé. Le jour où elle regardait son fiancé avec envie et douceur semblait particulièrement loin. « Je n'ai plus qu'une hâte. » reprit-elle, faignant ne pas avoir entendu la moquerie de son vis-à-vis. « Que ce mariage se fasse pour qu'il cesse de m'ennuyer une fois pour toutes. ». L'Arcesi fixa un instant sa paire. Qu'il cessât de l'ennuyer ? À quel point souhait-elle cela ? « Les choses ont l'air tellement plus simple lorsqu'elles ont lieu sur les Plateaux inférieurs. » ajouta-t-elle dans un soupir las, accoudée à la table et le menton dans la main. « Il faut dire qu'il n'y a plus que Dannagardh dans lequel on peut tomber lorsque l'on vient de Mornhîngardh. Les contraintes sont moindres. ». Sùna haussa des épaules, peu convaincue par l'argument de l'Arcesi. « Tout ce que l'on peut faire là-bas, c'est monter. Mais la route est longue et chère si l'on désire sortir du Premier Plateau. Dans une telle situation il est évident pour tous que, pour passer cette marche, l'entraide, ne serait-ce que temporaire — comme il considérait le lien qui l'unissait à sa vis-à-vis — , est le moyen le plus efficace pour prendre la place des autres. ». Cette fois ce fut la Kahana qui dévisagea longuement son interlocuteur.

« C'est dommage. » - « Quoi donc ? ». Elle sourit, rieuse. « Que tu ne sois que Rararyn. Je suis sûre qu'on aurait su s'entendre sur suffisamment de choses pour que ces marches dont tu parles paraissent bien moins imposantes. » fit-elle, fixant non sans amusement la réaction de l'Arcesi qui demeura, quelques secondes, muet et décontenancé de ce qu'il venait d'entendre. « Il y a des choses qu'il vaut mieux taire, tu devrais mieux le savoir que moi. » répliqua-t-il en revenant à son parchemin, ennuyé d'une telle remarque trop inattendue pour s'y préparer de quelque façon que ce soit. Qui plus est, il n'était pas certain qu'à long terme une union puisse leur être mutuellement profitable. Son alliance avec la lignée Belvarrian était la preuve de son ambition débordante. Une nouvelle seconde silencieuse s'écoula. Une longue seconde durant laquelle Sùna s'était plongée dans une intense réflexion. « Je peux te demander une faveur ? » - « Ça dépend ? » répliqua Jämiel, méfiant face à la nouvelle attitude de la brune et son comportement qui le menait de surprise en surprise. La Kahana se pencha sur la table. « Lyam vient d'arriver. » - « Et ? ». Elle s'humecta la lèvre, un vif regard déviant sur le côté, avant de s'expliquer. La Sarethi était loin d'être certaine de ce qu'elle faisait, mais c'était le moyen le plus simple et le plus rapide à ses yeux de vérifier certaines choses. « J'ai besoin que tu me fasses une démonstration d'affection. » déclara-t-elle après une inspiration. Un court silence ponctua la revendication. Jämiel cligna les yeux, ébahit et prit de court, fixant avec effarement la brune. « Excuse-moi ? ». S'il s'attendait à quelque chose, ce n'était absolument pas ça. « Ce que tu veux, une caresse, une étreinte, un baiser... » - « Un baiser ? » répéta-t-il, dans le flou. Sa logique lui échappait. « Shhh ! » réagit-elle avec un geste de la main avant de contourner la table pour s'asseoir à côté de l'Arcesi et éviter d'ébruiter leur conversation. « Sache que Lyam est profondément jaloux, ce qui l'amène à un caractère particulièrement possessif. » - « En quoi ça me concerne ? » réagit vivement le Rararyn. Il n'aimait pas la tournure des choses. « Qui plus est, c'est un Belvarrian, une haute lignée. Et je sais que, depuis le temps, il me considère comme acquise. Une des raisons pour lesquelles il ne prend plus vraiment de pincettes avec moi et peut se montrer des plus insupportable. ». Jämiel commençait à comprendre ce qu'elle avait en tête. Ça ne lui plaisait pas. « Je souhaite donc lui faire comprendre que c'est loin d'être le cas, et qu'il n'est pas le centre de mon monde. Que lui montrer que promesse ne rime pas avec exclusivité ». Son idée, quoique bancale, pouvait tenir la route, il fallait l'avouer. Pourtant il ne pouvait que songer qu'il devait bien y avoir d'autres moyens moins incertains pour ça. « Et pourquoi j'accepterais ? Je n'ai pas grand-chose à y gagner. » - « Je n'en suis pas si certaine. ». Cela, elle l'avait affirmé avec aplomb. « Tu comptes t'élever n'est-ce pas ? Alors considère ça comme un défi qui affirmera ta légitimité. S'il le prend mal, je te garantis que ta route sera loin d'être tranquille. Étant donné la réputation des Belvarrian, cela donnera plus de crédit à ta réussite. ». D'un geste de la tête Jämiel approuva ce premier argument. « Ensuite, crois bien que s'il voit qu'un Rararyn empiète sur son terrain, en plus de faire vaciller ses convictions, cela va assurément toucher son égoïsme. ». Jämiel retint difficilement un sourire à la simple visualisation du Belvarrian subissant ce genre d'affront. C'était tentant à essayer, oui. Ça ne suffit cependant pas pour le convaincre, et elle le vit. « Mais surtout je t'en serais redevable. ». Ah. Voilà qui changeait les choses. « Pardon, tu peux répéter s'il-te plaît ? Je ne suis pas certain d'avoir très bien compris. » Elle soupira. « Je t'en serais redevable.» réitéra-t-elle. « Une telle offre, ça mérite réflexion. » fit-il alors en se tournant pleinement vers la brune, le visage en appui sur le poing, accoudé à la table. Il jeta une vive œillade derrière lui. En effet, Lyam était présent. À première vue il semblait concentré sur son parchemin. Un regard un peu plus attentif permettait de discerner une tension certaine dans son corps. Jämiel sourit, amusé.



Les choses étaient faites en grand. Valider ses études avaient des allures de fête. Était-ce la même chose sur tous les Plateaux ? Rien n'était moins sûr. Quoique. Personne n'était dupe et savait que ces festivités inauguraient ce qui serait le plus difficile à présent : s'élever. Et survivre. « Tu es donc capable de quelque chose. C'est rassurant. Je commençais à m'inquiéter de ne pas avoir fait le bon choix. » - « En quoi est-ce si important ? » souffla Jämiel en portant le verre à ses lèvres pour en cacher le mouvement. « Tu n'es pas le seul à être en compétition et j'en ai assez de voir la Sauvage se pavaner comme un mauvais paon. » siffla l'Archonte. La Sauvage. Lálbabhis, s'il se souvenait bien. Rachmiel avait déjà évoqué son nom sans nommer la personne que celle-ci suivait. Il n'avait jamais voulu lâcher un seul nom, hormis celui de ses pairs. L'Arcesi avait rapidement deviné que l'objectif était qu'il les découvre seul. Le fait étant qu'il devinât certains être des personnalités influentes. Pourquoi Rachmiel n'avait-il pas fait de même fut la question que Jämiel lui posât alors. « Ce sont des faibles ceux qui ont désigné des personnes déjà ancrées dans la politique. Des Archontes qui n'ont aucun sens du jeu — un comble pour des créations d'Isemli — ni aucune fierté. ». lui avait-il répondu. L'Arcesi comprenait totalement ces mots car lui-même ressentait cela vis-à-vis des privilégiés de sa race. Quelle fierté retirer quand il n'y avait qu'à s'asseoir et attendre pour atteindre l'objectif et, de ce fait, la victoire. Rachmiel, lui, voulait voir la fierté brûler dans le corps de son poulain à chaque réussite. Il voulait assister à l'effondrement de ceux qui se feraient renverser par son pion. L'acharnement que lui et ses opposants mettraient à se confronter et sortir victorieux. « Tu es encore là, Rararyn. ». Jämiel tourna le visage vers Lyam, la langue claquant sur son palais en devinant déjà la suite du dialogue. Ce ne serait pas la première fois qu'il lui tiendrait tête ainsi. Pour le coup, Sùna avait à peine exagéré sa réaction. « Navré de voir que ma présence vous indispose, messire. N'ayez crainte, je ne m'attarderais pas plus que nécessaire en ces lieux. » répliqua l'Arcesi dans une politesse trop exagérée pour être sincère. « Je ne me fais aucune inquiétude. J'ai déjà fait en sorte que ce soit le cas. » siffla le Belvarrian avec un sourire belliqueux. « Et crois bien que je ferais en sorte que jamais tu ne remettes un pied ici. ». Un lourd silence ponctua la menace. « Je suis curieux de voir ça. » répliqua Jämiel sur le ton du défi. Par-dessus l'épaule du Kahana, Jämiel croisa le regard de Súna. Il y vit la même chose que ce qui lui traversait l'esprit. Ce serait la dernière fois qu'ils allaient échanger avant longtemps. Peut-être serait-ce la dernière fois tout court. Et dans l'éventualité où ils devaient se croiser dans le futur, rien ne serait plus comme aujourd'hui. Peut-être même l'un sera à l'origine de la perte de l'autre. C'était une certitude même. Les liens étaient si fragiles à Drosera.
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