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 [Q] - Il y a des histoires qui ne se couchent que sur un journal | Solo

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Shanxi
~ Ange ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 873
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Shanxi
Lun 31 Jan 2022, 23:27



Il y a des histoires qui ne se couchent que sur un journal



Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Lhænore cherche un remède à sa maladie. Elle est prête à tout.







L’Edelweiss enneigée n’avait pas épargné ses muscles endoloris. La Lyrium avait pensé s’évanouir plusieurs fois depuis le début de son ascension de la montagne. Elle ne regrettait pas d’avoir pris un guide avec elle. Et au prix auquel ce voyage lui revenait, services du guide compris, Lhænore espérait ne pas arriver de nouveau dans une impasse. Au sens propre comme figuré. « On est encore loin ? » l’interrogea-t-elle, avec la sensation désagréable de perdre une vingtaine d’années en âge mental. « Vous savez, si c’est pour me demander ça toutes les demi-heures, on aurait aussi pu prendre cette famille avec nous. J’aurais gagné plus. » soupira l’Orisha. La sirène repensait à cette mère et son enfant qu’ils avaient laissé au pied de la montagne. Elles aussi avaient voulu engager ce guide, et s’il n’y avait pas eu d’enfant, peut-être que Lhænore n’aurait pas payé de supplément pour privatiser les services de ce bon monsieur. « Pour entendre la fille brailler tout au long du trajet ? Non merci. » - « Vous le faites bien, vous. » Le guide ne semblait pas plus perturbé par le regard assassin que lui lançait sa cliente. « L’auberge se trouve un peu plus haut. Il faut grimper encore une bonne heure, je dirais. » - « Une heure ?! On fait que ça depuis ce matin ! » L’homme haussa les épaules. « C’est le principe d’une montagne, madame. Vous pensiez que ça se ferait en deux petites heures ? » Le visage de la Lyrium empourpré par l’effort et le froid s’était décomposé. Si l’Edelweiss ne la soignait pas, alors cette foutue montagne aurait raison d’elle.

« Qu’est-ce que vous allez faire là-haut, d’ailleurs ? L’endroit n’est pas la meilleure destination pour des vacances, si je peux me permettre. Megido serait un meilleur choix. Ça grimpe moins. » La boutade du guide avait été accueillie avec autant de froid qu’il y avait de neige autour d’eux. « J’en viens, justement. » Et elle n’avait rien trouvé de particulier à cette cité, d’ailleurs. Lhænore ne s’y était rendue que pour y rencontrer un homme qui lui avait été recommandé par un Magicien qu’elle avait rencontré en Caelum. Celui-ci avait d’ailleurs réussi à soulager son mal, mais hélas, cela n’avait été que temporaire. Ses muscles avaient depuis recommencé à se dégrader, et le traitement qu’elle suivait rigoureusement depuis l’enfance ne faisait que ralentir le processus. D’autant plus que les fioles de cette mixture avaient commencé à manquer depuis le début de son voyage. La sirène se savait loin de ses eaux, et les Sorciers n’étaient pas bienvenus en territoire Orisha, alors elle avait commencé à rationner, par peur de tomber à court. Un choix que son corps lui faisait regretter chaque minute qui passait. « Je cherche quelqu’un. » L’Orisha haussa un sourcil, dans l’expectative. « Nans Ghotaga. » La sirène s’était munie de son carnet. Elle n’était pas bonne avec les noms. Et elle en avait déjà barré beaucoup avant d’arriver à celui-ci. « Nans ? Qu’est-ce que vous lui voulez à cet ivrogne ? » La lyrium marqua une pause dans leur randonnée interminable. Elle ne s’attendait pas à cette réponse. « Vous le connaissez ? » Une seconde passa, puis deux. « C’est un ivrogne ? » répéta-t-elle, confuse. « Oh oui, je le connais depuis des années, et je n’ai pas eu besoin d’autant de temps pour me rendre compte qu’il aimait plus la bouteille que sa femme. » Si Lhænore avait été surprise par cette nouvelle, elle avait rapidement repris contenance. Peu lui importait que cet homme ait quitté sa femme pour une bouteille de liqueur, ou que savait-elle encore. S’il était capable de la soigner, ou lui indiquer quelqu’un qui était en mesure de le faire, il pouvait bien être amoureux d’une chèvre, la jeune femme ne porterait aucun jugement. « On m’a dit qu’il avait une connaissance des plantes à rendre un Ygdraë vert de jalousie. » - « Vous rigolez ? Je ne sais pas qui vous a dit ça, mais cette personne devait se moquer de vous. Il utilise des plantes oui, mais que pour son alcool. Pas de quoi rendre jaloux qui que ce soit. » L’homme avait ri si fort qu’il en avait perdu la voix.

Elle ne pouvait pas y croire. Elle avait fait tout ce chemin pour un homme qui, au mieux, pouvait lui apprendre à distiller de l’Absynthe ? Non, il devait y avoir une erreur. La sirène s’était souvent heurtée à un mur dans ses recherches. Et elle l’avait fait de bien des façons. Comme avec ce sorcier qui avait voulu l’enfermer pour mieux comprendre le mal qui la rongeait. Il y avait aussi eu ce magicien qui avait passé une bonne heure à critiquer les conseils que chaque personne qu’elle avait rencontrée avant lui lui avaient donné. Il avait d’ailleurs conclu de leur entretien que tout se passait dans la tête la Lyrium, et que si elle parvenait à se convaincre que tout allait bien, la douleur disparaîtrait. Quel charlatan celui-là ! Ses compétences médicales devaient aussi qu’être dans sa tête visiblement. Lhænore grogna. Elle n’avait pas le choix. Perte de temps ou non, elle devait essayer. Elle ne pouvait pas se permettre de passer à côté d’une opportunité. Peut-être que l’ivrogne connaissait la recette d’une bouteille magique qui pouvait rendre ses jambes légères comme des plumes et ses muscles forts comme un bœuf ? Ou comme ceux de n’importe qui, à ce stade, elle ne s’en plaindrait pas. De plus, elle avait déjà payé pour ce voyage, et elle avait horreur de perdre de l’argent. « Peu importe. Je dois quand-même le voir. » L’Orisha haussa les épaules. « C’est vous qui payez t’façon. » Il indiqua une petite colonne de fumée au-dessus de leurs têtes. « On y est presque, regardez. ».

A peine avaient-ils franchi la porte de l’auberge, l’odeur de la gnôle et de la viande trop cuite lui avaient agressé les narines, lui arrachant un haut-le-cœur. La lyrium inspecta l’endroit, les yeux encore remplis de larmes. Ce n’était pas vraiment un lieu de premier choix, qu’elle fréquenterait de son plein gré. Il n’y avait pas foule au moins. C’était la seule chose qu’elle ne détestait pas déjà ici. « Bon ! Je vous laisse ici, moi. J’espère que trouverez ce que vous êtes venue chercher. » Lhænore n’avait même pas eu le temps de lui répondre que l’homme avait déjà repassé le seuil. Il avait été poli jusqu’au bout celui-là décidément. Peinant à reprendre contenance, la sirène s’était approchée du comptoir. « Bonjour, je cherche… » Elle avait encore oublié son prénom. Ce n’était pas comme si la jeune femme pouvait demander après un ivrogne, non, l’endroit devait en être rempli. Elle avait besoin de son carnet. « Nans Ghotaga. Savez-vous s’il est là ? » - « Nans ? Ah non, vous le trouverez pas à cette heure-ci. Il est encore bien trop tôt pour ce vieux loup. Il vient ici tous les soirs, mais je ne sais pas ce qu’il fait de ses journées. Réessayez ce soir. » Le tenancier haussa les épaules, avant de disparaître à nouveau dans les cuisines. La jeune femme se serait bien avachie sur le comptoir, mais son désarroi ne l’avait pas emporté sur le manque d’hygiène des lieux.



Ansech,

Cela fait bien longtemps que je ne vous ai pas écrit. Nous savions tout deux que mes recherches prendraient du temps, et voyager pour les concrétiser encore plus. Aujourd’hui, je vous écris de l’Edelweiss enneigée, où je perds mon temps à attendre qu’un ivrogne vienne réclamer sa bouteille, dans cette auberge pourrie…


Elle rature. Elle avait perdu patience. La Lyrium aurait bien passé ses nerfs sur le parchemin désormais inutilisable, mais elle craignait que ce soit ses muscles qui en ressortent froissés, et non le papier.


Ansech,

Elle hésita.

Cela fait bien longtemps que je ne vous ai pas écrit. Nous savions tout deux que mes recherches prendraient du temps, et voyager pour les concrétiser encore plus.

Oui, elle pouvait reprendre sa formulation. Celle-ci n’était pas mauvaise après tout, du moment qu’elle se gardait d’exprimer le fond de sa pensée quant aux autochtones.

Comme vous devez déjà vous en douter, je ne vous contacte pas pour vous conter mes nombreuses péripéties.

Sa poigne s’était soudainement raffermie sur sa plume alors qu’elle écrivait cette dernière phrase.

Le temps a bientôt fini d’anéantir les réserves avec lesquelles j’ai quitté notre dernier lieu de rendez-vous. Je vais de nouveau avoir besoin de vos services. Je ferai bientôt le voyage depuis le continent naturel, et vous notifierai de mon départ imminent afin que vous puissiez prendre vos arrangements.

La jeune femme était sur le point de signer sa lettre, quand un homme était soudainement venu s’asseoir à sa table.



« On m’a dit au bar que vous avez demandé après moi. » Un sourire satisfait étira ses lèvres, effaçant sa surprise. Parfait. Elle n’aurait pas à le chercher. « En effet. Monsieur Ghotaga, c’est ça ? » Elle lui laissa le temps de confirmer d’un geste de la tête. « On m’a dit que vous aviez quelques notions d’herboristerie qui pourraient m’être salutaires. » La sirène marqua une pause, avisant brièvement leur environnement. « Auriez-vous un endroit, un bureau, où nous pourrions discuter plus en paix ? » - « Oui, bien sûr. Venez, suivez-moi. » Il l’emmena à l’étage. « Excusez le désordre, je ne pensais pas recevoir de la visite ce soir. » Lhænore soupira devant la disposition de la pièce, le regard braqué sur le lit qui était planté en son centre. Elle aurait dû s’en douter. L’un ne pouvait pas s’offrir autant de bouteilles, et un bureau. A moins d’être très riche, mais cela ne semblait pas être le cas de ce… Cet homme. « Non, ne vous en faites pas. » reprit-elle, légèrement agacée. « Vous exercez depuis longtemps ? » Son regard suivait les aller-retours de l’Orisha, espérant que celui-ci s’arrêterait enfin devant une étagère débordant de flacons contenant la solution à son problème. « Depuis plus de dix ans. Mais je ne suis plus autant de patients aujourd’hui. » La lyrium arqua un sourcil, peu étonnée par cette déclaration. « Vous ne m’avez toujours pas dit de quoi vous souffrez, madame... » - « Ah oui, c’est vrai. Excusez-moi. » Elle avait volontairement ignoré cette perche tendue. Plus les minutes passaient, moins elle avait envie de lui dire quoi que ce soit, et encore moins comment elle s’appelait. Et si elle avait su comment se déroulerait la suite de leur rendez-vous, nul doute que la jeune femme n’aurait pas pris la peine de souffrir une minute de plus de sa présence. « Quelle idée… Si on vous a dit que c’était un ivrogne... » Lhænore n’écoutait plus. Elle livrait un combat acharné depuis plusieurs minutes. Noyer son interlocuteur dans sa chope la démangeait à présent bien plus que ces satanées plantes que l’ivrogne avait étalé sur ses jambes. Aylidis savait à quel point elle en avait envie, mais la Lyrium savait encore plus à quel point elle n’avait pas besoin d’un problème supplémentaire.



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Lun 31 Jan 2022, 23:43



Il y a des histoires qui ne se couchent que sur un journal






« Et ensuite ? Tu es allée chercher ton remède, c’est ça ? » Lhænore fronça les sourcils. Elle n’aimait pas être interrompue, et avait l’impression que cela était arrivé un peu trop souvent depuis le début de son récit. « Oui, c’est ça. » soupira-t-elle. « Quelle idée… Ceux qui t’ont traitée de folle n’avaient décidément aucune idée de ce dont ils parlaient. » C’était une impression qui lui était restée depuis sa rencontre avec sa protégée, et qui n’avait fait que se renforcer depuis. La Sirène, quant à elle, ne savait pas vraiment comment prendre son propos. « Tu n’as pas eu de problème ? » Son regard alla de la tête aux pieds de la Lyrium, à la suite de son index. « Non, il m’a toujours donné rendez-vous dans ce village… » Le nom peinait à lui revenir. « Ernotès, je crois ? Il n’est pas trop loin, donc je n’ai jamais eu à trop m’enfoncer dans Nementa Corum. » - « Hmm. Je vois. » Eurielle semblait s’être perdue dans ses pensées, ou alors, il y avait quelque chose qu’elle ne voulait pas lui dire. Lhænore détestait quand elle faisait cela. « Qu’est-ce qu’il y a ? Si tu as quelque chose à dire, dis-le. » lança la Lyrium, bridant son insolence autant que possible. Elle lui était reconnaissante, après tout. « Je me dis juste que tu as eu de la chance. Il aurait pu être mal intentionné, comme tant d’autres. » Elle pensait plus aux tant d’autres qu’au Sorcier qui aidait sa protégée, à vrai dire. « Ce ne serait pas dans son intérêt. S’il m’arrive quelque chose, je ne peux plus le payer. C’est aussi simple que ça. « La jeune femme s’était reposée sur le remède du mage noir durant tant d’années qu’il devenait de moins en moins difficile de dire à qui cela était le plus profitable. Son corps s’était habitué à l’horrible breuvage, à tel point qu’il s’était mis à en réclamer plus pour les mêmes effets. Naturellement, l’argent avait suivi. « Il n’y a pas que ça. Tu as pris des risques, même pour arriver ici. » renchérit Eurielle, à mi-chemin entre l’admiration et la moquerie. A cela, la Sirène n’avait rien à lui répondre. Elle savait qu’elle avait raison. Mais Lhænore ne regrettait rien. Si c’était à refaire, elle le referait sans aucune hésitation. C’était à ce prix qu’avait été fixée sa vie, après tout.

~


« Vous avez encore augmenté vos tarifs, Ansech. » La Lyrium arqua un sourcil, le regard absent de la petite fiole que ses doigts manipulaient. Le Sorcier ignora quant à lui la remarque de sa patiente, s’affairant à remplir les contenants qu’il faisait glisser ensuite jusqu’à elle. « Elles feront bientôt plus effet. Il faudra que vous trouviez une autre solution. » D’ordinaire, il aurait proposé de ralentir sur la consommation, voir même de l’interrompre, le temps qu’il faudrait à son corps pour oublier. Mais la Sirène, ou sa maladie, ne semblait pas disposée à les attendre. Elle continuait d’évoluer, de grossir, toujours plus gourmande. La mixture suffisait à peine à la museler de manière temporaire. Lhænore repartait avec un sac toujours plus garnit, d’une part soulagée de repousser cette limite invisible, d’une autre, inquiète de ne pas savoir quand elle l’atteindrait pour de bon. « Vous en êtes où dans vos recherches ? » Le mage noir n’était pas vraiment inquiet, mais il voulait savoir s’il devait envisager une prochaine commande. Il s’était tant habitué à la voir revenir plusieurs fois par ans qu’il en avait presque oublié le caractère temporaire et probablement éphémère de leur arrangement. « Les Orishas n’ont rien donné… A part de l’urticaire, bien sûr. » La jeune femme était encore très amère quand elle y repensait, et ce n’était pas seulement parce que cette mésaventure était encore récente. « Je pense aller voir du côté des Ygdraës. Il y a un autre herboriste dans un village sur les Terres de Melohorë. Avec un peu de chance, celui-ci n’aura pas de la profession que le nom. » expliqua-t-elle, ponctuant la fin de sa phrase d’un sourire narquois. « Vous me direz ce qu’il en est. » Le mage noir se désintéressa de sa patiente juste le temps d’attraper le cahier posé en dessous de son comptoir. « Je vous prépare une autre commande pour la prochaine fois ? » C’était une bonne question. Une à laquelle la sirène ne pouvait se précipiter pour répondre, peu importe à quel point elle le voulait. Ses pensées allaient à ce petit carnet bientôt vide qui ne la quittait jamais. Les noms commençaient à manquer. Elle en avait beaucoup barré. Certains l’avaient aidée à remplir sa liste. D’autres s’étaient simplement contentés de la décevoir. Les membres de cette dernière catégorie semblaient hélas de plus en plus nombreux au fil de ses voyages. Il lui restait moins d’une dizaine de noms, de personnes à aller voir, ou peut-être même moins de cinq, elle ne savait plus. L’idée de confier tous ses espoirs à ces gens ne lui avait jamais semblé bonne, même au départ. Aujourd’hui, la situation était si désespérée que même la plus mauvaise des idées lui semblait bonne, ou tout au plus, moins pire que ce qui l’attendait. « Oh… Non, pas la peine. « Lhænore ravala sa langue dans une grimace. Sa réponse avait été différente dans sa tête. La surprise que la Lyrium lisait sur le visage du Sorcier lui donnait presque l’impression qu’il savait. Ses mots avaient donné corps à ce tournant qu’elle avait toujours observé de loin. La jeune Sirène qu’elle était, et la femme qu’elle était devenue avaient toujours espéré ne jamais l’atteindre.


Lhænore peinait encore à réaliser que c’était le cas, même plusieurs heures après qu’elle ait quitté l’atelier du mage noir. Même lorsqu’elle avait mis les voiles pour le Continent Mystérieux. Le chatouillement de la verdure sous ses pieds aurait peut-être pu la ramener à la réalité, et cela aurait été sans aucun doute plus agréable que ce qui l’avait réellement ramenée. « Hé ! Il faut payer ! » s’éleva une voix nasillarde, juste dans son dos. La jeune femme n’avait pas eu le temps de se retourner qu’une silhouette trapue s’était dressée sur son chemin. « Vous pensez que c’est gratuit, hm ? » La main fourmillante que le marchand avait glissé sous son nez lui fit froncer les sourcils. Il n’avait pas besoin d’en faire toute une histoire. Elle allait les payer ces satanés fruits secs. « C’est bon, tenez. » grogna la Lyrium, avant de lui balancer une poignée de pièces entre son visage et sa main tendue. Pour qui la prenait-il ce pouilleux ? Une voleuse ? Elle n’avait jamais eu besoin de ce genre de recours de bas étages pour s’offrir quoi que ce soit. Lhænore était de mauvais poil maintenant. Ou peut-être l’était-t-elle avant l’intervention de ce cloporte ? Elle n’était plus sûre. C’était peut-être cet endroit qui l’agaçait ? Ou le fait qu’elle doive s’enfoncer dans la forêt pour trouver le prochain village. La jeune femme était presque sûre que ce ne serait même pas le village qu’elle cherchait. Cette caricature de marchand l’avait poursuivie pour quelques fruits secs, mais n’avait même pas été capable de lui vendre une carte. Les Terres de Melohorë se hissaient désormais sans aucun doute en deuxième position des régions à éviter selon la Lyrium. La montagne de l’Edelweiss était encore invaincue, et Lhænore doutait qu’elle le soit un jour.

~


« Tu n’as pas été très gentille avec ce marchand… ou cette marchande. C’était un homme ou une femme, déjà ? » La Sirène haussa les épaules. « Un homme, je crois. » Un sourire moqueur releva légèrement la commissure de ses lèvres. « C’était pas facile à dire. » ajouta-t-elle, sans attendre que ses mots ne la brûlent pour sortir. « Hm, je vois. Et le village, alors ? J’imagine que tu l’as trouvé ? Mais tu n’as pas dû trouver ce que tu cherchais… Autrement tu ne serais pas ici. » La jeune femme s’appuya contre le dossier de son fauteuil, le visage fermé. « J’y venais justement. » L’agacement qu’elle avait dans la voix électrisait l’air. Amusée par la situation, Eurielle lui fit signe de poursuivre.

~


« Alwën ? Ça ne me dit rien. Mais il n’y a personne de ce nom là ici, ça j’en suis sûr. » - « Je vois. Merci pour votre aide. » La Sirène avait remarqué, au gré de ses voyages, que chaque membre d’une race partageait au moins une caractéristique, dont elle s’était souvent servie pour les définir. Elle pensait avoir trouvé celle des Ygdraës : l’inutilité. Personne dans ce village n’avait été capable de lui indiquer une direction pour trouver cet herboriste. Ne se connaissaient-ils tous pas ? Retrouver un brin de civilisation dans cette jungle n’avait déjà pas été une mince affaire, et il fallait à présent qu’elle y remette les pieds. Combien de villages pouvait-il y avoir ici ? Pas beaucoup, elle l’espérait. En réalité, même s’il y en avait que quelques-uns, le simple fait que plusieurs heures de marche sépare le village suivant du précédent avait bien failli lui faire reconsidérer la position du berceau des elfes dans son classement. Lhænore ne savait plus depuis combien de temps elle était partie. Le soleil n’était pas très bas, mais elle ne voulait pas prendre le risque de se retrouver en pleine nature au milieu de la nuit. L’ambiance était déjà bien assez pesante ainsi. Cette sensation, comme si quelqu’un ou quelque chose l’observait ne la quittait plus depuis un moment. La Lyrium n’arrivait plus à se souvenir de l’idiot qui lui avait promis que les Terres de Melohorë étaient merveilleuses, mais une certitude demeurait : si elle recroisait son chemin, elle l’étranglerait jusqu’à ce que mort s’en suive.


Une bâtisse se dessinait entre les arbres au loin. Pensant avoir enfin trouvé le village qu’elle cherchait depuis plusieurs heures déjà, la Sirène pressa le pas. Crac ! Son regard s’abaissa sur la partie inférieure de son corps. Elle ne savait pas si elle pouvait réellement s’en réjouir, mais ce bruit ne semblait pas être venu d’elle. Lhænore n’eut qu’à relever le menton pour trouver la véritable origine du son. « Faites demi-tour. Vous n’êtes pas la bienvenue ici. » Si les mots de ce sauvage n’étaient pas assez clairs, les arcs bandés dans sa direction l’étaient, eux. « Ah, euh… Je ne veux pas faire de mal. » Elle réalisait que c’était sûrement ce que disaient toute personne avec de mauvaises intentions. « Je cherche un herboriste ! Son nom, son nom… « balbutia la jeune femme, en trifouillant sa sacoche à la recherche de son carnet. « Alwën ! Je cherche l’herboriste, Alwën ! » Elle espérait s’être fait comprendre. C’était difficile de savoir, avec ces elfes. « Ce n’est pas ici. Il faut aller là-bas. » L’ygdraë lui indiqua sa gauche d’un geste de la tête. « Ah, je vois… J’y vais, merci ! » La Lyrium peinait à maîtriser ses tremblements. Elle ferait un malaise avant d’atteindre sa destination à ce rythme. Elle voulut pester et révéler le fond de sa pensée à tous les habitants de la forêt, mais s’abstint. Ils l’écoutaient peut-être encore.




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Lun 31 Jan 2022, 23:57



Il y a des histoires qui ne se couchent que sur un journal






« Qui ? » La jeune femme souffla par les narines, resserrant sa poigne sur son carnet. « Alwën. Je cherche Alwën. Votre herboriste. » Elle allait vraiment finir par le taper avec l’ouvrage, s’il ne lui répondait pas. Le vieil elfe plissa les yeux, confus. « Mais vous y êtes. » - « Rah, bon… Vous avez un herboriste ici ? » La douceur dans sa voix n’était qu’un artifice, un dernier rempart précédant l’ouragan qui grondait en elle. « Là-bas. » L’ancien lui indiqua une bâtisse, non loin d’eux, d’une main tremblante. La Lyrium aurait au moins été satisfaite de savoir que ce fut dû à la terreur qu’elle lui faisait ressentir, mais hélas, il était simplement vieux. Rien d’autre. « Ça a intérêt à être le bon herboriste. » grogna-t-elle, sur le point de passer l’entrée. Un Ygdraë à la silhouette très élancée l’avait accueillie à peine eut-elle passé le seuil. « Bonjour, je cherche Alwën, l’herboriste. » L’homme haussa un sourcil, un sourire aux lèvres. « Vous y êtes. » En entendant sa voix, Lhænore se rendit compte de son erreur. Cet herboriste était une femme, pas un homme. « Qu’est-ce qui vous amène ? » Sa question lui faisait l’effet d’un coup de massue, mais pas à cause du potentiel sujet délicat qu’elle allait engendrer. C’était la deuxième fois qu’elle avait fait cette erreur depuis qu’elle avait posé le pied sur ce continent. La jeune femme se demandait bien comment cela avait pu arriver, comment avait-elle pu commettre cette erreur. Mais une question la rongeait bien plus encore : Les Ygdraës étaient-ils tous aussi plats ? Lhænore se désintéressa de la poitrine de son interlocutrice en reprenant conscience de son environnement. « Ah, euh… Eh bien, c’est une longue histoire. On m’a conseillé de venir vous voir, et que vous seriez peut-être en mesure de m’aider. » La personne qui lui avait parlé de cette herboriste n’avait pas tarit d’éloges à son sujet, et après tout ce chemin, la Sirène espérait sincèrement qu’au moins un quart de ce qu’on lui avait dit était vrai.


« Je vois… Ça n’a pas dû être facile auprès des vôtres, avec un tel handicap. » La Lyrium fronça les sourcils, un peu surprise par la tournure des choses. « Non, pas vraiment. Enfin… Vous pensez pouvoir m’aider ? « - « Bien sûr. Nous avançons bien je pense, et à ce rythme votre esprit sera peut-être guéri plus vite que votre corps. » Lhænore cligna des yeux plusieurs fois, hébétée. « Attendez, je ne suis pas sûre de comprendre, là. » - « C’est normal, ne vous en faites pas. Je vais vous expliquer. » La main que l’herboriste avait placé sur son épaule afin de la rassurer n’avait étrangement pas eu l’effet escompté. C’était même tout le contraire. « Vous avez beaucoup souffert de votre maladie, autant physiquement que spirituellement. Les dégâts ne se sont pas arrêtés qu’à votre corps. » - « Je me doute, mais… Je suis venue ici pour soigner le corps, moi. Pas mon esprit. » L’Ygdraë sourit, peu surprise, mais amusée par la réponse de sa patiente. « Peut-être. Mais si on vous a envoyée vers moi, c’est que cette personne pensait que vous aviez besoin d’aide. » La jeune femme s’était redressée si brutalement pour faire face à la soignante, que l’on aurait presque pu croire qu’elle comptait lui sauter dessus. Bien sûr, Lhænore n’en était pas loin. « Et alors ? Peu importe ce qu’a pensé l’abru…- la personne qui m’a envoyée ici. Vous ne pouvez pas juste vous occuper de mon corps en faisant l’impasse sur mon esprit ? » L’elfe haussa les épaules. « Je pourrais, mais les soins ne seraient pas aussi efficaces. Vous avez besoin d’accepter les soins avec votre esprit pour que votre corps laisse entrer les bienfaits de mes plantes. » La lyrium resta un moment interdite, comme pour laisser le temps à l’herboriste de lui annoncer que tout ce fiasco n’était en fait qu’une simple blague, une tradition étrange d’Ygdraë, et qu’à présent elles allaient passer aux soins qu’elle était venue recevoir. Rien de tout cela ne vint, si ce n’est d’autres raisons qui encouragèrent la Sirène à prendre ses nageoires à son cou.


Sur le chemin pour quitter le village, la jeune femme tentait de s’isoler du brouhaha environnent. « Mes fruits… ils sont bons mes fruits ! Les plus frais de tout Alwën ! » Les prunelles de Lhænore s’étaient doucement décollées du sol lorsqu’elle avait entendu ce marchand. C’est pas vrai… pensa-t-elle en se pinçant le haut du nez.

~

La Sirène avait peu à peu perdu de sa concentration en voyant un sourire narquois étirer les lèvres de son interlocutrice. « Ça te semble drôle maintenant, mais crois-moi, ça n’a pas été mon cas sur le moment. » Eurielle ne faisait même pas l’effort de se retenir, c’en était indécent. « Ah, non… j’imagine. » Elle finit tout de même par se reprendre. « Et après ça, tu as fait quoi ? » La curiosité d’Eurielle avait comme doublé en entendant le soupir que sa protégée venait de pousser. Pourtant, celle-ci ne semblait pas avoir perdu l’envie de poursuivre son récit. « Après ça, les jours qui ont suivi ont été assez… peu productifs. » L’ainée arqua un sourcil, pendue à ses lèvres. « Je pensais repartir en direction du Continent Naturel, mais j’ai dû suspendre tous mes projets. »

~

La jeune femme grattait nerveusement contre le tissu de son matelas. Cette douleur allait vraiment finir par la rendre folle, en plus de lui faire perdre du temps. Elle devrait déjà être arrivée à l’heure qu’il est. Au lieu de cela, Lhænore avait dû faire halte dans la première auberge qu’elle avait trouvée lorsqu’elle avait posé pied à terre. Pourquoi ? Parce que désormais, même son corps menaçait de rester au sol. C’était à se demander si cette elfe inutile ne lui avait pas jeté un sort. Il manquerait plus que cela. Elle voulait la maudire de tout son cœur. Il était plus simple de la couvrir d’injures que de chercher à faire culpabiliser la maladie qui rongeait son corps. Fatiguée de fixer le plafond, la sirène chercha sa sacoche du regard. Elle avait envie d’en reprendre une, ou toutes, du moment que cela pouvait mettre un terme à son supplice. Elle pouvait presque imaginer Ansech, penché sur elle, lui expliquant à quel point son idée était mauvaise.

~

« Il a pas tort. » Lhænore ne savait pas qu’est-ce qui l’agaçait le plus, entre ces interruptions et les commentaires de son aînée. « Je sais. C’est une des choses que je déteste le plus chez lui, d’ailleurs. » rétorqua la sirène, de tout son sel. « Il avait raison aussi pour toi. Enfin, pas toi spécifiquement, mais vous. » Eurielle arqua un sourcil. « L’idée venait de lui ? » - « Pas tout à fait. Mais, disons que c’est son idée qui m’a donné cette idée. » La jeune femme en était fière, n’importe qui pourrait le sentir. C’était en général ce qui les poussait à la traiter de folle, ensuite. En tout cas, Eurielle avait été piquée. Elle brûlait de savoir ce que le sorcier avait bien pu suggérer pour que sa protégée en arrive là. « C’est à ce moment que tu es partie pour le Fjörd, alors ? » La sirène balança sa tête pour ponctuer son propos : « Pas tout de suite, mais… Oui, une bonne journée, cinquante noms maudits et un drap à changer plus tard, j’ai décidé de partir pour le Fjörd. » Eurielle ne pouvait s’empêcher de sourire devant chaque manifestation de ce caractère qui régissait la jeune femme. « Mais… C’est tout ? Tu ne vas pas m’expliquer comment l’idée t’est venue ? » Lhænore haussa les épaules. « Il n’y a pas grand-chose à dire. L’idée n’était pas nouvelle, en soi. Elle m’était venue il y a un moment de cela, mais… Je ne voulais pas l’envisager. » La marraine était surprise. « Pourquoi ? » Elle s’était redressée dans son siège pour se pencher vers la jeune femme. « Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? Qu’est-ce qui t’as fait changer d’avis ? » Le regard de la sirène dévia en direction de sa sacoche. « Ansech m’avait dès le départ annoncé que son traitement ne serait pas éternel. Seulement, je n’ai pas directement été confrontée à cette fatalité. J’ai eu du temps. Du temps que j’ai consacré vers des solutions moins… exotiques. Quand j’ai imaginé ma reconversion, je l’ai imaginée comme un dernier recours. Un dernier recours que je n’ai pu emprunter que sous certaines conditions. » Eurielle hochait doucement la tête, signifiant son écoute. « C’est une bien jolie manière de dire que tu étais désespérée. » Cette remarque ne résultat qu’en un regard noir de l’intéressée. « Peut-on reprendre l’histoire, maintenant que ta curiosité est satisfaite ? » grogna finalement la jeune femme, sous le regard amusé de sa compagne. « Fais-donc, je t’en prie. »

~

« C’est charmant par ici, n’est-ce pas ? » - « Oh oui ! Mais nous n’avons pas trop croisé d’animaux pour le moment, c’est bien dommage. » Lhænore daignait à peine lever les yeux pour capturer la beauté de son environnement. Elle était épuisée et n’avait qu’une hâte : atteindre Terbanrian. Le guide qu’elle avait choisi était un vrai traine la patte. Et l’autre cliente qui les accompagnait, eh bien… C’était une touriste. La sirène aurait aimé privatiser les services de l’homme, mais elle était arrivée trop tard. C’était le prix à payer pour cette décision de dernière minute. Après tout, ce voyage n’avait pas lieu d’être. Du moins, il n’aurait pas dû. « Tout va bien, madame ? Vous êtes bien silencieuse. » Et lui pas assez, s’était-elle dit. « Oui, tout va bien. » répondit-elle finalement, avec un sourire contradictoire à sa pensée. Elle avait eu envie de le pendre au premier arbre qu’ils avaient passé, mais elle avait besoin de lui. Il n’était pas le premier à lui avoir posé la question aujourd’hui. L’aubergiste aussi avait été sur son dos une bonne partie de la matinée. Qu’est-ce qu’ils lui voulaient ? Sa tête ne leur revenait pas ? Elle aimerait bien les voir, eux, après s’être tortillés comme des vers dans leurs draps trempés de sueurs pendant deux jours complets. Et il n’y avait rien de sexuel là-dedans. Elle aurait peut-être préféré, ou pas. Elle n’en savait rien, en réalité. Ce n’était pas comme si elle avait eu l’occasion, entre deux déceptions et une perte de temps. « Sommes-nous encore loin de la capitale ? » Le sourire de ce guide lui tapait décidément de plus en plus sur les nerfs. « Dans une petite heure, tout au plus. » Cette faible douleur, qui ne l’avait pas quittée depuis son départ, rendait cette petite heure de marche insurmontable à ses yeux. Elle allait vraiment finir par se jeter à l’eau, mais ce n’était pas comme si elle pouvait se noyer. Son regard se posa sur l’homme. Lui, en revanche, il ne lui pousserait pas une queue, elle en était sûre. « Nous pouvons toujours faire une pause si vous voulez. » La rouquine se désintéressa du paysage un instant. « Oui, c’est vrai. Vous me semblez bien pâle. » Lhænore soupira, une goutte de sueur lui chatouillant la nuque. « Je veux bien. Juste quelques minutes. » admit-elle enfin, en soupesant sa sacoche. Abuser de son traitement était une mauvaise idée, elle le savait déjà. Elle savait aussi que si elle comptait aller jusqu’au bout des choses, ces fioles perdraient vite leur utilité. Du moins, elle l’espérait.




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Mar 01 Fév 2022, 00:09



Il y a des histoires qui ne se couchent que sur un journal






« Nous y voilà. Terbanrian. Je vous fais faire un petit tour, comme prévu, et vous indiquerait le chemin d’une auberge. » Un sourire narquois naissait aux coins des lèvres de la jeune femme. Ce guide avait montré plus de professionnalisme dans une seule phrase que tout au long de leur voyage. Cette fois-ci, Lhænore était plus attentive, s’autorisant à admirer l’architecture des bâtiments qui l’entouraient. Le moment tenait presque du solennel. Elle comptait après tout placer tous ses espoirs dans cette ville. A peine installée à l’auberge, la jeune femme était redescendue de sa chambre pour se mêler à la clientèle et commencer à planifier sa démarche. Elle réalisait qu’elle ne savait même pas par où commencer. Cette idée n’était pas jeune, et pourtant, la sirène n’avait jamais cherché à l’explorer ne serait-ce que théoriquement, dans le cas où elle viendrait à devoir se rabattre dessus. Lhænore resta un moment assise, seule à sa table, en pleine réflexion. Ce n’est que lorsque le tenancier se présenta à elle, qu’elle releva la tête et relâcha la pression qu’elle maintenait sur l’arête de son nez. « Qu’est-ce que ce sera ? » Un vampire. Du moins, c’est ce qu’elle avait voulu lui répondre, mais elle doutait qu’ils soient au menu. Ce devait même être plutôt l’inverse, s’était-elle fait la réflexion, en balayant son environnement du regard. « Vous avez quelque chose de fruité ? » - « Du vin. » Elle grimaça. « Je vais vous prendre du vin alors. » L’homme hocha brièvement la tête avant de s’éclipser. En le regardant partir, Lhænore eut une idée. Peut-être pas la plus brillante, mais qui lui fit néanmoins regretter de ne pas l’avoir retenu. Bon, il allait revenir de toute façon. Il fallait bien qu’il le lui serve son vin. Et quand il reviendrait, la jeune femme prendrait le taureau par les cornes, ou le vampire par les crocs dans ce cas-ci. « Et voici. » Lhænore enroula doucement sa main autour du verre, le caressant nerveusement de son pouce. « Merci. » Il hocha la tête à nouveau, prêt à repartir quand la sirène l’avait interpellé : « Excusez-moi ! « Il se rapprocha. « Qu’est-ce qu’il vous faut ? » Lhænore pouvait sentir son pouls jusque dans ses tempes. « Je peux vous poser une question ? » S’assurant qu’elle avait bien son attention, elle poursuivit : « Si je voulais faire la rencontre de… Vampires, mais que je ne voulais pas finir au fond du caniveau, où me conseilleriez-vous d’aller ? » Le tenancier haussa un sourcil. « Très précise votre question. » La jeune femme acquiesça vivement de la tête. « A quoi bon faire du mystère ? Je ne veux pas perdre mon temps. » L’homme gonfla longuement ses poumons. « Je veux dire… Si vous regardez déjà un peu autour de vous, vous verrez que vous n’avez pas besoin d’aller bien loin. » Il avait une manière très singulière de la regarder. Comme n’importe qui regarderait quelqu’un sur le point de s’attirer des ennuis, à soi et autrui, en fait. « Les auberges comme celle-ci, ou l’Antre à l’extérieur de la ville, ne sont pas trop mal je pense, pour ce que vous cherchez. » Il n’avait aucune idée de ce que la sirène cherchait réellement, mais même lui pouvait sentir que cette histoire allait faire de l’ombre à son commerce. « Faites juste attention. Certains… Beaucoup d’endroits sont peu recommandables. Et il peut se passer beaucoup de choses, même dans ceux qui nous le semblent. « Si cette cliente pouvait éviter de mettre son auberge sans-dessus-dessous, ça l’arrangeait. Celles des autres, il s’en fichait au fond. « Merci. Je garderai ça en tête. » répondit la jeune femme, avant de porter son verre à ses lèvres. Une nouvelle grimace déforma ses traits. Elle n’aimait pas le vin. Et elle n'aimait visiblement pas suivre les conseils qu’on lui offrait gentiment non plus, semblait-il. En une journée, la sirène avait déjà fait parler d’elle. Il se racontait qu’elle avait jusqu’ici abordé bon nombre de personnes, en leur demandant de la transformer. Chaque jour, le tenancier se demandait s’il allait la voir franchir le seuil de sa porte, ensanglantée et agonisante pour mourir sous les yeux de sa clientèle. Ce serait mauvais pour ses affaires. En plus, cette sotte payait bien. Il y avait bien eu un soir, où la jeune femme avait bien failli finir en dîner, et sans l’intervention de l’homme, il ne faisait aucun doute que la petite vie de Lhænore aurait fini en tragédie.

~

« Ah oui ! Il m’en a parlé de cette histoire. Tu es venue te réfugier à l’auberge avec un Rahzdens aux fesses, non ? » L’expression de la jeune femme se figea. « Il t’en a parlé ? Attends… Vous vous connaissez ? « La marraine haussa les épaules, un sourire énigmatique aux lèvres. « Bien sûr. Il a même fait bien plus que cela. Enfin… Je veux pas finir l’histoire à ta place. » expliqua-t-elle, d’un ton taquin. Elle voulait la laisser sur sa faim. Elle trouvait cela amusant. Et puisque le mystère contrariait la sirène, c’était encore mieux.

~

Lhænore observait une femme depuis un moment à la manière d’un prédateur. L’ironie de la situation l’avait faite rire, quand elle s’était dit qu’un Vampire était sûrement en train de faire pareil. C’était avec le sourire du chat sur le point de gober le canari qu’elle avait interpellé l’inconnue. « Excusez-moi, je suis vraiment désolée de vous déranger, mais… Eh bien, je suis dans l’embarras, et vous m’avez l’air de quelqu’un de fort aimable et avec un besoin financier… préoccupant. » Offusquée, la passante passa son modeste accoutrement du regard. « Voyez-vous, j’ai oublié ma veste dans ma chambre et je suis assez pressée. Je ne me vois pas m’élancer dans ces rues avec mon sac, qui est un peu lourd, je l’avoue. Je me suis dit qu’une bonne âme comme vous pourrait me garder mes affaires, juste quelques minutes, le temps pour moi de retourner à l’auberge. Je vous dédommagerai. » expliqua la jeune femme, avant de déposer une bourse au creux des mains de l’inconnue. « J’en ai vraiment pas pour longtemps je vous le promet. » En s’éloignant, l’idée que cette femme puisse s’échapper avec l’argent et son sac – qu’elle avait pris soin de débarrasser de tout objet précieux, évidemment – s’insinua dans son esprit. Elle ne pouvait compter que sur l’honnêteté de celle-ci, alors elle espérait avoir bien choisi son cobaye. Car oui, il s’agissait avant toute chose d’une expérience. Une que la sirène allait surveiller de près, du moins, de la fenêtre de sa chambre. Les minutes perlaient lentement alors que son attention ne tournait qu’autour de ce petit simulacre. Cela faisait un petit moment déjà que la pauvresse attendait, plantée au milieu de la rue, le regard perdu. Lhænore ne s’était visiblement pas trompée. Petit à petit, le ciel perdait de sa lumière, et le cobaye de sa sécurité. Elle devenait nerveuse, même la sirène pouvait le voir. Une dizaine de minutes plus tard, l’expérience de la jeune femme passa de terriblement ennuyante à très macabre. La bonne samaritaine avait fait la rencontre d’un autre type de bon samaritain : celui qui ment. Peut-être n’aurait-ce pas été le cas si elle était restée là on lui avait dit. Car oui, entre-temps, la bonne âme en avait eu marre d’attendre et avait décidé de précipiter la fin de cette expérience, et celle de sa vie, par la même occasion. Lhænore se précipita hors de sa chambre pour rejoindre son cobaye, désormais baignant dans son propre sang. Elle ne put retenir un haut le cœur devant le résultat. Son regard passait du corps inerte de la pauvre femme à la silhouette de son bourreau qui s’éloignait dans une ruelle. L’idée saugrenue de suivre le vampire lui traversa l’esprit, et même plus que cela, puisqu’elle avait décidé d’emprunter cette ruelle, elle aussi. La sirène commençait à peine à s’y enfoncer quand le doute l’avait saisie. Un regard en arrière, sur son pauvre cobaye, avait suffit à la faire rebrousser chemin. Penchée sur elle, la jeune femme effleura son épaule du bout des doigts. Puis, elle attrapa le sac qu’elle lui avait précédemment confié par la lanière, ainsi que la petite bourse qu’elle lui avait gracieusement offerte – quoique pas tant que cela –, avant de s’élancer à nouveau dans la ruelle. Cela aurait été du gâchis de lui laisser cet argent. Ce n’était pas comme si elle pourrait le dépenser désormais de toute manière.

A peine arrivait-elle au bout de la ruelle, Lhænore était saisie à l’estomac par un mauvais pressentiment. Non, elle ne regrettait pas cette expérience, mais elle commençait à remettre en question l’idée de prendre un vampire en filature. La silhouette qui s’était détournée de son chemin en croisant son regard lui confirmait bien vite l’idiotie de son idée. Il fallait courir, et elle n’avait jamais été bonne à cela. Il fallait au moins qu’elle le soit un peu, suffisamment pour qu’elle atteigne l’auberge. Lhænore tenait les rustres en horreur, et pourtant, elle tenait plus du rustre que tout autre chose quand elle avait presque cassé la porte du bâtiment en y entrant. Le tenancier et sans nul doute toute sa clientèle l’avait interrogée du regard, interloqués. Heureusement pour elle, le premier avait plus de jugeote que les autres. Il était passé de l’autre côté du bar sans attendre pour s’entretenir avec l’homme qui enrageait sous son porche. Pendant ce temps, Lhænore priait Aylidis sans relâche pour qu’elle ne laisse pas cette bête sauvage franchir le seuil. Alors que ses pensées filaient vers la déesse, elle ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer sa famille et leur réaction s’ils pouvaient la voir maintenant. La porte qui venait de se refermer doucement dans son dos l’avait sortie de ses pensées. Le tenancier reprit sa place derrière son comptoir, et l’auberge retrouva rapidement son calme. Un peu trop rapidement même. La jeune femme s’était dit qu’ils devaient avoir l’habitude.

« Vous ne m’aviez pas dit que vous étiez un vampire. » Encore secouée par les événements, Lhænore avait préféré s’installer au bar, plutôt qu’à une table. Le tenancier lui adressa à peine un regard. « Et moi je vous avais dit de faire attention. Comme quoi, des fois dire les choses ne sert pas à grand-chose. » N’importe qui aurait pu sentir l’irritation qui habitait la voix de l’homme, à ce moment-là. « Je suis désolée, je vous ai attiré des ennuis. » Il haussa un sourcil, visiblement complètement d’accord avec ce qu’elle venait de lui dire. « Je ne sais pas trop comment ça se serait terminé, sans vous. » - « Moi, je sais. » La sirène hocha doucement la tête. Evidemment. « Je pensais pouvoir le suivre, je ne sais pas trop pourquoi. Je voulais lui parler, en fait. J’aurais dû commencer par là. » Le tenancier remua la tête. « Votre méthode n’a clairement pas fait ses preuves. Quitte à juste continuer sur votre lancée, vous auriez dû continuer de le faire ici, ou dans une autre auberge. » Lhænore ne pouvait pas vraiment lui donner tort. Son regard passa sur l’homme, et y resta un moment. Jusqu’à ce qu’il le remarque. « Quoi ? » - « Rien… C’est juste… » Elle baissa la tête un instant, avant de revenir à lui. « Vous voudriez pas… -» - « Non. » Sa réponse l’avait sonnée. « Je sais ce que vous êtes en train de faire. Je vous ai vue le faire pendant toute une semaine. La réponse est non. Vous êtes plus d’emmerdes que ce que vous valez. » Son regard insistait. « C’est non. Laissez tomber. » Le tenancier vaqua à ses occupations, se désintéressant complètement de leur conversation. La sirène était remontée dans sa chambre une petite heure après, se couchant sur une défaite, les muscles encore secoués de ce qu’elle leur avait fait subir. Deux jours après, le tenancier avait frappé à sa porte, l’informant que quelqu’un demandait après elle, en bas.

~

Assise derrière un bureau, la jeune femme feuilletait un carnet avec concentration. Depuis combien de temps était-elle là ? Elle n’en savait rien. Sûrement trop. Lhænore se désintéressa de sa lecture un instant en quête d’une horloge. Elle ne put retenir un long soupir en observant la danse des aiguilles. Si l’inspiration ne lui était pas venue après tout ce temps, c’est qu’elle ne lui viendrait pas aujourd’hui. La jeune femme caressait pensivement les pages de son carnet, sentant les creux et les bosses que son écriture avait créées.

Entrée n°189 :
Personne ne semble disposé à m’aider pour le moment. Je n’ai pourtant pas reçu beaucoup de refus catégoriques. Ils me pensent naïve. Ils me promettent de m’aider mais veulent juste planter leurs crocs dans mon cou. Je les laisserais faire bien volontiers avec la garantie de me réveiller en leur semblable. Peu importe. Je vais changer de méthode.

Entrée n°190 :
L’un d’eux a bien failli m’avoir aujourd’hui. Heureusement que je ne m’étais pas trop éloignée de l’auberge. Sans ça, j’aurais sans nul doute fini comme cette pauvresse. Je me demande si quelqu’un a ramassé son corps ? Peu importe. Je dois bien avouer qu’après tout ça, l’idée de tout abandonner et retourner à l’océan m’a traversé l’esprit. Ærïelle me manque. Je me demande ce qu’elle fait ces jours-ci ? Elle doit être rentrée depuis le temps. Ça ne fait aucun doute, même. Après toutes ces années.

Entrée 191 :
Quand je relis l’entrée juste au-dessus, j’ai l’impression que plusieurs années la séparent de celle-ci. Il ne s’est pourtant passé qu’une semaine depuis que j’ai écrit ces lignes. J’ai accepté la proposition d’Eurielle. C’est une vampire. Elle a accepté de m’aider. Je crois que de tout ceux à qui j’ai parlé jusqu’ici, c’est la seule qui ne me semble pas être une vendeuse de tapis. Cela fait plusieurs jours déjà que nous discutons. Elle est passée me voir plusieurs fois à l’auberge, même si elle m’a confié ne pas aimer se mêler à la plèbe. J’espère ne pas me tromper sur elle, et qu’elle respectera ses engagements. De toute manière, j’aurais ma réponse ce soir. Il n’y aura plus de retour possible après ça. Si tout se passe bien, demain, je me réveillerai et je ne serais plus la même. Je ne pourrais plus retourner à l’océan, et je doute que ma famille veuille de moi, après tout ça de toute façon. Je m’y étais préparée. Ma sœur aussi, je pense. Même si je ne lui ai pas tout dit. Il ne valait mieux pas.






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