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 Ces histoires, que l'on conte, sont vraies |Solo - Part II

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Lun 18 Jan 2016, 13:08


« Pourquoi ? » articula péniblement l’Ange. D’un revers de la main, elle essuya le filet de sang qui serpentait tranquillement le long de son menton. Les ailes brisées, le corps meurtri, elle n’avait plus aucune échappatoire et se traînait sous l’ombre de son bourreau, qui la dévisageait, un léger et ravissant sourire aux lèvres. La meurtrière ne répondit pas, se bornant à contempler l’Ange d’un air rêveur. Tremblante, la jeune femme écarta ses cheveux blonds de ses yeux, les teintant de pourpre au passage. Elle jeta de petits coups d’œil nerveux sur les côtés, effleurant du regard les dépouilles qui s’entassaient près d’elle. Elle n’était pas la première à avoir subi le sort funeste, arrachée à son quotidien, arrivée dans un endroit qu’elle ne connaissait pas le temps de battre des cils. Le spectacle était insupportable. Il y avait beaucoup de femmes, quelques hommes, et même des enfants. La terre et l’herbe prenaient lentement une affreuse teinte sanglante. « Pourquoi ? » répéta-t-elle, haussant vainement le ton. Elle était loin d’être en position de force. « Qu’est-ce qu’on vous a fait ? Pourquoi en voulez-vous autant à mon peuple ? » Bredouillait-elle, la voix chancelante. Vanille s’accroupit lentement, glissant l’une de ses mains sous le visage de la pauvre demoiselle pour relever sa tête. « Ton peuple m’importe peu. » murmura-t-elle, avant de planter ses ongles dans la peau blême. L’Ange écarquilla les yeux, surprise. Elle toussota un instant, crachant du sang, avant de s’effondrer. Elle était la dernière d’une longue liste, une suite de nom qui ne signifiait rien pour les jolis yeux à l’éclat si froid de la Khæleesi. Ils ne représentaient que des mots, des cibles à abattre. Quelques chanceuses n’avaient pas eu vent du massacre, épargnées de la frénésie vengeresse de cette créature dont la plastique divine n’avait d’égale que dans la cruauté sanglante de l’âme. Charmée par l’esprit de rares élues, elle avait choisi de les laisser en paix pour le moment, jugeant que leur potentiel valait la peine qu’on les exempte du carnage. Rassemblées et empilées les unes sur les autres, les dépouilles s’embrasèrent jusqu’à ce qu’il n’en reste que des cendres. L’affaire était réglée. Celles qui demeuraient en vie avaient reçu l’autorisation tacite de mener leur existence. « Tu es une femme surprenante. » murmura tout bas un ténor inquiétant, sombre, aux notes un tantinet funeste. Vanille tourna doucement la tête. Assis sur un tronc couché par-dessus une flaque, un homme la dévisageait. Grand, élancé, la musculature se dessinait sous le coton de la chemise noire. Son visage était bien dessiné, la mâchoire carrée. Avec ses cheveux noirs et ses yeux bleus, il était bel homme et le maigre sourire ravageur qui étirait ses lèvres lui rappelait quelque d’autre, dont il avait étrangement l’allure. La Sirène songea vaguement à éliminer cet intrus. Il se releva. « Doucement, jolie panthère. Ne vas pas te faire mal. Ça serait dommage que tu me forces à abîmer un si joli minois. » Il cracha l’épaisse fumée blanche de la cigarette qu’il fumait, s’approchant à pas de loup de la jeune femme. « Tes lubies assassines ne m’intéressent pas, gamine. » Elle était tellement petite, par rapport à lui. La tête courbée, elle l’observait. Il la toisait, inquisiteur. « Vous avez une apparence qui m’ait vaguement familière. » Il sourit. « Il parait. » - « Vous êtes ? » - « Le Patron. » Elle leva les yeux au ciel. Cette conversation avait un air de déjà-vu qui lui déplaisait et l’agaçait. « Le Patron ? » - « Ça te pose un problème ? » - « Je suppose que c’est une tradition démente, délirante et familiale. » - « Je ne lui ressemble pas. » - « Pourtant, je suis certaine que vous êtes frères. Est-ce que je me trompe ? » Il rit, écrasant le mégot sous sa semelle. « Peut-être. » - « Puis-je savoir pourquoi vous avez jugé bon de venir à ma rencontre, Patron ? » - « La curiosité. Je me demandais qui avait bien pu retourner lui retourner le cerveau. » - « La recherche était dans un but purement informatif, évidemment ? » - « Je crains que non, gamine. » Ils se dévisagèrent longuement. « Qu’est-ce que vous me voulez, au juste ? » - « Si tu savais … » Il y avait quelque chose de malsain dans son expression. Cependant, cela ne dérangeait pas vraiment Vanille. « Pourquoi le Patron ? » - « Pourquoi le Professeur ? » Les questions se perdaient dans des sens confus. « C’est un choix osé. » - « Ce n’est pas quelqu’un pour toi. » - « Vous n’allez tout de même pas insinuer que je serai plus à ma place auprès d’un homme comme vous, par exemple. » Il rit. L’idée de partager quelques instants nocturnes avec elle ne semblait pas lui déplaire. « Je crois que tu es une femme libre qui n’est faite pour être enchainée par personne. » - « Mêlez-vous de vos affaires, s’il vous plait. » Elle tourna les talons. Il lui attrapa le bras. « Tu regretteras. » articula-t-il lentement. « Je crois survivre à une relation ponctuelle avec votre frère. » Il sourit. « Nous verrons. Je reviendrai te voir, gamine. »

« Je ne m’attendais pas à vous revoir aussi vite, cher Patron. » souffla la Khæleesi, allongée sur son lit et occupée à feuilleter un ouvrage. Dans un léger rire moqueur, l’intéressé sortit de la pénombre d’un pas. « Tu m’intrigues, petite. » avoua-t-il en allumant une énième cigarette. D’un regard perçant, il avisa la silhouette de la jeune femme. Elle avait changé d’apparence, pour prendre l’identité d’Elena Marellye, le Phénix de la Cité Libre de Pabamiel. « Quelqu’un risque de te surprendre ? » s’enquit-il d’un air détaché.  Elle tourna une page, tout aussi indifférente à sa présence. « Non. Le Palais de Jalahaiah est inviolable. » Elle releva doucement les yeux sur lui. « A quelques exceptions près. » Il eut un maigre sourire cynique. « Alors pourquoi revêtir cette forme ? » - « Par précaution. Cela vous dérange ? » - « Oui. » Elle arqua les sourcils. Il s’accroupit près du sommier. « Ce n’est pas cette femme-là que je suis venue voir. » Ils s’observèrent longuement, avant que, dans un battement de cils, elle ne reprenne son véritable aspect. « Mieux. » Elle soupira. « Votre frère et vous avez un talent pour m’importuner dans les moments décisifs. Je suis occupée, voyez-vous ? » - « Je sais, gamine. Ton anneau forgé et ses pouvoirs que tu t’en vas chercher. Navré mais ça ne m’intéresse pas. » - « Est-ce moi qui pique votre curiosité ou simplement le fait que le Professeur se soit entiché de moi ? » - « Hum … » Il attrapa du bout des doigts une boucle rousse. « J’aime les belles femmes. » - « Surtout lorsqu’elles plaisent à votre frère ? » - « Cela contribue davantage à leurs charmes. » murmura-t-il en écrasant son mégot sur le rebord d’une assiette vide, avant d’agripper le bras de Vanille. D’un geste brusque, il envoya valser le gros livre en dehors des draps avant de plaquer ses mains sur la gorge de Vanille. Dans un sourire, elle le griffa pour les reverser, lui et la situation. « Vous vous pavanerez de ça devant lui, n’est-ce pas. » demanda-t-elle tout bas, évoquant Cole. « Oui. Non. Peut-être. Je ne sais pas. Je m’en fous. » Il glissa ses mains sous la robe de la Sirène, caressant un instant la peau nue avant de déchirer le tissu. « Je croyais que seul l’intérêt de votre frère à mon égard comptait. » De toute évidence, quelques autres détails étaient alléchants. « La ferme. » La soirée, qui promettait d’être ennuyeuse, avait radicalement changé de tournure : Vanille pensait la passer à lire, le temps que le jour se lève et qu’elle puisse aller voir l’ensorceleur à qui elle avait commandé un enchantement. Elle ne s’était pas imaginée terminer entre les bras du frère de l’homme qu’elle avait accepté de fréquenter. Sans scrupule, ils passèrent plusieurs heures ensemble. Tandis que le Patron se rhabillait pour s’en aller, Vanille réfléchissait à ce qu’elle avait fait. Elle en arriva rapidement à la conclusion que son cœur était véritablement fait de cendres et de ruines. Elle ne parvenait pas à regretter. Elle était faite ainsi. Elle n’était pas faite pour aimer, pas de manière conventionnelle, tendre et naïve. Les mauvaises langues lui rétorqueraient qu’elle se complaisait dans ces existences de débauche, qu’elle s’interdisait une vie d’ennui et rejetait les instants de bonheur. Elle se moquait bien des pensées des autres à son égard car elle, elle savait la vérité. Cole était son Âme-Sœur, l’homme créé pour elle, celui qui était sa moitié. Ce n’était pas pour autant qu’elle ne pouvait pas aller voir ailleurs. Du bout des doigts, elle effleura l’anneau d’argent qui ornait son doigt. Il était prêt à recevoir les armures qu’elle avait commandé. Elle n’aurait d’armure que la solidité, les pouvoirs et la protection. En réalité, les tenues qu’elle avait demandées étaient plutôt légères et sensuelles. Dans un soupir las, Vanille se releva. Elle reprit l’apparence du Phénix de Pabamiel. C’était l’aube. Il était temps de quitter le confort du Palais. Avant de se rendre dans les galeries des Quartiers Marchands, elle devait faire un petit détour.

De passage à Vediah, la jeune femme s’attarda au Palais de Justice, à discuter tout bas avec trois magistrats en tenue sombre. Une affaire semblait les préoccuper, un cas si important qu’ils n’avaient pas pu faire autrement que de quérir les bons conseils de la régente de la Cité. « Il est acharné dans ses convictions et ne parlera pas. Il continue à nier sa culpabilité malgré les preuves accablantes. » - « Ses parchemins sont primordiaux pour la Cité de Pabamiel. Il nous faut les récupérer. Faites fonctionner la machine judiciaire. Les aveux viendront avec le verdict pour alléger la peine. Il est resté trop longtemps dans nos prisons. » Un juge acquiesça. « Je fais rédiger les documents nécessaires et prévenir son avocat. Nous vous tenons au courant des avancés du procès et de la recherche des manuscrits, Elena. » - « Bien. » - « Les écrits interdits. » soupira un autre. « Son crime aurait pu être parfait. Comme tous les êtres de son espèce, il a commis des erreurs qui l’enverront en geôle pour des décennies. » - « S’il avoue. » le corrigea un autre. Après avoir salué les hommes de loi, Vanille tourna les talons, un brin rêveuse. Pour sa part, elle trouvait son crime parfait. Il l’était presque toujours. Elle n’avait jamais été inquiétée. Cela ne commencerait pas avec ce vol. L’un des talents de la Khæleesi résidait dans son astuce, dans la capacité qu’elle avait à paraître douce, innocente et vertueuse tandis que celui qu’elle pointait du doigt avait tout du coupable. Elle ne s’encombrait pas de bienveillance, et trouvait la marionnette adéquate pour être désignée à sa place. Elle n’avait jamais été arrêtée ou emprisonnée, pire jamais soupçonnée.

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Ven 08 Avr 2016, 20:04


« Calme-toi, Sélène. » soupira un homme, nonchalamment allongé en travers d’un vieux fauteuil aux bras usés. Le regard fatigué, il contemplait sa jeune sœur qui faisait frénétiquement les cent pas, chacun d’entre eux résonnant sur le parquet de son atelier à cause des petits talons de ses chaussures. « Elle ne devrait plus tarder. » murmura-t-elle, le timbre anxieux. « Oui, je sais. C’est plutôt une bonne chose. Tu as travaillé des mois sur sa commande. » Les doigts tremblants, elle secoua ses cheveux, tout en jetant de petits coups d’œil furtifs au mannequin qui patientait dans un coin, dissimulé sous un grand drap blanc. « Si cela ne lui plaisait pas ? Peut-être devrais-je reprendre une dernière fois … » Elle esquissa un mouvement en direction de son ouvrage. Elle fut interrompue par la vois sèche de son frère : « Non. » Elle le dévisagea, surprise. Il souffla et frotta son visage entre ses mains. « Tu es une personne angoissée, Sélène. Cesse donc de te faire un sang d’encre pour rien. Ce que tu as fait est superbe. Elle sera forcément satisfaite. Forcément. » insista-t-il. La jeune femme cligna plusieurs fois des yeux. « Tu crois ? » articula-t-elle, petite voix de souris. Il sourit. « Evidemment. » Elle parut apaisée, rassurée. « Tu es une couturière d’exception, imaginative et inventive. Je ne m’en fais pas pour toi. Le Phénix n’aurait pas passé commande à une incapable. » L’Elfe n’arrêtait pas d’épousseter son pantalon. « Tu as sans doute raison. Je crains tellement que cela lui déplaise. » Il posa sa main sur son épaule. « Sois plus confiante en tes talents. Tu le mérites. » Les deux membres de la fratrie n’étaient pas vraiment habitués aux démonstrations d’affection et, passé le moment d’étonnement et de tendresse, ils se sentirent embarrassés. « Je pense que je devrai servir un peu de thé, de café ou de vin ? Que boit le Phénix, à ton avis ? Des petits gâteaux et des petits fours … Il nous en faut ! Est-ce que tu pourrais courir chez le boulanger ? Celui du coin de la rue. » Il leva les yeux au ciel. « Pourquoi pas celui qui est en face ? » Elle fit une petite moue. « Il est moins bon ! Les pâtisseries de Löwa sont excellentes et je ne peux décemment pas servir au Phénix … » Il la coupa. « D’accord ! D’accord, j’ai compris. » Non sans marmonner dans sa barbe, il attrapa son manteau au vol. « Je fais au plus vite. Ne perd pas la raison en mon absence. » Doucement, elle s’assit sur le divan. « Ne t’inquiète pas. » Pourtant, dès qu’il claqua la porte, elle sentit les tourments revenir. D’un geste brusque, elle tapotait ses ongles sur ses genoux, les yeux rivés sur le drap blanc. Que risquait-elle à jeter un dernier coup d’œil, à faire encore deux ou trois retouches pour que tout soit vraiment parfait ? Elle tenait tant à rendre fière Elena. La petite clochette de la porte tinta. « Déjà de retour, Dio ? » Elle avait le visage pincé, manquant de se faire prendre la main dans le sac en pleine rechute. « Bonjour, Dame Nü. Vous êtes matinale. J’ose espérer que cela n’est pas de mon fait. » L’Elfe se figea sur place une seconde, avant de se retourner dans une envolée de boucles blondes pour s’incliner aussitôt. « Bonjour Lady Marellye. » Après une hésitation, elle osa relever les yeux pour contempler le Phénix. Elle était vraiment une belle femme, avec une peau blanche comme la neige, des lèvres naturellement rouges et de longs cheveux raides d’une couleur tout aussi sanglante. Ses yeux clairs étaient perçants, sa prestance écrasante. « Je vous attendais avec impatience. » bafouilla-t-elle, tant bien que mal. Elle bondit en arrière, présentant les différents fauteuils qui entouraient une table basse. « Asseyez-vous, je vous en prie. Désirez-vous boire quelque chose ? » - « Du café, s’il vous plait. » - « Tout de suite. »

L’eau frémissait dans les petites tasses en porcelaine. Le frère de Sélène n’avait pas tardé à revenir. En silence, il avait disposé les pâtisseries sur la table avant de grimper des escaliers qui menaient aux appartements privés, désireux de laisser sa sœur gérer seule ses propres affaires. Les deux jeunes femmes discutèrent un instant, de tout et de rien, avant que la tenue ne revienne au cœur des conversations et des préoccupations. « J’ai parcouru les continents près de deux mois, le temps de trouver les meilleures soies, les plus beaux voiles, et broderies les plus délicates, et les artisans capables de façonner les bijoux pour orner le tissu. » Le Phénix acquiesça, souriante. Sélène prit une grande inspiration. Elle ne pouvait plus gagner la moindre seconde de répit. Il était temps qu’elle montre son ouvrage à Elena. La mort dans l’âme, elle tira le mannequin de couture pour le placer dans la lumière du jour, qui perçait à travers une grande fenêtre. Elle jeta un coup d’œil à sa cliente, avant de faire tomber le drap. « Hum. » Sélène se figea, le souffle coupé, le temps que le Phénix découvre la robe. C’était une tenue délicate et sensuelle, une longue robe noire au jeu de transparence, comme pour dévoiler de temps à autre la peau des bras e des jambes. La dentelle, sombre et fine, décorait les hanches et les épaules. Elena effleura du bout des doigts les pièces qui composait le buste, le ruban qui parcourait le corsage. Des touches bleutées illuminaient la tenue. Le col était haut et ouvert. Il se dégageait une impression princière, royale. L’effet était voulu. Face au mutisme prolongé de la Phénix, Sélène se sentait de plus en plus anxieuse, prête à défaillir. Elle était pendue aux lèvres de l’Impératrice, ces lèvres rouges closes. Elle blêmit, incapable d’interpréter les expressions de sa cliente. Pourtant, celle-ci souriait. « Je … J’espère que mon travail est à votre goût. Vous m’avez demandé de réaliser quelque chose en parfait équilibre entre l’envoutement et la prestance. J’ai étudié votre façon de vous vêtir et je me suis dit que … J’espère que vous ne trouvez pas que l’ensemble est … Je veux dire … » - « C’est parfait. » L’Elfe écarquilla les yeux, déconcertée. « Oh, je … Je suis contente. » Plutôt, elle se sentait revivre. « Qu’en est-il de l’enchantement ? » s’enquit Elena en tournant la tête vers la couturière. En réalité, elle s’intéressait moins à ses talents manuels qu’à ses capacités magiques. Ils étaient des centaines, à travers les Terres du Yin et du Yang, à avoir des doigts des faes et à pouvoir confectionner des robes à la beauté époustouflante. Ils n’étaient pas aussi nombreux à pouvoir, dans le même temps, ensorceler le moindre fil pour qu’il contienne un sort qui puisse être libérer à hauteur de la magie du porteur du vêtement. « Il est en place, Lady. Est-ce que vous … Désirez-vous l’essayer ? » - « Non merci, ça ira. » Elle s’écarta d’un pas. Elle savait que l’Elfe ne lui mentait pas. Sélène n’arrêtait pas de gesticuler des bras. « Bon. Je suppose que vous pouvez repartir avec, si tout est en ordre. » Elle avait déjà été payée, de façon plutôt généreuse. La jeune femme glissa ses longs doigts dans ses cheveux rouges, pensive, avant d’acquiescer doucement. L’instant d’après, Sélène s’affairait à placer la tenue dans un large paquet, qu’elle agrémenta d’ornements et de petits bijoux. Tout devait être parfait. Elle tenait à paraitre irréprochable aux yeux de l’Impératrice. Après de brèves politesses et les remerciements de rigueur, la belle Elena s’en alla et les frères et sœurs Nü reprirent le cours de leur vie. Pour quelques heures, tout du moins.

A la pâle lueur d’une bougie à la flamme chancelante, Sélène grimpait doucement les escaliers. Depuis le passage du Phénix dans son atelier, elle était d’humeur radieuse. Elle avait assez d’économie pour se permettre quelques folies, comme l’achat de plusieurs cartons de la meilleure soie de la Citadelle Blanche, qui venaient tout juste d’arriver à sa porte. « Il y a eu une livraison, Dio. Est-ce que tu peux venir m’aider ? Ils sont trop lourds pour moi. » Son frère ne répondait pas. « Ne fais pas ta mauvaise tête. Je sais que tu ne dors pas. » Ce silence persistant l’agaçait. Néanmoins, l’Elfe ne s’inquiétait pas. Il n’était guère dans ses habitudes de fabuler dès que le plus petit détail du tableau serein de son existence clochait. « S’il te plait, Dio ! » s’impatientait-elle. Elle poussa du bout du pieds la porte de sa chambre, vide. « Dio … ? » Après avoir inspecté chacune des pièces de la petite maison, elle dut se résoudre à l’évidence : il n’était pas là. Elle pesta contre lui, certaine qu’il était sorti en douce pour se souler dans les auberges de Pabamiel, avec ses amis. Elle était loin de se douter de ce qui lui était réellement arrivé. A vrai dire, elle ne le saurait jamais, ni elle ni personne. Il avait simplement disparu, sans laisser la moindre trace. Sélène n’aurait pas le temps de se lamenter sur une tombe sans cadavre, de maudire son absence si elle préférait croire qu’il était juste parti. Dans un cri étouffé, elle fit tomber la bougie, qui s’éteignit en dévalant les marches. Elle avait été agrippée par une ombre, emportée par elle. Elle connut un lugubre destin, à l’instar de son frère. Seulement, nul ne s’en douterait jamais. Vanille possédait un certain talent pour les meurtres et les assassinats. Redoutable, efficace, elle prenait les vies dans le plus grand des silences, pourvu qu’elle le désir. Ses Dragons avaient toujours faim. Les dépouilles qu’elle leur jetait ne résistaient jamais plus de quelques minutes. Ils broyaient même les os ; et les rares qu’ils rechignaient à avaler finissaient dans les eaux glacées des mers et des océans. « Chut. » murmura-t-elle tout bas à Deimos, allongé le long de la grande pièce, sa gueule près des genoux de la Khæleesi, accroupie par terre. Elle caressait lentement sa tête sans se soucier du sang qui recouvrait ses écailles. Il grognait. La Sirène releva les yeux sur l’objet de son mécontentement. Assis un peu plus loin, Gribouille contemplait la scène d’un regard sévère. Deimos et le Kraken ne s’entendaient guère, pour être tout deux des chefs de meute. Vanille sourit. Un jour, il en viendrait certainement à se battre. Elle était assez curieuse de voir qui aurait le dessus, entre ses deux créatures aussi mythiques que puissantes. Le combat vaudrait à coup sûr le détour. Pour l’heure, Deimos imposait sa loi, trompé par l’apparence inoffensive de Gribouille qui préférait attendre sagement son heure plutôt que de démontrer sa force et sa rage. La démarche hautaine, il tourna les talons. Le Dragon s’apaise immédiatement.

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Dim 29 Mai 2016, 02:12


La Khæleesi venait tout juste de retrouver sa véritable apparence, une fois enfermée dans ses appartements privés du Palais de la Cité de Pabamiel. En quelques mouvements légers, elle se débarrassa de la panoplie de bracelets en or qu’elle portait aux chevilles et aux poignets, parure traditionnelle de la région. Dans un léger sourire, elle releva doucement ses grands yeux clairs sur le miroir qu’elle avait en face d’elle, pour scruter indirectement un coin de la chambre. « Je croyais vous connaître, toi et tes perversions, mais j’ignorais cette facette de ta personnalité. Depuis quand donnes-tu dans le voyeurisme ? » murmura-t-elle tout bas, dans un petit rire. Un battement de cils plus tard, un jeune homme apparut, assis nonchalamment sur un fauteuil, les pieds croisés sur le lit. « Comment as-tu su ? » s’enquit-t-il, impassible mais curieux, le ton froid. « Je sais que tu adorerais savoir. Dire que tu vas devoir vivre dans l’ignorance de mes talents … » Il haussa vaguement les épaules. « J’ai tout de même réussi à te pister et te retrouver. » Elle eut un hoquet méprisant. « Ne sois pas stupide. Je t’ai laissé venir à moi. Crois-tu réellement que les indices que tu as trouvés étaient le fruit de hasard ou de recherches acharnées ? Quelle naïveté. » Il soupira. « Comment as-tu pu te douter que je te cherchais ? » - « Tu as tendance à oublier que tu ne peux rien me cacher. Si tu ne tiens pas à ce que je te remarque, évite de te pavaner sur mes terres avec Râ. Il est reconnaissable entre mille. » Il leva les yeux en pestant. Il avait omis ce détail. « J’ai fait un détour par les grandes salles, avant te rejoindre. Tu vas finir par avoir plus de fréquentations dragonnes que moi. » Vanille restait prudente avec Jarod. Même si elle se plaisait à se moquer de lui, il était le Pendragon et sa puissance n’était pas à négliger. En tant que grand protecteur des Dragons et membre d’un Empire qui partageait des liens particuliers avec eux, il portait un regard particulier sur les « maitres impurs », sans pour autant manifester l’hostilité qu’ils portaient aux élevages. « Ils viennent à moi. » - « Hum hum. » Il la dévisageait avec insistance. « Quand te décideras-tu … ? » Il s’interrompit, suggestif. « Un jour, peut-être. Ce n’est pas dans mes projets immédiats. » Surtout, elle ne comptait pas se soumettre aux ordres du Lord Lan. Depuis qu’elle désirait rejoindre la Caste – cela faisait plusieurs décennies qu’elle y réfléchissait mais ne franchissait pas le pas, ce n’était pas encore le moment car elle avait à faire auparavant – elle s’était promis d’aller au plus haut de la hiérarchie. Elle n’hésiterait pas un seul instant à poignarder son amant. Jarod, sur le ton de l’humour, enchaîna : « En tout cas, je ne suis pas un voy … » La fin de sa phrase se perdit dans le spectacle qu’il avait sous les yeux. La Sirène, sans pudeur, s’était déshabillée. Nue, belle et sensuelle, elle posa doucement ses mains sur ses hanches et regardait le jeune homme avec insolence et défi. Jarod s’enfonça dans son fauteuil en croisant les bras, occupé à la dévorer des yeux. « Hum. Peut-être un peu. » - « Que veux-tu, Jarod ? » demanda-t-elle en articulant chaque syllabe. Elle ne paraissait pas désireuse de s’habiller. Ce n’était pas pour déplaire à son interlocuteur. « Il y a une question que j’ai toujours voulu te poser. » avança-t-il, pensif, presque méfiant. Vanille souffla et tourna les talons. « Es-tu sûre de vraiment vouloir la poser ? La réponse pourrait te heurter. » Elle savait ce qu’il voulait mais il pouvait encore se dérober. « Pourquoi maintenant ? Cela ne t’intéressait pas, avant. » - « La situation est … différente. » - « Oui, tu es veuf maintenant. » Son comportement devint immédiatement glacial. « Toujours aussi délicate. » - « C’est dans ma nature. » Quelques secondes s’écoulèrent. La Khæleesi attrapa une robe de chambre en soie, accrochée à un paravent aux ombres noires, pour l’enfiler. « Alors ? » - « Oui ? » Elle voulait qu’il le demande, à voix haute. Il le savait. Les lèvres pincées, il réfléchit un instant. « Tu es tombée enceinte de moi, quand nous nous fréquentions … » Elle le coupa. « Ah ? Nous avons arrêté ? » Il l’ignora. « Deux fois, même. Qu’as-tu fait des enfants ? » D’un pas aérien, elle se glissa près de lui et s’assit sur le rebord du matelas, devant lui. Elle pencha légèrement la tête sur un côté. « Que penses-tu que je leur ai fait ? » - « Le doute est permis, Vanille. Tu es loin d’être la personne la plus tendre que je connaisse, ni la mère la plus aimante. J’aimerai juste en avoir le cœur net. » - « Je ne te pensais pas si sensible. Maintenant que tu n’as plus de famille légitime, tu vas fouiller dans le passé de tes maîtresses pour te trouver une progéniture. Tu es pitoyable. » - « Contente-toi de répondre. Je ne t’en voudrais pas de … D’avoir fait ce que tu fais, le plus souvent. Je ne peux te le reprocher. Je n’ai rien dit, quand je te savais enceinte de moi. Néanmoins, je veux savoir. » - « Mon pauvre Jarod. Pourquoi me donnes-tu ce pouvoir sur toi ? Tu n’es pas sot au point de croire que je ne vais pas en jouer. » - « S’il te plait. » Elle médita un instant. Dans un soupir, il se releva, prêt à s’en aller. « Deux filles. » Elle jubilait presque. « Elles sont en vie, toutes les deux. Ce qui ne veut pas dire que je n’en ai pas tué une. Deux, c’est trop. » - « Qui sont-elles ? » - « N’exagérons rien. » Il s’était rapproché, le regard insistant. « Je t’en ai dit bien assez, pour l’instant. » Il sourit. « Je te ferai cracher le morceau, tôt ou tard. » - « Tu finiras par savoir. Quand je l’aurai décidé. Quand cela me servira. » Dans un autre souffle, il se laissa tomber à côté de la jeune femme sur le matelas. « Tu devrais déjà être parti. » chuchota-t-elle en s’allongeant à son tour. « Je n’en ai pas tout à fait fini avec toi. » - « Tu es idiot. » - « Tu es craquante. Quand tu ne parles pas. » Il la tira par le bras et plaqua ses lèvres contre les siennes. Jarod n’était pas si sentimental que ça.

« Cela fait tellement longtemps que les miens se terrent dans la pénombre. Il est grand temps que cela cesse. » Vanille eut un petit sourire. Allongée dans ses draps, elle songeait à ses desseins. « Comment comptes-tu t’y prendre ? » - « Je ne sais pas encore. Les Souverains sont des personnes vaniteuses. Ils ne doivent pas être nombreux, toi mise à part, à être au courant de l’existence des Quatre. » - « Votre réalité va créer l’angoisse chez certains. Ce sera merveilleux. » - « De vieilles légendes circulent à notre égard. Ils seront préparés un minimum. » Il souffla. « Je suis las de cette île. » La jeune femme demeura silencieuse de longues secondes. « J’ai peut-être une solution à te proposer, pour certaines de tes préoccupations. Une proposition intéressante. Très intéressante. » Il sourit. « Tu veux éveiller ma curiosité. De quoi s’agit-il ? Plutôt … Qu’est-ce que tu veux en échange ? » - « Ton soutien. » - « Le mien ou celui des miens ? » - « Tous les Dragonniers. Je suppose que les membres de ton royaume prête toujours allégeance à celui qui paie le mieux ? » - « Je trouve que c’est une merveilleuse philosophie de vie. » - « Parfait. Personne ne pourra mieux payer que moi. » - « Qu’offres-tu ? » - « Un territoire. La portion que tu désires sur une région vierge. » Il arqua les sourcils. « Comment … » - « Ce sont mes affaires mais je te garantie le résultat. La seule condition est ton intervention à ma demande. » - « Tu n’es pas une femme digne de confiance, petite panthère. » Il avait de la chance. Elle tolérait qu'il la nomme ainsi. Ce n'était pas un privilège qu'elle accordait à tous. « Je ne peux te reprocher cette preuve de bon sens mais réfléchis. C’est une offre prometteuse pour les tiens. » - « Tu es une excellente menteuse et manipulatrice. » Elle sourit. « Tu es plus soupçonneux lorsqu’il s’agit de me parler que quand il faut me toucher. N’oublie pas que les deux peuvent être mortels, à ma guise. » Il se releva légèrement, elle fit de même. « Laisse-moi voir. Juste entrevoir. » s’empressa-t-il de corriger face à la mine de sa maîtresse. « Jette un coup d’œil de travers et tu tomberas raide mort ici-même. » - « Je sais bien. » Souriante, elle ne bougea pas. Elle n’avait besoin d’aucun geste, d’aucun subterfuge, pour provoquer ses visions. Jarod, quant à lui, posa doucement ses doigts sur les tempes de la Sirène. Juste une seconde. Il s’écarta vivement. « Qu’est-ce que … Où … » - « Est-ce que ça t’intéresse ? » Il se mit à rire de longues secondes. « J’en suis. » Elle hocha doucement la tête. « J’ai un service à te demander. Je veux que tu me mettes en contact avec lui. » Il afficha une expression victorieuse. « Tu as besoin de moi, ma belle. » - « Je pourrais arguer longtemps que mon offre est bien plus généreuse que la tienne mais je me contenter de te manipuler. Ton aînée est une Nymphe. Fais-en sorte qu’il me rencontre et tu auras son nom. » Il fit mine de peser le pour et le contre. « Bien. Tout ça me parait honnête. » Il agrippa le bras de la Dame des Abysses lorsqu’elle voulut quitter le lit. « Où est-ce que tu vas, toi ? » susurra-t-il. « Les négociations ne sont pas tout à fait terminées. » Plutôt, il avait une petite idée derrière la tête. Encore une fois. Vanille se félicita intérieurement de s’être retenue. Quelques heures plus tôt, elle avait vaguement hésité à régler le sort de Jarod. Après tout, elle comptait l’éliminer pour prendre sa place dans un avenir plus ou moins lointain. Elle aurait pu prendre un peu d’avance, placer un pion, un caméléon qui aurait donner le change jusqu’à ce que le moment soit propice. Elle s’était ravisée, songeant qu’il valait mieux attendre. Elle ne regrettait pas sa décision. Jarod avait un sursis, jusqu’à ce qu’il ne soit plus utile à ses petites manigances. Se doutait-il de ce qu’elle avait en tête pour lui ? Il n’était pas un imbécile mais les femmes étaient vouées à causer sa perte. Vanille se ferait un plaisir d’être celle qui scellerait son destin, par le poison et le sang. Paupières closes, elle laissa le Dragonnier embrasser sa gorge et ses joues. Elle songea une seconde à Cole, une image qu’elle chassa rapidement de son esprit. Elle ne voulait pas penser à lui. Elle ne pouvait pas vraiment s’en empêcher. Par contre, elle parvenait sans mal à s’en ficher.

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Ces histoires, que l'on conte, sont vraies |Solo - Part II

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