Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Plusieurs jours après la chute de l'Ordre d'Hébé, de retour à Ciel-Ouvert, Latone se remet doucement de ses blessures et souhaite remercier leurs alliés du siège d'Arcadia.

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" Et puis quoi encore ? On doit leur envoyer des fleurs pour les remercier ? " Si elle avait su que cette simple question l'enverrait sur les étals du sous-quartier, elle y aurait réfléchi à deux fois.

Latone retint sa chapka au dernier moment, un puissant courant d'air la prenant par surprise. Elle vit hélas un enfant faire tomber sa sucrerie dans la neige et se mettre à pleurer auprès de sa mère. La Bleue afficha un air aussi désolé qu'un chouïa amusé, alors qu'ils s'engouffraient dans une rue parallèle. En assistant à une telle scène, la Kirzor fut bien contente d'avoir dissuader Groa et Bhaf de l'accompagner, pour la simple raison qu'ils seraient encore plus incontrôlables que la météo actuelle. Au moins, en réajustant les attaches de son manteau, elle se convainquit que ce n'était que des souffles passagers : Ciel-Ouvert en avait vu bien plus.

Le quartier Aria était plutôt bondé, la cité semblait retrouver un certain essor commercial depuis la conquête d'Arcadia. Les marchands et artisans s'arrachaient les cheveux pour relancer l'économie après toutes les fluctuations récentes, l'appropriation des biens de l'Ordre déchu d'Hébé et les partenariats naissants avec les alliés temporaires de la Marche lors du siège. C'était notamment à ce sujet que Latone s'activait et déambulait jusqu'ici. Certains Marcheurs la reconnurent et la saluèrent, personne ne l'interrompit pour autant, ainsi dénommé le respect propre aux Marcheurs. Elle avait une mission, une idée bien précise, même si les Hurabis avaient tenté de la dissuader de sortir de la Vigilante pour encore quelques jours. Des vacances… Oui, on lui avait suggéré de prendre des vacances. Tout ça parce qu'elle en avait déjà trop fait entre la dernière descente en Linos et maintenant avec la destruction des Chevaliers d'Hébé. Du moins, c'était ce qu'elle avait cru au début. Mais les Hurabis – à son instar – n'étaient plus dupes : ils se sensibilisaient aux Échos et finissaient par comprendre le mal qui la rongeait. Damon Von Ivanova ne lui avait infligé que des blessures traitables par magie, mais ce qu'il lui avait fait à ses Sereëkim dépassaient le commun des sorts. Depuis ce duel, Latone se présentait plus affaiblie, moins réactive. Son retour à Ciel-Ouvert l'avait en partie requinquée, ce qui était loin d'être suffisant. La Kehaä sentait que ses bras invisibles reprenaient peu à peu leur forme habituelle, néanmoins la régénération s'avérait trop lente. Des vacances, certes, seront un luxe dont elle ne pourra se passer.

" Oh, pardon ! " Une petite fille lui était rentrée dedans, trop enjouée par ses compagnons.

Latone se figea : elle reconnaissait cette voix. Et cette bouille. L'enfant aussi, après s'être décalée, capta le regard de l'Éclat.

" Mais c'est toi ! Latone ! "

Instinctivement, la jeune femme sourit à l'énergétique Toesia, ainsi qu'à Kaine qui venait de la rejoindre. Plus loin, d'une démarche tranquille, Dærion conserva un œil attentif sur les enfants à sa garde.

" Hé, Toto. Kaine. Et Dærion, bonjour. " Sa voix semblait plus faiblarde que d'habitude, comme si elle avait du mal à l'utiliser.

" Bien le bonjour, Hurabis Kirzor. " Une révérence de sa part, qui tranchait la simple main agitée du plus jeune Orisha.

" Salut Latone, c'est drôle de te croiser ici. "

C'était vrai : mis à part pour visiter son établissement floral, la Kirzor ne trainait plus trop dans les bars et plus généralement à Aria. Son rôle de Guide, avec sa renaissance, la tirait constamment vers les hauteurs de la cité.

" Tu vas bien ? La concernée éleva un sourcil. T'as pas l'air en forme… " Elle était un peu plus blanche que d'habitude, mais qui ne l'était pas dans ces montagnes ?

" Je ne me suis pas encore entièrement remise du siège. Mais ça va bien, je peux encore marcher. "

" Oh, le siège ! Félicitations pour la victoire ! C'est vrai, Pa' nous a raconté ce qu'il s'est passé, quand vous avez embusqué les méchants Chevaliers ! "

" Par contre, il n'a pas bien vu l'incroyable duel entre le fourbe Empereur Damon et l'Éclat de Ciel-Ouvert. Si tu nous racontais depuis le début ? "

Face à l'apparente détresse de l'Aäsho, le tuteur des Koërta s'interposa pour canaliser leurs ardeurs. Malgré tout, ces entrains combinés lui arrachèrent un sourire et lui rappelèrent ces moments privilégiés où elle se glissait dans la peau de leur mère, tissant des liens complices et solides. La dernière fois qu'elle les avait vus remontait à Aïkisu. Miles et Océana manquaient à l'appel, ce qui ne la dérangeait guère plus, finalement.

" C'est rien, vraiment. Cela lui donnait même une idée. Et si on faisait un marché ? Aidez-moi à trouver certaines variétés de fleurs et je vous raconte tout dans les moindres détails. "

L'affaire était entendue. Cela ressemblait bien à l'une de ces sorties privilégiées, puisqu'au fond Latone aimait beaucoup Kaine et Toesia ; elle serait parfaitement prête à verser son sang pour eux, alors qu'ils ne possédaient pas le sien. Ainsi, pouvoir renouer ces liens qui l'avaient humanisée la combla et lui donna un peu plus d'assurance durant ce périple au marché. Au détour de quelques étals, Latone ne se montra guère chiche sur son récit, sachant pertinemment que les Chants les portèrent à la moindre oreille de Ciel-Ouvert.

" Et pendant que je me démenais pour arrêter Damon, de surprenants alliés nous avaient rejoints pour encercle la citadelle de toutes parts. Nous avions déjà dressé un plan avec les Anges, mais nous n'étions pas seuls dans cette bataille. Les Dragonniers ont fendu les cieux, des Lyrienns se sont mêlés à nos rangs. Les Humains étaient présents aussi et nous ont soutenus. Plus surprenant encore, les Réprouvés marchèrent aux côtés des Sorciers, accompagnés des Magiciens. "

L'implication des Mages Noirs avaient énormément fait jaser à la capitale, leur présence reçut par certains taciturnes comme une insulte et un affront dont ils se rachèteront. Mais l'eau finira bien par couler sous les ponts, car il était plus qu'évident qu'en ce jour exceptionnel, les ennemis de leurs ennemis furent amis. Dans un autre registre, des Striomas avaient noté la présence de Déchus groupés, mais leur discrétion l'intimait de ne pas les notifier. Malgré tout, ils ne seront pas écartés.

" Peuh, nous avions déjà bien assez d'alliés, on n'avait pas besoin d'eux pour gagner ! "

" Tant qu'ils n'ont tué personne, à part des Chevaliers bien sûr… " Vu comme ça, c'était effectivement pour le mieux.

" Et Damon alors, comment tu l'as battu ? " La petite Toto eut les yeux gorgés d'étoiles en s'imaginant un duel épique.

" Disons que j'ai eu de la chance : après avoir suffisamment affaiblie sa Thémys, j'ai convaincu celle-ci de m'aider plutôt que lui. Il se retrouva alors désarmé et sans défense, ce qui m'a permis de le faire choir à terre. "

" Trop coooool ! "

" Mais du coup… Sceptique, Kaine se massa le menton. Pourquoi ce n'est pas toi la Duchesse d'Arcadia ? " Latone émit un bref rire, touchée là où ça faisait mal dans sa conquête de gloire.

" Être la Duchesse impliquerait de passer tout mon temps à Tælora, ce qui ne fait franchement pas parti de mes plans. Prune était le meilleur choix, ses responsabilités à Ciel-Ouvert étant moins significatives que les nôtres. Et du peu que j'en ai entendu, notre nouvelle Duchesse se débrouille très bien là-bas. "

" Tu entends ça, Kaine ? Notre Prune est à la tête de la nouvelle armée ! "

La Bleue acquiesça, songeuse quant à l'évolution de leurs effectifs à Arcadia, et plus généralement de leur emprise là-bas. Il faudra encore quelques temps avant de voir les premiers résultats significatifs.

" Sinon, on a assisté à votre retour à Ciel-Ouvert. Le gigantesque cortège qui amenait les prisonniers à Verillon, avec à sa tête la Championne d'Hébé en personne. "

" On a réussi à voir Damon à travers les barreaux ! Il va rester en prison ? "

" Les Hurabis ont rendu la sentence récemment, mais oui : Damon et tous ses complices croupiront à Verillon jusqu'au trépas. Cela dit, si l'un de nos alliés du siège souhaite revenir sur cette décision, il se pourrait que leurs peines soient réévaluées. Il en va de même pour les peuples auxquels ils appartiennent à l'origine. Son regard s'éleva vers l'impressionnante bâtisse d'incarcération et son mur lisse et glacé. À nos yeux, ces criminels restent des esclavagistes, à la tête du plus gros réseau que nous n'ayons jamais affronté. Si cela ne tient qu'à nous, ils laveront les sévices causés aux Anges et à de nombreux aspirants Chevaliers entre nos murs. "

Les enfants soutinrent cette décision, forcément du côté de leurs héros, les Marcheurs.

" D'une certaine façon… Ses iris s'abattirent sur le mini traîneau qu'elle trimballait, celui-ci gorgé des fameux présents. Ces bouquets seront à la fois un remerciement symbolique et un rappel que nous resterons ouverts aux négociations. Elle fronça les sourcils, soudain diabolique. Sauf pour les Sorciers, pour eux ce seront des fleurs empoisonnées ou dangereuses, je me tâte encore. "

Ils étaient déjà en froid depuis trop longtemps avec ces engeances de Mayfair. Maintenant que la Marche Terne avait prouvé qu'elle était capable de renverser un Empire, elle pouvait s'assoir à la table des Grands et cracher au visage des nuisibles sans trembler des genoux.

" Il ne nous reste plus beaucoup de bouquets à sélectionner. " Récapitula l'Orisha en comptant les trouvailles de la journée.

Alors que l'initiatrice de ce projet le suivit dans cet élan, Toesia échangea quelques murmures complices avec son grand frère, celui-ci approuvant silencieusement la nouvelle lubie de sa cadette. Après tout, à Aïkisu, ils n'en eurent pas l'occasion ; ou l'avaient oublié, tout bonnement. Se raclant la gorge d'un air impérieux, la jeune Koërta arracha l'attention de la Hurabis.

" Dis, Latone. L'œillade lancée troubla un brin la Kehaä. Tu ressembles beaucoup à notre Mamä. Une pause, nécessaire pour suggérer à tous les protagonistes que cette affirmation était on ne peut plus vraie. Tu es sa sœur jumelle ? "

Même si elle ne semblait pas être si affectée par leur indiscrétion, la Bleue était bel et bien touchée par cette interrogation particulière. Qui était-elle pour Léto ? Une Hozro ? Le fruit d'une imagination incarnée ? Une amie ou une nuisible ? Toutes ces questions convergeaient vers une plus fondamentale : qui était Latone ?

" Non. Malgré les souvenirs épars de Lolaha, il était évident qu'un tel lien de sang n'existait pas entre elles. Sincèrement, je ne sais toujours pas ce que je suis. Alors qu'elle aurait pu en rester là, les Koërta la virent sourire, radieuse. Mais j'aime à croire qu'à ma façon, je fais aussi parti de la famille. "

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