Ça mousse

Depuis que j’étais à Basphel, ma vie avait complètement changé. L’œil des professeurs sur moi n’avait jamais été celui-ci. Forcément. Ikar Pendragon, le rejeton d’Adam Pendragon. J’avais rapidement eu vent de la rumeur selon laquelle il avait couché avec l’ensemble du corps enseignant de l’école, à l’exception de quelques coincés dont je n’avais pas retenu les noms. Ça ne m’étonnait pas vraiment. Le problème ne résidait pas tant dans le fait que mon père trempe ses attributs par ci par là, mais bien dans le fait que tout le monde se demandait si je serais comme lui ou non.

Il y avait à peine deux jours, une fille d’une quinzaine d’années était venue m’adresser la parole, en me disant que mon père avait fait son affaire avec sa grande sœur dès qu’elle avait quitté l’établissement et qu’elle désirait, elle-aussi, le rencontrer. Je lui avais dit non, bien sûr. Je ne voyais déjà pas moi-même le gars en question, je n’allais pas en plus jouer son secrétaire. Contre toute attente, elle ne s’était pas débinée et m’avait demandé si, moi, ça me dirait, de faire des choses avec elle. J’avais dû devenir cramoisi, autant de colère et que gêne. Je lui avais, en tout cas, crié qu’elle pouvait toujours se savonner et que JAMAIS je ne ferais quoi que ce soit avec elle, peu importe le temps ou l’endroit. Je n’étais pas mon père. Je m’en foutais de sa face de cachalot.

Donc, pour résumé, être le fils de Bidule, ce n’est jamais cool. Moi, en tant que fils d’un Luxurieux notoire et Professeur de Basphel, forcément, on s’attendait à deux choses : un, que je sois studieux et, deux, que je me trouve rapidement une copine ou un copain. Sauf que j’étais plutôt du genre dissipé et que je n’avais rien à faire de fourrer des parties de mon anatomie dans celles d’autrui, ou inversement. Je voulais faire ma vie, en tant qu’Ikar, juste Ikar, et pas Ikar, fils d’Adam Pendragon et d’une connasse inconnue.

Cette position m’avait valu ma première heure de colle, celle que j’étais en train de réaliser. Heureusement, l’exercice à faire était plutôt passionnant. Il s’agissait de suivre à la lettre une recette afin de recréer une potion. Ma magie n’étant pas très développée, personne ne me demanderait de faire fonctionner ladite potion mais il fallait simplement que j’arrive à confectionner la base de la préparation.

Avant d’expliquer exactement ce que je faisais actuellement, j’avais été collé parce qu’une élève avait fait un commentaire désobligeant sur mon père. Soi-disant que son grand frère était devenu homosexuel à cause de lui, ce qui la foutait très mal chez les Mages Noirs. J’avais rétorqué qu’on ne devenait pas homosexuel et que si son frère aimait les bananes et pas les oursins, bah c’était son problème. Le ton était monté et j’avais fini par lui envoyer mon livre de cours sur le crâne, excédé par tant de mauvaise foi. Le crâne n’avait rien eu mais le livre avait subi quelques dommages en tombant au sol. Le professeur stagiaire avait eu bien du mal à ramener le calme dans la salle et, finalement, puisqu’il fallait un coupable, c’était tombé sur moi. Comme par hasard.

Donc, j’étais dans une pièce, avec plein d’ingrédients, à devoir refaire exactement ce qui était noté sur des recettes. Vous voyez le truc venir, non ? C’est super tentant, d’avoir tous ces ingrédients à disposition : des étagères et des étagères remplies de choses inconnues aux noms aussi long que la colonne vertébrale d’un Zihaag. Forcément, à un moment, il se peut que j’aie légèrement dévié de ma tâche. La curiosité, un vilain défaut selon certains.

« Arrête-toi ! Arrête-toi ! »

Quand mon saladier avait commencé à mousser et mousser encore, je n’avais rien trouvé de mieux que d’essayer de lui parler, dans l’espoir naïf que le phénomène s’arrêterait de lui-même. Peine perdue.

« AAAAHHHH ! »

Ma voix s’éleva dans le couloir, avant que je ne comprenne qu’il n’était peut-être pas une bonne chose d’alerter la populace. Si jamais la mousse ne s’arrêtait pas et envahissait l’école entière, je ne voulais pas être tenu pour responsable. Affolé, mais avec une certaine candeur quand même parce que je trouvais ça très drôle au fond, je courais dans les couloirs. La seule chose qui m’effrayait, c’était la potentielle punition qui risquait de s’abattre sur moi. Le reste m’amusait beaucoup. Courir me faisait me sentir libre et j’aimais ça. Sauf que toute bonne chose à une fin. Je vis une fille aux cheveux bleus au dernier moment, juste devant moi. Mes jambes s’emmêlèrent les pinceaux et je me cassai la figure à ses pieds.

Je poussai un soupir de soulagement en constatant que je n’avais rien. Peut-être une écorchure au genou mais ce n’était pas la mort. Je me retournai et lui envoyai un énorme sourire.

« Salut, je suis Ikar. »

Je lui tendis la main, toujours par terre.

821 mots

Ça mousse

☙ Sing Street - Drive It Like You Stole It

Susannah avançait dans le couloir, le front plissé par la concentration. Une professeure l'avait repérée assise à bailler aux corneilles sur un banc - en réalité, la Sirène s'était isolée car Lucille n'avait pas cessé de jacasser dans ses oreilles depuis le petit déjeuner, rendant impossible toute autre tâche et Susannah lui aurait certainement rétorqué qu'elle étudierait plus sérieusement sans les multiples interruptions de l'Archonte ; mais Lucille l'effrayait trop pour qu'elle se risque à se plaindre à haute voix - et lui avait demandé de ramener plusieurs exemplaires d'un manuel de botanique jusqu'à la bibliothèque. Ces derniers flottaient actuellement autour d'elle, l'étudiante profitant de cette mission temporaire pour renforcer les maigres pouvoirs magiques qu'elle commençait à maîtriser. Malgré l'épaisseur des livres qui drainaient sa magie à une vitesse cruelle, elle était plutôt satisfaite du succès de son entreprise, jusqu'à ce qu'un événement inattendu ruine tous ses efforts sous les traits du rejeton Pendragon qui venait de se vautrer devant elle.
Tous les livres chutèrent en une pluie dangereuse et l'un d'entre eux effleura l'arcade sourcilière de la Sirène qui émit un grognement irrité en sentant un filet chaud couler sur son oeil. «Rah mais c'est pas vrai !» Excédée, elle essuya le sang et jura en Niséis en voyant que son uniforme était tâché. Son regard furibond tomba sur l'étudiant toujours à terre qui lui tendait la main. Elle eut une petite moue de dégoût, un réflexe qu'elle avait développé très tôt et qui se déclenchait dès qu'elle croisait le chemin d'un garçon ou d'un Gaelyan, et c'était pire quand les deux se combinaient. Se penchant vers lui, elle le saisit brusquement par le col en évitant sa main et le tira vers elle pour qu'il se redresse sur ses pieds. «Susannah.»
Elle ne l'avait pas remarqué auparavant mais il y avait un peu de mousse dans ses cheveux. S'était-il fait surprendre en train d'espionner les filles à la douche ? Ses yeux se plissèrent. Elle connaissait comme tout le monde la réputation de son géniteur mais ne l'ayant jamais eu comme enseignant, elle se fichait comme d'une huître vide de ce fait, elle avait juste associé cette information avec le visage en apparence candide d'Ikar. Comme quoi, les apparences pouvaient être trompeuses et on disait que la pomme ne tombait jamais très loin de l'arbre. Elle n'aimait pas les pervers. Selon elle, il n'existait pas une multitude de moyens pour éradiquer toute lubricité de l'esprit déviant de ces personnes. Une lame recourbée faisait souvent l'affaire. D'un autre côté, il était aussi facile de les manipuler. «Pourquoi tu cours ?» L'interrogea-t-elle innocemment, en attendant de trouver un meilleur angle d'attaque. Elle regarda par dessus son épaule mais ne vit personne pourchassant le garçon. Elle réfléchit quelques secondes avant de sourire aimablement. «Écoutes. J'ai une idée. Je t'aide à te cacher et en échange... Je te dirai mon prix plus tard. Mais ce sera l'occasion d'explorer les meilleurs cachettes pour la Nocturne. Suis-moi. Et aide-moi avec les livres.» Après lui en avoir fourré la moitié dans les bras, elle perdit son sourire sitôt qu'elle lui eut tourné le dos.
Son esprit frétillait d'excitation. Comment allait-elle pouvoir s'en prendre au Basphélien ? Il fallait éviter quelque chose de trop évident pour éviter les représailles éventuelles de son père. Donc faire en sorte qu'Ikar ne sache jamais qu'elle était à l'origine de ses malheurs. «Tu fais partie de quel département, Ikar ?» L'interrogea-t-elle avant de les guider jusqu'à la bibliothèque. Elle hâta le pas jusqu'à un chariot à livres où elle déposa son butin avant de faire signe au blond de la suivre. Elle lui expliqua en chuchotant. «Il y a une salle tout au fond, après le dernier rayon sur les arts occultes. C'est là qu'ils conservent les livres à rafistoler, je l'ai découverte par hasard un jour.» Soit un jour où elle essayait d'échapper à Lucille en allant dans des endroits à l'abri des regards mais la femme trouvait toujours le moyen de se matérialiser à ses côtés et s'amusait des efforts de la Sirène.
Susannah referma la porte sur eux et croisa les bras en calant son dos sur la porte. Un fin rai de lumière filtrait à travers les embrasures de la porte, barrant le visage d'Ikar d'un trait lumineux tandis qu'elle demeurait plongée dans l'ombre. «Pas mal comme cachette, non ? Il y a même des couteaux sur la table.» Elle en prit un et joua avec la pointe, ses prunelles fixées sur le blond. Elle n'allait pas le blesser de manière si évidente, mais elle voulait voir s'il pouvait avoir facilement peur. Etudiante en première année, elle effrayait les autres à peu près aussi facilement qu'un de ces chiens minuscules et ridicules lorsqu'ils montraient les dents, mais il fallait bien commencer quelque part. «Les bibliothécaires ne les rangent pas, croyant sûrement qu'aucun étudiant ne connaît l'existence de cette pièce. J'ai pourtant très clairement surpris Rosalia entraîner Leïsshi ici. Si tu veux mon avis, elles sont plus que bonnes copines.»

Message I | 902 mots

Ça mousse

« Ah mais doucement ! »

Je me plaignais mais c’était uniquement pour le plaisir de me plaindre. J’avais trouvé cette expérience très amusante. Me sentir happé vers le haut par la force de cette fille avait été une expérience étonnante. Tellement que j’avais envie de recommencer. Elle avait raté ma main mais, après tout, dans la vie, on ne pouvait pas tout réussir.

« Pourquoi je cours ? »

Je tournai la tête vers l’arrière, pour imiter son mouvement. Un petit sourire marqua mon visage, celui de l’espièglerie. Je pouvais toujours inventer quelque chose de bien plus glorieux que le fait d’avoir raté ma potion.

« Parce que… »

J’étais déjà à court d’idée. Ce n’était pas si grave. Je savais exactement quoi faire quand c’était comme ça. Quand on n’a rien à dire, il vaut mieux ne rien dire.

« Parce que. »

Ainsi, je paraîtrais ne pas avoir l’intention de lui dire quoi que ce soit. Après tout, nous ne nous connaissions pas vraiment. Ce n’était pas parce que nous étions dans la même école qu’il fallait que je lui avoue tout ce que je faisais de mes journées.

« Disons que j’aime courir, sans raison. »

Je souris. Il était évident que ce n’était pas vrai. Je courais pour une raison mais, puisque je l’avais rencontrée en chemin, mon esprit était déjà en train de s’éloigner de ma bêtise. Plus le temps s’écoulerait, plus il s’en éloignerait. Peut-être que d’ici une heure, Basphel se serait transformée en baignoire à mousse géante ? Bien sûr, si ça arrivait, je nierais tout en bloc.

« D’accord. »

Je n’avais pas besoin qu’elle m’aide mais j’étais tout disposé à accepter tout un tas de choses. Pas de bisous, pas de sexe, pas de parler de mon père ni de ma mère, mais le reste m’allait bien. Les opportunités ne se créaient pas dans les refus.

« T’es une intello pour te trimballer tous ces livres, non ? »

Ce n’était pas vraiment un adjectif qui pourrait me qualifier. Je m’ennuyais, assis sur une chaise. Je n’avais pas de concentration. Je préférais rêver et me perdre dans d’autres sujets, bien plus passionnants que les vertus des racines des pissenlits des Terres d’émeraude pour la confection d’un philtre anti-âge.

« Étain, et toi ? »

Je déposai les livres sur le chariot.

« Ah ouais ? Intéressant ça… »

Je la suivis sans me faire prier, ayant déjà oublié totalement que j’étais collé et que je n’aurais jamais dû me trouver dans la bibliothèque.

« Fais voir ! »

Je l’avais dit avec empressement, en lui prenant l’arme des mains.

« C’est des armes ou des coupe-papiers ? C’est vrai que c’est un peu gros pour être un coupe-papier mais, d’un autre côté, ça paraît bizarre qu’ils laissent ça là… »

Je pourrais peut-être inventer une rumeur sur ces couteaux. C’est ce que je pensai, avant qu’elle ne me donne plus croustillant. Je levai les yeux vers elle.

« Tu penses ? Tu crois qu’elles font quoi ? En plus, de ce que j’ai entendu dire, il y a plein d’étudiants qui font des choses en cachette dans les bibliothèques. Thomas m’a avoué qu’il y avait des étudiants qui se réunissaient sous une table de la bibliothèque ouest pour sniffer de la colle. Il parait que ça fait de l’effet. Je n’ai jamais essayé. Tu l’as déjà fait ? »

On ne savait jamais, elle pourrait peut-être m’en dire davantage.

« On m’a aussi dit qu’Asra Taiji avait embrassé un étudiant plus âgé qu’elle dans ce même coin. D’ailleurs, en parlant de relation entre filles, j’ai entendu dire que Lana Kælaria et Kiara Hautvent étaient aussi plus que des amis. Il y a quelqu’un, je ne peux pas te dire qui, qui m’a dit qu’il avait surpris la première à embrasser le cou de la deuxième. »

Écouter et étendre les rumeurs étaient deux de mes activités favorites ici.

« On dit aussi qu’Otoris Dantilleul, derrière ses airs de gentil garçon, serait à l’origine d’un tout autre trafic qui concernerait des rats et des grenouilles. C’est pour ça qu’il y a tous ces bruits bizarres dans certains dortoirs des étudiants de la Craie. Il les aurait fait rentrer là-bas avec un complice, un étudiant de l’Obsidienne en mission secrète chez les Craies. »

J’acquiesçai plusieurs fois, comme pour l’assurer de la véracité de mes dires.

« Je sais aussi que Sympan Taiji.ma a été vu à étudier le fond des toilettes du troisième étage. Et toi ? Tu sais quoi d’autres ? »

762 mots  

Ça mousse

☙ Absofacto - Dissolve

« Bien sûr que non. » Répliqua immédiatement Susannah. Elle ignorait pourquoi, mais la façon dont il avait tourné la question donnait une connotation négative au terme d'intello, comme si l'intellect était une maladie qui rendait la personne ennuyeuse. Il n'y avait vraiment que les garçons pour penser de telles sornettes. C'était une bonne chose qu'ils ne soient pas aux commandes du peuple océanique, autrement, ils ne vaudraient pas mieux que des animaux idiots comme ces Evershas. « Cela dit, peut-être que tu devrais en lire quelques uns. Avec un peu de chance, ça effacera ton air ahuri. » Siffla-t-elle à voix basse.

Surprise, Susannah le laissa lui prendre le couteau, sans voix face à son absence de réaction. Dans la pénombre, son expression se ferma. Il n'avait absolument pas peur d'elle, et son attitude détendue et joviale résonnait en accords dissonants avec la sienne. Vexée du peu d'effet qu'elle avait eue sur lui, elle répliqua sèchement. « Ne sois pas ridicule. Pourquoi y aurait-il une arme dans une bibliothèque ? C'est juste un couteau pour enlever les parts abîmées des livres. » L'Ondine leva les yeux au ciel. Quel idiot. Susannah ne supportait pas la bêtise. En tant qu'hommes, ne devaient-ils pas au moins faire l'effort d'être intelligent pour compenser leur physique si disgracieux ? Sans parler de leur hygiène. Depuis son arrivée à Basphel, elle avait pu constater avec une horreur grandissante l'odeur forte dégagée par certains adolescents. C'était tout simplement intolérable. En plus de leur laideur, il fallait aussi qu'ils soient sales. Pas étonnant que ses cousines parlent sans cesse de submerger les terres émergées, il devenait vital de nettoyer la croûte terrestre de ces immondices puants. Tout noyer pour repartir sur une base saine. En attendant, Susannah allait lui faire payer sa bêtise. « Tu veux qu'on essaye de le faire ? Ce n'est pas très compliqué, je vais te montrer. » Les épaules relâchées, un sourire amical flottant sur ses lèvres pleines, elle s'approcha du garçon aux cheveux de neige et ses doigts crochetèrent son poignet tenant le couteau pour le guider jusqu'à un des livres. « Là, tu vois, il faut d'abord détacher la couverture des pages pour pouvoir la traiter à part. » Tout en parlant, elle força la lame sur le manuscrit pour détacher un à un les fils qui reliaient la couverture. Dans le dos d'Ikar, son sourire grandissait jusqu'à laisser entrevoir ses dents. Dans le meilleur des cas, ils auraient ruiné des livres de la Bibliothèque, et dans le pire des cas, il serait banni de Basphel pour avoir commis cette bêtise. Un de moins. « Continue, je te laisse faire et je te regarde pour te corriger. »

Après l'avoir relâché, la Sirène s'aida de ses mains pour s'asseoir sur la table et croisa ses chevilles qui se balançaient dans le vide. « Pour en revenir à ce que nous disions, c'est évident ce qu'elles faisaient non ? Elles s'embrassaient et se touchaient. C'est ce que tout le monde fait ici. » Avec retard, elle réalisa ce qu'elle venait de dire et fronça les sourcils. « Pas tous, bien sûr. Nous, on ne fait que se cacher parce que t'as inondé un couloir de mousse. » La gêne venait de colorer légèrement ses joues et elle s'empressa de changer de sujet. « Sniffer de la colle ? Pfeuh, c'est trop nul. Moi j'ai bien mieux. Mais c'est un secret, alors je te le dirai peut-être plus tard, si tu le mérites. » Ce crétin serait la première victime de ses expériences avec la poudre de ses écailles, elle l'avait décidé. Il ne serait même pas nécessaire de lui en faire ingérer sans qu'il le sache, Susannah devinait qu'il accepterait avec toute l'innocence de ses grands yeux. Peut-être même qu'il en deviendrait dépendant et lui en demanderait davantage. Elle en ferait alors une sorte d'esclave personnel. Sur ces plaisantes pensées, la bleue continua d'un ton chaleureux. « Des rats et des grenouilles ? Qu'est-ce qu'ils font avec ? Ils les dissèquent ? » Ses prunelles pâles scintillèrent à l'aube d'une idée. « Tu veux enquêter sur ça ? Aller espionner ce qu'ils font dans les dortoirs de la Craie ? Il suffit qu'on pique leur uniforme, personne ne nous reconnaîtra vu qu'on n'est pas ici depuis longtemps. » Ses sourcils se haussèrent. « Sauf si t'as la frousse ? »

Message II | 756 mots