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 [Q] - La bienséance | Susannah

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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Dim 27 Fév 2022, 14:48




La bienséance

En duo | Lana & Susannah


Intrigue : Susannah et Lana assistent à un cours de bienséance.


Avec nonchalance, Lana entortillait une longue mèche de ses cheveux blancs autour de son index, les yeux rivés sur le professeur. Isaac de Lunen était l’un de ces Gælyan qui provoquaient autant d’envie que de haine. Hormis sa nature profonde d’être terrestre, il avait tout pour lui : la distinction, la finesse d’esprit, l’élégance, la beauté, l’amabilité, l’intelligence. Même le fait qu’il fut un homme eût été presque supportable. Le nez froncé, Lana songea que, s’il avait été pourvu d’écailles marines, elle aurait pu envisager de l’épouser. Il existait des partis moins enviables. Comme Johannês, par exemple. À la pensée de l’Ondin, un rictus étira ses lèvres, en même temps qu’un désir grisant tordait ses entrailles. Elle tira distraitement sur sa mèche de cheveux, comme pour extirper le jeune homme de ses pensées. Il y avait aussi des partis plus enviables que Monsieur de Lunen, qui n’était que professeur. À la réflexion, elle ne s’imaginait pas une seule seconde épouser un professeur. Il lui fallait quelqu’un de son rang, ou d’un rang supérieur. On pouvait toujours prendre appui sur son mari pour s’élever. S’il pouvait susciter la convoitise et la jalousie des autres femmes, c’était encore mieux. Elle pourrait parader et distribuer de faux sourires à tout va, ce qui lui convenait parfaitement. Ces derniers temps, le mariage était un sujet qui la préoccupait. Elle était suffisamment jeune pour avoir le temps d’y réfléchir, mais elle se figurait que, plus tôt elle y pensait, mieux ce serait. Surtout, elle ne voulait pas être prise au dépourvu par le choix arbitraire de sa mère. Elle savait bien qu’à ses yeux, elle figurait une déception. Elle avait partagé son utérus avec un homme, ce qui faisait d’elle une chose qui n’était pas tout à fait une femme – ce que ses deux sœurs se plaisaient à lui rappeler inlassablement. Au moins, à Basphel, elle n’avait pas à supporter leur exécrable présence. Elle n’était pas dupe : si ses parents l’avaient envoyée ici, c’était aussi parce qu’ils ne voulaient pas avoir à la supporter à longueur de temps. Elle leur était un affront. Pour cela, elle détestait son frère. Pourtant, elle n’aurait jamais pu envisager une existence sans lui. Il était l’autre versant d’elle-même. L’Ondine espérait aussi que, lorsqu’elle retournerait chez elle, sa mère et ses aînées seraient subjuguées par sa personne. Elle mettait tous ses efforts au service de cette ambition, et c’était pour cette raison qu’elle assistait à des cours supplémentaires de bienséance.

Au sein de ces cours, les élèves étaient mélangés. On ne tenait compte ni de leur département ni de leur année d’enseignement. La dévotion de Monsieur de Lunen ne différait pas de ses classes habituelles. Il travaillait soigneusement pour faire d’eux les futures élites de leurs nations – une autre raison de l’admirer et de le haïr. Depuis une vingtaine de minutes, le professeur expliquait aux élèves le sujet du jour. Ils avaient déjà eu des cours sur la façon de rédiger une lettre à telle ou telle personne, pour telle ou telle raison, dans tel ou tel contexte. Ils avaient appris les règles de base pour inviter et recevoir, et dans le cas où on était invité et reçu. Désormais, ils allaient se pencher sur l’éloquence. Après avoir expliqué le principe de cet art, ses tenants et ses aboutissants, mais aussi tout ce qu’il conférait en société, de Lunen parcourut la classe du regard, et annonça l’exercice du jour : « Aujourd’hui, je vais vous demander d’élaborer, de rédiger puis d’énoncer un discours. Le sujet sera celui de votre choix, mais le but sera de présenter un argumentaire et de convaincre votre auditoire. Il s’agira d’un texte à charge, mais il devra être irréprochable en termes de propos, de diction et de logique. » Il esquissa quelques pas sur l’estrade. « Pour cet exercice, je vous ai réuni par groupe de deux. » D’elle-même, la craie inscrivit les prénoms au tableau. Lorsque son nom apparut, Lana ne le lâcha pas des yeux, jusqu’à voir s’initier en face un S, un u, un autre s, puis une suite de s, de n et de h. Susannah. Susannah Dæloran. Elle la connaissait, parce qu’elles s’étaient croisées plusieurs fois, et que les Sirènes n’étaient pas l’espèce la plus communément visible au sein de l’École. Son nom était connu : les Dæloran étaient une lignée de politiciennes et de femmes de loi aguerries. Autour de sa médiocrité, son patronyme rayonnait. Si Lana avait parfois souhaité être née au sein de l’une de ces familles célèbres, elle sut se convaincre en quelques secondes que ça n’avait jamais été le cas. D’un signe de la main et d’un sourire de circonstances, elle l’invita à la rejoindre à sa table. Il était hors de question qu’elle se déplaçât jusqu’à elle, sur le principe, mais aussi parce qu’elle était son aînée et parce qu’après tout, son nom était le premier à être apparu au tableau. Lorsque l’adolescente aux cheveux bleus l’eut rejointe, elle prit la parole : « Ravie de faire ta connaissance Susannah. » Elle ne savait pas encore si elle mentait ou disait la vérité : elle n’avait pas décidé si elle souhaitait s’en faire une alliée ou une ennemie. Sans bouger, le professeur de Lunen fit voleter des tasses et des théières jusqu’aux tables nappées des étudiants, ainsi que quelques biscuits et, bien sûr, des feuilles et des plumes. La Kælaria attrapa l’une d’elles et fit glisser son index et son majeur sur le tranchant de l’ornement d’oiseau, sans quitter des yeux sa comparse. « Y a-t-il un sujet que tu aimerais que nous traitions ? Je crois savoir que ta lignée est réputée pour fournir de véritables perles en diplomatie. Peut-être devrions-nous traiter d’un sujet géopolitique ? Il me semble qu’il y a eu quelques remous, dans le monde d’en-haut, ces derniers temps. » Elle attrapa la théière et servit le thé, avec toute l’élégance dont elle était capable.



Message I – 986 mots

Lana est aussi de l'Obsidienne et le professeur de Lunen est trouvable ici.


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Susannah
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Susannah
Jeu 24 Mar 2022, 12:34

[Q] - La bienséance | Susannah 5vft
La bienséance




Son profil dissimulé par le rideau de ses cheveux, Susannah portait une attention soutenue aux explications du professeur. Malgré la difficulté du cursus standard de Basphel, il était impensable que la Lyrium fournisse moins d'efforts sous le simple prétexte qu'il s'agissait de cours optionnels. Bien au contraire, c'étaient ces derniers qui feraient la différence entre ceux qui se contentaient du minimum, et ceux qui ne se satisfaisaient qu'avec l'excellence. Cet enseignement, en particulier, saurait démarquer la Sirène pour la porter au delà de la fange où se prélassaient ces autres pourceaux de bipèdes ; elle devait l'admettre, il lui fallait adopter leurs codes pour les soumettre dans leur propre jeu. Elle était déterminée à arracher de chaque enseignement tout ce qu'il y avait à apprendre, dusse-t-elle en avoir les yeux qui saignent et les mains prises de crampes du moment qu'elle se hissait pour être la meilleure. Elle avait tout les atouts pour l'être. Par le sang et par le nom, un futur radieux l'attendait et rien ne saurait l'en détourner. Telle était la théorie.

En pratique, Susannah scrutait le reste des étudiants avec la sale impression qu'ils étaient tous plus à l'aise qu'elle dans l'exercice qui leur était proposé. Elle prenait soin de garder une apparence impeccable, le dos droit et une moue dédaigneuse qui semblait ne jamais vouloir quitter le coin de sa bouche pour ne rien laisser transparaître de ses appréhensions. Une légère expression ennuyée s'invita même sous ses paupières mi-closes, comme s'il s'agissait d'un exercice trop facile pour elle, indigne de son intérêt et de son temps, ou comme si elle craignait qu'on discerne dans le gris de ses prunelles l'étendue de ses lacunes. L'espace d'une seconde affreuse, elle se visualisa, couverte de ridicule, aux prises avec un échec cuisant, avant de se souvenir que ses gênes la prédisposaient à briller au contraire parmi ses camarades aussi fades que des rangées de moules. S'ils osaient esquisser ne serait-ce que le début d'un sourire moqueur, elle leur crèverait les yeux pour leur rappeler ce qu'ils étaient, de la nourriture pour poissons.

Avec lenteur, son regard vagabonda sur les têtes de ses camarades, à la recherche de sa binôme dont le nom s'était gravé sur le tableau. Lana Kælaria. Trouvée. Susannah quitta sa place et plaqua un sourire froid sur ses lèvres. À mesure qu'elle s'approchait d'elle, la Basphélienne évaluait l'adolescente avec la même méfiance qu'elle aurait eue en se trouvant subitement nez à nez avec un requin. Blanche comme de l'écume, sa chevelure moutonnait sur ses épaule et dans son dos. Même sans son nom de famille, Susannah aurait pu aisément deviner qu'il s'agissait d'une Sirène dans la façon qu'elle avait de se tenir, dans la ligne fière de son menton. Cela tenait à peu, mais lorsqu'on vivait une partie de sa vie dans le vaste ventre d'Aylidis, on ne pouvait se défaire de certains tics révélateurs, comme cette maladresse pourtant teintée de grâce dans les mouvements, comme si le corps se débattait contre cette gravité qui les clouait au sol comme des poissons échoués.

Susannah acquiesça légèrement en s'installant aux côtés de sa congénère. « Je suis heureuse de ne pas avoir été mise avec un Gaelyan. » Confia-t-elle en guise d'introduction. Un frisson la saisit, comme si la médiocrité de ces être inférieurs pouvait être contagieuse. Quelle pensée abominable. Parfois, l'idée que les longues années qui l'attendaient à cette école la rapproche finalement davantage de ces bipèdes à force de les côtoyer et l'éloigne de la perfection de son peuple lui donnait des sueurs froides. Son regard accrocha l'assiette de biscuits et elle s'en saisit d'un par réflexe. Elle pouvait presque déjà sentir le goût du beurre sur sa langue, les miettes qui fondraient lentement dans sa bouche pour courtiser ses papilles. Absorbée par l'anticipation de ce plaisir coupable, Susannah faillit ne pas entendre la question de Lana. À regret, elle reposa le biscuit et se força le bannir de ses pensées. « C'est une des facettes de notre réputation, en effet. » Puis sa bouche se plissa en une moue dédaigneuse. « Il y a toujours du remous dans le monde d'en-haut. Ils se contentent de répéter les mêmes erreurs, encore et encore, ils s'agitent comme des vers au bout d'un hameçon, vainement et sans la moindre élégance. Depuis quand nous soucions-nous des vers ? » Elle délaissa sa tasse désormais remplie pour s'emparer d'une plume. « Et toi ? Je ne crois pas avoir déjà entendu ton nom, que ce soit ici, ou sous les mers. » Le ton était un soupçon mesquin mais c'était comme une seconde nature pour la Dæloran - et pour bon nombre de ses congénères - elle ne faisait même plus exprès de tenir des propos qui pouvaient dénigrer son entourage. Tout comme respirer, Susannah n'y faisait plus attention ; l'arrogance avait été son berceau, et le mépris était une arme aussi familière dans sa bouche qu'une épée dans les mains d'un Réprouvé.

Voyant que le professeur de Lunen passait parmi les tables pour veiller à ce que chaque binôme s'emploie à l'exercice, Susannah fit courir l'extrémité de la plume sur ses lèvres en s'appliquant à afficher un air pensif et sérieux. Elle ne prendrait pas le risque de supporter les remontrances du professeur. « Soit, parlons géopolitique. Voyons, je pense qu'on peut écarter tout ce qui se rapporte aux Réprouvés. S'il est vrai qu'ils sont les plus bruyants sur la scène mondiale, je pense qu'on peut résumer en un mot leurs actions : la stupidité. » La chipie masqua un petit rire entendu derrière sa main. « Pas de quoi en faire un discours donc. Pourquoi ne pas prendre un sujet qui nous touche davantage ? Le professeur a mis deux Sirènes ensemble, il est peut-être curieux d'entendre ce que nous avons à dire sur notre peuple ? Avec le changement de pouvoir qui s'est opéré récemment, qui sait ce que sera notre avenir ? Peut-être allons-nous assister à une amélioration de notre relation avec les Sorciers qui est épouvantable à l'heure actuelle ? » Les doigts de Susannah entourèrent sa tasse et elle y trempa le bout de ses lèvres en regardant par en dessous l'Ondine. « Mais est-ce souhaitable ? » Susannah n'en avait pas la moindre idée. Ces sujets dépassaient de loin sa capacité à appréhender les tenants et les aboutissants des récents évènements. Alliances et conflits se mêlaient en un imbroglio difficile à suivre et l'Ondine se retrouvait comme si elle nageait en eaux troubles, en n'y voyant pas plus loin que le bout de son nez. Habituellement, la Lyrium se contentait de suivre les conversations des Dæloran, qu'elle répétait ensuite avec la conviction que sa famille savait tout mieux que tout le monde ; mais ses contacts avec elles était limités à une correspondance variable maintenant qu'elle était à Basphel et elle ne pouvait compter que sur elle-même pour se forger une opinion. Cette dernière se basait toujours sur le même postulat de base, leur supériorité irréfutable.

« Alors que penses-tu de ce sujet ? Du bien-fondé de l'intervention du peuple Ondin sur les conflits terrestres ? »

Message I | 1248 mots


[Q] - La bienséance | Susannah 7qoc
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mer 20 Avr 2022, 21:51




La bienséance

En duo | Lana & Susannah



Lana sondait Susannah. Elle la décortiquait comme elle l’aurait fait d’une crevette, avec technique et minutie. D’abord, la tête qu’on arrache, suivie de la queue. Puis, un à un, les segments abdominaux de la carapace, déchirés aux jointures afin d’être ôtés. Sous eux se révèle la chair tendre et ferme du crustacé. Depuis sa plus petite enfance, la Kælaria prenait le temps d’observer. Elle ne se précipitait que rarement. En cela, elle ressemblait à son jumeau. Malgré les années et les kilomètres qui les avaient séparés, ils se rejoignaient. Elle en éprouvait à la fois de la satisfaction et à la fois du dégoût. Elle était heureuse que le vide qui l’avait si souvent happée pût être comblé par cette simple pensée ; elle était horrifiée de constater à quel point sa nature était profondément liée à celle d’un mâle. Elle entendait les rires moqueurs de ses sœurs et percevait encore le mépris dans la voix de sa mère. Aussi lentement que doucement, ses doigts se serrèrent sur l’anse de sa tasse. Dans son cœur bouillonnait l’envie de leur prouver sa valeur et de leur faire payer ce déshonneur qu’elles lui infligeaient. Elle n’en parlait pas, jamais. Elle gardait ce secret pour elle, et elle patientait. Prédatrice, elle attendrait le bon moment ; elles n’étaient que des proies. De vulgaires crevettes, qu’elle s’amuserait à décortiquer vivantes. Elle ne commencerait pas par la tête, bien au contraire. Leur supplice devrait durer aussi longtemps que leurs sévices.

Pour Susannah, c’était différent. Elle en était encore à la jauger : devait-elle devenir une amie ou une ennemie ? En quelques secondes d’observation de ses cheveux bleus, de ses yeux gris et de ses traits harmonieux, c’était trop difficile à dire. Quand elle se mit à parler, la blanche essaya de rester la plus attentive possible. Au sujet des Gælyan et de la stupidité de leurs actions, elle avait raison – bien que sa phrase réfutât à demi-mot la proposition de la Kælaria. Ils étaient séniles dès la naissance. La moindre action entreprise, la moindre erreur effectuée était oubliée dans la seconde qui suivait. Ils s’excitaient dans le vide et passaient leur temps à « brasser de l’air » comme ils disaient. Un sourire narquois s’épanouit sur les lèvres de Lana lorsque la bleue mentionna les vers. Une fois confrontée à sa question, elle le conserva du mieux qu’elle put. Elle sentait bien le dédain suinter du fond de la gorge de son interlocutrice. Il glissait sur sa langue et râpait ses mots. En se redressant un peu dans sa chaise, la Sirène répondit : « Ma famille est réputée pour la qualité de sa joaillerie. » Dans un geste qu’elle souhaitait presque mécanique, mais qui avait été maintes fois travaillé et répété, elle fit courir ses doigts sur les quelques perles qui, égrenées sur une chaîne d’argent, ceignaient discrètement son cou. « Nous faisons le commerce de nos bijoux, et des perles en général. » Sa main redescendit vers les petits gâteaux et elle en attrapa un, qu’elle glissa entre ses dents. Après avoir décoché un sourire à Susannah, elle le croqua. Après l’avoir avalé, elle esquissa une moue. « C’est à croire qu’en cuisine aussi, ils ressassent sans cesse les mêmes erreurs. » Calmement, elle posa le reste de gâteau sur le bord de la coupelle de son thé.

Elle appuya son coude sur la table, devant elle, et se pencha avec autant d’élégance que possible pour poser son menton dans sa paume. « Hum… » Comme toutes les autres Ondines, Lana ne portait pas les Sorciers dans son cœur. Elle avait eu l’insigne honneur de passer une soirée en compagnie du Prince Noir et elle s’était jurée que si leurs chemins devaient à nouveau se croiser, elle lui planterait ses griffes dans les yeux. Elle se souvenait de sa poigne autour de son corps de chaton et de l’éclat malicieux de ses iris moqueurs. Elle lui ferait ravaler sa mesquinerie en lui rappelant qui de leurs deux peuples dominait l’autre. Elle était loin de se douter que d’ici quelques temps, le rapport de force serait inversé, et que les siennes pâtiraient de la puissance noire. Maintenant ou à ce moment-là, elle n’envisageait et n’envisagerait pas une alliance avec eux. « Non. Si elle est épouvantable, c’est qu’ils sont trop stupides pour mettre leurs égos de mâles de côté. Je ne vois pas dans quel monde nous pourrions vouloir travailler main dans la main avec des imbéciles qui croient en l’infériorité de la femme. » Elle était catégorique parce qu’elle n’était pas capable d’un raisonnement géopolitique affûté, rationnel et intéressé. Basphel lui enseignerait sans doute bien des choses, à commencer par la nuance.

Avant de répondre à sa partenaire, la Kælaria prit quelques secondes pour réfléchir. « Je ne sais pas. » La pulpe de ses doigts tapota ses lèvres. « Je ne sais pas si on peut répondre autre chose que… Hum. J’allais dire que nous n’avions aucun intérêt à intervenir pour leur sauver la mise. Mais c’est peut-être faux dans certains cas. » Elle songea à ses parents et à leur entreprise. Sa pensée s’étendit aux autres et elle repensa aux cours d’histoire qu’elle avait déjà eus. « On peut avoir des intérêts économiques à protéger. Nos relations avec les Gælyan sont conditionnées par nos échanges et s’ils se lancent dans une de leurs guerres stupides, nous pourrions manquer de débouchés pour certains de nos produits. » Ou risquer une pénurie, mais c’était un argument plus embêtant, et elle préféra ne pas le mettre en avant. Elle répugnait que les Ondines dépendissent de ces moins-que-rien. « Dans d’autres cas, on pourrait aussi intervenir pour envenimer la situation. » Un sourire presque rêveur ourla ses lèvres roses. « Imagine si nous intervenions dans le conflit qui oppose les Réprouvés et les Sorciers, ou si nous avions discrètement participé à ce qu’ils nomment « la Guerre des crocs ». » Elle referma la bouche et, machinalement, passa sa langue sur ses dents. Elle aurait pu sans problème intégrer l’une des deux factions. Les Vampires pour son goût du sang ; les Evershas pour sa queue de poisson. Elle ne le reconnaîtrait jamais, parce qu’aucun d’entre eux ne valait la moitié de sa personne. « Qu’est-ce que tu en penses, toi ? »



Message II – 1049 mots


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Susannah
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Susannah
Jeu 02 Juin 2022, 08:42

[Q] - La bienséance | Susannah 5vft
La bienséance




Fascinés par le mouvement, les yeux couleur de pluie de Susannah suivirent la danse des doigts graciles sur la parure décorant le cou de Lana. Parfait dans sa simplicité, délicat dans sa structure, ses proportions épousant la clavicule d'oiseau de l'Ondine, le collier suscita immédiatement l'envie de l'Ondine, qui devait se satisfaire des bijoux dont ses cousines plus âgées s'étaient lassées. Pourquoi aurait-elle eu droit à davantage alors qu'elle n'avait pas encore prouvé sa valeur en tant que Dæloran ? Ce n'était qu'une question de temps, mais l'impatience érodait son cœur comme le sel sur les rochers. Bientôt, sa peau connaîtrait aussi des perles que jamais personne n'avait portées et qui auraient été conçues pour elle en ode à sa beauté, bientôt, les diamants déborderaient d'entre ses doigts pour rouler à ses pieds. Bientôt, mais jamais assez tôt.

Un gloussement traversa la barrière de ses lèvres. En cela, elle ne pouvait qu'être d'accord avec la jeune fille. La stupidité des Sorciers était sujette à de multiples plaisanteries et nulle soirée ou après-midi n'était considérée comme distrayante s'il n'était pas mentionné dans le cours de la discussion l'avanie qu'ils avaient subit, d'autant plus jouissive quand on savait combien ils se targuaient de leur sournoiserie. La fierté avait dû les aveugler une fois de trop, mais une fois qui avait suffit pour que les Sirènes en tirent profit. « Je n'aurais pas dit mieux moi-même. Toutefois, je serai curieuse de voir ce qu'un mariage entre un Sorcier et l'une des nôtres occasionnerait. » La pulpe de son index glissait rêveusement sur le rebord de la coupelle en porcelaine de la tasse et son regard se perdit pensivement dans le liquide ambré. « Je pense qu'il serait fascinant de briser un à un les principes avec lesquels ils sont éduqués, de détruire leur esprit étroit et malformé pour qu'à la fin ne reste que ce qu'ils sont vraiment : un moins que rien à la merci de sa femme. Quel défi enthousiasmant ce serait, peut-être presque aussi gratifiant que la destruction de leur ville empoisonnée. Qu'est-ce qui serait le mieux selon toi ? Un Sorcier à nos pieds, en esclave à leur tour ; ou un Sorcier noyé ? En ce qui me concerne, je crois que je préfère la première option car la seconde nous rapprocherait trop des Bipolaires : un bon Sorcier est un Sorcier mort. » Un nouveau rire lui échappa. « Improbable, mais il y a quand même parfois de la sagesse dans leurs adages. »

La plume entre ses doigts tressauta contre les lèvres de Susannah tandis qu'elle réfléchissait aux réponses de sa binôme. Elle n'avait pas songé au point de vue économique. En Ondine qui n'avait jamais manqué de rien, elle n'imaginait pas qu'il put en être autrement si la nature de leurs relations avec l'extérieur se trouvait déséquilibrée. L'océan n'était-il pas là pour subvenir à tous leurs besoins ? Aylidis veillait, toujours, et il était impensable qu'elles pussent souffrir des conséquences si les Sorciers devaient rencontrer Ezéchiel plus tôt que prévu. « Je pense que ne rien faire n'est pas la solution. Il y a toujours un intérêt certain à intervenir, accompagnés de ses désavantages, mais c'est un calcul à faire. Et généralement, si nous nous positionnons du côté gagnant, le sacrifice ne sera certainement pas si grave. » Elle s'interrompit, pensive. Il était difficile de se projeter ainsi. Bien qu'ayant l'âme d'une manipulatrice, son esprit était aussi peu pubère que son corps sur le comment et seul l'instinct régissait encore la Lyrium. Aussi, un sourire de requin se joua sur ses lèvres tandis qu'une lueur brillait dans le fond de ses iris. « Je pense que j'ai une idée. Nous n'avons qu'à faire une expérience. Ce qu'on nous a dit dès notre arrivée à Basphel, c'est que cette école est comme un échantillon de la vie réelle qui nous attendait pour notre vie d'adulte. Comme un galop d'essai, selon leur expression. Ce n'est ni plus ni moins qu'une reproduction simplifiée du monde d'au dehors et nous devrions en profiter pour mettre à l'épreuve nos théories. » Conquise par son idée, elle se força à rester maîtresse d'elle-même et s'employa à boire avec patience quelques gorgées de son thé, surveillant sous ses paupières à demi-abaissées si elle avait capté l'intérêt de Lana. Elle lisait en elle la partenaire idéale, leurs âmes étaient taillées dans le même moule. Elle savait qu'elle adhérerait à son idée. « Tu sais combien les départements ici sont en conflit, plus ou moins ouvert dépendamment de la présence des professeurs dans les couloirs. La compétition fait rage pour déterminer laquelle est la meilleure. Je propose que nous en profitions pour envenimer les choses, à notre façon. »

Une cloche résonna dans les couloirs, marquant la fin de l'heure et de professeur de Lunen leur rappela de terminer leur papier pour la prochaine séance pour la présentation. Susannah se pencha vers l'Ondine pour rencontrer son regard. « Retrouvons-nous sur notre temps libre, d'accord ? »

Message II | 881 mots


[Q] - La bienséance | Susannah 7qoc
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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Mar 05 Juil 2022, 21:03




La bienséance

En duo | Lana & Susannah



Lana essaya de s’imaginer mariée à un Sorcier. L’idée même d’être rattachée à l’un d’eux la répugnait. Qu’un Mage Noir pût devenir son époux et qu’elle dût l’enjamber plusieurs fois par mois pour procréer la dégoûtait au-delà de toute mesure. Des enfants d’un tel croisement n’auraient aucune valeur. Ce seraient des bâtards, qui porteraient en eux des traces de cet infâme sang noir et qui le répandraient malheureusement dans toute la société ondine. Horreur. Toutefois, elle devait admettre que l’idée de pouvoir briser tous les « idéaux » – était-il juste d’appeler ainsi des principes barbares ? – du malheureux élu était appétante. Le voir trembler, se courber, puis s’agenouiller petit à petit, jusqu’à offrir sa nuque vulnérable au regard tranchant de la Sirène ; voilà qui avait de quoi faire fantasmer. C’était probablement plus jouissif que de le noyer dès le début – car ça n’excluait pas de le faire par la suite, une fois lassée de ses incessantes jérémiades et de la pâleur de son esprit. La Kælaria sourit à la bleue. « Tu aurais dû proposer ton idée aux Réprouvés. Il aurait sans doute été plus judicieux pour eux d’épouser des Sorciers que de partir les combattre le sabre au clair. » Elle sourit, amusée. Ils allaient se faire exterminer. Bien que les disciples d’Ethelba fussent inférieurs aux filles d’Aylidis, ils étaient néanmoins bien plus puissants que les brutes épaisses qui se dirigeaient droit sur Amestris. Elle avait hâte d’entendre parler des combats et de pouvoir moquer les Manichéens. Il était dommage qu’il n’y en eût pas plus à Basphel et que, malheureusement, on pût compter un certain nombre de Sorciers entre les murs de l’école. L’Ondine pinça les lèvres. Elle imaginait le sourire suffisant d’Eméliana Salvatore et cela l’agaçait déjà de façon disproportionnée.

Néanmoins, elle oublia bien vite la rousse au profit des explications de Susannah. Un calcul. Elle ne croyait pas si bien dire ; dans l’esprit de Lana, tout était calcul. Elle devinait que c’était aussi en grande partie le cas pour son binôme. Elle l’espérait, à tout le moins. Alliée ou rivale, elle n’aurait d’intérêt que si elle était capable de donner le change. Elle avait assez de Kiara pour remplir son quota de franche camaraderie et de tendresse. De façon générale, ce n’était pas ce qu’elle recherchait dans ses relations. Son amie constituait une exception, en bien ou en mal. « Hum ? » fit la Sirène en réponse à l’annonce de son acolyte, et avant de l’écouter attentivement. Ses yeux bleus allaient de l’un à l’autre de ceux de Susannah, preuve de l’attention qu’elle lui témoignait. Ils se plissèrent imperceptiblement, tandis que l’un des coins de sa bouche se relevait avec discrétion. Plus l’Ondine parlait, plus elle comprenait où elle voulait en venir, et plus le chaos qui se dessinait dans son esprit lui paraissait alléchant. Lorsqu’elle n’était pas encore à Basphel, elle s’amusait déjà à monter ses camarades de classe les unes contre les autres, tout en faisant de son mieux pour qu’on ne pût jamais l’accuser de rien. Elle ne réussissait pas toujours, loin de là, mais l’intention y était immanquablement. L’idée de reproduire cela à une échelle plus grande l’enthousiasmait. Le défi serait exquis et, si elles parvenaient à le relever, la victoire serait merveilleuse. « Je crois que je vois où tu veux en venir. » souffla-t-elle juste avant que la cloche ne sonnât. Elle acquiesça. « On peut se rejoindre, disons… demain soir, après les cours ? À la bibliothèque. » Puis, elle tâcha de réunir rapidement ses affaires, et sortit de la salle, la tête haute et la démarche fière, comme à son habitude.

Le lendemain, aux alentours de dix-sept heures trente, Lana traversa les couloirs de Basphel pour se rendre à la bibliothèque. Sur son chemin, plusieurs élèves la heurtèrent de l’épaule, ce qui leur valut des regards férocement courroucés de la part de l’Ondine. Elle essayait de retenir chacun de leurs visages afin de leur rendre la pareille un jour, malheureusement, elle en oubliait plus de la moitié. Elle ne les arrêtait pas sur l’instant parce que, songeait-elle, elle n’avait pas le temps. La vérité, c’était qu’ils l’intimidaient. Ils étaient souvent plus vieux et indubitablement plus puissants. Certains la remarquaient à peine, ce qui ne manquait pas de la faire fulminer d’autant plus. Quand elle les surpasserait tous, ils ploieraient sur son passage. Cette simple pensée la rasséréna et elle entra dans la bibliothèque munie de son port altier. Tranquillement, elle alla s’asseoir à une table dans un coin un peu reculé, propice aux confidences, après avoir attrapé un livre de stratégie politique au passage. Peut-être pourrait-il leur servir ? Lorsque Susannah arriva, quelques minutes plus tard, elle leva le nez de l’ouvrage. « Bonsoir. » Un sourire énigmatique glissa sur ses lèvres. « Tu as vu ? Les Craies comptent organiser un concours de sculptures-bulles. » fit-elle, l’air distrait. En réalité, elle songeait que ce pourrait être une parfaite première opération de sabotage.



Message III – 828 mots

Je me suis dit que le concours de sculptures-bulles ça pouvait être un concours où tu dois créer des personnages/objets/animaux/etc. avec des bulles. "Celui/celle qui a créé le jeu aurait donné d'abord aux bulles la forme des sculptures ballons animaux (comme ça). Avec le temps, ça se serait technicisé et maintenant on pourrait faire des sculptures de fou grâce à la magie, voire même des sculptures animées [Q] - La bienséance | Susannah 009


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Mer 07 Sep 2022, 21:42

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« Bonsoir. » La salua-t-elle en retour en se glissant à ses côtés. Nichées dans les recoins intimes et obscurs de la bibliothèque, leurs manigances pouvaient voir le jour et s'ancrer dans la réalité. Fidèle à ce qui avait été pressenti dès leur première rencontre, sa comparse lui fit plaisir en entrant directement dans le vif du sujet. On ne tergiverse pas pour couper la tête du poisson. Pas de perte de temps, Susannah appréciait cette qualité. Les conversations creuses lui étaient d'un ennui abyssal.

La Craie. La simple mention de ces parfaits incapables retroussait les lèvres de Susannah en une moue dédaigneuse qui dévoilait une rangée de dents blanches prêtes à sectionner la médiocrité qui osait fouler les couloirs de la prestigieuse école. Oui, avec du temps et la remise en question de ses certitudes, l'Ondine avait fini par admettre que l'enseignement qui leur était fourni était d'une qualité indéniable, ou au moins égale à celle qu'elle aurait pu obtenir dans l'une des écoles sous l'océan. Cette opinion ne lui était pas venue à la suite d'un cours particulièrement passionnant sur la géographie des îles flottantes ou sur l'étude des langues barbares des autres races, et encore moins grâce aux bipèdes qui dispensaient leurs cours, mais bien parce qu'elle refusait qu'on dise un jour d'elle qu'elle venait d'une école moisie. À son corps défendant, elle avait donc cessé de considérer Basphel avec mépris et peu à peu, elle s'intégrait et puisait de la fierté dans la célébrité de ce nom. Il ne fallait pas se mentir, cette intégration était d'autant plus facile lorsqu'elle y faisait des rencontres telles que Lana. Même si elle n'était pas friande des amitiés avec ses congénères, il était bon de ne pas s'en faire des ennemies non plus, et ça restait mieux que les gaelyan.

« Un concours de sculptures-bulles ? » Répéta-t-elle, l'expression sombre. Son froncement de sourcil traduisit tout ce qu'elle pensait de cette affaire. Les sculptures-bulles n'étaient pas les coupables, sa sensibilité à l'art avait été entretenue toute son enfance et la beauté ne la laissait pas indifférente. Non, c'était l'idée que des bipèdes puissent s'y essayer, c'était purement révoltant. Hormis les Orines, ces créatures des arts si rares que Susannah doutait parfois de leur existence, il était intolérable que ces ignares façonnent des étrons avec leurs grossiers doigts et appellent ça de l'art. « Donnons-leur une bonne leçon. Je présume qu'ils ont invité les autres départements ? » Leur ouverture d'esprit et leur camaraderie les forçait sûrement à vouloir intégrer toute l'école dans leurs pitreries. « Je crois que je sais. Il se trouve que je connais un élève en dernière année qui a accès libre à la remise derrière la salle où on nous enseigne les potions. Que dirais-tu de faire quelques modifications dans la préparation qu'ils utiliseront pour faire leurs sculptures ? »

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L'un des parcs de l'école avait été privatisé pour l'évènement afin de laisser aux plus ambitieux suffisamment de place pour les créations les plus imposantes. Quelques nuages s'amoncelaient au dessus des têtes des étudiants bavardant entre eux en se préparant. Comme d'autres, Susannah se promenait parmi les multiples bacs attribués aux participants. Ils n'allaient pas tarder à commencer. Son bras enroulé autour de Lana, elle ralentit et désigna du menton un garçon frêle à l'impressionnante tignasse bleutée. Il puait le Magicien à des lieues à la ronde avec son air niais. Pour des raisons tout à fait personnelles, Susannah n'aimait pas les Mages. Les fourbes, pour des raisons évidentes et parce que de toute façon, personne n'aimait les Sorciers sinon les Sorciers eux-mêmes, et les autres parce que son expérience avec deux d'entre eux étant encore enfant lui avait laissé un vilain arrière-goût de frustration. La saveur d'un baiser manqué et d'insultes à sa personne étaient des plaies qui ne s'étaient pas refermées avec les années. « Celui-ci. Je m'en charge. »

Il était le deuxième à être visé par l'étrange jeu de hasard auquel Susannah se livrait, même si au final, cela ne tenait pas vraiment au hasard. Si leur tête ne lui revenait pas, elle le ciblait comme cobaye à leur petite expérience. Une fois près de son bac, elle désigna de l'index les petits bols disposés dans l'herbe. « Ce sont tes colorants ? » S'enquit-elle, bien qu'elle connut déjà la réponse. Ce qu'elle désirait, c'était détourner l'attention de l'élève pour verser discrètement dans le bac le contenu d'un flacon d'extrait d'ortie. Elle avait hâte de voir les rougeurs et les pâles boutons parsemer le visage et les mains de l'élève lorsque ses bulles éclateraient.

Quelques victimes plus tard, l'Ondine retrouva Lana un peu à l'écart, là où la plupart des élèves qui n'étaient venus qu'avec un rôle de spectateur se tenaient pour assister aux prestations. Comme convenu, elle avait laissé tomber dans certains bacs une poudre récoltée directement de ses écailles. La dose était minime, de façon à ce que les hallucinations dont souffriraient certains des participants ne soit pas trop flagrante. Elle ne souhaitait pas qu'on puisse remonter la piste jusqu'à elle.

Message III | 904 mots


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Lana Kælaria
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Lana Kælaria
Ven 09 Déc 2022, 22:19




La bienséance

En duo | Lana & Susannah



Lana hocha la tête. « Oui, c’est ça. » Que croyaient-ils ? Qu’ils pouvaient toucher à l’art sans le souiller ? Qu’ils méritaient le moindre contact avec l’eau, fût-elle salée ou non ? Parfois, quand elle les regardait boire, elle avait envie de vomir. Dans ses plus grands moments de haine, elle essayait d’imaginer le son délicieux de leurs souffles asséchés s’ils étaient coupés de toutes leurs ressources en eau. Quand les Gælyan l’exécraient plus que de coutume, sa seule manière de se calmer était de s’étendre dans son lit et de visualiser tous ceux qu’elle connaissait en pleine agonie. La bouche ouverte, happant un air qui ne venait pas, tressautant sur le parvis de l’école comme des poissons échoués sur une plage brûlante. Aussi, la réponse de Susannah la ravit. « Bien sûr que oui, ils ne peuvent pas s’empêcher de faire semblant de s’intéresser aux autres. » Elle roula des yeux, excédée par ce genre de sympathie outrancière. Les inconnus n’étaient pas des amis et elle détestait les imbéciles qui croyaient en ces fables. Kiara, par exemple, avait une tendance agaçante à sourire aux étrangers. Cependant, elle avait été éduquée dignement et n’avait pas la bêtise de croire que chaque individu croisé voulait se lier d’amitié à elle – et, de toute façon, son amie bénéficiait de la clémence de l’Ondine dans à peu près tous les domaines. Susannah semblait être plus stricte encore, ce qui ravissait Lana. Elle n’aimait pas devoir travailler avec des idiots, et elle aurait été déçue que la Dæloran fût affligeante de stupidité. Elle aurait jeté l’opprobre sur toute sa lignée et, par extension, sur les Ondines. À cause de son nom, elle avait d’autant plus une place à tenir. La Kælaria la guettait ; au moindre faux pas, elle bondirait. « Excellente idée. » répondit-elle, tout sourire, en caressant délicatement la couverture de son livre.

Au bras de Susannah, Lana déambulait entre les bassines d’eau. Tandis que chacun se préparait à faire preuve de ses talents « artistiques » en matière de sculptures-bulles, les deux filles triaient et sélectionnaient leurs victimes. La blanche avait déjà retenu plusieurs visages. Certains avaient des airs tout simplement détestables. D’autres étaient choisis pour des motifs particuliers : parce qu’ils l’avaient heurtée sans faire exprès, parce qu’ils avaient ignoré une de ses questions ou remarques, parce qu’ils s’étaient approchés trop près de Kiara, parce que son frère leur témoignait de l’intérêt, parce que Læn les avait regardés, parce qu’ils l’avaient regardée elle avec trop d’insistance – cette insistance lubrique propre aux mâles qui ne savent pas se tenir. Tous les motifs étaient bons pour condamner un Gælyan. Comme sa partenaire de crime lui en indiquait un, elle tourna la tête et acquiesça. « Tu crois qu’il a essayé de copier ta couleur de cheveux ? Pâle imitation. » railla-t-elle, avant que Susannah ne partît réaliser son méfait.

De son côté, elle fit semblant de poursuivre son chemin, avant de revenir sur ses pas et de s’attarder devant certains bacs. Comme sa complice, elle faisait mine de s’intéresser à un élément pour mieux verser une poudre irritante, corrosive ou porteuse de quelques maladies et infections minimes. Elle se réjouissait de leur faire payer leurs offenses et leur existence. Entendre leurs cris et leurs piaillements lui serait presque aussi agréable que de se laisser bercer par le chant de ses consœurs. Néanmoins, auprès de ses victimes, elle apparaissait aussi affable que possible. Si sa curiosité était faible, elle l’exagérait. Même quand elle avait envie de leur cracher au visage, elle souriait. La fois où elle se trouva face à un garçon qui l’avait un peu trop admirée à son goût – ou qu’elle avait cru la voir la détailler –, elle minauda presque. Les Gælyan étaient déconcertants tant il était aisé de les flouer.

Ses méfaits partiellement accomplis – il lui aurait fallu plus de temps pour viser toutes les personnes qu’elle avait inscrites sur sa liste –, elle traîna encore un petit peu entre les participants, puis regagna les rangs des spectateurs, assis dans des gradins montés pour l’occasion. Quelques secondes plus tard, Susannah la retrouvait. « Alors, combien ? » chuchota-t-elle tout bas. Elle lui sourit, omettant sciemment de lui dire le nombre de ses victimes. Peu importait ce que la bleue dirait, elle surenchérirait. S’il se trouvait qu’elle donnait un chiffre plus élevé que ce qu’elle avait réellement fait, elle prétendrait que certaines des personnes attaquées possédaient probablement une sorte d’immunité. Cela devait bien exister. « J’ai hâte de les entendre beugler comme des veaux de mer. » Elle sourit, satisfaite, et attendit. Les premières sculptures-bulles s’élevèrent lentement dans les airs, portées par les « oh » admiratif du public. La Sirène fit la moue, le haut gauche de sa lèvre relevé dans une mimique de dégoût. « C’est d’une grossièreté… » Elle soupira. « À Port-Diraella, les sculptures-bulles n’ont rien à voir. Partout où je suis allée, en fait, ça n’a rien à voir. » Tout était fait en finesse et en délicatesse ; le public n’avait pas à admirer des ramassis d’excroissances bourgeonnantes et difformes.

Soudain, un premier cri se fit entendre. Un mouvement parcourut l’ensemble des spectateurs ; chacun se contorsionnait ou cherchait à s’élever pour mieux voir celle dont le visage se couvrait déjà de pustules purulentes. La Kælaria afficha une expression clairement écœurée. C’était encore plus laid que leurs horribles semblants de sculptures-bulles. « Quelle horreur ! » En bas, un professeur se dirigeait déjà vers la victime. Il n’avait pas fini de l’examiner que quelques autres cas se déclaraient. Boutons, rougeurs, brûlures et fièvres pullulaient sur les faciès autant que les bulles dans l’atmosphère. D’autres membres de l’école se mobilisèrent pour venir en aide aux élèves touchés par les différents maux. L’un des professeurs prit la parole ; sa voix résonna dans le parc pour clamer l’annulation de la festivité. Des soupirs déçus s’élevèrent de toute part, et Lana en tira une grande joie, bien qu’elle fît attention à mimer un profond dépit. Derrière elle, un garçon se mit à pleurer. Elle eut envie de lui arracher les glandes lacrymales.

Comme Susannah et elle suivaient le mouvement de la foule qui quittait les lieux, elle se rapprocha d’elle. Son épaule effleurant la sienne, elle murmura : « Belle réussite. Je pense qu’on peut aller plus loin en faisant en sorte que des Sorciers soient incriminés. » Après tout, c’était dans cet objectif qu’elles avaient choisi ces potions et les écailles ensorceleuses de la bleue. Bien qu’elle cachât son sourire sous un masque de déception feinte, les yeux bleus de Lana brillaient. Elle était fière. Une superbe coopération s’annonçait.



Message IV – 1104 mots


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Susannah
Mar 27 Déc 2022, 19:18

[Q] - La bienséance | Susannah 5vft
La bienséance




Susannah ramena une mèche derrière son oreille de façon à ne rien dissimuler de son expression chafouine. Elle s'amusait follement mais la bienséance lui imposait une certaine retenue et elle croisa ses chevilles sous son banc pour retenir les frémissements qui les agitaient.

« Une dizaine, et toi ? Le véritable spectacle va bientôt commencer, je regrette juste de ne rien avoir apporté à grignoter. » Soupira-t-elle. Une légère moue de dépit abaissa les commissures de son sourire en apprenant que Lana avait fait davantage de dégâts. Heureusement que la blanche était également une Ondine ou cet affront aurait été impossible à avaler. Bien vite, l'adolescente se convainquit que c'était en fait parfait et que c'était elle la plus intelligente de s'entourer des meilleurs éléments pour se tirer vers le haut, bien plus haut que tous ces rebuts de la société qui méritaient à peine d'exister. Au moins auraient-ils la décence d'être divertissants aujourd'hui, il n'y avait que là qu'ils réussissaient à briller un tant soit peu.

Les premières formes irisées naquirent dans le cercle délimité pour les exhibitions et flottèrent jusqu'à leur niveau et une expression similaire se peignit sur les traits de Susannah. Un sifflement d'outrage lui échappa. « Des enfants chez nous seraient capables de mieux. » Déclara-t-elle avec un dédain marqué et elle détourna le regard comme si elle ne pouvait supporter plus longtemps cet étalage de médiocrité. « S'ils avaient osé faire ça chez nous, on leur aurait coupé une main pour les dissuader de poursuivre. Les voies de l'art ne sont pas gratuites, il faut avoir un minimum de talent pour prétendre essayer de les emprunter, et encore, ensuite il faut des efforts. Au moins une chose que les Orines et les Alfars ont compris. Ah ! Je crois que ça commence. » Un cri qui n'était guère de l'admiration venait de jaillir en contrebas. Elle se laissa glisser jusqu'au bord du banc et se tendit pour ne pas rater une seule miette de cette humiliation publique. Elle souffla de rire en voyant une participante hurler sa détresse en se passant les mains sur un visage couvert de pustules. « Pauvre petite, j'espère qu'elle ne gardera pas de cicatrices. » Mentit-elle sur un ton réjoui. Non loin, une autre étudiante s'était mise à hurler en désignant l'une des sculptures, un chien ailé, comme si cette dernière venait de prendre vie pour les attaquer. D'autres incidents pullulaient ça et là, au plus grand plaisir des sournoises.

Un peu trop vite à son goût, les animateurs mirent un terme au concours et envoyèrent les victimes à l'infirmerie en encourageant les spectateurs à revenir à leurs occupations quotidiennes pour rétablir le calme après la panique. Avant de quitter le flanc de Lana, la Lyrium répondit d'une voix également basse. « Je suis juste déçue que personne d'autre que nous ne sache que nous sommes celles à l'origine de ce désastre. » Espoir stérile car le corps directoire de l'école ne laissait malheureusement jamais les crimes impunis. Si pour quelques goûters volés, Susannah écopait d'heures de retenue, elle n'osait imaginer ce qu'un sabotage et l'atteinte à la sécurité d'autrui pourrait leur occasionner. Une exclusion serait une tâche indélébile qui ne lui serait pas pardonnée dans sa famille. Il faudrait donc se montrer patient pour prétendre à ce crédit, plus tard quand elles seraient diplômées et loin de ceux qui restreignaient ses ambitions. Mais la bleue n'était pas connue pour être patiente. Ce qu'elle voulait, c'est que tous les étudiants la craignent sans être inquiétée de représailles derrière. Actuellement impossible de les assumer, faire profil bas devenait vital. C'était un casse-tête sur lequel il serait plaisant de se pencher, plus que ses devoirs à rendre.

« En attendant, je vais essayer de faire passer la rumeur selon laquelle ces rats noirs sont derrière ça. Ce ne sera pas difficile, tout le monde sait combien ils aiment répandre leurs immondes maladies. » Elle échangea un clin d'oeil complice avec Lana et une idée subite la saisit. « Que dirais-tu que nous partagions le même dortoir ? J'en ai assez qu'on me remise avec des Gælyan. J'en parlerai à la conciergerie si tu es d'accord. »

Message IV | 727 mots

Merci pour ce rp nastae


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