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La renarde polaire et le poisson arc-en-ciel

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« C’est quoi, une course d’orientation ? » pensais-je maladroitement à haute voix « Son nom est plutôt explicite. » Blasé par sa réponse, mon regard glissa instinctivement vers lui. J’avais sans doute dû faire une tête étrange pour que Mikhail détourne aussi rapidement le sien et décide de me répondre sérieusement. « Ça consiste à trouver des balises qui sont cachées un peu partout. On a une carte pour nous aider à se repérer et parfois une boussole. Le principe est de toutes les trouver et le plus rapidement possible, enfin d’être le vainqueur. » - « C’est tout ? Ça m'semble facile comme épreuve. » - « Tout le monde n’a pas ton sens aiguisé de l’orientation et de la chasse. » Je me contentais de lever les yeux au ciel à l’entente de sa dernière remarque. La plupart de mes camarades étaient persuadées que mes sens étaient surdéveloppés grâce à mes gênes bestiales très perceptibles. Mais non. Je n’entendais pas spécialement mieux que les autres, mes yeux ne me permettaient pas de voir plus loin que l’horizon et mon instinct de survie n’était pas non plus des plus aiguiser. J’avais simplement appris à écouter religieusement le rythme de vie de la nature, grâce au culte de Phoebe. Ce qui, actuellement, ne me serait d’aucune utilité au sein de l’école. À la limite, je pouvais consentir que je me servais plus de mon odorat que le commun des mortels. Mais ça, ce n’était dû qu’à mon mode de vie, rien de plus. « J’espère que l’on sera ensemb- » - « Venez tous par ici ! La course d’orientation va commencer. Tirez au sort un petit galet dans la boîte et il vous guidera à votre partenaire ! Dès que vous vous serez tous associés, un plan apparaîtra. Il vous mènera à la première épreuve. » Studieusement, j’exécutais la consigne en suivant le mouvement de foule pour récupérer ma pierre magique. « Ne vous perdez pas dans Basphel et suivez bien les indications. Il y a quelques temps, un étudiant a voulu faire du zèle et il a fallu le recoudre. » Mes sens avaient beau ne pas être surdéveloppées, je pouvais déjà pressentir que cette année ce serait moi l’idiot d’étudiant qui allait créer et subir une catastrophe. « Ce ne sera pas pour cette fois. » Face à mon regard interrogateur, il me désigna son galet qui ne semblait pas être attiré par le mien. « Finalement, ce n’est pas plus mal. On va pouvoir se mettre en compétition. » - « Avec plaisir ! Prépare toi, je vais te battre à plate couture. » Je lui offris mon plus beau sourire avant de lui tourner le dos, en quête de mon binôme. « Tiens, c’est drôle ce que t’as sur la tête. » Super. Tout compte fait, c’est lui que j’allais battre ou plutôt mordre. Instinctivement je senti mes poils s’irisaient. Qu’est-ce qu’il me voulait lui ? Si jamais il tentait de lever sa main pour toucher mes oreilles, aucun doute que mes dents allaient malencontreusement se planter dans son bras. Ma réaction aurait pu sembler démesurer, mais j’étais excédée par toutes ces personnes qui se croyaient autorisées à me tripoter à leur guise. Je n’étais pas un animal ou tout du moins, pas le leur. Mon sang ne fit qu’un tour.

Toutefois ce fut bref, car sa conclusion m’apaisa légèrement et surtout, me déstabilisa complétement. « Je… Que tu aimes ou non, ça n'change rien. Ce sont mes oreilles, c’est tout. » bafouillai-je, en voulant paraître autoritaire. Il aimait bien ? Étrange. « Bon. Désolée, mais je… » Ce n’est qu’à cet instant que je remarquais que mon galet réagissait vers le sien. C’était donc lui mon coéquipier ? Ah. Ouais, bon. Ça aurait pu être pire, on va dire. Surtout concernant notre première approche : je ne m’étais pris aucune remarque désobligeante sur mon apparence et il n’avait pas cherché à me caresser. Peut-être qu’il n’était pas un abruti fini comme tous les autres. Un peu comme Mikhail. D’ailleurs, son apparence me faisait vaguement penser à lui. « Ikar ? Moi c’est Primrose. » Maintenant, c’était sûr, il n’était pas comme les autres. Habituellement j’avais pu constater une certaine fierté dans la voix de ceux qui clamaient leur nom, avant même de donner leur prénom. C’était un dédain que je ne pouvais comprendre, mais qui actuellement m’arranger bien. Il avait oublié de le dire ou s’en ficher. Parfait. Ça m’éviterait de perdre du temps à expliquer pourquoi moi je n’en avais pas. « Je n’en ai jamais fait. Mais de ce que l'on m'a expliquer ça semble plutôt simple. » Sur mes mots, notre carte se matérialisa. Visiblement tout le monde avait trouvé son binôme. Parfait, les choses sérieuses aller enfin pouvoir commencer. « Bon. Pas de précipitation. D’abord on lit la carte, ensuite on se met d’accord sur l’itinéraire et après, on découvre la fameuse balise. C’est simple. » Je lui souris, gonfler de motivation. « Ne tant fait pas, obligé, on va gagner. » Ouais, enfin… Ça c’était avant que je ne découvre la carte. C’était quoi toutes ces lignes tracées et ces couleurs ? D’accord, il y avait bien une légende inscrite dessus pour les comprendre, mais… On était où nous, sur ce plan ? Et est-ce que je la tenais dans le bon sens, déjà ? C’était une blague…. Pourquoi il y avait autant de balises à trouver ? Quelque peu désorienter, je regardais tout autour de moi : deux-trois groupes commençaient à s’élancer à la conquête des balises, n’allant d’ailleurs pas tous dans la même direction. C’est pas vrai !  Il ne fallait pas que l’on prenne déjà du retard. Tant pis pour mon premier plan stratégique, place à l’action. « Hmm. Par-là, suis-moi ! » En réalité, je n’en avais pas la moindre idée. Je me contentais de suivre la direction de la majorité. Ils ne pouvaient tout de même pas tous se tromper, si ? Je devais me rendre à l’évidence, ça débutait mal. Si je voulais gagner, il allait vraiment falloir que je sois coopérative et surtout, que j'apprenne rapidement à lire une carte. « Et toi, tu en as déjà fait ? Je veux dire, des courses d’orientation. Tu sais lire une carte ? » Je tassais mon orgueilleux au plus profond de moi et espérais une réponse positive de sa part, sinon, c’était fichu. Sans un regard je lui tendis la carte, tandis que nous marchions vers ma direction hasardeuse. « D’ailleurs, comment tu veux la jouer ? Tous les coups sont permis pour que l’on gagne ou tu veux la jouer réglo ? » En réalité, ce n'était pas ça ma réel question. « Eeet... Au fait... Tu fais partie de quel département ? » Pitié, pas obsidienne.

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