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 [Q] - Danse et jalousie

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 30 Juin 2021, 21:54



Danse et jalousie

Objectif : Entraînement intensif pour le bal.


« Tu fais quoi Lulu ? » me demanda Ilias à voix basse, en s’asseyant doucement sur la chaise à côté de la mienne. Asîlah tourna la tête vers lui. Elle était tranquillement assise sur mes genoux. Sa tête arrivait sous mon menton et je m’en servais pour me reposer. Ça faisait un petit câlin en plus, chose qu’elle appréciait beaucoup. « J’écris une lettre à Laëth. » « Elle va bien Laëth ? » « Je ne sais pas. C’est pour ça que je lui écris. » « Tu lui dis quoiii ? » s’enquit l’Humaine. Elle aspirait une bonne partie de ma magie mais comme je n’avais jamais été un grand praticien et que je la prenais souvent sur moi, j’arrivais à ne pas me sentir mal. En plus, je l’aimais trop pour lui en tenir rigueur. Pour ma sœur, et pour Hélène et Sjar, je me sentais prêt à tout endurer. Si je n’avais plus de magie, ce n’était pas grave, tant qu’ils étaient heureux. « Je lui parle de mon prochain voyage et je lui demande de ses nouvelles. » « Tu peux nous lire ? » « Oh oui ! » dit Ida, la bouche pleine, en s’installant en face de moi. « Si vous voulez… Alors… » Je tournai la feuille pour pouvoir lire depuis le début. « Chère Laëth. J’espère que tu vas bien depuis la dernière fois. Comme tu le sais, Ilias a eu l’une des fèves mais il me l’a donnée. Il a dit que si papa avait été là, il la lui aurait confiée parce que comme ça peut-être que l’Impératrice Blanche lui aurait donné sa couronne et qu’il serait devenu Roi. Après cette déclaration, tous mes frères et sœurs ont commencé à faire semblant d’être au bal. Ils se sont tous distribués les rôles. Sjar a voulu faire l’Empereur Noir et Rosalie l’Impératrice Blanche. Justinien était papa et il essayait de gonfler ses muscles, sans comprendre que, pour les joues, ce n’était pas la peine. » « Hé ! » protesta le concerné, en apparaissant dans l’embrasure de la porte, une énorme tartine à la main. « C’est même pas vrai ce que tu dis ! » « Si c’est vrai ! Arrête ! » dit Asîlah, la voix de la sagesse. « Continue Lulu. » « Oui continue ! » Justinien s’installa avec nous.

« En tout cas, je vais danser avec l’Ultimage. Je n’arrive pas à y croire. Je vais sans doute être ridicule mais je vais m’entraîner pour l’être un peu moins. Il vaut mieux être super méga ridicule que super méga ultra ridicule, tu ne crois pas ? » « Moi je suis sûre que tu réussiras trop bien ! » « Et puis peut-être qu’elle tombera amoureuse de toi et que c’est toi qui deviendras Roi ! » Je souris. Ça ne marchait pas comme ça mais j’aimais bien les entendre faire des hypothèses. « Tu crois qu’elle est comment Edwina ? » « Aucune idée. » « Blonde ! » « Moi je pense qu’elle est super vieille ! » « Comme Pauline ? » Je ris. Heureusement, la Magicienne était partie au marché. « Je continue. » dis-je. « Je me demandais si tu serai au bal ? Il paraît que nous allons devoir porter des masques. On m’a apporté un objet magique pour que je puisse apprendre la chorégraphie de la danse avec la Reine. Il contenait toutes les autres danses et des informations sur la bienséance. Peut-être que papa sera là. C’est rare qu’il manque ce genre d’événements. » « J’aimerais trop que papa soit là ! » « Moi aussi ! » « Pareil mais s’il n’est pas là, on lui rapportera un souvenir pour quand il rentrera. » « Il ne peut pas rater ta danse avec la Reine quand même… Ce serait dommage. » « On verra. » « C’est quoi la suite ? » demanda doucement Ilias. Je continuai. « Il nous a donné des nouvelles récemment. Je ne sais pas si tu as reçu une lettre aussi mais je suppose que oui, parce qu’il t’aime et on le sait tous. Si tu n’en as pas reçu, je suis sûr que tu en auras une bientôt. » Je souris. « C’est tout ? » « Non mais le reste c’est personnel. » « Ohhh ! Tu nous fais des cachoteriiiiesss ? » demanda Ida. « Mais non ! Je vais vous en parler mais j’ai besoin de savoir ce que Laëth en pense d’abord pour éviter que vous vous moquiez de moi. » « Mais on ne va pas se moquer. Ou un peu. » « Non Lulu. On se moquera jamais de toi ! Tu peux nous lire ? » « Bon… D’accord, mais ne dîtes rien à Pauline pour l’instant. Promis ? » « Promis ! » « Moi aussi je promets ! » clama Asîlah. « Pareil. » « Tout comme les autres ! » « Bon… Alors… » J’inspirai. « J’aurais besoin de tes conseils pour quelque chose d’autre. J’ai participé à la Coupe des Huit il n’y a pas longtemps et là-bas j’ai rencontré une fille. On a monté la montagne ensemble et, à la fin, elle m’a fait un bisou sur la bouche. » « Oh ! » « Han ! » « T’as fait un mamoure avec une fiiiillllleee ??? » « Chut. Arrêtez ! » Je devais être rouge comme une pivoine. « Lulu a une amoureuse. » sourit Ilias. Je continuai. « Depuis, on ne s’est pas revu mais elle m’a invité à Lagherta pour qu’on puisse s’entraîner pour le bal. Est-ce que tu crois que je dois lui faire un bisou quand je la verrai ? Ou alors c’est juste comme ça qu’on dit au revoir chez elle ? Parce que ce n’est pas une Magicienne… En fait je ne suis pas sûr de savoir ce qu’elle veut et si… Enfin, tu vois ? Comme tu as su que papa et toi vous étiez ensemble ? Bon mais si tu ne veux pas me répondre, je demanderai à Pauline ou à Minéphore, ou à papa quand je le verrai. Je t’aime très fort. Passe une belle journée. Lucius Paiberym. »

« Il va falloir que tu nous expliques qui est ton amoureuse… » « Je ne sais pas si c’est mon amoureuse… » « Mais si vous vous êtes fait un bisou sur la bouche ! » « Mais… Elle a peut-être mal visé ? » « N’importe quoi ! » « Elle est gentille ? » « Elle est assez... drôle. » « Elle a les cheveux de quelle couleur ? » « Roux. » « Oohhh, comme Ida ! »

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Kaahl Paiberym
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Kaahl Paiberym
Mer 07 Juil 2021, 18:04



Danse et jalousie


Lagherta était une île magnifique. Partout, des scientifiques répertoriaient les espèces vivantes et essayaient de comprendre l’étrangeté du ciel. Il suffisait de lever les yeux vers lui pour constater que les nuages prenaient des formes qui semblaient vivantes. Il y avait beaucoup de baleines qui se mouvaient doucement et accompagnaient les voyageurs avant de disparaître dans les cieux. La plupart des animaux, à leur mort, se transformaient en matière comestible. Certains en produisaient tout au long de leur vie. La végétation était abondante et le paysage à couper le souffle. Mon père avait trié les Sorciers qui vivraient sur ces terres et se montrait sans pitié envers ceux qui ne respectaient pas ses lois. Dégrader l'endroit, c’était se voir décapiter dans l’heure. Elias avait d’ailleurs ordonné que l’on construisît en respectant la nature et en incorporant pleinement cette dernière aux villes qui verraient le jour. La prochaine étape serait d’introduire durablement des Magiciens à Lagherta. Il y en avait déjà quelques-uns. La cohabitation était une réussite, bien plus qu’à Ranaghar où les Sorciers se sentaient floués à cause de l’absence de magie des Terres Glacées. Des chercheurs étudiaient également, pour le compte du Roi, les évolutions psychiques des Mages qui habitaient l’endroit. Ces derniers devaient se soumettre à des visites médicales régulières et répondre à quelques questions formulées par un psychologue. À Lagherta, il y avait beaucoup de jardins et c’est dans l’enceinte de l’un d’eux que se tiendrait le bal, aux alentours du ponton qui reliait l’île au Lac Bleu.

« Qu’y a-t-il ? » me demanda Eméliana. Je la fusillai du regard. Ce qu’il y avait ? Elle se foutait de moi ? « Je pensais que nous serions seuls. » Je l’avais invitée, elle, pas l’autre débile. « Pourquoi ça ? » « À ton avis. » répliquai-je, agacé. « Je ne comprends pas, Érasme. Je pensais que Réta et toi étiez en couple et que l’inviter te ferait plaisir. » « Pardon ? » L’envie soudaine de la prendre par les cheveux et de lui envoyer la tête contre le premier mur venu me traversa l’esprit. Malheureusement, la Sorcière était une véritable vipère et ce n’était pas exactement ça que je souhaitais obtenir d’elle. Je ne savais pas pourquoi mais, à ses côtés, j’étais moins enclin à la violence. Je bouillais intérieurement pourtant. C’était peut-être son petit air hautain ou le fait qu’elle coupât court à chacune de mes tentatives. Elle me posait des limites que beaucoup d’adultes n’osaient pas utiliser contre moi, parce que j’étais le Prince Noir. En la fixant dans les yeux, j’envisageai le fait qu’elle ait pu le faire exprès. « Eméliana ? » l’interrogeai-je, avec un sourire faussement mielleux. « Oui ? » « Tu as peur d’être toute seule avec moi, c’est pour ça que tu as invité Réta ? » Après un silence, elle se mit à pouffer. « Mon pauvre. Pourquoi aurais-je peur de toi ? Il n’y a même pas quelques lunes, tu n’étais qu’un morveux haut comme trois pommes pourries ! » Elle rit de nouveau, comme si elle n’arrivait pas à s’en remettre. « Vraiment ! » laissa-t-elle échapper. Pourtant, son rire cessa lorsqu’elle dut intercepter ma main, déjà en direction de sa gorge pour l’étrangler. Elle plissa les yeux. « Ne t’avise pas de tenter ce que tu fais à Réta sur moi. » Je notai pourtant le léger tremblement de ses doigts. Ce n’était peut-être pas de la peur mais les conséquences de l’adrénaline. « Tu accepteras de le faire, à un moment. » lui dis-je, avec un regard lourd de sens. Parce que j’avais très envie de la déshabiller, elle aussi. « C’est ça. » répondit-elle, en lâchant ma main et en se décalant, pour se remettre à marcher. « Et puis, je te signale que je n’ai pas invité que Réta. » Ma langue se coinça un instant entre mes canines. J’allais la tuer. Je repris, sur un ton doucereux, un ton hautement agaçant qu'il me plaisait de prendre. « Et qui donc as-tu invité ? » « Lucius Paiberym. » « » « Tu sais, celui qui m’a accompagnée jusqu’au sommet de la montagne. » Son ton était sans pitié. Lui, l’avait accompagné. Moi non. C’était exactement ce qu’elle cherchait à me faire comprendre. « Oui. Je m’en rappelle vaguement… » feignis-je. La réalité c’est que je m’en souvenais parfaitement parce que, depuis ce jour-là, je n’avais cessé de penser à lui et à sa sale face de Magicien écrasée sous mon pied.

« Eméliana sort avec Lucius. » lâcha Réta en revenant dans la conversation. Depuis le début, elle écoutait en silence, légèrement en arrière. Ma mâchoire se serra. « C’est vrai ? » demandai-je à la concernée, un flot de rage nourrissant ma question. Elle fit claquer sa langue contre son palais. « Mêle-toi de tes affaires. » répondit-elle. Si c’était vrai… Si c’était vrai je… « Ce sont mes affaires. » répondis-je. « Ah oui ? Et pourquoi ? » « Parce que. » Je n’avais aucun argument très recherché mais le regard haineux que je lui lançai parla de lui-même. Eméliana était à moi, à personne d’autre, et surtout pas à ce connard de Magicien.

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Kaahl Paiberym
Mer 07 Juil 2021, 18:45



Danse et jalousie


« Princesse Eméliana. Princesse Réta. Prince Érasme. » Lucius fit une petite révérence qui me fit sourire. Je le saluai en retour. « Futur Marquis Paiberym. » Le soupir d’Érasme aurait pu s’entendre depuis l’autre bout de l’école. « C’est qui, eux ? » demanda-t-il, sans aucune manière. Réta avait respecté le protocole. « Je suis enchantée de te revoir, Lucius. » avait-elle murmuré. Quelle pouvait être bécasse ! Si elle croyait que je ne la voyais pas faire les yeux doux au Magicien, elle se trompait lourdement. Cherchait-elle à prouver notre relation en agissant de la sorte ? Rien n’avait été décidé. Il n’y avait donc rien à prouver. « Oui. Je sais que vous m’avez invité seul mais mes frères étaient impatients de découvrir Lagherta et je me suis dit que ça ne vous embêterait pas. Ida a désiré venir également. » Celle-ci me fixait avec des yeux suspicieux. « C’est vous la copine de Lucius ? » demanda-t-elle, sans s’encombrer de politesse. Le concerné la coupa. « Ida. » Justinien prit la relève, pour combler la gêne. Il fit une révérence. « Bonjour, je suis Justinien Paiberym. Enchanté de faire votre connaissance. » Si notre père, adoptif ou biologique, avait été mis au courant des liens qui étaient en train de se créer entre nous, sa réaction aurait sans doute été de nous séparer le plus vite possible, avant que le mal fût fait. Malheureusement, l’homme en question n’était pas là pour nous surveiller et nous nous accordions si bien ensemble qu’il serait difficile de nous interdire de nous voir à l’avenir, pour le meilleur comme pour le pire. « Et lui ? » Lui était le plus remarquable du groupe. Il avait la peau noire et un regard bleu azur qui ressortait d’autant plus. Dans son dos, il y avait deux ailes blanches. Un Ange ? « Je suis Sjar Paiberym. Enchanté. » me dit-il. « Tu es un Ange ? » demanda Érasme, avec mépris. « Non. » Et il ne précisa pas ce qu’il était, à mon plus grand étonnement. C’était comme si l’enfant avait décidé qu’il n’aimait pas le Sorcier et ne répondrait plus à ses questions. Il avait quelque chose de princier et d’un peu hautain. Lui et moi nous ressemblions légèrement, à la différence de notre carnation. L’un à côté de l’autre, nous étions le jour et la nuit. « Ida n’est pas ma sœur. C’est une Taiji qui vit essentiellement sur l’île de Boraür. Néanmoins, elle est très souvent chez nous alors c’est comme si elle était de la famille. » « Oui. » confirma la rousse qui semblait ne pas porter Érasme dans son cœur non plus. Je souris, bien heureuse que le jeune homme se fît des ennemis. Ce qui était certain, c’est que ni Lucius ni Érasme ou même Réta n’avait idée de ce que je voulais obtenir de cette rencontre. Danse et jalousie aurait été un bien joli thème. Je voulais vérifier ce que Lucius ressentait pour moi en me servant d’Érasme. J’étais sûre qu’il jouerait son rôle à merveille tant il abhorrait le Magicien. « Nous y allons ? » proposai-je.

Nous discutâmes quelques longues minutes des connaissances de chacun en danse. Les Magiciens étaient bien plus sereins concernant la valse, alors qu’Érasme, Réta et moi-même avions appris les deux. Bien sûr, personne ici ne possédait un niveau élevé. La danse faisait néanmoins parti de l’éducation de base de chaque famille noble, bien plus encline à se rendre aux différents bals organisés. Nous avions donc reçu des cours dès notre plus jeune âge. Réta, eu égard à sa particularité, n’avait jamais été la plus assidue en classe. Les enfants du Marquis Paiberym avaient également quelques connaissances. Ida était la seule à ne pas connaître les pas de base, même si elle s’était renseignée sur les chorégraphies du bal. L’activité ne semblait pas l’emballer et je fus vite persuadée qu’elle était venue uniquement pour me rencontrer. Lorsque nous eûmes fini, je pris la décision qui s’imposait pour le groupe. « Comme tout le monde ici, ou presque, connaît la valse, nous nous focaliserons sur le tango. Je vais commencer, pour vous montrer. Érasme, voulez-vous bien être mon cavalier ? » Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres et il envoya une œillade mauvaise à Lucius. « Mais avec plaisir Princesse Eméliana. » répondit-il, en se levant pour rejoindre la scène. C’était parfait. Il jouait son rôle au-delà de mes espérances. Pourtant, les choses n'allaient pas se dérouler comme je le désirais, loin de là.

Placée en face de lui, j’attendis qu’il s'approche pour prendre la position correcte. Réta actionna la magie de l’endroit et la musique retentit. Érasme fit le premier pas et je me sentis étrange. Dans ses bras, j’avais l’impression que mon corps se faisait écraser. J’étais certaine, pourtant, de savoir le tenir. Il me fixait avec un regard affamé et ses lèvres étaient celles de l’envie. Physiquement, de façon globale, je ne faisais pas le poids. Je le sentis vite, parce qu’il était plus grand et imposant que moi. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me sentis pas grosse. Je me sentis fine, jusqu’à douter de la résistance de mon squelette. Il profita de notre proximité pour m’interroger, en oubliant le vouvoiement que nous avions convenu en présence d’autrui. « Tu as décidé de ton épreuve pour le bal ? » « Non, pas encore, pourquoi ? » « Parce que je vais me battre pour être ton cavalier. » « C’est ridicule. » murmurai-je, en levant les yeux au ciel. « Tu m’aimeras, Eméliana. » « C’est… » J'avais été prise de court par la façon directe qu’il avait eu de dire les choses. « Sûrement pas. » répliquai-je, après m’être remise. Il me fit tourner. Aucun de nous deux ne possédait la fluidité des grands danseurs. Il y avait des saccades qui conférait au tango une démarche diabolique. « Dégage le Magicien de ta vie. » « Non. » « Si tu ne le fais pas, je m’en chargerai. » « Je te l’interdis. » Il sourit. « On verra. » Il s’approcha, trop par rapport aux pas de base. « Je crois que ça va devoir être lui ou moi. Je vais donc le tuer. » Je ne comprenais plus où il voulait en venir. Il était allé bien trop vite. Passer d’une rupture à la mort… Le raisonnement était empli de folie. « Érasme, ça n’a pas de sens. » « Dis-lui qu’il ne te plaît pas, sinon je le tue. » « Arrête, ce n'est pas amusant. » lui dis-je, tout en me doutant qu’il ne plaisantait pas. Son torse s’acharnait contre ma poitrine et je me sentais mal à l’aise. Il ne respectait pas les convenances. Ses mains étaient bien trop attirées par les formes de mon corps. Je sentais mon cœur battre à tout rompre sous l’effet de la tension que je ressentais et, à présent, je m’en voulais d’avoir voulu utiliser le Sorcier pour rendre le Magicien jaloux. Je craignais même qu’il cherchât réellement à le tuer. « Est-ce que j’ai l’air de rigoler ? » Il y eut un silence. « Ou alors… Si tu tiens tant à ton Magicien, il va falloir que tu te montres un peu plus gentille avec moi à l’avenir. » Un rictus de mépris apparut sur mes lèvres. C’était hors de question. « Réta a tout inventé parce qu’elle est amoureuse de toi. Elle voulait te détourner de moi. Et tu es assez bête pour l’avoir crue. Lucius m’amuse, c’est tout. Si tu crois que je pourrais me mettre en couple avec un Magicien, tu es aussi fou que l’autre conne. » « Ah oui ? Vraiment ? Alors ça ne le dérangerait pas si je t’embrassais ? » Je déglutis. Il fallait absolument que je gardasse la main. Il avait tôt fait de s’imposer. « Je me fous de ce qui le dérangerait ou non. Le point c’est que je ne veux pas que tu m’embrasses. » Il ne dit rien. « Érasme, n’oublie pas que nous sommes en public. Tu as peut-être l’impression que tu me domines parce que je te laisse guider cette danse, mais n’oublie pas que j’ai arrêté ta main tout à l’heure alors je vais être très claire : si tu essayes de m’embrasser, je te crève les yeux. »  Je le fixai avec intensité. Il devait m’en croire capable, absolument.

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Kaahl Paiberym
Mer 07 Juil 2021, 19:39



Danse et jalousie



« Ils sont un peu bizarres… » murmura Sjar. À côté de moi, l’Humain ailé était resté sage jusqu’ici. En réalité, nous étions tous perplexes face au duo qui dansait sur la scène. Assis sur les sièges spectateurs, nous les regardions en silence, parce que c’était particulier et que personne n’avait trouvé jusqu’ici le courage de dire quoi que ce fût. « C’est moi où il a envie de… » « Chut. » murmurai-je à Ida. Je comprenais parfaitement ce qu’elle désirait dire, qu'il avait envie de l'embrasser. « T’es sûr que c’est ta copine ? » renchérit Justinien. « Parce que… » Réta, à côté, se mit à rire. « C’est le tango ça. Plus ça paraît vrai, plus c’est réussi. » Elle fixa sur moi des yeux pétillants. « Et peut-être qu’Érasme aime bien Eméliana aussi. Tu devrais te méfier de lui. Il ne t’aime pas beaucoup. » Le sentiment était partagé mais je m’inquiétais surtout pour la Sorcière. Était-elle d’accord pour qu’il la collât de cette manière ? Si le tango se pratiquait ainsi, je serais sans doute un bien piètre danseur. Je n’aimais pas m’imposer. Je n’avais pas envie de la toucher au-delà des convenances et tout ça m’apparaissait bien trop « adulte » pour moi. Je n’étais pas sûr d’y arriver, parce que je n’avais jamais désiré une femme à la manière des grands, là où le Mage Noir semblait n’avoir aucun problème. Ça me mettait mal à l’aise et je détournai les yeux jusqu’à la fin. Là, ils descendirent de la scène, visiblement courroucés l’un contre l’autre. « Ça sent le roussi… » murmura Réta, en semblant se satisfaire de la situation. « Vous voulez bien essayer avec moi, Lucius ? » me questionna Eméliana. Je levai les yeux vers elle. « Oui, bien sûr. » Je sentis une pression énorme s’installer sur mes épaules. Passer après Érasme n’était pas facile, pas parce qu’il performait mais parce qu’il semblait fait pour cette danse.

Sur scène, je la regardai un instant, avant de lui avouer mon trouble. « Je ne suis pas certain d’être doué pour le tango. » « Vous ne le deviendrez qu’en pratiquant. » m’assura-t-elle, en se plaçant. Je fis glisser mes mains sur elle, sentant sans le voir le regard du Prince sur moi. J’étais certain qu’il était actuellement en train d’essayer de me maudire. J’inspirai et expirai. « Vous êtes anxieux ? » me demanda la rouquine. « Votre frère ne semble pas m’apprécier. » « Oh, ça… Il n’aime personne, je vous rassure. » Elle me sourit, comme s’il s’agissait là d’une évidence. « Ne pensez plus à lui. Ça gâcherait la danse. » Elle avait pourtant de légères marques sur les rares morceaux de peau que laissait apercevoir sa tenue. « Je vais essayer. » promis-je, alors que la musique retentissait enfin. Je fis un pas en avant, constatant encore une fois la légèreté de son corps. Je craignais qu’elle s’évanouît comme lors de la Coupe des Huit. Mes doigts se fixèrent dans son dos et elle fit une chose qui me déstabilisa : coller son bassin à moi et monter sa jambe contre ma cuisse. Je savais que le mouvement était dans la chorégraphie mais le ressentir en vrai c’était… « Vous rougissez. » me fit-elle remarquer, les mains perdues dans mes cheveux, juste au-dessus de ma nuque. Oui, sans doute. Je devais rougir. Oui. Je ne savais surtout pas quoi faire de mes ressentis. Je me contentai donc de la repousser comme le voulaient les pas, pour mieux la rejoindre. Je comprenais mieux maintenant pourquoi Érasme avait eu cet air étrange sur le visage, même si j’étais incapable de me comporter comme lui. Mes émotions me faisaient même culpabiliser. Était-ce normal d’avoir envie de la serrer contre moi ? Il y avait ce que je savais de l’amour : les baisers, les balades en amoureux main dans la main, les regards mièvres. Et il y avait le reste, ce que j’ignorais jusqu’ici, de beaucoup moins romantique. C’était ça que je sentais actuellement. Ça m’étourdissait et j’avais l’impression d’être devenu bête d’un coup. Et plus je m’égarais en rapprochements avec elle, plus je sentais qu’un autre bouillait parmi les sièges des spectateurs.

Ce qu’aucun de nous ne savait, en revanche, c’est qu’il y avait un adulte assis dans les gradins des hauteurs, un adulte aux cheveux gras et à la peau moite. Il fixait Eméliana depuis le début, fou d’un désir malsain pour elle et sa pureté envisagée. Il avait envie de s’astiquer mais se retenait. Il suait à grosses gouttes devant cette fille si maigre. Il ne voulait pas éjaculer en pensant à elle, parce qu’il savait que dès que le liquide sortirait, la culpabilité du vice l’étreindrait. Elle ressemblait à une enfant. La féminité ne semblait pas désirer se développer chez elle. Elle n’avait presque pas de poitrine. Elle était pure, et peut-être le resterait-elle. Il devait empêcher les méchants de l’approcher. Érasme et moi, nous étions le mal. Il allait la protéger de nous, et du reste du monde. Il avait bien essayé de prendre soin d’enfants mais il avait constaté que lorsqu’il les avait pénétrées, elles avaient saigné. Elles étaient impures. Dans leurs petits corps se cachaient déjà des femmes, des horribles femmes. Il avait dû les tuer, oui… Alors que, à la base, il voulait juste les protéger. Mais elles étaient déjà corrompues… C’étaient elles les serpents. Lui était si pur... Et comme il était pur, il lui fallait une fille à son image. Elle. Bientôt, lorsqu'elle commencerait la danse, il deviendrait son plus grand fan.

909 mots
Fin
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