La légende conte que Babelsba était autrefois un homme au doigté immense qui réussit, pour le compte d’un peuple que l’histoire ne désigne guère, à faire s’allier des races en totale opposition par le biais de deux stratégies qui payèrent plus qu’il n’aurait pu l’espérer : le commerce et le mariage. En effet, dans une contrée inconnue, il célébra, après plusieurs échanges commerciaux fructueux, l’union du fils et de la fille de deux Rois qui soudèrent alors leurs peuples pour ne former qu’un, plus fort, plus riche, plus convaincant sur la scène mondiale. La jeune femme promit à son époux de servir fidèlement ses intérêts, de lui donner des fils et des filles qui seraient le futur de leur lignée et d’être une pièce maîtresse dans le jeu diplomatique qui serait sien. Le jeune homme promit que jamais son peuple, maléfique, n’attaquerait le sien et qu’il ferait en sorte de garder le territoire, qui était leur, soudé malgré les divergences d’intérêts des êtres qu’ils gouvernaient tous les deux. Il lui promit de respecter son corps et son esprit et de ne jamais la forcer à quoi que ce soit. Si, au début, ils ne s’aimaient pas, l’amour naquit miraculeusement et la paix s’installa de façon durable sur les Terres alentours, permettant au Roi pour qui travaillait Babelsba de faire se développer son propre peuple, jusqu’ici menacé par celui du nouveau marié.

De ces légendes, toutes semblables, racontées dans divers villages des Terres du Yin et du Yang, se développa le culte de Babelsba, l’Æther du commerce et des alliances. Dieu parfois décrit comme opportuniste, d’autres fois comme altruiste, il n’en demeure pas moins qu’il est aujourd’hui prié par tous les marchands et commerçants, ainsi que par une population diverse et variée. Tantôt, le commerce est considéré comme une facette de l‘alliance, tantôt, c’est le contraire. Quoi qu’il en soit, le domaine de Babelsba est assez étendu puisqu’il touche à tout ce qui pourrait voir naître une alliance entre deux groupes ou deux peuples. Le mariage en fait donc partie, même si le Dieu ne déborde guère sur la compétence d’Isahora. Ainsi, les unions qu’il forme ne sont jamais d’amour mais bien plus de raison ou d’obligation. Peu importe ce qui pourra sceller une alliance, le commerce aura toujours une place importante dans le processus. On dit de Babelsba qu’il entretient des relations cordiales avec beaucoup d’Ætheri, demandant de temps à autres l’aide de certains d’entre eux pour mettre à bien ses lubies. Prié par les commerçants et les marchands avant que ces derniers n’entrent en négociation, il n’est pas rare non plus que les familles peu aisées se tournent vers lui en espérant qu’une promesse de mariage intéressante se profile à l’horizon. Les riches et puissants peuvent également allumer une lanterne à huile à son effigie car cet objet fait partie intégrante du culte du Dieu, souvent représenté tenant une longue chaîne en or à laquelle pend un fanal allumé. Ses représentations sont semblables chez toutes les races et il est souvent illustré de profil sans qu’il ne soit possible de distinguer réellement ses traits. Ses attributs distinctifs sont les cornes surplombant des oreilles faites de plumes blanches. Deux versions existent quant aux jambes de l’Æther. Certains peuples considèrent qu’il a des jambes particulièrement poilues, surmontées d’une queue de bouc, d’autres qu’il s’agit en fait d’un pantalon fait de fourrure. Par tradition, les marchands et les commerçants possèdent une corne en argile ou en marbre dans leur boutique en l’honneur du Dieu, afin qu’il leur porte chance. De même, il n’est guère rare que les alliances se forment entre les groupes ou les peuples après que les cocontractants aient bu du vin ou autre alcool au sein d’une corne. Il est également dit que Babelsba serait épris de Dubheasa mais qu'il serait bien trop fourbe en certaines occasions pour pouvoir lui plaire car les alliances qu'ils favorisent ne sont pas toujours fructueuses et peuvent également s'avérer n'être que des faux-semblants. Il n'a donc guère été rare pendant l'histoire que le liquide versée dans la corne ait été, en réalité, empoisonné par l'une des parties, faisant acte d'une stratégie mortelle.