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 Des Roses pour les Mariés | Èibhlin

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 755
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Mer 19 Mai 2021, 12:02

Night in the Library par Kevin Baker
Des Roses pour les Mariés

Les sourcils froncés, Èibhlin tentait vainement de suivre sa préceptrice. Cerys était danseuse de métier contrairement à elle. Elle avait donc bien du mal à être sur le même temps qu'elle, surtout dès le premier essai. Et bien souvent elle se faisait réprimander pour ça. À son grand dam, elle n'avait rien pour répliquer. Sa mentore était meilleure qu'elle en tout point. Meilleure en danse. Meilleure en chant. Meilleure en musique. Meilleure en dessin. Meilleure en art dramatique. Meilleure en art oratoire. Meilleure. Tout simplement. Alors elle se taisait, obéissait, et recommençait. « De l'allure voyons. Levez le menton. Montrez-vous digne. Par Kennocha, on croirait un canard empâté. ». Les remarques claquaient comme un fouet dans l'air les unes à la suite des autres. De mémoire, la Nyëva ne l'avait jamais réellement félicitée pour ses efforts, ni même lorsque ceux-ci payaient et qu'elle s'améliorait. Elle savait que sa présence l'indisposait, et ce dès le premier jour, car dès le premier jour elle avait eu le droit à ce genre de critiques. Pourtant il lui arrivait parfois de se demander à quel point sa présence l'ennuyait ? Car elle était sûrement la plus sévère et exigeante et pointilleuse de ses professeurs. La porte s'ouvrit soudain en grand. Le majordome n'eut pas le temps d'annoncer le nouvel arrivé, coupé par la maîtresse des lieux. « Emrys ? » s'étonna Cerys, en se plaçant au centre de la pièce. « Est-ce que je peux savoir ce que tu fais ici ? » continua-t-elle d'un ton bien plus courroucé tandis que la porte se refermait sur le majordome. Èibhlin s'étonnait toujours de la façon dont les deux s'adressaient la parole en privé. Le vouvoiement était toujours présent dans le manoir, y compris entre les époux. En public, les jumeaux s'y mettaient également. Mais en tête à tête, non. Possiblement à cause de leur lien fraternel justement. Le monde était-il au courant ? Elle l'était parce qu'elle était juste invisible par rapport à eux. Sa présence ne comptait pour ainsi dire pas. C'était toujours un temps trop tard qu'ils prenaient conscience qu'ils n'étaient pas seuls. Ça en était presque frustrant. Mais elle se rendait compte qu'elle ne dégageait pas tant de prestance qu'eux. « Ne t'insurges pas tant. Je n'en n'ai pas pour longtemps. » - « Dans ce cas, ne pouvait-ce pas attendre la fin de l'étude ? » - « Non. ». La réplique s'était faite non discutable. Alors, dans un soupir exaspéré, la Nyëva invita son frère à continuer d'un geste du bras. Sortant une missive de sa veste, il reprit « On m'a fait parvenir ça. » - « On ? ». Il n'offrit à Cerys qu'un regard entendu tandis qu'il tendit le message à Èibhlin. « Qu'est-ce ? » continua à questionner Cerys. « Tu le sauras vite. ». La Senthandas commença à s'agacer des non-réponses de son jumeau alors même qu'il s'était invité chez elle sans prévenir, exprimant clairement son mécontentement d'une moue ennuyée. Comme un écho, Èibhlin afficha une même expression à la fin de sa lecture. « Je ne m'attendais pas à cette réaction. Ce mariage vous tient-il finalement tant à cœur ? ». Èibhlin leva les yeux sur son mentor, surprise, avant de comprendre l'insinuation. « Oh. Non. Ce n'est pas ça. » commença-t-elle en tendant le message à la danseuse trépignant intérieurement d'en connaître à son tour le contenu. « C'est juste... Parmi toutes les Dames Noires, c'était elle que je ne désirais vraiment pas voir mariée parmi les premières. » - « Tiens donc. Et pourquoi cela ? » - « Elle est horriblement hautaine. Si elle le pouvait, elle ne se gênerait pas pour faire assassiner l'Impératrice Noire afin d'en prendre la place. » - « Hum. Elle se plairait ici. » ria Cerys en rendant la missive à son frère. « Possible. Mais le fait que son statut soit officiel va la rendre bien plus insupportable encore. » souffla la Sarethi, agacée, en fronçant des sourcils.

Un silence suivi l'explication de la Sarethi, coupé par Cerys. « Qu'allez-vous faire ? » - « Pardon ? » - « Allez-vous rester sans rien faire avec votre aigreur pour cette femme ? Ou prendrez-vous le temps d'agir comme il convient de le faire en Dame que vous serez ? ». Èibhlin papillonna des yeux, son esprit travaillant à comprendre où voulait en venir sa préceptrice. Puis la solution lui apparut, évidente. « Je vais agir comme il convient de le faire en Dame que je dois devenir. » répondit-elle doucement et répétant ses mots, le regard baissé. « Bien. Nous terminons la leçon ici. Je vous laisse réfléchir là-dessus. Si vous avez une question, adressez-vous à Heriss Cadhla. Je vais la prévenir de la situation. » - « Cerys, j'aurais à discuter avec toi après. » intervint rapidement Emrys. La concernée se fixa son jumeau en silence, à peine une seconde, avant de s'en détourner. « Très bien. Attends-moi le temps que je finisse ce message. ». D'un signe de tête, il se retira sous le regard curieux de la Sarethi qui eût assistée à l'échange. « Et vous, que faites-vous encore ici ? » la houspilla finalement sa mentor. « Mes excuses. Je m'en vais. Bonne soirée. » répliqua Èibhlin en s'échappant.

De retour sur Mornhîngardh, Èibhlin passa son temps à l'extérieur, traversant celui-ci au clair de Lune à la recherche d'une idée. Rien ne lui vint toutefois. Pas dans l'immédiat tout du moins. C'est au lendemain, dans l'atelier d'Eskil qu'elle émergea. « Tu penses à te reposer parfois ? Déjà que je te vois moins souvent, si en plus tu t'endors sur la table tu n'es pas prête à t'améliorer. » lui fit-il amicalement remarquer. « Excuse-moi. J'étais seulement en train de réfléchir. ». Elle aimait être ici. Eskil était l'une des rares personnes à se comporter de façon naturelle avec elle. Il n'y avait ni chichi, ni sous-entendus dans leurs dialogues. « Est-ce que tu m'aiderais pour un dessin. Je le ferai bien seule, mais l'idée que j'en ai... C'est compliqué. » lui demanda-t-elle, l'attention de ce dernier se détournant de sa propre esquisse. « Explique-moi ce que tu as en tête. Si c'est si compliqué, je peux te faire le calque. ». D'un signe de tête, la Sarethi affirma les propos de son mentor avant de commencer ses explications. « Hum. Je termine celui-ci et je m'occupe du tiens. Ça te va ? » - « Bien sûr ! ».



Elle ne pensait pas avoir besoin de voir la Senthandas. Pourtant une question lui brûlait les lèvres. En fait, ce qui allait advenir de la suite dépendrait de la réponse qui lui serait offerte. « Alors, qu'aviez-vous à me demander ? » - « En fait, je m'interrogeais vis-à-vis des relations qu'entretiennent deux personnes en haute société. Lorsque les deux ne s'apprécient guère mais que l'une d'elle réussi une tâche, ou plutôt, un projet important, la seconde la félicite-t-elle malgré tout ? ». Un temps ponctua la question de la Sarethi. « Hum. Cette question n'est pas anodine. Ce n'est d'ailleurs pas une mauvaise question, surtout dans votre cas. Asseyez-vous. ». Èibhlin s'effectua tandis que la Nyëva s'enfonça dans son assise, son regard profondément ancré dans les iris de la jeune Alfar. « Il est évident que deux personnes entretenant quelques liens cordiaux, même s'ils ne sont que de façade, doivent mutuellement s'apporter soutien et louange dès que cela s'impose. D'autant plus si ne serait-ce qu'un seul des deux parties n'a aucunement conscience qu'il ne s'agit que de sentiments factices. Il faut entretenir la fleur pour en cacher les épines. » - « Je vois. » - « Toutefois, si les personnes concernées sont parfaitement au courant du masque de l'autre, alors celle ovationnée saura qu'il n'y a rien de sincère dans les éloges qui lui seront offertes et qu'il ne s'agit que d'une affreuse mascarade. » - « Alors c'est inutile dans une telle situation ? » - « Bien sûr que si voyons. » la contredit Iseabail sévèrement. « Seulement les mots ne sont pas les mêmes. Le geste n'a pas la même valeur. Des choses peuvent être permises dans une situation et non dans une autre. » - « Comme offrir ou non une rose assoiffée ? ». Un rictus à peine visible se dessina sur les lèvres de la Senthandas. « Vous n'aimez vraiment pas cette personne. ». C'était un constat. Elle avait comprit qu'il ne s'agissait pas seulement d'un cas théorique. Èibhlin répondit en se pinçant la lèvre, le regard fuyant. Alors la Nyëva reprit « En effet. Même offrir quoi que ce soit d'ailleurs. » - « Hum, d'accord. Merci. Je ne vous ennuie pas plus. Bonne soirée. »



Un pinceau fin remplissant le vide du dessin, Èibhlin réfléchissait aux paroles de la Senthandas. La Sorcière se méfierait. Parce qu'elle était Sorcière, et parce que le présent viendrait d'une Alfar. Une Alfar avec qui sa relation n'est pas au beau fixe qui plus est. La Sarethi posa le pinceau pour en attraper un autre, plus fin encore, qu'elle plongea dans une encre blanche. Elle commença par tracer le bord de la Lune Noire, en faisant ressortir plus encore ses ténèbres. Puis elle traça quelques traits sur la robe de la mariée pour les bijoux. Elle avait l'impression d'illustrer un cadavre. Heureusement Eskil s'était permis quelques libertés artistiques en lui offrant le croquis. Aussi s'en permit-elle tout autant, l'indigo se mêlant alors aux ténèbres, l'émeraude à la terre et la poudre d'or et d'argent illuminant l'œuvre. Seule Ethelba, Elias et Esther avaient été épargnés de ses folies. Elle ne serait pas permise de souiller les dieux ni entacher un Roi. Quant à Esther. Ça n'aurait simplement pas fait joli si l'un des époux — Esther en l'occurrence — venait à se marier avec le décor. L'ouvrage terminé, elle laissa le vélin sécher à l'abri de la poussière et de la lumière. Puis, son matériel à dessin rangé, elle récupéra un parchemin et une plume.

Dame Nixen,

La nouvelle m'est parvenue un peu plus tôt à Drosera. Je ne pus garder le silence.
Je tenais à vous féliciter pour l'officialisation de vos épousailles avec sa Majesté l'Empereur Noir Elias Salvatore, et l'acquisition du nom de Salvatore. J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un événement que vous attendiez avec impatiente, sûrement plus que n'importe laquelle d'entre nous.
Veuillez ainsi accepter ce présent en qualité de Dame Noire. Elles ne poussent que rarement chez nous. Blanc et noir sont indissociables, j'espère que vous saurez l'apprécier.

Dame Èibhlin Mèinn

Elle signa, remit une mèche derrière son oreille, puis se saisit d'un second parchemin et se lança dans l'écriture de la seconde lettre.

Elias,

Alors elle leva la plume, s'arrêtant là. C'était comme un mur infranchissable. Pourtant ce message n'avait rien à voir avec celui qu'elle s'évertuait à écrire chaque jour sans franc succès. Mais non. À nouveau elle était incapable d'aller plus loin que cette virgule. Comme si la proximité qu'offrait cette nécessité de devoir le nommer par son prénom bloquait son esprit dans un non-sens absolu. « Èibhlin, est-ce que ça va ? » l'interpella son mentor. « Hum ? Oui. Ne t'en fais pas. » répondit-elle avec un air qui se voulait rassurant. Eskil n'était pourtant pas dupe. Il la laissa néanmoins. Ce n'était pas comme si son quotidien était habituel. Aussi la Sarethi prit une inspiration et se pencha à nouveau sur son parchemin. Peut-être ne serait-ce pas aussi "propre" que ne l'exige Emrys. Mais il fallait bien qu'elle mette un terme à son silence et arrive à surmonter ce mur. Voir même le briser, ce serait encore mieux.

Elias,

Ce message aura mit bien du temps à vous parvenir. Possiblement la cause d'une forme de crainte irrationnelle dû à vôtre dernière requête. Nommer l'Élu d'Ethelba alors que l'on ne possède nul Nom ni richesse s'avère être troublant pour l'esprit. J'imagine qu'il ne s'agit que d'une question d'habitude.
On a porté à ma connaissance votre alliance avec Dame Nixen. Quelques souhaits que ce soient doivent cependant être inutiles à vous formuler pour cet événement. Il m'aura cependant offert l'inspiration. Veuillez accepter gracieusement le fruit de votre union accompagnant cette missive. Ou le transformer en éphémère s'il ne vous sied guère.
Vous me demandiez de vous parler de mes désirs dans votre précédente missive. Le premier le voici. Mériter ces privilèges que vous énonciez et ma main offerte à la vôtre. Vous ne devez pas être sans savoir la rigueur des miens, et le travail à fournir pour rêver atteindre les sommets. Je me dois vous faire une confession. N'y a-t-il pas pire privilège que celui de se voir promise à la Couronne, même si elle est noire et non pas d'épines, alors même que l'on n'a rien fait pour le mériter. Telle est la vision qu'a mon peuple de ma position actuelle et la nécessité de devoir compter sur mes propres capacités. D'autant plus si vous tenez à rapprocher nos deux peuples par ce mariage.

Èibhlin

Reposant lentement la plume, la Sarethi expira lentement. Elle avait l'impression d'avoir tout ce temps retenue sa respiration. Puis elle relu le message et douta de certains passages. Était-ce vraiment bien ? Elle considéra que oui. Les mots lui étaient venus tels quels. C'est que ce devait être les bons. Elle se leva et rejoint Eskil. « Est-ce que tu aurais de quoi boire l'encre ? » - « Bien sûr. Je t'attrapes ça. » répondit l'illustrateur, disparaissant quelques minutes derrière une large étagère pour revenir avec un tampon en main qu'il offrit à son apprentie. « Merci. » fit-elle en s'éloignant. Il ne répondit rien, l'observant seulement. Il ne l'avait jamais vu si sérieuse. Ce devait vraiment être important pour qu'elle soit si impliquée.



À la fermeture, Èibhlin quitta l'atelier avec le dessin et ses messages sous l'œil attentif de son mentor. Puis, chez elle, elle roula chacun des parchemins, sans oublié l'esquisse qui devait accompagner l'un deux, laissant bien en vu le destinataire, avant de faire couler un peu de cire pour sceller le message. Sur un premier, elle y attacha une rose blanche. Sur le second, elle y attacha une rose noire.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




Mots 2364 | Cerys ; Emrys ; Eskil ; Iseabail

En détail :
- Esther reçoit la missive avec la rose blanche.
- Elias reçoit la missive avec la rose noire et l'illustration de ses épousailles avec Esther. Elle est dans un style art nouveau. Un grand cercle en haut de page est coloré de noir. On y voit Esther et Elias devant, en contrebas. Des roses blanches se trouvent derrière et sur le décors autour d'Esther et des roses noires derrière et sur le décors d'Elias pour se rejoindre entre eux.
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Des Roses pour les Mariés | Èibhlin

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