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 [Q] - Médiation à but lucratif | Èibhlin

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Jämiel Arcesi
~ Alfar ~ Niveau II ~

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◈ Parchemins usagés : 759
◈ YinYanisé(e) le : 01/03/2019
◈ Activité : Étudiant à plein temps ; Luthier en parallèle
Jämiel Arcesi
Ven 04 Sep 2020, 13:56

Partenaire : X
Intrigue/Objectif : Suite à une dispute avec Jämiel, Noírín viendra se confier à Èibhlin qui profitera de l'occasion pour changer ses rapports vis-à-vis des Arcesi.
Médiation à but lucratif


Accoudée sur le bois de la table, la tête penchée sur le parchemin et la tempe retenue entre le pouce et l'index, Èibhlin marquait d'une vive virgule le papier avant de laisser la plume en suspens, relisant l'unique mot qu'elle venait d'inscrire. Elias. C'était étrange. Ça ne lui était pas instinctif. Elias. Et c'était tout. La Sarethi posa la plume et exhala un souffle. Elle se prenait sûrement trop la tête. Il ne s'agissait là que d'un nom. « Mais pas n'importe lequel. ». Elle était coincée entre la dernière demande de l'Empereur Noir de faire fi des conventions et sa propre conscience qui n'admettait pas une telle consigne. C'était effrayant en fait. Les titres étaient étaient la barrière qui faisaient la différence de rang entre un individu et un autre. Plus encore entre un Roi et le reste du peuple. Bien sûr, elle ne doutait pas un instant que, de visu et même sans le nommer par son rang, elle serait bien incapable de remettre en question cet écart de puissance qu'était le leur, qu'elle soit physique ou hiérarchique. Mais là, sans jamais l'avoir vu justement, abolir ces barrières lui donnait le sentiment étrange d'abolir également cette distance qui les séparaient, l'Empereur Noir et elle. Alors oui, elle trouvait ça effrayant. Elle se sentait comme face à un gouffre, sa main vivement accrochée à une autre qui la retenait avec ardeur tandis que, un pied au-dessus du vide, son corps s'élançait vers ce trou béant. Il lui fallait faire un choix. Reculer et retrouver la stabilité du sol, là où le risque était moindre et où elle pourrait mener une vie bien plus assurée. Ou relâcher cette main salvatrice et se jeter à bras le corps dans cette obscurité inconnue qu'elle surplombait. A un rythme régulier, son index venait cogner la table pendant que son regard restait figé sur cet unique mot trônant au sommet de sa page blanche. Puis, dans une longue inspiration, elle se redressa sur son assise, les paumes à plat sur le bois du mobilier, tournant son visage en direction de la fenêtre relâchant lentement son souffle. Quelques coups sur la porte d'entrée la sortirent de ses songes, portant vivement son attention sur cette dernière. Du bout des doigts elle retourna le parchemin avant de se lever pour récupérer une épaisse bourse dans le tiroir de sa coiffeuse, puis elle se dirigea vers l'entrée. La main sur la poignée, elle marqua un temps, se façonnant un sourire de façade, avant d'ouvrir la porte. « Bonjour. M... ». Elle n'en dit pas plus, affichant un air surprit devant l'Alfar qui lui faisait face. Elle s'attendait à voir l'un des larbins de sa propriétaire. Il n'en était absolument rien.

« Noírín ? ». C'était inattendu. « Bonjour Èibhlin. Je peux entrer ? » demanda-t-elle d'une petite voix. La Sarethi ne répondit pas immédiatement. La force des choses avaient fait qu'elle s'était rapprochée de la Déléis lorsqu'elle vivait encore sous le toit des Arcesi. Et si elles continuaient d'échanger lorsqu'elles se croisaient, elles n'avaient pas non plus cherchées à maintenir soudé ce lien. Que pouvait-il bien s'être passé pour qu'elle vienne frapper à sa porte ? « Oui, je t'en prie. » déclara finalement le clone en s'écartant pour laisser entrer l'adolescente avant de refermer derrière elle. « Tu as de la chance que je n'ais rien de prévu. » continua-t-elle plus sèchement en indiquant à la jeune Alfar le salon de l'index. « C'est le genre de questions que l'on pose avant de s'inviter chez quelqu'un normalement. ». Noírín ne répondit rien. Se contentant de détourner vivement le regard avant de s'asseoir. Èibhlin croisa les bras, sans détacher son regard de la frêle silhouette de son invitée surprise. Quelque chose n'allait pas. C'était certain. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » lâcha-t-elle alors. Inutile de tourner trois heures autour du pot. Autant demander les choses directement, surtout lorsque la situation était si curieuse. Pourtant la Déléis posa un regard presque surprit sur elle, comme si sa question frôlait l'incompréhension. « Ne me fait pas croire que c'est une simple visite de courtoisie. Et si c'est le cas, c'est une bien mauvaise façon de revenir. ». La jeune Sarethi se pinça la lèvre. « Non. Ce n'est pas pour ça évidemment. » répondit-elle avec colère. Alors Èibhlin vint s'asseoir à son tour, face à son interlocutrice. Elles venaient de faire un pas en avant, enfin. Elle espérait juste que la conversation n'avancerait pas à cette lenteur ou elles y seraient encore demain. « Je ne savais juste pas à qui d'autre m'adresser. ». L'illustratrice arqua un sourcil. Elle cherchait une confidente ? En sa personne ? En voilà une bonne. « Jämiel n'a pas ce temps à t'offrir pour... » - « Justement. C'est à cause de Jämiel que je suis venue » la coupa-t-elle. « Oh. ». Elle se redressa sur son assise. « Et ta famille ? ». Elle ne le lui demandait que par principe. Une flamme de curiosité s'était allumée au fond d'elle et à présent cette flamme ne demandait qu'à être alimentée. « Je sais déjà ce qu'ils diront. Ils prendraient son parti, et je les comprendrais. Mais ça n'en resterait pas moins injuste. » répondit-elle en niant d'un signe de tête. « C'est triste. ». Que sa propre famille lui tourne le dos ? Oui, mais ce n'est pas comme si la chose n'était pas courante entre les pétales de la Majestueuse. En revanche, que cette réaction l'amène à se confier à elle plutôt qu'aux Déléis, ça, ça l'était beaucoup moins. D'autant que rien de ce qu'elle venait de dire n'expliquait ce qu'il lui était arrivée. Elle alimentait le mystère de sa situation et l'intérêt d'Èibhlin. « Attends-moi, j'en ai pour une minute. » ajouta cette dernière en se levant pour quitter la pièce.

L'Alfar revint quelques minutes plus tard avec un plateau en mains, supportant deux tasses et une théière, qu'elle posa sur la table. « Si tu n'as parlé à personne, j'imagine que tu dois avoir à dire, vu ton état. » commença-t-elle en se saisissant de la théière pour remplir les tasses. « Avec un thé ça passera mieux. » - « Merci. ». Elle put voir, et entendre, la méfiance chez son invitée. Normal. Elle lui avait presque aboyée dessus à son arrivée et, là, elle était en train de lui offrir sympathiquement un thé. « Pardonne-moi pour tout à l'heure. J'étais sur autre chose et j'ai un peu été agacée, c'est vrai, d'avoir été coupé. » s'essaya-t-elle à rectifier le tir. « Oh ! Zut, désolée. Qu'est-ce que c'était ? ». La Sarethi arqua un sourcil. « Ce n'est pas de mes problèmes qu'on est sensé parlé, je me trompe ? » répondit-elle avec un rictus avant de souffler sur la fumée de la boisson chaude, tandis que se dessinait une moue boudeuse sur le visage de Noírín, ce qui ne manqua pas à sa comparse qui afficha clairement un rire amusé. « Il n'y a rien de bien passionnant à mes histoires de toute façon. J'ai juste quelques difficultés à répondre à une lettre. » fit-elle d'un air nonchalant avant de porter rapidement la tasse à ses lèvres pour cacher tout signe de culpabilité et de mensonge possible. Oh, il n'y avait rien de faux dans ce qu'elle venait de dire. Toutefois elle omettait qu'il ne s'agissait pas que d'une lettre et que l'exercice aurait été sûrement bien plus simple dans ce cas-là. « Hum, je vois. » répondait Noírín, une touche de scepticisme perceptible dans le timbre de sa voix. « Écoute, si c'est réellement pour jouer les commères que tu es ici, je n'ai pas besoin de ça. Je ne suis pas une bête de foire et si tu me considères comme telle, alors je ne vois pas pourquoi tu restes plus longtemps sur ce fauteuil à boire le thé et échanger ainsi avec moi. » rétorqua Èibhlin irritée. Quelques secondes s'écoulèrent où la Déléis dévisageait fixement son hôte, surprise de ce soudain changement de ton. « Excuse-moi, je ne pensais pas te mettre mal à l'aise. » - « Bien sûr que non je ne suis pas mal à l'aise. » souffla Èibhlin sur le même air. « Tu t'invites pour ainsi dire, tu me dis que tu as besoin de parler parce que tu as eu des soucis avec Jämiel, et finalement tu tournes l'interrogatoire sur moi. Si j'avais su je t'aurai claqué la porte au nez. » conclut-elle en posant sa tasse pour croiser les bras sous sa poitrine. « Effectivement, c'est un point de vu. ». Nouveau silence. « Tu ne veux plus en parler, c'est ça ? Pourquoi ? ». Noírín laissa quelques minutes de flottements, le temps de trouver ses mots. « Parce que je commence à me dire que c'est peut-être une erreur de t'en parler. ». Outch. Elle n'allait pas oser s'en aller comme ça après avoir à peine évoqué de quoi te laisser faire germer les graines de l'imagination ? « Pourquoi une erreur ? Si tu n'en parle à personne, tu ne sauras jamais si une idée était bonne ou non. ». Elle était exactement comme elle finalement. Elle se battait entre se taire et avoir la certitude que le monde continue de tourner parfaitement, sans la moindre imperfection sinon son esprit malmené, ou avouer son ressenti sans avoir la moindre idée de ce que cela pourrait entraîner pour elle, pour le confident, et pour Jämiel. « C'est terrifiant l'inconnu, n'est-ce pas ? » ajouta-t-elle. Noírín leva un visage confus à cette intrigante question, perdant son regard dans celui de sa vis-à-vis. Puis elle laissa fuir un long soupir. « Hum. Je me suis peut-être devancée sur les réactions de tous, c'est possible. ».

Elle but une longue gorgée du thé avant de poser à son tour la tasse. « Tu en parleras à Jämiel ? » - « Ça dépend. Tu le souhaites ? » - « Je ne sais pas trop. ». Elle marqua un temps avant qu'un bref rire crispé ne lui échappe. « C'est ridicule. C'est parti d'un rien. On discutait normalement. Il n'était pas de bonne humeur, je l'ai remarqué directement, mais il n'a jamais souhaité dire un mot sur la raison de ce mal. » - « Lui a fait le choix du silence. » commenta Èibhlin en remplissant de nouveaux les tasses. « Pas exactement. ». Le ton de l'adolescente s'était fait plus acéré. Aussi le clone posa son regard sur elle, curieuse, arrêtant son geste alors que sa tasse n'était qu'à moitié pleine. La Déléis affichait sans le moindre complexe une moue agacée et réprobatrice. « Comment ça ? Il s'est trouvé un confident lui aussi ? » la questionna-t-elle avec ironie en reprenant le service. « D'une certaine manière. » - « Oh. ». A nouveau Èibhlin vint porter un regard sur la Sarethi qui lui faisait face comme elle reposait la théière à sa place alors que la réponse, sèche et presque méprisante, tombait. Elle n'imaginait pas un instant qu'elle puisse lui répondre par l'affirmative. « Et tu as une idée de qui ce peut être ? » - « Bien sûr. Et toi aussi tu la connais. Tout le monde la connais ici ! » commença-t-elle à s'emporter. Èibhlin ne répondit rien, laissant s'égrener les secondes en silence, le temps que l'esprit de Noírín s'apaise. « Excuse-moi. » - « Je t'en prie. ». Un rictus amusé vint se peindre sur les lèvres du clone tandis qu'elle se laissait enivrer par les arômes de la boissons. « Qu'est-ce que ça aurait été si tu n'en avais parlé à personne ? D'ici que tes émotions contenues te mènes à lui planter un couteau dans le dos, je n'en aurais pas été étonnée. » . Un triste sourire se glissa sur les lèvres de la jeune Sarethi. « Ça n'arrivera jamais. Il ne me laisserait jamais faire une telle chose. ». Èibhlin dévisageait son invité avec étonnement d'abord, puis avec gravité. « Noírín. Qui est cette personne ? » - « Bellone, qui veux-tu que ce soit d'autre ? ». Bellone, évidemment. Qui d'autre ? Il est vrai que l'Orine avait fait parlée d'elle sur le Plateau. Toutefois elle ne pensait pas que sa présence ait pût impacter à ce point sa paire. « Le désaccord vient d'elle ? » - « Non. Enfin, si. C'est compliqué. ». La Déléis prit une longue inspiration, perdant son regard dans l'infusion qu'elle n'avait pas touchée. « Si tu essayais depuis le début ? » - « Oui. On discutait, donc, d'un peu tout et rien. » commença-t-elle en délaissant sa tasse. « J'ai cherché à savoir pourquoi il était si irrité, il n'a rien dit, a tout rejeté en bloc et gardé ça pour lui. » - « Ça ne change pas de d'habitude. » commenta doucement Èibhlin entre deux gorgées. « Peut-être Mais je me suis agacée parce que, justement, il ne me dit rien alors qu'on est fiancé, que par contre il passe son temps à tout partager avec cette Orine, et cet imbécile n'a rien trouvé de mieux à m'asséner qu'elle faisait tout pour ! Que si je passais le même temps à me plaindre qu'à faire des efforts pour être meilleure, je n'aurai, justement, pas de raisons de me plaindre ! ». Elle avait enchaîné les phrases en montant chaque fois plus dans les tonalités, quittant l'assise de sa chaise à mesure que sa voix prenait de l'ampleur. Èibhlin se demanda même si elle avait prit le temps de respirer entre deux explications également. « Ce n'est pas ce qu'il y a de plus courtois, en effet. » fit-elle calmement. « C'était particulièrement méchant oui. » répondit Noírín d'un même air, en miroir à sa comparse, comme elle se rassit doucement. « Ce qu'il vous est arrivé à lui et à toi, ce sont des coup de dé du Destin. Juste une Chance qui ne se provoque pas mais qui s'obtient par la grâce des dieux. Ce n'est pas un Sarethi qui a l'occasion ni la vocation à briller dans le monde, c'est de notoriété publique. Même les Nägs ne contiennent aucun Sarethi dans leurs rangs. ». Elle avait fini sa phrase presque d'un air blasé. « Il y a eu quelques Sarethi qui ont pourtant gagné a être connu dernièrement. » - « Oui. Les Elus d'Hel'dra. Et pourtant même ça, cette pseudo-Aether qui donnent des Elus alors qu'elle n'existe même pas n'a pas été fichue de m'offrir cette opportunité. Non. Elle est revenue à Jämiel, encore. » fit la Déléis avec une moue agacée. Èibhlin réfléchit de longues secondes avant de prendre la paroles, un mince sourire aux lèvres. « Je parlerai à Jämiel. Je pense que c'est le mieux. D'ici-là, évite de le revoir toi. » - « Pourquoi ça ? » - « Parce que sinon il va y avoir un mort. ».
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




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Jämiel Arcesi
Sam 05 Sep 2020, 20:17

Médiation à but lucratif


Èibhlin avait attendu la fin de journée avec une certaine impatience. Elle savait qu'après les cours Jämiel passait toujours au moins une heure à la grande bibliothèque du Plateau. C'était là qu'elle devrait l'intercepter. Sur le chemin l'y menant. Elle y avait réfléchi toute la soirée après le départ de Noírín, jusqu'à la matinée où elle se décida enfin du moment le plus propice pour aborder le Sarethi. Soit, entre Isil-Gadien et la bibliothèque. Aussi, lorsque le dernier son de cloche retentit, annonçant la fin des cours pour ce jour-ci, Èibhlin rangea ses affaires à vitesse grand V afin d'avoir le temps de traverser la distance séparant son université de l'école de Jämiel et ne pas manquer l'Arcesi. S'arrêtant dans l'ombre d'une ruelle, elle attendit patiemment son passage, ce dernier ne tardant pas à se montrer, le nez plongé dans les lignes d'un épais livre. Alors elle se dirigea vers lui en trottinant afin de le rattraper. « Jämiel ! » le héla-t-elle en même temps, accaparant son attention et lui faisant ralentir le pas tandis qu'il tournait la tête pour découvrir la voix qui venait de le nommer, quoi qu'elle lui fût connue et c'était plus là un réflexe qu'autre chose, sachant déjà qui il allait trouver. Refermant le livre, il attendit que le clone l'eût rejoint avant de reprendre un rythme normal de marche. « Èibhlin. Je pensais que tu serais avec Eskil ce soir. » - « Finalement non. J'ai décidé de passer mes heures supplémentaires dans les bouquins plutôt. » - « C'est toi qui vois. » - « Qu'est-ce que tu lisais ? ». Jämiel ne répondit pas immédiatement, haussant des épaules d'un air négligeant. « Rien de transcendent. On m'en a fait cadeau récemment. » fit-il n'offrant qu'une vague réponse. « Ça ne me dit pas ce que c'est. » répliqua Èibhlin moqueuse, posant un regard en biais sur le Sarethi. « Quelle importance ? Il y a bien assez de livres bien plus intéressant que celui-ci crois-moi. » fit-il en fronçant des sourcils avec un air agacé. « S'il est si ennuyant, pourquoi le lis-tu ? » continua à interroger le clone. « Tu comptes passer ta soirée à faire l'inspecteur ? Je me passerai bien de ta présence dans ce cas-là. » conclut Jämiel sèchement, claquant sa langue sur son palais. La Sarethi arqua un sourcil, portant son regard sur le jeune Alfar. « J'ignorais que la mauvaise humeur pouvait s'étendre autant dans le temps. » lâcha-t-elle avec un rictus aux lèvres tandis qu'ils passaient les portes du bâtiment. « Comment ça ? » la questionna-t-il rudement en tournant ses prunelles en direction du clone. « Oh. Pas grand chose. On m'a juste dit que tu étais passablement désagréable, et je me rends compte que c'est vrai. » répondit la Sarethi d'un air désinvolte. « On ? » releva l'Arcesi en escaladant les marches de l'escalier colimaçon. On. Une formidable formulation pour ne citer personne et tout le monde à la fois, plongeant l'informateur dans la masse de la multitude et cachant ainsi l'identité de ce dernier en lui offrant un anonymat complet. Qu'est-ce qu'il n'aimait pas ce On. Et parce qu'il ne l'aimait pas il débusquerait le nom qui se cachait derrière. « Hum, c'est vrai. J'ai été quelque peu contrarié par un événement il y a peu. » commença-t-il en rangeant le livre dans son sac avant de délaisser celui-ci sur la table. « Ah oui ? ». Jämiel haussa des épaules avant de se diriger vers l'une des hautes étagères. Èibhlin le fixa s'éloigner quelques instants, hésitant par la même à fouiller le sac pour en découvrir le livre avant de se raviser, puis s'en alla à son tour chiner quelques ouvrages. Finalement ce serait bien moins aisé que prévu d'évoquer le sujet Noírín. A toujours donner de fausses réponses, elle y passerait la soirée et se demandait presque si elle y arriverait. Probablement devrait-elle mettre les pieds dans le plats, mais elle se doutait que ce ne serait pas la meilleure des façons de s'y prendre. Vu son humeur, il risquerait de se braquer, et ça, ça ne l'arrangerait pas du tout.

Lorsqu'elle revint avec ses propres manuels, Jämiel s'était déjà installé. A l'évidence, il était venu avec une idée précise en tête. Posant les ouvrages, elle le détailla un instant avant de récupérer son propre matériel d'écriture. « Qu'est-ce que tu étudies ? » le questionna-t-elle. Il détacha une seconde les yeux du livre avant de revenir à sa lecture, répondant dans un soupir « Les Faes. ». Èibhlin marqua une pose, intriguée. « Les Faes ? » - « Oui, les Faes. » se répéta-t-il blasé. La Sarethi fit une moue boudeuse, se plongeant à son tour dans les lignes du manuel. Il devenait réellement agaçant à ne jamais vouloir détailler ses réponses. « Et toi ? Comment ça avance ton histoire de mariage ? » lâcha-t-il soudainement. Elle releva un instant le visage, surprise. Ce n'était pas le genre de questions à laquelle elle s'attendait. Reportant rapidement son regard dans l'ouvrage, elle répondit tout aussi rapidement. « Ça suit son cours. ». Le Sarethi s'était détourné de son étude le temps de la réponse du clone, détaillant avec intensité cette dernière. Puis, après quelques secondes silencieuses et saisissant sa plume, il répliqua à son tour avec un sourire en coin. « Hum. Je vois. » - « Quoi ? » répliqua Èibhlin sèchement en quittant le livre pour fixer son interlocuteur d'un œil courroucé face à ce commentaire qu'elle savait emplie de cynisme. A son tour, Jämiel abandonna ses notes et reposa sa plume pour s'ancrer dans les iris de l'illustratrice. « Rien voyons. Les choses se passent et c'est tout. » répliqua-t-il sans changer de timbre. La Sarethi releva légèrement la tête face à cette réponse, rétorquant par un bref geignement avant d'ajouter, un regard en biais en direction de l'Arcesi. « Au moins elles se déroulent dans le bon sens pour l'instant. Pas comme certains. ». Néanmoins, à peine eut-elle prononcée ces paroles qu'elle les regretta amèrement. Elle ne voulait essayer d'aborder le sujet le plus subtilement possible et éviter de balancer la chose à la face de Jämiel. A l'évidence, l'échec serait cuisant s'il comprenait le sous-entendu. Évidemment qu'il allait le comprendre. Elle le vit à l'expression qui marqua son visage. Une pointe de satisfaction naquit dans sa poitrine malgré tout en voyant son rictus narquois s'effacer.

Jämiel se redressa sur son assise dans une profonde inspiration, croisant les bras sur son torse, une lueur furieuse brûlant dans son regard. Plusieurs longues secondes s'écoulèrent où chacun des deux protagonistes se dévisagèrent sans mots dire. Un mince sourire crispé se glissa alors sur les lèvres du jeune Alfar. Puis il fit claquer sa langue sur son palais avant de briser le silence pesant qui s'était installé. « C'est Noírín n'est-ce pas ? La personne qui t'as parlé, c'était elle ? » - « Et si c'était le cas ? » répliqua Èibhlin sur un air de défi. L'Arcesi ne répondit pas immédiatement, un rictus venant dessiner la commissure de ses lèvres alors que, un instant, ses iris se détachèrent de celles du clone, longeant les étagères alors que son esprit se perdait dans d'autres pensées. Puis il revint se plonger dans l'améthyste de son regard. « Elle t'as dis que j'étais de mauvaise humeur. La bonne heure. Et avec ça ? » - « Pourquoi m'aurait-elle parlé d'autres choses ? Ce n'est pas comme si on était proche. » répondit Èibhlin en esquivant le regard acéré de son vis-à-vis, replaçant par la même une mèche derrière son oreille avant de retrouver les prunelles de Jämiel. Un rire bref et cynique échappa à ce dernier. « Attends voir. C'était comment déjà ? Ah, oui. Pas comme certain. ». A nouveau elle détourna le regard comme il ajouta sèchement « De quoi vous avez parlé ? » - « En quoi ça t'intéresse ? Tu n'avais pas l'air de beaucoup l'écouter avant. ». A nouveau l'Arcesi marqua un temps face à cette réponse avant de se pencher légèrement pour s'accouder à la table, posant négligemment son menton sur le dos de ses doigts entrecroisés, une lueur hostile brillant dans le fond de son regard. « Tu sais Èibhlin, il est malvenu de prendre un air de fatuité pour l'instant je crois. Je ne te demandes qu'une chose : savoir ce qu'elle a pût dire pour que tu en vienne à cette conclusion. » fit-il d'un ton sec. La Sarethi ne dit rien. Elle n'aimait pas la tournure des choses. C'était elle qui aurait dû lui faire savoir que la Déléis lui avait parlé, pas lui qui ait deviné. C'était elle qui aurait dû le questionner, pas lui qui insiste sur la même interrogation. C'était elle qui aurait dû mener la conversation. Pas lui qui passe son temps à la déstabiliser. Ce n'était pas lui qui aurait dû mener cette danse.

L'illustratrice ne dit rien, laissant s'égrener les secondes à la recherche des meilleurs mots à utiliser, son regard se promenant un peu partout dans l'immense pièce comme si elle y trouverai la réponse quelque part, sur le dos d'un livre ou entre les pages ouvertes d'un ouvrage délaissé sur une table. Finalement elle ferma le sien avant de redonner sa pleine attention au Sarethi qui n'avait pas décroché ses prunelles du clone. « C'est vrai. On a discuté un certain temps ensemble. Mais elle n'a pas dit vouloir te mettre au courant. Tu ne te dis pas que, si elle ne t'as rien dis, c'est qu'elle voulait garder cela secret ? ». Changement de plan. Peut-être allait-elle le faire mariner un peu. Après tout, la Déléis n'était même pas certaine elle-même de vouloir en parler à Jämiel. Peut-être viendrait-elle ce soir la retrouver pour lui dire de se taire finalement. Le Sarethi poussa un soupir las en se redressant. « Tu ne crois pas qu'il est trop tard pour garder le secret ? » - « Il n'est jamais trop tard. » répliqua-t-elle dans un haussement d'épaule. L'Arcesi arqua un sourcil. « Très bien. Enfin, j'imagine que si elle est venue te voir alors que vous n'êtes pas si proche, tu l'as toi-même souligné, c'est qu'elle a été blessée. Ce qui est peut-être une bonne chose finalement. » rétorqua-t-il d'un même air nonchalant. Èibhlin le fixa alors avec des yeux ronds et un air sidéré. Elle se souvenait de la conversation qu'elle avait eu avec lui, il y a peu de temps de cela finalement, sur leur couple. Elle lui avait demandé comment ils faisaient, lui et Noírín, pour s'entendre et supporter avec tant d'aisance l'idée de leur promesse de mariage. Aujourd'hui le Sarethi semblait se moquer de la souffrance de sa paire. « Une bonne chose ? Elle a raison, tu es bien méchant avec elle. » - « Oh ! C'est ce qu'elle a dit ? Que j'étais méchant ? ». L'illustratrice le fusilla du regard. « Je vois la chose comme ça personnellement : si elle s'est sentie blessée dans son orgueil, c'est que j'ai dû dire quelque chose qui a touché une corde sensible. » - « C'est donc ça. Plutôt que de l'encourager tu la rabaisses en pointant les faiblesses. » - « Je ne l'ai pas rabaissé de mémoire. J'ai soulevé des vérités qui ont dû lui être douloureuses. ». D'un interrogatoire, voilà que la discussion se transformait en joute verbale, le ton de chacun des deux Alfars se faisant chaque fois plus dur. « Bien sûr. Et ensuite quoi ? Tu comptes attendre sa demande de soutien pour qu'elle te sois redevable ? » - « Non. Si elle assez intelligente elle devrait en tenir compte et faire tout son possible pour prouver le contraire de ce que j'ai pu avancer. » - « Tout ? Je ne suis pas certaine que tu veuilles qu'elle fasse tout ce qui est possible. ». Jämiel la détailla de longues secondes, interpellé par ces mots, se demandant ce qu'ils pouvaient bien signifier.
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Jämiel Arcesi
Mar 08 Sep 2020, 15:04

Médiation à but lucratif


Jämiel gardait le silence face à la Sarethi et ses mots, ses iris attachés aux siennes. Plus il y songeait, plus il lui semblait évident que Noírín lui avait raconté bien plus de choses qu'il ne l'escomptait. Bien plus de choses qu'elle ne l'aurait dû. Il n'aimait pas ça. C'était là l'une des premières choses que ses parents lui avaient apprise et dont il pensait la Déléis au courant. Il ne pouvait pas dire que ce fût dramatique. Il n'avait aucun cadavre caché dans se placards. Noírín n'avait connaissance d'aucun tout du moins. Mais c'était le principe. La simple idée qu'Èibhlin ait pût être mise au courant des aléas de sa vie personnelles, ça ne lui plaisait pas. Qu'en aurait été-t-il en d'autres circonstances ? En un autre lieu et en d'autres temps ? Dans un futur où il est si aisé de faire tomber une tête par le pouvoir des mots. Non, clairement. Que ce clone, cette singularité, cette erreur, un être qui n'existait que par l'existence de cette Elfe idiote et incapable, une pseudo-Alfar qui aurait dû terminer dans les tréfonds de Dannagardh avant même que son nom n'ait pu parvenir aux oreilles de qui que ce fût d'autre, s'autorise à lui parler de cette façon la rendait plus haïssable encore que lorsqu'elle se contentait de silences équivoques. Qu'elle se permette de lui tenir tête au simple titre que le vent avait tourné en sa faveur lui hérissait le poil. Elle n'avait aucun mérite à cela, juste de la chance. Une détestable chance. Et ça il comptait bien le lui faire entrer dans son crâne d'usurpatrice.

Èibhlin fixait le Sarethi, plongée dans un mutisme égal au sien. Les choses avaient dégénérées plus qu'elle ne l'aurait souhaitée. Elle le voyait dans son regard. Elle qui cherchait la coopération à l'origine, elle s'en était éloignée au grand galop et plus encore. Elle allait devoir batailler ferme pour retrouver un espace de discussion plus ou moins serein. Et encore. Elle n'était même pas persuadée d'y parvenir. Elle-même avait l'estomac serré par la rancœur dû à ses remarques acerbes et ses airs supérieurs. Pourtant elle allait devoir prendre sur elle si elle voulait réussir. Assurer un rétropédalage efficace, qui s'avérait nécessaire car aucun des deux jeunes Alfars n'étaient dans des dispositions adéquates pour s'ouvrir à une négociation en bonne et dû forme. L'esprit de l'illustratrice fonctionnait à toute allure, cherchant toute les issues possible. Mais il n'y avait rien à faire. A chaque fois elle revenait au même point. Eux deux, face à face, à se pourfendre du regard. Elle prit alors une ultime décision. Celle qu'elle se serait bien gardée d'appliquer mais qu'il lui semblait évident serait la seule à fonctionner s'ils ne voulaient pas s'étriper entre les étagères. Alors elle prit une profonde inspiration avant de souffler tout de comme, puis se saisit de sa plume et, sur le coin de son parchemin, y traça un symbole tandis qu'elle reprît la parole. A défaut de faire patienter Jämiel, et le faire fulminer plus encore, elle s'était résolue à être sincère. « Est-ce que je peux d'abord te poser une question ? » l'interrogea-t-elle au plus calmement possible en relevant le regard en sa direction tandis qu'elle reposait la plume à sa place. L'Arcesi croisa les bras, toisant Èibhlin à sa demande après avoir jeté un œil au dessin. Intérieurement, l'illustratrice croisa les doigts pour avoir prit la bonne décision en remarquant le changement de tenu de l'adolescent. « Ça dépend. Tu peux toujours essayer. ». Mais il n'y aura pas de réponse garanti, devina-t-elle la fin de phrase qu"il ne prononçât pas d'une voix qui, elle, ne semblait cependant toujours pas conciliante. « Que t'as-dis Noírín hier ? » Jämiel haussa un sourcil. « Je croyais que tu le savais. » - « J'ai sa version de faits. » répliqua le clone. Un rictus se posa sur les lèvres du Sarethi. « Bien sûr. Je te propose ça plutôt : d'abord tu me dis sa version des faits et ensuite seulement je te donne la mienne. ». Èibhlin grimaça. Elle aurait dû se douter qu'il ne lui parlerait pas. « Très bien. On fait comme ça. ». Qu'est-ce que ce pouvait être agaçant d'être sincère. Elle se demanda comment faisaient les peuples vertueux. Ce devait être si fatigant et ennuyant et barbant.

La Sarethi prit alors le temps de répéter en détail la conversation qu'elle avait eût avec la Déléis. Jämiel l'écoutant avec une certaine attention avant de comprendre où la discussion menait, attendant la fin du récit le menton dans le creux de la main, accoudé à la table. « A toi maintenant. » fit l'illustratrice après avoir terminé, levant le menton pour marquer son intention de ne pas le lâcher sur cette question. L'adolescent laissa échapper un long soupir avant de se redresser. « Je n'ai rien à ajouter. Oui, on est parti sur des sujets banals, oui, elle m'a demandé ce qu'il se passait, et oui, je lui ait dit qu'à comparaison, Bellone fournissait bien plus d'effort qu'elle. ». Un nouveau soupir las fuyait de ses lèvres entre-ouvertes avant qu'il ne reprenne en se passant une main dans les cheveux. « Noírín exagère. Je ne me confie pas plus à Bellone qu'à elle. Elle est ridicule à se comporter ainsi. ». En plus de réagir bêtement en racontant à tout va ses malheurs futiles. « Tu aurais dû démentir dans ce cas-là, tu ne crois pas ? Ta réaction laissais clairement croire que c'est le cas. » rétorqua Èibhlin qui fixait à présent l'encrier qu'elle avait placée face à elle avec intensité, ses mains cernant l'objet. « Hum, possible. Mais j'étais pas d'humeur hier, surtout pour des broutilles comme ça. Et c'est pas la première fois qu'elle s'indigne comme ça, ça en devient agaçant. Il va bien falloir un jour qu'elle s'y fasse. ». répondait-il d'un air frôlant le blasé comme il dévisageait le manège du clone. « Qu'est-ce que tu fais ? » - « Eskil m'a apprit un nouveau sort. » - « Un sort ? » - « Hum hum. Manipuler l'encre. Quand j'y arriverai il m'apprendrait à la créer ensuite. » - « Hum. ». Il l'observa faire encore quelques instants, en silence, ce qui mît un terme aux efforts de la Sarethi. « Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-elle en voyant le regard appuyé de son vis-à-vis. « Pas grand chose. Je me faisais juste la réflexion un peu plus tôt que tu n'avais aucun mérite à ce qu'il t'arrivais. » répondait-il le plus normalement du monde. Ce qu'il lui arrivait. Elle comprit, après quelques secondes de réflexions, qu'il faisait là référence à la succession d'événement ayant suivit l'épreuve Sorcière de Coupe des Nations. Aussi s'apprêta-t-elle à vivement répliquer. Elle n'en n'eut pas le temps et fut coupée dans son élan. « Je faisais peut-être erreur. » ajouta-t-il presque déçu. Èibhlin papillonna des yeux. Elle mit un instant à assimiler ce qu'elle venait d'entendre et son absence de réponse permit à Jämiel de continuer sur sa lancée. « C'est de ça que je parle quand je dis à Noírín qu'elle peut faire plus. » - « Apprendre à manipuler l'encre ? » commenta le clone, surpris. « Mais non ! » répliqua le Sarethi en roulant des yeux, agacé par cette remarque inutile.

Èibhlin posa son regard sur le pot d'encre avant de reprendre la première. « En fait, je suis persuadée qu'elle croit que tu la délaisse au profit de Bellone. » - « C'est ridicule, la jalousie lui ronge l'esprit. ». Pourtant il ne pouvait non plus totalement nier qu'il y avait quelque chose qu'il partageait avec Bellone qui n'aurait jamais d'équivalent avec la Déléis. Plus le temps passait, plus il se rendait compte de la force qu'exerçait le Lien entre l'Orine et lui. « Peut-être qu'elle se fait des idées, mais ça semble être le cas. ». Jämiel ne put contenir un soupir. D'autant qu'il se doutait que c'était bien plus une jalousie possessive qu'amoureuse ce que ressentait Noírín. « D'un côté, c'est une source de motivation pour elle de se surpasser, surtout maintenant que tu lui as dit ça. ». Jämiel fronça des sourcils. Non, c'était une mauvaise chose. Lorsque l'on devait se méfier de sa propre famille, chaque personne de réelle confiance était un atout indéniable. Les choses avaient été claires entre eux, dès le début. Puisqu'on avait lié leurs destins, alors ils se soutiendraient et s'aideraient mutuellement pour rejoindre les hauteurs. Il avait été rude avec elle la veille, certes. Mais elle était une Alfar. Elle se relèverait d'une simple pique justement placée et ils reprendraient leur route côte à côte. En revanche, si elle se mettait à mettre des bâtons dans les roues des rares autres personnes sur lesquelles ils pouvaient compter pour seul motif de ne pas les apprécier, il n'aurait probablement aucun scrupule à la laisser sur le bord du chemin car elle lui causerai plus de tracas qu'autre chose à agir ainsi. Il en avait déjà un aperçu aujourd'hui avec la venue d'Èibhlin. Celle-ci perçut l'irritation dans les traits du visage de l'Arcesi et un sourire vint dessiner ses lèvres. « Tu n'as pas l'air convaincu ? » demanda-t-elle cynique, connaissant déjà la réponse qu'il lui offrit d'un regard noir. « Ecoute. Tant que les points ne seront pas remis sur les i, ça sera comme ça. Mais en l'état actuel, entre toi qui ne la comprends pas et elle qui est hermétique à toute remarque dès que l'Orine est évoquée, je ne parie pas sur les chances que la situation s'améliore. » continua la Sarethi d'un air négligeant. « Et donc quoi ? Tu crois vraiment que je vais laisser la situation s'enliser ? » - « Non, en fait je pensais à autre chose. » - « Ah tiens ? Et quoi donc ? » - « Et bien, Noírín s'est ouverte à moi donc j'imagine qu'elle acceptera de discuter à nouveau si je demande à lui parler. ». Jämiel ne dit rien, dévisageant longuement le clone face à lui avant de lâcher un rire bref. « Tu es sérieuse ? ». Qu'elle veuille jouer les intermédiaire ne lui offrait pas une solution plus rassurante. « Si ce n'était que ça, en toucher deux mots à ma mère et j'obtiendrais le même résultat. ». Èibhlin retint de justesse une grimace en songeant à la mère de Jämiel. Son regard lui avait toujours donné des frissons. Un mélange d'éclat glacé et de brasier intense. En cela Jämiel avait plus prit de son père. Líadan Arcesi était si expressif que ça en paraîtrait réaliste. Était-ce une bonne chose ? Possiblement, à condition de ne pas se laisser submerger par les émotions primaires. « Pas tout à fait. Il y aurait un parti prit. C'est pour ça qu'elle est venue me voir moi. ». L'illustratrice avait déclaré ça avec un mince rictus victorieux tandis que l'Arcesi la dévisageait, en silence, accoudé à la table et les mains croisées devant son visage. Puis il baissa le regard vers le symbole toujours marqué au coin de parchemin d'Èibhlin. Elle n'avait pas tout à fait tort dans son raisonnement, notamment sur la prise de position de chacun. Et il voyait où Èibhlin se positionnait elle. Le jeune Alfar réfléchit un instant avant qu'une idée ne fleurisse dans son esprit. Aussi il se redressa dans une inspiration et commença à ranger ses affaires avant de se lever pour reposer les ouvrages qu'il n'avait finalement pas usé. « Viens avec moi. » déclara-t-il seulement en réponse à sa proposition. Tant pis pour les Faes, il verrait ça une prochaine fois.

Lorsqu'ils rentrèrent chez Jämiel, au prix d'une route longuement silencieuse, Jämiel délaissa rapidement le clone qui se dirigea vers leur jardin. C'était une chose qu'elle regrettait du lieu. Ils avaient leur propre espace vert, ce que peu pouvaient se targuer d'avoir sur ce Plateau. Alors elle marqua un temps en voyant la créature devant elle. Elle papillonna des yeux, croyant à une chimère, mais ses jappements toujours présents, elle se fit à l'évidence que ce n'était pas le cas. Après quelques minutes à observer l'animal évoluer dans son environnement, et voyant la silhouette du Sarethi réapparaître, elle rejoint ce dernier à l'intérieur. « Vous avez un chien maintenant ? » - « J'imagine qu'on peut dire ça. Il faut que je trouve quelqu'un de la Faction des Épines pour le lui montrer. ». C'est vrai que la bête n'avait pas l'air commune et elle n'avait pas mémoire de l'avoir déjà vu dans quelques ouvrages que ce soit. « Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle en indiquant d'un signe de tête les deux rouleaux de parchemins et la plume que l'Arcesi tenait en main. Métallique, elle pourrait pourtant paraître réelle. Un travail d'orfèvre. « La raison pour laquelle je t'ai demandé de venir. » - « Comment ça ? » - « Tu tiens à jouer les entremetteuse ? Soit. » - « Oh ! Alors tu es d'accord pour que j'ouvre la discussion avec Noírín ? » - « A une condition. » répliqua le Sarethi en posant les parchemins sur la table du salon. L'un était vierge. Èibhlin se saisit du second et en lu chaque ligne écrite à l'encre rouge avec une attention particulière. « Un contrat de sincérité ? » - « Et de non-divulgation. Sur tout ce que tu sais et sauras sur moi et ceux qui me sont liés. » - « Sauras ? ». Jämiel croisa les bras, fixant durement l'illustratrice. Il préférait prendre une assurance. Elle était parfaitement au courant de ses ambitions et il en avait conscience. Lui découvrait juste à quel point celles du clone avait pu évoluer. « Et pourquoi la sincérité ? » - « Parce que je n'ai aucune confiance en tes bonnes intentions. ». Un rire bref échappa au clone avant de continuer à commenter. « Pourtant c'est moi que ce papier concerne. » - « En effet. ». Elle comprit. Exceptionnellement, ils la joueraient sport. « T'as oublié l'encre. » fit-elle remarquer en se saisissant de la plume pour retranscrire sur le papier les même mots que Jämiel, à quelques détails près. Ce dernier nia son commentaire. « Inutile. C'est magique. » - « Oh. C'est pratique. Je comprends pas pourquoi tu utilises des plumes normales si t'as celle-là. » répliqua Èibhlin en commençant à inscrire de la même encre carmin les lignes du contrat les liants. Un rictus imprima les lèvres du Sarethi. Fronçant un peu plus des sourcils à chaque fois qu'elle revenait à la ligne, une impression désagréable saisissait l'illustratrice à chaque seconde. Un malaise profond, pas assez fort pour que ce puisse être dérangeant, mais il y avait quelque chose qui se passait, elle le sentait, c'était indéniable. Elle conclut par sa signature, ajoutant la sienne sur le parchemin qu'avait écrit Jämiel avant de la lui rendre. « Et maintenant ? » demanda-t-elle avec une nouvelle pointe de méfiance tandis que Jämiel faisait fondre la cire pour sceller à jamais les missives. « Tu as dis que tu discuterai avec Noírín non ? » lui répondit-il d'un ton détaché. Èibhlin sourit, se saisit de l'un des rouleaux qu'elle enfouit dans son sac, et abandonna la demeure. Jämiel suivit sa silhouette et la direction qu'elle prit du regard, jusqu'à entendre la porte claquer. Il avait détaché son attention du clone trop tôt, c'était une évidence. Il l'avait cru incapable malgré ce qu'elle affirmait. Ce fut une erreur. Mais laisser Noírín agir comme elle l'avait fait en serait une plus grande encore. Il devrait lui parler également malgré tout. Plus tard.
:copyright: ASHLING POUR EPICODE




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Artefact utilisé > Élégeance |
Il s'agit d'une plume en acier où sont gravées des inscriptions dans une langue ancienne. Seulement, elle n'adhère pas à l'encre et écrit avec votre sang. Elle ne vous permet pas de mentir ou de gruger quelqu'un à l'écrit ou en signant un contrat. Si vous mentez ou ne respecter pas vos engagements après avoir écrit avec cette plume, de grands malheurs arriveront à vous et tous ceux qui vous sont liés par le sang.
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