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 [Q] - Back In Black | Solo

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Jeu 25 Fév 2021, 20:37

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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Intrigue : Deccio entre en contact avec ses anciens partenaires de crimes pour refonder le clan ( et botter des culculs).

Mettre en marche son projet signifiait devoir faire appel à d’anciens camarades. Et par n’importe lesquels. Des gens terrifiants qui s'octroyaient le même droit que lui ; à savoir celui de conquérir une place au sein des seigneurs. Certains s’y rendaient avec un rythme de croisière, d’autres s’y précipitaient, porté par un don fabuleux. Et enfin, il y avait ceux qui prenaient de l’avance en tant que prodiges. Deccio se situait plutôt au milieu. Par contre, saisir des places aussi convoitées demandait de faire partie d’un réseau suffisamment élogieux pour se tenir au courant des moindres faits et gestes de ces privilégiés soutenus par l’œil. En admettant la puissance de chacun, préserver la force assassine d’une alliance ne lui semblait pas anodin. C’est pourquoi le Démon envisageait de réunir ses anciens amis sous une même bannière. Premièrement, ils travaillaient tous dans un domaine spécifique qui leur octroyait plus d’un avantage. Accessoirement ils disposaient de savoirs hétéroclites qui lui seraient bénéfiques à l’avenir. Deuxièmement, ils se connaissaient par cœur, et même si le temps avait fini par les séparer, la synergie entre les membres se reformerait en un instant. Enfin, ensemble ils pourraient convenir d’un plan global visant à détrôner les têtes pensantes et ainsi s’encourager mutuellement à localiser les failles des adversaires. Dans cette optique, il rendit visite au premier d’entre eux, sans conteste le plus affable et chaleureux de la bande, celui par qui toutes femmes juraient. Le seul et unique amant ultime élu cinq fois gourdin d’or ; l'adulé Virginio.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chipster l’accompagnait dans cette quête des sept bros de cristal. Ravi de lui faire connaitre le plus loyal des partenaires, le Démon inaugura les préliminaires. « Je te présente le plus sincère et bienveillant de mon ancienne bande ; le vénéré Virginio Casanova. » L’homme l’accueillit avec un large sourire, le gratifiant d’une généreuse accolade. « Quel plaisir de te revoir ! Et enchanté, mon mignon. Voici José, mon serviteur. Dis bonjour à la famille Jojo. » Le domestique, de dos, leva la main qu’il remua. Il se dressait face à un porte-manteau. « Bonjour à la famille Jojo. » Les deux invités s’interrogèrent, leur visage exprimant une profonde incompréhension. « Excusez-le, il est un peu cassé depuis que j’ai ramené trois filles dans son lit par erreur. Elles se sont trompées de chambre, ce sont des choses qui arrivent. Depuis, il est dans un autre monde. Ça devrait s’arranger d’ici une quinzaine de jours. Du moins, je l’espère. » Jouir de sa première fois sous les doigts experts de trois jolies femmes expérimentées, on ne s’en sortait jamais complètement indemne. Le choc avait dû être assez brutal pour lui griller la plupart des neurones. Heureusement qu’il bénéficiait de cellules réparatrices surprenantes malgré son corps défait. « Allons bon, que me vaut ta charmante visite ? Tu cherches un produit pour séduire Calanthe ? Et bien non, je refuse. Tu la ferais trop souffrir, je te connais. » Le détective opta pour l’ignorance de ce commentaire. Il connaissait le lien amical qu’il entretenait avec cette dernière. Depuis, il ne cessait de la protéger.

Au moins, ils se ressemblaient sur ce point, le côté maternel n’étant pas exclusif à la Déchue. « Arrête de te faire des projections astrales de Faes. Mes intentions ne sont jamais aussi nobles. J’aimerais recomposer l’équipe. » L’étonnement — fardé d’un zeste de panique — se lit immédiatement sur ses yeux. « Au complet ? Mon grand, ce que tu demandes est impossible. Tu n’es pas sans savoir qu’il manque un membre essentiel. Et même si nous pouvions nous en passer, je peine à imaginer l’approbation de certaines brebis galeuses. » Il marquait un point. Zane avait toujours constitué le pilier fondateur de cette entente. La séparation avait eu lieu peu de temps après son règne, à l’époque où il fut résigné à ne plus quitter son palais. En ce qui le concerne, Deccio avait raté plein de choses dues à sa cryogénisation. Il tenait la plupart des explications de son frère, mais aussi de Virginio lui-même qui confirma les faits par la suite. « Et pourtant il faudra bien. Sans eux, nous ne parviendrons jamais à les vaincre. » Insista le Démon avec ferveur. Ils devaient apprendre à composer avec ce manque, qu’importe combien ce serait difficile, car tant qu’ils trouveraient une lueur d’espoir, rien ne pourrait les arrêter. « Tu me connais, je serais ravi d’avoir l’occasion de jouer à nouveau avec vous. Seulement, je ne vois comment tu comptes t’y prendre. À l’époque nous étions des adolescents, nous avions encore un peu d’innocence. » Derrière lui, une porte s’ouvrit depuis laquelle pas moins de cinq femmes circulèrent. Elles tentèrent désespérément de passer inaperçues en se baissant, mais la technique méritait encore d’être fignolée.

Les paupières du blond exprimèrent une certaine réticence à le croire. « De l’innocence ? » « Ne me regarde pas comme ça. J’y peux rien si les filles ont toujours étés attirés par moi. Je ne fais que donner sans recevoir en contrepartie. Tu n’imagines pas à quel point je donne encore aujourd’hui. Tu sais quoi ? Ma générosité me perdra. » « Si seulement tes excès se limitaient à cela. » Il lui souhaitait de terminer sa vie au fond du trou, pour être le plus littéraire possible, mais il est fort à parier que quelqu’un ou quelque chose d’autre finirait par le happer avant qu’il ait l’audace de s’affranchir de ses péchés simplement en succombant à l’extase absolue. « Plaît-il ? » « Écoute, je ne suis pas venu pour que tu me donnes une opinion biaisée sur la faisabilité de mon projet ou non. Je te demande simplement de te joindre à moi comme au bon vieux temps. Pour le reste, je m’en chargerais personnellement. » Deccio s’accouda sur le comptoir, un mal de crâne chimérique se pointant rien qu’à présumer la suite des entretiens. « Bien. J’imagine que ça vaut le coup d’essayer. Et puis je te dois bien ça, avec tout ce que tu as fait pour moi à l’époque. Tu m’as couvert tellement de fois que le froid ne s’insinue même plus sur ma peau. » « C’est bizarre. Les meilleurs souvenirs que j’ai avec toi n’incluent aucune femme. » « J’ai changé depuis cette époque. Je ne suis plus aussi volage qu’auparavant. » D’autres femmes dénudées se déplacèrent dans le couloir en chantant les louanges de celui qui se trouvait devant lui. « Effectivement, ça saute aux yeux. » Un hoquet les secoua quand il les aperçut.

« Parlons plus sérieusement. Où es-tu dans ton enquête ? Ça avance ? » « Lentement mais sûrement je dirais. Depuis que j’ai découvert l’existence de ces artefacts, j’ai pas été foutu d’en trouver un seul. En fait, c’est la seconde raison qui m’amène à vouloir réformer le clan. Retrouver Zane ne sera pas une mince affaire, j’en prends conscience. Par ailleurs, les Saraṇi ont des ressources très limitées, c’est pourquoi je m’efforce de progresser de jour en jour. Si je ne fais pas rapidement mes preuves, je perdrais peut-être la seule piste que j’ai réussi à explorer jusque-là. » Et puis sans atouts manifestes, il s’exposait à ne rien retrouver d’autre que des morceaux éparpillés. « Les clients qui viennent dans mon établissement ne recherchent pas toujours un moment d’intimité. Certains d’entre eux parlent beaucoup une fois qu’ils sont planqués dans les bras de mes filles. Je peux éventuellement leur demander de tendre l’oreille au cas où l’un de nos supérieurs viendrait lâcher autre chose que la purée. » Deccio lui en était reconnaissant. « Ce serait une aide inestimable de ta part. Tiens-moi au courant mon frère. » Les deux hommes se frappèrent mutuellement le poing. « À la vie, à la mort. Toujours. » « En tout cas je suis content de voir que tes affaires marchent toujours aussi bien. Te réputation dépasse les frontières. » « Et bien, j’ai toujours été un garçon assez juteux. J’aime l’amour au moins autant que la guerre. Le sang et la cyprine occasionnent chez moi une exaltation que j’essaie de transmettre aux autres. C’est pourquoi j’accorde la même importance au respect de mes adversaires qu’à celui de mes amantes. » « Ça me fait plaisir de voir que tu n’as pas changé en dépit des siècles qui se sont écoulés. Fidèle à toi-même, je n’avais aucune appréhension à venir te parler. » « Parce que tu en as pour les autres ? « Un en particulier. Toi-même, tu sais. » Un adversaire qu’il redoutait plus que tout.

« Si tu emploies les bons arguments, tu devrais réussir à le convaincre. Même si c’est une brute sanguinaire imprévisible, il reste un ami. » Un rire accentua les pensées du Vil. « Mais il me déteste. » « Il n’est sûrement pas le premier et ne sera pas le dernier. Notre nature est telle qu’elle nous expose sans cesse à la haine, c’est la raison pour laquelle j’ai monté cette affaire. Sans tendresse, j'imploserais. » Un fait maintes fois vérifié. Virginio prenait à cœur l’équilibre des forces. Il répandait l’amour et la mort avec une application parfois démesurée. « J’envierai presque ton insouciance. » Le presque fut accentué par remous de ses lèvres. « Et toi alors ? Où en es-tu sentimentalement ? Tu sais, mon chou, je peux prendre ta vie en main et faire de toi un grand prince charmant. Il suffit juste de dire s’il te plaît avec passion. » Deccio tira la grimace. Il n’appréciait guère parler de sa vie privée. Surtout avec cet énergumène en prime qui se jouait vertigineusement de la situation pour lui proposer des plans foireux dans son établissement où les rencontres et le bonheur étaient rois.

De toute façon, elle était plus ou moins inexistante. « Ne prends pas tes fantasmes pour la réalité. Je me débrouille très bien sans tes prodigieux conseils, sale imposteur. » « Comme tu veux. Mais il ne faudra pas venir déverser tes larmes sur mon épaule ensuite. Enfin, si, je t’y autoriserais par bonté d’âme mais… » « Quoiqu’il en soit, j’en ai fini avec toi. Je vais maintenant contacter les autres et laisser mon éloquence naturelle faire le travail. » « Ces garnements vont te donner du fil à retordre. J’aimerais être une mouche pour étudier ta solitude. » « Tu en as le pouvoir je te signale. » La frayeur déforma son joli minois, ce qui le rendait presque laid. « Diantre. Jamais je ne me transformerai en une chose si grossière. » Ça lui ressemblait bien de porter autant d’intérêt à l’apparence. « Bref. Prends soin de toi, au moins jusqu’à ce que je fasse appel à toi. » « Toi de même mon frère. Bonne chance. » Il en aurait grand besoin au vu de ce qui l’attendait. Le pouvoir de sa langue volubile ne suffirait peut-être pas à les convaincre. Cela dit, il mettrait tout en œuvre pour y parvenir, car en dehors de ces personnages au tempérament débordant, il ne pouvait se fier à personne.


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Sam 13 Mar 2021, 21:39

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Tsa Tsa Tsa. Ssssi je m’attendais à te revoir ici après tout ce temps Deccio. Je suis on ne peut plus comblé. Tu sais combien je t’aime, oh mon amour. » Second partenaire potentiel et non des moindres, Jin Shui, l’un sinon son plus grand admirateur. Troublant certes, mais véhiculant des valeurs qu’il convoitait. « Sensément, tu n’as plus aucune raison d’être l'un de mes fervents. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. À l’époque non plus, je ne brillais pas beaucoup en fait. Je me suis rattrapé sur la fin, mais j’ai toujours été plus ou moins en retrait comparé à vous. » Il semblait scandalisé par cette allégation, son faciès déjeté par l’effroi. « KEUWA ? T'es le meilleur, je te dis ! Sssi je te reprends à manquer de respect à toi-même, je te bouffe la cervelle sssans prévenir. » Ses réactions renfermaient systématiquement la même dimension dramatique. Un acteur inaccompli pour qui les portes s’étaient refermées les unes derrière les autres. « Très bien, très bien. De toute façon je suis pas venu pour évoquer le passé. J’ai à te parler, et un service à te proposer. » « Inutile d’aller plus loin, j’accepte. » Cette promptitude ne le surprenait pas. Du moment qu’on lui proposait de se tenir à ses côtés, il ne cherchait jamais à comprendre le pourquoi du comment. Une loyauté digne des plus fidèles compagnons canins. « Laisse-moi au moins clarifier la raison qui m’encourage à réformer le groupe. » « Parce que tu veux qu’ils reviennent aussi ? Je refuse alors. » Les dissensions au sein de l’équipe étaient monnaie courante. Ils se confrontaient souvent entre eux, car ils se distinguaient tous de caractères très farfelus. « Cesse de changer d’avis pour un oui ou pour un non. Tu as gardé cette sale habitude qui a engendré tellement de querelles au sein du groupe. » Cette particularité le rendait plus imprévisible que les six autres. « Tsa Tsa. On s’engueulait pour tout et n’importe quoi. J’ai tellement eu envie de les zigouiller ces connards que j’en ai perdu le compte. » Ce qu’il se retenait bien d’avouer, c’est qu’il se tenait bien trop souvent à la place du vaincu. Non pas qu’il se vautrait dans la faiblesse, bien loin de là. « Tu oublies la fraternité qui nous liait. Sans elle, on ne serait pas allé bien loin. » Ils seraient quasiment tous morts à vrai dire. « On s’aimait tous, une vraie famille. Ils me manquent un tout petit peu en fait, j’adorerais retravailler à leurs côtés. » Soudain, durant la visite guidée de son ami, Deccio fut attiré par la présence d’une aura meurtrière.

Elle se manifestait derrière une immense coque en polyméthacrylate de méthyle. « Quelle est cette chose ? » « C’est la première fois que tu vois une Koḷaku de si près ? Laisse-moi t’expliquer très brièvement. » Il s’approcha de la grosse vitre, agglutinant sa paume dessus. « Elles ne sont pas particulièrement redoutables une fois leur identité décccelée. Leur puissssance est équivalente aux Saitānas. Par contre, c’est quand elles empruntent l’assspect d’une connaissanccce qu’elles libèrent tout le potentiel latent qu’elles renferment. En capturant les émotions des persssonnes qu’elles convoitent, ces créatures arrivent à sss’imprégner de la mémoire des proies qu’elles cciblent. Elles revêtent ensuite l’apparence qu’elles essstiment la plus appropriée, la juste formule qui désoriente leur trophée. Une jeune fille rencontrée dans les rues animées d’une cité quelconque ? Une femme avec qui l’on à dissscuté autour d’un verre et pour qui on a développé de l’attiranccce ? Sa mère, tout sssimplement. En calquant ces sssentiments à la perfection, elles parviennent à le reproduire pour s’en servir de la façon la plus optimale possible. Ceux qui se font berner s’approcheront d’elle sans suspecter quoique ce soit. Et puis, dès qu’elles sont à portée, elles se révèlent au grand jour et COUIC, leurs langues-lames extensibles criblent le cœur de leur victime sans vergogne. » Intéressant. « Hm. Je suis curieux. J’ai envie de l’affronter pour voir si ce que tu avances est vrai. Non pas que je doute de tes propos, t’es sans conteste le plus grand spécialiste des créatures de l’Enfer, mais elles m’intriguent pas mal. » « Je t’en prie, ssssuis ton instinct. Ssssi tu meurs ici, je me sssservirais de ton ossature comme d’un porte-manteau et de tes entrailles comme d’une besace. » « N’espère pas trop repartir avec un butin. Je sais à quoi m’en tenir et je ne sous-estime jamais mes ennemis, même quand je dispose de quatre-vingt-dix pour cent des informations. » Le Saraṇi se laissa aller à quelques échauffements en étirant ses jambes et ses bras ; des prouesses garnies d’une souplesse qui magnifiait sa préparation. Il dégoterait ce qu’il faut dans ses trippes pour prendre la créature à revers. En l’état, il suffisait de la feindre, de lui planter son poignard dans le dos et l’affaire était classé. Il ne courait pas de risques majeurs, et pourtant, lorsque la cellule s’ouvrit, Deccio éprouva un malaise qui glaça son sang. La brume se leva, oblitérant entièrement la présence de cette chose à la fois mystérieuse et limpide.

Même en sachant ce qui l’attendait, l’homme campa un moment sur ses positions, sans recourir à la moindre errance. Cette zone de confort lui convenait, car il avait l’impression de se prosterner vers la mort chaque fois qu’il prenait une décision. Lorsqu’il fit le premier pas, une sensation de main gelée étreignit sa cheville, opposant une vive réaction du démon qui trancha net vers le bas. Rien. Jin pouvait lui avoir caché quelques données, comme celui d’un pouvoir secondaire se rapprochant des illusions. Ou bien encore celui d’une manifestation qui servait davantage à intimider les visiteurs pour les contraindre à partir, sinon à les déboussoler psychologiquement. Il a été démontré que le stress occasionnait des erreurs comportementales qui faussaient toutes les notions d’une personne, si bien qu’elle perdait une grande partie de son efficacité lorsqu’une situation exigeait de faire preuve de rationalité. Dans tous les cas, l’odeur de la défaite ne s’était pas complètement estompée, c’est pourquoi le Démon prenait toutes les précautions en gageant un maximum de sécurité autour de lui. Dans cette cage, il ne représentait rien d’autre qu’un dessert qui allait servir à évaluer la perniciosité de cette bête. Quand la brume commença à se dissiper, Deccio écarquilla les yeux. Cette jeune fille, il s’agissait de sa mère dans la fleur de l’âge. À cette époque, il l’aimait encore, c’est la raison pour laquelle ce léger doute, cette infime hésitation lui couta cher. Envahi par l’incertitude de ce qu’il mesurait, le ventre du monstre démarqua l’immense mâchoire d’un cri angoissant. Des dents effilochées — larges comme ses poings — gratinées de bave qui coulait à flots, une haleine putride suffisamment toxique pour estourbir les petites espèces ainsi qu’une langue rigoureuse de batracien susceptible de pulvériser un pilier en deux.

Elle paraissait bien plus redoutable que prévu, et c’est d’ailleurs cette épée jointe à son organe charnu qui s’aggloméra férocement sur son flanc, manquant de lui arracher une partie de l’abdomen s’il avait réagi une seconde trop tard. Saisissant farouchement ce qui ressemblait à un muscle protractile, le Démon leva son bras en l’air en le rabaissant aussitôt afin d’enfoncer son coude aussi profondément que possible au sein du canon élastique. Le hurlement de la créature résonna si fort qu’il rétracta sa langue, se débarrassant immédiatement de Deccio qui prit de la distance supplémentaire. « Pfiou. Une pantalonnade en cachant une autre, tu aurais tout de même pu éviter de me mentir au sujet de sa puissance. Bien sûr, la plupart des créatures démoniaques se défendent extrêmement bien, mais en plus de sa faculté à duper, elle est relativement coriace. » « Un détail, frérot. Tsa tsa tsa. Et puis je t’ai prévenu en amont, son niveau est équivalent à celui d’un Saitāna. Elle est sûrement très proche de ce tu es toi-même capable de faire en fait. » « Un défi à la hauteur de mes attentes. Bien. » S'abandonnant dans une phrase de respiration où il dégagea toutes les mauvaises ondes, le détective canalisa ses fluides de l’intérieur vers l’extérieur. En filtrant ses émotions, il était désormais plus apprêté pour continuer à combattre sans agir de façon superficielle. Cette langue — bien que privilégiant ses assauts — allait tôt au tard lui causer du tort. Se servir de la force de quelqu’un pour ensuite la changer en faiblesse, voilà une pratique qui plaisait au Saraṇi, friand des subterfuges dans ce style. Esquivant de gauche à droite les lancées de son ennemi, le blond frappa à plusieurs reprises en des points stratégiques de son énorme appendice dans le but de fragiliser ses estocs. Il se plaça ensuite de sorte à se rapprocher efficacement de sa cible, se décidant à lui porter deux coups succincts dans les côtes. Pas de chance, il se réveilla à ce moment-là, usant de sa gueule proéminente pour entreprendre de l’avaler d’une traite.

Dans ce cas, il ne restait qu’une solution au Vil pour terrasser cette immondice sans terminer au fond de son estomac. Joignant ses paumes l’une contre l’autre, Deccio s’immisça une nouvelle fois au front dans l’intention de saisir une promiscuité naissante entre lui et la terreur. Arrivé devant son ignoble face, il leva son pied gauche à seule fin de pencher sur le côté comme s’il était en train de s’effondrer. Et puis, venu de nulle part, il contourna l’organisme en une rotation plus accomplie que celle d’une danseuse de ballet, fixant ses allonges en un assaut fulgurant dans son échine, disloquant par conséquent sa colonne vertébrale en seulement un coup. Pour y parvenir, il avait dû choisir le point d’impact avec une précision chirurgicale en approvisionnant son droit d’une quantité astronomique de magie. Cette technique apprise pour le bien être des arts martiaux dépensait autant d’énergie que l’activation de l’Autre. En fin de compte, se débarrasser d’elle n’avait pas été une mince affaire, contrairement à ses connaissances plus ou moins avancées comparativement à une proie classique. Il était fascinant de constater l’épanouissement d’espèces aussi prometteuses dans l’écosystème des Enfers. En les étudiant et en usant de la science à bon escient, ils pourraient probablement se servir de leurs capacités naturelles en tant qu’éléments à part entière lors de la lutte contre les bénéfiques. Jin disposait d’une mine d’or à ses pieds, de quoi sustenter davantage son désir ardent de l'investir dans la bande. En quittant la cellule, Deccio s’épongea le front avec les lambeaux de sa tenue. « Ouf. Je l’ai échappé belle. En tout cas bravo pour l’élevage, tu gères du feu de dieu. » « On peut dire qu’on est de nouveau ami alors ? Sssssuper. J’adhère à ton offre. N’oublie pas de m’appeler, copain. » « Le jour où j’aurais besoin qu’on se rassemble, t’inquiète pas, tu recevras le signal comme tous les autres. » Et de deux. Jin, à l’instar de Virginio ne représentait pas un défi insurmontable, contrairement à ceux qui allaient suivre. Le niveau de recrutement s’élevait doucement en intensité.



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Ven 26 Mar 2021, 01:42

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Suite directe de la mission enrôlement, le siège d’une école des Enfers : Birâmha. D’après les ouï-dire, elle incluait une très bonne promotion cette année, c’est pourquoi le vil s’y rendit d’un costume traditionnel pour y être accueilli selon ses coutumes. Deccio évitait la plupart des institutions, partant du principe que l’état qui les finançait occultait une bonne partie du savoir et des cultures, ce qui ne s’appliquait pas dans le cursus des Démons. Ici, ils commençaient par ce qui importunait le plus ; l’accès à la liberté, la prise de pouvoir, l’émancipation. Toutes les revendications futiles passaient à la trappe entre les mains de l’instructeur le plus perfide de ce siècle. Sourdant sur les lieux, ce dernier — en plein cours — partait d’ores et déjà dans un délire qu’il qualifiait d’inimitable. Le sanctionneur ne volait pas son titre. Le visage de ses étudiants se trouvait à mi-chemin entre l’absolution et l’héroïcité. Il fallait en avoir du courage pour supporter ses excès, tel que le suggérait l’incinérateur accessible dans la pièce. « Première leçon et pas des moindres. Comment niquer la race de vos ennemis avec un crayon à papier ? Et bien c’est plutôt simple. KEVIN ! » « Moi, c’est Kevlar, m’sieur. » « Rien à battre. Prends ce crayon entre tes doigts et tiens-le bien droit, pointe vers le ciel. » « OK. » « Bien. Maintenant tu pries très fort ta mère, parce que ça va chier des bulles carrées. Koḷeya katteyalli sāmān'ya vels mattu bār, nānu nim'mannu karesuttēne. » Les bras croisés, le blondinet haussa un sourcil. Son discours ne portait aucun sens. Probablement une comédie loufoque à laquelle il s’adonnait pour le plaisir du jeu.

Le jeune garçon implosa, ses organes se dispersant dans la salle. « Voyez-vous, Kevin n’a pas su se protéger, car il ne croyait pas en lui ni en l’amour de ce crayon. Tous les objets disposent d’une âme qui leur est propre, c’est pourquoi si vous refusez de lui tendre l’oreille sans lui caresser la meule, l’objet ne vous répondra pas. ET PATATRA. S’en suis la déstructuration de votre corps. Si vous vous trouvez devant un incantateur de mon niveau, vous mourrez instantanément. Les objets ne sont pas que des objets. Certains font loi, car la magie que vous leur léguez est telle qu’elle vous sert de bouclier. Nous allons effectuer le test avec mon ami et mon assistant. Deccio, si tu veux bien approcher. » « T’es sûr de ton coup ? La dernière fois que tu m’as demandé de te faire confiance, j’ai terminé mon séjour dans les soins intensifs assez longtemps pour oublier que j’étais un Démon. Ma femme ne m’a même pas reconnu. » « Tu n’as pas de femme. » « C’est ça le truc. » « Dudulle, je ne suis pas aussi inexpérimenté qu’autrefois. Depuis notre séparation, j’ai écrit des thèses qui ont révolutionné le monde, et mes cours ont permis à mes élèves de se détacher des principes normalisant la magie actuelle. Ils ont décroché leurs diplômes et sont maintenant devenus des fils d'enculés. Tiens, le nom de Kram Rizotto te dit quelque chose ? » « Pas du tout. » « Bon. Ben voilà. Il est tellement discret et efficace que personne ne l’a encore remarqué, si c’est pas un signe ça, je vois difficilement comment on pourrait l’interpréter différemment. Et Elias Salvatore tu connais ? » « C’est l’empereur noir, Lorenzo, tout le monde le connait. Ses ennemis le redoutent et ses amis le redoutent encore plus, mais je vois pas le rapport avec notre discussion. » « Et bien, figure-toi que je ne l’ai jamais eu en tant qu’élève alors qu’il est super célèbre. Va pas me dire que ça saute pas aux yeux. » « Que t’es sacrément tcharbé ? Si, si je t’assure. Je restais dans le mutisme pour pas trop te vexer, mais à un moment je suis bien obligé d’intervenir. » « Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas là pour parler du passé. Ce qui nous intéresse, c’est le présent. Et présentement, tu vas tenir cette coupelle dans ta main. Ressens-tu quoique ce soit en la tenant aussi bravement ? » Le creuset qu’il lui confia le frappait de sa sobriété. En le tournant dans tous les sens, il ne remarqua rien qui ne puisse être dénigré, sinon son esthétique douteuse.

Cet objet pittoresque le défendrait aussi efficacement qu’une rune donc. Plongé dans une profonde médiation, son aura plate et régulière se laissa choir à ses instructions. Malgré le fait qu’il soit impulsif et irrespectueux, de tous les hommes, il était celui dont l’honneur se propulsait à des hauteurs vertigineuses. Certainement égoïste de sa part, il ne lui était jamais venu à l’esprit que quelqu’un d’autre ferait mieux l’affaire.  « Si la question est de savoir si tu m'as refourgué un artefact ou pas, la réponse est non. C’est juste une coupelle en argent, de piètre qualité en plus. Elle pue l’alcool et l’intérieur est encore humide, ce qui expliquerait pas mal de choses à propos de ton état actuel. » « Je t’ai pas sollicité pour tenir un compte rendu sur tes fâcheuses habitudes, Sherbrook. Contente-toi de faire ce que je te demande. Tu me dois bien ça pour oser venir me déranger à mon cours à une heure aussi tardive. » « Pour information, le soleil vient à peine de se lever. » « Oh. C’est juste. De toute façon, la science c’est pas ma branche, et l’astrologie encore moins. Par contre les arts occultes, ça c’est mon dada. J’espère que vous êtes prêts les gamins, parce que ça va péter. Et je parle pas de Kevin qui nous a quittés. Laissez-vous subjuguer par mon sex appeal en matière d’incantations. » « Ton teasing devient aussi pesant qu'interminable, mon ami. Il serait responsable de songer à entrer dans le vif du sujet tu ne crois pas ? Je sais pas si t’es un as, et encore moins si je pourrais faire de toi mon joker, mais passe la seconde si tu veux pas que j’attribue la note maximale de deux. » « Tu sais comment me remonter le slibard toi. Bien. Comme je vous l’ai expliqué tantôt, certains sorts ont étés estimés si agressifs qu’ils sont régulés par un code. Leur utilisation est grandement limité, car ils pourraient non seulement aggraver la condition physique de leur usager, mais aussi l’état mental de celui qui y recourt. Autrement dit, il risquerait d'éclater comme un ballon. Cela arrive surtout lorsque la magie d’une personne est considérable, mais que son corps est inversement très faible. Si je devais représenter ce schéma sous la forme d’une métaphore, la magie serait comparable au liquide tandis que le corps lui, serait tout simplement indissociable au bocal. Lorsque l’on remplit un verre et qu’on continue de le déverser malgré qu’il soit saturé, celui-ci débordera automatiquement. En revanche, si le récipient est fermé et ne permet pas l’évacuation de ce liquide, mais qu’on s'évertue malgré tout à le gorger, et bien ce dernier explosera. BOUM ! » Un bel exemple fumeux que le vil à crinière blonde aurait sans doute prit à la légère si il provenait d’une autre personne.

Lorenzo, bien que complètement à côté de la plaque les trois quarts du temps, revêtait cette chose étonnante qu’on appelait l'originalité. Il en abusait tellement qu’elle lui souriait de ses pleines dents. « Jusqu’ici, ça fait sens. Je pense que tout le monde à compris où tu voulais en venir, ou du moins la mise en pli de ton numéro. Si je résume, cet objet non magique serait, à notre image, susceptible de récolter ce trop plein qui réside que notre organisme garde en réserve. » « C’est également vrai pour le trop peu. Les novices ne régulent pas correctement la magie qu’ils recèlent. Ils ne savent pas maximiser le rendement de cette source intarissable. C’est naturel. Un bébé humain est incapable de marcher dès le premier jour. C’est exactement pareil pour la magie. Alors pourquoi les autres mammifères le peuvent ? » « La croissance corporelle ralentie ? L’instinct ? » Les livres qu’il avait parcourues sur les doctrines de l’évolution ne trouvaient que des spéculations. Si certains cas scientifiques tombaient d’accord, ils n’en demeuraient pas moins très incertains sur les raisons qui l’expliquaient, en dehors de la morphologie propre aux espèces supérieures telle que la leur. « Et bien en fait on s’en carre l'oignon de la réponse, parce que ça n’a aucun rapport à ce qui va suivre. Ce qu’il faut retenir, c’est que la coupelle que tu tiens accueille désormais l’énergie pure du cosmos. Elle n’est pas diluée, par conséquent, rien ou presque ne peut lui résister. » Clair et concis. Deccio releva le visage, ses lèvres s’apprêtant à lui balancer la première insulte venue. Mais il se retint, plus concerné par la démonstration qui allait voir son cours. Retenant les explications de son ami, il porta la coupelle entre ses phalanges de sorte à bien l’exposer devant lui. L’homme en face se prépara, sa magie s’agglutinant au centre de sa paume. D’abord de faible intensité, elle s’accumula en grande quantité en se condensant en un point. Puis Lorenzo lâcha la purée, le canon énergétique rayant la partie visée de la carte, des cendres vagabondes adhérant au plafond. Considérant l’ampleur des dégâts, la victime aurait normalement dû partir en fumée, mais il n’en fut rien. Bien que des lambeaux de sa tenue errèrent dans l'air, la créature des Enfers s’en sortit indemne sans la moindre égratignure sur le corps. En revanche, la coupelle — et seulement cette dernière — ne conserva aucune trace de son existence.

Se relevant de sa chute mémorable comme si de rien n’était, le renard éclata de rire. « C’est pour le moins impressionnant. Un tel niveau de maitrise peut rendre n’importe qui invincible. » Inutile de fabuler, il aspirait activement à le devenir, mais pas uniquement pour son intérêt personnel. « Pas n’importe qui non. C’est d’ailleurs pour cette raison que tu es venu frapper à ma porte. Plus que jamais, tu sais maintenant que m’avoir à tes côtés serait un atout considérable pour la suite. » De toute évidence, il n’aurait pas fait tout ce chemin en vain. Certes instable, le Démon à la peau mat s’y connaissait mieux que personne dans la pratique. Et puis, sa spécialité mise de côté, il admirait son tempérament ; un vrai tigre indompté qui trouvait parfaitement sa place dans le groupuscule de monstres en partance pour la conquête du monde et de ses sentiers inexplorées. « Partant ? » « Partant. Je commence à me faire chier dans cette putain d’école. Mes élèves sont tous très cons en plus. » « Mais monsieur ! » « Ta gueule ! » « Pardon, monsieur. » Cette réponse virulente empêcha quiconque de broncher. La docilité des élèves se comprenait industrieusement du fait qu’il manipulait les forces obscures avec une prestesse redoutable. Il lui suffisait de cligner des yeux pour transmuter l’un des marmots en hamster, ou encore extirper leurs organes par la bouche. Un grand pouvoir impliquait de grandes responsabilités. Il en était doté plus que la majorité des Sorciers. Plus que l’homme de manière générale.



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Jeu 01 Avr 2021, 23:48

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Trois alliés en poche, et cela sans rencontrer de réelles difficultés ; la promesse d’un jour heureux en compagnie du bataillon d’élite devint de plus en plus crédible. Ou pas. Les quatre restants — plus inflexibles — le mettraient assurément dans l’embarras. Trois épreuves facilitées par le caractère compréhensif de ses collègues n’iraient pas sans fin dans son sens. Ils s’arrêtaient même ici, à la frontière de ce que Deccio définissait comme étant de la monstruosité pure. Son prochain entretien concernait l’un des Démons les plus avides de reconnaissances, mais aussi l’homme le plus à même de l’enfermer dans une cave à vie dans le seul espoir de recueillir des données sur lui. Le chirurgien de la mort ne plaisantait pas. Le cabinet dans lequel il travaillait véhiculant de très mauvaises ondes, il se situait à mi-chemin entre la clinique et la morgue. À l’entrée, l’odeur pestilentielle ne laissait planer aucun doute sur la vertu de son propriétaire. Ne cherchant même pas à alerter l’homme de sa présence, le rusé renard s’infiltra dans les profondeurs morbides du territoire où il passa à côté de nombreuses cellules. Ces dernières ne renfermaient pas des humanoïdes comme il aurait pu s’y attendre, mais des créatures aux attraits plus vastes et difforme : des chimères de tous les horizons. Pas seulement conçues à partir d’animaux, elles imploraient le loisir imaginatif de leurs maitres en mettant en avant des races aux oppositions tranchées.

L’une d’entre elles se libéra de sa prison, barrant le chemin du Vil qui se détourna d’un bond vers l’arrière, abaissant son buste au moment du coup de patte providentiel. « Joli, la bête. Tu devrais t’écarter, ça m’embêterait de te passer à tabac. » Dompter l’inconnu s’avérait impensable, y compris pour celui qui s’estimait d’une valeur considérable. Le rugissement de la créature généra des ondes qui contraignirent le Malin à reculer, celui-ci usant de la force de ses bras et de ses jambes pour se jeter de mur en mur, contournant les charges de la chimère d’une malice ingénieuse. « Puisque tu le prends ainsi. » La teinte de ses prunelles changeant du tout au tout, l’adepte des arts martiaux attribua tous les bénéfices de son apprentissage à le réduire au silence. Enfin, pas exactement. Son objectif visait un but plus constructif. Galopant droit sur l’animal, le blondinet s’agrippa aux barres au-dessus de sa tête avant de lui assigner un puissant uppercut dans la mâchoire. Ne le vainquant pas pour si peu, la suite se déroula sur un ton identique, les échanges entre les deux unités se décuplant au fur et à mesure. Au stade actuel, il était impossible de définir qui avait le dessus sur l’autre. Isolé dans sa chambre des expériences les plus malversés, le responsable de l’établissement connu sous le sobriquet de Saber s’attelait à recoudre un patient, ou peut-être s’apparentait-il à un cadavre animé par les nerfs. Dans un sens comme dans l’autre, le corps couvert d’hématomes laissait présager des traitements qu’on peinait à lui envier.

Au même instant, surgissant du plafond après avoir défoncé une plaque, Deccio apparut dans le dos de son ami. Soutenu par des réflexes éclairs, le propriétaire porta un coup direct dans sa direction, un scalpel à la main. Bien que de courte portée, la lame irradia une lumière bleue qui manqua de lui sectionner l’artère. À la place, une légère incision marqua sa joue. Se dispensant de vitesse au danger, le renard s’écarta, couvrant la distance nécessaire à celle qu’il estimait la plus viable. On n’échappait jamais vraiment aux griffes de la mort, c’est pourquoi il prenait toutes ces précautions. « J’ai vu des gens qui avaient des griffes d’aigle à la place des mains, d’autres avec des crocs de loup. D’autres encore avec des articulations, des organes et des sens supplémentaires. Tout cela fait partie de tes combines de dissecteur. » « Merci. Parfois, il s’agit de régénérer des organes blessés par magie. Vois-tu cette partie rougeâtre ? Elle a été engorgée d’un funeste sort. Sa gorge, son larynx et ses cordes vocales sont atteints d’une paralysie qui semble avoir été provoquée par la malédiction de la rose. Cette entité contient un nombre conséquent de poisons dans ses épines. Ceux qui subissent son étreinte sont condamnés. S’ils n’ont pas la chance de passer sous mon bistouri en tout cas. » La personne qu’il travaillait sur le brancard semblait ordinaire à première vue, mais en s’attardant plus en détail, ce dernier avait perdu ses pieds d’hommes au profit de serres de rapaces fraîchement cueillis. Quant à ses yeux, ils épousaient la même forme et la même malice que ceux des serpents. Ces changements — extérieurs — ne trahissaient rien à propos des mutations endogènes. Le connaissant, il devait avoir substitué davantage de constituants que son apparence le laissait suggérer, dans la mesure où c’est de cette façon qu’il expérimentait les limites du corps en fonction des espèces, de leurs vécus et de l’environnement dans lesquels ils évoluaient. En dehors de ses travers sataniques, il restait l’un des meilleurs chirurgiens des Royaumes, sans doute car il cultivait aussi bien les gênes du Sorcier que celui du Démon, reconnus pour les vices qu’ils abritaient.

La malédiction qu’il mentionnait était récente dans les parages. La découverte de cette plante causait du tort par sa seule présence, à tel point que l’accès à cette partie du territoire avait été prohibé par les dirigeants du secteur. Rapprochant faits et dates, Deccio se refusait désormais à ne voir qu’une simple coïncidence dans cette étrange conjonction. Quelque chose ou quelqu’un se cachait derrière cette soudaine expression, comme si l’on cherchait à les écarter d’une vérité ensevelie. Il convenait de mener des investigations sur les lieux. Qui d’autres que lui pourrait s’en charger ? Personne, hormis ce taré de Gordon, le plus chevronné d’entre tous. Raclant sa gorge pour en revenir à l’origine de son intégration dans l’antre du Mâle, le détective lui balança une carte qu’il réceptionna sans pour autant détourner le regard de son patient, plantant la griffe qui lui servait d’outil en plein milieu. « Tu sais ce que c’est ? » Il la regarda à peine. « Une carte de tarot. The Surgeon pour être exact. Elle me définit bien. Je ne vois pas où tu veux en venir. Explique-toi, je ne suis pas aussi inlassable et tolérant qu’eux. » « C’est une carte très importante de mon jeu idéal. Sans elle, tout le reste s’effondrerait. Sans outrance, son rôle de soutien est insécable, il s’agit là d’un pilier renforcé qui pourrait faire s’écrouler tout mon plan si elle venait à me manquer. » L’homme se détacha pour la première fois de son écorché, ses iris d’un rouge incandescent appelant une certaine fougue. « C’est original de me comparer à une carte. Toutefois, je n’ai aucun intérêt à réintégrer la troupe. Notre entente a jour et nuit été d’ordre cordial. Si je suis resté aussi longtemps à vos côtés, c’est car j’ai toujours secrètement aspiré à vous disséquer. Même toi. Ta fragilité, elle me faisait monter aux rideaux. Comment deux êtres embrassés par l’absoluité avaient pu donner naissance à l’un des plus grands virtuoses et à l’un des ratés les plus historiques de la nouvelle ère ? Encore maintenant, cette réponse m’obsède. Je suis bercé par la chance. Que tu débarques tout penaud de ton propre chef dans la gueule du loup, s’en est presque aberrant. » Lorsque Saber ouvrit les mains, des scalpels vinrent directement graviter autour de ses poignets ; une danse soulevée par son contrôle absolu du métal. Il dominait ce monde comme personne grâce à une complémentarité inné avec l’élément. Partagé entre le besoin de le raisonner et la causalité de sa requête, le renard ne remarqua pas immédiatement la présence de lames jaillir sur lui. Se renversant vers l’arrière, il abattit sa main d’un coup vertical, oppressant l'acier avec son propre usage dans le but de dévier leur trajectoire.

C’était sans compter sur l’apparition d’un guéridon qui se heurta à ses pieds, se vantant de lui faire perdre l’équilibre. Repoussant la petite table en orientant ses paumes en avant, Deccio sauta par-dessus l’obstacle avec souplesse, mais les quelques secondes que cela lui demanda suffirent pour que le chirurgien le trompe d’une courte feinte et l’expédie sur les genoux d’un horion au thorax. Ses phalanges grésillèrent d’une lueur nacrée, un courant électrique se propageant dans le circuit moteur de son système. Cette technique — mortelle — conflua au sein des organes du blondinet qui libéra une quantité de sang excédante par sa bouche. Le manipulateur d’ondes perça ses défenses extérieures comme s’il avait affaire à du beurre. La Finesse Zero — du nom de son créateur — concernait les convergences naturelles du corps humain. Les points où se rejoignaient les muscles, veines et nerfs, des cibles petites et toujours mouvantes qui changeaient d’un individu à l’autre. Moyennant une frappe précise, nette, il pouvait momentanément priver un adversaire de l’usage de ses membres, ou lui faire aussitôt perdre connaissance. Grâce à la faculté de ses yeux à percevoir ce point sensible, Saber excellait dans cet art. Une frappe suffisait à renverser le cours d’une situation, faisant chavirer ses patients aux portes de la mort. « Toujours aussi douloureuses que par le passé. Non, elles sont résolument plus dévastatrices. Si ça avait été quelqu’un d’autre à ma place, il serait devenu impotent. » Interloqué par sa capacité à pouvoir s’exprimer malgré l’application de son courroux, son ami à la mèche blanche prépara une seconde charge. Celle-ci, Deccio ne la laissa pas passer. Enfonçant ses pouces dans les plis du coude pour lui faire lâcher prise, le dissecteur rugit avant de repartir à l’assaut.

Le Saraṇi roula sur le côté au tout dernier moment, jetant un sachet empoudré dans la tête du Malin, envahissant ses narines. Se relevant pendant qu’il s’époumonait, il trouva une ouverture dans laquelle il s’engouffra. Se ruant vers lui, il prit appui sur son genou noueux pour grimper sur son dos et lui immobiliser le bras avec sa jambe qu’il cala ensuite sous l’aisselle. Puis il saisit le Démon à la gorge avec sa main gauche, invoquant une rune qui se mit à fumer et à rutiler, changeant la prise de l’artiste martial en poigne d’acier. Il devait ce cadeau à Lorenzo, celui-ci lui ayant confié en prévision de cet instant. Le cou du dissecteur était constitué de tendons et de muscles puissants qui n’en restaient pas moins que de la chair. En posant sa paume droite sur la nuque du Saitāna, la rune s’illumina une nouvelle fois. Dans un dernier élan, Saber se jeta su sol pour chercher à déloger son assaillant. Le souffle coupé, la bête était aux abois. Dans un silence complet, le survivant de la famille Azmog resserra son accolade, contraignant son rival à renoncer. Épuisé par sa vivacité, il se laissa choir à son tour, s’agrippant à tout et n’importe quoi pour se rectifier. Bien que se heurtant à un encombrement extrême, le créateur de chimères fut dompté tant bien que mal. « Comment as-tu fait pour te soustraire à mon sort ? J’ai visé tes organes, j’en suis sûr. Rien ne peut échapper à mes connaissances biologiques. » « Exact. J’aurais dû crever, du moins en tant qu’homme. Pas en tant que taureau. » « Quoi ? » « J’ai simplement entamé la transformation interne de mon organisme en celui d’un taureau, mais j’ai dépourvu le reste de toute variation. Sans ça, je n’aurais jamais pu te berner. Je t’ai indirectement induit en erreur. Si tu l’avais remarqué, j’aurais perdu. » Saber ria de bon cœur. « Tu as changé. Tu ne vaux plus que je t’ausculte. » Rares étaient les opposants à pouvoir le tromper. Bien que la victoire lui appartînt, un respect cordial amena les deux hommes à se comprendre. Ils s’acceptaient en retour, tirant un trait sur toutes les rancunes de l’époque.



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Ven 16 Avr 2021, 00:07

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Recruter ces têtes brûlées s’avérait plus simple que prévu. En un sens, une telle commodité le désenchantait. Il s’attendait à plus de résistance de leur part, surtout concernant Lorenzo et Jin, ces derniers lui ayant légués bien plus que des souvenirs. Il ne comptait plus les cicatrices qui accusaient sa peau originelle ni les séquelles produites par un acharnement constant annexé d’une volonté de l’humilier. Certes, son accomplissement depuis ce fameux déclin lui autorisait peu à peu à remonter à la surface, mais il était encore loin d’égaler la puissance de ses confrères. Le seul membre qui s’octroyait encore le droit d’être plus vacillant que lui allait bientôt rouvrir ses plaies en la présence de Shoumy. Toutefois, ce n’était qu’à moitié vrai. Ce personnage — aussi burlesque que ses frères — cachait un lourd secret. Chiffrer ses capacités ne rimait à rien, parce qu’elles fluctuaient sans arrêt entre le médiocre et le merveilleux. Quiconque ouvrait les hostilités avec lui s’en mordait généralement les doigts. Sa maladresse fardait l’ardeur d’un gosse rustique élevé en pleine nature. En la compagnie de tous les camarades de Deccio, Shoumy était celui qui provenait du pire milieu des Enfers ; un district si malfamé que même parmi les Démons, cette zone connaissait le surnom d’« Enfer des Enfers ». Les créatures, les hommes, le climat, l’environnement, la végétation, tout ce que l’on trouvait là-bas se déchainaient à un degré au moins équivalent à l’avènement d’une purge. Personne n’y foutait jamais les pieds sans une question de vie ou de mort, et même les plus désespérés finissaient par le regretter. Avec ces informations en tête, le blondinet savait à quoi s’en tenir. Etant le plus jeune de la bande et aussi le plus réservé, il était celui avec lequel il entretenait le moins de rapport. De ce fait, ce cinquième phénomène demeurait quasiment un inconnu à ses yeux, et donc accessoirement quelqu’un qu’il ne pourrait pas convaincre.

La devanture du magasin de bonbons ne laissait planer aucun doute sur l’origine de ses activités. Difficile en effet d’échapper à sa prépondérance tant elle sortait du lot par ses enjolivures extravagantes. Au premier abord, cela ressemblait davantage à un club de nuit ou à une taverne modernisée pour ses concerts festifs. Deccio commençait à se demander s’il se trouvait au bon endroit, jusqu’à ce qu’il entende une voix familière proférer des jurons à tout va. En approchant de la porte, une personne manifestement effrayée tomba à la renverse. En panique, elle prit ses jambes à son cou avant de s’estomper au détour d’une brume argentée. Encore un drôle d’oiseau qui ne supportait pas les excès de ses pairs. Soulagé de s’être présenté à la bonne adresse, le Saraṇi entra à la suite de la victime en tirant sur une chevillette pour déclencher l’ouverture de la porte. Aussi, un mécanisme fit choir un bonbon bien rond dans sa paume. Par prudence, il le fourra dans sa poche au lieu de l’avaler. Qui sait quel genre de substance renfermait le produit d’un Démon si étrange. En passant le cadran le menant de l’Antre de la confiserie, Deccio resta perplexe lorsque la vision d’un jouvenceau en train de s’agiter dans tous les sens amplifia ses incertitudes. Le Démon à la chevelure parme ne semblait pas avoir remarqué sa présence. Ce dernier vaquait à ses occupations avec une hyperactivité rarement recensée. Il triait ses bonbons dans des bacs pour ensuite les malaxer et les séparer de nouveau, puis de temps en temps il grimpait sur une échelle en listant des friandises. Parfois, il hurlait sans explications, divaguant dans toutes les allées à une vitesse folle. Au terme de quelques minutes, il heurta finalement Deccio, tombant aussitôt sur les fesses.

Penchant la tête sur le côté, le détective le toisa avec une pointe de mépris. Pour une quelconque raison, il mourrait d’envie de le saigner, là tout de suite. Il lui rappelait les heures les plus sombres de cette époque, à l’image de la nouvelle génération de Vampires qui pullulaient les rues. Il s’imaginait lui trancher la carotide et repartir sans demander son reste. S’il ne verbalisa pas ce désir, Shoumy prit le recul nécessaire en dégainant une arme… une arme composée essentiellement de sucre, et donc supposément très friable. « Je l’ai vuuuuu ! Ton regard ne trompe personne, sociopathe de la sociopathie. Tu veux me buter ! Ma prescience s’est activée, ‘spèce de bâtard ! Prends ça ! » Assombri par une colère profonde, le frêle garçon se précipita sur lui, tendant son bras de telle sorte à procurer l’élan de son assaut. Avec la hargne qui le possédait, il planta sa canne à sucre dans le torse du blondinet. Pas effarouché pour un sou, celui-ci resta impassible, observant avec déconvenue l’émiettement de la gourmandise. Soit il se foutait de lui, soit il pensait dur comme fer pouvoir le meurtrir avec quelque chose d’aussi fantasque. Des croyances qui n’avaient pas sa place dans l’univers actuel en tout cas. Saisissant son poignet, le Saraṇi le rembarra d’un geste virulent. « Première erreur. Je t’en accorde trois avant de t’enterrer vivant. J’espère que c’est clair. » De petites étoiles se révélèrent à l’orée de ses prunelles. Humidifié par une sorte d’émotion, c’était à se demander s’il n’allait pas chialer devant lui. Les lèvres chevrotantes, il se redressa précipitamment, rangea les bras le long de son corps et courba son échine. « Decciooooo ! Bonjour. Qu’est-ce que tu veux ? » Souffla le diablotin en changeant d’humeur avec la même précipitation disproportionnée que ces barbares hybrides.

Enfilant ses mains dans les poches, il ne lui accorda pas de réponse immédiate, arrêtant son choix sur une promenade en bonne et due forme dans le magasin. Prêtant son regard sur le matériel plutôt que sur le propriétaire, il prit rapidement conscience de la singularité du lieu où là magie opérait à tous les recoins. Allant des friandises aux formes et aux couleurs multiples qui suivaient un itinéraire prédéfini aux immenses constructions savoureuses qui semblèrent avoir été dotées d’une vie à part entière, tout ce qui se tramait dans ce saint lieu laissait croire qu’on l’avait extrait d’un conte de Faes. Recouvrant son attention pour le principal ouvrier de sa venue, Deccio effleura la tête d’un ver gélatineux qui contourna son index pour escalader sur son pouce. Tout en adressant des vers à son camarade, son ascension se poursuivit. « Je sais bien qu’on n’a jamais été les meilleurs amis du monde tous les deux, mais tu possèdes un don particulier. Malgré que tu ne sois pas le plus fiable d’entre tous, j’aimerais faire affaire avec toi. » « Qu’est-ce que tu insinues par-là ? Je vous ai toujours servi avec les copains. J’étais même votre faire-valoir, je suis pas très d’accord avec votre voeu de désirabilité. En plus je suis mignon. » « Aussi loin que mes souvenirs me portent, tu n’as jamais été quelqu’un de spécialement affable. Déjà lorsque nous étions jeunes, je peinais à te cerner. Qu’en est t-il de ta seconde personnalité, Shoumy ? S’est-elle manifestée depuis cet incident ? » « Ne remets pas le couvert s’teu plait. J’y suis pour rien, j’te jure. Ce mec me fait peur à moi aussi. Le jour où Brizroth s’est éveillé, je n’ai pas souhaité un seul instant ce qu’il vous à fait subir. » Deccio fronça les sourcils, le ver concluant sa chevauchée dans sa bouche. En mastiquant la marchandise, elle lui octroya une recrudescence d’énergie drastique.

Durant cette période, personne n’avait réussi à mettre le doigt sur ce changement de comportement qui avait mené l’élite des amis à la défaite oppressive. Désormais en possession d’un esprit habitué à déceler les détails, Deccio se remémorait certains éléments liés à son dérapage. Affirmant son autorité d’un coup de pied sur la plaquette acidulée dont était composé le sol, ses yeux mitraillèrent le condamné. « Ta gueule. Ce n’est pas en te déresponsabilisant de tes erreurs que je t’accorderais le pardon. Entre nous, les péchés sont proscrits. Tu as d’ores et déjà dépassé la ligne. Ton incompétence nous a autrefois causé du tort, c’est pourquoi je me trouve devant toi aujourd’hui. Pour te permettre la rédemption. Pour cela, ta tête doit rouler à leurs pieds, j’en suis terriblement désolé. » En le provoquant au maximum de ce que supportait un gars au mental si sensible, l’implosion sentimentale ne se fit pas attendre. Pour établir l’analogie la plus appropriée à cette mutation subite, la belette anorexique renonça à sa mue, se changeant en l’espace de quelques secondes en un tigre affamé. « Comment oses-tu t’adresser à moi sans formule de politesse ? As-tu oublié comment je vous ai dominé la dernière fois ? Mon alter ego est certes incapable de vous blesser. Mais cette empathie ne concerne que lui. Je suis loin d’être aussi tolérant que ce minable. » Effectivement, Shoumy souffrait d’un trouble dissociatif de l’identité assez marqué. En comparaison de la jeune Démone qu’il avait rencontrée dans sa cuisine, ce changement était bien plus explosif, car il désinhibait l’entièreté de ses limites. Ça ressemblait plus ou moins à une prison qui entravait le détenu de toutes ses facultés. Une fois défait de ses chaines, l’individu ne renvoyait plus rien de similaire à son homologue ; c’est ainsi qu’il regagnait ses droits de machine à tuer.

Son but désormais atteint, Deccio ne s’encombra d’aucune hésitation en intimant à sa lance de percer la salle. En la vrillant, il augmenta considérablement son pouvoir de pénétration afin de le semer dans le torse de son adversaire. Contre toute attente, Brizroth fléchit ses deux membres antérieurs avant de placer ses deux mains contre le manche tournoyant. Par sa seule force, il rompit la rotation. Enfin, il l’a renvoya sans se plier à une quelconque obstruction. Surpris, le blond se retira de son champ d’action ; un réflexe qui lui sauva la mise puisque le magasin fut anéanti en deux-deux. Du moins, c’est ce qu’il croyait. Grâce à son contrôle glycémique, sa reconstruction se produisit en un clin d’œil. Pratique. L’échange suivant fut on ne peut plus écourté par la domination suprême de son ancien associé. Un coup suffisait à ébranler ses sens pour de bon. Rien qu’en frisant son poing contre sa tempe, le renard manqua de trébucher à plusieurs reprises. Mais son changement physique n’était rien comparé au maniement absolu du glucose qu’il maitrisait désormais à la perfection. En agissant sur son organisme et en réduisant son taux minimal, il désorienta le guerrier qui s’écroula, ses réserves d’énergie se vidant exponentiellement. Incapable de combattre davantage, il échouait pour la première fois devant l’un des membres de son ancienne famille. Ramenant son bras musculeux à son col, la fin était proche. Ou pas, car au lieu de l’achever, Shoumy lui proposa son aide. « Qu’est-ce que tu fiches par terre ? Relève-toi, Deccio, c’est pas une façon de faire ! » La durée de sa métamorphose s’interrompit aussi étrangement que brusquement. Ce garçon abritait une innocence bienvenue à ce moment-là, bien qu’elle s’exprimât de manière abrupte. En le surveillant d’assez près, il constituerait une force de frappe non négligeable ; un atout à employer avec parcimonie.




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Mar 20 Avr 2021, 22:48

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« Les autres ne sont pas un prétexte pour mourir. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Angel D’arcy. Profil de l'original susnommé : indéterminé. Passion : la boucherie, mais ce dernier appelle ceci de la science incluse à de la psychologie. Son rêve : implémenter des parasites dans l’esprit de chaque citoyen du monde pour les mener à l’extinction ou les contraindre à faire ses tâches ménagères. Ses peurs : la solitude. Sans cobayes, plus de sujets d’étude. Plus de sujets d'études, plus de données. Plus de données... plus de données. De plus, faire les tests sur soi-même n’est pas très recommandé par l’OMS : l’organisation des masochistes savants. Ce qu’il aime par-dessus tout : les gens qui ne se laissent pas manipuler. Ils sont plus sensibles à la douleur et leurs cris lui font atteindre plus facilement l’extase. Ce qu’il cherche à apporter avec ses travaux : une relativité à l’esclavage reconnue, créer des jouets qui ne peuvent pas rencontrer le déclin, accéder à l’immortalité et accessoirement détruire les dieux. Angel n’avait qu’une seule religion au nom de la connaissance. Le reste, il s’en tapait l’oignon comme de sa première babouche. Signe particulier : sait cuisiner ses ennemis et encore mieux ses amis. Si Deccio redoutait autant de retourner vers lui, ce n’était pas sans raison. Ce qu’il appréhendait dans sa psychologie de comptoir, c’est qu’il y croyait fermement et s’évertuait dans cette voie en dépit des critiques acerbes qu’il recevait sur TripAdvisor ; une sorte de lieu du culte qui référençait tous les avis d’un commerce ou d’un établissement sur des ouvrages. Une plaie autant adulée par la plèbe qu'exécré par les artisans. Enfin, encore fallait-il qualifier ce mercantile promoteur de novateur. L’unique intermédiaire qui s’en rapprochait s'inscrivait essentiellement sur le surréalisme de la chose. Quoiqu’il en soit, le mercenaire de la basse gastronomie frappa à la porte avec une certaine frilosité. Il savait ce qui allait lui tomber sur le coin du museau. Aucun être vivant décent ne l’accepterait de sang-froid.

En cognant ouvertement à cette porte, il ne s’attendait pas à ce que ce soit une personne totalement différente qui l’accueille. Même en modifiant son style et en embarquant cette paire de lunettes du futur, ça ne ressemblait pas du tout au projet de départ. Cette longue chevelure de jais, ces canines proéminentes et ce teint pâle l’incriminaient immédiatement au rand des suceurs de moelles. Que foutait un Vampire ici, et surtout, pourquoi souriait-il ainsi sans raison ? Derrière le blond, une autre porte s’ouvrit, révélant une bouille qu’il ne connaissait que trop bien. « Qu’est ce que tu glandes ici, capitaine ? Tu t’es planté de piaule. Viens là au lieu de faire le con. » L’attrapant par le col de sa chemise, il l’attira séance tenante à l’intérieur. Manifestement en pyjama, l’homme à la crinière blonde vénitienne bailla aux corneilles. Il baillait rarement aux coqs, n’aimant guère émettre des cris aussi stridents. Généralement, ça réveillait son voisin et il ne le supportait pas. « Qui c’était ce mec étrange ? Un ami à toi ? » Stagnant sur place alors même qu’il posait ses panards l’un devant l’autre, Angel resta plongé dans l’hermétisme. Soudain, l’idée d’égorger Deccio lui traversa l’esprit. Juste pendant une seconde ou deux. « Un petit con qui me fait chier à longueur de journée. Une sorte de Vampire qui se fait appeler Faust, de mémoire. J’en doute sérieusement, il est pas très futé et ne fait pas grand-chose de vampirique en dehors de son sommeil perturbé. Mais on s’en fout, c’est pas très important. Je sais ce qui t’amène et la réponse est non. » « Pourquoi non ? » « Parce que tu refuses d’être mon cobaye. » « Tu m’as encore rien demandé. » « Tu veux être mon cobaye ? » « Non. » Se réfugiant dans le mutisme, Angel trempa son croissant dans le café, et il ne s’agissait pas d’une métaphore sexuelle.

En tant que scientifique à l’affut du moindre patient, il ne tolérait pas qu’on vienne le déranger sans se prêter à ses expériences qui n’amusaient que lui. C’est cette part de sa personnalité qu’il avait le plus en aversion. Ce type d'individualité n’entendait jamais raison, c’est pourquoi il participerait énergiquement à ses études contre son gré. Ce n’est qu’en acceptant de faire des compromis qu’il pourrait dévier sur le terrain glissant de la réconciliation. Exhalant un long soupir, le détective baissa la garde pour le bon déroulement de la relation. « Bon d’accord, mais à une seule condition. Je réponds sincèrement à toutes tes questions et ensuite tu m’écoutes jusqu’au bout sans  m’interrompre. J’ai quelques arguments en poche pour te convaincre. » « Des arguments, toi ? Ce serait bien la première fois. T’es plus malin qu’avant je te le concède, n’empêche qu’on est loin de l’illumination divine. » « Bon, tu veux continuer à me balancer des fions ou on se rend sur ton putain de canapé rouge pour en terminer au plus vite ? » « Hey, j’y peux rien si les clients ont mal supporté le traitement. Depuis qu’il est taché de ce sang, j'sais pas, je trouve que ça lui donne un certain charme. Pour l’instant je te laisse la présomption d’innocence. » « C’est trop d’honneur. » Un combat à mains nues aurait nettement pu se substituer à cette sempiternelle farce. En sa défaveur cela dit, car il se serait fait dégommer sans l’ombre d’une incertitude. Très vite, les Démons entrèrent dans la pièce sacrée de l’interrogateur surprise. Cette chambre n’était pas sans rappeler certains bordels d’Avalon avec ces lumières tamisées et l’ambiance sensuelle qui s’en dégageait.

La différence se situait dans la propreté, nettement privilégiée dans ce cloaque. Surement un versant de sa maniaquerie. En tout cas, ça ne l’aurait pas dérangé de manger à même le sol si on le lui avait demandé. Dans la volonté de faire plaisir à son hôte, Deccio s’installa confortablement sur le divan proposé à cet effet. À peine posa-t-il les fesses dessus qu’une douce chaleur se diffusa de l’extérieur vers l’intérieur de ses hanches. De plus, les coussins moelleux à mémoire de forme épousaient parfaitement son arrière-train. Il se sentit si bien qu’il en profita pour se relaxer en penchant la tête vers l’arrière, relâchant toute la pression accumulée jusqu’ici. « Un vrai piège à pigeons, ton sofa. J’ai envie de tout te dévoiler sans passer par quatre chemins. Jusqu’à quel point il est imprégné de magie ? Un sort de soulagement peut-être ? » Installé sur son fauteuil, Angel glissa un crayon entre ses doigts puis tira un carnet de notes de sous une table. Le bruit des feuilles défilantes s’arrêta sur une page blanche. « Rien d’aussi rustique. L’environnement est ainsi fait pour apaiser ceux qui rentrent. Les plantes que tu vois sécrètent plusieurs substances, tels que des endorphines, du cortisol, de la dopamine ou de la sérotonine. Entre autres. » « Parfois je regrette de ne pas être né dans un endroit où ces pratiques sont considérées comme illicites, tu sais. » « Faux. Te connaissant, tu t’ennuierais comme un âne mort. » « Tu me connais si bien. Aaah, ça me rassure. Je n’ai plus besoin de participer à ton loisir morbide. » S’il commença à se redresser pour faire demi-tour, il fut en revanche rapidement arrimé par une sangle qui le retint d’une mauvaise décision. « D’accord. Je vais encore rester un peu alors. » Toutes ses entreprises pour y échapper ayant été avortées, il se laissa finalement aller aux digressions. De toute façon, il était déjà foutu.

Le cabotin se tenant devant lui prit régulièrement des notes. Si de sa position il ne percevait pas du tout les annotations, son sens de l’observation sophistiqué lui permit à moindre échelle de décrypter les tracés du bâtonnet. Ainsi, il crut comprendre quelque chose comme : « refus d’obtempérer et remise en cause de la hiérarchie établie. Le patient et la subordination ne font pas bon ménage, ce qui laisse entendre des dissensions avec les figures de l’autorité. Peut-être a-t-il eu des démêlés avec un juge ou un professeur ? Penser à lui demander s’il a subi des attouchements durant son enfance. » En devinant ses élucubrations, le blond leva les yeux au ciel. Ça allait être long. Terriblement long. Dans quelle misère venait-il de se fourrer ? « On peut commencer ou tu as d’autres revendications ? Au cas où, il te suffit de frapper une fois dans tes mains pour avoir de l’alcool à disposition et deux fois pour des cacahuètes. En revanche, je te déconseille d’aller au-delà. Certains ont essayés, ils ont eu des problèmes. » Les similitudes avec un cirque corrélèrent de plus en plus à la réalité. Pour achever de le convaincre de s’être trompé de porte, il ne manquait qu’un clown aux dimensions de freluquets orné d’un masque et qui s'exprimait essentiellement en vers. Le clou du spectacle, c’est que ce clown se révélerait être une Fae. Autant dire qu’il se gardait une très longue marge avant qu’une telle rencontre ne se produise. « Pose tes questions qu’on en parle plus. » « Tu me facilites la tâche, c’est bien. Réponds le plus spontanément possible. Je ne veux aucun flottement, aucune hésitation. Avant toute chose, à quand date la dernière fois que tu t’es masturbé ? » Il se payait sa tête, ça se confirmait. Il allait lui éclater la tronche.

Néanmoins, devant le naturel sérieux de son compatriote, Deccio se fit violence et répondit du tac-o-tac. « Juste avant de venir. En fait, pour l’explication… » « Et ta dernière relation avec une femme ? » « Hier soir. Du coup comme je le dis… » « Et avec un homme ? » « Enfin, Angel. Tu sais pertinemment que je suis hétéro. Et ne remets pas sur le tapis cette unique fois où j’ai débordé. Ce Super Séducteur, comme il se fait appeler, est une exception. » Une légende dont on racontait qu’il serait à l’origine de la création même de ce qu’est la séduction aujourd’hui. Sans lui rétorquer quoique ce soit, il écrivit de nouveau : « N’assume qu’à moitié ses penchants sexuels. L’équilibre entre le dominant et le dominé l’affecte d’une quelconque manière. Penser à lui présenter Marcelo afin de constater s’il est tenté de lui mater son magnifique boule. » « Sur une échelle d’un à dix, combien estimes-tu ton taux de méchanceté ? » « C’est quoi cette question de merde ? » Deccio le fixa. Angel le fixa à son tour. Bref, ils se fixèrent. « Sept. Je suis bien trop gentil pour tolérer ce genre de trucs. Note un neuf entre parenthèses, c’est pas loin de fluctuer. » « Quelle est ta position favorite et pourquoi ? Aussi, préfères-tu le beurre doux ou salé ? » « Le Démontagne, pour aller au septième ciel. Ni l’un ni l’autre. Ils sont trop riches en gras saturés et en cholestérol. » « Si la santé avait un nom, quel serait-il selon toi ? » « Louis De Fitness. » « Bien. C’est tout pour le moment. » « Quoi ? Mais… c’est tout ? » « Oui. J’ai un rendez-vous urgent, je dois me magner er aller déclarer mes revenus, donc on se reverra pour la seconde partie. Tchuss. » Respectant ses engagements, Angel se leva et quitta la pièce, laissant son compagnon meurtri face à ce qu’il venait d'endurer. Une légère bourrasque se pointa tandis qu’un corbeau croassa au-dessus du cabinet. Dans quel monde vivait-il ?




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