RP précédent : Le Dîner de l'Apocalypse.


Dastan creusait. À Stenfek, on lui avait conté une histoire de pirates. Depuis, il s’était mis en tête de trouver un trésor, lui aussi. Il était persuadé qu’il devait y en avoir à Lumnaar’Yuvon, enterrés quelque part. Il n’avait ni carte ni indications quelconque. À ses yeux, cela ne changeait rien. Dès que la journée de travail était terminée, le gamin se ruait sur sa pelle et éventrait joyeusement le sol. Le pourtour de la propriété des Belegad ressemblait désormais à un terrain miné ou à un champ de taupinières. Vrael s’arrachait les cheveux – il avait eu beau s’énerver, cela ne retenait son fils que quelques jours tout au plus. Asha pouffait, cachée derrière sa main. Elle aimait voir son enfant si enthousiaste et vigoureux. Elle y percevait les prémices d’une belle carrière militaire et la promesse de grands honneurs pour la patrie. Il était déterminé, ambitieux et volontaire. Forcené, presque. Il irait loin, s’il ne mourait pas bêtement dès les premières batailles – une phrase dont on aurait pu faire un adage tant elle pouvait être appliquée à grand nombre de Bipolaires.

« Maman ! Papa ! » Ils levèrent les yeux de la viande qu’ils étaient en train de découper. Dastan, sa tignasse rousse parsemée de petites mottes de terre, les joues noires et les mains plus sales encore, tenait contre lui deux coffres. « Regardez ce que j’ai trouvé ! » Fier comme un cerfeuil, il lâcha son butin sur la table. Ses doigts s’activèrent autour des serrures et il ouvrit le duo de boîtes en bois. « Tadam ! » L’une d’elles contenaient quelques pièces de monnaie – elles n’étaient pas réprouvées, mais impossible de savoir à quel peuple elles étaient reliées –, des bouts de poterie et des couverts en métal rouillé. Dans l’autre, un bracelet en cuivre et un croc de Goled reposaient. « Je vous avais bien dit qu’il y avait des trésors autour de la maison ! » Intrigués, les adultes s’étaient penchés au-dessus de ses trouvailles et les examinaient, mi-dubitatifs, mi-impressionnés. Vrael attrapa une pièce et s’approcha de la fenêtre pour en examiner les gravures. Asha, quant à elle, attrapa la dent de monstre. « Ça devait être un trophée de guerre. » Dastan approuva vivement. Elle s’y connaissait. Elle avait été une grande guerrière. « Où est-ce que tu as trouvé tout ça, exactement ? » - « Un peu partout… Il y en avait près du pommier, sous le tas de fumier, autour du puits… » Sa mère grimaça. « Il va falloir combler les trous. » - « Oh, oui, bah, je ferai ça un autre jour ! C’est fatiguant, la vie d’aventurier, tu sais ! » Comme pour appuyer ses propos, il bâilla bruyamment. « Je ne sais pas à quel peuple elle appartient. » annonça son père en se rapprochant d’eux. « Ça ne vaut probablement plus rien, aujourd’hui. » Le Kiir’Sahqon haussa les épaules. « C’est le début de la fortune. Quand je serai Dovahkiin, je chercherai des trésors à travers toutes les Terres du Yin et du Yang ! » Il brandit le poing, plein de conviction. « On m’appellera… Dastan le Trésorier ! Dastan le Pilleur ! Dastan le Conquérant ! » Il se mit à courir autour de la table en poussant un cri de guerre enthousiaste. Ses parents éclatèrent de rire. Le gamin s’arrêta immédiatement et sortit une langue écœurée. Asha sourit. « Allez, va te laver, on mange dans une heure. » - « Mais je me suis déjà lavé hier ! » - « Tu es couvert de terre. » Le rouquin fit la moue, puis se résigna. Il ramassa son butin. Il avait plein d’ossements dans les poches, aussi, mais ça, sa mère n’avait pas besoin de le savoir – il se souvenait parfaitement bien de sa réaction, lorsqu’elle avait découvert qu’il s’amusait joyeusement avec des membres humains. Il n’avait pas envie de réitérer l’expérience qui avait suivi. Il valait mieux les garder secrets. Il les cacherait dans un des coffres. Après un coup d’œil alléché aux morceaux de viande posés sur la table, il monta dans sa chambre.

Les jours passèrent. Peu à peu, le jeune Réprouvé rebouchait les trous. Tous les soirs, il vérifiait que son trésor était toujours en place. Ainsi, une semaine après sa découverte, l’enfant se jeta à plat ventre et rampa pour se glisser sous son lit. Là, il fronça les sourcils. Il manquait quelque chose. Ses jouets étaient présents, dans des états plus ou moins enviables. Des chaussures crottées traînaient près d’un pied et plusieurs moutons de poussière paissaient tranquillement sur le parquet. Mais il n’y avait plus qu’un seul coffre. Le plus petit avait disparu. Vivement, il tendit la main et ouvrit celui qu’il restait : il était vide. Rien à l’intérieur : ni le coffret, ni les ossements, ni les vieilles pièces de monnaie. Il jura et ferma bruyamment le couvercle. Un voleur se cachait dans la maison !


Le bracelet de Zel’Eph : Si les joailliers les plus enthousiastes vous raconteront que ce bracelet a été confectionné pour Zel’Eph lui-même, il n’en est rien. Il aurait aussi été porté par de nombreux chefs de guerre – ce qui, bien que plus probable, n’a jamais été démontré. Si jusqu’à présent, rien ne vient démentir les légendes, c’est un objet qu’on croyait disparu – et peut-être que celui-ci n’en est qu’une réplique, c’est impossible à savoir. Toujours est-il qu’il confère à son porteur certaines caractéristiques du tigre. Ainsi, il peut peser entre cent vingt et deux cent vingt kilogrammes, avoir des canines et des griffes, être nyctalope, faire des bonds d’une dizaine de mètres ou encore atteindre une vitesse de pointe de soixante-cinq kilomètres par heure. Petits bémols : les capacités ne sont pas cumulables et, parfois, au lieu de parler, l’utilisateur rugira, grognera, ou moins crédible encore, miaulera.
Le bracelet est apparu dans le coffret (mystérieusement apparu lui aussi) avec un croc de Goled (celui-ci n’a rien de particulier).

Note pour Érasme : Érasme a donc reçu des ossements (humains et animaliers) et de vieilles pièces de monnaie, a priori sans valeur.