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 [Q] Le pouvoir du prisme de Drejt

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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 31 Jan 2021, 17:30

Intrigue : Une lyrienne Walok'Krin souhaitant venger son frère obtient un pouvoir ancien, sans en maîtriser les retombées. Entre confessions, drames et urgence, ce thriller psychologique palpitant représente Otobis & Otoris sous tension, tandis qu'ils apprennent la plus importante des leçons : le pouvoir de l'amitié nastae.


Un garçon blond marchait à pas de loup dans les couloirs. Les autres élèves étaient plus loin, agglutinés pour écouter les discours des professeurs ou obtenir des tracts d’association. Lui avait un tout autre objectif. C’était le moment idéal pour frapper. Les sorciers n’étaient qu’une poignée, dans l’école. On murmurait ici et là que leur gouvernement préférait une éducation plus stricte et contrôlée. Quoi qu’il en soit, les enfants de mages noirs avaient généralement un accessoire difficile à trouver autre part : des grimoires, souvent offerts par leurs parents. Les livres portant sur les arts obscurs étaient complexes à obtenir. La bibliothèque de Basphel les conservait, mais elle avait tendance à limiter leur accès aux élèves encore trop jeunes. Pire encore, certaines sections étaient trop en hauteur pour le jeune sorcier dont la croissance tardait quelque peu.

Un sourire pernicieux sur le visage, Otobis repéra une porte mal fermée. Certains élèves avaient rejoint les jardins de Basphel trop précipitamment. C’était l’occasion parfaite. En quelques mouvements, il s’infiltra dans une chambre, prenant soin de ne pas fermer la porte afin qu’aucun bruit suspect ne résonne dans les couloirs.

Umaus malphil boraghar : maledicentum. Un compendium touchant, comme son nom l’indiquait, aux malédictions. Malheureusement pour lui, Otobis ne savait pas parler Obien Syliath, et cet ouvrage ne semblait pas traduit. Qu’à cela ne tienne : il l’emporterait quand même, et essaierait de comprendre avec l’aide d’un dictionnaire. Apprendre une langue ne devait pas être aussi compliqué que ça en avait l’air. Rapidement, il enroula le manuel dans du tissu. Il aurait aimé avoir le sac sans fond d’Otoris, mais ce dernier ne voulait pas lui céder.


Otobis se jeta vers la porte. L’essentiel, dans un vol, c’est de ne pas être surpris après avoir récupéré l’objet convoité. Avant cela, il est toujours possible de plaider la folie ou une absence. Cependant, une fois le méfait accompli, aucun jeu d’acteur ne sera suffisant pour convaincre un témoin. D’où l’intérêt d’agir avec le plus d’adresse possible. Seulement, parfois, même les meilleurs réflexes ne protègent pas.

« Je peux savoir qu’est-ce que tu faisais dans la chambre de mon amie ? » Mélusine Walok’Krin. Une élève du Charbon. Elle venait de le prendre sur le fait, tandis qu’il quittait le vestibule. « Ah, c’est… ton amie ? »« Oui. » Un mensonge. En vérité, la lyrienne n’avait parlé qu’une fois ou deux à la fille qui habitait cette chambre. Elle ne s’entendait pas avec les sorciers. Cependant, vu qu’elle avait pris ce garnement la main dans le sac, autant en rajouter des couches pour qu’il culpabilise. C’était — à sa connaissance — un magicien, le voir se défendre devrait être drôle.

« Ah, je me suis juste trompé de chambre et… »« Vous n’êtes même pas dans le même département, donc ce serait étrange. Tu perds peut-être un peu la tête. » Mélusine feignait l’innocence, mais il faudrait être sot pour ne pas entendre de la moquerie dans sa voix. « Oh, tu as mis quoi, dans ce tissu ? » Otobis fit quelques pas en arrière, grattant doucement le blond de ses cheveux. « Rien d’important ! »« J’aimerais bien voir, moi. » La lyrienne haussa les épaules. Elle n’était pas du genre à insister. « Bon, très bien. Tu devrais aller rejoindre la foule… et déposer ça dans ta chambre. » Le sorcier tenta de bégayer une excuse, mais cet acte de clémence le prit par surprise. Il n’avait pas l’habitude de recevoir de l’attention.


Otoris avait épuisé son stock de tracts publicitaires. Il espérait faire gonfler les rangs du club de tricot : là tiendraient les bases de son empire. Sous son règne, il n’y aurait pas de famines, de douleur, de conflits. Surtout, il n’y aurait pas Jun Taiji. Encore moins en tant que professeur de religion. Basphel devenait vraiment de plus en plus décadente. À ce rythme, la Khæleesi allait venir et candidater pour devenir professeur d’Arts-Martiaux. Oh, et puis tant qu’à faire, autant inviter Elias Salvatore pour des travaux pratiques en déboisage. Le jeune magicien pestait. Certes, apprendre des plus grands était un honneur, mais est-ce que ça voulait vraiment dire qu’ils devaient inviter des monstres au sein de l’école ?

« ‘Toris. » Mélusine approchait. « T’aurais pas vu Marie-Jane ? » Le garçon ne sut pas comment répondre. Les élèves du charbon et de la craie n’avaient généralement rien à faire ensemble. « Pourquoi ? »« Je me mêle de tes affaires, moi ? Réponds. » Elle n’oserait pas avouer qu’elle avait emprunté le pyjama pilou-pilou de sa sœur d’adoption. Juste une fois, pour voir s’il était aussi doux qu’il en avait l’air. Maintenant, il fallait prévenir la fausse fae. « Non, elle doit être avec son amie. » La lyrienne fit la moue. Ce n’était pas un très bon informateur. « Merci. Sinon, je ne dirais rien, pour ce que j’ai vu. » Son expression était impassible, mais elle avait envie de sourire. « De quoi ? » Otoris ne comprenait pas. « Oui, c’est ça. » Une part de son être trouvait le jeu d’acteur du blondinet impressionnant. Il avait pris un petit air ahuri… finalement, peut-être que cette personnalité de gentil magicien ingénu n’était qu’une façade. Ce serait une nouvelle surprenante.

849 mots.


[Q] Le pouvoir du prisme de Drejt 3v8q
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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 31 Jan 2021, 17:44



Yuan faisait les cent pas dans un couloir. « Je suis ravie de l’opportunité et je saurai… » Les mots lui manquaient. Elle savait bien parler le langage commun, mais n’avait jamais eu à le pratiquer pendant si longtemps sans retomber dans les sonorités du Niseis. Son registre de langage n’était pas toujours adapté, et ses tournures de phrases manquaient parfois d’aisance. Elle craignait que cela ne lui porte préjudice durant cet entretien. Et si la professeur d’art et culture qu’elle assisterait était trop exigeante ? Et si elle la décevait ? La moindre difficulté donnait à Yuan l’envie de se replonger dans l’indolence, mais elle se faisait violence pour résister à ces pulsions : l’orine savait que cela n’améliorerait pas son humeur. Elle ne voulait pas pécher par Paresse, mais était terrifiée à l’idée d’échouer après ce qui était arrivé à sa meilleure amie. Plus rien ne semblait avoir de sens, sans Feiya.

« Bonsoir. » L’enseignante ouvrait la porte, invitant d’un regard ferme Yuan à entrer. « Vous êtes bien madame Sidiun ? » L’orine acquiesçait. « Et vous Madame Leppso. Je suis ravie de vous rencontrer. » Elle essayait de paraître très avenante, mais se sentait intimidée. « Moi de même. Nous allons commencer par du rangement. Des élèves se sont amusés avec la craie, semble-t-il. Je vous expliquerai comment nous procéderons. » Yuan ne pouvait s’empêcher de remarquer la posture droite de la professeure. Elle essayait de l’imiter, mais ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait être aussi raide.

Mélusine avait cherché un peu partout, y compris à des endroits où Marie-Jane n’aurait pas mis les pieds. Sa vue ou son orientation devaient avoir quelques défauts. Pour sa défense, Basphel était immense et les étudiants ne manquaient pas. « Mélu, viens ! On fait une blague à des nouveaux en se faisant passer pour le club d’échecs. » La jeune fille chercha la direction de cette voix essoufflée, mais reconnut bien vite celui qui s’adressait à elle. Mathias Pincegorge, un camarade du Charbon. Il avait une réputation scandaleuse, même au sein de son département. « On peut pas vous laisser cinq minutes seuls. Je vous rejoins où ? » Le garçon s’était déjà remis à courir, mais on l’entendit cracher quelques mots que Mélusine devina être quelque chose de l’ordre de « près des stands de la cour, imbécile ». La lyrienne s’apprêtait à le rejoindre, mais s’arrêta soudainement. Un son qui lui était amèrement familier parvenait à ses oreilles. Kerlaed, un de ses frères, n’allait pas bien.

« Ker ? » La réponse ne fût pas immédiate, mais elle finit par entre un « oui » timide provenant d’une salle de classe adjacente. Il était là, recroquevillé et maussade. « Ça va ? » Une phrase bien trop souvent utilisée dans des contextes où la réponse est évidente. « Est-ce que tu pleurais ? » Là encore, la question était rhétorique. Mélusine ne savait pas comment aborder le sujet. « Maintenant ça va. » Le garçon boiteux commençait à se détendre. « Des élèves m’ont lancé des bâtons de craie dessus. » Ce n’était pas la première fois que ce genre de choses arrivait à Kerlaed. Il parvenait à le prendre avec légèreté, mais savait que certains de ses frères et sœurs étaient furieux d’apprendre qu’un de leurs était pris pour cible.

« Où était-ce ? » - « Ne fais pas d’histoires, tout va bien maintenant. J’ai juste de la craie sur mes vêtements, mais ils ne m’ont pas fait mal. » - « Peut-être que si on agit ils ne feront plus ça. » - « Je ne veux pas m’en mêler. » - « Alors, laisse-moi faire. » - « Ne joue pas les sauveuses, c’est pas ton genre. » Il n’avait pas tort : en tant qu’élève du Charbon, elle n’était pas particulièrement crédible dans ce rôle d’héroïne. Mélusine leva les yeux au ciel. « Je devrais être en train de faire une farce à des nouveaux, à l’heure qu’il est. » - « Oui, et donc ? » - « Si tu me dis où ils étaient, j’irais juste faire un tour là-bas au lieu de tourmenter les nouveaux. » Kerlaed tendit le bras pour être relevé. Il était à peu près aussi grand que sa sœur. « Tu es pénible. C’était en classe d’art et culture, à droite en sortant. »

Yuan aurait pensé que l’enseignante l’assisterait plus. Au lieu de ça, elle lui avait simplement expliqué rapidement l’ordre des choses, donné une liste de tâches et était partie aussitôt. La salle de classe avait rapidement été rangée : alors, pour s’occuper, Yuan balayait devant la porte. Elle était un peu anxieuse, et avait l’impression de faire semblant de travailler. Est-ce qu’elle avait oublié une indication qu’il fallait suivre ? Devait-elle faire quelque chose pour rappeler Madame Leppso ? Il faut dire qu’il avait été difficile de comprendre quoi que ce soit tant leur entretien avait été bref. Sans doute aurait-elle dû poser plus de questions, mais l’enseignante lui avait paru aussi douce et agréable qu’un Bicorne.

Des pas assez lourds lui firent espérer que Madame Leppso était de retour. Malheureusement, il ne s’agissait que d’une élève. Yuan vivait oisive à Basphel depuis un certain temps déjà, alors son visage lui semblait familier. C’était cette fille du Charbon, qui avait constamment l’air désinvolte. Aujourd’hui, elle semblait pourtant être d’une humeur encore plus catastrophique. Pire encore : depuis quelques secondes, cette élève semblait se préparer à lui adresser la parole. « Il y a encore des élèves à l’intérieur ? »


870 mots.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 30 Jan 2022, 00:33


« Vous avez vu ? Pépin, Lysandre et Trognon ont été attaqués pendant qu’ils rôdaient à l’extérieur, cette nuit. On les a retrouvés attachés ensemble ce matin avec un mot d’avertissement ! » Le dos de Mangue était décollé du siège, signe qu’elle était investie dans la conversation. Ils avaient fini de manger, mais continuaient à discuter. « C’est abominable. » — « Oui, ces trois-là sont vraiment nuls. » — « Non, je veux dire que c’est abominable de leur faire ça. C’est cruel. » Otoris essayait de voir le bien au fond de chaque personne. Certains le trouvaient naïf, mais il pensait que juger à tort une personne en la considérant comme irrémédiablement mauvaise était la source de tous les malheurs. « Pourquoi ? C’est des connards. Ils ont fait trébucher Opale dans les escaliers, une fois. » — « Oui, mais ils peuvent être punis en étant encouragés à devenir meilleurs ! » — « Bof. S’ils finissent par arrêter d’être stupides, je veux bien revenir sur mes paroles. Mais d’ici là, il n’y a pas de mal à se réjouir qu’ils aient eu ce qu’ils méritent. »

« Je suppose, oui. » L’élu de Sympan grattait son assiette avec ses couverts. « Arrête de faire ça, le son est affreux. » — « Désolé. » Il avait besoin d’occuper ses mains, mais n’avait pas apporté de tricot avec lui. Se tourner les pouces était une solution, mais cela pouvait être mal perçu. « Je suis quand même pas convaincu par cette histoire. Qui a fait ça ? » Mangue ne cachait pas son sourire. « Tu vois, ça, c’est la partie qui va te plaire. Apparemment, celle qui les a punis est une héroïne masquée. Elle combat le crime au nom de Drejt. » Les mirettes bleues du garçon s’illuminaient. Il aimait entendre les épopées d’élus. « C’est énorme ! Mais c’est qui, Drejt ? » L’aether dont il était question n’était plus aussi révérée. Le nom de Drejtësi ne leur était pas familier. « Je sais pas. On m’a dit que c’était Jeanne Drejt. Elle aurait permis la fondation de l’école, ou quelque chose du genre. » — « J’étais pas au courant. C’est… je sais pas s’ils le méritaient vu qu- »« Ils le méritaient. » — « Hm-hm. Quoi qu’il en soit c’est incroyable qu’on ait une héroïne à l’école. Vous savez qui elle pourrait être ? » — « Du tout. Apparemment, ça serait une étudiante. » Otoris imaginait milles possibilités, chacune plus fantastique et grotesque que la précédente.


Assise en tailleur dans la remise, Mélusine avait du mal à se calmer. La nouvelle surveillante, bibliothécaire et assistante du professeur d’arts plastiques avait un comportement calme, propice aux confidences. La lyrienne avait commis la stupide erreur d’expliquer sa problématique et, puisqu’encourager la violence ne faisait pas partie du protocole éducatif, Yuan avait décidé d’aider la délinquante à s’apaiser. Ses méthodes étaient peu orthodoxes, puisqu’elles consistaient à laisser la fille en colère dans la remise jusqu’à ce que cette dernière apparaisse calme et demande à sortir. Elle lui avait donné quelques tâches de rangement à effectuer, afin de lui occuper l’esprit. Une autre élève dans la même situation aurait pu prendre cela comme une punition, mais Mélusine était habituée aux heures de colle et autres travaux d’intérêt général. Elle voyait ces services rendus non comme des bassesses, mais comme une partie de son quotidien.

Alors qu’elle déplaçait un carton d’un bout à l’autre de la remise, la lyrienne fit tomber un miroir à main, qui se brisa contre le sol. C’était en tout cas la version qu’elle raconterait si on l’interrogeait sur la disparition dudit objet. Bien évidemment, les penchants kleptomanes de notre héroïne n’étaient inconnus de personne. Elle n’était pas intéressée par l’argent, ou par le plaisir de s’approprier ce qui appartenait à autrui. Seulement, certains objets lui semblaient si beaux qu’elle ne pouvait s’empêcher de les emporter. Elle avait, auprès de certains camarades de classe du Charbon, la réputation d’être une cambrioleuse hors pair. C’était bien évidemment faux, mais quelqu’un avait remarqué qu’elle avait dans sa chambre un magnifique portrait de l’ancienne Dovakhiin en robe. Mélusine affirmait qu’on lui avait offert, mais cette réponse — pourtant avérée — n’avait convaincu personne. Qui irait faire livrer un tableau à une Walok’Krin parmi tant d’autres ?

Elle admirait les ornements qui entouraient ce miroir archaïque, qui avait grand besoin d’être poli. La structure qui le soutenait n’était pas faite de métal noble, et le travail de sculpture des décorations restait grossier. Certains des objets qu’elle avait pu subtiliser par le passé n’avaient pas le moindre intérêt aux yeux du monde. Ce qui importait pour Mélusine, c’était ce je-ne-sais-quoi, cette combinaison de facteurs qui échappaient au bon goût et à la raison. Elle aimait cette babiole. Cette babiole l’aimait en retour. Quelque chose en sortait.


774 mots.


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Siruu Belhades
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Siruu Belhades
Dim 30 Jan 2022, 00:33


Otoris souriait jusqu’aux oreilles. Le club de tricot avait reçu une commande importante. L’association des couturiers amateurs et la guilde des costumiers — qui collaboraient avec la troupe de théâtre de Basphel — avaient été submergées par les demandes de vêtements à l’effigie de Sél'Or'Moune. C’était apparemment le nom de l’héroïne masquée qui, depuis la dernière lune, semait la justice dans les couloirs et jardins de l’école flottante. Si le magicien avait au départ exprimé quelques inquiétudes à l’égard de cette figure mystérieuse, ses appréhensions étaient maintenant dissipées. Elle était une figure opposant le mal, et le mal était… eh bien, c’était le mal. Surtout, son existence ajoutait un peu de piment dans la routine — pourtant déjà chaotique — des élèves de Basphel. Ce qui se traduisait par des tricots à l’effigie de Sél'Or'Moune.

« Je ne comprends pas ce qu’ils lui trouvent. » Kerlaed ne faisait pas partie du club de tricot. Il se rendait régulièrement dans leur quartier général, si bien qu’on le prenait pour un membre. « À qui ? » – « Sél'Or'Moune. » Le lyrienn regardait nonchalamment le tricot sur lequel Otoris travaillait. Il faudrait y broder un croissant de lune et une colombe, pour que son travail soit considéré comme acceptable par la guilde des costumiers. Ce n’était pas grave : le magicien ne rechignait jamais à se donner du temps pour confectionner une création qui lui correspondait. « Elle est trop classe ! »

« Je sais pas, je me dis que ça peut être une élève comme une autre. » Bien évidemment, il suspectait sa sœur d’être liée à cette histoire. Elle avait une dent contre le trio qui l’avait embêté et, comme par hasard, ils devinrent les premières victimes de Sél'Or'Moune. Les entrées en scène et l’esthétique extravagante associées à la justicière masquée n’étaient pas du genre de sa sœur, mais il sentait que quelque chose clochait. Kerlaed n’était pas familier avec le second méchant puni par l’héroïne et, à sa connaissance, Mélusine non plus. Peut-être que tout ceci n’était alors qu’une coïncidence, et que Sél'Or'Moune était une autre élève.

« C’est sûr, mais elle fait peur aux méchants. » Otoris n’avait pas tort. Le lyrienn ne l’admettait peut-être pas, mais cette exécution sauvage de la justice avait quelque chose de satisfaisant. En tant que boiteux souvent pris pour cible, il aimait l’idée de voir les brigands se voir rendre la pareille. « C’est vrai. » Il regardait les tricots du magicien. Beaucoup les trouvaient laids, mais il pensait qu’ils avaient un certain cachet inimitable. Un charme qui n’était que sublimé par l’innocence et la naïveté de son créateur.

« D’ailleurs, tu penses que la Directrice et le personnel de Basphel sont au courant ? » – « De cette histoire ? Forcément. » – « Mais tu crois qu’ils connaissent la vraie identité de Sél'Or'Moune ? » Kerlaed se laissait quelques secondes pour y réfléchir. « Je pense que oui. Peut-être qu’ils surveillent de loin et qu’ils interviendront en cas de pépin ? » Otoris savait que cette hypothèse était la plus probable, mais cela entachait la magie du spectacle. « Bah justement, ils n’ont rien fait quand elle a puni Pépin et le reste ! » Les deux garçons riaient pudiquement. Aucun n’aimait particulièrement la violence ou la rétribution. Lorsque l’héroïne avait sévi pour la première fois, le magicien avait affirmé devant ses amis qu’il n’était pas en faveur de ce traitement des harceleurs. Pourtant, force était d’admettre qu’il était satisfaisant de voir que, parfois, ceux qui semaient le vent récoltaient en effet la tempête.

La porte du quartier général des Tricoteurs grinçait face à la moindre pression. L’ouvrir en entier causait toujours un capharnaüm qui ne plaisait pas à Kerlaed. « Ah, tu es là. » Mélusine souriait souvent, ces temps-ci. C’était peu commun, mais il était encore plus rare de la voir dans cette salle. Elle avait absolument besoin de voir son frère. « J’ai trouvé un chat. » En l’occurrence, c’était plutôt le chat qui l’avait trouvée. Un effet secondaire de la vie de guerrière en uniforme. « Il est dans ma chambre, je sais pas trop comment m’en occuper. Tu peux m’aider ? » Elle savait qu’il ne refuserait pas : il adorait les animaux.

« Bien sûr ! » Il réajusta son chapeau, avant de se tourner vers Otoris. « J’y vais, du coup. À plus tard ! » – « À plus tard ! » Mélusine n’avait pas remarqué que le magicien était ici. Quoique… était-il vraiment un magicien ? La dernière fois, son radar à méchant affirmait le contraire. « Oh. Salut, Oto. » – « Coucou ! Comment tu vas, depuis la dernière fois ? » — « Bien. » Elle ne pouvait s’empêcher d’entretenir plusieurs suspicions à son égard. Peut-être que cette tête blonde cachait plus de secrets qu’il n’en paraissait. Devrait-elle l’interroger ? Une autre fois, alors. Kerlaed et elle avaient d’autres chats à fouetter — ou nourrir —.

792 mots.


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Siruu Belhades
Dim 30 Jan 2022, 00:36


« Attends. Donc si j’ai bien compris, tu peux m’accorder des petits vœux. C’est bien ça ? » — « Tout juste. » Le génie aimait bien ce moment, où les Rêveurs réalisent l’étendue des possibilités s’ouvrant à eux. « Et en échange, vous gagnez… » — « Votre sourire est la seule chose dont j’ai besoin. » Mélusine était jeune, mais elle savait que ce genre d’affaires était louche. Pactiser, c’était prendre un risque. « Mais choisis bien, car… » — « Je veux pouvoir punir ceux qui ont embêté mon frère. » Il croisa ses bras éthérés, légèrement vexé à l’idée de se faire couper la parole par une gamine après des années de sommeil dans son habitacle. « J’allais te dire que tu n’as que trois souhaits. Mais bon, OK, soit. » Elle haussa les épaules. On lui demande un vœu, elle en formule un. Elle ne voyait pas l’intérêt d’attendre longtemps et de méditer sur ses options.

Le génie joignit ses paumes, les yeux fermés. Cela ressemblait à certaines postures religieuses, mais Mélusine ne savait pas quel aether pouvait être imploré dans ces circonstances. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir : l’instant d’après, il décollait ses mains de manière à révéler un autre objet avec lequel elle était familière. « C’est ma broche. » Un des accessoires qu’elle avait récupéré au cours de sa courte vie, et qu’elle avait préservé comme les autres dans sa boîte aux trésors. « La solution était auprès de toi depuis le début ! » Le maître des rêves laissa une pause, pour permettre à Mélusine de poser des questions qui lui permettraient d’exposer son argument. Elle n’en fit rien, se contentant de le regarder avec des yeux de poisson mort.

« C’est la puissante broche de Sél'Or'Moune. Elle a été donnée à une magicienne scolarisée ici, par une déchue qui… » — « Elle fait quoi ? » La lyrienne était peu intéressée par les fioritures et autres informations contextuelles. Elle voulait déboîter les mâchoires de ceux qui avaient fait du mal à son frère. « Les instructions sont ici. » Il fit apparaître un parchemin. « Malheureusement, elles sont inscrites dans un mystérieux langage. Je ne pourrais pas le traduire… sauf si tu en fais le vœu, bien sûr. » Mélusine eut l’impulsion de répondre par l’affirmative, mais se retint. Après cela, il ne lui resterait plus qu’un souhait. Il valait mieux attendre. « Je me débrouillerais sans. »

Mélusine réajustait son masque de colombe, satisfaite du travail accompli ce soir. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi personne ne devinait son identité. Personne n’imaginait que, de toutes les étudiantes aux cheveux bruns de Basphel, une cancre du Charbon à la réputation de kleptomane soit avatar de la Justice. C’était palpitant, de mener une double vie : amie des délinquants le jour, ennemie des méchants la nuit. C’était la troisième fois qu’elle corrigeait le crime. Pépin, Lysandre et Trognon n’étaient qu’un coup d’essai, une revanche personnelle. Kerlaed avait directement suspecté sa sœur. Il insistait pour qu’elle lui dise la vérité, et elle niait en bloc. Une semaine après, elle avait repris son masque de colombe, sa batte et la broche de Sél’Or’Moune, pour combattre de mauvaises personnes qui, cette fois-ci, n’avaient rien à voir avec son frère. Ainsi, elle pouvait argumenter en faveur de son innocence en montrant que l’héroïne mystérieuse s’attaquait aussi à des personnes contre lesquelles les Walok’Krin n’avaient pas de griefs.

Cette fois-ci, elle n’avait pas de motif. Il faudrait être aveugle pour ne pas remarquer que le processus d’apporter justice lui plaisait. C’était physique, ça donnait l’impression de contribuer à une plus grande cause et, surtout, ça lui offrait une excuse pour exclamer des phrases comme « Je suis la jolie guerrière en uniforme qui combat pour la justice ! Sél’Or’Moune ! Au nom de Drejt, je vais te punir ! ». La magie de l’artefact l’avait forcée à énoncer ces mots au départ, mais désormais, elle prenait un certain plaisir à scander des cris de ralliements. Passé l’embarras, ces mantras étaient finalement plutôt entraînants. Avec sa batte, elle frappait stratégiquement les méchants en prenant soin de ne pas les blesser excessivement. Puis, une fois maîtrisés, elle les ligotait et les laissait sur place.

À peine avait-elle fini de s’occuper d’un brigand qu’elle pensait déjà au prochain. Un nom lui venait à l’esprit : Otoris, un blondinet en périphérie de son cercle d’amis. Son radar à méchanceté ne semblait pas agir correctement, autour du garçon. Il semblait avoir une double personnalité, qui n’était pas sans lui rappeler le roman « Docteur Jonquille et Monsieur Ail », où un magicien et un sorcier cohabitaient au sein du même corps. Peut-être que le punir permettrait de bannir la partie méchante de sa personne ? Elle n’avait pas d’arguments en faveur de cette hypothèse, mais était prête à la mettre en pratique.


Otobis s’ennuyait comme un rat mort, avec un rat vivant. Monsieur Spoutine ne voulait pas s’abaisser au point de jouer aux cartes avec lui, car apparemment, c’était dans son monde une activité de prolétaire. Le sorcier ne comprenait pas vraiment pourquoi il gardait ce rongeur pompeux en vie, alors qu’il pourrait tout aussi bien le disséquer. En fait, si, il savait : il était trop isolé pour oser attaquer le peu de personnes qu’il fréquentait. Pour lui, être en mauvaise compagnie valait mieux que d’être sans compagnie. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas d’aspirer à obtenir un entourage plus adéquat. Il rêvait des quelques moments où un vrai humain prêtait attention à sa personne. Les heures qu’il avait pu passer avec Asra avaient semblé être des secondes. Quel dommage, qu’ils aient été repérés en train de commettre un délit. Est-ce qu’elle serait toujours son amie, maintenant qu’ils étaient tous les deux condamnés à une heure de colle ? Il le verrait bien aujourd’hui, puisqu’ils seraient obligés d’expier leurs crimes dans la même salle, entourés de délinquants.

Un bruit le sortit de ses pensées. C’était un grattement différent de celui de son abominable rat. Quelqu’un glissait quelque chose en dessous de sa porte. Otobis se précipita sur le papier. C’était la graphie d’un autre élève — ou alors le personnel de Basphel manquait de professionnalisme —. On lui donnait rendez-vous sur le toit de l’école. Le sorcier ouvrit la porte immédiatement, pour savoir qui était l’auteur du message, mais ce dernier semblait avoir pris ses jambes à son coup. Qui cela pouvait-il être ? Il avait peur, mais était euphorique à l’idée de pouvoir parler à quelqu’un d’autre que Monsieur Spoutine et Otoris. Il devait se rendre à ce rendez-vous. Cela aurait lieu peu de temps avant l’heure de sa convocation, mais… eh bien, il avait confiance en ses jambes.

1088 mots.


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Siruu Belhades
Dim 30 Jan 2022, 00:37


Otobis avait perdu le compte du nombre de marches d’escalier qu’il avait dû gravir pour atteindre sa destination. Il ne savait pas quelle perversion pouvait pousser quiconque à aimer la sensation d’être à bout de souffle, mais une chose était certaine : ceux qui cherchaient volontairement à faire des efforts physiques avaient une case en moins. Seulement, il était prêt à supporter l’épuisement et bien plus encore, juste pour voler quelque chose à l’Original. Cette fois-ci, il ne s’appropriait pas un objet physique, mais d’une interaction sociale. Otoris ne manquait pas de ces dernières, il ne remarquerait rien. Tandis que pour son clone, chaque instant vécu en dehors de l’ombre du magicien était précieux. Un individu mystérieux avait laissé un mot devant leur chambre, lui donnant rendez-vous sur le toit de l’école. Il n’avait jamais eu d’entrevue secrète jusqu’alors, et ne savait pas à quoi s’attendre. Est-ce que ce serait une confession romantique ? Une farce ?

« Bonsoir. » Il se tourna en direction de la voix lointaine, constatant avec déception qu’il ne s’agissait pas d’Asra. « Tu es… » L’héroïne masquée qui était sur toutes les lèvres. Elle était déjà en uniforme, transformée. « Et toi, qui es-tu ? » – « Otoris Dantilleul. » – « Vraiment ? Tu es suspect. » Avait-elle deviné leur secret ? Si oui, comment ? « Je sais distinguer les gentils des méchants… toi, tu oscilles. Je ne sais pas ce qu’il t’arrive, mais c’est différent. Tu es peut-être dangereux. » Le nombre de pensées présentes dans le crâne d’Otobis s’élevait très exactement à zéro. Il ne pouvait pas traiter les informations que ses yeux et ses oreilles lui fournissaient. Il avait cessé de fonctionner.

« Tu n’as donc rien à dire pour te défendre ? » Elle prit une pause de quelques secondes, partant du principe que sa cible répondrait au moins une phrase. Ce ne fut pas le cas. Légèrement embarrassée, elle éclaircit sa gorge et réajusta son masque. « Très bien, alors… je suis la jolie guerrière en uniforme qui combat pour la justice ! Sél’Or’Moune ! Au nom de Drejt, je vais te punir ! » L’héroïne brandit avec panache l’arme qui lui permettait de servir la justice : une batte. L’instant d’après, elle était déjà en train de réduire la distance qui se trouvait entre elle et le sorcier. Les bruits de pas soudains eurent l’effet d’une claque sur Otobis. Il se sentait toujours hébété, mais son instinct de survie animait ses jambes et le poussait à fuir.

L’assaillante courait plus vite que sa cible, mais n’était pas certaine de l’attraper. Il était peut-être un peu tard pour remarquer cela, mais elle aurait dû commencer à le poursuivre après s’être assurée qu’ils soient suffisamment proches. Peu importait : elle avait un atout dans sa manche. Son sceptre magique — scotché à la batte — lui permettait d’immobiliser temporairement les méchants. Elle n’avait jamais testé cette fonction auparavant.

Otobis comprenait maintenant pourquoi certaines personnes aimaient la course d’endurance : c’était très utile, dans des situations comme celles-ci. L’adrénaline avait un côté stimulant et, s’il ignorait le fait qu’une folle furieuse le poursuivait avec une batte, il n’était pas peu fier de sa performance. Il avait même jeté son sac en arrière pour se délester d’un poids et potentiellement ralentir son assaillante. En quelques foulées, il avait pu atteindre les escaliers, où il espérait la semer. Il prit une inspiration, franchit deux marches — ou peut-être trois — et leva son pied droit en suivant le même mouvement mécanique qu’il avait effectué jusqu’ici. Pourtant, que ce soit par maladresse, par fatigue ou par magie, cette impulsion-là était différente. Ses nerfs l’ignoraient, ses muscles raidissaient et, avant même de toucher la marche suivante, Otobis comprit qu’il était en train de s’écrouler.


Elle infligeait aux méchants une correction, mais, jusqu’ici, n’avait jamais causé de blessure si grave. « Je suis vraiment, vraiment désolée… » Le sorcier ne répondit que par un gémissement : se cogner la tête avait le mérite de l’étourdir suffisamment pour qu’il ne sente pas l’état critique de son bras. « Il faut prévenir l’infirmerie tout de suite. » Mélusine savait qu’elle ne saurait pas prodiguer au sorcier les soins adéquats. Les plaies du garçon étaient majeures. Admettre sa faute et sa vraie identité lui coûterait certainement sa scolarité à Basphel. Partir en laissant quelqu’un d’autre trouver le blondinet contusionné avec un bras cassé serait immoral, mais, après tout, il était censé être méchant. Il devait mériter son sort, non ?

731 mots.


[Q] Le pouvoir du prisme de Drejt 3v8q
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Siruu Belhades
Dim 30 Jan 2022, 00:39


« Foutu pour foutu… » La magie n’opérait plus : elle était de nouveau celle qu’elle avait toujours été. En retirant son masque, il était difficile de ne pas remarquer le sang qui tachait ses mains. « Mélu… minium ? Limousine ? » Otobis n’arrivait pas à retrouver le prénom de l’élève du Charbon qu’il savait maintenant être son agresseur ; pourtant, il la connaissait. Ce léger trou de mémoire était sans doute dû au fait que son crâne venait de faire connaissance avec la moitié des marches d’un escalier en pierre. « Oui, c’est bon, reste calme. Écoute, je vais te porter jusqu’à l’infirmerie. Ne bouge pas et accroche-toi avec ton br… bon, laisse tomber. Reste là, je vais appeler des secours. » – « Non, attends. Je suis censé avoir une heure de colle bientôt. » – « Hein ? Et alors ? Moi aussi. Tu n’iras pas, c’est tout. Ils comprendront. » – « Il faut prévenir Otoris. » Mélusine espérait qu’il ne s’était pas cogné la tête au point d’en oublier son identité. « Tu sais en quelle ère on est ? Et l’année scolaire ? » Le sorcier rampa jusqu’à un mur, pour se placer en position semi-assise.

« Oui, oui, je sais tout ça. Mais il faut trouver mon clone magicien et lui dire que je n’irai pas en heure de colle et qu’il doit se faire discret. Lui, c’est Otoris. Moi, c’est Otobis. » Elle se pinça l’arête du nez, y déposant au passage un peu de sang. « Un clone ? Mais c’est pour ça que tu passais de gentil à méchant sur mon radar ! » – « Attends, tu n’avais pas compris ? » – « Non, je pensais que tu devenais maléfique par intermittence. Une double personnalité, quoi. » Le sorcier aurait bien soupiré, si ses côtes ne lui faisaient pas autant mal. « Ne dis rien à personne, va voir dans ma chambre et explique tout à Otoris. Il faut qu’il se cache et que j’aille à l’infirmerie, sinon notre secret sera révélé. » La lyrienne regrettait amèrement de s’être jetée impulsivement dans une histoire pareille. « Autant tout expliquer à l’infirmière, tu ne vas pas attendre là dans cet état ! »

« Et on leur dit quoi ? Que tu as fait ça ? » Tout bien réfléchi, Otobis avait bien envie d’accuser Mélusine et de lui faire perdre sa scolarité. Elle le méritait, pour être une teigne doublée d’une brute. « Mais tu as besoin d’être soigné. » C’était peut-être un méchant, mais elle n’avait pas envie d’être une meurtrière. Pas à un si jeune âge. Un premier homicide, c’est comme une première expérience avec les drogues dures : dans la vingtaine, c’est acceptable, mais pour un adolescent, c’est vraiment de mauvais goût. « Fais ce que je te dis. Il n’y a pas d’autre solution. » Peut-être que, si elle souhaitait qu’une alternative existe, elle lui apparaîtrait.

Otobis sombrait dans un état proche de l’inconscience, trop affecté par le choc et la douleur. Certaines phrases lui parvenaient, sans qu’il ne comprenne le contexte dans lequel elles étaient prononcées. « Désir ? » – « À ton service. » – « Je souhaite que tu le maintiennes dans cet état jusqu’à mon retour. » — « Soit. Je m’efforcerai de le faire, dans la mesure du possible. » – « Non, tu réussiras. S’il te plaît, c’est important. » – « Je suis un exauceur de rêves amateur, pas un faiseur de miracles. Allez, va te débarbouiller. » Il entendit des pas. Puis, une sorte de brise. Maintenant, il rêvait.


Mélusine n’avait pas l’âme d’une écrivaine. Pourtant, en cet instant, elle aurait pu compiler une liste de mille et une raisons pour lesquelles elle regrettait cette activité d’héroïne. Elle n’allait pas la faire — il y avait plus urgent, mais son esprit la rédigeait à sa place. Dire qu’il y a moins d’une heure, elle pensait encore que crier « Par le pouvoir du prisme de Drejt, transforme-moi ! » et jouer les justicières était une bonne idée. De toute évidence, le travail de guerrière en uniforme n’était pas fait pour elle. Il faudrait se débarrasser de la broche, et mettre fin à cette farce qui avait de loin dépassé ses intentions initiales. Mais avant cela, elle devait prévenir Otoris.

Et cette mission allait échouer, à en juger par la délicate main qui venait de saisir le poignet de Mélusine, entre deux foulées. « Madame Sidiun, je viens dans cinq minutes, je dois juste… » Par où commencer ? Que pouvait-elle vraiment révéler ? « Il n’y a pas de ça avec moi. Tu peux m’appeler Yuan. Par contre, ce que tu ne peux pas faire, c’est t’absenter pour ton heure de colle. » La surveillante avait beaucoup de sympathie pour la délinquante qui, il y a quelque temps, lui avait montré à quel point elle tenait à son frère. Aider la pauvre lyrienne à se calmer — en l’enfermant dans la remise – était sans doute l’événement le plus marquant de sa première journée en tant qu’assistante de la professeure d’arts plastiques. « Je ne veux pas avoir à remplir un rapport si tu t’absentes. Sois sage, veux-tu ? » Mélusine n’avait pas les mots. Surtout, elle ne voulait pas une nouvelle fois se confier au personnel de Basphel. D’une part, c’était embarrassant. D’autre part, c’est à cause de cela qu’elle avait rencontré le Sylphe qui l’avait mise dans cette situation. Les surveillants, professeurs et leurs assistants devaient porter malchance. Alors, il fallait apparaître calme. Avec un peu de chance, Otoris rejoindrait la pièce où ils expiaient leur heure de colle.

883 mots.


Note : l'heure de colle est décrite dans ce RP encore en cours.


[Q] Le pouvoir du prisme de Drejt 3v8q
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Le lendemain soir...

La nuit tombée, l’infirmerie n’était éclairée que par la lune. Une atmosphère sereine et silencieuse planait entre ces murs. Sous son capuchon, Otoris approchait discrètement le lit où son clone dormait. « Hé, tu es là ? » En réponse, le sorcier leva péniblement ses paupières. « Je suis content de te voir. » Réveiller une personne blessée est généralement peu courtois, mais le magicien faisait fi de ce genre de normes : il voulait lui parler. « Il ne faut pas qu’ils te voient… » – « T’inquiètes, je resterai dormir dans la chambre de Mélusine jusqu’à ce que tu sois guéri. Comme ça, ils continueront à penser que tu es moi. Tiens, pour que tu aies des forces. » Il déposa une clémentine au chevet de son clone. « Je suis vraiment désolé qu’elle t’ait fait ça. Tu ne le mérites pas. En plus c’est moi, qu’elle invitait sur les toits. »

« Non, c’est moi. C’est parce que j’apparaissais comme un méchant sur son radar. » En réalisant ce qu’il venait d’admettre, Otobis regretta d’être doué de parole. L’Original n’était pas censé savoir qu’il était un sorcier. « Oui, je sais. Elle m’a tout expliqué. Mais son radar est stupide. Tu es presque mon jumeau, tu ne causes pas le mal. » Le clone ne comprenait pas cette réaction. Il était presque vexé. « Mais si ! Je suis un sorcier. » – « Un gentil sorcier alors. » – « Non, un méchant sorcier ! » Quitte à ce que le pot aux roses soit révélé, autant en tirer de la crédibilité. « Tu sais bien que moi, je te fais confiance. Quand j’ai dû aller en heure de colle à ta place, j’étais en colère. Mais… » Il cherchait comment exprimer sa pensée.

« Quand elle m’a expliqué ce qu’elle avait fait, et tout ce qu’il s’était passé… j’ai jamais eu aussi peur. » Il avait envie de lever son capuchon pour ajouter une dimension théâtrale à son monologue, mais savait qu’il s’agissait d’une mauvaise idée. « On se chamaille souvent, et tu es tout le temps grognon et négatif, mais je ne pourrais pas être ici sans toi. Enfin si, je pourrais tout à fait, mais ça serait moins bien. » Otobis avait du mal à accepter ces mots qui se voulaient réconfortants, lorsqu’ils venaient d’une personne qu’il avait tant enviée et antagonisée. « Avoir un clone c’est vraiment bien. On est pas pareils, mais on se complète bien, non ? Tu es dans ton coin, tu es meilleur avec les livres et les notes… ça m’aide, je trouve. Je te l’ai pas assez dit, mais j’espère que je t’aide en retour. Je veux qu’on fasse plus de trucs ensemble. »



Mélusine déposait un sac, au milieu de sa chambre. Il contenait certains effets personnels d’Otoris. Celui-là même qui était en train de fouiller dans les trésors de la voleuse, sous son lit. En temps normal, elle ne l’aurait pas laissé toucher à ses affaires. Malheureusement, les circonstances ne se prêtaient plus à la bagarre. « Donc, elle est où, la broche dont tu me parlais ? » Elle soupira, sachant exactement ce que le magicien comptait faire avec. « Je l’ai. » La justicière sortit le bijou magique de sa poche, pour le montrer non sans honte à sa victime collatérale. « Tu comptes en faire quoi ? »

« Je pourrais la donner à quelqu’un de l’école. Une élève de la craie, peut-être. » Au lieu de répondre, Otoris se leva, pour se diriger vers le sac. Il l’ouvrit et, entre deux pelotes de laine et un crayon, en sortit le tricot sur lequel il travaillait. « Ils veulent broder une colombe et un croissant de lune, par-dessus. » La lyrienne ne savait pas comment réagir. « Que ce soit mérité ou non, les gens adorent la nouvelle justicière masquée. J’ai fini par l’aimer aussi. Si une élève reprend le flambeau, elle aura cette réputation et elle finira par faire comme toi. » Elle ne l’avait jamais vu amer et en colère, auparavant. Elle n’aurait pas pensé que quelqu’un comme lui soit capable de ressentir des émotions négatives.

« OK, je ne la laisserai pas à Basphel. Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je peux même pas m’occuper d’un chat sans l’aide de mon frère. Je vais pas faire le tour du monde seule pour trouver la personne à qui donner la broche de Sél'Or'Moune. » Otoris croisait les bras. « On ne sera plus copains tant que tu ne t’es pas débarrassée de cette broche ! Je ne sais pas comment tu as fini avec, mais si tu as su l’obtenir, tu peux t’en désencombrer. » À vrai dire, elle ne savait plus exactement comment elle avait récupéré l’artefact en premier lieu. Le génie avait simplement eu à le localiser depuis sa boîte au trésor. Et cette entité, justement, avait encore un souhait à lui accorder. Mélusine n’avait pas envie de gâcher ce dernier vœu, mais elle voulait racheter ses erreurs. Il n’était visiblement pas très puissant, mais elle espérait qu’il soit capable de téléporter loin. Quelque part où quelqu’un en aurait besoin, et où on saurait faire bon usage du pouvoir du prisme de Drejt.

Pourtant, elle hésitait.

838 mots.


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