Partenaire : Solo
Intrigue/Objectif : Latone essaye d'être heureuse avec sa nouvelle vie, mais le devoir rappelle toujours à l'ordre.

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" ... Et pour finir, je porte un toast à une merveilleuse femme : ma maman chérie. Après tout, elle est à l’origine de la plus belle œuvre de Linos : moi ! Des rires s’élevèrent dans la foule, les cordes vocales en firent presque trembler le mobilier. Chideily leva son verre plus haut. À nous tous, que Senere nous écoute ! "

" Que Senere nous écoute ! " Ensemble, ils finalisèrent les honneurs d’une traite.

Lasudri eut du flaire : Lolaha avait bien fait de l’écouter et de ne pas céder aux tentations du vil serveur. Ce millésime, tout droit sorti des caves Dontheilea, ne ménageait pas son foie. Un fort caractère, très délicieux. En outre, une cuvée dont on ne pouvait pas s’offrir n’importe où. Elle soupira intérieurement. Lors de leur première rencontre, elle ne s’était pas du tout attendue à ce que Chideily soit aussi riche. Elle avait l’air si simple, si détachée de toutes les grognasses de l’Opéra. Peut-être était-ce cette opulence masquée qui lui permettait d’être… juste Chideily.

Naturellement, toute la foule partit sa compacité une fois le discours des hôtes terminé. Certains s’en retournèrent sur la terrasse, d’autres préfèrent aller à l’étage. La plupart se contentait de la salle de réception, où les Dontheilea avaient fait inviter un maestro du piano. Lolaha aurait bien voulu s’en rapprocher pour l’écouter, mais le brouhaha des invités prédominait sur tout le reste. Son regard rencontra celui de ses sœurs, qui cherchaient à plus ou moins restées ensemble. Eposi s’était déjà éloignée pour discuter avec de grands pontes. Nizanza était introuvable, simplement apparue faire un petit coucou à la sororité avant de disparaître dans l’amalgame.

" Lolaaa, tu es lààà ! " La concernée reconnaîtrait cette voix entre mille, si fluette et douce !

" Chichiii ! " Les deux amies étendirent les bras pour se faire un bref câlin. Lolaha adorait imiter le ton mièvre de sa collègue.

" Je suis trop conteeente que tu sois venue ! Oh là là, toutes les Lèvres Noires réunies ! " Les sœurs saluèrent à leur tour leur obligée. Vertigo fit tournoyer l’alcool dans son verre.

" Haha, presque toutes. Je te présente, dans l’ordre, Lasudri, Sumne, Cresrie, Orevra, Fimibre. " Chichi sembla tilter sur l’un des noms.

" Oooh, Cresrie, c’est… " Cette dernière sourit nerveusement, Lolaha acquiesça aussitôt de la tête, déposant une main rassurante sur l’épaulette de sa cadette.

" Notre sœurette de l’extérieur ! Celle-ci dénotait avec ses sœurs, son costume plus formel et pratique, sapée tels les soldats. Elle reste à Linos pour quelques temps. " La nouvelle rencontre tissa quelques mondanités. Cresrie savait se présenter comme une jeune femme droite et modeste.

" Notre mère souhaite vous présenter ses excuses pour son désistement, son état physique ne lui permettait pas de nous accompagner. "

" La santé, et surtout le moral, avant tout ! D’une voix plus discrète, elle ajouta : Ne faites pas attention aux regards. Certes, toutes ensembles, vous intriguez, mais il n’y aura rien de plus que des mots qui se perdront dans quelques coupes. Elle leva l’index, impérieuse. Si on vous importune, il me suffira d’un ordre pour laver votre honneur. " Son sourire s’agrandit, trop bonne pour ce monde.

En un simple échange, les sœurs de Lolaha comprenaient pourquoi cette dernière s’était attachée à cette personne. D’autant plus que, pour des Alfars, il était plutôt compliqué de tisser de réels liens forts. On se targuait qu’ils n’étaient bons qu’à rester entre eux ; alors qu’à Linos, toutes les Voix comptaient. C’était ainsi. Les Kirzor cassaient en partie ce code et ne seront pas plus une exception que dans le passé, ou dans le futur. Quoi qu’il en soit, Chideily leur laissa suffisamment d’espace pour s’acclimater. Si la soirée ne venait pas à elles, alors elles n’auront qu’un pas à esquisser.

" Je n’ai plus de jus… " La petite Fimibre était toute triste.

" T’en fais pas, on va aller en chercher ! Orevra lui tapota le dos pour l’encourager à l’accompagner jusqu’au buffet. Moi, tout ce qui m’intéresse, c’est le copain de Nizanza, toute façon… " Sumne fixa les deux plus jeunes partir à la chasse d’un remontant.

" Hmm, Nizanza nous cherche, peut-être ? " Lasudri préféra ignorer ces racontars et s’en retourner sur Cresrie.

" Tu ne portes pas le noir aux lèvres et tu te présentes comme une guerrière. On peut difficilement te considérer comme l’une des nôtres… " L’aventurière haussa les épaules, sa main gantée sur le fourreau d’une dague à sa ceinture.

" Cette tradition est derrière moi, Lasudri. Je reste votre sœur mais aussi votre gardienne. Elle fronça un brin les sourcils. Même si Ghydra était en froid avec notre famille, je ne vous souhaite pas un sort aussi funeste. " Imperturbable, Lasudri demeura stoïque.

" Ce sujet ne faisait pas parti de mes propos. " Lolaha roula des yeux et donna une tape contre le dos de la cantatrice de Senere, ce qui déplût évidemment.

" Allez, on se détend et on s’amuse. " Enjoignit-elle avant de partir dans une direction aléatoire. Si un scandale devait naître, elle refusait d’être dans les parages.

Telle une diva de renom, la jeune Kirzor s’assura de réaliser une sortie théâtrale. Très tôt, leur mère leur avait enseigné les codes, les postures. Sa famille n’était ni immensément riche, ni assez pauvre pour n’être que dédaignée, néanmoins elles effleuraient de près l’élite. Lolaha comprenait déjà les œillades à son égard, proche de ce genre de public ; l’avertissement de Chichi s’avérait à l’adresse des autres sœurs, moins familières avec ce milieu. Ainsi, la chanteuse demeurait droite, sa vision calculée, toujours un verre à la main, disposé à être rempli en cas de sécheresse.

Grâce à ce manège, Lolaha parvint à se débarrasser de ses sœurettes afin de se rapprocher de la scène. Ici et là, quelques pas de danse sur le rythme du pianiste. De son doigté brut, il jouait de son instrument avec brio et usait de la magie Linèsienne pour rajouter quelques notes exotiques. À lui seul, il était capable de diriger l’orchestre et de manipuler ceux qui l’entendaient de cette oreille. Le rêve d’un véritable virtuose. Vertigo l’admirait. Fière de sa Voix, elle ne se pensait pas moins plutôt novice sur bien des aspects de son art. L’un d’eux s’avérait étroitement lié à la musique.

" Mademoiselle Kirzor. " Elle écarquilla des yeux et pivota aussitôt vers son interlocuteur. Ses lèvres noircies, un brin entrouvertes, témoignait de son désarroi.

" Siffleur Gandr, vous ici ? " Pour avoir été tous les deux à un comptoir de bar, se retrouver ici-même lui paraissait improbable.

" L’Aulos ne manque pas de contact. Moi non plus… Il tendit sa paume pour cueillir celle de la Kirzor. Après tout, je vous connais. " Il baisa avec timidité la main de Vertigo. Celle-ci réfréna un ricanement.

" Ce n’est pas moi qui vous ai ouvert la porte des Dontheilea… " Il se redressa avec un sourire en coin, les mains jointes derrière son dos. Il était habillé d’une sorte d’uniforme aux couleurs de l’armée.

" On peut encore passer des heures à se questionner de la sorte, en écoulant des litres de spiritueux hors de prix, comme la dernière fois. Elle sourit à son tour. Ou alors… "

" Lola’ ! Je t’ai enfin retrouvée. Nizanza s’approchait aux bras d’un homme, dont l’aîné devina de suite sa relation. Je te présente Cyian Dubliz. " Ce dernier entreprit une semi-révérence.

" Ravi de faire votre connaissance, Vertigo. " Évidemment, elle suivit la politesse gestuelle.

" Ne vous offusquez pas, mais jusqu’à maintenant je vous pensais irréel. Elle vend très mal son amoureux ! "

" Hé, je ne te permets pas ! " Cyian ne parût pas atteint, au contraire il en riait.

" Je te reconnais bien là, ma chère. " Il lui prit le menton, comme pour la tenter de l’embrasser ; cela semblait être un jeu de regards qu’ils adoraient.

" Comment vous êtes-vous rencontrés ? "

" À la bibliothèque Strar, il y a de cela quelques semaines. Autrefois, je travaillais comme libraire là-bas, avant de me reconvertir en archiviste. Je réalisais quelques recherches lorsque je me suis retrouvé dans le même rayon que Nizanza. Vous vous doutez bien que notre tout premier sujet de conversation concernait la littérature. " Elle acquiesça, le regard pétillant.

" Comme quoi, Lola', tu devrais plus souvent sortir de l'Opéra pour faire de belles rencontres. "

" Tss, on y pensera, Nini. "

Nizanza finit par noter la présence de l’autre homme. Rapide et efficace, Gandr entama les courbettes à la manière militaire.

" Agent Gandr, de l’Aulos. " La cadette jeta une œillade narquoise vers son aînée.

" Ton fameux Siffleur. Lolaha leva les yeux au plafond, comme si elle n’écoutait pas. C’est parfait, venez danser avec nous ! "

La soudaine proposition laissa l'aînée pantoise. Sa jeune sœur s'adonnait déjà à entraîner sa moitié sur la piste de danse. Si Lolaha ne la suivait pas, Nizanza lui en voudrait durant des mois, c'était obligé. Mais en même temps, le fait de s'imaginer partager une danse avec le Siffleur la troublait. Ce dernier brisa cette glace qui s'installait en lui tendant une main invitante. La Kirzor ne comprenait pas sous son air nonchalant s'il était ravi de l'occasion ou si ce n'était qu'une formalité pour lui. Sans alcool, il semblait plus ardu à décrypter.

" M'accorderez-vous cette danse ? " Elle y répondit favorablement, silencieuse.

Comme pour accueillir l'affluence de nouvelles têtes, le chef d'orchestre passa à une nouvelle composition. Lolaha et Gandr se rapprochaient de Nizanza et Cyian. Les frangines échangèrent un regard complice avant de se concentrer sur leur partenaire respectif. Lorsque les premières notes sonnèrent, la chanteuse se rapprocha du soldat et lui confia aussitôt son embarras.

" J'ai du mal à danser… " Vif, il lui souffla ce conseil à son oreille.

" Suivez mon tempo : je vous rattraperai. "

Incertaine, la Kirzor suivit le rythme du Siffleur avec défiance. Elle ne comprenait pas où il voulait en venir au tout début. Les premiers pas s'avéraient enfantins mais la suite lui donnait raison sur la complexité de cet art. C'était déjà un miracle qu'elle n'écrasât aucun orteil. Malgré tout, Gandr donna sa parole. Lolaha vit les lèvres de ce dernier bouger, succinctement. Il sifflait. De manière partielle, la magie du Siffleur couvrait la silhouette de la diva et l'aidait à esquisser des mouvements inimaginables pour elle. Au fil de la danse, la Lèvre Noire laissa son imagination la bercer et ils finirent par rivaliser parfaitement avec l'autre couple. Ce moment si privilégié marqua son esprit. Comme si des ailes lui poussaient, comme si un envol lui fit atteindre des sommets. La musique envahit tout son être…

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Latone fredonna cet air qui lui trottait dans la tête, prenant soin de ne pas trop se faire remarquer pour autant. Elle revenait de Ciel-Ouvert pour un approvisionnement. À force, on ne pouvait que l'autoriser à assouplir ses déplacements ; comme si contenir une telle furie en place s'envisageait. Sans prendre en compte la situation épineuse, la jeune Orisha se trouvait plutôt heureuse de son sort. Les jours s'écoulaient à son rythme, ses activités se multipliaient et ses connaissances s'affirmaient. Parfois, Hihtyx lui chuchotait de nouveaux airs de Lolaha, principalement durant ses nuits. Comme des rêves. Lentement mais sûrement, Latone prenait sa nouvelle vie en main et affirmait son identité. Latone, fière Marcheuse.

Roh… Me dis pas que Mambo est encore vers le jardin. La Bleue détestait lorsque le Yack s'aventurait trop près de son œuvre. Il ne s'était pas remis à lui bouffer les plantations comme lors des premiers jours, néanmoins elle ne voulait pas risquer qu'il recommençât. En soi, cet animal était plutôt vieux et clairement indépendant. Elle recommença à fredonner après avoir déposé ses rations près de l'entrée, le tri pourra attendre. Elle longea le mur Est et une odeur persistante lui chatouilla les narines. Au fil de ses pas, ses sourcils se froncèrent. Ces effluves lui rappelaient quelque chose. Son chant cessa et elle arriva dans l'arrière-cour. Le jardin, ses belles poires de Jun et ses jolies fleurs… Tout avait disparu, réduits en cendres. Le feu s'était étouffé depuis un certain temps mais sa fumée continuait de se fondre dans les cieux. Latone s'approcha, son pas plus lent. Son malheur ne s'arrêta pas en si bon chemin : au centre du méfait, un piquet était planté et soutenait la tête du Yack. Aux pieds de l'œuvre mortuaire, les entrailles déchiquetés de l'animal étaient éparpillées, piétinant le moindre espace viable pour ses plantes. Feu et sang se mêlaient à travers les sens de la Guide.

" Non… "

Elle n'osait pas bouger, cette perspective était impensable pour elle. Son corps ne répondait pas à ses ordres. Il était mortifié, comme si la Mort l'enserrait. La jeune femme avait beau cligné des yeux, rien ne revenait à la normal. Ce massacre, un seul responsable pouvait être désigné.

" Latone. Elle se retourna lentement vers Thémis, elle venait à peine d'arriver. Elle voulait prévenir mais… c'était déjà trop tard. Elle constata de ses propres yeux le saccage et ne tarda pas à confirmer ses craintes. C'est elle. "

Latone vit rouge.

2246 mots ~

" Latone ? "

La Guide s'extirpa de ses pensées. Alertée par ses compagnons de trône, la jeune femme se redressa sur son siège. Contrairement aux habituelles réunions dans le hall – où le public pouvait écouter sans filtre les décisions de la Marche – le cercle fermé des Guides s'était rassemblé dans une pièce à part. Autour de la grande table se succédaient "Latone", Ykürr, Katraht, Charras, Koe, Blarorkh, Kerby. Prune venait tout juste d'arriver et de s'assoir entre Blarorkh et Kerby. Ce dernier et Ykürr encadrait la Fille des Chants qui semblait remettre en place ses réflexions. Il était rare que les Guides se rassemblassent ; il ne manquait plus que Narn.

" Les esclaves… Répéta-t-elle en repassant une main dans ses cheveux blonds. Nous devrions les remettre à l'Ubaël de l'Edelweiss enneigé. Les laisser partir ainsi, sans protection, ne ferait que les exposer à nouveau au danger. Ses iris bleutées s'abattirent sur Charras. D'autant plus que nous les avons récupérés sur le territoire des Orishas. "

" Je suis d'accord – commença le vénérable Katraht – que nous devons nous assurer de leur sécurité. Mais les Sorciers savent que nous gardons ces pauvres gens. Peut-être attendent-ils de leur tendre une nouvelle embuscade ? "

" J'ai convié plusieurs caravanes de patrouille à Rosalie. Blarorkh croisa les bras. Ces scélérats n'ont pas réessayé de s'approcher. " Kerby était sceptique.

" Vous suggérez que c'est le bon moment pour les laisser partir ? " Ykürr balança doucement la tête, négativement.

" À mon avis, nous devrions les héberger plus longtemps. Ils sont encore incertains, hésitants. Nous comprenons leur désir de liberté, mais si nous pouvions réussir à leur soutirer plus d'informations sur leurs tortionnaires… "

Le débat continuait éternellement, sous l'empressement de plus en plus palpable de Latone. Tendue, elle cherchait à restreindre son impatience. Mais cette idée de "finir le travail" continuait de la hanter. Soudain, le clinquant de la porte fit rentrer le retardataire : Narn Stofeick, de sa haute stature, referma l'entrée derrière lui et fit le tour de la table. En quête de son siège, sa démarche féline laissait supposer qu'il était constamment en chasse. Latone suivit ses mouvements, plutôt intriguée par le silence morne qu'il venait de lancer. Aucun Guide ne pipa mot, ni ne sembla bouger d'un pouce. Kerby jeta un air désolé à Ykürr, ce dernier retint son agacement. Blarorkh alla chercher la main de Koe, sous la table, pour la rassurer. Katraht souffla du nez et bascula la tête en arrière ; "à quoi bon ?" devait-il se dire. Sans une once de surprise, Prune finit par fixer avec des yeux assassins la Guide l'ayant portée dans son ventre autrefois.

Lorsque Narn arriva au niveau de Latone, il renifla. De plus en plus fort, son odorat recommençait à le titiller. Il partagea un air méfiant aux voisins, ils firent mine de ne pas le voir. Une inspiration plus tard et ses mires écarlates se posèrent sur la Descente. Tout près d'elle, il renifla d'autant plus. Latone le fixa, sans réplique. Ce n'était pas la première fois que l'Eversha se comportait de la sorte. Sous le meuble, des lames commençaient déjà à se dénuder.

" Tu pues. Sa voix était rauque. Il lui avait déjà dit ça la dernière qu'il l'avait croisée. Cette fois, il venait de prendre conscience de quelque chose de très important. … Tu n'es pas Latone. "

La porte claqua, le métal s'abattit contre la pierre. Sous les regards abasourdis, Latone – la véritable – accourait vers eux, armée jusqu'aux dents. Son regard de folle à lier démontrait une soif de sang insatiable.

" T'AS CRAMÉ MON JARDIN, SALOPE ! " Sans crier gare, elle jeta une hachette en direction de l'usurpatrice.

Le sang de cette dernière ne fit qu'un tour et elle se renversa à l'opposé de Narn pour esquiver le projectile. Tous ensemble, les Guides tirèrent leurs armes au clair.

" Qu'est-ce qu— ?! " L'Eversha tenta de choper l'ennemie mais elle réussit à bondir sur la table.

Latone y vit un plaisir de la cueillir et prépara sa claymore. Elle n'avait pas le choix de passer par elle : l'originale gardait sa seule issue de secours.

" Tu es morte ! "

Toutefois, même l'adresse de ses camarades ne suffit pas à arrêter la fuyarde. Celle-ci fit preuve d'une aisance remarquable pour sauter par-dessus leurs attaques, y compris au-dessus de la Marcheuse. Bordel ! Elle se retourna et tenta de l'attraper au vol, en vain.

" SCELLEZ LES PORTES ! " Le puissant Tonohr de Katraht atteignit leurs alliés, qui s'empressèrent d'isoler les présents à la Vigilante de l'extérieur.

Sans perdre une seconde, Narn suivit la piste de l'infiltrée. Confiante en ses capacités, Latone se décida de le suivre à la trace. Les autres Guides s'éparpillèrent au sein du château pour localiser l'ennemie.

La Bleue gravit des escaliers et localisa le saccage laissé par l'incarnation du Lynx. L'agente double chercha à s'enfuir par l'une des fenêtres, mais Narn lui laissa guère l'occasion. Il la projeta en arrière et elle se retrouva en étau entre les deux Guides. Ces derniers échangèrent une lueur de défi.

" C'est ma proie ! "

" La mienne ! "

Le Lynx brandit sa hache, l'espionne esquiva le coup et tira une dague de son fourreau. Latone ne se fit pas attendre et tenta un estoc que l'autre para. L'Orisha força sur le baiser métallique afin de retarder sa fuite, ce qui permit à Narn de tenter une nouvelle attaque horizontale. Latone écarquilla les yeux : son assaut allait l'emporter avec elle ! Elle dût abandonner son duel serré pour esquiver l'attaque aussi. N'ayant même pas le temps de jurer, l'Aäsho se releva et constata un échange serré entre Narn et son double. Par un jeu habile de magie et d'outils sophistiqués, l'usurpatrice créa un écran de fumée qui aveugla temporairement le Lynx. Durant ce laps de temps, Latone tenta de trouver une occasion de blesser leur adversaire, sans toucher son compagnon. Malheureusement, ayant une idée toute faite en tête, la fausse Latone se jeta sur elle et la désarma. Une entaille se créa sur son bras et la sauvageonne répondit par une boule de neige dans la face de l'autre, la désarmant de sa dague à son tour.

Narn se remit enfin de son handicap et constata avec un certain agacement que les deux Latone étaient identiques. Durant la lutte, l'usurpatrice copia à merveilles les vêtements et la physionomie un brin différente de la ressuscitée. L'Eversha ne comprenait pas comment elle avait pu changer à ce point, mais il s'en fichait, car si les apparences étaient trompeuses… L'odorat ne l'était pas. Il agrippa par le cou l'infiltrée.

" Pour la énième fois : tu pues. "

L'espionne ne se laissa pas déstabiliser et profita de la proximité pour lui asséner un vif coup de lame près de la gorge. Narn perdit aussitôt toute force de lutter et Latone usa de l'occasion pour attaquer par derrière. La flissa toucha mais ne retarda pas la fuite. Un instant, la Bleue hésita à assister son camarade blessé, celui-ci lui jeta un regard noir. Tant pis, sa vengeance comptait davantage.

Preste, la Kirzor fila à travers les couloirs de la Vigilante, sur les talons de cette sans-cœur. Les Jun et Mambo représentaient un poids dans sa vie, une signification qui lui apportait des réponses, un but. Un souffle de vie qui la poussait à se surpasser, à honorer cette chance que lui offrait l'Æther. Il était hors de question de la laisser filer sans payer.

Se sachant cernée de toutes parts, la traîtresse n'aurait d'autres choix que d'éliminer toutes les menaces sur son passage. Elle se sentait confiante, les ayant bernés et surtout intimidés aussi longtemps. Quant à celle dont elle usurpait le nom, ce ne serait qu'une formalité : après son jardin de poires et son yack – dont elle s'était fait un plaisir à dépecer et massacrer – ce serait son tour. Latone finit par la rattraper jusque dans ses appartements. La pièce était suffisamment grande pour un combat de titanides. La propriétaire légitime ferma la porte derrière elle, du plat de la botte. Elle avait hâte de lui tomber les masques, de découvrir enfin qui était derrière cette mascarade.

" Tu ne pourras plus te cacher. " Elle fit tournoyer sa flissa entre ses doigts et se mit en garde.

" Finissons-en… Elle fit apparaître deux dagues durant un ersatz de révérence. Dans les règles de l'art. "

Cette déclaration ne lui plût aucunement. Et pour cause, avec un certain effroi, Latone ressentit la magie virevolter autour d'elles. Elle la reconnaîtrait entre mille, maintenant qu'elle s'était découverte : la Magie des Chants.

Tu croyais être la seule à pouvoir utiliser la Voix ?!
La Bleue grinça des dents. Puisqu'il en était ainsi : Khitarr !

Remballe tes palabres, tu ne seras jamais comme moi !
Leurs lames s'épousèrent et se renvoyèrent, encore et encore, avec force et entêtement. Tout autour d'elle, le décor se détériorait dans un cataclysme.

Ton règne s'arrête là, tu n'y as plus ta place !

Arrête-toi donc là, ton rythme est à la ramasse, pouffiasse !
Gratuit et inutile. Comme cette usurpation et son saccage à la roulotte, au final. Sur ce terrain, l'agente double aurait beau être plus agile que Latone, celle-ci dominait largement les rouages du Khitarr. C'était sa Magie, son terrain de jeu. Dans ce cocon chantonnant, elle redevenait tout bonnement Vertigo. La Vigilante s'effritait encore à mesure de leur valse mortelle, il ne restait que des dalles volantes, des pans de mur flottants. Ciel-Ouvert n'avait qu'à lever les yeux pour assister à leur spectacle.

Tu tomberas de ton piédestal, tout comme les autres avant toi !

Ce sera avec ma Voix bestiale, que tu chuteras avant moi !
L'acharnement s'éternisa tant qu'une avalanche traversa leur champ de bataille. Tout autour d'elle, la montagne accompagnait leurs cris de guerre. Les lames chantaient, les plaies s'ouvrirent, les corps agonisèrent. À mesure que le duel se métamorphosa en bain de sang, leur Voix respective s'éteignit et le Khitarr cessa. Même si Latone connaissait les tenants et aboutissants de la Magie de Linos, elle ne parvenait pas à rivaliser avec les ressources de sa Némésis.

En reculant un brin, ses lèvres laissèrent échapper un souffle glacial. Elle en viendrait pratiquement à tituber et montrer à cette fameuse "poufiasse" que la capitulation poindra le bout de son nez. Était-ce ainsi, n'y avait-il donc aucune alternative ? Pourquoi Latone devait-elle échoué systématiquement, malgré tous ses efforts, malgré toute sa volonté ?

Finalement, la véritable question, n'était-ce pas : que ferait Lolaha Kirzor ?

1820 mots ~

Exténuée, Lolaha profita de l'accalmie pour sortir et respirer un coup. Souhaitant s'isoler un peu de la foule compacte, elle se retrouva bien vite dans un coin plus ombragé en compagnie d'Eposi et d'Orevra. La jeune femme rectifia sa coiffure. Emportée par l'élan de Gandr, elle s'était sentie comme un chiffon qu'on secouait dans tous les sens. Pour autant, ce fut un moment plutôt agréable. Le Siffleur ne semblait pas quelqu'un de très tactile, alors qu'il jetât son dévolu sur elle gonflait son égo. Les rumeurs s'alimenteront, elle les écartera d'une main de maître. Ce ne serait, de toute évidence, par leurs affaires.

Orevra accueillit son aînée avec un grand enthousiasme. Non pas qu'elle détestait Eposi, elle partageait simplement plus de complicité avec Lolaha. Elles échangèrent quelques ragots, quelques scandales qui lui étaient parvenues. D'une habileté à toute épreuve, la benjamine du groupe mit de côté le sujet de sa danse provoquée par Nizanza et trouva aussitôt un autre point à aborder entre sœurs, tandis qu'elles firent le tour de la propriété.

" Il est pas mal, le nouveau copain de Nizanza. " Orevra acquiesça aussitôt, l'ayant enfin aperçu.

" Conservateur de la Strar, ce n'est pas une position anodine. " Nota Eposi.

" Comme d'habitude, elle a visé haut. "

Le fait que Nizanza enchaînât les relations était loin d'être une première. Ce parti-là semblait plus intéressant que les précédents ; avec un peu de chance, il sera aussi son ultime choix.

" Lasudri est de plus en plus acerbe, ces derniers jours… "

" Son intronisation est pour bientôt, il est normal qu'elle soit un tantinet agacée. Elle est ainsi. " Lolaha le pensait de la même manière. Silencieuse, elle songea à un détail.

" Si Lasudri l'apprend… "

Forcément, elle ne termina pas sa phrase. Des oreilles indiscrètes se tendaient si vite.

" Cela n'arrivera pas, d'accord ? Le ton employé ne laissait aucune place à la discussion. Quand bien même elle l'entend, elle ne pourra pas le mentionner. Pas à un seul moment. " Ce qui était vrai. Mais cela n'allait pas aider non plus.

Depuis le décès de Ghydra, les tensions grandissantes dans la sororité affaiblissaient leurs complicités. On s'entêtait à tisser une rivalité entre elle et Eposi, d'autant plus avec Lasudri qui se gênait de moins en moins pour évoquer tout haut ses pensées. Le portrait craché de leur mère, en somme.

" Hé… Orevra saisit la manche de Lolaha, immobilisant leur cortège un instant. Tout ira bien. " Touchée par la compassion de la plus jeune, Vertigo lui sourit.

Elles n'en firent plus mention par la suite. La soirée devait avoir entamé la moitié de son temps. En passant devant les grandes fenêtres de la salle de réception, elles purent admirer la piste de danse être bondé. Les chorégraphies, aussi mystiques que romantiques, se succédaient sur le tempo du chef d'orchestre. Ici et là, les convives se rassemblaient ou s'isolaient ; se rencontraient ou s'évitaient. Les Kirzor ne cherchèrent pas à faire sensation, ce qui permettra à leur génitrice de dormir sur ses deux oreilles. Lolaha supposait que son moment avec Gandr ne s'ébruitera guère. La rançon de la gloire pouvait se montrer si imprévisible.

À mesure qu'elles exploraient les – immenses et labyrinthiques – jardins Dontheilea, le trio ne put s'empêcher d'imaginer leur futur domaine de la sorte. Malgré leur modeste richesse, la nouvelle génération des Kirzor suivaient la bonne voie vers la fortune et la célébrité. Ce fut du moins ce qu'espérait la matriarche. Lolaha n'entra à l'Opéra que par passion, Lasudri au Temple par conviction. Les autres filles redoublaient d'effort pour suivre de telles traces. Quant à Nizanza, eh bien, elle avait eu du flair et de la chance…

Beaucoup de chance.

" Oh, c'est Nini. " Celle-ci vit son aînée et se retourna à moitié.

" Et son copain, laissons-les. " Chuchota Orevra en amorçant une sortie.

" LOLA' ! "

Le cauchemar ne faisait que commencer. Ce fut à ce moment précis que la Kirzor comprit, bien trop tard, que le châtiment qui frappa Ghydra n'était que la partie immergée de l'iceberg. Ce cri de Nizanza n'était pas celui d'une femme ravie de revoir sa sœur lors d'une soirée mondaine. Non, c'était la détresse d'une proie aux griffes d'un prédateur. Tout souriant, Cyian se décala un brin de leur sœur pour s'exhiber au trio, sans pour autant relâcher son étreinte sur sa liaison.

" Vertigo. Sourit-il avant de s'attarder sur les deux autres. La petite Orevra et la ravissante Eposi. "

Lolaha était figée, muette. Si l'appel de sa petite sœur ne l'avait pas déjà alertée, ce serait l'expression mortifiée sur le visage de Nizanza. Tout d'abord l'effroi, une angoisse si palpable dans ses mires, avant de céder à une résolution lorsque son partenaire se dévoila. Ce n'était pas son genre. Elle la connaissait plus vive et plus spontanée. Dans cette situation précise, elle se serait plainte de leur intrusion et les aurait déjà chassées. Présentement, tout le contraire opérait.

" Excusez-nous, on ne vous dérange pas plus ! " Orevra était si naïve et innocente.

Malgré tout, le silence qui s'ensuivit confirma les craintes de Vertigo. La plus jeune commença à comprendre que quelque chose clochait : pourquoi ses aînées ne réagissaient plus ? Latone avait ressenti toute la détresse de Lolaha et sa tentation de se noyer dans le déni. Pourtant, ce fut Eposi, à ses côtés, qui l'aida à surmonter cette épreuve.

" Sieur Dubliz… Ses prunelles bleutées se plantèrent sur l'individu. Que faîtes-vous à ma sœur ? "

Nizanza fut comme en proie à un second souffle. À un soulagement. Eposi fronça les sourcils, car elle aussi l'avait remarqué. Cyian se mordit les lèvres, une moue gênée mais pas moins amusée. Le genre de comportement effrayant. Eposi esquissa un petit pas en leur direction et Nizanza tenta de les rejoindre. Malheureusement, le soi-disant archiviste l'agrippa et lui colla sa dague dévoilée sous la gorge.

" Je vous interdis la moindre folie. "

La Voix gutturale les frappa comme une brise empoisonnée. Toutes les filles se raidirent. Un Kyri. Latone fit le lien avec le dénommé "Navyu" mais ne saurait confirmer son identité pour le moment. Des larmes commencèrent à monter aux yeux de Nizanza, touchée par le baiser froid de la lame. Aussi proche du fou à lier, le Velthar l'affectait davantage.

" N-Ne faites p— ! "

" Au moindre cri, elle est morte. Vous êtes déjà condamnées de toute manière. Il sourit. Vous rejoindrez bientôt votre sœur reniée. "

Lolaha échangea une œillade avec Eposi. Elles se comprirent : le meurtrier de Ghydra, le fameux Navyu. Il était bien le Kyri recherché. La Kirzor fut en proie à un dilemme que Latone ne capta guère. Il était évident que le Tonohr ne saurait répondre au Velthar, d'autant plus qu'elles n'étaient pas des combattantes comme Cresrie.

" Vous ne bougerez pas tant que je ne serai pas parti avec elle. Il commençait déjà à emporter son otage dans les ténèbres. Je reviendrai tôt ou tard à vous… "

Cela en fut trop pour Vertigo qui subit un regain de courage. Toutefois, Eposi s'interposa, sa main sur son épaule.

" Non, Lola'. Elle lui offrit un regard résolu tout en la faisant reculer. Je vais le faire. "

Orevra craignit que ce jour arriverait et comprit aussitôt ce qu'Eposi cherchait à faire en épargnant Lolaha. Cette dernière se sentit désarmée, impuissante. Elle n'arrivait pas à se résoudre d'être juste la petite sœur protégée par leur aînée. N'y avait-il donc aucune autre solution ? Sans attendre une seconde de plus – une seule folie de la part de Navyu – l'aînée des Kirzor inspira et fit résonner sa Voix.

Tonohr Velthar.

L'onde corrosive détona et frappa continuellement tout autour d'elle durant plusieurs secondes. Au sein de l'œil du cyclone, Eposi eut l'air d'une banshee, ses longs cheveux noirs se balancèrent dans tous les sens et sa peau sembla craqueler sous l'effet de la magie. Pris au dépourvu par cette initiative inattendue, Navyu relâcha Nizanza pour se protéger. Il chercha à la rattraper mais Lolaha avait rassemblé ses forces pour traverser le Velthar et mettre sa sœur à l'abri. Pour repousser l'assaillant, elle aussi utilisa un bref Tonohr Velthar qui le fit basculer à l'arrière. L'effroyable visage de Vertigo s'imprima dans son esprit. Lolaha couvrit alors Nizanza de tout son corps pour la prémunir un peu plus de l'attaque, jusqu'à que le Kyri disparut.

Eposi cessa son cri et retint une quinte de toux. Son Velthar avait forcément touché ses sœurs, leurs peaux nues parsemés de brûlures. L'aînée avait néanmoins pris soin de concentrer toute sa Voix sur le criminel, celui-ci ayant laissé une traînée de sang dans sa fuite. Agenouillée, Lolaha tenta de rassurer sa cadette, lui murmura que tout irait bien, que ces afflictions partiront. Ayant suffisamment reculé pour éviter le gros des dégâts, Orevra vint constater le bien-être de la secourue. Eposi s'avança prudemment, entendant déjà l'agitation environnante s'animer.

" Vous… Nizanza tremblait comme une feuille. Vous êtes… Elle releva ses yeux sur ses grandes sœurs, larmoyante. … des Kyris… ? "

~~~
Je suis une Kyri. Latone inspira. La "pouffiasse" aura beau la dominer avec sa Voix, rien ne pourrait arrêter le Velthar. La Kirzor avait confiance. Si elle n'agissait pas maintenant, ses dernières forces cèderaient. L'Aile de Dothasi s'apprêtait déjà à charger une ultime fois avec sa dague, faisait fi des mares de sang qu'elles laissaient derrière elles.

Musique

Latone cria. Son Tonohr Velthar résonna puissamment et fit trembler les chants illusoires qu'elles cultivèrent jusqu'à maintenant. Son adversaire se figea, en proie à ce mal que produisait les Kyris. Durant plusieurs secondes, la Voix de Vertigo se libéra et fit trembler cette partie du château. De la vapeur ressortait de ses lèvres, alors qu'elle rejoignait sa proie.

CRIE, CRIE, LAISSE-LA SORTIR !
Elle donna un coup de pied dans la main armée et la saisit par les épaules, se penchant sur elle.

JE TE PARLE, ÉCOUTE !
Tétanisée, l'Alfar perdit sa fausse apparence. Sa peau semblait s'évaporer sous l'effet du Velthar.

CECI EST MA VOIX !
Latone l'obligea à se relever et la souleva au-dessus du sol par la gorge.

NOTRE VOIX !
Sous sa poigne, l'éclat de vie de sa victime s'atténuait dans la souffrance.

LA MARCHE TERNE !

AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ... !
Son emprise relâchée, le cadavre tomba à ses pieds. Encore fumant de l'effet corrosif de la Voix des Kyri, l'odeur nauséabonde lui monta aux narines. Ivre par cette carte-maîtresse, Vertigo ne retint pas un vomissement saupoudré d'une gerbe de sang. Elle toussa à plusieurs reprises, se débarrassant de son sang impur. C'était enfin terminé ; son jardin et son yack furent vengés.

Reprenant peu à peu ses esprits, l'Orisha put constater – malgré les dégâts – que l'usurpatrice n'était nulle autre qu'une Alfar. Les Guides lui reprocheront sûrement de l'avoir éliminée avant un interrogatoire, mais il lui était, manifestement, encore impossible de dompter le Velthar. Un détail finit par l'attirer. Elle s'agenouilla sur le corps et remarqua un dessin sur la nuque du macchabée : un crâne humanoïde qui croquait une poire bien juteuse. Aussitôt une pensée fusa dans son esprit : Jun… ? Un instant de réflexion, puis elle comprit. Oh le salaud !

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