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 [A] - Si tu peux être dur sans jamais être en rage | Lucius

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Jeu 08 Fév 2018, 17:13


[A] - Si tu peux être dur sans jamais être en rage | Lucius  P7k4

Catégorie de quête : A. Intrigue de race
Partenaire : Lucius
Intrigue : Deuxième rencontre entre Lucius et Edwina. Celle-ci servira à répondre aux prétentions du jeune homme concernant le trône des Démons et à essayer d'améliorer la situation des Anges.

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« Merci Damérus. » fit-elle en entrant dans le temple. L’homme dégageait un charisme tout particulier. Elle pouvait sentir qu’il était sûr de lui, inébranlable. Pourtant, il n’en jouait pas. Il restait en retrait, se contentant de sourire d’un air poli mais impérieux. « Un homme le guidera jusqu’ici lorsque vous enverrez le signal. Tout est parfaitement sécurisé. Lorsque votre échange sera terminé, suivez simplement mes instructions. ». Elle acquiesça et lui donna sa main qu’il embrassa avec un formalisme parfait. « Nous nous reverrons pour parler grandeur. ». « J’y compte bien. ». « Que vos desseins se réalisent. ». « Que nos desseins se réalisent. ». Elle tourna les talons et s’enfonça dans la pièce. La construction en pierres permettait à une certaine fraîcheur d’être conservée mais l’air demeurait chaud. À l’intérieur, un bassin rempli d’eau s’étalait sur plusieurs mètres carrés, de forme rectangulaire. Des pétales de rose flottaient à sa surface. De quelle divinité s’agissait-il ? Elle n’avait nul visage. La Tisseuse enleva son voile, le laissant choir sur l’un des nombreux bancs en marbre qui s’alignaient contre les murs. En face d’elle se trouvait une table de la même matière autour de laquelle plusieurs chaises étaient disposées. Des vivres avaient été prévues. « Hum… ». L’Impératrice Blanche commença à douter de la réalité de ce culte. Elle suspectait Damérus d’acheter des édifices uniquement pour ses petites affaires et d’aménager d’anciens temples tombés en désuétude à ses fins.

Quoi qu’il en soit, il l’avait conduite en dehors d’Utopia, dans un petit village d’Humains ayant un Ma’Ahid suffisant pour détruire la magie alentour. Elle prenait un risque mais le fils du Diable n’était pas en reste. Il était à parier que les habitants des lieux seraient bien plus disposés à l’éliminer lui sous ses ordres que l’inverse. Pour autant, elle n’envisageait pas une quelconque trahison. Elle avait hâte de le voir, pour une raison qui semblerait obscure à n’importe qui mais qui était limpide pour elle. Edwina sourit. Il devait avoir légèrement changé depuis la dernière fois. Pouvait-elle avoir confiance en lui ? Elle voulait le croire. De toute façon, elle n’avait pas le choix. Ses idées le concernant étaient plutôt claires. Et puis, il y avait ce qu’elle avait vu. Le problème majeur était qu’elle n’avait aucune idée de quand cela aurait lieu et de ce qu’il se passerait avant et après. Elle inspira profondément, essayant de calmer le zeste d’appréhension qui hantait son esprit. Il était rare qu’elle se montre sous sa véritable apparence à qui que ce soit. Rousse, ses cheveux ondulaient jusqu’au bas de son dos, contrastant avec le blanc de sa robe. Autour de sa taille était noué un fin ruban vert qui descendait jusqu’au sol, un ruban de la même couleur que ses yeux. La Reine se pinça les lèvres. Sans doute ne la reconnaîtrait-il pas au premier abord. Sans doute ne saurait-il pas gardé ce petit secret mais elle ne pouvait décemment pas lui parler avec son voile. Ce serait stupide. Il l’avait déjà vu sans et ne comprendrait pas. Et puis… elle voulait qu’il sache.

Une fois qu’elle eut observé l’endroit, elle s’empara de l’arc qui était posé à côté de l’entrée, trempant la flèche imbibée d’huile dans une coupelle enflammée. Elle visa et tira pour indiquer qu’elle était prête à recevoir le Démon. L’un des sujets de Damérus, sans doute un non Humain, le conduirait jusqu’à elle d’ici quelques minutes. Pour tout avouer, Edwina se sentait légèrement fébrile. C’était aussi éprouvant pour elle de voir cet homme que de se rendre à un énième Conseil des Chefs. Si au début, elle s’assit sur l’une des chaises présentes autour de la table, elle changea vite d’idée et se plaça debout en haut des quelques marches qui séparaient le bassin de la zone de discussion. Sa nervosité était idiote mais bien réelle. La Souveraine croisa les mains sur sa robe, attendant de le voir arriver. Zane possédait une certaine estime pour son fils ou, du moins, l’espoir qu’il pourrait être un rival à sa hauteur. Lucius serait-il capable de le transcender, comme la Bête l’avait si bien affirmé ? Une chose était certaine : Edwina l’aiderait dans cette voie. Elle le savait depuis le début mais elle avait eu beaucoup de mal à accepter certains facteurs futurs. Il lui avait fallu du temps et, surtout, revoir le Diable, pour se décider à rencontrer de nouveau son fils.

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Lun 12 Mar 2018, 00:50


Il attendait ce jour avec impatience. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, l'opinion qu’elle lui avait laissée avait été teintée de nuances. Entre respect et méfiance, cette femme savait se mouvoir avec ferveur, et tel le serpent qui s’enroulait autour de sa proie, elle avait planté ce venin en lui. Un venin qu’on appelait curiosité. Avec la notoriété qui était sienne ainsi que sa petitesse actuelle, la chance lui souriait. Il n’en connaissait que les fondements, toutefois il savait que la relation qui l’unissait à son père était empreinte de mystères. Suffisamment en tout cas pour qu’il daigne saisir la main qui lui était tendue au moment présent. Il devait néanmoins faire très attention, car sa position était plus que jamais à haut risque. Tant que les deux coopéraient sagement dans leur coin, il restait à l’écart de toute effusion de sang, mais lorsque les deux êtres commenceraient à se tirer dans les pattes à bout portant, il en ferait également les frais. Au-delà de son rôle de double agent, il était aussi le médiateur servant à maintenir cette cohésion. Certes, pour immoler son père elle devait devenir le bourreau, mais seul lui était capable de choisir le moment opportun pour abaisser la hache.

Le point de rendez-vous avait été décidé bien à l’avance. Sur les lieux, son regard virait de droite à gauche dans l’espoir de la trouver, mais en place et lieu de la reine blanche, c’est un homme qui vint l’accueillir. Lucius était toujours méfiant envers les inconnus. Son mentor lui avait appris à n’accorder sa confiance à personne. Cette fois-ci en revanche, il se considérait suffisamment en sécurité pour ne pas craindre une trahison à venir. Il effleura le manche de son couteau avec le pouce et le rangea sans tarder. Il le suivrait. Mais préserverais la distance de l'équivalent d’une longue épée. Le jeune homme hocha la tête pour lui faire part de son acceptation, puis il gravit les marches jusqu’à cet immense temple qu’il avait assurément capté depuis son arrivée. L’aura qui émanait de ce dernier le submergeait d’une très nette impression de grandeur, de puissance. Il ignorait s’il était consacré à un Dieu, auquel cas il craignait de manquer de respect aux siens. L’homme lui fit ensuite signe de rentrer. Lentement, mais sûrement, le Démon s'engagea timidement à l’intérieur, comme s’il suspectait un guet-apens. Toutefois, la pression retomba lorsqu’il aperçut ses traits. Il n’omettait pas la faveur qu’elle lui avait accordée en lui ayant divulgué son visage dès le premier jour. Ni la réaction étrange qu’elle avait eue ce même jour. Depuis, il se posait certaines questions, notamment sur son rôle à venir. Dans le silence le plus abstrait, il s’approcha doucement, comme une bête sauvage sondait l’humain pour savoir si oui ou non il pouvait lui faire confiance.

« Comme convenu, me voici. J’ai fait tout ce que vous m’aviez demandé. Bien que vous ne remarquiez sûrement pas la différence, je crois m’être amélioré depuis la dernière fois. »

Il jeta un coup d’œil à ses mains, la réminiscence de certains souvenirs lui revenant en tête. Son visage, bien que crispé en cet instant T, marquait une admirable ténacité qui ne s’était pas érodée depuis la dernière fois. Bien au contraire. En face de lui, quelqu’un de bien plus imposant anticipait ses moindres faits et gestes. Il n’avait préparé aucun discours, aucun serment ni prévu de lui faire un show. Rien de tout cela ne lui correspondait. Il attendit l’invitation de son hôte pour réduire davantage la distance. L'essence que manifestait la Reine était relativement impressionnante, même pour quelqu’un qui vivait dans un monde à part. Il s’approcha alors d’elle et lui esquissa une révérence, par respect pour la personnalité et aussi par gage de prudence. Il n’était pas chez lui et devait par conséquent agir avec parcimonie. Ils avaient rendez-vous pour une bonne raison : faire le bilan et discuter. Chacun pouvait tirer son épingle du jeu avec les armes à disposition, mais ils étaient surtout là dans un présage de paix.

« Pourquoi ici ? Pourquoi comme ça ? Je ne suis pas trop à l’aise avec tant de procédures. Ça me donne l’impression d’être un morceau de viande partie pour l’abattoir. »

Il regarda autour de lui, sans savoir où se placer ni quoi faire. Toutefois, même si elle possédait la meilleure main, Lucius se débrouillerait pour poser la dernière carte du jeu, face cachée. Il utiliserait son potentiel latent à bon escient. Toutefois, avant même qu’elle ne se décide à prendre la parole, le diablotin dévoila deux choses à ses yeux ; un pendentif accroché autour de son cou ainsi qu’un vélin. Sans dire mot, ce dernier était tendu vers Edwina. Il explicitait les spécificités du joyau noué à sa corde. En bref, dans son habile prévoyance, Zane pouvait suivre ses conversations où qu’il soit. C’est pourquoi il lui suggérait d’agir avec prudence en jouant le jeu. Un jeu auquel elle devait se résoudre en étant plus maligne que lui.

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Jeu 15 Mar 2018, 16:53

Les yeux d’Edwina fixèrent un instant la silhouette de Lucius avant qu’elle ne daigne lire les quelques mots qui étaient inscrits sur le parchemin. Un fin sourire apparut sur son visage. Un père prévoyant, donc. L’était-il au point d’envisager que son fils pourrait fouler le sol Humain en toute sécurité ? Elle s’avança pour être plus proche de l’imposante silhouette. La physionomie démoniaque de Lucius en aurait sans doute effrayé plus d’un. Ce n’était pas son cas. À vrai dire, le monstre qu’elle avait en face d’elle lui plaisait assez. Ses doigts se dirigèrent vers ledit pendentif qu’elle attrapa avant de l’observer. Sa main libre lâcha le vélin qui finit par terre et rejoignit la première. D’un coup sec elle tira dessus pour l’arracher. Son sourire s’agrandit et elle fit un clin d’œil à son interlocuteur avant de jeter le médaillon dans l’eau du bassin. Il coula sans plus de cérémonie. « Je doute que cet objet ait continué à fournir des informations à votre père à l’instant même où vous avez franchi le territoire des Humains mais, au cas où, l’eau préservera nos dires. ». Elle le regarda encore un peu. Il était bien plus grand qu’elle sous cette forme, paraissait plus menaçant aussi. « Ici parce que je voulais réellement vous voir, vous, sous une face que vous ne m’aviez pas montrée auparavant. En échange, vous avez l’occasion de voir la mienne. ». Elle cachait toujours sa véritable apparence à cause des complications qu’elle pouvait engendrer. Bien entendu, aujourd’hui, il faudrait faire œuvre de multiples recherches pour trouver son lien avec les Syrkell et, plus encore, pour comprendre l’essence de la malédiction qu’elle subissait. Cependant, elle préférait ne prendre aucun risque inutile. Il était donc une exception. « Et puis, le territoire Humain offre l’opportunité d’une grande sécurité. Personne ne peut épier nos paroles ici. Votre père est un homme prévenant derrière ses multiples frasques pour passer pour un imbécile extravagant et je ne veux pas que nos rencontres lui soient rapportées. ». Enfin, à vrai dire, elle se fichait bien que le Diable apprenne qu’elle voyait son fils en cachette. Simplement, elle préférait que le contenu de leurs discussions reste confidentiel. « Quant à votre sentiment de partir pour l’abattoir, sachez que je prends moi-même des risques en venant ici. Je suis seule et dénuée de magie. ».

Elle lui fit signe de la suivre autour de l’imposante table qui servait aux discussions. Elle s’assit sur l’une des chaises et attendit qu’il l’imite. Il avait sans doute pris en charisme depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Cependant, il lui en faudrait davantage pour arriver à ses fins. L’Impératrice Blanche essayait de passer outre la sensation de déjà vu qui s’immisçait petit à petit dans son esprit, ainsi que tout ce qui suivait, qu’elle avait vu, rêvé ou imaginé. Elle se voyait mal lui avouer qu’il hantait ses songes de façon récurrente. En y repensant, elle resta silencieuse quelques secondes avant de baisser les yeux et de se racler la gorge. « Bien. » fit-elle comme pour tirer un trait sur ses fabulations. « Si vous êtes venu c’est que vous souhaitez toujours détrôner votre père. Nous en parlerons dans un instant mais, avant cela, j’ai quelques précisions à vous demander. J’aurai pu faire des recherches moi-même mais j’ai pensé qu’un sujet plus léger pour commencer nous serait profitable. ». Léger n’était pas réellement le terme mais ça l’était toujours plus que de mettre la Bête à genoux. « J’aimerais que vous me parliez des us et coutumes démoniaques en matière de mariage. ». En réalité elle avait déjà fait quelques recherches mais elle craignait d’attirer les questionnements si elle s’aventurait trop profondément dans cette voie ; surtout que les encyclopédies magiciennes manquaient de certaines informations, notamment sur les races maléfiques qu’il était délicat d’approcher. Il y avait toujours des pistes mais les détails étaient difficilement accessibles. « Plus particulièrement de la polygamie qui semble affecter votre peuple et peut-être de la rivalité. Admettons que j’épouse votre père… ». Elle n’avait aucune idée de sa connaissance de l’information. Dans le doute, elle ne voulait pas trop en dire. « … et qu’un autre Démon, plus tard, souhaite m’épouser, comment cela se passerait-il ? De même si je veux rompre l’union pour un autre ou bien épouser deux Démons simultanément, que devrais-je faire ? ». Elle sourit, attrapant l’une des mèches cuivrés de ses cheveux pour l’entortiller autour de son doigt. « Bien sûr, je ne vous en voudrais pas si vous l’ignorez. ». Il faut dire qu’il était encore jeune pour penser à ce genre de choses, du moins, de son point de vue. Peut-être que les Démons se mariaient beaucoup plus tôt que ce qu’elle pensait. Une idée la heurta soudain et lui échappa. « Vous n’êtes pas marié au moins ? » fit-elle un peu brusquement.

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Jeu 22 Mar 2018, 13:12


Malgré son aspect sauvage, la régente semblait carrément plus à l’aise que la première fois qu’ils s’étaient affrontés, près de ce lac. D’évidence, elle avait probablement déjà eu l’occasion d'en voir des semblables, et des sûrement plus répugnantes que lui. De son côté, même si Lucius la tolérait, ce n’était pas la facette qu’il prisait le plus chez lui. Elle lui rappelait sans cesse le rôle qu’il était censé devoir suivre, non pas parce qu’il était cette chose, mais, car il devait l’être pour subsister. Quand elle arracha le pendentif pour le jeter à l’eau, il fut à la fois apaisé et dubitatif. Son père n’était pas le genre d’hommes à écarter certaines probabilités, elle était par ailleurs totalement consciente de ce fait. Cela ressemblait davantage à l’une de ses manigances qu’à une véritable vigilance. Blasé, le jeune Démon contempla l’endroit où elle l’avait projeté.

« Si possible, j’aimerais bien le récupérer après notre entretien. Je dois l’échanger au coucher du soleil, afin d’assurer de ma bonne foi. »

Les pas pesants et solides de la créature brutalisèrent le sol jusqu’à la table. S’il avait la mauvaise impression de se trouver dans le repère d’un Ange, il fut immédiatement réconforté grâce à la voix apaisante de son interlocutrice. L’ambiance qu’elle avait contribué à provoquer semblait en tout point destinée à se confesser de manière sincère. Une question vint d’ailleurs rapidement sur le devant de la scène. S’il avait eu un visage à ce moment-là, elle aurait sûrement pu constater de sa stupéfaction. Parmi tous les sujets et débats possibles au sein même de la race, celui concernant le mariage étant sans doute le moins mis en avant de tous. La plupart des Démons — voir des hommes — se contentaient de satisfaire leurs plaisirs personnels sans chercher à prolonger ce genre de liens. Les coups d’un soir étaient plus que fréquents, ils constituaient l’esprit du conquérant. La créature longiligne posa son index sur la base de son crâne. Il pianota contre ce dernier pour y faire résonner cette matière osseuse.

« Les traditions entourant cette cérémonie sont assez abstraites pour moi. Les Démons qui se marient se font en réalité assez rares. Pour vous dire, je n’ai jamais eu la chance d’assister à l’un d’entre eux. Toutefois, nous sommes portés sur la domination et la puissance. Celui ou celle qui est choisi par son âme sœur ne peut décliner, sauf si elle invoque le droit de réponse. Dans ce cas, seuls les jeux peuvent encore en décider. Pour ce qui est du Roi, vous devez vous douter que j’en sais très peu. En revanche, il est certain qu’en Enfer vous seriez sa chose et uniquement la sienne, au même titre qu'une propriété. Ou pour le dire plus vulgairement, comme une poupée avec qui il pourrait se vider à tout moment. »

Ses mots étaient sans doute un peu crus, mais c’était la réalité de la chose. Peu de remords habitaient leurs esprits, encore moins lorsqu’il s’agissait de femmes. Le plaisir de la chair fraiche, un fléau propre à leur peuple. Il leva ensuite le menton vers elle, intrigué par cet intérêt soudain.

« Avez-vous sérieusement prévu de vous marier avec ? Sans vouloir vous en dissuader, ce serait littéralement lui vendre votre âme. Vous valez mieux que ça. »

Lucius n’aurait su expliquer pourquoi, mais il refusait de se faire à cette idée de la voir si proche avec son père. Était-ce par simple contradiction envers son tortionnaire ou bien la naissance d'une tendresse démesurée ? Quoi qu’il en soit, la faim du démon fut partiellement rassasiée lorsqu’il emprunta les quelques vivres pour les porter à sa mâchoire. Ces derniers jours, il n’avait pas pu se nourrir convenablement à cause du précédent enseignement de son maitre. Il faillit presque recracher la pomme qu’il avait entre les mains à la seconde où elle évoqua la suivante.

« Marié ? Moi ? Figurez-vous que je suis un peu différent de mes confrères. J’accomplis mon devoir en tant qu’être malfaisant, mais ça s’arrête là. Si ça doit se faire, je préfère que ce soit avec la bonne personne. Toutefois, vous savez comme moi que j’ai d’autres préoccupations en tête. »

La seule femme qu’il approchait en ayant pleinement confiance était son orine. Il se méfiait particulièrement des autres à cause de la pléthore de manipulations dont elles étaient capables. De plus, Zane restait sa finalité principale, et rien ni personne ne le détournerait de cette voie jusqu’à sa complétion. Lucius tapota ses doigts aiguisés sur la table avant d’y tracer un signe, sûrement d’origine démoniaque.

« Savez-vous ce qu’il signifie ? Une traduction littérale serait “honneur”, mais en vérité il possède un sens plus large chez nous. Un symbole très fort qui nous raccroche à nos racines. Je me suis fixé un but, et pour y parvenir j’ai décidé de m’affecter à une quête personnelle annexe dont j’aimerais vous parler. Pour vous le résumer le plus simplement possible, ma stratégie consiste à me faire accepter par vos semblables afin de devenir votre chevalier à terme. Je souhaite vous servir en tant qu’arme. »

Cela pouvait certes sembler soudain, mais il y avait longuement réfléchi. Son père aurait moins d’emprises sur lui s’il passait la plupart de son temps aux côtés de la Reine blanche. De plus, elle était l’une des rares personnes à pouvoir le dominer lorsqu’il sortait des murs de l’Enfer. Il pourrait ainsi plus aisément fomenter sa conspiration.



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Jeu 22 Mar 2018, 23:15

Edwina écoutait ce que disait Lucius presque religieusement. Quitte à épouser le Diable, il était préférable qu’elle connaisse les tenants et les aboutissants de sa folie. À sa question, elle se pinça la lèvre, comme une enfant prise en état de flagrance. Oui, elle faisait des bêtises, elle aussi. Pourtant, il n’y avait pas que des considérations personnelles dans cette union. La moitié, voire plus, était le fruit d’un constat simple : le mariage pouvait apporter beaucoup sur le plan politique. L’autre moitié était sans doute le résultat de l’impression d’être vivante à chaque fois qu’il apparaissait dans son champ de vision. La présence du Démon détruisait la monotonie et la trop grande « stabilité » de son existence. Un goût du frisson qu’elle paierait sans doute cher mais, en attendant, elle était sûre d’arriver à tirer un bénéfice de la chose. Et puis, il y avait Lucius. « Je pense que vous me surestimez, vous savez. Cela dit, si j’ai bien compris vos explications, je ne risque rien en dehors de l’Enfer. ». À vrai dire, elle se demandait si son interlocuteur était réellement au fait de toutes les conséquences d’un tel mariage. S’il s’agissait d’une union de possession et de puissance, alors il n’était pas dit que Zane puisse disposer d’elle comme bon lui semblerait. Le principal problème c’est qu’elle n’en avait aucune idée et que qui connaît mal fini par devoir répondre de son ignorance. « Si cela n’est pas trop vous demander, j’aimerais que vous approfondissiez le sujet pour moi. Je veux savoir exactement où je mets les pieds, les échappatoires dont je dispose et, bien entendu, si l’emprise dont vous parlez ne peut pas s’inverser. ».

L’Impératrice Blanche retint difficilement son rire lorsqu’elle vit la réaction, suite à sa question. Elle ne lui semblait pourtant pas si dénuée de sens. Certains Souverains mariaient leurs enfants très tôt, voire à la naissance, pour attirer les alliances et les avantages à eux. « La bonne personne… » fit-elle légèrement songeuse, avant de se redresser doucement. Elle l’observa un instant. « Oui je le sais. ». Cela lui semblait étrange qu’il envisage simplement de se marier avec la « bonne » personne. Sans doute l’avait-elle aussi souhaité jadis et sans doute cela aurait-il pu être possible si elle n’avait pas pris la couronne. Pourtant, il lui apparaissait clairement que les mariages d’amour n’étaient pas l’apanage des Rois. « Pour autant, vous marier pourrait vous y aider. Épouser une Reine ennemie de votre père vous apporterait son soutien ; elle ou un membre de sa famille d’ailleurs. ». Elle recommença à jouer avec ses cheveux, concluant sur le sujet. « Enfin, ne croyez pas que je veux vous voir prendre épouse. Je préférerai que vous réussissiez sans, bien que ce ne soit pas une piste à écarter. ». Elle sourit. « Parfois, il faut consentir quelques sacrifices de cet ordre. Si j’étais libre, je sais parfaitement qui j’épouserai. ». Elle tendit la main, prenant à son tour une pomme dans laquelle elle croqua.

Les yeux de la Souveraine fixèrent le signe. Elle était curieuse d’en savoir plus. Les us et coutumes démoniaques étaient peu connus, déjà parce que les Démons étaient considérés comme de la pire espèce et parfois même indignes d’intérêt et, ensuite, parce que l’Enfer était particulièrement difficile d’accès pour quiconque voulait en sortir vivant. Pour autant, la chute ne fut pas celle à laquelle elle s’attendait. « Mon arme ? » répondit-elle étonnée. Ses yeux passèrent de gauche à droite, signe flagrant qu’elle réfléchissait activement à ce qu’il venait de dire. « Vous laissera-t-il seulement faire ? Et… ». Elle se sentait légèrement troublée. Elle n’avait pas envisagé un rapprochement si rapide. Dans son esprit, il était évident qu’ils n’allaient se voir que ponctuellement et qu’ensuite, plus tard, leurs rencontres deviendraient plus fréquentes. « Êtes-vous sûr ? ». Elle croqua de nouveau dans la pomme, continuant à peser le pour et le contre, les conditions, les effets. Après un instant, sa voix se fit de nouveau plus calme. « Je veux bien vous y aider. Seulement, je pense que le mieux sera de taire votre condition de Démon et même votre identité. Si mes conseillers apprenaient, si le peuple apprenait… Sans parler des Anges. Quand bien même votre objectif est de mettre votre père à terre, la plèbe ne le verra pas de cet œil là. Tout ce qu’elle verra c’est que j’ai octroyé des faveurs au fils d’un homme qui a commis un génocide. Et puis… ». Elle sourit. « Je ne suis pas certaine d’avoir envie d’une telle relation entre vous et moi. Si vous devenez mon chevalier, vous devrez m’obéir… peu importe quand, peu importe comment… ». À dire vrai, s’il ne l’avait pas fait exprès, cette révélation lui donnait l’occasion d’aborder une toute autre question.

Edwina posa sa pomme sur la table avec un air plutôt déterminé. « Bien. Admettons que vous soyez mon chevalier. Si je vous demande, par exemple, d’entreprendre quelque chose pour moi ayant cette saveur là, que diriez-vous ? ». Elle avait préparé des arguments pour le lui demander quoi qu’il se passe. « Le fait est que j’ai essayé de marchander avec votre père le sort du Fleuve des Âmes lors de nos négociations maritales. Il a refusé. Seulement, la situation actuelle n’est pas tenable. J’ai donc réfléchi à une solution alternative, plus… cruelle, qui arrangerait votre peuple mais qui contribuerait également à garder bien plus d’Anges en vie. Les Anges ne peuvent plus enfanter d’Anges. Les enfants naissants sont systématiquement de la race du père à quelques exceptions près. Vous pourriez donc sauver les femmes afin de vendre les enfants qu’elles mettront au monde. ». Elle lui épargnait les détails sur la survenance de la grossesse. L’idée était de créer un véritable commerce, qui provoquerait une forte demande. Les Démons n’auraient alors d’autres choix que de sauver de plus en plus d’Anges jusqu’à ce que ces Anges soient suffisamment nombreuses pour se rebeller, d’une manière ou d’une autre. En attendant, la Reine Blanche préférait cette option à la mort pure et simple, même si l’envisager lui avait coûté. « Si je vous demandais de soutenir cette possibilité auprès de votre père et de le convaincre, le feriez-vous ? ». Elle devait encore lui parler de la prétendue malédiction qui semblait enlacer le Diable. Elle ignorait encore si celle-ci était réelle mais si elle l'était, il devait savoir.

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Mer 04 Avr 2018, 23:43

Tirer les vers du nez de son père tenait plus d’une épreuve à haut risque que d’une simple besogne solvable en quelques jours. Les rares fois où il avait vaillamment mené à bien une collecte d’informations par ses propres moyens, il s’était toujours demandé si ce n’était pas à ses dépens. En l’occurrence, il voyait mal comment rassembler toutes ces données sur les mariages monarchiques autrement qu’en les puisant lui-même à la source, dans les archives qu’ils sauvegardaient dans le royaume de Bādhyate. À dire vrai, la question qu’il se posait concernait surtout Edwina et sa volonté affichée de vouloir connaitre toutes les modalités bien en avance. Qu’elle accepte ou qu’elle refuse une telle union ne dépendait finalement que d’elle. Après tout, si certains s’en faisaient une image de princesse en détresse, ce n’était pas du tout l’opinion qu’il en avait. À choisir, il préférait clairement être son ami que son ennemi. Le visage du démon baissé vers la surface de la table, il médita quelques secondes.

« Je prendrai ce risque s’il le faut. Toutefois, je pense pouvoir vous éclairer davantage à propos de cette domination. Je me souviens l’avoir vu tracer une de ses conquêtes par le passé. Bien qu’elle n’ait pas été appliquée dans le cadre d’une cérémonie, cette femme l’a un jour renié en allant vers un autre. Au moment où la marque a réagi, son corps s’est alors subitement déformé avant de gonfler exponentiellement jusqu’à éclatement. Autant vous dire qu’il était impossible de l’identifier après ça. Ce phénomène est appelé “Sikseya”. »

Depuis ce jour, peu de sujets s’étaient essayés à l’étude de cette expérience. Les femmes qu’il choisissaient étaient pour la plupart condamnées, quand bien même la majorité chérissait leur roi. À tel point qu’elles étaient souvent enthousiastes à l'idée d’obtenir ce statut. Lucius croisa ses bras ainsi que ses jambes.

« J’ignore si la magie est un facteur en soi. Quoi qu’il en soit, vous aurez toutes les cartes en main à ce moment-là. »

Toutefois, elle avait raison le concernant. Le mariage pouvait l’apprêter à faire des rencontres providentielles pour ses engagements futurs. Épouser la fille d’un roi ou d’une figure emblématique, elle marquait un point. D’autant que Zane ne se refuserait pas non plus à voir ses relations être embellies avec un autre peuple. Lucius se leva de sa chaise pour faire les cent pas.

« Vos conseils sont précieux, c’est pourquoi je suis convaincu que je pourrais m’instruire à vos côtés. Bien entendu, j’épouserais une fausse identité. Puis je me formerais à la magie. En revanche, je ne peux pas m’engager de vous obéir au doigt et à l’œil. Le jugement d’un soldat est aussi important que celui des décisionnaires. De plus, c’est une relation de confiance que je vous propose, non pas une simple étiquette à coller sur mon casque. »


C’était ça ou rien. En dépit de son manque d’expérience dans le domaine des affaires, Lucius parlait le plus vertueusement possible. C’était sa manière de fonctionner, car il n’avait rien à lui cacher. Il lui donnerait ce qu’elle désire en temps et en heure, mais pour ça ils devaient mutuellement apprendre à se dompter et non pas attendre constamment quelque chose de l’autre. Il s’approcha ainsi d’elle avant de ployer le genou à terre, sa tête conduite vers le sol. Une manière de lui jurer allégeance, même si cela restait officieux.

« Je souhaite un statut à part. Vous protéger, car je l’aurais décidé, non à cause d’une prescription sur mon cahier des charges avec un rang qui lui est adaptée. Je ne demande aucune contrepartie si ce n’est celle de combattre à vos côtés. Considérez-moi comme la lame qui glisse dans votre fourreau. »

Un léger blanc suivit cette réflexion après avoir pris conscience de ce qu’il venait de dire. Sans doute ne pouvait-elle pas le voir avec son masque de démon. Mais à cet instant, un sourire avait germé. Toutefois, elle pouvait nettement l’entendre au son de sa voix.

« Du moins, au sens figuré. Pour l’instant. »

Il avait hérité de l’esprit taquin de ses parents, à n’en point douter. Il se redressa ensuite, réclamant la main d’Edwina pour poser la sienne — longue et filiforme — sur sa paume. Dessus, il étala une substance facilement identifiable en formant ce qui ressemblait à un pentagramme.

« C’est de cette façon que nous nous engageons. Cette garantie ne représente sûrement rien à vos yeux, mais aux miens ils sont plus que représentatifs. »

Il recula ensuite lentement, comme une proie le ferait devant un prédateur qu’il fuyait calmement, puis il se tourna pour observer le temple dans sa globalité. Pour la première fois, il prenait son temps pour détailler chaque motif, chaque renfoncement.

« Pour ce qui est de mon père, je pense pouvoir lui faire entendre raison. À supposer que cette idée ne lui a jamais traversé l’esprit, il trouvera sûrement un moyen de les tenir en laisse. Ces colliers pourraient éventuellement servir. »

Mais il ne pouvait en dire davantage. Au-delà du risque potentiel qui était celui de leur permettre d’enfanter, il demeurait des survivants qui n’en resteraient sûrement pas à leurs cinglantes déroutes. Se méfier des bêtes acculées devait autant les préoccuper que s’il s’agissait d’une armée entière et en pleines possessions de ses moyens.



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Jeu 12 Avr 2018, 20:23

« Je ne pensais pas votre père si attaché à ses conquêtes. » fit-elle doucement, en cachant son désarroi. Pour elle, il ne faisait aucun doute jusqu’ici que le Diable n’était pas regardant sur le devenir de celles qu’il mettait dans son lit. La possessivité ne faisait pas partie de ce qu’elle avait pu imaginer. Elle se questionna silencieusement sur le sujet, se demandant comment un homme qui s’adonnait si fréquemment aux plaisirs de la chair pouvait gérer un désir fort de toutes les posséder. À moins que… « Elle devait être spéciale. » finit-elle par conclure. « Plus que les autres. » rajouta-t-elle. Sans doute aurait-elle dû se sentir blessée de ce constat. Elle préférait nettement être le seul objet de convoitise d’un homme mais elle n’était pas si sotte. Un Ange pouvait se marier parfaitement avec cette idée d’unicité. Un Démon… La Bête, certainement pas. Le risque de se voir marquée par les soins du Diable ne la réjouissait pas davantage que les conséquences que cela pourrait engendrer pour elle. Il la hantait suffisamment durant son sommeil. Aussi, lorsque Lucius se mit à marcher dans la pièce, elle l’observa, ses pensées voguant vers lui. Elle avait envie de le questionner sur ce qu’il pensait du Sikseya mais resta silencieuse. Elle savait qu’elle devait patienter et que le brusquer ne ferait pas apparaître leur futur plus rapidement, si tant est que ses visions soient correctes.

« D’accord, dans ce cas. » répondit-elle. « Il est vrai que j’aimerais autant que vous gardiez votre indépendance et votre jugement. Je suis certaine de vous préférer libre qu’asservi à une quelconque personne. ». Il serait simplement un chevalier quelque peu spécial. Ils pouvaient très bien faire semblant aux yeux de la plèbe, comme elle avait décidé de faire semblant d’être éperdument amoureuse de son mari. Il y avait beaucoup de non-dits qui l’entouraient, certains nécessaires pour que les institutions perdurent, d’autres nécessaires pour qu’elle puisse vivre libre. Le Monde n’avait pas besoin de tout savoir et la transparence absolue ne ferait qu’amener, sans aucun doute, un chaos bien plus grand. Elle fixa sa forme démoniaque un moment. Il était différent de son père. Aussi, elle aurait surement développé sa pensée en d’autres circonstances, si certains mots n’avaient pas franchi le seuil d'une bouche inexistante. Elle passa rapidement sa langue sur ses lèvres, mordant tout de suite après l’inférieure. Elle avait voulu empêcher un sourire de naître mais l'entreprise fut sans grand succès. Cette phrase l’avait amusée et puisqu’elle ne voulait pas être en reste, elle se pencha un peu pour réduire la distance entre eux, répétant la fin de sa réplique, d’une façon étrangement catégorique. « Oui, pour l’instant. »

Quand il lui quémanda sa main, elle hésita quelques secondes. Elle n’avait pas peur de ce qu’il pourrait en faire mais redoutait d’avoir une énième vision les concernant, même si le fait d’être en territoire Humain rendait la chose peu probable. Si l’Impératrice Blanche arrivait à garder contenance, c’était parce qu’il n’était encore qu’un fragment de ce qu’il serait dans le futur. Cet avenir la troublait alors elle se forçait à ne pas y songer. Pourtant, l’opération s’avérait délicate. Aussi, elle finit par lui donner ce qu’il voulait, légèrement embarrassée. Elle se concentra sur le pentacle. Son peuple pratiquait cette magie depuis longtemps et, bien que celui-ci soit démoniaque, elle trouvait certaines correspondances avec ceux qu’elle avait l’habitude de réaliser. Quand il s’écarta, elle se leva à son tour, l’écoutant tout en marchant sur le bord du bassin. « Tant qu’il les garde en vie, le reste ne m’importe que très peu. » précisa-t-elle. Le fait est qu’ils risquaient de ne pas être du même bord sur ce sujet particulier. Elle cherchait à sauvegarder les Anges. Pas sûr que Lucius embrasse cette même voie. En songeant aux différences qui pourraient les amener à avoir des échanges houleux, elle défit ses chaussures et commença à descendre l’escalier qui menait progressivement dans l’eau. Alors qu’elle se trouvait à mi-chemin, son imagination dériva vers une scène inédite, illustrées des suites envisageables en cas de dispute. La chose la fit se hâter et elle plongea dans l’eau froide sans demander son reste, allant chercher le médaillon avec l’espoir que ce mini périple lui changerait les idées.

Après avoir remonté l’escalier et essoré ses cheveux comme elle put, elle se dirigea vers Lucius, essayant d’oublier la sensation désagréable que procurait sur sa peau sa robe trempée. Proche de lui, elle lui murmura la dernière chose dont elle voulait l’informer. « Votre père pense qu’il est victime d’une malédiction que je lui aurai lancée. ». Ce qui était amusant étant donné que les Sorciers étaient les maîtres de ces dernières et que les Magiciens œuvraient plutôt pour les bénédictions. « Que son obsession pour moi proviendrait de là. Mes lèvres sont maudites, certes, mais normalement pas de cette manière. ». Il y avait un monde entre une sensation de chaleur et les effets que le Monarque Démoniaque lui avait décrit. « Elles brûlent simplement qui les embrasse sans éprouver pour moi un amour sincère, si l’individu s’y attarde trop longtemps. Seulement, je n’ai pas écarté la théorie de votre père et ai embrassé plusieurs personnes, notamment la Reine des Lyrienns. S’il s’avère que l’attitude de ces êtres change à mon égard alors cela voudra dire qu’il a raison. Dans ce cas-ci, et si j’arrive à le délivrer de ce sort de façon à ce qu’il cesse de penser à moi, je serai nettement moins intéressante dans vos projets. ». Elle se rapprocha un peu plus de façon à pouvoir parler encore plus bas. « Je vous le demande donc. Si jamais il a raison… est-ce que vous pensez que je dois l’en libérer ? ». Elle lui plaça le médaillon d'un même mouvement au creux de la main, lui rendant son dû, signe évident qu’ils n’allaient pas tarder à se quitter.

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Mar 17 Avr 2018, 22:41

Elle avait vu juste. Il ne marquait au fer que les femmes qu’il considérait assez pour servir ses intérêts et ses besoins. Une façon à lui de désigner les éléments importants qu’il gardait consignés dans sa demeure, comme un mets de choix qui se fait rare et qu’on préfère conserver loin de certains palais pour ne pas gâcher sa saveur. Les sept seigneurs qui lui étaient dévoués étaient par ailleurs soumis à un système similaire, qui prenant la forme d’un pacte transcendant lui permettait d’avoir pleinement foi en eux sans se soucier d’une possible félonie. « Sincèrement, je pense que vous êtes plus spéciale que n’importe quelle autre femme à ses yeux. » En aucun cas, il n’essayait d’amadouer la reine pour lui reporter un espoir vain ou pour la mettre dans sa poche ultérieurement. En réalité, ce n’était pas dans ses intérêts de les voir tous deux passer un cap supplémentaire. Il aurait sûrement usé d’une stratégie coercitive pour les séparer, si seulement il en avait les capacités et le temps. L'unique alternative viable qu’il avait trouvée consistait à être le plus neutre possible, en n’agissant pour personne d’autre que pour lui-même. Une manière pour lui de se protéger de toutes les grosses têtes qui figuraient devant chaque porte qu'il devait emprunter.

Quand elle réduisit la distance, le jeune démon eut un hoquet de surprise, suivi d'un recul involontaire l’aidant même à rester stoïque. La pression qu’elle encadrait ou la simple proximité avec une femme de sa trempe, difficile d’analyser la source de sa nervosité soudaine. Il porta ensuite la main à son front avant de racoler une énième remarque malicieuse. « Peut-être qu’à mon tour, lorsque je deviendrais un homme, je demanderais votre main. Vous savez, pour… comment on dit déjà ? Avoir un patrimoine. À moins que vous ayez une fille à me proposer. C’est une amie qui me l’a conseillé. » Dans le fond, il n’en savait rien. D’après lui, tous les monarques étaient disposés à avoir plusieurs héritiers dans toutes les régions, que ceux-ci soient légitimes ou non d’ailleurs. Il n’envisageait pas du tout de la voir sans successeurs, notamment car elle devait plaire à beaucoup d’hommes en dehors d’un roi aux allures démentielles. En ce qui concernait les Anges en revanche, la question était légèrement plus épineuse. Toutefois, n’en sachant pas plus sur cette vérité que lui cachait son père, il préférait se taire plutôt que de lui divulguer des informations erronées. Lorsqu’elle s’avança dans l’eau pour aller repêcher son talisman de façon pour le moins étrange, Lucius s’approcha du rebord pour l’observer agir. Hélas, cette forme ne lui permettait pas d’en faire autant, ses membres antérieurs n’étant pas du tout adaptés pour la nage. Quand elle émergea, l’adolescent ne put s’empêcher de songer qu’il aurait préféré la texture de ses vêtements différente pour avoir un aperçu plus approfondi de la personne, mais penser à ce genre de choses ainsi était inapproprié, c’est pourquoi il reprit rapidement possession du pendentif pour le serrer énergiquement dans sa main.

Ce qui mit un frein net à cela, ce fut le prochain sujet qu’elle aborda. Dans la continuité de son discours, il glissa un « Pas vraiment » sûrement trop effacé pour qu’elle daigne l’entendre. La flagrance allait au-delà du service qu’elle pouvait lui rendre, et dans tous les cas, il savait cette entreprise vouée à l’échec. Elle lui demandait son avis, à lui, son fils. Est-ce qu’elle le testait, ou bien était-ce là une volonté sincère de sa part de l'écouter ? Il devait y réfléchir plus longuement, et pour se faire, le démon marcha jusqu’à l’entrée du temple pour orienter son regard vers le ciel. Si la malédiction se brisait, son père retrouverait un contrôle absolu de son comportement, et Edwina ne constituerait plus vraiment une barrière pour ses projets. En revanche, le fait de savoir qu’il était imprévisible ne garantissait aucune amélioration. Le laisser néanmoins sous son joug pouvait créer d’avantages de drames à l’avenir. Il était prêt à parier qu’elle ignorait où elle mettait les pieds et l’ampleur que cela pouvait prendre. Le jeune prince revint vers elle. Il semblait avoir gagné de l’assurance en un claquement de doigts lorsqu’il se tint devant elle pour lui répondre. « Oui. » Il marqua une courte pause. « Pour son bien à lui, mais surtout pour le vôtre. Quoiqu’il puisse en résulter, et si ce sont bien les séquelles d’une malédiction, alors ça ne vaut pas mieux qu’une illusion, voir qu’un trivial trompe-l’œil. Rêver d’une vie c’est bien, mais vivre de ses rêves l’est encore bien plus à mon sens. Tant qu’il sera sous l’emprise de ce mauvais sort, vous serez éprise par le doute de savoir si oui ou non tout ceci est réel. » Une grimace qu’elle ne pouvait sûrement pas déceler naquit derrière son masque. Il hésitait à ajouter quelque chose, mais se lança malgré tout.  « Il se peut aussi que, dans quelques lunes, ma vie soit en grand danger. J’ai prévu d’agir à l’encontre de mon crédo en étant quelque peu… contrariant. Quoiqu’il se passe, quoi que vous appreniez, je vous en conjure ; n’intervenez pas. Vous en saurez davantage le moment venu. Du moins si je m'en sors » Il risquait gros, mais il savait parfaitement ce qu’il faisait. Ou pas. Toutefois, peu importe l’issue, il devait s’y résoudre. Quitte à y laisser la vie.


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Mer 09 Mai 2018, 19:27

Sa fille… Edwina était restée silencieuse aux propos du Démon. Elle ne la connaissait pas et ne l’avait vu qu’un court instant avant que celle-ci ne soit envoyée au plus profond des abysses. Le « père » de l’Impératrice Blanche avait les moyens de protéger l’enfant, les moyens de l’aimer. Elle-même s’en sentait incapable. En réalité, ce n’était pas une question de sentiments, loin de là. La Belle ne savait simplement pas comment se comporter, comment faire en sorte d’être une bonne mère. Elle avait peur de blesser sa fille d’une manière ou d’une autre, par inadvertance, par erreur, sans même évoquer le fait qu’elle possédait de nombreux ennemis. Elle ne voulait pas se réveiller un matin et apprendre que son enfant lui avait été arrachée, parce qu’elle était Reine, parce qu’elle était puissante et qu’il était difficile de l’atteindre directement. Si cela devait arriver alors elle n’était pas sûre de savoir arrêter sa fureur. Si cela devait arriver alors le ravisseur, le tueur, qu’importe, finirait dans un état qu’elle ne pourrait jamais souhaiter à personne.

Lorsque Lucius revint de ses réflexions, elle l’écouta silencieusement, ne sachant toujours pas ce qu’elle ferait. Il n’avait pas tort mais voulait-elle réellement affronter le Diable sous son vrai visage ? Elle ignorait tout de ce qu’il se passerait si elle venait à mettre à mal cette hypothétique malédiction. Les paroles qu’ils avaient échangées et les actes qui rythmaient chacune de leur rencontre… tout ceci risquait de disparaître d’un revers de la main, d’un seul coup, sans qu’elle ne puisse rien y changer. S’il lui tournait le dos subitement, elle ignorait sa propre réaction. Sans doute dans certains cas valait-il mieux un mythe qu’une réalité. Les histoires étaient éternelles et couvraient de leurs ailes les protagonistes qu’elles mettaient en scène. Elle imaginait sans peine que si le Monarque Démoniaque disparaissait de son existence, celle-ci risquait de redevenir terne et morne. Au fond, elle comprenait parfaitement qu’elle n’avait pas le droit de l’enchaîner, peu importent les raisons, qu’elles soient personnelles ou politiques. La formulation de Lucius eut néanmoins le mérite de la faire sourire. S’il savait à quel point ses songes étaient hantés par la silhouette de son père. Il possédait ses jours et ses nuits, sans qu’elle n’en comprenne les fondements. Sans doute n’y avait-il rien à saisir si ce n’est le fait qu’il était le Diable. Elle manqua d’ailleurs lui demander à quel point un Démon pouvait étendre son emprise, tourmenter sa proie et dévorer sa raison, mais sans doute ne souhaitait-elle pas lui avouer la terrible réalité.

Elle le regarda après sa dernière tirade. Des siècles de règne avaient appris à Edwina l’art de ne point promettre ce qu’elle ne pouvait accomplir. S’il risquait sa vie et qu’elle venait à le savoir, elle doutait fortement d’être en mesure de respecter sa parole. Néanmoins, pour le moment, elle ne comptait pas aller à l’encontre de sa décision. Aussi, elle murmura doucement « Restez en vie sinon vous ne pourrez pas me demander en mariage, le moment venu. Cela me décevrait beaucoup. ». Elle sourit avant de s’écarter de l’homme, lui tournant le dos pour procéder au signal convenu préalablement avec Damérus. Une fois qu’elle eut tiré une flèche enflammée en direction de l’extérieur du temple, elle posa l’arc contre le mur et se dirigea de nouveau vers Lucius. « D’ici quelques lunes, vous deviendrez sans doute une pièce maîtresse dans le jeu des puissants. Ils verront en vous un moyen d’atteindre votre père, directement ou indirectement. ». Elle prit la main du monstre et reprit la phrase qu’il lui avait susurrée plus tôt. « Sincèrement, je pense que vous êtes plus spécial que n’importe quelle autre personne à ses yeux. Ne laissez pas ces individus se servir de vous. ». Elle le lâcha. « Adieu. » fit-elle lentement en se dirigeant vers la sortie. Elle ignorait quand est-ce qu’ils se reverraient.
___

Il faisait nuit. « Bonsoir. ». Edwina jeta un coup d’œil à l’homme qui venait d’apparaître à ses côtés. Wil'regin Rygarald était un Ḍrĕgana. S’il ne lui était pas aussi désagréable qu’Erwan Galathiel, les deux hommes n’avaient jamais eu ses faveurs. Wil’regin la harcelait, souvent. Le Dragonnier était contre sa présence au sein de l’Empire, essentiellement parce qu’elle était Reine. Jarod, le Pendragon, lui avait défendu de s’occuper du cas de la Reine des Abysses, comme s’il s’agissait de son affaire personnelle, une interdiction qui ne lui laissait plus qu’une cible potentielle : elle. « Bonsoir » dit-elle sans emphase, son regard plongé au creux de la pénombre sur deux formes mouvantes : Aradhel et Lindorië, ses deux dragons lunaires. Ils valsaient avec l’astre dans une danse aérienne et merveilleuse. Elle attendait qu’il s’exprime, n’ayant aucunement à cœur le fait de discuter avec lui. Il lui était supérieur hiérarchiquement et en jouait souvent pour répandre son agacement dans leurs conversations. Elle se consolait en pensant qu’elle pourrait clouer le bec de l’impertinent si elle en avait réellement envie. Contrarier l’homme reviendrait néanmoins probablement à son exclusion de l’Empire. C’était pour cette raison qu’elle encaissait du mieux qu’elle le pouvait. « J’aimerai vous présenter un Naga si, bien entendu, vos fonctions de Souveraine vous permettent de prodiguer vos connaissances à ce dernier. ». Il était légèrement cynique. « Bien sûr. » répondit-elle simplement. Cet homme avait le mérite de tester les limites de sa patience.  

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