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 Le Néant

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Jun Taiji
✞ Æther de la Mort ✞

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Jun Taiji
Lun 12 Oct 2020, 20:23


Image par Amir Zand

Le Néant


Si vous êtes sensibles, évitez de lire =)
Ceci était un message du ministère du non-malaise.




« Quel désespoir profond et quel amer dégoût,
Quand l’âme qui s’éveille entrevoit tout-à-coup
Que tout sera néant, que tout sera poussière. »

Néant - Louise Colet


Le ciel était sombre, d’un noir qui révélait que l’obscurité la plus profonde que l’esprit des Mortels eût pu imaginer, n’était qu’un ersatz de ce qu’était son obscurité, à lui.

Un flash. Des cadavres de porcs. Des colonnes vertébrales apparentes. Un cri suraigu. Plus rien. Le noir et le bruit des vagues, un roulement rythmé par la marée, continu, déchirant.

Un crépitement, dérangeant, se fit entendre, venant se noyer dans cet océan que les navires des téméraires arpentaient, au péril de la vie de ceux qu’ils portaient.

L’esprit se rassure d’un rien. Il lui suffit de retenir un point précis pour essayer de nier l’anormalité. Pourtant, dans cette Mer d’encre, il y avait quelque chose de particulier, spécifique et meurtrier, quelque chose qui se déplaçait avec un dessein précis.

Un flash. Des cadavres de fidèles. La longueur spectaculaire des intestins. Des lames plantées dans les organes vitaux. Le suicide. Ce son affreux et perturbant, celui de la folie. Un son qui griffe la surface de la peau, comme des ongles acérés qui se seraient amusés à érafler au point de créer une douleur minime mais bien présente, une douleur dérangeante. Juste la surface. Juste pour rappeler que les Mortels sont faibles, que leur corps est faillible, que leur esprit est corruptible. Juste pour distiller le frisson, le doute, ce sentiment de malaise latent, prégnant. Puis plus rien, que le noir, ce noir ami, ce roulement immanquable, régulier, presque familier, qui rassure mais endort la conscience, qui permet de douter de l’horreur. L’imagination est débordante et, de ces débordements vers les ténèbres, il est préférable de penser qu’elle en est la seule source. L’envisager permet d’avancer, de rester maître de son propre corps et des tremblements qui aimeraient le saisir. Le penser permet d’effectuer un pas après l’autre, de ne pas fuir, de se murmurer que tout ceci n’est qu’une illusion de notre cerveau car, après tout, qui pourrait se cacher dans l’ombre ? Personne. Pas en pleine Mer.

Un flash. Les jointures brisées. Des corps de chevaux mutilés, laissés à l’abandon, dans une marée de sang à l’odeur âcre et répugnante. Des morceaux de cervelle et de tripes. L’envie de vomir. Une image floue d’une chose, jusqu’ici enfouie dans l’inconscience, une chose si terrible que la conscience elle-même préfère nier son existence. Le déni pour ne pas sombrer. Le cauchemar est bien plus acceptable lorsqu’il est fictif. Plus rien. L’écume qui se dessine dans la nuit, petit morceau de clarté dans l’obscurité. Toujours ce va-et-vient. Pourtant, déjà, l’instinct, jusqu’ici muselé, essaye de reprendre ses droits. Toi, Fils ou Fille de l’Eau, ne remontes pas à la surface. Toi, créature volante, élèves-toi toujours plus haut. Toi, le marin qui n’arrive pas à trouver le sommeil, révise ton cap afin de ne pas te perdre dans la Mer Maudite. Surtout pas cette nuit, surtout pas maintenant.

Un flash. Le bruit d’une porte rouillée que la folie essaye d’entrouvrir. Les orbites vides de ses victimes. Des chats brûlés à l’acide. Le rire de l’insanité. La violence de ceux qui ont perdu l’esprit. L’ambiance morbide d’un abattoir. Le sang sur les murs. Ces choses que personne ne voit, parce qu’il vaut mieux ne pas les voir. Les incantations oubliées. L’odeur du vomi. L’odeur du souffre. La chaleur étouffante. L’impossibilité de respirer. L’inaptitude à réfléchir. La tumeur qui grossit. La fragrance de la mort. La peau extraite des os, arrachée, comme un simple blanc de poulet. Le craquement de la déchirure. Les vertèbres écartelées. Puis plus rien. Le noir qui perd les cris dans le néant.

Un flash. Le son de la rayure. Celui des ongles sur l’ardoise. Les cordes vocales qui massèrent. Des chiens cloués au mur. Des poussins broyés. Des pattes brisées sous le poids de bêtes obèses. Des oreilles mâchonnées par l’angoisse. La souffrance. La maladie. La perversion du monde. Tout ceci, réuni dans une ombre gigantesque aux ailes démoniaques, une ombre qui fixe Awaku No Hi depuis le large car, là-bas, réside un souffle de vie capital. Ce souffle de vie, il est venu le chercher.

Un flash. La conscience qui s’éteint devant l’indescriptible. La raison qui devient folie et la folie qui devient Néant.
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Latone
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Latone
Sam 24 Oct 2020, 23:15





Il n'y a rien.

La pluie muait en de la suie. Les cumulus d'ébène crachotaient en continu leurs progrénitures, comme pour masquer les horreurs qui s'empilaient sur Awaku No Hi. L'œil du cyclone n'avait frappé que les récifs, pourtant les dégâts collatéraux se multipliaient tout autour. Les navires Kazak rejoignaient des abysses insoupçonnés, les bateaux fantômes se dissipaient. Rappeler les Ridere fut vain, ils s'en retournèrent dans les labyrinthes. La Bête fit demi-tour, piétinait les malheureux sur son passage jusqu'au volcan. Le passage des Bángs s'apparentât à un mirage. Le peuple… Il se noyait dans un océan de cauchemars. La fin fut abrupte. Bienvenue, oui. Attendue. Toutefois, le poison se faufilait dans les veines, jusqu'à l'Esprit. C'était une maladie, les symptômes d'une ère sombre. Tous les Chamans ressentirent ce manque, ce soudain changement. La Folie s'atténuait, au profit de… quoi ?

Aucune issue.

Les propos de Jezekael flottèrent entre les deux tympans de l'Hǫfðingi. Mensonge. Sottise. Léto n'en croyait pas un mot, à l'extrême opposée de ses convictions concernant le Cycle de la Vie et de la Mort. Genoux à terre, les pupilles dissemblables de la Chamane ne parvinrent pas à se décoller du corps inerte de son ami. L'enveloppe charnelle ne lui était, presque, d'aucune importance. Elle lui avait promis de le protéger. Elle avait promis de ne jamais lâcher ce fou. De ne jamais le laisser entre de mauvaises mains. Ils se sont perdus mutuellement. Ses propres mires n'étaient pas capables de se plonger dans l'Âme, d'aller cueillir cette essence si précieuse. Au fond, elle savait qu'elle en avait les moyens, qu'une solution – même radicale – existait. Pourtant, son Corps peinait à réagir, car son Esprit ressentait, à son tour, cette absence. Ce manque. Ce soudain changement. La Folie cherchait son nouvel Avatar.

Où est Devaraj ?

L'Ombre ne sut réellement si sa présence était davantage utile. Son travail reposait sur le voyage des Souverains. Or, le cas du Chaman se présentait – une nouvelle fois à ses yeux – comme singulier. Une œillade du côté du second cadavre. Rak Drornleth. Venu reprendre son dû, le voilà reparti les mains vides. De leur confrontation, Léto Sùlfr fut l'une des témoins directs. Si son pouvoir lui permît, l'égale du Taiji serait intervenue en sa faveur. Les écrits ne soulignaient pas une finalité concrète, évidemment, mais celle qui portait le titre de Souw, autrefois, ne comprenait pas. À quelques mètres d'eux, la progéniture prophétique était à bout de souffle, anéantie par les efforts déployés lors du duel. Il y a quelques minutes, leur unique enfant n'était qu'un bébé. La magie s'opéra de sorte que sa fatalité se produise. Nörråke était devenue une guerrière crainte et un élément crucial du dénouement. Kaori avait parlé. La prophétie s'était accomplie. Alors pourquoi Devaraj ne lui répondait pas ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas se revoir ? Dans cette foule, dans cette mare, devant ce stand appétissant de Zterbiuh'Oshi ? La Folie ne réapparaîtra pas sous ces traits.

Le Néant n'existe pas.

Léto ignorait la présence de l'Esprit de la Mort. Peut-être était-il déjà parti ? Nörråke héla sa génitrice, la suppliant de la libérer de ses afflictions. La mère ne répondit pas. Le regard de l'Hǫfðingi voguait sur la peau de son ami, à la recherche d'une étincelle d'espoir. Instinctives, ses mains s'étaient agrippées à Devaraj. Bientôt, c'était comme si elle le berçait, attendant un réveil qui ne s'opérera jamais. Parfois, les bras de la Sùlfr le secouaient, afin de lui transmettre une impulsion d'énergie. D'autres fois, ses lèvres se décollèrent pour lui accorder quelques mots. Des questions, des ordres, des supplices. Nörråke sanglotait ; la Mort ne la cueillera pas aujourd'hui, car son chagrin la touchait davantage. Les pleurs ne lui firent rien, Léto était anéantie, immobile, faussement stoïque. Cela faisait trop longtemps qu'elle ne s'était pas retrouvée face à une impasse, un obstacle absolument impossible à franchir. Que ce soit avec sa logique, que ce soit avec ses poings… Que représentait-elle donc, sur cette ligne du Temps où la fatalité était l'unique option ? Qu'était donc cette Reine ayant perdu son Roi ? La Folie savait.

Tout n'est que poussières.

Des secondes, des minutes, des heures. L'ocre et l'écarlate s'élevèrent vers ces cieux de jais. Ce ne fut qu'à ce moment précis, réalisant l'irréparable, que Léto reçut cette souffrance en plein cœur. Que ses muscles furent en proie à une irrévocable convulsion. Que sa voix ne daignait qu'à alimenter la géhenne. Que son regard, d'ordinaire pétillant, se noya dans cet océan de cauchemars. La Folie l'enlacera, à son tour.

J'ai échoué.




By Jil ♪
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