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 [Q] - Cauchemar en cuisine | Kitoe

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Dim 03 Jan 2021, 20:44

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« Bon bah l'intérieur est raccord avec l'extérieur...C'est moche, c'est kitsch. »


Partenaire : Kiote
Intrigue : Deccio se retrouve par hasard dans la maison de Kitoe afin d'enquêter sur des disparitions qu'on lui a rapportés.


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En cette saison, les affaires allaient bon train pour le détective en choc. D’une part, car la crise actuelle engendrait en nombre conséquent des problèmes internes, et d’une autre, parce que Deccio sévissait aussi en ordonnaient des crimes par le biais des hommes qu’il engageait régulièrement dans la région. En revêtant un visage anonyme, le Démon préméditait des escroqueries plus ou moins élaborées dans certaines parties du Royaume, ceci afin de faire d’une pierre deux coups. Premièrement, cette procédure lui permettait d’en apprendre davantage sur les recrues qu’il prenait sous son aile, autrement dit de tester leurs volontés. Deuxièmement, les méfaits orchestrés avaient toujours un but personnel bien précis. Parfois, il s’en servait juste pour jauger l’état d’une région, notamment pour savoir si elles étaient praticables pour son niveau actuel. Mais le plus souvent, les attaques menées avaient pour vocation de générer des conflits au sein d’une même patrie, afin de fragiliser leur cohésion et conduire de meilleurs assauts par la suite. Enfin, la troisième raison — celle qui lui tenait le plus à cœur — visait à localiser les criminels les plus endurcis dans l’objectif d’en faire de potentiels alliés. S’il était devenu inspecteur, ce n’est pas pour soulager les proches des victimes ou se donner bonne conscience, mais bel et bien pour mesurer l’intelligence et le savoir-faire des coupables. La voie du mal avait toujours attendri ses sens de renard, car il estimait qu’ils étaient nettement plus fascinants que ceux qui œuvraient pour cette connerie de vertu. Ce que les hommes avaient de pire en eux ; voilà en quoi consisteraient les éternels travaux de ses recherches.

C’est en étant incité par cette démarche que le blond aux yeux censeurs se retrouva mêlé à une sombre histoire. D’après plusieurs témoignages concordants, un éminent personnage aussi dangereux qu’imprévisible se trouvait aux abords de ce lieu pour le moins insalubre. Rien qu’à l’odeur, il pouvait clairement se prononcer sur la qualité des aliments qui devaient fomenter depuis belle lurette dans le secteur. Tulipe aurait probablement pété une durite en voyant la devanture qui manquait surement d’un quelque chose d'indéfinissable à ses yeux. À vrai dire, ce restaurant payait plus de mines que la majorité des commerces que l’on puisait aux quatre coins de l’Enfer. Aux bras de sa sagacité perçante, c’est justement cette harmonie chatoyante qui le mettait sur le qui-vive. Dans les livres prévisibles qu'il feuilletait, c’est ce qui sautait aux yeux qui engendrait le plus de suspicions. Ne disait-on pas que plus c’était gros… ben, moins c’était petit ? Quelque chose comme ça. En s’approchant des fenêtres afin de visualiser l’intérieur, le Diablotin observa plusieurs étalages avec des morceaux de jambons suspendus au plafond.

« Une boucherie ici ? C’est étrange. Cet établissement est trop sécurisé pour ne contenir que des cuisses de poulet et deux, trois côtes de veau. »

En revenant vers la porte principale, Deccio tenta effectivement de recourir à son contrôle du métal pour déverrouiller la serrure. Mais comme il s’y attendait, le mécanisme était bien trop sophistiqué pour ça. Pour s’y introduire, il allait devoir déployer une ruse plus malicieuse. Peut-être devait-il envisager de former une clé avec son propre sang ? Mauvaise idée. En regardant le seuil d’un peu plus près, il consigna la présence d’une pièce mobile. Le responsable derrière ce trafic était manifestement assez malin pour avoir assuré ses arrières d’un piège sonore supplémentaire en cas d’anéantissement de la première barrière. Oh, puis après tout, au diable les stratégies foireuses pour intention de ne laisser aucune trace d’effraction. Activant son bracelet métallique dont le pouvoir consistait à priver le bruit dans un périmètre autour de lui, le blondinet frappa à plusieurs reprises sur la serrure avec son pied. Celle-ci céda après quelques secondes d’acharnements ; attestation d’un bon ouvrage de menuiserie.

Qui que soit le locataire, il se chargerait de le menacer d'expulsion afin d’obtenir les bonnes adresses. Dans un premier temps vigilant, le détective explora la boucherie le plus discrètement possible après avoir inhibé son dispositif. Il n’avait plus besoin de taire le son de la sorte, et quand bien même quelqu’un était présent à l’arrière-boutique, il ne craignait pas de voir débarquer un scélérat d’une puissance sans pareille. Nul doute que ce commerce appartenait à quelqu’un qui débutait, ou du moins, quelqu’un qui commençait tout juste à se faire un nom. Les rénovations étaient récentes, et la chambre froide ne semblait pas se trouver par ici. Non content d’avoir ravagé une porte, l’homme s’empara d’un morceau de jambonneau avant de terrasser les gonds qui retenaient la seconde. L’odeur étant de plus en plus écœurante, il tenait le bon bout.


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Kitoe
~ Démon ~ Niveau II ~

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Kitoe
Mar 05 Jan 2021, 00:16

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
Elle sentait la chaleur de son corps tout près de son visage. La sensation apaisante lui arracha un sourire et elle huma la douce odeur de sa peau. Il portait un parfum. C’était doux et léger, les notes suaves étaient plus marquées au niveau de son cou, se mêlant un peu à la transpiration due aux efforts qu’il avait fourni contre elle. Mais ce n’était pas la partie qui l’intéressait particulièrement. Elle préférait promener ses sens… plus bas. Elle avait réduit sa chemise en charpie pour qu’il ait le torse nu. Sa tablette de chocolats valait le détour. Ce n’était pas la plus proéminente, mais elle était agréable au regard. Soudainement, Kitoe tira la langue et lécha son abdomen en remontant jusqu’à ses pectoraux. Lorsqu’elle se redressa, à quatre pattes, elle émit un sourire en coin. Une boule de tissu coincée dans sa bouche, l’homme n’était plus capable de prononcer le moindre mot. Il parlait trop, alors elle avait dû le bâillonner. Ses mains étaient clouées au mur contre lequel il était assis et ses pieds étaient enchainés. Il n’avait plus que ses yeux pour exprimer à quel point il la trouvait folle. On lisait en lui comme dans un livre ouvert. La Démone s’en amusait. Elle déposa un baiser sur son nez avant de s’écarter de lui.

-Alors alors… à quelle sauce pourrait-on te manger ? … Hm… Je vais te montrer ce que j’ai en stock et tu me dis ce que tu préfères, d’accord ? Tu n’as qu’à dire « Hm » pour oui et « Hm hm » pour non.

Elle se dirigea vers une armoire et ouvrit les deux battants en grands pour qu’il puisse voir tout l’intérieur. Des outils en tout genre étaient suspendus à différents niveaux afin que l’on puisse d’un seul coup d’œil avoir une vision d’ensemble de l’attirail. Un à un, elle saisit les ustensiles, les présenta à sa victime avant de les déposer sur la table centrale.

-Ciseaux ? Oui oui ? Très bien. Tire-bouchon ? Oui oui. Ok. Oh, la scie ! Oui oui. Très bien, je vois que tu es très enthousiaste, ça fait plaisir.

De son côté, l’homme – Jason, un nom qui été déjà passé dans cette cave – secouait de plus en plus frénétiquement la tête alors que ses beuglements se faisaient plus bruyants. Ses jambes s’agitaient, luttant contre le sol pour une raison qui échappait à la Vile. Elle préférait ne pas s’en préoccuper.

-Pieu ? Oui oui ! Hihi, on va s’amuser !

-Kitoe.

-Tu préfères en bois ou en métal ? En gros t’as le choix entre échardes et rouille. Je t’avoue que j’ai un penchant pour le bois alors on n’a qu’à partir sur ça si ça ne te dérange pas.

-Kitoe !

La concernée interrompit son inventaire et leva les yeux au ciel.

-Quoi ? Tu vois pas que tu déranges ?

Toki se tenait en haut des escaliers de la cave. Elle tirait une tronche beaucoup trop sérieuse pour que son intervention soit inutile. Malheureusement.

-Y’a quelqu’un dans la boucherie.

Kitoe balança le pieu sur la table, irritée. Elle n’aimait pas qu’on l’interrompe quand elle s’amusait.

-Bordel mais c’est fermé aujourd’hui ! C’est écrit sur la pancarte, les gens savent pas lire ou quoi ? T’es sûre qu’il y a quelqu’un ? C’est qui ?

-J’ai pas regardé. Mais y’a du bruit.

Son propos fut aussitôt illustré par un fracas. Kitoe grogna. De toute manière c’était simple : si Toki lui avait menti, elle lui foutrait la torgnole de sa vie et ça serait réglé. Passant ses mains sur sa robe à volants pour avoir l’air correcte, Kitoe s’empara d’un couteau qu’elle glissa dans le nœud qui maintenait sa taille, dans son dos.

-Merde alors. Restes ici, j’y vais. Et toi, tu bouges pas et tu fermes ta gueule. Ordonna-t-elle à Jason.

Elle remonta à la cuisine et ferma la porte derrière elle. Elle se para d’un sourire, mais ses yeux et sa voix ne la suivirent pas dans l’enthousiasme.

-Bonjour monsieur, vous êtes bien gentil mais on est fermé aujourd’hui. C’est écrit à l’entrée.

Et en parlant d’entrée, ce connard avait forcé la sienne. Ça aussi ça l’énervait. Ça faisait déjà deux fois qu’elle refaisait l’encadrement.

-Qui vous a dit de venir ici ? C’est pas pour les clients, là. Vous étiez obligé de défoncer la porte ? Si vous vouliez vraiment entrer, y’a une cloche pour ça. Suffit de sonner, comme tout le monde.

Le concerné n’était pas un habitué. Kitoe ne l’avait jamais vu et c’était tant mieux parce qu’elle ne l’aimait déjà pas. Il était grand, blond, et vu l’assurance avec laquelle il venait de s’infiltrer chez elle, c’était un con prétentieux qu’il fallait mieux ne jamais revoir.

-Si vous êtes venu pour acheter ce jambonneau, vous auriez pu attendre demain matin. Maintenant qu’on y est, je peux toujours vous le vendre mais y’aura la facture pour le serrurier avec. Par contre, si vous êtes venus pour me le voler, va falloir me le rendre et dégager avant que ça ne tourne mal, monsieur.

Comparé à lui, elle était minuscule. Il la dépassait de plus de trente centimètres et dans sa jolie robe rose et noire toute propre, elle ressemblait à une enfant égarée dans l’atelier de ses parents. Mais c’était bien connu : les caniches étaient beaucoup plus hargneux que leurs amis les labradors.


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Mar 05 Jan 2021, 18:13

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Saisissant un couteau de plutôt bonne facture qu’il rangea dans le port de sa ceinture, les yeux du beau Diable scrutèrent chaque objet qui n’aurait, à son sens, pas sa place ici. Il toucha le plan de travail, puis les ustensiles de cuisine, cela jusqu’aux aliments qui délivraient une délicieuse flagrance. Déterminé à poursuivre son investigation dans les tréfonds de cette boucherie, Deccio se fit néanmoins interpeller par celle qu’il supputait être la propriétaire des lieux. Il remarqua immédiatement le réflexe qui l’eut incité à boucler rapidement l’accès aux escaliers se trouvant dans son dos. Imitant la posture d’un homme profondément désolé, sa tête se tourna vers l’entrée. Les paupières closes et la bouche en cul de poule, il répliqua comme un enfant pris la main dans le sac.

« Pardonnez-moi, je fais rarement attention à ce genre de détails. On m’a toujours enseigné à remplacer la clé par d’autres moyens lorsqu’elle n’était pas en ma possession. »

En Enfer, à quoi bon s’encombrer de biens superflus ? Une clé ne servait pas à se défendre. Une arme, si. Pour ne pas paraitre irrévérencieux envers son interlocutrice, le Démon abrégea la distance qui les séparait. Elle avait beau être chétive, ce n’est pour autant qu’elle était inoffensive. L’un des fondements qui consistaient à se méfier des apparences n’était pas usurpée.

« J’ai perdu un ami à moi. Il m’est très cher vous savez, et je sais qu’il avait l’habitude de venir près d’ici pour se ressourcer. La vue qui encadre votre boucherie est plutôt admirable, il faut lui reconnaitre. »

Inutile de lui dire la vérité, comme quoi il avait été mandaté pour enquêter sur la disparition d’un éphèbe. Ce genre de réponse enthousiasmait très peu les principaux martyrs de ces recherches. Sans vaciller ne serait-ce qu’une seconde, il posa sa main sur la tête de la dame, lui ébouriffant légèrement les cheveux au passage.

« Désolé du dérangement, je suis un peu étourdi par moments. Je m’occuperais des réparations lorsque j’aurais remis la main sur mon ami. »

Imposant quelques instants de flottements avant d’arracher un morceau de jambon avec ses dents, le vaniteux se dirigea à présent sur le plan de travail vers lequel il prit ses aises en s’y asseyant. Il ne libéra la parole que quand il fut suffisamment rassasié.

« Inutile de nous battre pour si peu, nous sommes des gens civilisés. Je vous verserais une compensation en temps et en heure. En attendant, j’aimerais vous parler de ceci. »

D’un geste raffiné du poignet, le blond fit surgir une cordelette sectionnée sur laquelle une plaque glissa lentement le long avant d’atterrir dans sa paume. Pinçant les deux éléments de son pouce et de son index, il les exposa devant lui.

« J’ai retrouvé ça en contrebas, pas loin d’ici. Pas besoin d’être extralucide pour comprendre qu’il lui est arrivé quelque chose. Et comme vous êtes le seul commerce dans le coin, c’est à vous que je m’adresse en premier lieu. Loin de moi l’idée de vous accuser, mais peut-être avez-vous aperçu quelque chose d’inhabituel ? Hormis la présence d’un homme un peu trop complaisant, j’entends. »

Bien entendu, ce beau discours était parsemé de mensonges. Deccio avait confectionné cet indice de toutes pièces. Il lui arrivait fréquemment de recourir à la falsification pour parvenir à ses fins. Mais ça, personne n’était censé le savoir à part lui, le but étant d’ébranler ceux qu’il interrogeait, qu’ils soient coupables ou non des faits reprochés. Renonçant inopinément à son siège, l’inspecteur fit les cent pas à l’intérieur de la boutique. Parfois, il s’attardait sur des produits, à d’autres moments il observait en l’air sans raison. Mais souvent, il attachait un intérêt tout particulier sur la jeune femme qu’il toisait de bas en haut, comme pour disséquer la moindre faille comportementale. Elle était plutôt mignonne en y regardant de plus près. Elle ferait une excellente poupée pour sa collection avec deux ou trois rafistolages supplémentaires. Inconsciemment, de la salive coula à la commissure de ses lèvres. Il s’empressa aussitôt de l’essuyer d’un revers de manche afin de se recentrer sur l’essentiel. Les mains logés dans les poches, il s’approcha à nouveau de la porte qu’il convoitait tant, ses prunelles ne quittant quasiment plus la poignée à partir de là.

« Ma requête va vous paraitre grossière, et elle l’est, mais je souhaiterais jeter un œil derrière cette porte. »

Ses iris se reposèrent sur elle, ceux-là ayant muté vers un sentiment de perversion. Néanmoins, un sourire vint éclaircir l’ensemble.

« Ne vous en faites pas. En supposant que vous ayez séquestré votre amant un peu trop volage ou ficelé un garnement un tantinet trop mobile, je ne m’en mêlerais pas. Je ne cherche qu’une chose et une seule. Le reste ne me regarde pas. »

Probablement la première fois qu’il s’exprimait aussi sincèrement. Il était prêt à tout pour remplir son devoir. Vraiment à tout.


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Kitoe
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Kitoe
Mer 06 Jan 2021, 18:19

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
Ce type lui donnait un tic à l’œil. Sa manière nonchalante et pourtant parfaitement maîtrisée de se croire chez lui lui donnait envie de lui découper la peau et de la séparer tout doucement du reste de son corps. Son nez se fronça et ses épaules remontèrent lorsqu’il passa sa main sur sa tête et elle ne put s’empêcher de se recoiffer dès lors qu’il rompit le contact désagréable. Son expression s’empira encore lorsqu’elle le vit mordre dans la viande qu’il lui avait volée. Les poings serrés, elle tremblait un peu à cause de la tension qui faisait bouillonner tout son corps. Elle allait lui arracher les yeux, les dents et les ongles. Elle allait écraser tous des membres pour en faire de la bouillie bonne à donner aux chiens. Elle allait extraire sa cervelle par son nez et mettre sa tête sur le grill. Elle voulait entendre le craquement de ses os et le bruit de la chair déstructurée entre ses mains.

Son propre comportement l’étonnait : l’agacement, mêlé à la surprise, la clouait sur place. Elle attendait qu’il finisse son cirque avant de réagir. Il avait intérêt à la lui lâcher, cette compensation, elle s’en assurerait. S’il ne le faisait pas, elle viendrait le chercher par la peau du cul. Elle lui prendrait tout son argent avant de vendre ses organes pour récupérer ce qui lui était dû. Elle ratisserait l’Enfer entier s’il le fallait. En fait, il l’avait tellement énervée qu’elle réagit à peine lorsqu’il dévoila sa soi-disant preuve. Elle était assez naïve pour le croire, mais elle n’en avait rien à foutre. Preuve ou pas, cet homme finirait aussi mort dans sa cave que Jason dans quelques heures.

-Rien d’inhabituel.

En soi, même si elle était la coupable – ce n’était même pas garanti après tout – la disparition n’avait rien d’inhabituel compte-tenu de ses activités.

Kitoe l’observa déambuler dans sa propriété. Elle restait fermement campée devant la porte de la cave comme un chien de garde. Elle le sondait de la tête aux pieds pour chercher à savoir ce qu’il lui voulait exactement, mais elle ne parvenait pas à le calculer.

-Vous voulez que je vous montre la sortie ?

Visiblement, dégonder ses portes n’avait pas suffi à baliser ces quelques mètres. Avant qu’elle ne puisse enchainer avec une remarque acerbe, il fit la demande fatidique. Kitoe ancra ses pupilles dans celles de l’homme. Pour qui se prenait-il ? La Démone pensa en premier lieu refuser promptement et l’envoyer chier. Elle pensa ensuite à la réponse inverse. Sans qu’elle ne puisse s’en empêcher, un sourire étira ses lèvres, donnant soudain à son visage une toute autre allure, bien plus malsaine. Elle doutait qu’il puisse lire dans ses pensées ou quoi que ce soit. Ses hypothèses l’amusaient pourtant, puisqu’elles étaient plutôt proches de la réalité. En admettant que Jason était l’amant, lui serait le garnement un tantinet trop mobile.

-D’accord.

Elle ignorait à quel point elle pouvait lui faire confiance. Elle ne savait pas ce qu’il voulait. La finalité restait la même pour elle : en forçant son entrée, il avait signé son arrêt de mort. Avec sursis, peut-être, mais il finirait assurément dans son estomac. Pour ce qu’il se passerait entre temps, ils verraient bien. Elle n’avait pas peur. Tout s’arrangerait.

Jaugeant une énième fois l’inconnu, elle recula d’un pas pour ouvrir la porte et lui laisser la voie libre. C’était le genre de connard qu’elle n’allait pas perdre de vue. D’un geste de la main, elle l’invita à prendre les escaliers.

-Comment vous vous appelez ?

Passant après lui, elle eut grandement envie de poser son pied contre sa nuque pour le faire basculer en avant. Elle était sûre d’être à peu près aussi forte que lui. Avec Toki pour l’aider, le maîtriser serait du gâteau. Elle voulait le voir enchainé à son fameux mur et lui faire subir toute la colère qu’il venait de la forcer à contenir.

En bas, Toki s’était redressée en découvrant la grande silhouette faire son apparition. Les bras croisés, elle plissa les yeux pour l’analyser dans toute sa hauteur. Elle ne l’aimait pas. Elle lança par la suite un regard noir à son modèle. Pourquoi cette débile l’avait laissé entrer ? Par télépathie, cette question résonna dans le crâne de l’originale qui lui répondit à peine. Si le double avait encore été un chat, aucun doute qu’elle lui aurait montré ses crocs. Les deux femmes étaient quasiment habillées de la même manière, à l’exception près que la robe du Reflet était totalement noire. Les outils de torture n’avaient pas bougé de la table où Kitoe les avait posés. Jason était toujours à sa place, intact. Toki n’avait fait que le regarder d’un air mauvais. Elle lui avait raconté des choses horribles sur la façon dont il allait se faire torturer avant qu’elles n’en fassent de la viande de bœuf.

-Au fait…

La Démone passa devant le blond. Ses doigts glissèrent jusqu’à sa ceinture pour récupérer le couteau qu’il lui avait volé. De son autre main, elle s’empara de celui dont elle s’était elle-même munie et déposa les deux armes sur la table. Elle lui offrit un sourire niais.

-On sera plus à l’aise comme ça. C’est Toki. Moi Kitoe. Elle tendit ensuite la main vers son otage pour attirer l’attention sur celui-ci. Et Jason. C’est lui que vous cherchez ?

Ou alors peut-être qu’il voulait la cuisse du type de l’autre jour, Aarold, stockée au frais dans un meuble derrière eux. Mais bon, à ce stade, il était méconnaissable. Il était vraiment inutile de le mentionner.


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Jeu 07 Jan 2021, 23:04

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fille n’était pas très loquace. Il avait beau essayer d'orienter la discussion dans son sens pour la percer à jour, ses réponses assez brèves ne l’aiguillèrent qu’à moitié vers la vérité. C’était peut-être intentionnel de sa part. Allez savoir comment l’un de ses semblables pouvait réagir lorsqu’il était acculé. Tous avaient des comportements distincts, mais s’il est bien un point sur lequel ils se raccordaient à peu près tous, c’est qu’ils étaient bien souvent imprévisibles. Deccio était conscient d’être un peu plus rationnel et méthodique que ses frères d’armes, toutefois, ça ne sous-entendait aucune supériorité de sa part. La donzelle était chez elle, sur son terrain, et il n'avait aucune information concernant ses capacités. Néanmoins, elle n’était pas assez confiante pour le faire taire à la seconde où il eut posé toutes ces questions, ce qui impliquait qu’elle ne se sentait pas de l’abattre ici avant que des clients ne débarquent. La seconde hypothèse, c’est qu’elle prenait toutes sortes de précautions pour ne pas foirer son coup, mais dans ce cas, elle finirait par craquer et le laisser passer. C’est la principale raison qui incitait le Démon à épuiser sa patience en se comportant avec autant d’effronterie.

« Appelez-moi Sebastian. Ce n’est pas l’identité sous laquelle je suis le plus connu, mais c’est celle avec laquelle j’exerce mon métier. Vous en saurez davantage plus tard. Enfin, si vous êtes disculpée. »

Subitement plus cordial, le blondinet tassa sa méfiance. Abdiquer et lui ouvrir ses portes malgré son audace, ça sentait le piège à plein nez. Pour autant, c’est justement ce qu’il cherchait à provoquer depuis le début. Agacer les gens au plus point était sa spécialité ; elle avait toujours porté ses fruits.  

« Vous faites ça depuis longtemps ? Pas la rôtisserie, mais inviter des hommes dans votre antre. »

D’un sourire espiègle, il tourna légèrement la tête par-dessus son épaule pour lui jeter un regard malicieux. Puis il s’exécuta, calmement. Chaque marche qu’il descendait s’accentuait d’une coupure plus ou moins nette, ceci afin de faire durer le suspense jusqu’à son apogée. Alors, allait-il enfin se délecter d'une flopée de cadavres empalés à des crochets ? Ou simplement des frigos avec à l’intérieur des produits mal étiquetés ? La découverte d’une sœur aux traits identiques incita l’enquêteur à émettre un sifflement prononcé. Arrivé en bas, il répondit par un salut militaire après avoir été privé de son bien.

« Enchanté. Vous êtes jumelles ? Ou bien s’agit-il de votre clone ? Un reflet peut-être ? »

Ou une expérience qui avait mal tournée, mais il se retint bien de proposer cette dernière éventualité. D’après la simplicité de leurs échanges, elles se connaissaient depuis un certain temps. Ce qu’il ne s’attendait pas à voir en revanche, c’est la présence de l’homme sur cette chaise, attaché et arborant des signes de tortures flagrants. Pour dévoiler ainsi ses agissements, elle devait être cruellement sereine. Allait-il s’effondrer dans les deux prochaines secondes suite à un choc redoutable derrière la nuque ? Apparemment pas. Restant sur ses gardes, Deccio se mit à hauteur de la victime de sorte à bien pouvoir l’examiner. Il attrapa sa mâchoire entre ses mains, de façon à pouvoir l’inspecter sous tous les angles. Il se releva, étrangement paisible.

« C’est bien de lui qu’il s’agit. Jason Lane. Un grossiste qui se dissimule derrière de jolies apparences pour appliquer à la lettre la loi du plus fort. C’est un homme marié, mais pouvons-nous vraiment le lui reprocher ? Vous savez comme moi que la monstruosité peut prendre des formes très diverses. »

Le blond lâcha un rire effronté avant de se tourner vers Kitoe, proposant par conséquent son dos à Toki.

« Ça ne vous ennuie pas si je le ramène chez lui ? Bien sûr que non. Vous êtes quelqu’un de raisonnable, je peux le lire sur votre visage contrairement à… »

Il pencha brièvement sa tête vers l’arrière pour signifier qu’il parlait de sa copie pas très conforme.

« Par contre, je suis curieux de savoir ce que vous lui faisiez. Ce n’est pas pour vous sermonner. Simplement, j’ai pas très envie d’avoir de mauvaises surprises. S’il se mettait à aboyer sans raison et à se lécher les parties intimes, le produit serait considéré comme défectueux et les frais seraient à ma charge. »

Et ça, ce n’était pas très professionnel. Incapable de faire les choses à moitié, il se repositionna alors auprès de l’individu afin de le défaire de ses liens. Ses hématomes étaient nombreux, mais les points vitaux avaient étés épargnés, preuve que les bourreaux maitrisaient très bien leurs sujets. Quand il eut débarrassé l’homme de toutes ses entraves, il le hissa sur ses épaules avec une facilité déconcertante.

« Vous savez quoi ? Ça me désole de partir aussi vite. Vous m’êtes très agréable, et je suis sûr qu’une romance aurait pu naitre entre nos deux corps sublimés par la jeunesse éternelle. Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin. »

Affichant de nouveau un visage souriant, il posa ses doigts sur le thorax de Kitoe afin qu’elle daigne le laisser passer. Il grimpa ensuite les marches une à une, comme si de rien n’était. L’arrogance n’avait pas de limites. Subitement, une drôle de sensation se propagea le long de son corps.



835 mots | Post III
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Kitoe
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Kitoe
Ven 08 Jan 2021, 22:10

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
-Hmm… Je vais vous appeler Seb.

Sebastian, c’était trop long en plus d’être un nom de majordome magicien particulièrement hautain. Elle n’aimait pas. La Vile décida de ne pas répondre à ses deux remarques suivantes. Il allait sans dire qu’elle était surprise qu’il connaisse l’existence des Reflets. Elle se représentait ce peuple comme particulièrement discret, et Toki était l’exception qui confirmait cette règle. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle croisait un connaisseur. A croire que ce type allait changer sa vision sur ces bestioles.

Kitoe prit appui sur la table. Comme un fauve en pleine chasse, elle observa le blond examiner sa victime. Sa mâchoire se crispait au fur et à mesure qu’il déblatérait ses âneries, mais elle continuait inexorablement de sourire. Seb avait quelque chose de fascinant ; la même chose qui lui donnait envie de l’éviscérer : son culot. Ce qui l’empêchait de réagir était la curiosité de savoir jusqu’où il oserait aller. La brune le laissa défaire les liens du prisonnier, bien qu’elle eût le piteux réflexe de s’interposer – action qui fut rapidement mise à mal puisqu’il était déterminé à aller jusqu’au bout de l’insolence. Elle n’avait pas besoin de s’attarder sur Toki pour savoir que celle-ci était en train de se mordre la lèvre jusqu’au sang et de planter ses ongles dans la chair de son bras, derrière son dos. L’originale ressentait exactement la même chose : l’envie de découper le diable en morceaux par le seul moyen de ses ongles. Il fallait admettre que son impudence et son arrogance étaient impressionnantes. Sur ce pour, la Démone pouvait lui tirer son chapeau. Mais une romance ? Sérieusement ? En même temps, les deux femmes ricanèrent.

-Et vous savez quoi ? Je suis aussi déçue que vous. Vous sembliez curieux de connaitre mes activités, puis vous partez sans rien savoir au final.

Un chieur comme ça ne pouvait pas partir aussi facilement, c’était impossible. Tous dans cette pièce le savaient. Et surtout, il était hors de question qu’il lui enlève Jason. Elle avait prévu tout son programme culinaire pour la semaine. D’un pas décidé et armée d’un couteau, Kitoe rattrapa l’indésirable. Sa lame vînt se planter dans le dos de Jason, lui arrachant un râle. Elle mit tout son poids dans son geste pour rendre la plaie aussi profonde que béante. Elle aurait aimé mettre fin à ses jours autrement, mais c’était un mal pour un bien. Le blond était un butin beaucoup plus intéressant que cet idiot. Sa main s’accrocha au bras du géant.

-Oups. On dirait que la bête aboie. Désolée, c’était un accident. J’espère que votre chemise ne vous a pas coûté trop cher, elle est toute tachée maintenant. M’enfin, ce n’est qu’un détail. On m’a toujours enseigné à remplacer la courtoisie par d’autres moyens lorsque l’interlocuteur est un peu trop contrariant. Son sourire disparut. Elle changea de ton. Revenez ici.

Kitoe ne lui laissa pas le choix. Employant toute sa force, elle le tira en arrière tandis que le Reflet montait fermer la porte à clef.

-Je ne sais pas si c’est très utile, Toki. Ce connard a la fâcheuse tendance à se prendre pour un bélier.

-Bonne nouvelle.

L’originale émit un rictus amusé. Il était vrai qu’elles devraient bientôt passer commande au berger qui les fournissait. Kitoe ramena le blond à son point de départ – la chaise du supplicié – et le maintînt à distance grâce à la pointe de son couteau ensanglanté.

-Assied-toi. Et lâche-le. Il va crever, de toute façon. Elle avait perforé ses poumons et maintenant, il suffoquait comme un goret. Encore désolée d’avoir tué votre ami si cher à vos yeux. Mais vous ne m’en voudrez pas, vous êtes quelqu’un de raisonnable. Son vouvoiement était devenu hautain et provocateur. Puisqu’il voulait jouer, ils allaient jouer. Et comme je suis aussi raisonnable je ne vais pas vous attacher ni vous ligoter. Je compte sur votre raison à vous pour vous tenir à carreaux.

Derrière elle, Toki alignait une série de scies et de couteaux de boucherie. La Démone baissa sa garde. Posant un doigt sur sa bouche, elle fit mine d’entrer dans une profonde réflexion. Elle tournait autour du blond pour pouvoir l’observer sous toutes les coutures. Il avait une belle carrure et elle supposait qu’il devait avoir bon goût. Ça lui faisait au moins une qualité.

-Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi… une idée Toki ? Toi qui n’es pas raisonnable, tu devrais en avoir des meilleures que moi. Je suis bornée.

-A mon avis il faut aller droit au but et lui montrer la complète, tant qu’à faire.

Kitoe s’était approchée de l’homme pour le tâter, comme s’il s’agissait d’une bête de concours.

-Hmmm, d’accord, c’est une bonne idée.

Elles avaient instauré une sorte de menu pour parler des différents supplices qu’elles faisaient subir à leurs otages. La formule complète, comme son nom l’indique, était la formule incluant l’ensemble de leur panel, soit en résumé : engraissement avec ingestion forcée de chair humaine, torture, et enfin amputations et ablations d’organes pour assurer une mort lente et douloureuse. Leurs deux autres formules favorites étaient la détente, pour une mort rapide qui assurait la tendreté de la viande, et la végétarienne, qui consistait à ne laisser à la victime que le tronc et les organes vitaux pour assurer son fonctionnement végétatif de base. Cette méthode excluait également l’engraissement par cannibalisme. Dans chacune d’entre elles, elles se permettaient parfois d’ajouter un supplément viol selon leur bon vouloir.

-Je te propose le bras, Seb. Tu nous en diras des nouvelles.

Armée d’un large couteau, Toki s’approcha du corps de Jason. S’il n’était pas mort, il en était très proche. Elle avait juste besoin de disloquer son épaule. Ensuite, elle tâcherait de découper de jolis filets dans son biceps.

960 mots


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Sam 09 Jan 2021, 21:55

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Ce poids accentué sur ses épaules le stoppa net dans sa retraite anticipée. Tandis que ces pupilles cherchèrent une issue, son corps fut subitement tiré vers le bas. Avant même de réaliser ce qui se passait, l’homme se retrouva de nouveau cerné par le duo alors que Jason regagna gentiment sa place. Ces filles ne doutaient de rien. Le traiter de la sorte avait coûté cher à plus d’un de ses semblables, et nul n’avait subi un sort aussi délicat que la mort. Si elle se servait des couteaux principalement pour émincer ses légumes, lui les utilisait à d'autres fins. Par chance, il n’avait pas la moindre envie de s’emporter. Pas maintenant. En fait, il trouvait la tournure des événements plutôt palpitante. Sans doute, car il avait sciemment provoqué cette conclusion en abusant de l’hospitalité de ses hôtes. Il méritait ce qui lui arrivait. Si c’était a refaire, il ferait mine d’un peu plus de subtilité. Le regard porté sur la serrure désormais verrouillée, Deccio se sentit presque honoré d’être l’invité de marque de cette petite sauterie. De plus, celle qui se faisait appeler Kitoe arborait à présent un visage plus sadique, moins candide que lors de leurs premiers échanges. Il n’était pas surpris. La plupart des Démons tournaient avec un vice de procédure ; lui inclus.

« Jason, mon frère. Qu’est-ce que va dire ta pauvre mère quand je vais devoir lui annoncer cette nouvelle ? Elle qui se faisait une joie d’assister à tes fiançailles. Finalement, elle devra se contenter des funérailles. »

Vu l’état dans lequel il se trouvait, ce n’était pas plus mal cela dit. Toutefois, avant que la lame ne transperce la chair de son bras, celle-ci s’arrêta net aux dépens de quelques convulsions. La force exercée sur l’objet en métal était telle qu’il n’était pas si aisé de faire taire sa progression. Évidemment, le blondinet employa son propre pouvoir pour la contraindre à ne pas aller plus loin.

« J’adorerai assister à la fin de ce spectacle et le voir souffrir lui plutôt que moi. C’est vrai quoi, je suis assez bien lotie pour l’instant. Mais si je regarde sans rien faire, je deviendrais complice d'un odieux crime. »

Sa compassion envers les personnes démunies finirait tôt ou tard par le perdre. S’il faisait montre d’autant d’abnégation, ce n’était sûrement pas par principe. Oh que non. Sa motivation, aussi perfide soit-elle, était profondément enfouie dans ses tripes. En l’espace d’un instant, le blond apparut aux côtés de Toki, les traits de son visage illuminé par le ravissement. Sans perdre une seconde de plus, il enveloppa ses doigts autour de la main de la tortionnaire, puis d’un mouvement décidé, donna l’impulsion nécessaire à l’arme pour embrocher la jointure entre l’avant-bras et le biceps. Aussitôt, un cri d’agonie se répandit dans la cave. Persistant et sonore, il s’amoindrit néanmoins dès lors que l’homme enfourna sa main dans sa cavité buccale. Sans pitié, il arracha sa langue et la jeta par terre.

« En neutralisant cette liaison nerveuse, cela devrait préserver la vigueur de ses muscles sans atténuer le teint de sa peau. Je n’y connais pas grand-chose en cuisine, mais l’esthétique a presque autant d’importance que le goût, non ? Par contre, vu que je lui ai arraché ses artères linguales, il va pisser le sang comme un goret. Vous devriez le soigner, et en urgence. »

En effet, c'était une véritable effusion. L’avis d’un amateur était toujours bon à prendre. Et puis, ses yeux ne captaient pas l’essence d’un aliment. Ils mesuraient une œuvre dans son ensemble, comment la sublimer et ne pas complètement déstructurer le matériau d’origine notamment. L’art — peu importe sa forme — devait se voir opposer diverses opinions. Certains préféraient le salé au sucré, et bien c’était exactement la même chose ici. La bête qui sommeillait en Deccio ne demanda qu’à sortir. Une partie de son museau émergeait justement de sa cage.

« Deccio V. Araki. Mais appelez-moi Dek. Vous avez atteint la pièce qui précède l'intimité, je vous en félicite. »

Reposant le couteau ensanglanté sur un guéridon en argenterie, Le Démon s’installa à gauche de Jason, son bras s’enroulant autour de son cou, dépeignant à cette occasion la scène si attendue de la fraternité entre deux bons vieux potes. Tout en s’adressant à Kitoe, il manipula les objets de torture à sa disposition. Plus par curiosité qu’autre chose. De beaux jouets, qu’il ne connaissait que trop bien.

« Je suis détective. S’il est vrai qu’il m’arrive de résoudre des crimes pour ma satisfaction personnelle, j’opère surtout dans le but de trouver ceux qui commettent les pires saloperies. Genre comme vous. Certainement pas pour ravir mes clients ou mon ego. Si je le fais, c’est parce qu’ils me fascinent et qu’ils me donnent envie d’apprendre à les connaître. »

Se redressant avec une scie en sa possession, il tendit sa main à la maitresse des lieux. Les salutations ne s’étaient pas faites dans les règles de l’art, car elle avait mis en exergue deux quidams que rien ne rapprochait. Ce n’était plus le cas à présent. L’égarement de leurs deux âmes, voilà une valeur commune à laquelle ils pouvaient s’assimiler sans réserve.

« Je cherche des associés comme vous, avec la même démence dans le regard. Et si nous allions nous entretenir dans un endroit plus approprié ? Je vous expliquerais alors en quoi consistent mes propres activités, et en quoi j’ai besoin de vous. »

De tous les partenariats qu’il avait entrepris depuis l’émergement de ses affaires, la perspective de celui-ci était de loin le plus enivrant.



920 mots | Post IV
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Kitoe
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Kitoe
Dim 10 Jan 2021, 14:45

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
Tout se passa très vite. Il semblait que Toki et Kitoe venaient d’enclencher un processus catalyseur dans leur relation étrange avec ce grand monsieur. Cela les fit paniquer une seconde ou deux, instant très court où elles envisagèrent de faire appel à Kraa. Il ne suffit que d’une seconde supplémentaire au blond pour remonter de plusieurs points dans l’estime des deux brunes et calmer le jeu. Tandis que Toki défiait l’homme du regard, contrariée qu’il ait fait son boulot à sa place et qu’il jette ainsi la nourriture par terre, Kitoe affichait une expression plus avenante.

-Le sol s’en remettra. Il a vu pire.

Comme en témoignaient certaines tâches dans ce coin-là du sous-sol, vestiges d’effusions de fluides en tout genre. Dans le plus grand des calmes, elle regardait Jason se vider de son sang et la progression du liquide rouge sur son sol gris. Si la vision ne l’affolait pas, elle regrettait tout de même de voir tous ces litres de boudin gaspillés par une approche aussi brutale. Elle balaya ce sentiment d’un haussement d’épaule. Tant pis.

-Votre nom de scène n’aura pas tenu longtemps. Mais ça me fait plaisir. Le V c’est pour quoi ? Seules les personnes qui couchent avec vous ont le droit de savoir, c’est ça ?

Elle écouta son énième discours, qui, pour une fois, s’avéra intéressant. Ses propos sonnaient bien plus sincères à ses oreilles que tout ce qu’il avait dit jusqu’alors. Peut-être parce que pour une fois, il marchait dans son sens. Tout à coup, elle l’aimait bien. Toki, elle, ne l’appréciait toujours pas, mais son avis n’avait pas autant de valeur que le sien. La Démone se savait probablement naïve à tomber dans un piège gros comme une maison, mais elle s’en foutait. Il l’intriguait. Et comme la curiosité la rendait aussi boulimique que la nourriture, elle voulait savoir ce qu’il avait derrière la tête.

-Vous êtes bizarre. Conclut-elle en acceptant timidement sa poigne. On peut en parler dans le salon, en haut. Hm…

Pendant ce temps-là, Toki s’occuperait du corps, ça lui ferait la main. De toute manière, le Reflet ne voulait plus voir ce type qui lui volait ses victimes, ça la foutait en rogne. Après réflexion, Kitoe coupa un doigt à Jason et alla chercher une bouteille de vin, de l’autre côté de la cave, qu’elle lança à Deccio.

-Tiens, j’ai que ça.

Sa mère lui avait toujours appris à bien accueillir les invités en leur proposant une boisson. C’était important. Un autre proverbe disait aussi que mieux vaut tard que jamais. Ça collait bien. Puisque tout semblait à présent en place, Kitoe essuya son couteau ensanglanté avec un chiffon, le glissa de nouveau dans le nœud de sa robe, et transforma le doigt qu’elle avait sectionné en sucette qu’elle mit aussitôt dans sa bouche. Satisfaite, elle fit signe au blond de la suivre.

-Je crois que vous êtes le premier à ressortir de cette cave encore en vie.

Arrivés dans la grande cuisine, la Vile ouvrit la porte qui donnait accès à son lieu de vie. C’était une grande pièce commune au salon et à la salle à manger. Elle prit place dans un fauteuil et invita Deccio à s’installer dans celui d’en face. Ils étaient dépareillés. La jeune femme avait récupéré beaucoup de ses meubles chez les propriétaires qu’elle avait tués. La décoration n’était donc pas particulièrement harmonieuse, mais une chose était sûre : elle avait accumulé beaucoup de babioles.

-Mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas vous tuer. Vous m’avez énervée. Elle pointa une commode du doigt. Il y a des verres ici, si vous voulez.

Jouant avec le bâtonnet de sa sucette, elle l’observa quelques secondes. Quand il fut bien assis, elle passa ses jambes sur l’accoudoir tandis que sa tête, posée sur l’autre, regardait le plafond. La jupe de sa robe remontait dangereusement sur ses cuisses. Elle n’en tînt pas rigueur. Kitoe était incapable de se tenir correctement sur ce genre de siège.

-Alors ? En quoi puis-je vous aider ? Vous voulez que je monte des crimes de toute pièce pour vous ? Ou que je mange les preuves ? Les témoins ? Je peux leur faire bouffer leurs enfants aussi. Ou leurs amis, peu importe.

Elle tourna innocemment la tête vers lui. Avec tout ça, elle avait failli oublier l’essentiel.

-Vous devriez goûter Jason. Au moins ça pour commencer. Elle lui tendit sa sucette à moitié entamée. Tiens, c’est à la pomme.

Même si elle était armée, elle n’était plus menaçante. Passer du tutoiement au vouvoiement et inversement se faisait sans qu’elle ne réfléchisse. Elle disait comme ça venait. Il aurait pu être le roi de l’univers ou même Sympan en personne qu’elle se serait comportée pareil. D’ailleurs, alors qu’elle repensait au prénom de son interlocuteur, cela lui faisait réaliser quelque chose.

-Au fait, vous êtes pas supposé être connu, vous ? Elle reprit une position convenable et plissa les yeux pour mieux réfléchir. Genre c’est toi le mec de la Coupe des Nations. Cette révélation la contraria. A Avalon. C’était nul. J’aurais dû y aller à votre place. Raison de plus pour vous tuer.

A sa place, elle aurait explosé tous les records et les Démons auraient gagné. Ce type avait fait une prestation particulièrement ridicule – elle avait tout suivi de cette épreuve sauf les noms des participants, d’où son doute – et elle le détestait pour ça. La frustration passée après quelques insultes proférées à son insu dans son esprit, elle reprit sa position transversale. Les bras tendus devant elle, ses doigts traçaient des formes imaginaires sur le plafond.

-Moi j’ai fait l’épreuve des Anges dans l’arène et tout. J’ai mangé ma mère. Enfin, c’était pas vraiment  ma mère, il parait que c’était une sorte de copie. Mais c’était marrant.

Elle avait adressé son majeur au jury aussi. Tout ça lui avait valu la défaite, mais de toute manière, elle avait déjà été désignée perdante dès lors qu’elle était été choisie pour l’épreuve. L’événement la rendit nostalgique. Elle s’était amusée malgré le traitement discutable des Anges à son égard. Indigner tous ces angelots avait été une victoire personnelle. Après quelques secondes, elle balaya l’air d’un geste de la main.

-Mais peu importe. Dites-moi tout.

1038 mots
Tiens, une petite carte de la maison [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] si tu veux


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Lun 11 Jan 2021, 22:33

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« Vous m’en demandez trop. Personne n’est au courant de la signification de ce V en dehors de mon frère. Ce mystère doit perdurer, il en va de votre sécurité. »

Deccio lui adressa un clin d’œil malicieux. Difficile de prédire s’il inventait de toute pièce cette histoire ou si elle était avérée. Dans tous les cas, ce sujet était anecdotique, contrairement à ce pour quoi ils se trouvaient dans une salle commune en ce moment même. Il ne considérait plus du tout Jason comme une priorité, c’est pourquoi il échafauderait un scénario tissé au poil pour expliquer sa disparition. À l’occasion, son métier d’enquêteur évoluait vers celui d’écrivain. Il laissait son imagination faire tout le travail, fabriquait quelques fausses preuves pour rendre le tout tangible et recevait malgré tout une compensation pour avoir pris des risques et mis la main sur les coupables, ce dernier adoptant parfois les traits du néant.

« On me le dit souvent. »

Un commentaire qu’il jugeait plus appréciable qu’injurieux par ailleurs. Suivant l’hôte sans se poser de question, l’homme remercia la femme d’un mouvement de la tête en attrapant la bouteille qu’il déboucha presque aussi rapidement. Il porta le goulot à ses lèvres afin d’engloutir une première gorgée. Il était d’excellente qualité.

« Ça aussi on me le dit souvent. »

Sortir des emmerdes était presque devenu une tradition. Que son corps en subisse les frais ou non, il avait sans cesse échappé à celle qui se faisait dénommer la mort. Deccio refusait toujours les rendez-vous qu’il ne fixait pas lui-même, c’est la raison pour laquelle il lui posait souvent un lapin. Arrivé dans le salon, le Démon se précipita sur le fauteuil pour se mettre davantage à son aise. Il avait vu plus luxueux, mais il avait aussi vu pire. Après tout, il dormait la plupart du temps sur un sol dur, en pleine nature. Ses activités l’obligeaient à ne pas faire le difficile. Cette ambiance — posée — le confortait bien plus que la précédente. Il adorait tellement discuter affaires. Plus tard, pour ne pas froisser l'amphitryon, il accepta volontiers sa friandise. Il n'avait jamais essayé autre chose que la viande animale, alors pourquoi pas. Le fourrant entre ses lèvres, il dégusta, et ne cacha pas sa surprise lorsqu'il trouva ça étonnamment bon ; la pomme dissimulant sûrement ce qui était le plus infame.

« Pas trop mal. »

Un léger ricanement devança sa réponse lorsqu'elle mentionna sa réputation.

« Connu ? La Coupe des Nations ? Ne me faites pas rire. Vous me parlez d’une attraction comme si elle était gage de notre savoir-faire. Accompagnez-le de tous les termes pompeux que vous voudrez, un spectacle reste ce qu’il ; divertissant. Elle n’est rien de plus qu’une vitrine et je l’ai pris comme tel. Vous devriez en faire autant, car je suis plutôt satisfait de ses répercussions. »

De plus, cette épreuve commençait à dater. Il avait participé au tournoi quand il n’était qu’un bambin qui apprenait à marcher. Toutefois, il n’est pas dit qu’il ferait mieux encore aujourd’hui. Il ne s’était pas du tout amélioré en cuisine. Il laissait ça aux passionnés.

« Si c’est la composition de mes talents qui vous chagrine, je vous rassure tout de suite, ma palette est suffisamment fournie. »

Sifflotant une énième fois sa bouteille, le Vil en descendit plus de la moitié d’un trait, après quoi il s’essuya la bouche avec la manche de sa tunique.

« Je n’en doute pas une seconde. »

Tant qu’elle s’était amusée, c’était le principal. Contrairement à elle, il n’avait pas du tout suivi l’avancement des autres épreuves. Regarder les autres faire les pitres ou s’investir d’une mission fastidieuse au possible, très peu pour lui. La pratique et la théorie étaient indissociables, et ça, très peu le réalisaient.

« Bien. Puisque vous le demandez si gentiment, alors ouvrez vos esgourdes. De ce que j’ai compris, vous êtes une sorte d’artiste. Vous sublimez la cuisine avec un élément que personne n’a jamais intégré dans la haute gastronomie ; le cannibalisme. D’une certaine façon, on se ressemble. J’ai moi-même commencé à instaurer plusieurs établissements, dont l’un d’eux consiste à produire des poupées vivantes. Ce n’est vraiment pas chose aisée que d’apprivoiser le cerveau de quelqu’un, mais c’est passionnant. J’en apprends tous les jours. »

Il se leva de son fauteuil, pour le simple plaisir de se mouvoir autour de la pièce. Comme d’habitude, il ne tenait jamais en place dans ces moments-là. Sans prévenir, il lança un sachet en direction de Kitoe.

« Un psychotrope. Je l’ai nommé “Meduḷina”. En agissant sur certaines molécules, elle plonge les victimes dans la béatitude lorsque leur corps est soumis à la torture. Plus ils souffrent à l'extérieur, meilleur ils se sentent de l'intérieur. Considérez ça comme la somme que je vous doit pour le jambon. »

Il reprit sa marche, observant toutes les babioles qu’avait collectées sa compatriote.

« Votre réseau est surement assez vaste pour vous permettre autant d'indépendances. Le mien aussi. Je devrais bientôt m’emparer d’une partie du marché de la drogue, et je poursuivrais probablement ma quête visant à m’approprier celui de la vente d’organes. Si vous marchez avec moi, nous pourrions convenir d’un arrangement. Vous êtes une spécialiste, et donc vous savez comment parfaire la chair de quelqu’un, comment tirer le meilleur de chaque pièce du gibier. J’ai besoin de vos conseils avisés pour mon prochain établissement ; une ferme d’élevage. »

Bien entendu, elle réceptionnerait une partie des bénéfices, cela allait sans dire.




930 mots | Post V
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Kitoe
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Kitoe
Mar 12 Jan 2021, 22:37

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
Le terme d’artiste l’amusa. Honnêtement, elle ne s’était jamais considérée comme telle, même si elle reconnaissait effectivement que ses pratiques relevaient de ce domaine. Elle associait souvent torturer et tuer à des interprétations pour embellir ses plats. Quant à la dissimulation des chairs dans les divers produits qu’elle cuisinait, cela représentait l’apothéose de son travail. Certes. Mais elle n’avait pas cette prétention de se définir comme une artiste. Elle n’avait pas l’arrogance et le melon de Deccio, caractéristique que ce dernier parvenait également à élever au rang d’art tant il en abusait. En cela, ils se ressemblaient. Kitoe pinça entre deux doigts le sachet tombé sur son ventre et le souleva à hauteur d’yeux. S’il disait vrai, la propriété du produit était particulièrement intéressante. Cela voulait dire qu’elle pourrait maintenir ses victimes vivantes sans que leur souffrance n’altère la qualité de leur chair.

-Je vends déjà les organes dont je n’ai pas besoin. Si vous voulez remplacer mon négociant il va falloir me proposer de bons prix et… Hé, la ferme c’était mon idée ! S’indigna-t-elle.

Elle avait déjà évoqué le sujet avec Toki. Ensemble, elles avaient évoqué des tas d’idées grandioses. Deccio devait commencer à comprendre que si partager ne la dérangeait pas, le vol lui, l’énervait fortement. Le vol d’idée était le pire, car si aucun indice ne lui permettait de prouver la culpabilité du blond, il lui faisait aussi avoir des comportements d’enfants jaloux, et les comportements d’enfants ça attirait Lia, et Lia était capable de foutre en l’air leurs négociations. Bref : ça n’allait pas et le meilleur moyen de garder son calme était de garder son calme. Kitoe se redressa pour placer ses mains jointes sous son menton, en proie à une intense réflexion.

-Très bien. Passant ses mains derrière son dos, elle le rejoignit. J’aimerais bien voir à quoi ressemble cet établissement dont vous parlez. Je pourrai le visiter ? Vous avez bien visité le mien après tout. Et pour votre proposition… j’aime bien.

Evidemment qu’elle aimait bien, puisque c’était son idée. Deccio était un voleur depuis le début. Qu’est-ce qui lui disait qu’elle pouvait lui faire confiance ? Ses beaux discours pouvaient embobiner n’importe qui pour qu’il n’y voit que du feu. Elle avait besoin d’autres avis que le sien. Intérieurement, Kitoe annonça à ses personnalités l’arrivée potentielle de Deccio dans l’équation de leurs projets. Comme d’habitude, Lia voulut le rencontrer absolument pour s’en faire un nouvel ami, là où Ellie exprima sa méfiance par des envies de meurtre plus virulentes que les siennes. Quant il s’agissait de prendre des décisions, il allait de soi que la Démone écoutait davantage cette dernière. Elle était plus mâture qu’elle-même.

-Il faut que j’en discute avec mes associées cependant. Votre arrivée ne plait pas à tout le monde.

Pas du tout même. Et encore : Kitoe n’avait pas mentionné l’entrée fracassante de l’invité chez elles car autrement, elle aurait été certaine d’essuyer un refus catégorique de collaboration. Ellie était peut-être trop mâture parfois. Ça la rendait raisonnable, et ce mot était une insulte. Quand elle considéra s’être suffisamment fait engueuler par l’autre personnalité, Kitoe coupa court à la confrontation silencieuse et revînt à la réalité.

-On va y réfléchir. Je vous tiendrai au courant.

Elle accepterait ; elle voulait juste s’assurer qu’elle avait toutes les cartes en main. Si elle avait été seule, elle n’aurait pas attendu. La Vile était avant tout une Gourmande : chez elle, on ne refusait jamais une proposition, surtout aussi alléchante. Elle n’aurait que quelques conditions à poser avant de commencer une collaboration, mais ce n’était vraiment rien de méchant. Elle était certaine qu’il comprendrait. Se tournant vers l’homme, elle lui offrit un sourire tout ce qu’il y avait de plus banal.

-J’ai faim. Peut-être que tu devrais rester manger ici si tu veux savoir dans quoi tu t’engages exactement ? Ce ne sera pas végétarien, évidemment. Tu pourras m’en dire plus sur cette ferme. La localisation, la taille, les pratiques d’élevage…

Elle n’attendit pas sa réponse. De retour dans la grande cuisine, elle sortait déjà un large plat à mettre au four, des pommes de terre et quelques légumes. Elle enfila vite un tablier qu’elle noua à sa taille.

-Honnêtement, je te déconseille de refuser.

Ça se voulait menaçant, mais la vérité était qu’elle n’avait rien prévu au cas où il comptait vraiment partir. Elle serait juste agacée.

-Pour l’instant ce que je fais n’est pas une science exacte. Je teste beaucoup. Mais ça s’arrangera. Certains collègues n’aiment pas l’approximation, alors c’est voué à changer.

Elle parlait d’Ellie en particulier. Cette dernière détestait sa manière de tout faire au pif, même si ça fonctionnait la plupart du temps. Certains négociants d’organes étaient aussi un peu rabat-joie. Franchement, les gens n’étaient pas drôles. Parfois, elle était un peu déçue de l’Enfer : en y tombant, elle pensait avoir obtenu un billet pour un monde sans limites, mais elle trouvait encore des gens bornés. Ils n’avaient rien compris à la vie.

-TOKI ! Ramène le bras de Jason ! Brailla-t-elle. Puis, plus calmement dès lors qu’elle réceptionna la pièce. On va le cuisiner tout de suite avant qu’il ne se rigidifie. Vous allez voir, avec des fines herbes, c’est super simple et délicieux. On va inciser la peau ici pour que ce soit plus facile à enlever…

Prise de sa passion, elle commença à lui expliquer chaque étape de la préparation. Elle ne prêtait pas vraiment attention à l’intérêt de son invité. Ce n’était pas important. Ce qui l’était en revanche, c’était qu’il reste. Elle voulait le voir manger le plat qu’elle concoctait avec amour et qu’il kiffe. Rien ne lui ferait plus plaisir.

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Mer 13 Jan 2021, 21:09

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Ce n’est pas la première fois qu’il remarquait que le comportement de la Démone allait parfois à contresens. Sa façon de s’exprimer changeait du tout au tout selon les circonstances, et ce n’était rien comparé au regard condescendant qu’elle lui lançait dans certains cas. C’était comme de se retrouver coincé entre deux mâchoires prêtes à se refermer sur lui au moindre écart de conduite. Comment pouvait-il développer autre chose que de l’exaltation alors ? Deccio n’était pas le genre de personne à prendre ses jambes à son cou à la première difficulté, et c’est la raison pour laquelle il accepta volontiers cette invitation.

« Puisque c’est moi qui vous aie dérangés dans vos exercices, il serait malvenu de ma part de refuser. J’attends beaucoup de ce dîner. »

Outre la dégustation, elle lui donnait la possibilité de juger son travail, et donc de potentiellement revenir sur sa décision s’il estimait sa cuisine décevante. Deccio ne tournait jamais autour du pot, et les rares fois où il mentait à ses collègues, c’était pour les entuber ou survivre aux monstres qui se tenaient au-dessus de lui. Présentement, il n’avait aucun intérêt à le faire. Enfournant sa main à l’intérieur de son veston et une autre au niveau de sa taille, Deccio sortit conjointement un mélange de poudre et de morceaux de végétaux ainsi qu’une feuille. Il saupoudra cette dernière des ingrédients et la roula avant de porter le tout à ses lèvres. Grâce à un dispositif, il brûla son extrémité.

« Vous avez entièrement raison. Je sais ô combien diriger une équipe requiert de l’énergie et de la résignation. Et puis entre deux salopards par nature, la confiance doit se construire. »

Et ce n’est probablement pas un dîner qui chamboulerait leur perception l’un de l’autre. Pour s’apprivoiser, seul le temps mêlé aux actions produirait son effet. En attendant, la main qu’elle lui tendait lui était plutôt favorable, car au moins il serait aux premières loges pour voir l’étendue de ses talents. Se dégageant du fauteuil dans lequel il était avachi, le blondinet suivit docilement Kitoe jusqu’au repaire de ses créations les plus extravagantes : sa cuisine. Pour quelqu’un qui découpait des têtes à tour de bras, elle était étonnamment propre et bien rangée ; un miracle.

« Si je m’étais infiltré par là, jamais je n’aurais pu concevoir que cet endroit appartienne à une cannibale sans vergogne. Quelle bonne cachotière vous faites. »

Confia-t-il avec sarcasme. Tant mieux à vrai dire, car ceux qui savaient dissimuler leurs intentions vivaient toujours plus longtemps que les autres, surtout ici, dans les tréfonds de la Terre. Témoin de nombreux déboires de ses partenaires de crimes, c’est aussi l’une des raisons qui l’eurent poussé à embrasser cette carrière. Posant ses fesses sur le plan de travail afin d’avoir l’angle de vue le plus adapté, le Démon continua de consumer la tige qui rapetissait à vue d’œil.

« Je peux les comprendre, je suis moi-même assez contraignant lorsqu’il s’agit de faire des choses qui me tiennent à cœur. Je suis d’avis de trouver un juste milieu entre la spontanéité créatrice et une organisation structurée. Notre peuple a trop longtemps misé sur son instinct primitif. Résultat, le bilan n’est pas fameux. »

Puisqu’ils étaient ici pour apprendre à se connaitre et qu’ils allaient prolonger ce temps au cours d’un dîner, alors autant s’engager sur d’autres terrains que le bien-manger. De plus, cela lui permettrait de définir une base psychologique et ainsi voir si ses réponses se contredisaient ou non. La sonder était aussi — sinon plus — important que ses talents de cuisinières. Pour adhérer à ce qu’elle faisait, il devait également partager certaines de ses opinions.

« Dites-moi Kitoe. Que pensez-vous de la conjoncture actuelle en Enfer ? Ça vous convient d’être associé à ce peuple qui se laisse complètement aller au déni ? Nous sommes quasiment considérés comme morts, et la vérité n’est pas si dérangée. »

L’engagement politique de quelqu'un en disait long sur sa personnalité. Mais plus que tout, il souhaitait connaitre ses positions concernant le devenir de l’espèce. Deccio était très attaché à cette dernière et adorerait avoir la possibilité de la ressusciter de ses cendres. Mais s’il ne trouvait personne pour combattre à ses côtés, il n’y aurait que les vestiges de ce rêve pour sécher ses larmes. Ôtant sa clope en la glissant entre son index et son majeur, l’homme se releva pour se placer auprès du cordon-bleu.

« Je peux éventuellement vous aider ? Pas que ça me dérange de vous reluquer, mais je ne suis pas très partisan de la sédentarité si vous voulez. Je m’occupe du dressage. On parlera de ce qui nous intéresse ensuite. »

Au vu de la qualité d’autogestion et de la logistique, il allait sans dire que Deccio n’avait nulle volonté d’être éclairé par un guide touristique pour savoir où se trouvait quoi. En cherchant dans les tiroirs et les placards, il localisa rapidement les couverts et autres instruments dont il avait besoin pour arranger une table de toute beauté. À l’aide de ses habiles mains, il parvint même à réaliser deux-trois ornements décoratifs à base de rubans qu’il disposa en bout de table. Deux d’entre eux semblèrent les incarner lui et Kitoe. Lorsqu’il eut terminé de fumer, il se présenta sur le comptoir. Les bras croisés, il jeta un œil à la préparation à tel point transformé qu’il ne reconnaissait plus le pauvre Jason.



923 mots | Post VI
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Kitoe
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Kitoe
Jeu 14 Jan 2021, 22:23

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine
Après avoir éliminé la peau, les excédents de graisse et détaché les muscles des os et des tendons, Kitoe recouvrit la viande encore tiède d’huile d’olive, de sel et d’herbe aromatiques. Entre deux explications et les commentaires du blond, elle fredonnait, preuve qu’elle était en parfait accord avec son élément. Cela aurait pu durer tout le long de la préparation, mais c’est alors qu’elle épluchait et coupait les légumes qu’elle leva les yeux vers son invité. Une seconde, la Vile sembla perdre toute sympathie pour lui puis se braqua de nouveau sur sa planche à découper. Il fumait. Sa mâchoire se contracta. Ses gestes devinrent plus secs. Elle tût ses explications. Ellie aussi se serait bien pris une clope pour rencontrer l’insolent qui voulait faire affaire avec elles. Cette dernière était d’humeur massacrante depuis qu’elle savait que quelqu’un était dans la maison. Si elle sortait, son apparition serait violente et constater l’absence de porte d’entrée la rendrait suffisamment furax pour qu’elle fasse saigner Monsieur, aussi grand, costaud et inexorablement bavard pouvait-il être. Kitoe ne devait pas lui laisser la main. Pas maintenant. Comme au début, elle n’écouta plus Deccio que d’une oreille distraite, trop concentrée à garder le contrôle tout en focalisant son esprit sur ce qu’elle était en train de faire. Des pommes de terre, des carottes, des échalotes, une gousse d’ail, elle travailla le tout avec une minutie toute particulière avant d’accorder son attention au blond.

-On aura connu l’Enfer en meilleur état, mais j’estime tout autant l’ampleur de son redressement. Je me fiche pas mal de son état actuel. On subit forcément des chutes et des remontées en puissance successives, mais il ne faut se focaliser que sur ces dernières. Sinon, on n’avance pas. Quelque part, j’aime bien l’idée qu’on nous considère comme morts pour pouvoir sauter à la gorge des premiers imprudents qui nous croirons trop vulnérables pour attaquer.

Kitoe adorait les effets de surprise, qu’ils fussent positifs ou négatifs. Si elle incitait ses clients à pratiquer le cannibalisme contre leur volonté et sans qu’ils n’en aient conscience, en leur proposant des produits sains aux ingrédients choisis avec soin, dans une échoppe bien présentée comme la sienne, elle avait ce fantasme qu’une fois qu’ils se seraient habitués et fidélisés, elle leur révèlerait à tous le subterfuge. Voir leurs visages se décomposer la ferait tellement rire... La Démone ignorait si elle comptait effectivement faire une grande annonce publique à l’avenir. Pour des raisons de pérennité de son exercice, il ne valait mieux pas. Mais ça n’en restait pas moins un superbe fantasme.

Deccio lui proposa tout à coup son aide et la brune ne fit qu’acquiescer, puisqu’il se débrouillait déjà comme un chef. De son côté, quand tous les ingrédients furent disposés dans le plat, Kitoe plaça celui-ci dans le four. Elle attrapa aussitôt un saladier pour préparer un gâteau. Il serait au chocolat. Ainsi, elle pourrait y incorporer un peu de sang sans que le goût n’en trahisse la présence. Elle aurait même pu rajouter du foie, mais elle souhaitait garder quelques-uns de ses secrets pour elle. C’était aussi ça la magie de la cuisine.

-Ça va te faire marrer, mais j’suis une Ange à la base. Reprit-elle pour compléter son propos. Cette fois, elle s’imposait fermement le tutoiement pour éloigner davantage la personnalité indésirable. Donc en termes de se casser la gueule bien bas et de se relever après, je pense que je sais de quoi je parle. Pas sûr qu’il la croie, mais ça c’était son problème. Elle lui laissait imaginer par quelle sorcellerie une Aile Blanche pouvait merder au point de se retrouver ici. Toi, t’es né ici ? Si c’est le cas, tu dois être davantage attaché à ces terres que je ne le suis. Tu as des connaissances en-dehors de l’Enfer sinon ? Pour ton métier, je veux dire. Enfin, tes. Au passage, si tu pouvais arrêter de fumer, ça nous arrangerait tous les deux. Vraiment. Ellie fume aussi et si elle débarque, elle sera pas aussi sympa que moi. C’est l’une de mes associées. Et tutoies moi, à la fin. On n’est pas chez les Sorciers.

La pâte à gâteau fut beaucoup plus rapide à faire et elle termina en la coulant dans un joli moule rond et rouge. Une fois tout le repas enfourné, Kitoe jeta un œil à la décoration proposée par son nouvel acolyte.

-Pas mal. Tu as l’esthétisme très à cœur. C’est rare dans la région alors ça fait du bien.

Ses efforts démontraient la propreté de ce qu’il entreprenait. Si l’inverse ne l’aurait pas particulièrement chagrinée – l’habitude – cela était pourtant essentiel s’ils voulaient faire bonne figure en dehors des territoires démoniaques. A Avalon comme à la Citadelle, tout était toujours beau et c’était de ce qui lui manquait parfois de ses anciennes vies : de l’application.

-Sauf ton entrée ici. Corrigea-t-elle en désignant l’encadrement de porte enfoncé d’un mouvement dédaigneux du menton. Elle était pas esthétique. Si tu l’avais soignée on serait devenus potes tout de suite. Ça m’aurait simplifié la tâche.

Non, elle ne le considérait pas comme son pote. C’était juste une façon de parler. Croisant les bras, elle s’appuya sur le rebord du plan de travail, à côté de Deccio. Il n’y avait plus qu’à attendre que ça cuise. A l’aide de son pouvoir de contrôle du feu, Kitoe tâchait d’accélérer légèrement la vitesse de la cuisson. Malheureusement, elle ne pouvait pas trop insister, auquel cas son plat n’aurait aucune saveur. Le blond devait ressortir d’ici avec l’envie de renouveler l’expérience avec le premier passant qu’il croiserait.

925 mots
C'est cuit quand tu veux <3


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Sam 16 Jan 2021, 18:39

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« Bonne réponse. »

Circonspecte et persuasive à la fois, sa répartie suffisait amplement à éradiquer son désintérêt. Inutile de s'éterniser sur un discours éloquent accompagné par des violons, ça n’aurait pas fonctionné davantage. Ce n’est qu’en étant oublié par leurs ennemis qu’ils pourraient graver un souvenir impérissable dans leurs mémoires à l’avenir. Dans ce sens, elle avait complètement raison. En revanche, il s’attendait moins à la brusque révélation qu’elle lui avoua sans pudeur, comme quoi avant de faire partie de l’élite, elle avait côtoyé les excréments d’une porcherie. Enfin, c’était à peu de choses près ce qu’elle confessa. Malgré cela, il fut incapable de la juger. Il était bien placé pour connaitre les aléas de la naissance, qui n’était pas toujours en adéquation avec la personne que l’on est réellement. L’essentiel étant de se dire qu’elle avait réussi à puiser dans cette indigence pour en faire une force ; une qualité de vainqueur à n’en point douter.

« T’avoir en ennemi m’aurait beaucoup contrarié. Je ne sais pas si mon cœur l’aurait supporté. »

Puisqu’elle exigeait le tutoiement, il s’accorda aussitôt. Entre Démons, la formalité excessive n’avait pas lieu d'être. Dans ce récital, il en rajoutait des caisses de telle manière à détendre l’atmosphère, le dos de sa main plaqué contre son front comme s’il interprétait le rôle d’un fieffé amoureux d’une comédie romantique. Non, il n’était pas devenu fou.

« Non. Je suis né Sorcier justement. Mais ne t’en fais pas, j’ai toujours eu à cœur d’être un enfoiré de première classe, alors je n’ai pas trainé ce fardeau bien longtemps. De plus, je n’avais aucun pouvoir et mes parents avaient plus ou moins tout arrangé pour faire de moi le monstre que je suis désormais. Les querelles familiales, une tradition ancestrale chez nous. »

Terminant sa cigarette avant de la jeter, Deccio fronça les sourcils. Il n’avait aucune idée du genre de relation qu’elle entretenait avec cette fameuse Ellie, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y attachait suffisamment d’importance pour l’empêcher de faire irruption par tous les moyens. D’un autre côté, la curiosité malsaine du Démon commençait à poindre le bout de son nez. Il tenait à faire sa rencontre, pour le meilleur ou pour le pire. Si elle n’intervenait qu’en cas d’impertinence et d'outrage, alors il relevait le défi avec plaisir.

« Ça aurait été trop simple. Les victoires faciles, c’est pas mon truc. Je te laisserais tout le temps de me kiffer par la suite, tu verras. Il se peut que tu ne puisses plus te passer de moi après mon départ. »

Certes, ce gros indice largué derrière lui n’était pas très recommandé dans le métier, mais il n’avait aucune intention de voler quoique ce soit et donc d’effacer complètement sa présence. Au contraire, c’est pour se faire remarquer qu’il n’avait pas enfilé de gants. Pour le reste, il croyait fermement en ses belles paroles pour la bonne et simple raison qu’il mettait toujours toutes les chances de son côté pour être le plus inégalable des camarades. C’est pour ça qu’on l’aimait autant qu’on le détestait, car il ne laissait personne indifférent. Lorsque le four annonça l’achèvement de sa concoction d’un bip sonore, Deccio aida Kitoe à mettre la table en allant puiser quelques boissons dans la réserve qu’il plaça ci et là, ainsi tout le monde pourrait se délecter d’un breuvage selon leur goût. Il légua le reste à la Démone dans le but qu'elle puisse servir le plat qu’elle avait pris grand soin de préparer, quant à lui, il rapporta quelques apéritifs — du moins ça y ressemblait — en les disposant au centre. Enfin, il s’installa le premier sur une chaise en bout de table en attendant la première louchée. Afin d’assouvir sa curiosité, il posa une question qui lui brûlait les lèvres.

« Qui est cette Ellie que tu mentionnes régulièrement depuis un moment ? S’agit-il de la patronne des lieux ? De te femme ? De ta fille ? J’aimerais bien la rencontrer. »

Lorsque le plat fut déversé dans son assiette, le blond huma directement les arômes qu’il renfermait. Elle avait admirablement masqué cette émanation de puanteur qui ressortait des cadavres. Un vrai tour de force. Mais fallait-il le lui dire ? Non, certainement pas. Quand on jouait la provocation — et non les prolongations — il fallait le faire jusqu’au bout.

« Hm. L’odeur est assez répugnante. J’imagine que c’est intentionnel de ta part. Impossible de se foirer en début de repas, ce serait fou et particulièrement contrariant. »

Enfin, il plongea sa fourchette dans la chair fraiche, ou du moins ce qu’il supposait en être. Le mélange de viande et de légumes était d’évidence trop bien réalisée pour permettre à quiconque d’identifier les aliments avec exactitude. L’espace d’un instant, un doute le submergea en ce qui concernait la souche du mets. Si ça se trouve, elle se foutait de lui et lui avait servi un plat traditionnel juste pour le mener en bateau. Mais devant ce scepticisme, il poursuivit sa déconstruction sciemment erronée. Il devait aller plus loin. Beaucoup plus loin. Mastiquant difficilement le morceau qu’il venait d’enfourner dans sa bouche, il émula la nausée.

« Dis-moi que c’est une blague Kitoe. Tu veux m’empoisonner pour vendre mon corps aux plus offrants, c’est ça ? Inutile de faire semblant, ce plat est trop rudimentaire pour convenir à qui que ce soit. Je mangerais des graviers que le résultat ne serait pas si différent. »

Il frappa du poing sur la table, la colère lui montant au nez.

« C’est un zéro pointé. »

Son jeu était parfait. Si ça ne suffisait pas à incanter la demoiselle, c’est qu’elle ne se trouvait pas dans les parages. Pour terminer, il replaça une cigarette entre ses lèvres, prêt à l’allumer.



976 mots | Post VII
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Kitoe
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Kitoe
Sam 16 Jan 2021, 23:52

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Dédé & Kito
Cauchemar en cuisine

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-De belles traditions.

S’il n’avait pas pris une posture aussi ridicule, nul doute que la brune l’aurait cru sur parole. Ce défaut était à n’en pas douter un vestige de ce qu’elle avait été par le passé. Une fois que l’on se montrait trop sympathique avec elle, sa méfiance disparaissait et sa naïveté revenait au galop.

-C’est ça.

Le kiffer, pourquoi pas. Ne pas se passer de lui, elle émettait des doutes. Kitoe ne s’attachait pas beaucoup, encore moins aux personnes qui avaient la lourdeur d’avancer exactement ce qu’il venait d’avancer. Quand le repas fut prêt, la cuisinière servit son invité puis quitta son tablier. Elle prit place à l’autre bout de la table. Elle n’appela pas Toki. Celle-ci se présenterait lorsqu’elle aurait faim à son tour. Pour le moment, ils étaient entre gens intelligents et entièrement constitués. L’attention de la Démone était tout entière sur Deccio. Elle attendait son verdict avec impatience. Elle aurait pu être amoureuse qu’elle l’aurait regardé de la même manière. En réalité, évidemment, elle n’était amoureuse que de son visage lorsqu’il s’illuminerait de plaisir devant un tel délice.

-C’est moi la patronne ici. Et Ellie n’est ni ma femme, ni ma fille. Bordel, qu’est-ce que tu peux t’imaginer des trucs bizarres toi. Non, Ellie travaille juste avec nous. Elle chasse principalement, elle torture un peu, elle négocie et puis d’autres choses quand c’est pas moi qui le fait. Elle n’est pas là pour le moment. Vous vous rencontrerez en temps voulu.

Pas maintenant. La Démone s’efforçait de garder son calme, mais il fallait dire que Deccio ne faisait aucun effort de ce côté. De plus en plus crispée, elle commençait à détester la situation, à peu près comme au départ. S’il était parvenu à l’adoucir un temps, voilà qu’il replongeait tête la première dans ce qui le ferait courir à sa perte. Tout à coup, son visage se décomposa. Ne pas aimer son plat ? Impossible. Il était délicieux. Le blond ne faisait que la provoquer, comme n’importe quel compatriote l’aurait fait, juste pour lui faire du mal. Il avait juste un… très bon jeu d’acteur ? Elle ne savait pas. Sa réaction la désarçonnait complètement. Répugnant ? Empoisonné ? Rudimentaire ? Ces mots la contrariaient tellement qu’elle ne voulait pas en saisir le sens. Elle avait concocté son plat avec tellement de sincérité, et voilà qu’il l’humiliait. Elle se sentait trahie, meurtrie et elle le méprisait pour ça. Non, elle le haïssait, de tout son être. Il éveillait en elle une colère folle. Lorsqu’il sortit une nouvelle cigarette, elle n’eut pourtant pas la force de l’arrêter. C’était trop tard. Reposant sèchement ses couverts, la jeune femme se leva. Sa chaise racla le sol avec brutalité et manqua de basculer en arrière. En silence, elle quitta la pièce. Elle ne se cacha pas très loin, passant juste l’encadrement de porte du salon pour changer d’apparence à l’abri du regard indiscret de son invité. Elles avaient besoin de parler en privé avant.

-Qu’est-ce qu’il a fait ? Il est où ?

Il pouvait l’entendre, Ellie s’en fichait. Elle n’était pas d’humeur à baisser le volume. Sa voix devenue plus grave et brutale fut remplacée par une plainte.

-Il est à table. Il aime pas… Il est rentré par là et…

Le ton changea encore.

-Putain, c’est lui qui a fait ça ?! Et tu le laisses entrer ? Elle étouffa un juron. Mais quelle gamine celle-là, c’est pas possible !

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Lorsque la Démone refit irruption dans la pièce, elle n’était plus la même. Ses cheveux bruns avaient raccourci et formaient un carré, son visage plus mature affichait une mine beaucoup plus sévère. Elle faisait la même taille, mais ses formes avaient évolué : sa tenue ne seyait plus à sa poitrine qui avait augmenté de volume. Les poings serrés, elle avançait avec détermination vers celui auquel elle allait faire la peau.

-C’est vous le type qui prétend vouloir faire affaire avec nous ?

Sans une once d’hésitation, Ellie l’attrapa par le col et l’envoya au sol. Elle posa un pied contre sa poitrine pour l’y maintenir tandis qu’elle s’armait. En se baissant, son genou vînt se caler sous le menton du blond. La position lui permettait de bloquer sa tête et, avec un peu de pression, de couper tout arrivée d’air dans ses poumons. Penchée en avant, elle planta une fourchette dans son bras gauche et écrasa son bras droit de tout son poids pour l’immobiliser – elle aurait bien écrasé autre chose, mais elle était trop petite pour faire les deux en même temps. Enfin, elle récupéra la clope de Deccio, la glissa entre ses propres lèvres puis s’empara du couteau caché derrière son dos.

-Vous avez une minute et pas une seconde de plus pour me dire ce que vous faites ici et ce que vous nous voulez. Autrement, je vous taille les veines, je vous tranche la gorge et je vous laisse vous noyer dans votre propre sang.

Elle approcha son visage du sien pour qu’il capte bien son regard. A l’aide de sa magie, elle lui insufflait la peur et espérait que cela le soumettrait. Elle ne rigolait pas.

-Je vous préviens, je ne suis pas Kitoe. Vous ne me ferez pas miroiter de jolies promesses avec de belles paroles. Un mensonge vaut un doigt. Les beaux discours mielleux comptent comme des mensonges. Deux, pour être exacte.

D’ores et déjà, la brune enfonçait la pointe de sa lame dans la base de son auriculaire. Une goutte de sang s’échappa de la plaie. Ellie n’avait pas de temps à perdre avec ces conneries, bien qu’intérieurement, elle espérait pouvoir le mutiler un peu.

938 mots


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Dim 17 Jan 2021, 18:11

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Avec le recul de la situation, Deccio s’interrogea sur le bien fondé de son raisonnement. En voyant Kitoe quitter la table, ce n’est pas le regret qui l’accabla, mais une légère peine. Pas au point de le saisir à la gorge et de lui faire monter les larmes, mais assez pour ressentir de la compassion à son égard. Frapper directement dans la faille de sorte à pouvoir en extraire tout le mal contenu constituait une base de l’exorcisme ; une technique reconnue contre n’importe quel Vil que renfermait ce monde. Et la réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre. Même en anticipant tous les scénarios envisageables, l’homme fut attaqué par surprise à un tel niveau qu’il resta immobile et incapable de la moindre résistance face à cette autre personne qui avait pénétré la pièce. En la fusillant du regard, il nota la présence de quelques similitudes frappantes avec la précédente maîtresse de cérémonie ; ressemblances qui s’arrêtèrent au physique lorsque quelques secondes plus tard il dut supporter le poids de ses talons sur son thorax. Le danger qu’elle suscita était nettement supérieur à tout ce qu’il avait éprouvé jusqu’à maintenant. Étouffant un cri de douleur dès lors que les pointes de la fourchette perforèrent son bras, il serra d’autant plus les dents avec son genou enfoncé dans sa gorge.

Pris au dépourvu et conscient d’avoir manqué de vigilance, le Démon fut éperonné d’une étrange sensation familière déjà ressentie par le passé. Égaré au milieu du néant, l’homme chercha une issue dans les ténèbres. Seul au milieu de rien, il se tint le visage, spolié de tous ses biens, de toutes ses richesses et même de ses ambitions les plus sacrées. Non. Pas question pour lui de se laisser de nouveau inonder par cette frayeur inerte. Ou plutôt si, il accepta volontiers de la vêtir, car la peur amenait le courage et le courage amenait la force de continuer à se battre. Lorsqu’il rouvrit les paupières, le Démon canalisa toute son attention sur le morceau de métal enfoncé dans sa chair afin de doucement l’extraire. De toutes ses forces, il luttait pour contrecarrer la pression exercée sur son manche. Grâce au sang emprunté par la blessure soulevée par la fourchette, le Vil en manipula une petite quantité pour éclabousser le faciès de son assaillante, et plus particulièrement ses yeux. Son subterfuge aboutissant, il réussit à se défaire de l’ustensile en même temps qu’il ébranla la jeune femme. Durant cette seconde où la situation bascula en sa faveur, il ferma son poing avant de lui asséner son plus joli coup dans le visage. À l’aide d’une rotation maitrisée de ses hanches, il se redressa promptement et s’éloigna d’un bond en arrière, attirant un couteau entre ses doigts. Avec le sang imprégné sur son autre main, il forgea une lame qui enveloppa son poignet.  

« Un peu malpoli comme façon de procéder. Normalement, on termine sa requête par un “s’il vous plait”. »

Loin de lui l’idée de se payer sa tête, mais maintenant qu’il s’était échappé de ses griffes, elle n’aurait plus le moyen de le contraindre à quoique ce soit. Crachant une gerbe écarlate par terre, il passa son pouce sur la commissure de ses lèvres pour gommer les traces de sa déroute.

« Trouble bipolaire ? T’es une saleté de Réprouvée en reconversion ? Non, ça a l’air plus profond que ça. Je suppose que ton état se rapproche plus de la schizophrénie que de l’insuffisance rénale. Difficile d’extrapoler quoique ce soit à ce stade. »

Aux aguets, le Démon prit bien garde à se tenir loin des portes et des ouvertures tendant à accueillir tous types de renforts. De toute façon, il ne la croyait pas assez bête pour tenter de reproduire ce qu’elle avait lamentablement échoué désormais qu’il portait de l’attention au moindre détail. Toutefois, il relâcha la pression quand il comprit que cette bataille ne les mènerait à rien. Lâchant un soupir, le blond répondit à Ellie en essayant d’être le plus sincère possible — ce qui n’était pas toujours évident.

« Écoute, ma proposition ne visait pas à émouvoir qui que ce soit. Pourquoi ? Car je n’aurais aucun intérêt à le faire. En tant que Démons, tu sais comme moi que nous sommes coupables par défaut, et que pour nous destituer de cet individualisme, nous serions contraints de faire nos preuves sur la durée. Mais pour commencer, j’ai besoin de savoir avec qui je m’associe. Ça me dérange pas de bosser avec des cinglés à partir du moment où je sais à quoi m’en tenir. »

Depuis qu’il avait basculé dans le monde de la drogue, et au plan plus large de celui des affaires, Kitoe incarnait sans aucun doute le mieux l’humanité, car c’est elle qui en disposait le plus parmi ses collaborateurs. Se déplaçant tranquillement jusqu’à la porte sans quitter Ellie des yeux, l'inspecteur logea sa main dans son épaisse crinière blonde. D’un geste tendre, il lança une carte marquée d’un emblème de serpent à ses pieds.

« Si tu tiens tant à découvrir mon espace artistique, fie-toi à cette carte. Elle renferme un pan de ma magie, alors si tu l’alimentes avec la tienne, tu retrouveras ma trace sans problèmes. »

Il prenait le gros risque de la voir débarquer un matin pour attenter à sa vie, mais qu’importe. Il se ferait une joie de la rembarrer si tel était le cas. Empruntant les escaliers, l’homme s’éloigna au fur et à mesure, mais s’interrompit avant de tourner la poignée.

« Tu transmettras à Kitoe que j’ai été ravie de faire sa connaissance. Sérieusement, je l’aime bien. Elle est douée. Si d’aventures on venait à se revoir, je saurais me faire pardonner de ma piètre mise en scène. »

Adressant un ultime salut à son interlocutrice, Deccio quitta le navire tel qu’il était arrivé ; serein. Ils seraient amenés à se retrouver, il n'en démordait pas.



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[Q] - Cauchemar en cuisine | Kitoe

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