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 [Q] Apprends moi à coudre, je t'apprendrais à souhaiter | ft. Léandra

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Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

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Daé Miirafae
Ven 22 Mai 2020, 09:21



Apprends-moi à coudre, je t’apprendrais à souhaiter



Partenaire : Léandra
Intrigue/Objectif : Daé trouve la dague de Léandra parce que c’est son destin et utilise ses vœux pour apprendre à coudre et devenir tailleur.


Elsa s’alluma une cigarette qu’elle prit dans un tiroir de la petite table qui était dans un coin de la pièce. La décoration était sobre, mais bien choisie et la grande fenêtre semblait laisser apparaître, derrière les rideaux beiges, une plaine dans laquelle le temps s’était couvert. Daé venait d’arriver, mais ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, si ce n’est qu’il était en train de discuter avec la personne qui allait être sa mentore et ce, pendant un moment. Lorsqu’elle souffla de la fumée dans la pièce, la majordome qui était l fit une moue désapprobatrice et tenta un discret : « Vicomtesse.. » « Oui oui je sais ! » Elle tira une deuxième et dernière fois sur son tabac et écrasa la cigarette dans un cendrier rempli de mégots à peine entamés comme celui-ci. Cette scène troubla fortement l’Aurum, si elle était Vicomtesse, c’était sûrement qu’iels étaient dans un endroit lié à son identité officielle, car il n’y avait pas de tels titres chez les Rehlas. Daé essaya de se souvenir de quel peuple faisait ça, mais rien ne lui vint, entouré d’informations qui le distrayaient. Il fut également surpris par le fait qu’une noble puisse se faire rabrouer par une majordome, qui semblait d’ailleurs, depuis le début, savoir énormément de choses sur ce qui se passait étant donné que ponctuellement, elle acquiesçait de la tête aux dires d’Elsa. « Vicomtesse ? »  articula Daé chuchotant à peine. Tout en semblant chercher quelque chose dans ses tiroirs Elsa lui répondit en parlant un peu trop fort, comme à son habitude : « Oui ! Ici je suis la Vicomtesse Lon ! Elsa Lon ! Donc si jamais tu croises des gens ici, tu dis que je suis ta préceptrice ou tu te débrouilles, mais on est d’accord qu’il n’est pas question de Rehlas ou de merdes du genre quand tu vois les gens ! » Daé acquiesça. « Mais bon, tu devrais savoir ce que c’est hein ! Sinon mon imbécile de nièce d’Ashli t’a rien appris ! »  Elle éclata de rire et cette phrase fit écarquiller les yeux à Daé comme rarement il les avait écarquillés. Il y avait beaucoup trop d’informations. Cela impliquait qu’Elsa connaissait sa mère, mais surtout qu’Elsa était aussi une Miirafae ! Ce qui expliquait d’ailleurs bien des choses sur la situation que l’Aurum vivait actuellement. Mais surtout ça voulait dire que : « VOUS ÊTES MA GRANDE TANTE ! »  Elle se stoppa net. « Ah, mais t’avais pas compris petit ?! Haha ! Ce qu’il est con ! Mais ce qu’il est con !! T’as vu ça ce qu’il est con ?! »  La majordome ne réagit pas cette fois. « Bien sûr que je suis ta « grande tante », mais je te préviens, Ligne du Temps ou pas, tu m’appelles une seule fois tata et je te bute ! »  Même si Daé savait que c’était sûrement une menace en l’air, il se nota dans un coin de sa tête de ne pas appeler sa grande tante « tata », tenant, si pas à la vie, au moins à accomplir ce que Phoebe et la Prophétesse lui avait prévu.

« Qu’est-ce que tu fais encore ici toi ? »  Daé, de moins en moins surpris d’être constamment surpris la regarda d’un air dubitatif. « Ah, mais c’est que tu vois rien encore ! Bon, va ! Tu dois être au Spectre de la Dame dans deux minutes pour y acheter une dague ! »   « Mais… je peux pas être en deux minutes à l’autre bout des terres… et je sais même pas où on est… » « Oh, mais c’est qu’en plus vu que t’es dans la Voie des Oracles tu sais pas te téléporter ! J’en peux plus de toi ! Tu peux l’amener s’il te plaît ? » La majordome sourit chaleureusement et prit la main de Daé qui eût à peine le temps de soupirer avant de disparaître du salon de sa grand-tante.

« LES PLUS BELLES ARMES DE TOUT PABAMIEL ET MÊME DE TOUT SITZRAEL SONT ICI ! N’HESITEZ PLUS ! MONSIEUR ! MONSIEUUUUUR ! »  Daé tourna la tête. La majordome n’était plus là, il était dans une halle, dans une ville qu’il ne connaissait pas, sans moyen de retourner chez lui et avant même qu’il put parler avec le marchand, il lui prit de l’or et lui refourgua un de ses objets. Il se retrouva donc au milieu de ce marché avec dans la main une très belle dague, dorée et sertie de ce qui semblait être des émeraudes. Il regarda les étoiles. *Vous avez intérêt à me guider sur ce coup-là !*


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Mer 03 Juin 2020, 21:38


Pabamiel

APPRENDS MOI A COUDRE

& JE T'APPRENDRAIS

A SOUHAITER



HeianMaudits humains. Enfermée dans mon habitacle, je fulminais contre ces parasites nuisibles. Leur capacité à dissoudre la magie était une calamité à bien des égards. Lorsqu’ils s’étaient approchés, leur aura de dissolution avait failli me réduire à néant. Les tentacules invisibles s’étaient plongés dans l’essence même de mon être pour le déchiqueter. Le vent s’était engouffré dans les déchirures béantes à jamais disparues. Le manque de matière était une sensation affreuse. Ce fût d’abord une douleur fulgurante lorsque l’appendice pénétra la substance onirique. L’instant d’après, elle se répandit dans toutes mes particules qui se tétanisèrent aussitôt. Mes cris de peur et de souffrance restèrent en suspens, coincés entre le monde physique, celui des rêves et le vide. Et puis, dans un réflexe salvateur, la dague or et émeraude généra une barrière imperceptible. Instinctivement, je glissai vers mon salut dans une fuite amère. Une fois en sécurité, le supplice resplendit avec une telle vivacité que je regrettai d’avoir survécu. Ma bouche se déforma sous les hurlements de géhénne. Je restai un long moment à subir cette cruauté jusqu’à ce que je ne ressentisse plus qu’une douleur lancinante à peine supportable mais qui me permit de reprendre mes esprits.

Allongée sur le lit à baldaquin, les paupières trop lourdes pour être soulevées, j’attendis patiemment que mon existence se reconstruisît. Au bout d’un temps qui me parut interminable, je fus finalement capable de me lever pour rejoindre mes confrères au coeur du Rêve. Ces courtes incursions à l’extérieur de mon refuge constituaient un lien ténu avec la réalité sans que je ne susse pour autant y revenir.

Plusieurs semaines s’étaient écoulées dans ma dimension. Ma convalescence touchait à sa fin mais je demeurais incapable de m’extirper de ma prison. Je soupçonnai les importuns de subsister aux alentours. Mes poings se serrèrent sous la rage. Maintenant que j’avais goûté la liberté, il n’était plus question pour moi de me satisfaire de cette vie de captive. Je m’évadai vers les songes - déversant mon ire sur les rêveurs qui croisaient ma route.  

Finalement, une sensation familière m’enserra les entrailles. Je baissai les yeux pour observer la chaîne qui m’attirait vers le plan matériel. Une allégresse triomphale s’empara de mon être. Sans attente, je rejoignis mon nouveau maître, bien déterminée à le récompenser pour son geste rédempteur.

Mon émanation nimba l’arme que maintenait fermement l’inconnu. Je le caressai de tout mon corps, remontant le long de son bras pour m’enrouler autour de son cou. J’imaginais son contact chaud et doux tandis que je me délectai des rayons du soleil - pourtant imperceptibles - sur ma traînée fuligineuse. Je profitai de notre étreinte pour contempler les lieux ; nous étions à Pabamiel. Je reconnus les galeries surchargées de Sitzrael. Nous étions à proximité de l’endroit où m’avait guidé Seirus. Mes pensées se tournèrent un instant vers le marin avant de se fixer sur mon bienfaiteur. Il y avait quelque chose de mystérieux dans ce regard carmin ; un je-ne-sais-quoi qui m’était étranger. Je m’écartai de la silhouette pour l’examiner dans sa globalité. C’était un humanoïde chétif à l’allure particulière : ses habits amples empruntaient les codes de la mode masculine contrairement à la paire de chaussures à talon qu’il portait aux pieds. Je délibérai un instant avec moi-même, ne sachant s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Ses traits androgynes m’induisaient en erreur et me laissaient pantois. Finalement, je décidai qu’il s’agissait d’un homme.

Mes volutes nébuleuses se rassemblèrent en une brume opaque vaguement humanoïde. Les corpuscules se resserrèrent pour affermir les contours de mon corps. J’étais un homme de bonne stature, dépassant légèrement l’étranger. Mes prunelles dorées se plongèrent dans les siennes. Mes lèvres rosées s’arquèrent en un sourire charmeur, révélant des dents d’une blancheur accentuée par le teint hâlé de ma peau.

« Je vous présente mes plus respectueuses salutations, Ô Maître de la Dague. »

Je le gratifiai d’une révérence cérémonieuse. Ma chevelure mordorée bascula à l’avant de ma tête, recouvrant une bonne partie de mon visage. En me redressant, je glissai une main dans mes cheveux pour les repousser vers l’arrière.

« Je m’appelle Heian Berwyn, ravi de faire votre connaissance », déclarai-je avec solennité.

Ma main droite décrivit un cercle du poignet qui fit tinter mes bracelets d’or.

« En réponse à votre appel, nos âmes sont désormais liées. Vous m’avez libéré de ma prison et, en gage de ma gratitude, je vous propose de réaliser trois de vos souhaits - pas un de plus. Lorsque vos désirs auront été satisfaits, notre union se brisera. Puissiez-vous faire bon usage de cette faveur que je vous accorde. »

Je marquai une courte pause pour lui laisser le temps de se remettre de mon apparition. Mes victimes étaient toujours décontenancées par la soudaineté avec laquelle les événements s’enchaînaient.

« Si je puis me permettre de vous conseiller, je vous recommande d’être prudent quant à vos revendications. En effet, chacun de vos voeux aura une contrepartie de même équivalence. Avez-vous bien compris les termes du contrat qui nous unis ? »




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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Dim 07 Juin 2020, 16:54


Apprends-moi à coudre, je t’apprendrais à souhaiter




 « Maître de la dague ?! » Daé maudit intérieurement Elsa, sa Mentore et prévint dans sa tête les étoiles que ce soir elles allaient l’entendre. « Mais qu’est-ce que je branle ici.. » soupira-t-il à demi-mots pendant que le Génie qu’il avait libéré était en train d’énoncer les termes étranges d’un contrat qu’il n’avait jamais demandé. « Bon, enchanté Heian ! Je m’appelle Daé et désolé de l’accueil un peu froid, j’ai juste jamais réveillé de génie et je comprends pas trop ce que je fous à Pabamiel ! Mais en tous cas…bienvenue..dans..ma vie ? Ça se dit ça ? Désolé hein je connais pas encore trop les codes ! » Il réfléchit un instant. « Trois vœux…contreparties…wow ok ! Trop bien !! Méga dur, mais trop bien ! » Un temps.  « T’as faim ? » Daé lui sourit franchement et se tourna vers un autre marchand pour lui acheter des dattes qu’il tendit à son nouveau compagnon en se penchant en avant pour éviter de tacher ses vêtements avec le jus sucré et collant qui coulait du fruit qu’il venait de croquer. Comme à son habitude, l’Aurum n’avait aucunement conscience de comment se comportait et tout en souriant au génie il se rendit tranquillement compte qu’il était grand temps qu’il sorte de Lua Eyael. Tout ce temps passé à étudier les étoiles en compagnie d’autres Rehlas avait fait de lui une sorte de machine incapacitée socialement et il commençait à se douter de la raison de sa Mentore de le trimballer un peu dans le monde. Peut-être qu’un Rehla qui avait plus de facilité à communiquer avec ses animaux et avec les étoiles ne serait pas très utile, d’autant plus s’il s’agissait d’un Miirafae.

Tout en mangeant sa datte, il réfléchit un instant et se tourna vers le jeune blond aux bracelets d’or avant de lui demander : « Si ça t’embête pas, vu que je sais pas trop quoi te demander, je te propose d’attendre la nuit, de trouver un coin tranquille et je prendrai le temps d’y penser ! Je réfléchis mieux la nuit ! Et t’inquiète pas, je paie la chambre d’auberge. Enfin..je voudrais pas t’embêter longtemps quoi ! Tu dois avoir…pleins de trucs à faire ? Ça a des trucs à faire un génie ? C’est raciste de demander ça ? »

L’Aurum commença à marcher à travers le marché en jouant tranquillement avec sa dague et trouva une auberge avec possibilité de se rendre sur le toit dans la bordure des quartiers d’Asmodel. « Ça t’embête pas si je prends une chambre pour deux en fait ? » demanda-t-il gêné alors que le paiement était déjà fait et que l’Aurum se dirigeait à l’intérieur pour y poser ses affaires. « Je vais méditer sur le toit ! T’es le bienvenu si tu veux ! »

Quelques minutes plus tard, Daé était couché sur le toit alors que Phoebe pointait tranquillement sa lumière apaisante. Le jeune Rehla se sentait tranquillement apaisé et était ravi de retrouver celles qui le conseillaient fidèlement depuis qu’il avait commencé à les entendre. Il avait pris pour habitude de méditer pendant au moins une heure le soir, afin d’être sûr d’être à l’affut de la moindre réponse ou indication que pouvait lui donner la Voûte Céleste. Il se souvint de ses ancêtres, qui apparemment vivaient au sommet de cette dernière. Il se demanda à quoi cela devait ressembler et s’abandonna finalement à la douceur de la transe méditative. Il n’entendait quasiment rien, parfois une étoile semblait lui murmurer quelque chose en une langue si ancienne qu’il n’en saisissait pas le sens, mais parfois également, il entendait quelque chose d’utile, voire de nécessaire. Depuis quelques temps, il se sentait plus calme lorsqu’il méditait et même plus connecté. S’il avait pu se voir de l’extérieur, il aurait vu qu’à ce moment-là son aura était bien plus posée que d’habitude et que depuis quelques mois elle avait grandi à une vitesse qu’il n’avait jamais vu chez lui. Peut-être était-ce dû au fait que Phoebe lui avait annoncé, en le choisissant pour la nuit de Dallsha, que son chemin de Rehla était en proie au commencement. La méditation ne dura pas une heure, mais peut-être quatre ou cinq. Daé ne vit pas le temps passer, il était dans cet état proche du sommeil où toutes les pensées lui passaient au travers et où quelque chose qui pouvait se rapprocher de l’inconscient était prêt à accueillir ce qui devait être accueilli.

Alors que Phoebe avait déjà bien entamé son trajet nocturne, Daé ouvra les yeux en souriant. Il avait la réponse. Sans pouvoir situer exactement à quel moment il l’avait entendu, il s’était vu en train de se piquer dans un atelier de couture avec ce jeune génie blond en train de calmement lui expliquer le mouvement dans un geste presque sensuel. Tout en se disant que peut-être que cette rencontre allait se finir encore mieux que prévu, il regarda Heian. « Heian, je souhaite que tu m’apprennes à coudre, s’il-te-plaît ! » Alors que son ton aurait pu être classe et convaincant, il enchaîna dans un flot étrange de justifications. « Enfin, je sais coudre, mais je souhaite me perfectionner, je souhaite vraiment pouvoir devenir meilleur et commencer à pouvoir réaliser mes premières pièces et tout ! Je sais pas si tu vois ce que je veux dire ? Du coup, je sais pas si on peut faire ça ici ou s’il faut aller ailleurs, mais en tous cas, j’ai envie de pouvoir savoir mieux ! Je l’ai déjà dit hein ? »

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Lun 15 Juin 2020, 13:40


Pabamiel

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A SOUHAITER



Découvrir un maître était toujours un moment unique. Leurs personnalités et leurs rêves étaient tous différents et requerraient que nous nous adaptions à eux. Les différentes personnes que j’avais servies m’avaient appris à rebondir à bien des situations. Pourtant, face à ce nouveau rêveur, je restai bouche bée. Il me paraissait un peu lunatique : d’abord à se plaindre, ensuite à s’enthousiasmer. C’en était assez déroutant, d’autant plus que son flot de paroles passait d’un sujet à l’autre sans réelle transition.

« Eh bien j’imagine que je peux comprendre ? indiquai-je d’une voix pleine d’hésitation avant de reprendre de manière plus affirmée, merci mais je ne connais pas la faim. »

Je l’observai déguster sa datte avec envie. Ses expressions parfaitement lisibles m’indiquaient clairement qu’il prenait plaisir à ce repas. Une pointe de jalousie blessa mon être ; l’odeur et le goût étaient deux sensations sur lesquelles j’avais tiré un trait depuis des années. Un instant, j’essayai de me rappeler la saveur de ce fruit en particulier, en vain. En perdant mon aspect physique, je fus également privé des réminiscences de mon corps. Je ne pus qu’imaginer la sucrosité et la texture de l’aliment.

« Vos désirs sont des ordres, votre bonheur ma priorité. Si vous avez besoin de temps, qu’il en soit ainsi. »

L’homme semblait un peu gêné alors je poursuivis - cherchant à accentuer chez lui ce malaise. Je préférais qu’il sût à quel point notre servitude restreignait mes actions.

« En effet, tout comme vous j’ai une vie. Raciste, je ne sais pas - dégradant, un peu. Pour autant, je ne pourrais vaquer à mes occupations que lorsque notre lien sera rompu - telle est la malédiction de ma condition. »

Lorsqu’il reprit la parole, ce fut pour m’informer de sa dépense. Prendre une chambre pour un génie… C’était gentil mais tout autant inutile que de me proposer de la nourriture.

« Vous devriez plutôt prendre une chambre simple - je ne dors pas. »

Je m’exprimai simplement, sans ambages. Peu m’importa qu’il écoutât mes conseils ou non. Lorsqu’il grimpa sur le toit, je le suivis sans rechigner.

La vue sur Pabamiel était magnifique. Les hautes tourelles du palais nous faisaient face, déployant toute leur majestuosité. D’un blanc ivoirin, elles réfléchissaient timidement les lueurs de la lune. Sur notre droite, des lumières plus chaudes perçaient la couverture de la nuit. En tournant la tête, j’aperçus les falotiers qui arpentaient les rues avec frénésie. Ils se hâtaient pour aviver les flammèches qui brûlaient à l’intérieur de lanternes d’or et de rubis. J’observais leur spectacle un long moment dans le silence le plus total. Le temps me parut affreusement long - ce qui était plutôt cocasse pour une entité piégée dans un habitacle pendant des centaines d’années. Pourtant, je ne pouvais que patienter : mon maître assoupi ne s’était pas réveillé malgré mes protestations. Sans doute aurais-je dû le quitter pour rejoindre le monde des rêves - sans doute aurais-je pu l’y rejoindre pour le tourmenter - mais j’avais trop peur : peur qu’il m’oublie et que je restât prisonnier à jamais.

Une éternité plus tard, il ouvrit les yeux. Sitôt éveillé, il énonça son premier voeu. Un souhait bien mal formulé à mon sens. C’était vague, imprécis et sujet à interprétation. ‘ Que tu m’apprennes à coudre.’ J’aurai pu simplement m’asseoir à côté de lui et lui montrer ô combien je n’étais pas fait pour cette activité. Pourtant, je préférai exaucer son souhait ; je viendrais récupérer mon dû lorsque je serai pleinement en mesure de rejoindre le monde matériel.

« Qu’il en soit ainsi »

Je claquai des doigts. Il ne se passa rien ; du moins en apparence. Le lien du rêve m’indiqua néanmoins que la magie avait infusé le corps du rêveur. La prochaine fois qu’il s’adonnerait à cette occupation, il se rendrait rapidement compte que ses talents s’étaient améliorés. Néanmoins, s’il s’attendait à devenir un tailleur de renommé, il se fourvoyait. Il lui faudrait beaucoup de travail avant d’atteindre un résultat digne de ce nom - notamment car le sort n’avait eu d’effet que sur ses aptitudes physiques à coudre et non sur sa créativité ou son goût pour l’esthétique.  

« Votre volonté a été entendue, votre souhait exaucé. Y a-t-il quelque chose d’autre que je puisse faire pour vous, cher maître ? Peut-être y a-t-il une étoffe en particulier avec laquelle vous désireriez exploiter votre nouveau talent ? »

Au fur et à mesure que j’en énonçai les noms, de massifs rouleaux de tissus colorés s’empilèrent derrière moi. Ils semblaient tous si vrai, si réels, si présents. Pourtant, ils n'étaient qu'une illusion destinée à corrompre son âme. S'il tentait de les toucher, il se rendrait compte à quel point les matières étaient impalpables.

« Du coton de la Cité des Astres ? A moins que vous ne préféreriez du lycra ? Du velours, peut-être ? Je peux également vous proposer de la soie en provenance des jardins de Jhen ? Ou bien même de la dentelle de Drosera ? Il vous suffit de le souhaiter et je vous fournirai l’étoffe qui vous sied le plus. »

J’affichai un sourire aimable. J’avais envie d’en finir vite avec ce rêveur de pacotille.




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Daé Miirafae
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Daé Miirafae
Dim 05 Juil 2020, 09:06


Apprends-moi à coudre, je t’apprendrais à rêver




Daé se regarda les mains l’air dubitatif. Apparemment son vœu avait été exaucé, mais il avait la désagréable sensation que rien n’avait changé et il était parfaitement conscient que d’apprendre ce genre de choses prenait avant tout du temps et de la patience. Il dévisagea le génie.  « Vous êtes un spécial, vous hein ! » et sourit. Il ne se sentait même pas flouté. Il avait l’impression que jamais il ne tomberait sur un artisan des rêves de sa vie alors il avait l’impression que tout ce qu’il pouvait demander maintenant était une sorte de bonus. Mais il voulait tester, il voulait absolument tester ses soi-disant nouvelles compétences, alors il se mit à réfléchir pendant que son nouveau camarade parlait.

Le Rehla prit longtemps pour formuler dans sa tête un vœu, conscient du fait que les génies étaient connu•e•x•s pour utiliser leur talent au piège et à la manipulation et Daé n’avait pas envie de tomber dans cet écueil-là. Il releva la tête, pour voir derrière celui qui exauçait ses souhaits un tas de magnifiques étoffes et le génie d’afficher un petit sourire à la fois satisfait et exaspéré. « Je suis désolé, je vous ai pas du tout écouté ! J’étais en train de formuler mon deuxième vœu, dans ma tête je veux dire ! En tous cas, ce sont de très très belles étoffes que vous avez-là, c’est à vous ? » L’Aurum ne se rendit pas compte de sa bêtise avant quelques secondes puis enchaîna « Je suis bête, non vous me les proposiez comme deuxième vœu, c’est ça ? Ouais, mais non du coup, mais c’est très gentil de votre part ! Ça se fait de refuser une proposition de vœu ou c’est mal vu ? » Daé le regarda avec un air sincèrement intéressé. « Malgré ça, il s’avère que j’ai mon deuxième vœu de prêt du coup ! Je souhaite…c’est ok de dire je souhaite alors que c’est un « vœu », je devrais pas dire « je veux » ? Vous faites une différence entre les souhaits et les vœux ou vous considérez ça comme des synonymes ? Mais bref ! J’ai envie d’aller dans un atelier où je pourrais exercer mes nouveaux talents de couture ! » . Un sourire un peu plus prononcé se dessina sur le visage du rêveur et Daé sentit cette sensation qui commençait à l’agacer, celle de la téléportation.


« WOW, MAIS QU’EST-CE QUE VOUS FOUTEZ SUR MA TABLE DE TRAVAIL ? » Daé écarquilla les yeux et vit une vieille personne, le visage marqué de ride avec un énorme ciseau à tissu dans la main gauche et un crayon dans la droite. Malgré son âge extrême, iel semblait avoir une énergie débordante et cette énergie était en train de se traduire par des coups de ciseaux donnés à l’intention des jambes de Daé qui apparemment marchait sur un tissu. « Je suis vraiment désolé !! » Le Rehla s’excusa platement une bonne dizaine de fois, allant jusqu’à oublier qu’il n’était pas arrivé seul. Il descendit de la table de travail et regarda rapidement autour de lui. L’atelier dans lequel ils étaient arrivés était à la fois extrêmement bien rangé et dans un désordre absolu. Il y avait des morceaux de tissu partout, mais tous étaient numérotés et nommés et les tas semblaient classés à la fois par matière et par couleur. Une grande table en bois trônait au centre de la pièce, cette dernière éclairée par une seule fenêtre qui éclairait une partie de la table. A la manière dont la fenêtre semblait n’éclairer qu’à moitié, Daé comprit que cet atelier se trouvait dans un sous-sol. Il chercha son camarade génie du regard, sans le trouver, cherchant une forme de soutien dans cette téléportation qu’il croyait avoir accidentellement mal tournée. « Bon, tu fous quoi là, toi ? Tu vas me regarder avec ce regard aussi intelligent qu’un réprouvé en plein coït pendant longtemps ou tu te tires ? » Un temps. « Je….j’étais venu pour essayer la couture en fait… » La vieille âme qui semblait hanter ce lieu depuis bien avant Sympan regarda le Rehla d’un air intéressé et lui lança littéralement sa paire de ciseaux dessus. Ces derniers se plantèrent dans le bois, juste derrière lui. Jamais les yeux de Daé n’avaient été aussi grands, il venait d’avoir l’impression que Phoebe lui avait réservé un destin bien discutable – celui de mourir énucléé par un ciseau à coudre à cause d’une téléportation ratée à Pabamiel – mais heureusement il respirait encore. « Prends ce que tu veux et montre à Tutu To ce que tu vaux. » Lae dénommé•e Tutu To se mit dans un coin de la pièce et regarda attentivement. Daé chercha une dernière fois du regard le génie qui l’avait accompagné ici et ne le trouvant toujours pas commença à se mettre au travail, la confection d’une jupe plissée simple. Sans s’en rendre compte, ses mains semblaient, quoi que toujours très maladroites, légèrement plus assurée que la dernière fois qu’il avait essayé. La magie des rêves avait-elle opérée ?

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Mer 05 Aoû 2020, 15:53


Pabamiel

APPRENDS MOI A COUDRE

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A SOUHAITER



Il n’écoutait rien. Il ne comprenait rien. Il ne vivait pas dans le même monde. J’observai l’ahuri avec un mélange d’irritation et de pitié. J’ignorai totalement comment le monde avait pu enfanter une personne aussi simplette. Pire, je me demandai comment il avait pu survivre.

« Ne vous inquiétez pas, Maître Daé, vous êtes libre de vos souhaits. Mes propositions ne sont là que pour faire ressortir vos envies. »

Et mettre un terme au plus vite à cette vaste blague. J’avais l’impression d’être un jouet aux mains d’un enfant. Un gamin hyperactif et atrocement bavard. Ne cessait-il donc jamais de jaboter ? Je me perdis dans son flot de paroles futiles, plongeant à la recherche de son véritable souhait. Lorsque j’en eus saisi l’essence, un sourire dévoila mes dents parfaitement blanches.

« Vos désirs sont des ordres. »

Je claquai des doigts et le jeune homme disparut. Je me laissai tomber contre le toit, profitant d’un moment de calme, loin de cet agitateur. Je frappai soudain le poing contre les tuiles, sans qu’aucun obstacle ne l’arrêta, sans qu’aucun son ne retentît. Pourquoi l’avais-je téléporter ainsi ? En y repensant, j’aurai pu n’agir que sur l’individu - laissant ses possessions à l’endroit même où je me trouvai. Il aurait alors eu tout le loisir de se balader nu - ou d’user son dernier voeu pour récupérer ses vêtements. Je m’en voulus soudain de ne pas avoir eu la vivacité d’esprit pour dénaturer ce désir. Soudain, une idée frappa mon esprit. Je me demandai s’il m’aurait été possible de le déplacer sans la dague. Cette éventualité m’aurait offert une libération en suspendant le lien du rêve. Ce pourrait être une faille facilement exploitable pour moi. Aussi me promis-je de me renseigner davantage sur ce point.

« Et c’est reparti pour un tour…» soupirai-je

Je sentais déjà l’asservissement prendre appui sur mon existence. Une sensation d’étouffement enserra ma poitrine. J’étais trop loin de mon habitable ; trop éloigné du Rêveur. Mes chaînes m’attiraient à lui. J’étais comme un poisson piégé par un hameçon. Une force bien trop grande pour moi m’entraînait vers elle. Sans chercher à la combattre, je me résignai.

J’apparus dans la boutique, bien à l’écart de la grande table sur laquelle se tenait mon abruti de maître. En face de lui, une vieille dame au visage ridé lui lançait un regard sévère. Tapi dans l’ombre, je me délectai de ce spectacle. Peut-être allait-il se faire tuer finalement ? La rombière agita ses ciseaux près des jambes du garçon qui finit alors par rejoindre le sol. Il parut observer longuement l’atelier plongé dans la pénombre. Une unique fenêtre éclairait l’environnement avec peine. Je discernai ça et là des rouleaux de tissus disposés sur une étagère de bois. Plus loin, certaines étoffes traînaient au sol dans un désordre apparent. Je n’y prêtai guère d’attention - ne remarquant pas les numéros qui régissaient leur agencement. Sur ma gauche, des portants mobiles servaient de présentoir à vêtements. Il y avait là tout un tas de robes, de chemises et de pantalons de bonne facture. Au moment où Daé fut attaqué par l’outil de la tailleuse, je me retint d’exploser de rire. Le regard écarquillé du jeune homme ajoutait à sa stupidité hilarante. D’une voix qui se voulait agréable, la dénommée Tutu To - un nom tout aussi ridicule - l’invita à se mettre à l’ouvrage. Ce n’est qu’alors que je décidai de sortir de l’ombre pour rejoindre la lumière.

« Alors, tu t’en sors ? » chuchotai-je à l’oreille du freluquet.

Un souffle frais et imaginaire caressa doucement sa nuque. La vieille femme se retourna mais ne m’aperçut pas. J’avais choisi de me dissimuler derrière l’illusion de son atelier, n’apparaissant qu’aux yeux de mon maître. Néanmoins, mes pouvoirs n’étaient pas assez puissants pour tromper son ouïe, encore très fine malgré son âge.

« Quel pourrait être votre prochain souhait, Maître ? Il me semble que les tissus ne vous intéressez pas… mais que diriez-vous de bobines de fils inépuisables ? Des ciseaux incassables peut-être ? A moins que vous ne préféreriez une aiguille dont le chas attire le fil voire des épingles qui ne peuvent blesser vos modèles ? »

A chacune des énonciations, un exemplaire illusoire apparut sur le plan de travail. Finalement, je me redressai. Daé était probablement trop concentré pour avoir entendu quoi que ce soit. Je soupirai. Je m’assis sur le côté de la table et attendis patiemment qu’il m’accorda son attention.

Entre la vieille et moi, le voile de dissimulation vascillait de plus en plus. Je n’étais pas bien sûr de pouvoir maintenir l’illusion suffisamment longtemps pour ne pas avoir à me présenter ; à dire vrai, depuis ce que j’avais appris sur les habitants de Spectre, je n’avais plus réellement envie de me présenter à eux à l’improviste.  




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Daé Miirafae
~ Rehla ~ Niveau IV ~

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Daé Miirafae
Jeu 24 Sep 2020, 13:41


[Q] Apprends moi à coudre, je t'apprendrais à souhaiter | ft. Léandra Alone-10
Apprends moi à coudre, je t’apprendrais à rêver




Musique

Le travail de couture de Daé semblait s’être légèrement amélioré depuis son souhait, mais pour autant…son travail était relativement pitoyable. Malgré cela, cellui qui se faisait appeler Tutu To regardait le Rehla avec une grande attention et semblait noter les moindres détails de l’ouvrage de celui-ci. Daé se piqua plusieurs fois avec les aiguilles, mais avait eu l’intelligence de proposer à cette personne qui semblait si intéressée par son apprentissage un ouvrage qu’il était capable de réaliser. Il s’était mis en tête de réaliser une cape en soie doublée d’un tissu plus chaud pour l’hiver. C’était quelque chose qu’il connaissait, l’ayant pratiqué avec ses parents, même s’il ne savait pas exactement le détail de chaque étape, il aurait peut-être une chance d’impressioner saon maître•sse. Après plusieurs dizaines de minutes à se consacrer à son ouvrage, il sentit un souffle derrière lui et se retourna brusquement, se plantant une épingle dans son index qu’il porta à sa bouche pour ne pas salir le tissu de son sang. Derrière lui se trouvait le joli génie dont il possédait l’habitacle et qui semblait bien décider à continuer de jouer avec lui. Tutu To ne semblait pas le voir, mais ielle semblait pourtant comprendre ce qui se passait. Ielle ne dit rien et pendant que Daé se retournait pour répondre aux propositions de son ami asservi par le Rêve, Tutu To observa son ouvrage. Ielle avait l’air de considérer l’ouvrage du Rehla comme si c’était quelque chose de précieux. Ielle manipulait ça avec douceur et attention, observant avec minutie toutes les coutures, les surpiqûres et les doublures. Daé pendant ce temps avait son attention partagée entre le Génie qui avait décidé de transformer le monde en étal de choses d’intérêt très très moyen et la personne qui analysait son travail de couturier. L’attention du jeune Aurum revint vite sur lae propriétaire du lieu qui dit avec une voix cassante : « C’est extrêmement mauvais. Je l’utiliserai pour me torcher. Mais par contre on va pouvoir faire quelque chose de ces mains aussi habiles qu’un cul d’Ange. Tu repasseras toutes les semaines. La semaine prochaine, tu arriveras avec une toge. Tu porteras pas une toge hein, bougre d’imbécile. Tu auras fabriqué une toge. Tu prends les patrons que tu veux et les tissus que tu veux ici. Si dans quelques semaines je me rends compte que t’es utile, tu resteras. » Daé allait commencer à rétorquer quelque chose, ne sachant pas vraiment s’il voulait devenir soudainement l’apprenti de cette vieille personne grossière, mais le temps qu’il ouvre la bouche, ielle avait repris : « Ah et tu diras à l’autre con avec ses illusions à trois pièces que les vrai•e•x•s tailleur•euse•x•s ont pas besoin de ça. »
Je regardais mon camarade de vœux l’air ébahi de ce qui se passait et ielle disparut, nous laissant seuls dans l’atelier.

« Wowowowow ! Ielle t’a vu ? Comment ça se fait ? Sérieusement ? Je pensais que tu maîtrisais la réalité et tout ! En fait t’es pas un méga bon Génie, si ? C’est déplacé ? C’est carrément déplacé ! Je suis désolé ! Enfin bref…, je crois que j’ai trouvé mon troisième vœu ! Suis-moi ! »


Daé sortit de l’atelier en courant pour se diriger dans la rue et dans une ruelle remplie de marchands de nourriture. Le Rehla acheta rapidement un petit sachet rempli de dattes suintantes de ce sirop qu’elles dégageaient lorsqu’elles restaient longtemps au soleil et alla s’asseoir sur un banc en vérifiant qu’il avait toujours bien sa dague dans la poche. Il attendit que le Génie apparaisse à ses côtés et lui tendit une datte.

« Ne dis rien ! C’est mon troisième vœu ! Tu m’as dit que tu connaissais pas la faim, c’est juste ? Et si j’ai bien compris les autres R…gens de mon entourage qui parlaient de vous, vous ressentez pas les goûts et tout ? Bon, mon troisième vœu c’est que tu puisses manger cette datte comme si tu avait tous tes sens, comme avant ! »

Daé sourit aussi naïvement que l’on pouvait s’imaginer un sourire et regarda, tout satisfait de son idée, le Génie qui était à ses côtés. Il regarda rapidement la rue comme pour être sûr de se souvenir où se trouvait l’atelier qu’il était apparemment destiné à bien connaître et se prépara à manger sa datte une fois le vœu accompli.


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Ven 02 Oct 2020, 21:33


Pabamiel

APPRENDS MOI A COUDRE

& JE T'APPRENDRAIS

A SOUHAITER



L’abruti ne me porta qu’une attention futile, préférant s’attirer les grâces de l’affreuse propriétaire de cette boutique miteuse.  Je levai les yeux au ciel. Son comportement m’exténuait. Il était incapable de se concentrer plus de quelques secondes sur un même sujet. Un bref instant, je plaignis ceux qui l’avaient élevé, avant de maudire ceux qui l’avaient mis au monde. Si nous étions condamnés à errer dans cet endroit jusqu’à ce qu’il daignât m’accorder quelque attention, il n’était plus utile de lutter. Je lâchai prise sur la magie ; le voile se déchira, révélant ma position à la rombière. Elle était trop occupée à se plaindre du travail de l’adolescent pour s’indigner de ma présence. Je croisai les bras, sans réellement écouter la teneur du palabre de la vieille mégère. Peu m’importait ses reproches et ses railleries, je n’aspirai vraiment qu’à me séparer de mon esclavagiste. Finalement, l’horrible bonne femme s’éclipsa, nous laissant seuls dans son antre. Ce fut le moment que choisit l’impertinent pour me fustiger de ses remarques acerbes. Je lui jetai un regard noir, imaginant déjà une manière de lui faire payer cet ultime affront.

J’emboîtai le pas de l’énergumène bien malgré moi. Il me devançait de quelques mètres, galopant à travers la foule et les étals comme un cheval pressé. Je traînai les pieds à l’idée de le rejoindre. Chaque seconde passée en sa compagnie était un calvaire plus pénible encore que le précédent. Mais j’étais contraint par la magie de répondre à ses désirs. Seule la certitude que notre lien ne tarderait pas à disparaître me permettait de garder mon calme.

L’effronté finit par s’arrêter. Je ralentis l’allure pour profiter de mes derniers instants de calme. Il était aux prises avec un marchand dans la fleur de l’âge, qui alpaguait la foule à la volée. L’individu portait une tunique simple de couleur beige, surmontée d’une veste bleue nuit. Il attrapa quelques fruits sur le présentoir et les plaça dans un petit sac en tissus qu’il tendit à son client. Ce dernier ne tarda pas à glisser quelques piécettes en échange de ses achats. L’homme au visage jovial le gratifia d’un sourire avant de se tourner vers de nouveaux chalands potentiels. Je ne tardai pas à les dépasser pour rejoindre mon maître qui s’était installé sur un banc non loin de là. Autour de nous, les passants grouillaient comme un essaim d’abeilles. Depuis que j’y étais arrivé, la cité ne s’était pas désemplie. Je m’étonnai de cette considérable affluence à toute heure du jour - et de la nuit.

La main de Daé s’était introduite dans le sachet nouvellement acquis, tâtonnant du bout des doigts ses dernières emplettes. Elle sortit triomphalement un étrange fruit fripé qu’elle leva vers mon visage. J’allais rétorquer mais le garçon me prit de vitesse, énonçant son ultime souhait. Je fus frappé de stupeur en écoutant sa demande. Je n’étais pas réellement sûr d’être en mesure de combler ce désir inattendu. Il ne me suffisait pas de pouvoir goûter ce fruit ; il me fallait également pouvoir le toucher pour m’en emparer et le porter à ma bouche. Pire, il me faudrait conserver un ersatz d’enveloppe charnelle jusqu’à la digestion complète de l’aliment. Il n’était pourtant pas question de refuser ; maintenant qu’il avait convoiter, je ne pouvais plus qu’obéir.

« Vos désirs sont des ordres. » me contentai-je de répondre, en dirigeant toutes mes réserves de magie vers la réalisation de ce seul et unique voeu.

Ma main frôla la datte du bout des doigts. Elle pénétra l’objet de moitié mais réussit à le saisir. Je le levai avec précaution, convaincu qu’il pouvait chuter à chaque instant. Il fallait me hâter ; la quantité d’énergie qu’il me fallait pour maintenir cet état était bien trop importante. Ma bouche s’ouvrit en grand pour gober le fruit sirupeux. Il se posa sur ma langue avec douceur et légèreté. Mes dents se refermèrent sur la datte, perforant l’enveloppe ridée pour en extraire un jus sucré à la saveur si particulière. Je n’étais pas réellement sûr d’apprécier ce goût - après tout, je n’avais pas de base de comparaison. En quelques mastications, je me débarrassai de la chair, laissant un noyau parfaitement lisse que je recrachai sur le sol. L’expérience n’était ni agréable, ni déplaisante. Il s’agissait simplement d’un ensemble de sensations physiques pour le moins déroutantes.

«  J’imagine que je dois vous remercier pour ce souhait ? » prononçai-je avec hésitation, l’aliment continuant sa course dans mon oesophage avec lenteur. Je ressentais chaque centimètre s’enfoncer un peu plus profondément vers mon estomac.

Le benêt m’offrit un sourire radieux qui ne donnait la nausée. Il avait beau m’énerver, je n’arrivais pas à lui en vouloir totalement. Sans doute mettai-je toutes ses erreurs sur le compte de sa stupidité.

«  Vous avez épuisé tous vos souhaits, expliquai-je tandis que mon habitacle réapparut entre mes mains, signe de ma liberté retrouvée. Le lien qui nous unit est désormais rompu. Vous avez à présent tout le loisir de vaquer à vos occupations et moi aux miennes. Sur ce, je vous souhaite un bon séjour dans cette cité et…, les derniers mots me lacérèrent la gorge, merci de m’avoir libéré. »

Car, il fallait quand même avouer que sans ce type - aussi simplet soit-il - je serai peut-être toujours aux prises avec mon habitacle. Une fois mon devoir accompli, je tournai les talons. J’étais fatigué et j’avais besoin de repos. Alors, sans attendre mon reste, je m’éclipsai parmi la foule, avide d’une cachette où je pourrais m’abandonner.




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